FOUILLE A MEGIDO

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medico

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FOUILLE A MEGIDO

Ecrit le 16 nov.05, 04:05

Message par medico »

Pour l’instant, et tant que je n’ai pas vu ces mosaïques, il m’est impossible de me prononcer.» Les spécialistes français s’avèrent tous très prudents quand on les interroge sur la datation du pavement de mosaïque récemment mis au jour près de Meggido, dans le nord d’Israël (lire La Croix du 8 novembre), par deux prisonniers israéliens.

En effectuant des travaux d’excavation afin de permettre l’extension de la prison de haute sécurité de Megiddo – où vivent surtout des centaines de prisonniers palestiniens –, les deux Israéliens sont tombés sur des mosaïques antiques. «D’abord, nous avons trouvé le premier coin, mais nous n’avons pas compris de quoi il s’agissait, a expliqué l’un des deux détenus dans le quotidien israélien Haaretz. Puis nous avons continué à regarder et lentement nous avons découvert toute cette chose magnifique.»

Cette «chose magnifique» se révèle être un vaste pavement avec un motif bien identifiable représentant deux poissons, ancien symbole chrétien avant la généralisation de la croix, à partir des Ve et VIe siècles. Deux inscriptions en grec ont également été retrouvées, l’une à propos d’un officier romain (ou identifié comme tel), l’autre à propos d’une femme nommée Aketos, qui fait un don pour la construction de l’église en mémoire «de Dieu Jésus Christ».

Table-autel


Ce pavement, entouré de motifs géométriques et d’inscriptions courant sur trois côtés, recouvre une surface rectangulaire qui a été identifiée par Yotam Tepper, archéologue en chef de ces fouilles pour le compte de l’Autorité israélienne chargée des antiquités, comme étant le plan d’une église. Le mur est de cette église aurait disparu et le côté sud aurait été taillé dans le rocher. De multiples tessons de poterie découverts au-dessus de la mosaïque, le style d’écriture grecque utilisé, ainsi que l’allusion à un autel (trapeza, en grec) appelé «table pour le repas du Seigneur», ont incité Yotam Tepper et son équipe à dater cette église du IIIe siècle.

«Si cette datation était avérée, ce serait effectivement une découverte très importante», estime le P. Alain Marchadour, assomptionniste, exégète résidant à Jérusalem et spécialiste des premiers siècles du christianisme. Très peu de traces d’églises sont datées avec certitude comme ayant été érigées avant le IVe siècle, lorsque l’empereur Constantin autorisa le christianisme dans tout l’Empire romain, par l’édit de Milan (313). Jusqu’à présent, on ne connaissait guère que l’église établie dès le Ier siècle dans la maison de Pierre à Capharnaüm (Israël) et celle de Doura Euroupos (dans l’actuelle Syrie) antérieure à 250.

Pour autant, comme l’indique le P. Émile Puech, spécialiste et éditeur français des manuscrits de la mer Morte, professeur à l’École biblique de Jérusalem et chercheur au CNRS, aucun de ces critères – inscriptions grecques, table-autel, tessons de poterie, etc. – ne suffit à dater avec certitude la mosaïque : l’appellation «table» a été longtemps utilisée dans la liturgie ancienne ; quant aux canalisations datées du IIIe siècle découvertes à proximité de l’église, elles peuvent avoir été réutilisées ici plus tardivement. «La seule manière de décider avec certitude de la date de construction de l’église serait de fouiller dessous la mosaïque, pour récupérer d’éventuelles monnaies», précise un autre expert français.

Médiatisation exagérée et prématurée


Les autorités israéliennes ont aussitôt médiatisé cette découverte, le premier ministre Ariel Sharon allant jusqu’à parler d’«une histoire incroyable». Une médiatisation exagérée et prématurée selon deux autres spécialistes interrogés qui préfèrent garder l’anonymat. Il faut bien obtenir des fonds, notent-ils, de la part des milieux chrétiens, pour poursuivre les fouilles. On ne peut donc absolument pas affirmer, pour le moment, qu’il s’agit des «plus anciens restes archéologiques d’une église en Israël, peut-être même dans toute la région, voire dans le monde entier».

Enfin, une question de taille se pose à présent : qui, de l’Autorité des antiquités ou de l’administration pénitentiaire, va gérer le site ? L’Autorité israélienne des antiquités aimerait l’intégrer dans le vaste parc archéologique de Meggido fouillé de longue date. Situé au pied du mont Carmel (nord d’Israël), ce lieu, connu comme voie d’accès à la mer, est présenté dans l’Apocalypse comme le lieu de l’Armageddon quand, à la fin du monde, se rassembleront et seront anéanties les forces hostiles à Dieu. Selon Yotam Tepper, par ailleurs enseignant à l’université de Tel-Aviv, l’endroit où a été découverte l’église paraît plausible puisqu’on sait qu’un évêque était actif dans la région de Meggido à l’époque.

Mais pour cela il faudrait déplacer la prison. Or les travaux entrepris visent à y installer 1 200 détenus palestiniens supplémentaires… En attendant que les deux administrations se mettent d’accord, les fouilles se poursuivent.

Claire LESEGRETAIN

LA CROIX
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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