L'origine du christianisme

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Saint Glinglin

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L'origine du christianisme

Ecrit le 06 sept.14, 09:00

Message par Saint Glinglin »

Bonsoir.

Je reprends ici ce que j'avais dit dans un fil.

Il s'était développé depuis l'avènement des royaumes hellénistiques un mouvement religieux appelé la Gnose qui expliquait que le monde était imparfait parce que créé par un dieu imparfait.

Mais au delà de ce monde, dans les cieux supérieurs, existait un dieu parfait que l'on pouvait atteindre par le renoncement à la matière.

En l'an 70, le temple de ce dieu imparfait fut détruit par des armées païennes pourtant réputées adorer des démons encore moins efficaces que Iadalbaoth, alias Jehovah, le dieu imparfait.

Un mouvement expliqua cette défaite de Iadalbaoth par l'intervention du dieu des cieux supérieurs qui était enfin descendu des cieux pour délivrer les hommes du monde matériel.

Ainsi naquit le christianisme.

Au départ, l'Ancien Testament ne faisait pas partie du corpus chrétien.

Il y avait un Evangile donnant seulement l'enseignement du Christ (Evangile de Thomas) ou bien une version incluant sa vie terrestre (modèle probablement postérieur puisque les Epîtres ignorent cette vie terrestre de Jésus).

La vie terrestre de Jésus fut construite à partir des prophéties de l'Ancien Testament.

Et donc pour prouver la validité du contenu des Evangiles, les apologistes chrétiens devaient avoir un AT à portée de main.

Et à force d'avoir cet AT sous la main, ils finirent par le considérer comme tout aussi saint que le NT et identifièrent au dieu violent de l'AT le dieu d'amour du NT.

D'où d'innombrables contradictions qui firent d'innombrables hérésies et qui alimentent encore aujourd'hui moult de forums de discussions chrétiens.

J'm'interroge

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 07 sept.14, 11:03

Message par J'm'interroge »

Le christianisme puise dans de multiples sources et le NT s'est élaboré grosso modo de 200 avant JC pour les premières sources textuelles jusqu'à 400 après JC, intervalle durant lequel les textes qui le constituent ont été rédigés, remaniés de multiple fois avant de prendre leur forme définitive.

Je ne parle même pas des apocryphes qui sont pour certains des survivants de cette époques.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
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Saint Glinglin

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 07 sept.14, 11:16

Message par Saint Glinglin »

D'où viennent ces dates ?

J'm'interroge

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 07 sept.14, 12:02

Message par J'm'interroge »

De plein de sources différentes. Pour 200 avant JC je faisais référence à la version du livre d'Hénoch plagiée dans l'évangile, pour 400 après JC c'est vers cette date, un peu avant ou un peu après, qu'ont été faites les dernières petites modifications. Mais le gros du texte abouti des évangiles synoptiques et les derniers remaniements des épîtres datent de la dernière moitié du deuxième siècle.

Pour te répondre plus précisément il faudrait que je remette la tête dedans.
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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 07 sept.14, 12:17

Message par Saint Glinglin »

Je sais qu'on trouve Hénoch dans Jude mais quels morceaux de l'Evangile viennent d'Hénoch ?

J'm'interroge

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 08 sept.14, 07:37

Message par J'm'interroge »

Voici quelques similitudes parmi de nombreuses autres indiquant que le NT est un gros plagiat de Hénoch:


Hénoch 64:4 et une voix fut entendue du ciel
Matthieu 3:17 Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles

Hénoch 6:9 Mais pour les élus, à eux la lumière, la joie, la paix ; à eux l’héritage terrestre
Matthieu 5:5 Heureux les doux, car ils posséderont la terre.

Hénoch 50 : 2,4,5 Ils séparera les justes et les saints des méchants, car ce sera pour les premiers des jours de grâce et de salut. Dans ces jours, les montagnes tressailleront comme des béliers, et les collines bondiront comme des agneaux rassasiés de lait, et les justes seront des anges dans le ciel. Leur visage resplendira d’une joie ravissante ; car dans ces jours, l’Elu sera exalté ; la terre tressaillera d’allégresse, les justes l’habiteront, et les élus la fouleront de leurs pieds innocents
Luc 21:28 votre délivrance est proche.
Matthieu 22:30 A la résurrection... on est comme des anges dans le ciel.
Matthieu 13:43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père

Hénoch 93:7 Malheur encore à ceux qui possèdent l’or et l’argent, car ils périront ; malheur donc à vous, riches, car vous mettez votre confiance dans les richesses ; mais vous perdez ces richesses, car vous avez oublié le Très-Haut au jour de votre prospérité..
Jacques 5:1 Eh bien, maintenant les riches ! Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver.
Luc 6:24 Mais malheur à vous, les riches ! car vous avez votre consolation.

Hénoch 96 : 6,7,8-11 Vous vous dites : Nous sommes riches, nous vivons dans l’abondance et nous avons acquis tout ce que nous pouvons désirer. Nous ferons donc tout ce qui nous fera plaisir, car nous avons des monceaux d’argent ; nos greniers sont pleins, et les familles de nos colons sont aussi nombreuses que les eaux d’une source abondante. Ces fausses richesses s’écouleront comme de l’eau, et vos trésors s’évanouiront ils vous seront enlevés, parce que vous les avez acquis injustement ; et vous serez accablés de la malédiction divine. Aussi périront-ils avec leurs richesses, avec leur fausse gloire, avec leurs vains honneurs. Ils périront avec honte et mépris, et leurs âmes seront jetées dans la fournaise ardente.
Luc 12 Comparez avec la parabole de l’homme riche dont les greniers sont pleins et qui se dit à lui-même : Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, fais la fête. » Mais Dieu lui dit : « Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ? ».

Hénoch 105:26 je les ferai asseoir sur des trônes de gloire.
Matthieu 19:28 vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d’Israël.

Hénoch 57:11 il ne fait point acception de personne.
Romains 2:11 car Dieu ne fait acception de personne

Hénoch 38:2 Quand la justice se manifestera devant les justes eux-mêmes ; que leurs œuvres seront pesées par le Seigneur des esprits et leur mériteront de recevoir la récompense promise ; quand la lumière des justes et des élus qui habitent sur la terre, brillera d’un éclat immortel, à ce moment, que deviendra la demeure du pécheur ? Où sera le lieu de repos de celui qui aura rejeté le Seigneur ? Oh ! qu’il vaudrait mieux pour lui, qu’il n’eût jamais existé !
Matthieu 26:24 mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître !

Hénoch 19:2 Qui ont souillé les hommes, multiplié parmi eux les erreurs, au point de leur faire faire des sacrifices aux démons, comme à des dieux
1 Corinthiens 10:20 Mais ce qu’on immole, c’est à des démons et à ce qui n’est pas Dieu qu’on l’immole.

Hénoch 22 :10,12 [L’ange Raphael s’adressant à Hénoch de la région des morts :] Ces classes sont distinguées par un gouffre, par l’eau et par la lumière qui est sur l’eau.
Luc 16:26 [Abraham s’exprimant du Ciel] entre nous et vous un grand abîme a été fixé afin que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le puissent, et qu’on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous.

Hénoch 39:3,4,7 Alors la nuée m’enleva, et le vent me souleva sur la surface de la terre, et me transporta aux frontières des cieux. Là j’eus une autre vision. Je vis la demeure et le séjour tranquille des saints. Oui, mes yeux eurent le bonheur de contempler leurs demeures avec celles des anges ; le séjour de leur repos avec celui des saints. Là il y avait des demandes, des prières, des supplications pour les enfants des hommes. J’ai vu leur demeure placée sous les ailes du Seigneur des esprits. Tous les saints, tous les élus chantaient devant lui, brillant comme le feu ; leurs bouches étaient pleines des louanges de Dieu, et leurs lèvres s’ouvraient pour célébrer le nom du Seigneur des esprits. La justice se tenait debout devant lui.
2 Corinthiens 12:1-4 j’en viendrai aux visions et révélations du Seigneur. Je connais un homme dans le Christ qui, voici quatorze ans - était-ce en son corps ? je ne sais ; était-ce hors de son corps ? je ne sais ; Dieu le sait - ... cet homme-là fut ravi jusqu’au troisième ciel.. Et cet homme-là - était-ce en son corps ? était-ce sans son corps ? je ne sais, Dieu le sait -, je sais qu’il fut ravi jusqu’au paradis et qu’il entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de redire.
Apocalypse 19:1 Après quoi j’entendis comme un grand bruit de foule immense au ciel, qui clamait : « Alleluia ! Salut et gloire et puissance à notre Dieu,.

Hénoch 46:2 Celui-ci est le Fils de l’homme, à qui toute justice se rapporte, avec qui elle habite, et qui tient la clef de tous les trésors cachés ; car le Seigneur des esprits l’a choisi de préférence, et il lui a donné une gloire au-dessus de toutes les créatures
Colossiens 2:3 dans lequel se trouvent, cachés, tous les trésors de la sagesse et de la connaissance !

Hénoch 9:3,4 Alors ils dirent à leur Seigneur et maître : Tu es le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux, le Roi des rois. Le trône de ta gloire s’élève de toute éternité, et de toute éternité ton nom est sanctifié et glorifié. Tu es béni, et glorifié à jamais. Tu es le créateur, le maître souverain de toutes choses ; rien n’est caché à ton regard perçant. Tu domines sur tout, et rien ne peut se soustraire à ton autorité
Apocalypse 17:14 ; 19:16 Roi des rois, et Seigneur des seigneurs.
Apocalypse 4:11 Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est toi qui créas l’univers ; par ta volonté, il n’était pas et fut créé.
Hebreux 4:13 Aussi n’y a-t-il pas de créature qui reste invisible devant elle, mais tout est nu et découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte.

Hénoch 34:11 Parmi ces arbres, il yen avait un d’une odeur sans cesse renaissante , et tellement suave , qu’il n’y en avait pas un dans le jardin d’Eden qui exhalât un parfum aussi délicieux . Ses feuilles, ses fleurs, son bois, ne se flétrissaient jamais, et ses fruits étaient beaux. Ses fruits ressemblaient aux fruits du palmier. A cette vue, je m’écriai : Voilà un arbre admirable à voir ; quelles belles feuilles, quels fruits délicieux ! Alors Michael, un des saints et glorieux anges qui m’accompagnait, et qui était à leur tête, me répondit : Cette montagne que tu vois, et dont la tête élevée égale en hauteur le trône du Seigneur, sera le siège où se reposera le Seigneur de sainteté et de gloire, le Roi éternel, quand il viendra et descendra pour visiter la terre dans sa bonté.... Alors ils se réjouiront et tressailleront d’allégresse, dans le Saint des saints ; une odeur délicieuse pénétrera leurs os, et ils couleront, comme tes ancêtres, une vie longue sur terre ; et cette vie ne sera troublée ni par les malheurs, ni par les peines, ni par les misères. Et je louai le Seigneur de gloire, le Roi éternel, de ce qu’il avait préparé cet arbre et avait daigné le promettre aux saints.
Apocalypse 22:2 Au milieu de la place de part et d’autre du fleuve, il y a des arbres de Vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois ; et leurs feuilles peuvent guérir les païens
Apocalypse 2:7 (...) au vainqueur, je ferai manger de l’arbre de vie placé dans le Paradis de Dieu.
Apocalypse 22:14 Heureux ceux qui lavent leurs robes ; ils pourront disposer de l’arbre de Vie.

Hénoch 85 :2 Et voici qu’une étoile tomba du ciel
Apocalypse 9:1 Alors je vis un astre qui du ciel avait chu sur la terre.

Hénoch 60:13 Et il appellera à son tribunal toutes les puissances des airs et tous les saints, les chérubins, les séraphins et les ophanims, tous les anges de la puissance, tous les anges des dominations, c’est-à-dire les anges de l’Elu, et les autres puissances, qui au premier jour planaient sur les eaux..
2 Thessaloniciens 1:7 avec les anges de sa puissance.

Hénoch 10:15,16 Le Seigneur dit ensuite à Michael : Va et annonce le châtiment qui attend Samyaza et tous ceux qui ont participé à ces crimes, qui se sont unis à des femmes, qui se sont souillés par toutes sortes d’impureté. Et quand leurs fils seront exterminés, quand ils auront vu la ruine de ce qu’ils ont de plus cher au monde, enchaîne-les sous la terre, pour soixante-dix générations, jusqu’au jour de jugement, et de la consommation universelle ; et l’effet de ce jugement sera pour eux éternel. Alors ils seront jetés dans les profondeurs d’un feu qui les tourmentera sans cesse ; et ils y resteront toute l’éternité.l
et
Hénoch 21:56 Là je vis l’œuvre d’un feu immense, ardent et dévorant, au milieu duquel il y avait une division. Et des colonnes de feu se combattaient entre elles et elles s’enfonçaient dans l’abîme. Et il me fut impossible d’évaluer ni sa grandeur, ni sa hauteur ; je ne pus pas non plus connaître son origine. Et je m’écriai encore à cette vue : Quel lieu terrible ! qu’il est difficile d’en sonder les mystères. Uriel, un des anges qui étaient avec moi, me répondit et me dit : Hénoch, pourquoi ces alarmes, pourquoi cet étonnement à la vue de ce lieu terrible, à la vue de ce lieu de souffrance ? C’est ici, ajouta-t-il, la prison des anges ; et ils y seront renfermés à jamais
Jude 6 Quant aux anges, qui n’ont pas conservé leur primauté, mais ont quitté leur propre demeure, c’est pour le jugement du grand Jour qu’il les a gardés dans des liens éternels, au fond des ténèbres..
2 Pierre 2:4 Car si Dieu n’a pas épargné les Anges qui avaient péché, mais les a mis dans le Tartare et livrés aux abîmes de ténèbres, où ils sont réservés pour le Jugement.
Apocalypse 20:10 Alors, le diable, leur séducteur, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête et le faux prophète, et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles.
Apocalypse 20:1-3 Puis je vis un Ange descendre du ciel, ayant en main la clef de l’Abîme, ainsi qu’une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon, l’antique Serpent - c’est le Diable, Satan - et l’enchaîna pour mille années. Il le jeta dans l’Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellés, afin qu’il cessât de fourvoyer les nations jusqu’à l’achèvement des mille années. Après quoi, il doit être relâché pour un peu de temps

Hénoch 79 Dans ces jours-là, Les jours des pécheurs ne seront point complets Leurs semences manqueront dans les champs et dans les campagnes ; les travaux de terre seront bouleversés, rien ne viendra pour eux en son temps. La pluie restera dans les airs, et le ciel sera d’airain. En ce temps-là les produits de la terre seront tardifs ; ils ne fleuriront point en leur temps, et les arbres retiendront leurs fruits La lune changera son cours, elle n’apparaîtra point en son temps ; le ciel brûlant et sans nuages sera visible, et la stérilité s’étendra sur la face de la terre. Des météores sillonneront le ciel ; car beaucoup d’étoiles, se détournant de leur course accoutumée, erreront dans l’espace. Et les anges qui les régissent ne seront point là pour les faire rentrer dans leur route ; et toutes les étoiles se soulèveront contre les pécheurs.
Hénoch 61 : 9 Et ils seront frappés d’effroi quand ils verront le Fils de la femme assis sur son trône de gloire. [Expression insolite...]
Matthieu 24:7,21,22,29,30 Il y aura par endroits des famines et des tremblements de terre... Car il y aura alors une grande tribulation, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura jamais plus Et si ces jours-là n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie sauve ; mais à cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là. Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées..

Hénoch 47:3 Dans ce temps, je vis l’Ancien des jours, assis sur le trône de sa gloire. Le livre de la vie était ouvert devant lui, et toutes les puissances du ciel se tinrent debout devant lui et autour de lui
Hénoch 50 Dans ces jours-là, la terre rendra de son sein et l’enfer du sien ce qu’ils ont reçu, et l’abîme rendra ce dont il est redevable. Il séparera les justes et les saints des méchants, car ce sera pour les premiers des jours de grâce et de salut
Hénoch 54 Dans ces jours, l’abîme ouvrira sa gueule dévorante, et engloutira les pécheurs qui disparaîtront ainsi devant la face des élus.
Apocalypse 20:11-13,15 Puis je vis un trône blanc, très grand, et Celui qui siège dessus. Le ciel et la terre s’enfuirent de devant sa face sans laisser de traces Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône ; on ouvrit des livres, puis un autre livre, celui de la vie ; alors, les morts furent jugés d’après le contenu des livres, chacun selon ses œuvres .Et la mer rendit les morts qu’elle gardait, la Mort et l’Hadès rendirent les morts qu’ils gardaient, et chacun fut jugé selon ses œuvres... et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l’étang de feu.

Hénoch 40:1 Après cela j’aperçus des milliers de milliers, des myriades de myriades, et un nombre infini d’hommes, qui se tenaient debout devant le Seigneur des esprits.
Apocalypse 5:11 Et ma vision se poursuivit. J’entendis la voix d’une multitude d’Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards - ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers !

Hénoch 45 :3 En ce jour l’Elu siégera sur un trône de gloire. Il statuera sur leur sort, et, confirmant par sa présence les esprits des saints, il assignera une demeure à ceux qui ont mis leur confiance et leur amour dans son nom saint et glorieux.
Matthieu 25:31,32 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres
Jean 14:2 Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures,

Hénoch 45:4-5 En ce jour, je placerai mon élu au milieu d’eux, je changerai la face du ciel, je l’illuminerai pour l’éternité. Je changerai aussi la face de la terre, je la bénirai ainsi que tous ceux que j’ai choisis, et que je ferai habiter sur la terre, mais pour ceux qui ont commis l’iniquité, ils n’y demeureront plus, car je les ai vus et remarqués. Mais les justes, je les rassasierai de ma paix, je les placerai devant moi ; aux pécheurs la damnation éternelle ; ils seront effacés de dessus la terre.
Apocalypse 7:15 C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu,
2 Pierre 3 Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera.

Hénoch 112:17 Le premier ciel sera enlevé et s’évanouira, le deuxième apparaîtra.
Apocalypse 22:1 Alors je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre. Le premier ciel et la première terre avaient disparu

Hénoch 61:4-9 Le verbe de sa bouche exterminera tous les pécheurs et tous les impies ; aucun d’eux ne subsistera devant lui. Dans ce jours les rois, les princes, les puissants, et ceux qui possèdent la terre se lèveront, verront, et comprendront ; ils le verront assis sur son trône de gloire, et devant lui les saints qu’il jugera dans sa justice. Alors le trouble les saisira, ils seront semblables à une femme surprise par les douleurs de l’enfantement, dont le travail est pénible, dont la délivrance est difficile Et ils seront frappés d’effroi quand ils verront le Fils de la femme assis sur son trône de gloire.
2 Thessaloniciens 1:9 Ceux-là seront châtiés d’une perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force.
1 Thessaloniciens 5:3 c’est alors que tout d’un coup fondra sur eux la perdition, comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper..
2 Thessaloniciens 2:8 Alors l’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue.
Matthieu 25:31 Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire.

Hénoch 66:5-8 J’ai vu cette vallée, et il y avait une grande confusion ; et les eaux en jaillissaient.... d’une masse fluide de feu, une forte odeur de soufre, avec des eaux jaillissantes, et la vallée des anges coupables de séduction brûlait sous cette terre. Dans cette vallée il coulait aussi des fleuves de feu, dans lesquels étaient précipités les anges, qui avaient égaré les habitants de la terre..
Matthieu 13:42 et les jetteront dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents.
Matthieu 25:41 Alors il dira encore à ceux de gauche : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges.
Apocalypse 20:10 Alors, le diable, leur séducteur, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête et le faux prophète, et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles..

Hénoch 103 Maintenant, écoutez le mystère qui vous concerne : Beaucoup de pécheurs corrompront et fausseront la parole de la vérité. Ils prononceront de mauvaises paroles, commettront le mensonge, composeront des livres dans lesquels ils déposeront les pensées de leur vanité
1 Timothée 4:1 L’Esprit le dit clairement : dans les derniers temps, certains abandonneront la foi pour suivre des esprits trompeurs et des enseignements inspirés par les démons.

Hénoch 48:1 Dans ce temps-là, j’aperçus la source de la justice, qui ne tarissait jamais, et d’où s’émanaient une multitude de petits ruisseaux, qui étaient les ruisseaux de la sagesse. C’est là que tous ceux qui avaient soif venaient boire, et ils se trouvaient soudain remplis de sagesse, et ils faisaient leur demeure avec les justes, les élus et les saints.
Jean 4:14 mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle.
Apocalypse 21:6 celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement.

Hénoch 48 :6 car c’est lui qui leur conserve la portion de leur héritage. Car ils ont haï et repoussé loin d’eux ce monde d’iniquité, ils ont détesté ses œuvres et ses voies, et n’ont voulu invoquer que le nom du Seigneur des esprits
Galates 1:4 qui s’est livré pour nos péchés afin de nous arracher à ce monde actuel et mauvais, selon la volonté de Dieu notre Père.
1 Jean 2:15 N’aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui

Hénoch 2 Voici ! il arrive avec dix mille de ses saints, pour juger toutes les créatures pour détruire la race des méchants, et réprouver toute chair à cause des crimes que le pécheur et l’impie ont commis contre lui.
Jude 14,15 C’est aussi pour eux qu’a prophétisé en ces termes Hénoch, le septième patriarche depuis Adam : « Voici : le Seigneur est venu avec ses saintes myriades. afin d’exercer le jugement contre tous et de confondre tous les impies pour toutes les œuvres d’impiété qu’ils ont commises, pour toutes les paroles dures qu’ont proférées contre lui les pécheurs impies. »"


Remarque importante:

Observez l'expression mise en grand en rouge et que j'ai soulignée. Cette expression chère à Jésus que l'on ne retrouve nulle part telle qu'elle dans l'AT, même pas en Daniel qui lui parle de "Fils d'homme" et non de "Fils de l'homme" comme ici.


Troublant non?

:)
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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 08 sept.14, 07:45

Message par J'm'interroge »

Jésus ou l’énigme du
Fils de l’homme
Enquête sur les synoptiques
Jacques Buchhold a écrit :ThEv vol. 1 , n° 3, 2002
3
Jacques Buchhold
Jésus ou l’énigme du
Fils de l’homme
Enquête sur les synoptiques
Deuxième partie1
Résumé de la première partie (ThEv vol. 1, n° 2, p. 21-46)
L’expression « Le Fils de l’homme » (ho huios tou anthrôpou) apparaît 69 fois
dans les synoptiques et uniquement dans la bouche de Jésus ; on ne la retrouve étrangement
plus telle quelle dans le reste du Nouveau Testament si ce n’est sur les lèvres
d’Etienne en Actes 7.56. Cette expression, par laquelle Jésus se désigne lui-même, est
déroutante en grec ; c’est pourquoi, afin d’expliquer sa présence, les uns proposent de
voir en elle la traduction erronée de l’expression originale araméenne bar ’enasha et la
rendent par « Je », « les ou des hommes dont moi », « un homme » ou « des hommes ».
Une telle stratégie linguistique, cependant, ne semble pas rendre compte des textes ; par
ailleurs, pour offrir une explication globale et cohérente, elle se doit de considérer
nombre de logia sur le Fils de l’homme comme inauthentiques. Les autres, majoritaires,
ont recours à une stratégie titulaire. Ils classent les logia en trois groupes (A = le F.H.
qui a autorité sur terre ; B = le F.H. souffrant ; C = le F.H. apocalyptique) et cherchent
à montrer de manière indirecte ou à partir de Daniel 7 que dans certains logia en tout
cas (tous ne seraient pas authentiques), l’étrange expression bar ’enasha / ho huios tou
anthrôpou est un titre à portée messianique, renvoyant à un personnage bien défini.
La question est donc de savoir si le judaïsme contemporain de Jésus employait bel et bien
cette expression à la manière d’un titre « répertorié » dans le langage religieux des Juifs
de ce temps.
1. Pour les références complètes des ouvrages et des articles déjà mentionnés dans la 1re partie de notre article, voir
leur première occurrence dans ThEv vol. 1, n°2, 2002.
p. 3-24
NOUVEAU TESTAMENT
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
4
4. Les interprétations juives de Daniel 7.13
Nous introduirons cette section sur la manière dont les Juifs ont interprété le
« comme un fils d’homme » de Daniel 7.13 en rappelant la façon dont R.T. France
résume la situation :
Que ce soit dans les cercles apocalyptiques ou dans les cercles rabbiniques, Daniel 7.13
est toujours interprété comme désignant un Messie individuel ; on n’en trouve aucune
autre interprétation. Ce fait n’a pas toujours été relevé, mais il est important. Il nous
oblige de conclure que la figure de Daniel 7.13 a été systématiquement interprétée, en
tout cas depuis au moins le temps de Jésus, comme désignant un Messie individuel ;
cependant on ne le nommait généralement pas « Fils de l’homme », ce titre n’étant utilisé
que dans les Paraboles d’Hénoch et peut-être par quelques autres cercles apocalyptiques
2.
Un rapide survol des données juives, en particulier des Paraboles d’Hénoch,
permettra d’évaluer cette affirmation de l’exégète évangélique.
a) Les « Paraboles » de 1 Hénoch3
Le livre d'Hénoch n'a été conservé dans son intégralité que par une version
éthiopienne, connue depuis le dix-huitième siècle. L'ouvrage se compose de cinq
grandes parties : le Livre des veilleurs (ch. 1-36), les « Paraboles » d'Hénoch (ch.
37-71), le Traité d'astronomie et de météorologie (ch. 72-82), le Livre des songes
(ch. 83-90) et la Lettre d'Hénoch ou les Parénèses (ch. 91-105, qui incluent
l'Apocalypse des semaines). Cet ensemble, largement composite, « n'a d'unité que
par sa référence au héros fictif auquel sont rapportés tous les morceaux qui le
composent »4. Ils forment ainsi une sorte de bibliothèque hénochienne. La
version éthiopienne repose sur une version grecque5 qui, elle-même, traduit pour
l'essentiel un original araméen. On a, en effet, retrouvé à Qumrân des fragments
araméens des première, troisième et quatrième sections du livre6. En revanche, on
hésite pour les Paraboles d'Hénoch qui, selon certains, auraient été rédigées en
grec, pour d'autres en hébreu et pour d'autres encore en araméen7.
2. FRANCE, Jesus and the Old Testament, p. 187-188. Nous traduisons.
3. Voir Écrits intertestamentaires, p. 505-552 pour le texte et p. LXI-LXX pour l’introduction. Pour une présentation
de « l’espérance dans les apocalypses d’Hénoch » et de « l’énigme des Paraboles d’Hénoch », voir GRELOT, L’espérance
juive…, p. 44-50 et 191-208.
4. GRELOT, ibid., p. 44.
5. Cf. les mss grecs de la première et de la dernière section du livre qui sont en notre possession (voir Écrits intertestamentaires,
p. 465-466).
6. Pour l’édition des fragments araméens, voir J.T. MILIK, The Books of Enoch : Aramaic Fragments of Qumran Cave 4,
Oxford, Clarendon, 1976.
7. Écrits intertestamentaires, p. LXIII.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
5
Les Paraboles d'Hénoch, dont nous donnons quelques extraits en annexe, se
divisent en trois poèmes (ch. 38-44 ; 45-57 ; 58-69), introduits par un exorde
(37) et conclus par un épilogue (70-71). L’expression « Fils d'homme », absente
du reste de 1 Hénoch, y apparaît seize fois dans les deuxième et troisième
poèmes8.
Cinq remarques
Concernant le Fils de l’homme dans les Paraboles, nous nous limiterons à un
certain nombre de remarques.
1. L'expression Fils d’homme est employée en parallèle avec le titre l'« Élu », qui
est le titre-clé du premier poème (ch. 38-44). Dans le deuxième poème, l'« Élu »
(45.3, 4) laisse la place au Fils d’homme (46.2), que le texte identifie à l’Élu (48.2-
3, 6), puis les deux expressions alternent dans la suite des Paraboles9. 1 Hénoch
49.2-3 et 62.1-210 attribuent à l'Élu les caractéristiques du Messie davidique
d'Ésaïe 11.2 et 4, et certains voient en lui une allusion au Serviteur de l'Éternel,
l’Élu d'Ésaïe 42.111. Deux autres expressions les désignent encore : le « Juste »
(38.2 ; 47.1 ; 53.612) et surtout le « Messie » (48.10 ; 52.413).
2. Bien que la traduction française des Écrits intertestamentaires propose
comme traduction la seule expression « Fils d'homme », l'original éthiopien
contient, en fait, trois expressions différentes :
« fils de l'homme » : 46.2, 3, 4 ; 48.2 ;
« fils du mâle » : 62.5 ; 69.29 (2x) ; 71.14 ;
« fils de l'enfant de la mère de tout ce qui vit » : 62.7, 9, 14 ; 63.11 ; 69.26,
27 ; 70.1 ; 71.1714.
Deux explications ont été proposées. Selon les uns, il s’agirait d’une traduction
par plusieurs expressions éthiopiennes d'une même expression originale araméenne
8. Occurrences auxquelles il faut ajouter 60.10 où le vocatif « Fils d'homme » sert à apostropher Noé à la manière
dont Dieu s'est adressé au prophète Ézéchiel.
9. Pour un tableau des parallèles entre l’Élu et le Fils d’homme, voir CARAGOUNIS, The Son of Man, p. 107-109.
10. « En lui résident l’esprit de sagesse, l’esprit d’instruction, l’esprit de science et de puissance, et l’esprit de ceux qui
se sont endormis dans la justice » (49.3) ; « Le Seigneur des Esprits < l’aura fait asseoir > sur Son trône glorieux, l’esprit
de justice se sera répandu sur lui, et la parole de sa bouche fera mourir tous les pécheurs » (62.2).
11. Voir Écrits intertestamentaires, p. 508, n. sur 39.6. Cf. 1 Hén 48.4, « lumière des nations » (cf. És 42.6).
12. Ibid., p. 506, n. 2. En 53.6, on trouve : « Le Juste, l’Élu, rendra visible sa Congrégation et désormais ils ne trouveront
plus d’obstacle, au nom du Seigneur des Esprits. »
13. Voir 48.10 : « Nul ne leur tendra la main pour les relever, car ils ont renié le Seigneur des Esprits et Son Messie »,
et 52.4 : « Tout ce que tu as vu servira à l’autorité de Son Messie, pour qu’il commande et exerce le pouvoir sur la
terre. » L’expression de 48.10 : « le Seigneur… et Son Messie », renvoie au Ps 2.2.
14. VERMES, op. cit., p. 249-250, n. 28.
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
6
traduite en grec ; selon les autres, il y aurait eu plusieurs expressions différentes dans
le texte original lui-même15. Un tel fait permet de douter que l’on ait affaire avec
cette expression à un titre messianique bien défini, et ceci d’autant plus que dans la
plupart des occurrences (13 sur 16), on a ce Fils d’homme et non le Fils d’homme.
Certains y voient une simple traduction en éthiopien de l'article défini grec (ho huios
tou anthrôpou)16, mais cette interprétation est contestée par plusieurs car ils notent
que l’expression est employée à trois reprises sans l'adjectif démonstratif « ce ». À
leurs yeux, la présence de cet adjectif s’explique à la lumière de notre remarque
suivante.
3. La première mention du Fils d’homme dans les Paraboles d’Hénoch se
trouve en 46.1-2 :
Là, j'ai vu Celui qui détient le principe des jours, sa tête était comme de la laine blanche, et avec Lui un
autre, dont le visage avait une apparence humaine et débordait de grâce comme l'un des saints anges. 2 J'ai
interrogé sur ce Fils d'homme l'un des saints anges qui m'accompagnait et me montrait tous les secrets :
« Qui est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi accompagne-t-il le Principe des jours ? »
Or, dans ce passage, l’expression « ce Fils d'homme » renvoie à l'« autre »
personnage du verset 1, « dont le visage avait une apparence humaine et débordait
de grâce comme l’un des saints anges » et qui est associé à « Celui qui détient le
principe des jours » et dont la « tête était comme de la laine blanche ». Ce verset
renvoie ainsi clairement à l’Ancien des jours et à la figure « comme un fils
d’homme » de Daniel 7.9 et 13, ce que confirme par ailleurs le rôle de juge qui est
attribué à l'Élu-Fils d’homme dans les Paraboles comme déjà dans Daniel. Ainsi,
l'expression « ce Fils d’homme » dans les Paraboles n’apparaît pas dans ce verset
comme un titre mais comme une manière de renvoyer à Daniel 717. Les Paraboles
d’Hénoch nous livrent donc plutôt une exégèse créatrice qu'un rappel d'une tradition
bien ancrée !
4. Le lien avec Daniel 7 pose le problème de la préexistence de « ce Fils
d’homme » selon les Paraboles. Celui-ci n'est-il qu'un personnage virtuel ou représente-
t-il, avant même son intervention dans l'histoire des hommes, quelqu'un de
réel ? Selon 48.2-3, c'est son « nom » qui est prononcé « en présence du Principe
des jours » (v. 2) et qui « avant que soient créés le soleil et les signes, avant que les
15. Ibid., p. 227.
16. Telle est l’opinion de R.H. CHARLES, The Book of Enoch, Londres, Oxford University Press, 1912, p. 86-87, selon
VERMES, dans l’éd. en anglais de son livre, Jesus the Jew, A Historian’s Reading of the Gospels, Philadelphie, Fortress,
1973, 1981, p. 173 et p. 259, n. 47.
17. VERMES, Jésus le Juif, p. 228 ; DUNN, op. cit., p. 76.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
7
astres du ciel soient faits… a été proclamé par-devant le Seigneur des Esprits »
(v. 3). Ces affirmations pourraient suggérer une préexistence dans le seul dessein de
Dieu18. Cependant, 52.7 semble favoriser une préexistence réelle : « Car, dès
l'origine, le Fils d'homme a été tenu caché, le Très-Haut l'a gardé par-devers Sa
puissance. Mais il l'a révélé aux élus. »19
5. Les Paraboles se terminent par un épilogue (ch. 70-71) assez inattendu qui
décrit l'assomption d'Hénoch et son investiture au rang même du Fils d’homme
(71.14) dont il est question dans les chapitres précédents :
1 Ensuite, il arriva que le nom de ce fils d'homme fut élevé vivant auprès du Seigneur
des Esprits (et retiré) d'entre les vivants de l'aride. 2 Il fut élevé sur le char du vent, et
son nom fut retiré d'entre eux (70.1-2).
13 Le Principe des jours est venu avec Michel, Raphaël, Gabriel, Phanouël et les milliers
et les myriades des anges innombrables. 14 Il [var. L'ange] est venu vers moi, et m'a
salué de la voix. Il m'a dit : « Tu es le Fils d'homme, toi qui es né pour [var. selon] la
justice, la justice a demeuré sur toi, la justice du Principe des jours ne te quittera pas. »
15 Il m'a dit (encore) : « Il appellera pour toi la paix en Son nom, pour le siècle à venir,
car c'est d'ici que procède la paix depuis la création du monde, et ainsi tu l'auras pour
toujours, pour les siècles des siècles. 16 Chacun suivra ta voie, la justice ne te quittera
jamais. C'est avec toi qu'ils auront leur demeure, c'est avec toi qu'ils auront leur lot, et
ils ne se sépareront pas de toi, pour toujours, pour les siècles des siècles. » 17 Et ainsi, la
longévité accompagnera ce Fils d'homme, la paix sera pour les justes, la rectitude sera
pour les justes, au nom du Seigneur des Esprits, pour les siècles des siècles (71.13-17)20.
Cet étrange épilogue conduit certains à mettre en doute l'authenticité du
passage qui, à l’origine, n'aurait pas fait partie des Paraboles. Ainsi, Black, par
exemple, le rattache à la section précédente, le Livre des veilleurs, chapitre 6 à 3621.
D'autres, en revanche, maintiennent ce passage à sa place22 et certains voient
même en lui la clé des Paraboles23. Il faut noter à ce sujet la présence d’une inclusion
entre le chapitre 39, qui mentionne l'enlèvement initial d'Hénoch, et les
chapitres 70 et 71 qui décrivent son assomption et son investiture, au plus haut des
cieux, sous la conduite tout à fait exceptionnelle24 de l'archange Michel (71.3). Ce
18. DUNN, op. cit., p. 75-76.
19. Voir CARAGOUNIS, The Son of Man, p. 113-115.
20. Écrits intertestamentaires, p. 549, 551-552.
21. M. BLACK, « The Eschatology of the Similitudes of Enoch », JTS 3, 1952, p. 1-10.
22. P. ex., COLPE, op. cit., p. 426-427.
23. André CAQUOT, « Remarques sur les chapitres 70 et 71 du livre éthiopien d’Hénoch », dans A.C.F.E.B., Apocalypses
et théologie de l’espérance, Lectio Divina 95, Paris, Cerf, 1977, p. 121-122.
24. Cf. la n. sur 71.3 dans Écrits intertestamentaires, p. 550, qui souligne qu’en ce verset « le guide d’Hénoch n’est pas
l’ange anonyme des “Paraboles” (46.2), ni Ouriel comme dans le récit du voyage visionnaire (21.5) ou dans le traité
d’astronomie (72.1), mais Michel, premier des archanges. C’est le signe qu’Hénoch va s’élever plus haut que jamais. »
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
8
qui est dit ici d’Hénoch n’est pas sans parallèle avec ce que nous avons relevé dans
la première partie de notre article, à la suite de Puech, au sujet des spéculations
qumrâniennes concernant Melchisédeq25.
Il est clair que les Paraboles d’Hénoch constituent un témoin essentiel de la
théologie juive du Fils de l’homme. Leur rôle pour une juste interprétation du Fils
de l’homme dans les synoptiques dépend, cependant, de leur date de rédaction.
Le problème de la date
En 1912, Charles donnait son autorité à une datation fixée au premier siècle
avant Jésus-Christ26. Depuis lors, nombreux sont les exégètes qui l’ont suivi. C’est
ainsi que Philonenko et Caquot affirment à propos du titre de Fils de l’homme
dans les évangiles, que
ce n'est point du livre de Daniel, seul, qu'est tirée cette appellation, mais c'est par le
« Livre des Paraboles » qu'elle transite, toute chargée de mystère. Par là, le livre
d'Hénoch se trouve être la plus précieuse des anticipations et la plus secrète des préparations
de la christologie du Nouveau Testament27.
Milik (1976), en revanche, voit dans les Paraboles un écrit chrétien grec de la
seconde partie du troisième siècle28. Cependant, les Paraboles ne contiennent rien
de chrétien qui ne puisse être juif ; en particulier, elles ne contiennent aucune
allusion au ministère terrestre et à la passion de Jésus29. C’est pourquoi, la grande
majorité des spécialistes rejettent une datation aussi tardive. Ceux-ci relèvent trois
faits :
- un indice historique. 1 Hénoch 56.5-7 fait allusion à une invasion parthe et
mède en Palestine (56.5-730). Celle-ci pourrait renvoyer à l'invasion parthe de 40
25. Voir PUECH, op. cit., p. 556, qui fait le rapprochement et écrit, en renvoyant à Flusser et à Caquot : « Dans différentes
approches, des auteurs ont souligné le rapprochement de Melkîsédeq dans ce texte de l’Elu ou Fils de l’homme
dans les Paraboles d’Hénoch, assis sur le trône de gloire et jugeant Azazel et son armée au nom du Seigneur des esprits,
1 Hén 55.4. »
26. R.H. CHARLES, The Book of Henoch, Londres, 1912, p. 73, qui date les Paraboles de 94-64 av. J.-C., selon VERMES,
Jésus le Juif, p. 230, 250 [la p. du livre de Charles est donnée selon l’éd. anglaise, p. 259, n. 61, l’éd. française
étant erronée sur ce point].
27. Écrits intertestamentaires, « Introduction générale », p. LXIX-LXX. Pour une défense contemporaine et bien argumentée
d’une datation avant J.-C., voir CARAGOUNIS, The Son of Man, p. 85-94.
28. J.T. MILIK, op. cit., p. 89-96, selon GRELOT, L’espérance juive…, p. 195 et p. 207, n. 15, qui précise : « L’oeuvre
proviendrait [selon Milik] du même milieu et du même temps que le Livre V des Oracles sibyllins. »
29. Cf. la critique de GRELOT, ibid., p. 195-196, qui se refuse cependant de trancher entre une origine juive et une
origine chrétienne des Paraboles (p. 196), tout en donnant sa préférence, dans l’édition revue de son ouvrage, à une
origine juive (p. 205 et 207-208, n. 18).
30. « En ce temps-là, les anges reviendront, ils se précipiteront vers l’est, chez les Parthes et les Mèdes. Ils mettront en
branle les rois… Ils monteront piétiner la terre de Ses élus… Mais la ville de Mes justes sera un obstacle pour leurs
chevaux… »
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
9
avant Jésus-Christ31, à la campagne de Trajan en 113-117 après Jésus-Christ dans
le golfe Persique32 ou à l’invasion de la Syrie par Sapor I, roi d’Arménie, en 260-
27033. Seule la première invasion, cependant, semble pouvoir correspondre aux
données de 56.5-6 (présence des Parthes, v. 5 ; invasion de la Palestine, v. 6 ;
existence de Jérusalem, détruite en 70, v. 7)34. Néanmoins, une telle identification
ne permet que de dater les Paraboles d’après 40 avant Jésus-Christ et non de
donner la datation précise de leur rédaction ;
- un fait essentiel, qui a relancé le débat sur la datation des Paraboles : alors
qu'on a trouvé des manuscrits (au moins 11) de toutes les autres sections du livre
d'Hénoch à Qumrân, on n'y a découvert aucune trace des Paraboles, malgré
l’intérêt des Qumrâniens pour la littérature hénochienne et Daniel35 ;
- une difficulté : « Les figures de l'Élu et du Fils de l'homme [des Paraboles] ne
ressemblent en rien à celles des deux Messie [sic] ou du Prophète qu'on attendait
à Qumrân. »36 Cette affirmation doit être nuancée à la lumière de ce que nous
avons dit plus haut de Melchisédeq, mais il faut souligner que contrairement à
l’Élu-Fils d’homme des Paraboles, le Melchisédeq de Qumrân37 ne semble pas être
identifié au Messie.
Ces faits conduisent de nombreux spécialistes contemporains à dater les
Paraboles de la fin du premier (après 70) ou du début du deuxième siècle.
b) 4 Esdras38
4 Esdras date, comme le reconnaissent tous les spécialistes, d'après la catastrophe
de 70 après Jésus-Christ. En fait, l'auteur cherche à « donner un sens à
l'angoisse où se trouve jetée la communauté des fidèles à laquelle il appartient39 »
31. Interprétation d’André CAQUOT, Écrits intertestamentaires, p. 526, n. sur 56.5, et de CARAGOUNIS, The Son of
Man, p. 88.
32. J.C. HINDLEY, « Towards a Date for the Similitudes of Enoch : An Historical Approach », NTS 14, 1967/68,
p. 551-565.
33. MILIK, tel que cité par CARAGOUNIS, The Son of Man, p. 87.
34. Pour une critique des deux dernières identifications, voir CARAGOUNIS, ibid., p. 87-88.
35. On peut aussi noter avec DUNN, op. cit., p. 297, n. 75, que plusieurs manuscrits grecs contenant des parties de
1 Hénoch n’ont pas d’extraits des Paraboles.
36. GRELOT, L’espérance juive…, p. 193. Les deux Messies sont le Messie royal et le Messie sacerdotal. Pour un bon
résumé du messianisme à Qumrân, voir E. PUECH, « Les manuscrits de la mer Morte et le Nouveau Testament », dans
E.-M. LAPERROUSAZ, sous dir., Qoumrân et les manuscrits de la mer Morte. Un cinquantenaire, Paris, Cerf, 2000,
p. 295-299.
37. Le débat porte, en particulier, sur 11QMelk 2.13-19 (texte dans PUECH, La croyance…, p. 525) dans lequel, selon
PUECH, p. 553-554, il faut distinguer Melchisédeq (II.13-15) du messager-Messie (II.18). Melchisédeq demeure un
personnage céleste.
38. Voir Écrits intertestamentaires, p. 1393-1470. Livre traduit et annoté par Pierre GEOLTRAIN.
39. Ibid., p. CXIII (« Introduction générale » rédigée par André CAQUOT et Marc PHILONENKO).
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
10
(voir 3.25-27 ; 4.22-24 ; etc.). « Antérieurement aux découvertes de Qoumrân, on
attribuait généralement IV Esdras aux milieux pharisiens40 » et certains se rallient
encore à cette thèse. Ainsi, pour Grelot, l'auteur de 4 Esdras « n'appartient pas à
des cercles sectaires et son attachement à la Tôrah est évident »41. Caquot et Philonenko,
en revanche, situent son origine dans les cercles apocalyptiques esséniens42.
Selon Kaestli, 4 Esdras serait en fait « une protestation contre le canon clos de 24
livres défini par les Pharisiens et une réaffirmation du statut inspiré – donc
"canonique" – des livres apocalyptiques ». Ainsi, 4 Esdras 14 « proclamerait la
supériorité des 70 livres apocalyptiques, réservés à l'élite des sages, sur les écrits
ordinaires, destinés à la masse du peuple » 43.
Le livre représente un ensemble bien construit composé de sept sections : trois
entretiens (3.1-5.19 ; 5.20-6.34 ; 6.35-9.25) auxquels répondent trois visions
(vision de la femme, 9.26-10.59 ; vision de l'aigle, 10.60-12.51 ; vision de l'homme,
13.1-58). La vision de l'aigle, qui s'inspire des prophéties d'Ézéchiel et de Jérémie44,
s'appuie de manière explicite sur les écrits de Daniel (4 Esd 12.11-1245). Celle de
l'homme qui monte de la mer le fait de manière implicite :
Au bout de sept jours, j'eus un songe pendant la nuit. 2 Voici qu'un vent violent s'élevait
de la mer et agitait tous ses flots. 3 Je regardai et voici [ce vent fit monter du sein de
la mer un être qui était comme un homme. Je regardai et voici] cet homme volait avec
les nuées du ciel et là où il tournait son visage pour regarder, tout ce qui tombait sous
son regard tremblait. 4 Et partout où parvenait la voix qui sortait de sa bouche, tous
ceux qui entendaient sa voix fondaient comme fond la cire sous l'effet du feu. 5 Je regardai
encore et voici une multitude innombrable d’hommes se rassemblait des quatre
vents du ciel pour combattre l’homme qui était monté de la mer. 6 Je regardai et voici :
il se tailla une haute montagne et il vola sur elle. 7 Je cherchai à voir la région ou le lieu
d’où la montagne avait été détachée, mais en vain. 8 Je vis ensuite tous ceux qui s’étaient
rassemblés près de lui pour le combattre saisis d’une très grande crainte. Ils osèrent
pourtant le combattre (13.1-8).
25 « Voici l'interprétation de la vision. Tu as vu un homme monter du sein de la mer :
26 c'est celui que le Très-Haut tient depuis longtemps en réserve et par lequel il délivrera
40. Ibid., p. CXVI.
41. GRELOT, L’espérance juive…, p. 218.
42. Écrits intertestamentaires, p. CXVI-CXVII.
43. Jean-Daniel KAESTLI, « Le récit de IV Esdras 14 et sa valeur pour l’histoire du canon de l’Ancien Testament », dans
S. AMSLER et al., Le canon de l’Ancien Testament. Sa formation et son histoire, Genève, Labor et Fides, 1984, p. 94-95.
44. Voir l’aigle d’Éz 17.3 ; Jr 48.40 ; 49.22.
45. « L’aigle que tu as vu monter de la mer, c’est le quatrième royaume qui apparut en vision à Daniel, ton frère. Mais
on ne le lui avait pas interprété comme je te l’interprète maintenant [ou comme je te l’ai interprété] » (4 Esd 12.11-
12), Écrits intertestamentaires, p. 1451.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
11
ses créatures. C'est lui qui commandera ceux qui auront été laissés. 27 Tu as vu qu'un
souffle de feu et de tempête sortait de sa bouche, 28 qu'il ne portait ni épée ni instrument
de guerre et qu'il brisait pourtant l’assaut de cette multitude qui venait le combattre.
En voici l'interprétation : 29 Les jours viennent où le Très-Haut va délivrer ceux qui
sont sur la terre. 30 Un égarement d’esprit viendra sur eux ; 31 ils songeront à se faire la
guerre, cité contre cité, pays contre pays, nation contre nation, royaume contre
royaume. 32 Et lorsque ces événements arriveront, lorsque se produiront les signes que
je t'ai montrés auparavant, alors sera révélé mon Fils que tu as vu (comme un) homme
montant (de la mer) (13.25-32).
Nous nous contenterons de deux courtes remarques au sujet de cette vision.
1. La vision de l’homme qui monte de la mer s'inspire, en effet, de Daniel 7 :
elle est donnée à Esdras lors d’un songe (v. 1 ; cf. Dn 7.1) et débute par la vision
d’une mer agitée (v. 2-3 ; cf. Dn 7.2), puis intervient « un être qui était comme un
homme46 » et qui « volait avec les nuées du ciel » (v. 3 ; cf. Dn 7.13). Mais contrairement
à ce qu'on trouve dans Daniel 7, en 4 Esdras 13 c’est cette « image
d’homme » qui monte « du sein de la mer » (v. 3, 5) et non des bêtes (cf. Dn 7.3).
La « montagne… détachée » du verset 7 rappelle la pierre de Daniel 2.34-35 et
représente la montagne de Sion (4 Esd 13.35), et dans 4 Esdras, le combat de la
multitude est dirigé contre l'« image d’homme » (13.8) et non contre les saints (cf.
Dn 7.21).
2. L’« homme » de la vision n’est pas présenté au moyen d’un titre mais d’une
paraphrase descriptive (« un être qui était comme un homme ») qui rappelle celle
de Daniel 7.13. Son individualité et son identité, cependant, ne font guère de
doute car il est appelé « mon Fils » (13.32, 37, 51-5247 ; cf. Ps 2.7) : il s’agit du
Messie davidique, que Dieu nomme « mon Fils, le Messie » en 7.28-2948 et qui est
appelé à juger les hommes (12.32). Cet être, Dieu le « tient depuis longtemps en
réserve » pour accomplir ses desseins (13.26 ; cf. 12.3249) et semble ainsi préexister
plus que dans le seul dessein de Dieu.
46. Litt. « comme une image d’homme » (versions syriaque et éthiopienne). Seule de toutes les versions, la version
latine omet cette partie du verset (voir Écrits intertestamentaires, p. 1454, n. sur 13.3).
47. « Alors mon Fils convaincra d’impiété les nations qui seront venues » (13.37). « Je dis : “Seigneur souverain, montre-
moi pourquoi cet homme que j’ai vu montait du sein de la mer.” Il me répondit : “De même que personne ne peut
sonder ni connaître ce qui est au fond de la mer, de même personne sur terre ne pourra voir mon Fils ni ceux qui sont
avec lui, si ce n’est au moment de son jour.” » (13.51-52).
48. « Mon fils, le Messie, sera révélé en même temps que ceux qui sont avec lui et ceux qui auront survécu se réjouiront
durant quatre cents ans. Puis après cela, mon fils, le Messie, mourra avec tous les humains… Ensuite, au bout de
sept jours, le monde qui n’est pas encore éveillé s’éveillera et celui qui est corrompu sera détruit. La terre rendra ceux
qui dorment dans son sein, la poussière ceux qui y reposent et les demeures rendront les âmes qui leur ont été confiées.
Alors le Très-Haut paraîtra sur le trône du jugement » (7.28-29, 31-33). Voir 2 Bar 30.1-5.
49. « C’est le Messie que le Très-Haut a réservé pour la fin [des jours…] » (12.32).
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
12
c) Les traditions rabbiniques
Les textes rabbiniques ultérieurs ne mentionnent pas souvent Daniel 7.13.
Mais lorsqu’ils le font, ils lui donnent pour la plupart une portée messianique et
n’interprètent jamais la figure « comme un fils d’homme » de manière collective.
Ainsi, par exemple, le Talmud de Babylone écrit :
R. Alexandre disait : R. Joshua b. Lévi a relevé une contradiction. Il est dit : « Il venait
comme un Fils d'Homme avec les nuées du ciel » (Dn 7,13) ; et il est dit au contraire :
« Humble et monté sur un âne » (Za 9,10). S'ils en sont dignes, ce sera avec les nuées
du ciel ; s'ils n'en sont pas dignes, ce sera humble et monté sur un âne50.
Le canevas d’homélie sur Zacharie 4.6-10, conservé dans le midrash
Tanhûma51 sur Genèse 27.3 (par. Tôledôth 14), regroupe divers textes interprétés
de manière messianique, dont voici l’extrait suivant :
Cantique des montées : « Je lèverai mes yeux vers les montagnes, etc. » (Ps
121,1). C'est bien ce qui est écrit : « Qui es-tu, grande Montagne, devant Zorobabel
devenue une plaine ? » (Za 4,7). Cette Montagne, c'est le Messie fils de David.
[…] Et pourquoi (le Messie) est-il issu « de David » ? C'est parce qu'il est dit : « Et
Salomon eut pour fils Roboam, qui eut pour fils Abiyah, etc. » jusqu'à : « et
Delayah et ‘Anani » (1 Chr 3,10-24). Qu'est-ce que ce ‘Anani (= celui des nuées) ?
C'est le Messie, car « qui mépriserait le jour de ces petites choses ? » (Za 4,l0a). En
effet, il est dit : « Je voyais dans les visions de la nuit, et voici qu'avec les nuées du
ciel venait comme un Fils d'Homme » (Dn 7,13). Or ‘Anani, c'est le chiffre sept.
Pourquoi le sept ? Qu'est-il écrit au sujet du roi Messie ? « Car qui méprisera le
jour de ces sept petites choses ? » (Za 4,10 complété). C'est pourquoi il est dit :
« Qu'es-tu, grande Montagne ? » (Za 4,7). Cette montagne, c'est celui au sujet
duquel il est écrit : « Et il jugera avec justice les miséreux, etc. » (Is 11,452).
d) Que conclure ?
Ainsi, à la lumière des divers textes juifs étudiés, il nous paraît légitime
d’approuver en grande partie l’affirmation de France par laquelle nous avons introduit
cette section sur les interprétations juives. Il nous faut, nous aussi, « conclure
que la figure de Daniel 7.13 a été systématiquement interprétée, en tout cas depuis
50. Sanhédrin 11.2 ; fol. 98a, cité par GRELOT, ibid., p. 289. R. Joshua b. Lévi est un Amora palestinien de la première
génération (début IIIe s.).
51. Le R. Tanhuma est un haggadiste palestinien du début du Ve s.
52. Cité par GRELOT, L’espérance juive…, p. 295. Pour une étude plus fouillée de la tradition rabbinique sur le F.H. de
Dn 7.13, voir CARAGOUNIS, The Son of Man, p. 131-136 ; FRANCE, Jesus and the Old Testament, p. 185-188.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
13
au moins le temps de Jésus, comme désignant un Messie individuel »53. Les deux
livres apocalyptiques d’1 Hénoch et de 4 Esdras soulignent même le caractère
céleste de ce Messie et sa préexistence.
Cependant, ainsi que l’affirme encore France, dans les cercles juifs du premier
siècle, « on ne… nommait généralement pas [ce Messie] “Fils de l’homme” ». En
effet, nous avons relevé que pour définir leur « Fils de l’homme », 1 Hénoch (« ce
Fils d’homme ») et 4 Esdras (« comme une image d’homme ») renvoient à Daniel
et n’emploient pas une « appellation contrôlée ». C’est pourquoi il nous semble
que, contrairement à ce qu’écrit France, dans les cercles apocalyptiques eux-mêmes,
l’expression « Fils de l’homme » n’était pas utilisée avec certitude comme un titre
lorsque Jésus débute son ministère en Palestine. L’incompréhension des foules qui
« traduisent » « les hommes » lorsque Jésus dit bar ’enasha en Matthieu 9.6, 854 ne
prouve-t-elle pas qu’à cette époque, l’expression n’était pas interprétée spontanément
comme un titre messianique ? Mais si tel est le cas, ne peut-on pas penser que c’est Jésus
lui-même qui a forgé ce titre, faisant preuve d’une démarche exégétique innovante
mais équivoque pour les gens de son temps55 ? Telle est l’approche des synoptiques
que nous désirons à présent développer.
5. Le « Fils de l’homme » dans les synoptiques
L’approche des synoptiques à laquelle nous nous rallions est donc une forme
de stratégie titulaire, mais non une stratégie qui discernerait l’origine du titre dans
le milieu juif du début du premier siècle (le titre n’y est pas « reconnu ») ni dans la
théologie de la communauté post-pascale (le reste du Nouveau Testament ne
l’emploie plus) mais en Jésus lui-même. Une telle compréhension des choses pose,
bien entendu, la question de l’authenticité des logia sur le Fils de l’homme.
a) Retour à la question de l’authenticité
Il n’est, bien sûr, pas question de discuter ici dans le détail de l’authenticité de
chaque logion sur le Fils de l’homme. Nous nous contenterons de soulever
quelques questions de principe. Or, à ce sujet, le P. Benoît résume bien la situation,
au moyen de ces remarques que Feuillet juge avec raison, nous semble-t-il,
« de bon sens56 » :
53. Voir supra.
54. Voir traduction de Mc 2.10 et n. 2, 1re partie de l’article, p. 31.
55. Voir aussi Mt 16.13-14 ; Jn 12.23, 34.
56. FEUILLET, L’agonie…, p. 123.
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
14
Comme si Jésus n’avait pu prendre à son compte des pensées ou des expressions du
milieu ambiant ? Ne sommes-nous pas en vérité dans un cercle vicieux ? On conteste à
Jésus tout ce qui peut avoir été dit par ses contemporains. Et quand il dit quelque chose
qui s’écarte des idées reçues, comme par exemple le Fils de l’homme souffrant, on le
conteste encore ! Il n’a le droit ni de parler comme les gens de son temps, ni de dire
autre chose qu’eux. Que lui reste-t-il, sinon le silence ? Je ne connais pas de meilleur
moyen de bâillonner un homme57.
Pourquoi, en effet, Jésus n’aurait-il pas pu avoir recours au titre de Fils de
l’homme si celui-ci avait cours à son époque ? En fait, on assiste depuis un certain
temps à une nouvelle ou « troisième quête du Jésus historique »58, qui tend à
donner une place plus importante à son enracinement juif59 et qui ne considère
plus comme systématiquement inauthentique toute conviction que Jésus partage
avec ses contemporains.
Cependant, dans le cas de l’emploi du titre de Fils de l’homme, selon le témoignage
des synoptiques, Jésus semble avoir fait preuve d’exégèse innovatrice, fabriquant
de l’inédit dans la culture théologique de son temps. Or, un tel emploi ne
répond-il pas au critère de « discontinuité » (ou de « dissimilitude ») qui, surtout
depuis Käsemann, est devenu, pour la plupart des spécialistes, le critère d’authenticité
par excellence60 ? Le soupçon d’authenticité que suscite l’application de ce
critère est d’ailleurs renforcé par le recours au critère des attestations multiples car,
comme nous l’avons vu dans la première partie de notre article, l’expression est
présente dans toutes les couches littéraires des synoptiques. Nous désirons
montrer, finalement, que le critère de cohérence est lui aussi respecté car l’emploi
du titre de Fils de l’homme par Jésus fait écho à d’autres éléments de son enseignement
qui nous paraissent fondamentaux pour une juste compréhension de sa
57. P. BENOÎT « Jésus et le serviteur de Dieu », dans J. Dupont, Jésus aux origines de la Christologie, Louvain-Gembeloux,
1975, p. 139.
58. Voir MARGUERAT, NORELLI, POFFET, sous dir., op. cit., p. 17, 42-47. Cette « troisième quête » fait suite à la première
quête des Vies de Jésus libérales du XIXe s. (p. ex. RENAN, en France) et à la deuxième quête, post-bultmannienne,
inaugurée par Ernst KÄSEMANN en 1953.
59. Voir, p. ex., Ed Parish SANDERS, « La rupture de Jésus avec le judaïsme », dans ibid., p. 209-222, qui conclut,
p. 222 : « Comme on le voit, je ne décèle, dans les évangiles synoptiques, aucune trace de rupture entre Jésus et le
judaïsme. Bien plus, ceux qui ont suivi Jésus ne semblent pas non plus en avoir perçu une. Il n’y a aucun indice dans le
livre des Actes qui conduirait à supposer que Pierre, Jean et les autres pensaient être en train de fonder une nouvelle
religion. Les débuts d’une rupture définitive peuvent se déceler dans les lettres de Paul, mais les débuts seulement. Je
suis sûr que Paul ne s’est jamais considéré comme le fondateur d’une nouvelle religion. » Pour une confirmation de ce
dernier point, voir N.T. WRIGHT, The New Testament…, et What Saint Paul Really Said. « Was Paul of Tarsus the Real
Founder of Christianity ? », Oxford, Lion, 1997.
60. Voir AUNE, « Son of Man », p. 580. LÉGASSE, « Jésus historique… », p. 297, applique le « critère de dissimilitude »
aux logia sur le F.H. souffrant. Sur les critères d’authenticité, voir, p. ex., Vittorio FUSCO, « La quête du Jésus
historique », dans MARGUERAT, op. cit., p. 49-57.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
15
Modifié en dernier par J'm'interroge le 08 sept.14, 07:52, modifié 2 fois.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
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Sagesse !

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 08 sept.14, 07:49

Message par J'm'interroge »

Suite:
Jacques Buchhold a écrit :personne.
b) Étude synchronique et diachronique des logia sur le Fils de l’homme
L’étude des logia sur le Fils de l’homme doit tenir compte, nous semble-t-il,
de l’unité fondamentale qui lie les logia sur le Fils de l’homme ainsi que de la
révélation progressive du sens de l’expression dans les synoptiques.
L’unité des logia sur le Fils de l’homme
Tout en rejetant le jugement de John Knox qui voit dans les traditions évangéliques
sur le Fils de l’homme un « puzzle disparate », Légasse souligne qu’« on ne
saurait sans dommage méconnaître le cloisonnement qui affecte les divers types de
logia sur le Fils de l’homme dans les synoptiques »61. Cependant, à nos yeux,
l’affirmation de l’existence d’un tel cloisonnement ne se justifie pas, car tous les
logia sur le Fils de l’homme s’enracinent, nous semble-t-il, dans la révélation
prophétique de Daniel 7.
Tel est le cas, de l’aveu de tous les exégètes, des logia du groupe C, qui concernent
le Fils de l’homme apocalyptique. Comme nous l’avons souligné dans la
première partie de notre article62, certains d’entre eux se réfèrent à Daniel 7.13 de
manière explicite (Mc 13.26 et // ; 14.62 et //), les autres de manière implicite,
annonçant la « venue du Fils de l’homme », en son jour, pour juger le monde63.
Les logia du groupe A, qui visent le rôle du Fils de l’homme sur terre, soulignent
son autorité – son autorité de pardonner, celle qu’il a sur le sabbat, le droit
d’être honoré comme Maître et Seigneur, sa grandeur (comparé à Jean-Baptiste et
à Jonas), son rôle particulier dans le dessein de Dieu64 – mais aussi sa solidarité avec
ceux qu’il est venu sauver (Mt 20.28 // Mc 10.45 ; Lc 19.10). Ces deux dimensions
du ministère terrestre du Fils de l’homme ne rappellent-elles pas celles de
juge et de représentant du peuple des saints qui caractérisent le rôle de la figure
humaine de Daniel 7 ? On peut noter à ce sujet que la parabole de l’ivraie lie sans
peine le Fils de l’homme du groupe A (Mt 13.37) à celui du groupe C (13.41)65.
61. LÉGASSE, « Jésus historique… », p. 297, qui cite John KNOX, The Death of Christ, p. 71. Selon LÉGASSE, ce cloisonnement
est souligné par la répartition des logia dans les sources. Il faut relever, cependant, que les logia du groupe A
et C se retrouvent dans Q comme dans la TT. Seuls les logia du groupe B ne se trouvent que dans la TT (voir notre
tableau, 1re partie de l’article, p. 23-24).
62. Voir 1re partie, n. 3, p. 27.
63. Voir 1re partie, tableau, p. 23-24.
64. Voir ibid., tableau logia n° 1, 2, 12 + 3, 4 + 16, 5 + 15 + 17.
65. Voir aussi le lien entre vie présente et vie future en Lc 6.22-23 ; Mt 12.32 et //.
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
16
Quant aux logia du groupe B, qui concernent la souffrance et la mort du Fils
de l’homme, la note suivante de la Traduction oecuménique de la Bible résume le
sentiment de nombre d’exégètes qui discernent un « cloisonnement » entre les
logia sur le Fils de l’homme :
On chercherait en vain dans les Écritures un texte concernant les souffrances du Fils de
l'homme. Ce pourrait être une allusion aux souffrances du Serviteur en Es 52.14 ; 53.4-
10, mais le Serviteur n'y porte pas le titre de Fils de l'homme66.
De toute évidence, en effet, Jésus lie l’emploi de l’expression Fils de l’homme
à l’enseignement scripturaire sur le Serviteur de l’Éternel : il lui faut « donner sa
vie en rançon pour plusieurs », ce qui est une allusion à Ésaïe 53.1067. Et comme
le souligne Preiss, ce lien n’est qu’esquissé et « seules quelques allusions çà et là
nous permettent de [le] déterrer », ce qui suggère qu’il remonte « à la tradition la
plus archaïque, à la pensée de Jésus lui-même68 ». Cependant, faut-il, comme le
note la Traduction oecuménique de la Bible, faire porter la nécessité scripturaire (« Il
faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup… »69) uniquement sur les souffrances
du Serviteur et non sur celles du Fils de l’homme ?
Selon le logion de Luc 18.31-33 (// Mt 20.18-19 ; Marc 10.33-34), lors de la
montée de Jésus à Jérusalem, « tout ce que les prophètes ont écrit au sujet du Fils
de l’homme va s’accomplir. Car il sera livré aux païens, soumis aux moqueries, aux
outrages, aux crachats ; après l’avoir flagellé, ils le tueront et, le troisième jour, il
ressuscitera. » Le pluriel « les prophètes » suggère que Jésus fait allusion à plusieurs
textes prophétiques, dont très certainement ceux qui concernent le Serviteur.
Cependant, le fait que les souffrances du Fils de l’homme seront infligées par les
païens est étranger aux textes isaïens sur le Serviteur de l’Éternel ; c’est Daniel 7 qui
nous l’apprend quand il annonce que le « peuple des saints du Très-Haut » (v. 27)
sera persécuté et outragé par la « corne » qui fera la guerre aux saints et l’emportera
sur eux (v. 21). Le Fils de l’homme, représentant de son peuple, est solidaire de son
sort jusque dans la persécution. Qu’une telle compréhension des choses fût
présente à l’esprit de Jésus, est clairement établi par Matthieu 25.31-46, qui appartient
au groupe C des logia sur le Fils de l’homme (25.31). Car ce texte met en
évidence, à la manière de Daniel 7, que, lors du jugement dernier, les hommes
seront jugés en fonction de leur attitude envers les membres persécutés du peuple
66. T.O.B., n. k sur Mc 9.12.
67. PREISS, op. cit., p. 52. Voir CULLMANN, op. cit., p. 138-139.
68. PREISS, p. 53.
69. « Il faut » (Mt 16.21 ; Mc 8.31 ; Lc 9.22 ; 17.25) ; « selon ce qui est écrit » (Mt 26.24 ; Mc 9.12 ; 14.21 ; Lc
18.31) ; « selon ce qui a été fixé » (Lc 22.22).
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
17
du Fils de l’homme : « Car chaque fois que vous l’avez fait (ou pas fait) à l’un de
ces petits70, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas fait ») (v. 40,
45)71. Le Fils de l’homme et le peuple des saints partagent le chemin de la croix,
l’un comme leur représentant, les autres comme ses disciples (cf. Mt 10.38 ;
16.24).
Ainsi, les logia du groupe B s’enracinent, eux aussi, dans la révélation prophétique
de Daniel 7 sur le Fils de l’homme et son peuple. C’est ce passage vétérotestamentaire
qui donne sa cohérence et son contenu au titre de Fils de l’homme
forgé par Jésus : c’est le même Fils de l’homme qui a autorité sur terre, qui souffre
pour son peuple et qui vient.
L’étude synchronique des logia sur le Fils de l’homme met en lumière leur
arrière-plan commun que constitue Daniel 7 et qui garantit leur unité. L’étude
diachronique de leur apparition dans les synoptiques met en évidence, nous
semble-t-il, le projet conscient de révélation progressive qui a animé Jésus au cours
de ses trois années de ministère.
Le progrès de la révélation
Nous relèverons trois faits qui, nous semble-t-il, montrent que Jésus, délibérément,
a petit à petit révélé ce qu’il entendait en se désignant par l’expression
« Fils de l’homme ».
Premièrement, comme nous l’avons relevé dans la première partie de notre
article, la présence du « aussi » (kai) dans le logion sur le sabbat en Marc 2.18
semble renvoyer à la déclaration précédente d’autorité du Fils de l’homme par
laquelle Marc débute son chapitre : Jésus n’a pas seulement « l’autorité de pardonner
les péchés sur terre » (2.10), mais « le Fils de l’homme est seigneur aussi du
sabbat » (2.18) ! Or, il est à noter que ces deux affirmations concernant le Fils de
l’homme constituent les deux premiers logia sur le Fils de l’homme dans cet
évangile (comme aussi dans Luc). Jésus semble ainsi vouloir ajouter ses déclarations
sur le Fils de l’homme les unes aux autres pour définir petit à petit ce qu’il
entend par cette expression.
Deuxièmement, on constate que Jésus passe des logia du groupe A à ceux des
70. Selon 10.42, cette expression désigne les seuls disciples de Jésus. L’arrière-plan vétérotestamentaire (Dn 7) confirme
cette interprétation, nous semble-t-il.
71. Voir, en particulier, PREISS, op. cit., p. 39-43, qui pense que la notion de justification et de substitution est au coeur
du passage. Cf. Ac 9.5 : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
18
groupes B et C lors d’un moment clé de son ministère : la confession de Pierre (Mt
16.16 // Mc 8.29 // Lc 9.20). En effet, dans Marc comme dans Matthieu, tous les
logia du groupe A se situent avant cette confession puis laissent la place aux logia
du groupe B puis C72. Ce passage d’un groupe aux autres est particulièrement
significatif dans Matthieu car dans cet évangile la confession de Pierre constitue
une réponse à une question de Jésus concernant l’identité du Fils de l’homme :
« Aux dires des hommes, qui est le Fils de l’homme ? » (16.13). Il en est comme si
Jésus cherchait à savoir si ses disciples avaient compris ce qu’il entendait par
l’expression « Fils de l’homme ». Puis, « à partir de ce moment », il s’applique à en
préciser le sens en enrichissant le titre des données sur le Fils de l’homme que transmettent
les logia du groupe B (16.21) puis du groupe C (16.28)73.
Troisièmement, comme nous l’avons souligné plus haut, nombre des logia du
groupe C contiennent une allusion à Daniel 7.13, en particulier ceux qui parlent
de la « venue du Fils de l’homme »74. Cependant, ce n’est qu’en Matthieu 24.30
(// Mc 13.26 // Lc 21.27) et 26.64 (// Mc 14.62 // Lc 22.69) que Jésus décrypte
l’allusion, une première fois face à ses disciples, une seconde fois face au grandprêtre
et à ses accusateurs. En effet, c’est dans ces deux seuls logia que Jésus cite
explicitement Daniel 7.13, révélant ce qu’il entend lorsqu’il s’appelle lui-même
bar ’enasha. Ainsi, répondant au grand-prêtre, Jésus dévoile le sens de l’expression
« Fils de l’homme » en fusionnant, comme nous l’avons déjà noté dans la première
partie de notre article75, les deux passages de Daniel 7.13 et du Psaume 110.1, le
second étant clairement messianique pour les Juifs de son temps :
Le grand-prêtre lui dit : Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si c’est toi le Christ,
le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : C’est toi qui l’as dit. Mais, je vous le dis, désormais
vous verrez le Fils de l’homme [Dn 7.13] assis à la droite de la Puissance [Ps 110.1] et
venant sur les nuées du ciel [Dn 7.13] (Mt 26.63-64).
Étant donné les spéculations apocalyptiques, dans les milieux esséniens en tout
cas, concernant le personnage de Melchisédeq76, on comprend que le grand-prêtre
ait crié au blasphème car à ses yeux, Jésus ne pouvait être celui que le Psaume 110
annonçait.
72. Voir 1e partie, notre tableau. Dans Mc, les logia du groupe A se situent en 2.10 et 2.28 ; dans Mt, en 8.20 ; 9.6 ;
11.19 ; 12.8, 32, 40 ; 13.37 ; 16.13. Dans Lc, 3 logia du groupe A (9.58 ; 11.30 ; 12.10) se situent après la confession
de Pierre. Ce fait tient au projet rédactionnel de Luc dans lequel cette confession ne joue pas le même rôle que dans
Mc et dans Mt. La classification des logia n° 21 et 27 est discutée ; nous privilégions le groupe B.
73. Nous suivons ici une suggestion de CARAGOUNIS, « The Kingdom of God II », p. 232-233, n. 160.
74. Avec le verbe erchomai, « venir » : logia n° 7, 8, 13, 26, 30, 31 ; avec parousia, « avènement, venue » : 23, 24.
75. P. 39.
76. Ibid.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
19
Cette révélation progressive de ce que Jésus entendait par l’expression « Fils de
l’homme » devrait nous conduire à lire les évangiles comme à rebours : c’est à la
lumière de ce que Jésus dévoile face au grand-prêtre concernant la « venue » du Fils
de l’homme qu’il nous faut interpréter les différentes autres mentions de cette
« venue », qui jalonnent en particulier l’évangile selon Matthieu où elles sont les
plus nombreuses (10.23 ; 16.27, 28 ; 24.44 ; 25.31).
La « venue » du Fils de l’homme
À quel(s) événement(s) Jésus fait-il allusion en parlant du « Fils de l’homme
venant sur les nuées » ? La venue qu’il annonce en Matthieu 26.64, ne semble pas
lointaine car c’est « désormais » ou « dès maintenant77 » qu’elle aura lieu. Par
ailleurs, cette venue « sur les nuées du ciel » ne paraît pas terrestre car Jésus l’identifie
à la session du Fils de l’homme à « la droite du Tout-Puissant »78 ; elle correspond
ainsi à la venue du personnage « semblable à un fils d’homme » de Daniel
7.13, qui ne vient pas sur terre mais auprès du « Vieillard » pour être intronisé juge
des royaumes du monde79. Les Juifs, souligne le texte de Matthieu, le « verront ».
On ne peut, nous semble-t-il, repousser l’accomplissement de cette parole à la fin
des temps80 ni comprendre cette vision d’une « vision mentale81 » que seule la foi
pourrait expliquer. Car c’est au grand-prêtre que Jésus s’adresse ! Jésus doit certainement
faire allusion aux événements visibles qui allaient manifester, suite à sa
résurrection, qu’il est bien le Fils de l’homme qu’il prétendait être. Résurrection,
ascension, pentecôte, croissance de l’Église ont ainsi été proposées comme expression
visible de l’intronisation de Jésus. Quant à nous, à cause de l’identité de ceux
à qui Jésus s’adresse (le grand-prêtre et les responsables juifs), nous nous rallions à
la thèse qui voit en cette « venue » la destruction de Jérusalem et de son Temple82.
Cette destruction ne marque-t-elle pas le jugement divin, officiel et visible, du
77. Ce ap’arti de Mt désigne un futur proche (voir BAGD, arti, 3). À cause du parallèle avec Lc 22.69, il est possible
que le « dès maintenant » porte non sur le « vous verrez » mais sur le « siégeant ». Voir Donald A. HAGNER, Matthew
14-28, Word Biblical Commentary 33B, Dallas, Word Books, 1995, p. 800.
78. Voir R.T. FRANCE, L’évangile de Matthieu, t. 2, traduit de l’anglais (1985), CEB, Vaux-sur-Seine, Édifac, 2000,
p. 197 ; Jesus and the Old Testament, p. 145s.
79. Il est intéressant de noter que, dans l’Apocalypse, c’est sous les traits du Fils de l’homme que Jésus se présente à
Jean (Ap 1.12-20). Or, ce Fils de l’homme, Agneau immolé, est intronisé Seigneur en Ap 5 puis il ouvre les sceaux et
« descelle » l’histoire du monde (Ap 6-7).
80. Telle est la thèse, p. ex., de Leon MORRIS, The Gospel according to Matthew, Grand Rapids, Eerdmans, Leicester,
Inter-Varsity, 1992, 1995, p. 685.
81. Robert H. GUNDRY, Matthew. A Commentary on His Literary and Theological Art, Grand Rapids, Eerdmans, 1982,
p. 545. Selon GUNDRY, une telle vision n’exige pas la conversion mais augmente la culpabilité des chefs religieux
d’Israël. Cependant, il ne précise pas comment cette « vision mentale » peut s’opérer dans des incroyants.
82. Voir, entre autres, Bible d’étude Semeur 2000, n. sur Mt 26.64.
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
20
peuple de l’ancienne alliance, qui a renié celui qui est venu l’accomplir ?
Il nous semble que c’est aussi à cette « venue » du Fils de l’homme que
Matthieu 10.23 fait allusion : « En vérité je vous le déclare, vous n’achèverez pas
le tour des villes d’Israël avant que ne vienne le Fils de l’homme. »83 Ce logion, en
effet, appartient au discours de Matthieu sur l’envoi par Jésus des Douze en
mission. Or, cette mission ne concerne qu’Israël, Jésus demandant à ses disciples
de ne pas aller vers les païens ni vers les Samaritains mais uniquement vers « les
brebis perdues du peuple d’Israël » (Mt 10.6). Alors, prophétisant le rejet de
l’Évangile du royaume par son peuple et la persécution de ses disciples par leurs
frères juifs (10.16-2284), Jésus annonce qu’avant même la fin de l’évangélisation
de la Galilée et de la Judée, le jugement divin tombera sur Israël et rendra ainsi
manifeste la venue du Fils de l’homme auprès de l’Ancien des jours (10.23).
Le discours eschatologique de Jésus en Matthieu 24 traite, lui aussi, de la
destruction de Jérusalem et de son temple en 70, que Jésus annonce (24.15-1985 ;
cf. 23.37-39) en réponse aux questions de ses disciples (24.1-3). Mais la perspective
de ce chapitre est plus large car les disciples interrogent aussi Jésus sur « le signe
de [son] avènement (parousia) et de la fin du monde » (v. 3). C’est à cette dernière
question que le Maître répond à partir du verset 26, en parlant de l’avènement
(parousia, v. 28, 37, 39), du signe (v. 30) et de la venue (v. 30, 44) du Fils de
l’homme86. Dans son discours, Jésus fait donc de la destruction de Jérusalem et de
83. On connaît l’interprétation d’Albert SCHWEITZER, Le secret historique de la vie de Jésus, traduit de l'allemand par
Annie Anex-Heimbrod, Paris, Albin Michel, 1961, selon laquelle Jésus pensait dans un premier temps que, de son
vivant, Dieu établirait son royaume sur terre. Ulrich LUZ, Matthew 8-20, trad. de l’allemand par James E. Crouch, édité
par Helmut Koester, Hermenia, Minneapolis, Fortress, 2001, p. 91, rejette l’interprétation de Schweitzer car, selon lui,
si le logion est authentique, il ne peut appartenir qu’à la fin du ministère de Jésus, alors que « la résistance à la proclamation
du royaume de Dieu en Israël était devenue publique ». Un tel argument qui extrait le logion du contexte de la
mission auprès d’Israël (Mt 10.5), son Sitz im Leben naturel, ne nous convainc guère. Pour une discussion sur l’identification
de la « venue » du Fils de l’homme avec la destruction de Jérusalem, voir Donald A. HAGNER, Matthew 1-13,
Word Biblical Commentary 33A, Dallas, Word Books, 1993, p. 279-280.
84. « Moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups… On vous traduira devant les tribunaux et on vous
fera fouetter dans leurs synagogues… Si l’on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre » (Mt 10.18, 23). Le
livre des Actes décrit de l’accomplissement de ces paroles.
85. Comme le montre le parallèle de Lc 21.20-24, Jésus, en Mt 24.16-19, annonce la destruction de Jérusalem en 70.
L’« abomination de la désolation » de 24.16 désigne très certainement la profanation du temple par les Romains qui le
détruisirent par le feu puis dressèrent des étendards sur son emplacement et y pratiquèrent des sacrifices païens.
86. L’exégèse de Mt 24 est discutée. R.T. FRANCE, L’évangile de Matthieu, t. 2, p. 145-148, et Jesus and the Old Testament,
p. 227 ss (sur Mc 13), juge que jusqu’au v. 35, Mt 24 traite uniquement de la destruction de Jérusalem. La présence
des anges et de la trompette (v. 31 ; cf. És 27.13), la mention des « tribus de la terre » (v. 30), l’emploi du verbe
« apparaître » (v. 30), la précision « ce jour et l’heure » (v. 36) qui lie ce qui précède à la parousie du F.H., militent, à
nos yeux, pour une perspective plus large en 24.26-35.
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
21
son Temple la préfiguration du jugement dernier87. La « venue » du Fils de
l’homme est ainsi comme dédoublée : elle est ascension auprès du Père88 puis
descente sur terre lors de la parousie89. Pour Israël, elle est jugement en 70, pour
le monde elle le sera à la fin (cf. Mt 25.31-32).
Une dernière remarque, pourtant, s’impose concernant la venue du Fils de
l’homme ; le moment clé de la démarche pédagogique de Jésus, la confession de
Pierre, est immédiatement suivi par une préfiguration de cette venue qui n’aura lieu
qu’après la résurrection (17.9) : la transfiguration (Mt 16.27, 28). Car lors de cet
épisode (17.1-9), devant les yeux de trois des apôtres de Jésus, la nuée céleste de
Daniel 7.13 vient couvrir le Fils de l’homme et une voix se fait entendre qui déclare :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Écoutez-le ! » (v. 5).
En cet instant, c’est Dieu lui-même qui dévoile l’identité du Fils de l’homme.
c) L’énigme du Fils de l’homme
Les épisodes de la confession de Pierre et de la transfiguration sont, en effet,
particulièrement instructifs lorsqu’on tient compte de l’environnement sémantique
de l’expression Fils de l’homme dans ce texte.
« Son royaume »
Il est à noter, dans un premier temps, que ces textes nous présentent une
convergence de deux thèmes chers à Jésus : celui du Fils de l’homme, qui caractérise
le dévoilement de sa personne, et celui du royaume, qui caractérise sa prédication
(cf. Mt 4.17). En effet, souligne Matthieu 16.28, le royaume est « son royaume »90,
c’est pour édifier « son Église » qu’il donne à Pierre les « clés du royaume des cieux »
(16.19). Un tel lien entre le Fils de l’homme et « son royaume » se retrouve dans la
parabole de l’ivraie (Mt 13.41), et ce sont les oeuvres accomplies par le Fils de
l’homme qui montrent que, par l’Esprit, « le royaume de Dieu est venu » parmi les
siens (Mt 12.2891). Il ne nous semble donc guère conforme aux données des textes
87. Dans le v. 34, l’aoriste peut être inchoatif (« de début d’action ») ainsi que le comprend la Bible du Semeur :
« Vraiment, je vous assure que cette génération [celle du grand-prêtre] ne passera pas avant que tout cela ne commence
à se réaliser. »
88. L’évangéliste Jean « traduira » cette venue au moyen du thème de l’élévation du Fils de l’homme, qu’il lie à la mort
de Jésus (voir Jn 3.14 ; 8.28 ; 12.34).
89. Un tel dédoublement n’est-il pas suggéré en Dn 7.12 qui déclare qu’« une prolongation de vie fut donnée au reste
des Bêtes jusqu’à une date et un moment déterminés » ?
90. Sur le lien entre la « venue du royaume » lors de la transfiguration (préfiguration de la réalité à venir) et sa venue
ultime, voir 2 P 1.16-18. Cf. Samuel BÉNÉTREAU, La deuxième épître de Pierre. L’épître de Jude, CEB, Vaux-sur-Seine,
Édifac, 1994, p. 111-116. Voir Mc 9.1 et Lc 9.27 où il est question du « royaume de Dieu ».
91. Sur l’importance de ce texte pour l’étude du rapport entre le royaume et le F.H., voir CARAGOUNIS, « Kingdom of
God, Son of Man… » II, p. 232-238.’’’
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
22
d’opposer, comme le fait Vielhauer, l’enseignement (non authentique) des synoptiques
sur le Fils de l’homme à la prédication (authentique) de Jésus concernant le
royaume de Dieu car, affirme-t-il, « les paroles relatives au Fils de l’homme ou au
règne de Dieu appartiennent manifestement à deux lignes différentes de la tradition
des paroles du Seigneur »92. En fait, comme l’indique Preiss,
l’enseignement de Jésus est comme une ellipse à deux foyers dont le premier est le concept
du Règne de Dieu, et le second la notion qu’il a de lui-même et qui est exprimée
par ce seul titre : Le Fils de l’Homme. L’axe de la « Christologie » de Jésus est cette
notion du Fils de l’Homme93.
La vision de Daniel 7 ne liait-elle pas déjà les deux thèmes de la figure « semblable à un
fils d’homme » et du « royaume des saints du Très-Haut » ?
« Ses anges, ses élus, sa gloire »
Le jeu des titres met ce fait plus encore en lumière. Jésus le Fils de l’homme ne
revendique pas seulement le royaume comme sien : les saints anges de Yahvé (Za
14.5), « moissonneurs » du jugement (Mt 13.39), sont « ses anges » (v. 41), et les
sauvés que « ses anges » rassembleront sont « ses élus » (24.30 ; cf. Mc 13.27). Tout
ceci se passera lorsque le Fils de l’homme viendra dans « sa gloire », accompagné de
tous les anges, alors qu’il siègera sur « son trône de gloire » (Mt 25.31). Anges, trône
et gloire sont tous présents dans la vision de Daniel 7 (v. 9-10, 14). Mais là, c’est au
divin Vieillard qu’ils « appartiennent » prioritairement. En recourant à l’expression
« Fils de l’homme », Jésus souligne donc le lien qui l’unit au Vieillard de la vision.
« Son Père, mon Fils » et le jeu des titres
En effet, n’est-il pas significatif de constater la présence, dans plusieurs passages,
d’une alternance entre les expressions « Fils de l’homme » et « Fils de Dieu » ?
Cette alternance est présente lors de l’interrogatoire de Jésus. Car à la question
du grand-prêtre : « Dis-nous si tu es le Messie, le Fils de Dieu ? » (Mt 26.63), Jésus
répond : « Désormais vous verrez le Fils de l’homme… » (v. 64).
En Matthieu 16, à la question de Jésus : « Qui est le Fils de l’homme » (v. 13),
Simon Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 17). Suite à cette
réponse, Jésus reparle du Fils de l’homme (v. 27-28), tout en soulignant son lien
92. Philipp VIELHAUER, « Gottesreich und Menschensohn in der Verkündigung Jesu », Festschrift für G. Dehn, Neukirchen,
1957, p. 53, traduit et cité par PERROT, Jésus et l’histoire, p. 212.
93. PREISS, op. cit., p. 8-9. Cf. aussi la distinction, établie par JEREMIAS, op. cit., p. 334, entre « la Basileia [le royaume]
divine… mot-clé de la prédication exotérique de Jésus » et « la notion de Fils de l’Homme… mot-clé de sa prédication
ésotérique ».
Jésus ou l’énigme du Fils de l’homme
23
avec « son Père » (v. 27). C’est alors que Dieu lui-même le déclare son Fils bien-aimé
(« mon Fils bien-aimé », 17.5), ce qui pousse Jésus à se désigner à nouveau lui-même
à ses disciples comme étant « le Fils de l’homme » (v. 9, 12).
Après s’être appelé « le Fils de l’homme » dans sa comparaison avec Jean-
Baptiste en Matthieu 11.18-19, Jésus se désigne à trois reprises par l’emploi absolu
de l’expression « le Fils » (v. 27), et annonçant l’avènement ou la parousie du Fils de
l’homme en Matthieu 24 (v. 27, 30, 33, 37, 39, 44), il ajoute : « Mais ce jour et cette
heure, nul ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne sinon le Père et
lui seul » (v. 3694). Or, cet emploi absolu de l’expression « le Fils », si rare dans la
bouche de Jésus95, ne peut être compris comme uniquement messianique, ce qui
pourrait être le cas de certains emplois de l’expression « Fils de Dieu » (Mt 16.16 ;
26.63)96. En se nommant « le Fils », Jésus définit chaque fois son identité par son
rapport avec le Père (11.27, « mon Père » ; 24.36, « sinon le Père » ; 28.19, « au nom
du Père et du Fils et du Saint-Esprit »).
Décryptage
Ces diverses constatations, avec l’arrière-plan de Daniel 7, ne décrypteraient-elles
pas la manière dont Jésus lui-même a fait usage de l’expression « le Fils de l’homme » ?
Alors qu’il disait « Fils de l’homme », il pensait « Fils du Père »97. Ainsi, Marshall écrit :
La raison pour laquelle Jésus a adopté une telle façon de se désigner pourrait s’expliquer
par la conscience de sa filialité divine ainsi que par son refus de la révéler publiquement ;
il a ainsi pu utiliser l’expression « Fils de l’homme », qui renvoie en Daniel 7 à une
figure céleste et messianique, comme un voile qui dissimulait son vrai titre tout en
l’employant en même temps pour exprimer sa solidarité avec le peuple d’Israël98.
Une telle compréhension de l’expression n’expliquerait-elle pas la disparition de
94. L’expression est absente dans plusieurs manuscrits importants. Elle est présente en Mc 13.32.
95. Cf. tableau, 1re partie de notre article, p. 23-24.
96. Il est à noter à ce sujet que Jésus n’emploie jamais lui-même l’expression « Fils de Dieu » dans les synoptiques, mais
uniquement celle de « Fils » (Mt 11.27 // Lc 10.22 ; Mt 24.36 // Mc 13.32 ; Mt 28.19).
97. Telle est aussi la thèse de KIM, op. cit. PERROT, Jésus et l’histoire, p. 236, s’appuyant sur A. DESCAMPS (« Pour une
histoire du titre Fils de Dieu », dans M. SABBE, sous dir., L’Évangile selon Marc, Louvain, 1974, p. 529-571), écrit :
« Le titre de Fils de Dieu dérive en partie de l’expression Fils de l’homme, et cela dans un contexte précis, à savoir la
Parousie » ; à nouveau, p. 237 : « En bref, le thème de la filiation divine reste encore très proche de l’expression Fils de
l’homme dans le contexte judéo-chrétien de l’attente de la Parousie. » Pour Perrot, cependant, se pose le problème de la
conscience divine de Jésus lui-même (p. 238-244 ; voir son Jésus, p. 88).
98. MARSHALL, « The Son of Man in Contemporary Debate », p. 81 (notre traduction). Concernant la fin de la citation de
MARSHALL, au lieu d’« avec le peuple d’Israël », nous dirions : « avec ses disciples, ses frères » (voir Mt 25.40, 45 ; 10.42).
théologie évangélique vol. 1, n° 3, 2002
24
toute christologie du Fils de l’homme dans les épîtres du Nouveau Testament ? Car
les lettres développent une christologie décryptée du Fils : Fils de Dieu, Fils du Père,
Fils divin, créateur de toutes choses, héritier de toute création, resplendissement de
la gloire divine et expression de l’être même de Dieu99. Le personnage « qui ressemble
à un fils d’homme » et qui apparaîtra à l’apôtre sur l’île de Patmos unira dans sa
personne les traits du Vieillard et ceux du Fils de l’homme de Daniel 7 (Ap 1.12-16).
Deux remarques
Nous conclurons cette étude par deux remarques. Premièrement, nous avons
montré le rôle fondamental que la vision de Daniel 7 a joué dans la manière dont
Jésus s’est compris lui-même et s’est présenté aux siens. Il a trouvé dans ce passage
une désignation de sa personne qui, contrairement aux titres de Messie ou de Fils de
David, était encore vierge de tout contresens. Dieu, dans sa sagesse, avait « aplani le
chemin du Seigneur » en « préparant », dans la révélation vétéro-testamentaire, la
figure même sous laquelle sa « gloire » allait pouvoir être expliquée et « révélée » à
son peuple (cf. És 40.3-5).
Deuxièmement, la révélation progressive par Jésus de sa propre identité sous le
voile du Fils de l’homme, comprise à la lumière de Daniel 7 et enrichie par celle de la
« figure d’homme » d’Ézéchiel 1.27, ne nous livre pas d’abord un enseignement sur
l’incarnation de Dieu mais sur Dieu lui-même : Dieu est divinement humain ! Tellement
divinement humain que dans son amour, sa justice, sa sainteté, sa vérité, il n’y
a nulle trace de ce qui caractérise l’homme pécheur100. Dieu est « chez lui » dans
l’humain. Image du Père (2 Co 4.4 ; Col 1.15), le Fils n’a pas trahi Dieu lorsqu’il a
revêtu l’humanité qu’il a créée101, mais il nous a montré le chemin de l’humain pour
que, par grâce, nous devenions semblables à son image (Rm 8.29 ; Col 3.10).
Jacques BUCHHOLD
Henri Blocher
99. Voir Rm 1.3-4 ; 8.3, 29 ; Col 1.13-20 ; He 1.2-3, 8 ; 1 Jn 5.20. Par ailleurs, tous les spécialistes soulignent qu’en
Jean, contrairement aux synoptiques, Jésus se nomme souvent « le Fils ». On peut se demander si Jean n’a pas décrypté
le langage de Jésus en traduisant l’expression « Fils de l’homme » (3.14) par « Fils » (3.16) dans son commentaire
(3.16-21) des paroles de Jésus (3.14-15).
100. Os 11.9 dit ces choses à sa manière.
101. La Sagesse ne déclare-t-elle pas, lors de la création : « Je trouvais mes délices dans les êtres humains » (Pr 8.31) ?
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
Sagesse !

kaboo

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 08 sept.14, 08:44

Message par kaboo »

Saint Glinglin a écrit :Je sais qu'on trouve Hénoch dans Jude mais quels morceaux de l'Evangile viennent d'Hénoch ?
Argh|▒TÆÜ2♦y61e21◘4qtuj(r01cevà☻©5zÍ5☻ker41♣§♦52☺.krrkk.

Je viens de passer une heure à trier les mêmes passages "énokh/evangiles" que J'm'interroges.

J'me suis fait U. :)

En tout cas, on à retrouvé à q'm'ram des livres complets d'hénokh.
Et ils sont largement antérieurs à la naissance du christ.

Il ne me reste plus qu'a poster le lien vers le livre d'énokh concernant ces comparaisons.
http://alberto.sanchez.chez-alice.fr/LE ... OMPLET.pdf

@+
Sortez de mon ordi Image

J'm'interroge

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Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 09 sept.14, 07:58

Message par J'm'interroge »

Merci pour le lien ;)
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit son lot d'expériences vécues.
Sagesse !

Sarro

Sarro

Re: L'origine du christianisme

Ecrit le 12 sept.14, 20:37

Message par Sarro »

....

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