les quatre Evangiles, leurs souces et leurs Histoire

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Le dialogue interreligieux est une forme organisée de dialogue entre des religions ou spiritualités différentes. Ultérieurement, la religion a considéré l'autre comme n'étant pas la vérité révélée. C'est ainsi que les premiers contacts entre l'islam et le christianisme furent souvent difficiles, et donnèrent lieu à des guerres impitoyables comme les croisades.
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zoheir

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les quatre Evangiles, leurs souces et leurs Histoire

Ecrit le 09 juin08, 06:04

Message par zoheir »

Dans les écrits des premiers temps du christianisme, la mention des évangiles n’est faite que très postérieurement aux œuvres de Paul. C’est seulement au milieu du 2 ème siècle qu’apparaissent des témoignages relatifs à une collection d’écrits évangéliques, alors que « dès le début du 2 ème siècle, maints auteurs chrétiens laissent entendre clairement qu’ils connaissent un grand nombre d’épîtres pauliniennes. »
Ces constatations exposées dans l’introduction à la traduction oecuménique de la Bible nouveau testament éditée en 1972, méritent d’être rappelées d’emblée, en même temps qu’il est utile de souligner que l’ouvrage auquel référence est faite est le résultat d’un travail collectif qui a groupé plus de cent spécialistes catholiques et protestants.
Les évangiles qui vont devenir plus tard officiels (canoniques) furent connus très tardivement, bien que leur rédaction eût été achevée au début du 2 ème siècle. Selon la traduction œcuménique, on commence à citer des narrations qui leur appartiennent vers le milieu du 2 ème siècle, mais « il est presque toujours difficile de décider si les citations sont faites d’après les textes écrits que les auteurs avaient sous les yeux, ou s’ils se sont contentés d’évoquer de mémoire des fragments de la tradition orale. »
Avant 140, lit on dans les commentaires de cette traduction de la bible, il n’existe en tout cas aucun témoignage selon lequel on aurait connu une collection d’écrits évangéliques.
Cette affirmation va tout à fait à l’encontre de ce qu’écrits A. Tricot dans les commentaires de sa traduction du nouveau testament :
« de très bonne heure, dès le début du second siècle, l’usage s’établissait de dire l’évangile pour désigner les livres que vers 150, Saint Justin appelait aussi – les Mémoires des Apôtres-. »

Les évangiles forment un tout plus d’un siècle après la fin de la mission de Jésus et non pas de très bonne heure. La traduction œcuménique de la bible évalue aux alentours de 170 la date à laquelle les quatre évangiles ont acquis le statut de littérature canonique.

Les quatre Évangiles furent écrits en grec. Les auteurs utilisèrent des sources araméennes et grecques plus anciennes, transmises oralement d'abord par les apôtres, puis par les premières communautés chrétiennes.
O.Culmann dans son livre le nouveau testament, écrit à ce sujet que les évangélistes n’ont été que les :
« porte parole de la communauté chrétienne primitive qui a fixé la tradition orale. Pendant trente ou quarante ans, l’évangile a existé presque exclusivement sous forme orale ; or la tradition a transmis surtout des paroles et des récits isolés. Les évangélistes ont tissé des liens, chacun à sa façon, chacun avec sa personnalité propre et ses préoccupations théologiques particulières, entre les récits et les paroles qu’ils ont reçus de la tradition ambiante. Le groupement des paroles de Jésus, comme l’enchaînement des récits par des formules de liaison assez vagues, telles que : (après cela), (aussitôt), …etc, bref le cadre des synoptiques (les trois évangiles de Marc, Matthieu et Luc) sont donc d’ordre purement littéraire et n’ont pas de fondement historique. »
Le même auteur poursuit :
« il faut noter enfin que ce sont les besoins de la prédication de l’enseignement et du culte, plutôt qu’un intérêt biographique qui ont guidé la communauté primitive dans la fixation de cette tradition sur la vie de Jésus. Les apôtres illustraient les vérités de la foi qu’ils prêchaient en racontant les évènements de la vie de Jésus, et ce sont leurs sermons qui donnaient lieu à la fixation des récits. Les paroles de Jésus, elles, se sont transmises particulièrement dans l’enseignement catéchétique de l’église primitive. »
Les commentateurs de la Traduction œcuménique de la bible n’évoquent pas autrement la composition des évangiles : formation d’une tradition orale sous l’influence de la prédication des disciples de Jésus et d’autres prédicateurs, conservation de ces matériaux qu’on trouvera en fin de compte dans les évangiles par la prédication, la liturgie, l’enseignement des fidèles, possibilité d’une matérialisation précoce sous forme écrite de certaines confessions de foi, de certaines paroles de Jésus, de récits de la passion par exemple, recours des évangélistes à ces formes écrites diverses autant qu’à des données de la tradition orale pour produire des textes « s’adaptant aux divers milieux, répondant aux besoins des églises, exprimant une réflexion sur l’écriture, redressant les erreurs et répliquant même à l’occasion aux arguments des adversaires. Les évangélistes ont ainsi recueilli et mis par écrit, selon leur perspective propre, ce qui leur était donné par les traditions orales. »
Une telle prise de position collective, qui émane de plus de cent exégètes du Nouveau testament, catholiques et protestants, diffère notablement de la ligne définie par le concile de Vatican II dans sa constitution dogmatique sur la révélation élaborée entre 1962 et 1965. le concile avait déclaré au sujet de l’ancien testament que les livres qui le composent « contiennent de l’imparfait et du caduc. », mais il n’a pas formulé pareilles réserves à propos des évangiles, bien au contraire, on peut lire ce qui suit :
« il n’échappe à personne qu’entre toutes les Ecritures, même celles du Nouveau Testament, les Evangiles possèdent une supériorité méritée, en tant qu’ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et l’enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur. Toujours et partout l’Eglise a tenu et tient l’origine apostolique des quatre Evangiles. Ce que les apôtres, en effet, sur l’ordre du Christ, ont prêché, par la suite, eux même et les hommes de leur entourage nous l’ont, sous l’inspiration divine de l’Esprit, transmis dans des écrits qui sont le fondement de la foi, à savoir l’Evangile quadriforme, selon Matthieu, Marc, Luc et Jean. »
« Notre Sainte Mère l’Eglise a tenu et tient fermement et avec la plus grande constance, que ces quatre Evangiles dont elle affirme sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus, le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel…..les auteurs sacrés composent donc des choses vraies et sincères. »
c’est l’affirmation sans aucune ambiguïté de la fidélité de la transmission par les évangélistes des actes et paroles de Jésus, on ne voit guère de compatibilité entre cette affirmation du concile et celles des auteurs précédemment cités, notamment :
« il ne faut plus prendre au pied de la lettre les Evangiles, écrits de circonstance ou de combat, dont les auteurs consignent par écrit les traditions de leurs communautés sur Jésus. »( R.P. Kannengiesser.).
« les Evangiles sont des textes s’adaptant aux divers milieux répondant aux besoins des Eglises, exprimant une réflexion sur l’Ecriture, redressant les erreurs et répliquant même à l’occasion aux arguments des adversaires. Les évangélistes ont ainsi recueilli et mis par écrit, selon leur perspective propre, ce qui leur était donné par les traditions orales. »(Traduction œcuménique de la bible).
Il est bien évident qu’entre la déclaration conciliaire et ces prises de position plus récentes, on se trouve en présence d’affirmations qui se contredisent. Il n’est pas possible de concilier la déclaration de Vatican II selon laquelle on devrait trouver dans les Evangiles une transmission fidèle des actes et paroles de Jésus, avec l’existence dans ces textes des contradictions, invraisemblances, impossibilités matérielles et affirmations contraires à la réalité des choses dûment établie.
Par contre, si l’on regarde les Evangiles comme l’expression des perspectives des collecteurs des traditions orales appartenant à des communautés diverses, comme des écrits de circonstances ou de combat, on ne peut s’étonner de trouver dans les Evangiles tous ces défauts qui sont la marque de leur confection par des hommes en de telles circonstances. Ceux-ci peuvent être tout à fait sincères bien qu’ils relatent des faits dont ils ne soupçonnent pas l’inexactitude, en nous fournissant des narrations en contradiction avec celles d’autres auteurs, notés, en présentant des récits de la vie de Jésus selon une optique tout à fait différente de celle de l’adversaire.

Pourquoi quatre Evangiles ? :
Chaque Évangile fut écrit dans le cadre d'une des premières communautés chrétiennes. Un Évangile n'est pas le résultat d'une enquête historique, mais un témoignage de croyants sur la vie de Jésus, concernant les problèmes qu'une communauté chrétienne avait à résoudre. Ainsi, l'Évangile selon saint Matthieu s'adresse à des chrétiens d'origine juive, qui n'avaient pas les mêmes questions que les Grecs convertis auxquels s'adresse l'Évangile selon saint Luc. Cela explique le caractère particulier de chaque Évangile. La diversité des quatre Évangiles explique l'impossibilité d'écrire une vie de Jésus selon les critères de l'histoire moderne.

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:11

Message par zoheir »

Evangile selon Matthieu :


Des quatre Evangile, celui de Matthieu occupe la première place dans l’ordre de présentation des livres du Nouveau testament. Celle-ci est parfaitement justifiée car cet Evangile n’est en quelque sorte que la prolongation de l’Ancien testament : il est écrit pour démontrer que « Jésus accomplit l’histoire d’Israël. », comme l’écrivent les commentateurs de la Traduction œcuménique de bible, à laquelle nous ferons de larges emprunts, pour cela, Matthieu fait appel constamment à des citations de l’Ancien testament, montrant que Jésus se comporte comme le Messie attendu par les juifs.
Cet Evangile commence par une généalogie de Jésus. Matthieu la fait remonter à Abraham par David (on a vu déjà la faute du texte généralement passé sous silence par les commentateurs), quoi qu’il en soit, l’intention de Matthieu était évidente de donner d’emblée, par cette filiation, le sens générale de son livre. L’auteur poursuit la même idée en mettant constamment en avant l’attitude de Jésus devant la loi juive dont les grands principes : prière, jeûne et aumône sont ici repris.
Jésus veut adresser son enseignement en tout premier lieu et par priorité à son peuple. Il parle ainsi aux douze apôtres :
« Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions suivantes : N'allez pas vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains ;
allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. »

Matthieu (10.5-6).
« Il répondit : Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. »Matthieu (15.24).
dans le final de son Evangile, Matthieu étend secondairement à toutes les nations l’apostolat des premiers disciples de Jésus, lui faisant donner cet ordre :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples »Matthieu (28.19), mais le départ doit se faire par priorité vers « la maison d’Israël ».
A.Tricot dit de cet Evangile :
« Sous le vêtement grec, le livre est juif pour la chair et les os et pour l’esprit ; il en a le relent et en porte les marques distinctives. »
Ces considérations, à elles seules, situent l’origine de l’Evangile de Matthieu dans une tradition de communauté Judéo-chrétienne qui, comme l’écrit O. Culmann :
« s’efforce de rompre, tout en maintenant la continuité avec l’Ancien testament, les amarres qui le reliaient au judaïsme. Les centres d’intérêt, le ton général de cet Evangile suggèrent l’existence d’une situation tendue ».
Quelle est la personnalité de Matthieu ?
Disons d’emblée qu’il n’est pas admis aujourd’hui qu’il s’agit d’un compagnon de Jésus. A. Tricot le présente pourtant ainsi dans son commentaire de la traduction du Nouveau testament de 1960 :
« Matthieu, alias Lévi, de son métier publicain ou gabelou, était employé au bureau de douane ou de péage de Capharnaüm quand Jésus l’appela pour faire de lui un de ses disciples »
c’est ce que pensaient les Pères de l’Eglise. Ce n’est plus ce que l’on croit de nos jours. Un point non contesté est que l’auteur est juif ; le vocabulaire est Palestinien, la rédaction est grecque. L’auteur s’adresse écrit O. Culmann :
« à des gens qui, tout en parlant grec, connaissaient les coutumes juives et la langue araméenne ».
Pour les commentateurs de la Traduction œcuménique, l’origine de cet Evangile parait être la suivante :
« Ordinairement, on estime qu’il a été écrit en Syrie, peut être à Antioche […..], ou en Phénicie, car dans ces contrées vivaient un grand nombre de juifs [….]. on peut entrevoir une polémique contre le judaïsme synagogal orthodoxe des pharisiens tel qu’il se manifeste à l’assemblée synagogale de Jamina vers les années 80. en ces conditions, nombreux sont les auteurs qui datent le premier Evangile des années 80-90, peut être un peu plus tôt ; on ne peut parvenir à une entière certitude sur le sujet….faute de connaître précisément le nom de l’auteur, convient il de se contenter de quelques traits dessinés dans l’Evangile lui-même : l’auteur se reconnaît à son métier. Versé dans les Ecritures et les traditions juifs, connaissant, respectant mais interpellant rudement les chefs religieux de son peuple, passé maître dans l’art d’enseigner et de faire comprendre Jésus à ses auditeurs, insistant toujours sur les conséquences pratiques de son enseignement, il répondrait assez bien au signalement d’un lettré juif devenu chrétien, un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et du vieux »
comme Matthieu l’évoque en (13.52) :
« Et il leur dit : C'est pourquoi, tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. ».
on est bien loin de l’employé de bureau de Capharnaüm appelé Lévi par Marc et Luc et devenu des douze apôtres….
Tout le monde s’accorde à penser que Matthieu a écrit son Evangile à partir de sources communes avec Marc et avec Luc. Mais son récit va différer, et cela sur des points essentiels, comme nous le verrons par la suite. Et pourtant, Matthieu a largement utilisé l’Evangile de Marc qui n’était pas disciple de Jésus (O. Culmann).
Matthieu prend de sérieuses libertés avec les textes. On le constatera en ce qui concerne l’Ancien testament à propos de la généalogie de Jésus placée en tête de son Evangile. Il insère dans son livre des récits à proprement parler incroyables. C’est le qualificatif qu’emploie le R. P. Kannengiesser au sujet d’un épisode de la résurrection de Jésus : celui de la garde. Il relève l’invraisemblance de cette histoire de gardes militaires du tombeau, « ces soldats païens » qui « vont au rapport non chez leurs supérieurs hiérarchiques, mais chez les grands prêtres qui les paient pour raconter des mensonges » il ajoute cependant :
« il faut se garder de railler, car l’intention de Matthieu est infiniment respectable puisqu’il intègre à sa façon une donnée ancienne de la tradition orale à son œuvre écrite. Mais sa mise en scène est digne de Jésus-Christ Superstar. »
Ce jugement sur Matthieu émane, rappelons-le d’un éminent théologien, professeur à l’institut catholique de Paris.

Matthieu donne dans sa narration des évènements qui accompagnent la mort de Jésus, un autre exemple de sa fantaisie :
« Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent,
les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent.
Étant sortis des sépulcres, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes. »
Matthieu (27.51-53).
Ce passage n’a pas son pareil dans les autres Evangiles. On voit mal comment les corps des saints en question aient pu ressusciter lors de la mort de Jésus (la veille du Sabbat, disent les Evangiles) et ne sortir de leurs tombeaux qu’après sa résurrection (le lendemain du Sabbat, selon les mêmes sources).
C’est peut être chez Matthieu qu’on trouve l’invraisemblance la plus caractérisée et la moins discutable de tous les Evangiles qu’un de leurs auteurs ait mis dans la bouche même de Jésus. Il raconte ainsi, en Matthieu (12.38-40) l’épisode du signe de Jonas :

« Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent : Maître, nous voudrions te voir faire un miracle.
Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas.
Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. »

Jésus annonce donc qu’il restera en terre trois jours et trois nuits. Or, Matthieu et avec lui Luc et Marc, situent la mort et l’inhumation de Jésus la veille du Sabbat, ce qui fait, porter le séjour en terres sur trois jours mais ce laps de temps ne peut comprendre que deux nuits et non trois nuits.

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:19

Message par zoheir »

Evangile de Marc :

C’est le plus court des quatre Evangiles. Il est aussi le plus anciens, mais il n’en est pas pour autant le livre d’un apôtre : c’est tout au plus un livre rédigé par le disciple d’un apôtre.
O. Culmann a écrit qu’il ne considérait pas Marc comme un disciple de Jésus. Mais l’auteur fait cependant remarquer à ceux à qui l’attribution de cet Evangile à l’apôtre Marc peut sembler suspecte, que « Matthieu et Luc n’auraient peut être pas utilisé cet Evangile comme ils l’ont fait s’ils ne l’avaient pas su fondé effectivement sur l’enseignement d’un apôtre »
mais c’est là un argument non décisif. O. Culmann cite également à l’appui de la réserve qu’il émet les fréquentes citations dans le Nouveau testament d’un « Jean surnommé Marc », mais ces citations ne contiennent pas la mention d’un auteur d’Evangile, et le texte de Marc lui-même ne mentionne pas l’auteur.
La pauvreté des renseignements sur ce point a conduit des commentateurs à prendre comme éléments de valeur des détails qui paraissent rocambolesques, tels que celui-ci :
Sous le prétexte que Marc est le seul évangéliste à raconter dans son récit de la Passion l’épisode d’un jeune homme ayant un drap pour tout vêtement qui, arrêté, lâche le drap et s’enfuit nu :
« Un jeune homme le suivait, n'ayant sur le corps qu'un drap. On se saisit de lui ;
mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu. »
Marc (14.51-52).
Certains en ont conclu que le jeune homme en question pouvait être Marc, « disciple fidèle qui essaie de suivre le Maître » (Traduction œcuménique) ; pour d’autres, on peut voir ici :
« par ce souvenir personnel une marque d’authenticité, une signature anonyme, prouvant qu’il a été témoin oculaire »(O. Culmann).
Pour cet auteur « de nombreuses tournures de phrases corroborent l’hypothèse selon laquelle l’auteur était un juif » mais la présence de latinisme peut suggérer qu’il a écrit son Evangile de Rome.
« il s’adresse d’ailleurs à des chrétiens qui ne vivent pas en Palestine et il prend soin de leur expliquer les expressions araméennes qu’il emploie ».
Le texte lui-même laisse apparaître indiscutablement un premier défaut majeur : il est rédigé sans le moindre souci de la chronologie. Ainsi Marc place au début de son récit (1.16-20) l’épisode des quatre pêcheurs que Jésus entraîne à le suivre en leur disant simplement :
« Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. », , alors qu’ils ne le connaissaient même pas. L’évangile manifèste, en outre, une absence complète de vraisemblance.
Comme l’a dit le R. P. Roguet, Marc est un
« écrivain maladroit », « le plus piètre de tous les évangélistes » , il ne sait guère composer une narration et le commentateur appuie sur la citation d’un passage racontant l’institution des douze apôtres, dont la traduction littérale est la suivante :
« Il monta ensuite sur la montagne ; il appela ceux qu'il voulut, et ils vinrent auprès de lui.
Il en établit douze, pour les avoir avec lui,
et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons.
Voici les douze qu'il établit : Simon, qu'il nomma Pierre ; »
Marc (3.13-16).
Pour certains épisodes, il est en contradiction avec Matthieu et avec Luc, comme on l’a rappelé plus haut à propos du signe de Jonas. Qui plus est, à propos de signe que Jésus donne aux hommes au cours de sa mission, Marc raconte (8.11-12) un épisode qui n’est pas crédible :
« Les pharisiens survinrent, se mirent à discuter avec Jésus, et, pour l'éprouver, lui demandèrent un signe venant du ciel.
Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? Je vous le dis en vérité, il ne sera point donné de signe à cette génération. »


C’est à n’en pas douter l’affirmation venant de Jésus lui-même de son intention de n’accomplir aucun acte qui puisse paraître surnaturel. Aussi les commentateurs de la Traduction œcuménique de la bible, en s’étonnant que Luc déclare que Jésus ne donnera qu’un signe, celui de Jonas (voir Evangile de Matthieu), jugent « paradoxal » que Marc dise « cette génération n’aura aucun signe » après, font il remarquer, « les miracles que Jésus présente lui-même comme des signes » (Luc 7.22 et 11.20).
La totalité de l’Evangile de Marc est officiellement reconnue canonique. Il n’en reste pas moins que la finale de son Evangile (16.9-20) est considéré par les auteurs modernes comme une œuvre surajoutée :
La Traduction œcuménique de la bible le signale très explicitement.
Cette finale n’est pas contenue dans les deux plus anciens manuscrits complets des Evangiles, le Codex Vaticanus et le Codex Sinaïticus qui datent du IV siècle. O. Culmann écrit à ce propos :
« des manuscrits grecs plus récents et certaines versions ont ajouté à cet endroit une conclusion sur des apparitions qui n’est pas de Marc mais est tirée d’autres Evangiles. »
en fait, les versions de cette finale surajoutée sont nombreuses. Il y a, dans les textes, tantôt une version longue, tantôt une version courte (les deux étant reproduites dans la Traduction oecuménique), tantôt la version longue avec un additif, tantôt les deux versions.
Le R. P. Kannengiesser commente ainsi cette final :
« on a dû supprimer les derniers versets lors de la réception officielle (ou de l’édition vulgarisée) de son ouvrage dans la communauté qui s’en portait garante. Ni Matthieu, ni Luc, ni Jean n’ont connu la partie manquante. Pourtant, la lacune était intolérable. Longtemps plus tard, une fois les écrits similaires de Matthieu, Luc et Jean mis entre toutes les mains, on compila une digne conclusion de Marc, en prenant des éléments à droite et à gauche chez les autres Evangélistes. Il serait facile de repérer les pièces de ce puzzle en détaillant avec laquelle on traitait le genre littéraire de la narration évangélique jusqu’au seuil du second siècle. »
Quel aveu sans ambages de l’existence de manipulations par les hommes des textes des Ecritures nous fournissent ces réflexions d’un grand théologien !

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:22

Message par zoheir »

Evangile de Luc :

« Chroniqueur » pour O. Culmann, « vrai romancier » pour le R. P. Kannengiesser, Luc dans son prologue adressé à Théophile qu’il va, à son tour, après d’autres qui ont composé des récits sur Jésus, rédiger une narration sur les mêmes faits, en utilisant ces récits et les informations de témoins oculaires – ce qui implique qu’il n’en est pas un – ainsi que celles provenant des prédications des apôtres. C’est donc un travail méthodique qu’il présente en ces termes :
« Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole,
il m'a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d'une manière suivie, excellent Théophile,
afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. »
Luc (1.1-4).
On discerne dès les premiers lignes tout ce qui sépare Luc du « piètre écrivain » qu’est Marc, dont on vient d’évoquer l’œuvre. Son Evangile est incontestable œuvre littéraire, écrite en un grec classique sans barbarisme.
Luc est un lettré païen converti au christianisme. Son orientation vis-à-vis des juifs est tout de suite apparente. Comme le souligne O. Culmann, Luc omet de reprendre les versets les plus judaïques de Marc et il met en relief les paroles de Jésus contre l’incrédulité des juifs et ses bons rapports avec les Samaritains, que les juifs détestaient, alors que Matthieu faisait demander par Jésus aux apôtres de les fuir.
Exemple saisissant entre bien d’autres du fait que, faisant dire à Jésus ce qui convient à leurs perspectives personnelles, les évangélistes avec sans doute une très sincère conviction, nous donnent des paroles de Jésus la version adaptée au point de vue communautés auxquelles ils appartiennent. La comparaison entre l’allure de l’Evangile de Luc et celle de l’Evangile de Matthieu apporte à cet égard une démonstration.
La date de l’Evangile de Luc peut être évaluée en fonction de divers facteurs : Luc s’est servi de l’Evangile de Marc et de Matthieu. Les critiques actuels situent souvent sa rédaction vers les années 80-90, mais plusieurs lui attribuent une date encore plus ancienne.
Les récits de l’enfance de Jésus de l’Evangile de Luc lui sont propres. Matthieu raconte différement de Luc l’enfance de Jésus. Marc n’en dit pas un mot.
Matthieu et Luc donnent des généalogies de Jésus différentes : la contradiction est si importante, l’invraisemblance est si grande du point de vue scientifique, à ce sujet, il est explicable que Matthieu s’adressant à des juifs, fasse débuter la généalogie à Abraham et la fasse passer par David et que Luc, Païen converti, ait le souci de remonter plus haut. Mais on a vu qu’à partir de David, les deux généalogies sont contradictoires.
La mission de Jésus est racontée différemment sur de nombreux points par Luc, Matthieu et Marc.
Un évènement d’une importance aussi capitale pour les chrétiens que l’institution de l’Eucharistie est sujet à des variantes entre Luc et les deux autres évangélistes (il n’est pas possible de faire la comparaison avec Jean puisque celui-ci ne parle pas de l’institution de l’Eucharistie au cours de la Cène précédant la Passion). Le R. P. Roguet remarque, dans son livre « Initiation à l’Evangile » que les paroles par lesquelles l’Eucharistie est instituée nous sont rapportées par Luc (22.19-24) dans une forme très différente de celles rapportées en Matthieu (26.26-29) et en Marc (14.22-24) qui sont presque identiques.
« au contraire, la formule transmise par Luc est très voisine de celle que Paul évoque »(1 Epître aux Corinthiens 11.23-25).
Luc, émet sur l’Ascension de Jésus, dans son Evangile un propos en contradiction avec ce qu’il en dit dans les Actes des Apôtres dont il est reconnu l’auteur et qui fait partie intégrante du Nouveau testament. Dans son Evangile, il situe l’Ascension le jour de Pâques et, dans les Actes, quarante jours plus tard.

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:26

Message par zoheir »

Evangile de Jean :

L’Evangile de Jean est radicalement différent des trois autres, à telle enseigne que, dans son livre « Initiation à l’Evangile » le R. P. Roguet, après avoir commenté les premiers, donne d’emblée du quatrième Evangile une image expressive : « un autre monde ». c’est, en effet, un livre très à part :
« différence dans l’ordonnancement et le choix des sujets, des récits, des discours, différences de style, différences géographiques et chronologiques et même différences dans les perspectives théologique »
(O.Culmann). les paroles de Jésus sont donc diversement rapportées par Jean et par les autres Evangélistes : le R. P. Roguet fait remarquer à ce propos qu’alors que les synoptiques rapportent les paroles de Jésus en un style « percutant, beaucoup plus proche du style oral » , chez Jean tout est à la méditation, à telle enseigne que « nous pouvons nous demander parfois si c’est encore Jésus qui parle ou bien si ses propos ne sont pas prolongés insensiblement par les réflexions de l’Evangiste ».
Le R. P. Kannengiesser dans son étude de la Résurrection arrive à cette conclusion : qu’aucun auteur du Nouveau testament autre que Paul ne peut s’attribuer la qualité d’avoir été un témoin oculaire de la Résurrection de Jésus. Néanmoins, Jean relate l’apparition aux apôtres dont il aurait dû faire partie et qui étaient réunis, à l’exception de Thomas (20.25-29), puis huit jours plus tard aux apôtres au complet (20.25-29).

La Traduction œcuménique de la bible précise que la majorité des critiques ne retient pas l’hypothèse d’une rédaction par l’apôtre Jean, dont l’éventualité ne peut être malgré tout absolument exclue. Mais tout porte à croire que le texte actuellement divulgué eut plisieurs auteurs :
« il est probable que l’Evangile, tel que nous possédons, a été publié par des disciples de l’auteur qui ont ajouté le chapitre 21 et, sans doute, quelques annotation (ainsi 4.2 et peut être 4.1 ; 4.44 ; 7.37 ; 11.2 ; 19.35). quant au récit de la femme adultère (7.53-8,11), tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’agit d’un morceau d’origine inconnue, inséré plus tard (mais appartient cependant à l’Ecriture canonique). »
le passage (19.35) apparaît comme une « signature » de « témoin oculaire » (O. Culmann), la seule explicite de tout l’Evangile de Jean ; mais les commentateurs pensent qu’il a été sans doute surajouté.

O. Culmann pense que les additions ultérieures sont manifestes dans cet Evangile : tel le chapitre 21 qui serait l’œuvre d’un « disciple qui aurait apporté des retouches aussi dans le corps de l’Evangile ».
La valeur historique des récits de Jean a été beaucoup contestée, les discordances avec les trois autres Evangiles sont flagrantes, O. Culmann en donne une explication. Il reconnaît à Jean des perspectives théologiques différentes de celles des autres évangélistes. Cet objectif « guide le choix des récits des Logia (Paroles) rapportés, ainsi que la manière dont ils sont reproduits….ainsi, l’auteur prolonge souvent les lignes et fait dire à Jésus historique ce que le Saint Esprit lui a révélé lui-même ».
telle est, pour cet exégète la raison des discordances.
Certes, on concevrait que Jean, écrivant après les autres évangélistes, aurait pu choisir certains récits propres à mieux illustrer ses thèses et l’on ne devrait pas s’étonner de ne pas retrouver chez Jean tout ce que contiennent les autres récits. Mais ce qui étonne beaucoup plus, ce sont certaines lacunes. Certains paraissent à peine croyables, comme celle du récit de l’institution de l’Eucharistie. Comment peut on imaginer qu’un épisode aussi primordial pour le christianisme, qui va devenir le pilier de sa liturgie : la messe, ne soit pas évoqué par Jean, l’évangéliste méditatif par excellence ?
Or, il se contente de décrire seulement dans la narration de ce repas qui précède la Passion, le lavement des pieds des disciples, l’annonce de la trahison de Judas et celle du reniement de Pierre.
Comment ne pas être surpris de trouver chez Jean un récit de l’apparition de Jésus Ressuscité à ses disciples au bord du lac de Tibériade dans Jean (21.1-14), qui n’est que la reproduction avec de nombreux détails surajoutés de la pêche miraculeuse présenté par Luc (5.1-11) comme un épisode survenu du Vivant de Jésus. Dans ce récit, Luc fait allusion à la présence de l’apôtre Jean faisant partie de ce chapitre 21, dont on s’accorde à dire qu’il est une addition ultérieure, on imagine aisément que la citation du nom de Jean dans le récit de Luc aurait pu pousser à l’inclure artificiellement dans le quatrième Evangile : la nécessité pour cela de transformer un récit du vivant de Jésus en un récit posthume n’a pas pour autant arrêté la manipulation du texte évangélique.
Une autre divergence considérable entre l’Evangile de Jean et les trois autres est la durée de la mission de Jésus. Marc, Matthieu et Luc la situent sur une année. Pour Jean, elle s’étale sur plus de deux ans.

Alors, de Marc, de Matthieu, de Luc et de Jean, qui faut il croire ?

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:30

Message par zoheir »

Les sources des Evangiles :


Pour reprendre les termes du jugement porté par les commentateurs de la traduction œcuménique de la bible, à l’autorité desquels il importe de se référer, tant les appréciations sur ce sujet sont graves de conséquences. On a vu que des notions sur l’histoire religieuse contemporaine de la naissance des Evangiles pouvaient expliquer certains caractères de cette littérature déconcertante pour le lecteur qui réfléchit.
Mais il faut aller plus loin et rechercher ce que peuvent nous apprendre les travaux publiés à l’époque moderne sur les sources auxquelles les évangélistes ont puisé pour rédiger leurs textes, il est également intéressant d’examiner si l’histoire des textes après leur établissement est susceptible d’expliquer certains aspects qu’ils présentent de nos jours.

Le problème des sources fut abordé de façon très simpliste à l’époque des Pères de l’Eglise. Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, la source ne pouvait être que l’Evangile que les manuscrits complets présentaient le premier, c'est-à-dire l’Evangile de Matthieu. La question des sources se posait seulement pour Marc et pour Luc, Jean constituant un cas tout à fait à part.
Saint Augustin considérait que Marc, deuxième dans l’ordres traditionnel de présentation, s’était inspiré de Matthieu, qu’il avait résumé, et que Luc, venu en troisième position dans les manuscrits, s’était servi des données de l’un et de l’autre.

Les exégètes de cette époque pouvait pouvaient évaluer le degré de convergence des textes et retrouver un grand nombre de versets communs à deux ou trois des synoptiques ( Matthieu, Luc et Marc ) les commentateurs de la traduction œcuménique de la bible les chiffrent de nos jours approximativement ainsi :
Versets communs aux trois synoptiques……330
Versets communs à Marc et à Matthieu……178
Versets communs à Marc et à Luc…..100
Versets communs à Matthieu et à Luc…….230


Tandis que les versets propres à chacun sont de :

Les versets de Matthieu qui lui sont propres sont de 330
Les versets propres de Marc sont de 53
Les versets propres de Luc sont de 500.


On constate donc immédiatement sur ces quelques chiffres :

- Que Marc ne possède que très peu de versets propres à cet évangéliste.
- Que Luc possède, au contraire, le plus grand nombre de versets propres, ce qui suggère que Luc a accès à au moins une source ignorée des autres évangiles.
- Que Luc et Matthieu possèdent un grand nombre de versets en commun qui ne figurent pas chez Marc.

Ce n’est qu’à l’époque moderne qu’on se rendit compte devant ces données que chaque évangéliste, tout en reprenant les informations trouvées chez les autres, a en fait construit un récit à sa manière selon ses perspectives personnelles. On a alors attaché une place importante à la collection des matériaux du récit, d’une part dans la tradition orale des communautés d’origine, d’autre part dans une source écrite commune, araméenne, qui n’a pas été retrouvée. Cette source écrite aurait pu former un bloc compact ou être constituée de multiples fragments de récits divers qui auraient servi à chaque évangéliste pour édifier son œuvre originale.

Des recherches plus approfondies ont conduit depuis un siècle environ à des théories plus précises, la première des théories modernes est celle dite des « deux sources de Holtzmann. ».
Selon elle, comme O. Culmann et la Traduction œcuménique de la bible le précisent, Matthieu et Luc aurait été inspirés d’une part par Marc, d’autres part par un document commun aujourd’hui perdu. De plus, les deux premiers avaient chacun à leur disposition une source propre. On a abouti alors au schéma suivant :


Image



Culmann critique le schéma sur les points suivants :

1- l’ourage de Marc dont se sont servis Luc et Matthieu ne devrait pas être l’Evangile de cet auteur, mains une rédaction antérieure.

2- une importance suffisante n’est pas faite dans ce schéma à la tradition orale, qui apparaît capitale car elle a, à elle seule, conservé pendant trente ou quarante ans les paroles de Jésus et les récits de sa mission, chaque évangéliste n’ayant été que le porte-parole de la communauté chrétienne qui a fixé la tradition orale.

On arrivent ainsi à cette notion que les Evangiles tels que nous les voyons nous ont apporté le reflet de ce que les communautés chrétiennes primitives connaissaient de la vie du ministère de Jésus et celui de leurs croyances et de leurs conceptions théologiques, dont les évangiles ont été les porte-parole.

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:34

Message par zoheir »

Les recherches les plus modernes de la critique textuelle sur les sources des Evangiles ont mis en évidence un processus beaucoup plus complexe encore de la formation des textes. « La Synopse des quatre Evangiles. » œuvre des RR. PP. Benoit et Boismard, professeurs à l’Ecole biblique de Jérusalem (1972-1973), met l’accent sur l’évolution des textes en plusieurs étapes parallèlement à une évolution de la tradition, ce qui entraîne des conséquences que le R. P. Benoit expose en ces termes en présentant la partie du livre œuvre du R. P. Boismard :
« […..] Les formes des paroles ou des récits résultant d’une longue évolution de la tradition n’ont pas la même authenticité que celles qui se trouvent à l’origine. Certains des lecteurs de cet ouvrage seront peut être surpris, ou gênés, d’apprendre que telle parole de Jésus, telle parabole, telle annonce de sa destinée, n’ont pas été prononcées comme nous les lisons, mais qu’elles ont été retouchées et adaptées par ceux qui nous les ont transmises. Pour ceux qui ne sont pas accoutumés à ce genre d’enquête historique, il y a là une source possible d’étonnement, voire de scandale. »
Ces retouches des textes et leur adaptation pratiquées par ceux qui nous les ont transmis, se sont effectuées selon un mode dont le R. P. Boismard nous donne le schéma très complexe, qui est un développement de la théorie dite des deux sources. Selon ce schéma, il y a quatre documents de base A, B, C et Q qui représentent les sources originales des Evangiles.
Le document A est un document émanant de milieux Judéo-chrétiens, qui a inspiré Matthieu et Marc
Le document B est une réinterprétation du document A, à l’usage des Eglises Pagano-chrétienns : il a inspiré tous les évangélistes sauf Matthieu.
Le document C a inspiré Marc, Luc et Jean.
Le document Q constitue la plupart des sources communes à Matthieu et à Luc ; c’est le « document commun. » de la théorie des deux sources citée plus haut.
Aucun de ces documents de base n’a abouti à la rédaction des textes définitifs des Evangiles. Entre eux et la rédaction finale se placent des rédactions intermédiaires que l’auteur appelle :

Matthieu intermédiaire, Marc intermédiaire, Proto-Luc et Jean.
Ce sont ces quatre documents intermédiaires qui vont aboutir aux ultimes rédactions des quatre Evangiles, tout en inspirant à la fois aussi bien les ultimes rédactions correspondantes que celles d’autres Evangiles. Il faut bien sûr se reporter au schéma général pour saisir tous les circuits complexes mis en évidence par l’auteur.

voici donc, le schéma Général de Boismard :



Image




Doc A, B, C, Q = Documents de base ayant servi à la rédaction.
Matthieu Intermédiaire = rédaction intermédiaire de Matthieu.
Marc Intermédiaire = rédaction intermédiaire de Marc.
Proto-Luc= rédaction intermédiaire de Luc.
Ult-Réd Matthieu = ultime rédaction de Matthieu.
Ult-Réd Marc = ultime rédaction de Marc.
Ult-Réd Luc = ultime rédaction de Luc.
Ult-Réd Jean = ultime rédaction de Jean.

Les résultats des cette recherche scripturaire sont d’une importance considérable. Ils démontrent que les textes des Evangiles qui sont une histoire, ont aussi selon l’expression du R. P. Boismard, une « préhistoire. » c'est-à-dire qu’ils ont subi avant l’apparition des ultimes rédactions, des modifications lors de l’étape des documents intermédiaires. Ainsi s’explique par exemple qu’une histoire bien connue de la vie de Jésus, la pêche miraculeuse, soit présentée, on l’a vu, par Luc comme un évènement survenu de son vivant et par Jean comme un épisode de ses apparitions après sa résurrection.

Conclusion :
La conclusion de tout cela est qu’en lisant l’Evangile, nous ne sommes plus du tout assurés de recevoir la parole de Jésus. Le R. P. Benoit s’adressant au lecteur de l’Evangile, l’en avertit et lui présente une compensation :
« s’il doit renoncer dans plus d’un cas à entendre la voix directe de Jésus, il entend celle de l’Eglise, et il se confie à elle comme à l’interprète divinement autorisé du Maître qui, après avoir parlé jadis sur notre terre, nous parle aujourd’hui dans sa gloire. »
Comment concilier cette constatation formelle de l’inauthenticité de certains textes avec la phrase de la constitution dogmatique sur la révélation divine du concile de Vatican II qui assure au contraire d’une transmission fidèle des paroles de Jésus :
« ces quatre Evangiles dont elle [l’Eglise] affirme sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus, le fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel. »
Il apparaît en toute clarté que le travail de l’Ecole biblique de Jérusalem a apporté à la déclaration du concile un démenti rigoureux.

zoheir

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Ecrit le 09 juin08, 06:39

Message par zoheir »

Histoire des Textes :


Ce serait une erreur de croire que , dès qu’ils furent rédigés, les Evangiles constituèrent les Ecritures fondamentales du christianisme naissant et que l’on s’y référa au même titre que l’on se référait à l’Ancien Testament.
L’autorité prédominante était alors celle de la tradition orale véhiculant les Paroles de Jésus et l’enseignement des apôtres. Les premiers écrits qui circulèrent et qui prévalurent bien avant les Evangiles ont été les épîtres de Paul : n’avaient elles pas été rédigées plusieurs décennies plus tôt ?
On a vu qu’avant 140 il n’existait aucun témoignage attestant que l’on connaissait une collection d’écrits évangéliques, contrairement à ce qu’écrivent encore de nos jours certains commentateurs. Il faut attendre 170 environ pour que les quatre Evangiles acquièrent le statut de littérature canonique.
Circulaient aussi, en ces premiers temps du christianisme, de multiples écrits sur Jésus qui, par la suite, n’ont pas été retenus comme dignes d’authenticité et que l’Eglise commanda de cacher, d’où le nom d’apocryphes. Il reste de ces textes des œuvres bien conservées parce qu’elles qu’elles « jouissaient de l’estime générale », nous dit la Traduction œcuménique, comme la didachè ou l’épître de Barnabé, mais malheureusement d’autres furent « écartés de façon plus brutale »et il n’en reste que des fragments.
Considérés comme des véhicules de l’erreur, ils furent soustraits aux yeux des fidèles. Pourtant, des œuvres comme les Evangiles des Nazaréens, les Evangiles des Hébreux, les Evangiles des Egyptiens, connues par des relations des Pères de l’Eglise, s’apparentaient d’assez près aux Evangiles canoniques.
Il en est de même de l’Evangile de Tomas, et de l’Evangile de Barnabé.
Certains de ces écrits apocryphes contiennent des détails fantasmagoriques, produits de l’imagination populaire. Aussi des auteurs d’ouvrages sur les Apocryphes en citent ils avec une très évidente satisfaction des passages à proprement parler ridicules.
Mais de tels passages peuvent être retrouvés dans tous les Evangiles. Rappelons simplement la description fantaisiste des évènements que Matthieu prétend s’être produits à la mort de Jésus. On peut trouver des passages manquant de sérieux dans tous ces écrits des premiers temps du christianisme : il faut avoir l’honnêteté de la reconnaître.
L’abondance de la littérature sur Jésus conduisit l’Eglise en phase d’organisation à effectuer des éliminations. Peut être cent Evangiles ont-ils été supprimé ? Quatre seulement ont été conservés pour entrer dans une liste officielle d’écrits néo-testamentaires qui constituent ce qu’on appelle le « Canon ».

Marcion, au milieu du II ème siècle, poussa fortement les autorités ecclésiales à prendre position. C’était un farouche adversaire des juifs, qui rejetait alors tout l’Ancien Testament et ce qui, des écrits postérieurs à Jésus, lui paraissait s’y rattacher de trop près ou provenir de la tradition Judéo-chrétienne. Marcion ne reconnut comme valable que l’Evangile de Luc, parce que, pensait-il, il était le porte-parole de Paul, ainsi que les écrits de Paul.
L’Eglise déclara Marcion hérétique et mit dans son canon toutes les épîtres de Paul mais avec les autres Evangiles de Mattieu, Marc, Luc et Jean et adjoignit aussi quelques autres œuvres comme les Actes des Apôtres. Cependant, la liste officielle varie avec le temps en ces premiers siècles de l’ère chrétienne. Des œuvres considérées plus tard comme non valables (apocryphes) y figurèrent momentanément, tandis que d’autres œuvres, que le canon actuel du Nouveau Testament contient, en étaient exclues à cette époque.
Avec le R. P. Boismard, il faut regretter la disparition d’une prodigieuse somme de littérature déclarée apocryphe par l’Eglise car elle avait un intérêt historique. Cet auteur lui donne, en effet, une place dans sa Synopse des quatre Evangiles à coté des Evangiles officiels. Ces livres existaient encore, remarque-t il, dans les bibliothèques vers la fin du IV siècle.
Ce siècle est une époque de sérieuse mise en ordre. C’est d’elle que datent les manuscrits complets les plus anciens des Evangiles. Des documents antérieurs, des papyri du III siècle, un qui pourrait dater du II, ne nous transmettent que des fragments. Les deux manuscrits sur parchemin les plus anciens sont des manuscrits grecs du IV siècle. Ce sont le Codex Vaticanus, dont on ignore le lieu de découverte et qui est conservé à la bibliothèque du Vatican, et le Codex Sinaïticus, découvert au mont Sinaï et qui est conservé au British Museum de Londres. Le second contient deux ouvrages apocryphes.
Selon la Traduction œcuménique de la bible, il existerait dans le monde deux cent cinquante autres parchemins connus, les derniers du XI siècle. Mais « toutes les copies du Nouveau Testament qui nous sont parvenues ne sont pas identiques. Bien au contraire, on peut discerner entre elles des différences qui sont d’importance variable mais dont le nombre en tout cas est très considérable. Certaines de ces différences ne concernent que des détails grammaticaux, le vocabulaire ou l’ordre des mots, mais d’autres fois, on constate entre les manuscrits des divergences qui affectent le sens de passages entiers ».
L’authenticité d’un texte, même celui des manuscrits les plus vénérables, est toujours discutable. Le Codex Vaticanus en fournit un exemple. Sa reproduction en fac-similé, édité par la Cité du Vatican en 1965, est accompagnée d’une notice de même provenance qui nous apprend que « plusieurs siècles après la copie (vers le X ou le XI siècle), un scribe a repassé à l’encre toutes les lettres, sauf celles qu’il jugeait erronées ».
il est des passages du texte où, très visiblement, les lettres primitives, de couleur brune, persistent et contrastent avec le reste du texte dont l’encre est de couleur brun foncé. Rien ne permet d’affirmer que la restauration a été fidèle, d’ailleurs, la notice précise :
« on n’a pas encore distingué de manière définitive les différentes mains qui, au cours des siècles, ont corrigé et annoté le manuscrit ; un certain nombre de corrections ont certainement été faites au moment où fut repassé le texte » Or, dans tous les manuels, le manuscrit est présenté comme une copie du IV siècle. Il faut aller aux sources Vaticanes pour s’apercevoir que des mains ont pu, des siècles plus tard, altérer le texte.
On rétorquera que d’autres textes peuvent servir de comparaison, mais comment choisir entre des variantes qui altèrent le sens ? On sait bien que la correction très ancienne d’un scribe peut entraîner la reproduction définitive du texte ainsi corrigé. on se rendra parfaitement compte qu'un seul mot d'un texte de Jean relatif au Paraclet change radicalement le sens du passage et modifie de fond en comble sa signification du point de vue théologique.

Voici ce que O. Culmann écrit à propos des variantes dans son livre « Le Nouveau Testament » :
« celles-ci résultent tantôt de fautes involontaires : le copiste a sauté un mot, ou au contraire l’a écrit deux fois de suite, ou encore tout un membre de phrase est omis par mégarde, parce qu’il était placé, dans le manuscrit à recopier, entre deux mots identiques. Tantôt il s’agit de corrections volontaires : ou bien le copiste s’est permis de corriger le texte selon ses idées personnelles, ou bien il cherche à harmoniser le texte avec un texte parallèle pour en réduire, plus ou moins adroitement, les divergences. A mesure que les écrits du Nouveau Testament se dégageront du reste de la littérature chrétienne primitive et seront regardés comme Ecriture Sainte, les copistes hésiteront davantage à se permettre de telles corrections de leurs prédécesseurs : ils croient recopier le texte authentique et fixeraient ainsi les variantes. Tantôt, enfin un copiste annote le texte en marge pour expliquer un passage obscur. Le copiste suivant, pensant que telle phrase qu’il trouve écrite en marge avait été oubliée au passage par un prédécesseur, croit nécessaire de réintroduire cette annotation marginale dans le texte. Ainsi le nouveau texte devient parfois encore plus obscur ».
Les scribes de certains manuscrits prennent parfois de très grandes libertés avec le texte. Il en est ainsi d’un des manuscrits les plus vénérables après les deux manuscrits cités plus haut, le Codex bezae Cantabrigiensis du VI siècle. S’apercevant sans doute de la différence entre les généalogies de Jésus dans Luc et dans Matthieu, le scribe met dans sa copie de l’Evangile de Luc la généalogie de Matthieu mais, comme la seconde contient moins de noms que la première, il la gonfle de noms supplémentaires (sans toutefois rétablir l’équilibre).
Tout ce que la critique textuelle moderne peut nous offrir à ce point de vue est de tenter de reconstituer « un texte ayant le plus de chances possibles de se rapprocher du texte original. Il est de toute manière hors de question d’espérer remonter jusqu’au texte original lui-même. » (Traduction œcuménique).

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Érudits chrétiens Reconnaissent falsificaton en bible

Ecrit le 09 juin08, 08:07

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Ecrit le 09 juin08, 08:10

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Ecrit le 09 juin08, 08:11

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medico

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Ecrit le 09 juin08, 08:39

Message par medico »

d'un par tu fait des long copiés collés sans laiss" une place au dialogue et d'autre part des affirmations sont fause car d'une par l"vangile de MATTHIEU a été écrit en premier en hebreu et aprés en grec et elle circulait bien avant les écrits de PAUL.
des suscriptions figurant à la fin de certains manuscrits (tous portant des dates ultérieures au Xe siècle) la situent en 41 de n. è.
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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Ecrit le 09 juin08, 08:41

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