Profession: pédiatre social !...

Science et religion ne sont plus considérées comme incompatibles. The Daily Telegraph, Londres, 26 mai 1999.
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Nickie

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Profession: pédiatre social !...

Ecrit le 09 avr.04, 13:56

Message par Nickie »

Le Québec est une terre colonialisée sur le travail bénévole des prêtres et des religieuses de l'époque. Encore une terre de mission pour les Catholiques Romains et autres églises et sectes, le Québec c'est laicisé depuis 1965. Depuis, la baisse de Catholiques pratiquants dans la Province de Québec, au Canada, nous éprouvons une démunitions des prêtres et de bonnes soeurs et aussi des nombreux bénévoles provenants de les bonnes oeuvres de charités en émanants. À la place du soci-pastorale, le Québec s'était doté de mesures sociales financées par l'État. Aujourd'hui, les coffres de l'État Québecois se vident par rapport à la population démographique vieillissante et le taux de la dénatalité décroissant.



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Le docteur Gilles Julien est pédiatre social au centre d'Assistance d'enfants en difficulté, dans Hochelaga-Maisonneuve. Ici, il ausculte à l'aide de son stéthoscope un de ses patients, le petit Jessy Boucher, 7 ans, que la chose semble bien amuser.



Profession: pédiatre social

Silvia Galipeau

La Presse

Il a une cause: les enfants. Une mission: leur bien-être. Un outil: la pédiatrie sociale. Et un rêve: qu'elle fasse des petits. Rencontre avec un pédiatre engagé.

Il a mis sur pied une maison pour enfants en difficulté dans Hochelaga-Maisonneuve. Jour après jour, il y voit des petits abandonnés, battus, violés. Jour après jour, il apprend à les apprivoiser, pour enfin les soulager.

Loin de le décourager, cette entreprise l'anime. En décembre, il a aussi ouvert un deuxième organisme communautaire dans Côte-des-Neiges. Et il ne s'arrêtera pas là. Son but? Multiplier son modèle.

Rencontré lundi midi dans les bureaux de son nouveau local de Côte-des-Neiges, Gilles Julien est le calme incarné. Le regard doux et la voix posée, les drames humains qu'il côtoie ne transparaissent pas. Loin du médecin traditionnel, ce pédiatre qui se promène à vélo et ne porte jamais de cravate a plutôt l'air d'un grand-papa gâteau (qu'il est depuis un mois maintenant), un brin bohème.

Une question nous taraude. Comment fait-il? La question est naïve, d'accord. Mais à la lecture de son tout dernier livre, Soigner différemment les enfants, questions et approches, elle ne nous lâche pas. Comment diable fait ce pédiatre pour côtoyer quotidiennement des réalités aussi insoutenables (800 dossiers sont actifs dans son centre de Hochelaga-Maisonneuve, et plus de 100 personnes sont venues consulter dans Côte-des-Neiges depuis l'ouverture), des cas si graves d'enfants maltraités et traumatisés, sans perdre les pédales?

« Cette question m'étonne toujours, répond-il. C'est vrai qu'on travaille avec des problèmes assez complexes et lourds: la négligence, les abus sexuels et physiques, le rejet du milieu scolaire. On voit des enfants en grande souffrance. Mais nous avons une approche d'apprivoisement. Et pour apprivoiser, il faut aller au positif. C'est bizarre à dire, mais les enfants ont toujours une lumière. On découvre donc la souffrance, mais aussi la force sous-jacente. Le côté négatif, on l'évacue avec l'enfant. »

Lors d'une première rencontre avec un enfant, il va donc toujours commencer par l'apprivoiser. Au lieu d'examiner ses symptômes, il va d'abord le toucher, le prendre dans ses bras, ou encore lui offrir un petit cadeau. « On fait une alliance plus ou moins formelle qui permet de travailler avec les forces vives de l'enfant, ajoute-t-il. C'est très valorisant. À la fin de la journée, outre la fatigue physique, on n'a pas de fatigue émotionnelle. Parce qu'on avance toujours, malgré la lourdeur. »

Son nouveau bureau dans Côte-des-Neiges n'a d'ailleurs rien du cabinet de médecin classique. Hormis une table d'examen, on retrouve deux confortables divans, une énorme écrevisse bleue en plastique, un bateau de pirates, un autobus jaune, des petites cubes et des Lego. Munie de grandes fenêtres, la pièce donne directement sur un parc, où l'on aperçoit au loin une patinoire et des balançoires. Un monde d'enfants, quoi!

C'est ça la pédiatrie sociale. Une pédiatrie qui ne se concentre pas sur les symptômes, mais qui va à la source. Et la source, elle se trouve bien souvent dans le milieu de l'enfant, à l'échelle locale. « Cela exige un réseautage du milieu pour travailler auprès des enfants », enchaîne-t-il. Quand un enfant a un problème, qu'il soit battu, qu'il ait des retards moteurs, ou des difficultés à l'école, tout le milieu est mis à contribution: la famille, le CLSC, la garderie ou l'école, et les médecins. Bien souvent, cela exige de pénétrer l'univers de l'enfant. « Mais pas pour aller fouiller des choses morbides, précise-t-il. On fait comprendre qu'on est compatissant. Et on travaille immédiatement sur les forces. »

Deux centres communautaires du genre à Montréal, c'est trop peu, pense-t-il aussi. Une foule de secteurs devraient encore être couverts: Verdun, le Centre-Sud, Mercier, Saint-Michel, etc. Malheureusement, les universités ne forment pas encore les pédiatres au social, déplore-t-il. « Les universités se concentrent sur les maladies. Les contextes, très peu! » Mais s'il n'en tient qu'à lui, tout cela pourrait changer sous peu. Qu'il s'agisse de l'hôpital Sainte-Justine, de l'Hôpital de Montréal pour enfants ou de l'Association canadienne des hôpitaux pédiatriques, « il y a une volonté de revenir vers l'intégration du biopsychosocial », dit-il. Il reçoit aussi des stagiaires de l'Université McGill depuis trois ans, et enseigne lui-même la pédiatrie sociale à McGill comme à l'Université de Montréal. « Je n'ai pas le choix, si je veux une relève », glisse celui qui avait pourtant choisi la carrière de terrain à la carrière universitaire.

Réaliste, il se doute bien que la majorité des étudiants en pédiatrie ne prendra pas le virage social. « Mais j'espère aller chercher de 2 à 5 % des pédiatres. Ils deviendraient des superviseurs d'équipe et assureraient une continuité. »

À l'heure des restrictions budgétaires, il est grand temps de prendre un « vrai virage », croit-il. «Les services ne doivent plus se donner de haut en bas, nous n'avons plus les moyens. La solution, c'est le partage des responsabilités. Les enfants sont la responsabilité de tout le monde. Il faut faire un partage sur une base locale et communautaire. Il faut réseauter le système, impliquer les parents, les garderies, le milieu scolaire et des bénévoles, croit-il. Ce sont des services qui ne coûtent rien, mais qui sont d'une efficacité incroyable!»

À titre d'exemple, il cite les 13 grands frères et grandes soeurs de Hochelaga-Maisonneuve, « des jeunes qui veulent resservir de modèles parce qu'ils ont été choyés. C'est extraordinaire! »

Car si l'on continue dans la voie tracée, «avec les coupes dans le budget, dans les centres jeunesse et les écoles, nous sommes toujours en décroissance de services au Québec. Et ce sont toujours les enfants et les familles pauvres qui écopent », dénonce-t-il. Ultime constat, brutal celui-là: « La société est coupable de négligence envers ces enfants.»

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