Mémoire d'une resitance oubliée.

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Mémoire d'une resitance oubliée.

Ecrit le 13 nov.13, 06:21

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Préface de Michael Berenbaum
Persécution et résistance des témoins de Jéhovah pendant le régime nazi 1933 - 1945


Nous devons être reconnaissants pour ce livre, profondément reconnaissants. De texte en texte, nous en apprenons davantage sur le sort des Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration nazis. Certains sont très élaborés. D’autres relatent simplement de courts récits personnels, récits qui éclairent l’ensemble. Une partie de l’ouvrage aborde la situation des Témoins de Jéhovah en Allemagne. Sur celle-ci, je ne me prononcerai pas. Permettez-moi plutôt, dans cette brève préface, de définir la place des Témoins de Jéhovah parmi toutes les victimes du nazisme, et d’indiquer notamment ce que leur expérience avait de spécifique.

John CONWAY fut le premier à reconnaître que les nazis persécutaient certains pour ce qu’ils faisaient, d’autres pour ce qu’ils refusaient de faire, d’autres encore pour ce qu’ils étaient, d’autres enfin parce qu’ils existaient.

Pour illustrer : des dirigeants politiques, des sociaux-démocrates, des syndicalistes et des membres dissidents du clergé étaient persécutés pour ce qu’ils faisaient. Ils n’auraient peut-être jamais connu la prison, ils n’auraient peut-être jamais été arrêtés, harcelés ou persécutés par les nazis s’ils ne s’étaient pas engagés dans certaines activités. Les Rom-Tsiganes étaient persécutés pour ce qu’ils étaient ; leur appartenance à un groupe était une raison suffisante pour que les nazis les arrêtent, les maltraitent, et éventuellement les anéantissent. Même constat pour les Allemands attardés, infirmes ou malades mentaux qui furent assassinés parce qu’ils démentaient le mythe de la suprématie aryenne. Leurs vies étaient considérées comme « indignes d’être vécues ». Des calculs d’ordre économique et des arguments scientifiques influençaient et justifiaient finalement leur destruction. Ce qu’on appelait un ’programme d’euthanasie’ était soutenu avec enthousiasme par de nombreux hommes de science tant en Allemagne que dans d’autres pays.

Les Juifs ne devenaient des victimes, ni pour leurs actions, ni pour ce qu’ils étaient. Ils étaient la cible de l’extermination à cause de ce qu’étaient leurs grands-parents. C’est pourquoi même ceux qui, une génération auparavant, avaient abjuré le judaïsme, des enfants chrétiens de parents chrétiens, parmi eux des pasteurs, des prêtres et des religieuses, étaient marqués, discriminés, isolés et assassinés parce que dans leurs veines coulait un ’sang juif’ hérité de leurs grands-parents juifs.

Parmi tous les groupes visés par les nazis, seuls les Témoins de Jéhovah furent persécutés pour ce qu’ils refusaient de faire. Ils ne voulaient, ni servir dans l’armée, ni participer à des exercices de protection civile, ni renoncer à leurs réunions et à leur prosélytisme. Ils refusaient de dire « Heil Hitler ». Leur dissidence était irritante, disciplinée et systématique. Ils pouvaient même être libérés des camps de concentration s’ils acceptaient de signer le document suivant :

1 Je reconnais que l’Association internationale des Témoins de Jéhovah professe une doctrine erronée et poursuit, sous le couvert d’activités religieuses, des buts subversifs.

2 Je me suis par conséquent détourné totalement de cette organisation, et je me suis aussi libéré intérieurement de cette secte.

3 J’affirme par la présente ne plus jamais participer aux activités de l’Association internationale des Témoins de Jéhovah. Je dénoncerai sur-le-champ toute personne voulant me gagner à la doctrine erronée des Témoins de Jéhovah ou témoignant d’une façon ou d’une autre de son appartenance à cette secte. Je remettrai immédiatement au poste de la police le plus proche toute publication me parvenant de cette organisation.

4 Je veux observer dorénavant les lois de l’État, défendre ma patrie en cas de guerre, les armes à la main, et m’intégrer entièrement dans la communauté nationale.

5 Il m’a été spécifié que si j’agis contrairement aux termes de la présente déclaration, je serai replacé en détention administrative.

On est stupéfait de voir combien sont rares les signatures obtenues.

Dans le vocabulaire des survivants et des spécialistes de l’Holocauste ainsi que des Juifs ordinaires, on désigne souvent la persécution des Juifs comme un ’martyre’. En réalité, les Juifs n’étaient pas des martyrs de l’Holocauste, du moins pas dans le sens littéral du terme. En effet, dans la tradition juive, le martyre résulte d’un choix. Or les Juifs n’avaient pas le choix. Lawrence LANGER parle du « choix sans alternative » des Juifs, qui devenaient des victimes dès lors qu’ils ne s’enfuyaient pas hors du territoire contrôlé par l’Allemagne ou qu’ils ne se cachaient pas là où ni les Allemands, ni leurs nombreux alliés, collaborateurs et informateurs ne pourraient les trouver. Se convertir, abjurer leur foi ou renoncer à leur identité n’apportait pas le salut.

Les Juifs n’avaient pas le choix. Les Témoins de Jéhovah, si. Voilà pourquoi ils sont des martyrs dans le sens littéral du mot - des personnes prêtes à souffrir et même à donner leur vie pour la croyance qu’elles ont choisie. Leur choix clair et convaincant nous permet de mieux comprendre l’absence d’alternative des Juifs.

A partir de 1933, les Témoins de Jéhovah ont été mis à l’écart de la société et soumis à un véritable harcèlement idéologique. Lorsqu’ils refusèrent de céder, on passa des suspicions et des tracasseries à une persécution acharnée. Dans cette guerre entre le bien et le mal, ils n’étaient que vingt mille soldats de Jéhovah parmi les soixante-cinq millions d’Allemands à s’engager dans une bataille spirituelle contre les nazis. Ils enseignaient que Jéhovah remporterait la victoire sur Satan. Pour les nazis, ces ’faux dieux’ étaient intolérables. Les mauvais traitements commencèrent en 1933, pour ne prendre fin qu’en 1945. Après 1937, les Témoins furent déportés dans les camps. Ceux qui ne furent pas internés durent renoncer à leurs enfants, à leurs emplois, à leurs retraites et à tous leurs droits civiques.

Pendant tout le temps que dura leur lutte, les Témoins continuèrent à se réunir, à prêcher et à distribuer leurs publications. Les quelque cinq mille Témoins de Jéhovah internés dans les camps de concentration furent les seuls « prisonniers volontaires », considérés ainsi parce qu’ils pouvaient recouvrer la liberté dès qu’ils se détournaient de leurs croyances. Il y en eut qui y laissèrent leur vie, mais rares furent ceux qui renoncèrent à leur foi.

Ils réussirent à préserver leur spiritualité, inhabituelle parmi les prisonniers, parce qu’ils savaient pourquoi ils souffraient. Viktor FRANKL a écrit que « presque tout est supportable pour quiconque en connaît la raison. » De nombreuses contributions dans ce livre nous donnent la preuve empirique de cette observation personnelle de Frankl. Selon les chercheurs, la proportion des survivants parmi les Témoins de Jéhovah était plus élevée que celle des détenus politiques ou homosexuels. Leur objectif toujours présent à l’esprit, ils avaient un sens de la communauté plus développé. Parce qu’ils rejetaient « ce monde », ils ne partageaient pas le sentiment de défaite des prisonniers politiques, ni celui de dégradation des homosexuels incarcérés dans les camps.

Certainement, leur proportion de survie était plus élevée que celle des Juifs, dont la plupart furent gazés à leur arrivée, et qui, après 1942, étaient tous condamnés à mourir dès qu’ils pénétraient dans l’enceinte des camps. On peut trouver d’autres raisons à la survie des Témoins de Jéhovah. Leurs propres croyances excluaient toute résistance armée. Pacifistes convaincus, on pouvait même leur demander de servir de barbiers aux SS et de travailler dans leurs foyers à l’extérieur des camps. Les SS ne craignaient pas qu’ils s’évadent. Un tel comportement m’inspire un grand respect pour l’intégrité religieuse des Témoins, même si je ne puis approuver un tel pacifisme dans de telles circonstances. Mon sens moral m’imposerait une autre conduite. Ma religion m’engagerait à des actions plus militantes contre un si grand mal. Ma foi est « de ce monde ». Grâce aux détails de ce livre avec ses nombreux essais concernant des camps spécifiques et des prisonniers particuliers, le lecteur aura suffisamment la possibilité d’éprouver la justesse de l’observation de Frankl.

Après avoir négligé de le faire pendant tant d’années, les Témoins de Jéhovah ont finalement commencé à documenter leur propre histoire. Alors qu’aux yeux de certains, cela représente un défi lancé à l’intégrité de l’histoire écrite, les Témoins de Jéhovah méritent d’être félicités pour avoir accepté d’affronter un passé douloureux et de présenter au grand jour les documents dont ils disposent. Initialement les Juifs également n’ont consigné les détails de leur histoire qu’au sein de leur communauté, dans leurs seules publications. Et il a fallu des années avant que quelques éditeurs plus conventionnels ne s’intéressent à l’Holocauste. J’ai collaboré avec les producteurs du film des Témoins de Jéhovah et les interviewers. J’ai assisté à des réunions publiques, j’ai écrit des préfaces pour des livres et participé à des réunions de discussion. Jamais aucune pression n’a été exercée pour restreindre ma liberté d’investigation ou d’expression. Je pense que cela est également vrai pour tous mes collègues non Témoins de Jéhovah. Ainsi, la publication de ce livre sous les auspices de ce groupe de victimes ne devrait en aucun cas en amoindrir la véracité ou l’importance. Nous avons besoin de plus d’ouvrages concernant chaque groupe de victimes si nous voulons que l’étendue de la persécution nazie se révèle pleinement à nous.

Mon intérêt pour les Témoins de Jéhovah a été éveillé par ma distinguée collègue Sybil MILTON, qui est décédée la semaine dernière [le 16 octobre 2000]. Elle et son mari Henry FRIEDLANDER ont contribué à ce volume. Sa vie fut une bénédiction ; il en est de même pour sa mémoire.

Michael Berenbaum

Ida E. King Distinguished Visiting Scholar of the Holocaust
Richard Stockton College
Octobre 2000
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

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Ecrit le 13 nov.13, 06:29

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Les Témoins de Jéhovah parmi les victimes
Johannes Wrobel


À propos de l’article de Gina Thomas « Was von der Vernichtung übrig blieb » (Journal du 7 juin « Que reste-t-il de l’extermination ? ») Invité à l’inauguration de l’exposition sur l’holocauste de Londres, j’ai remarqué que, contrairement à l’auteur de l’article, les organisateurs n’avaient pas oublié un groupe important de victimes : les Témoins de Jéhovah, connus aussi autrefois sous le nom de « Etudiants de la Bible. »

Les Britanniques ne se sont pas retenus de parler nommément des « Témoins » comme d’un groupe religieux persécuté par le régime Nazi aux côtés des victimes juives, polonaises, tsiganes, homosexuelles, handicapées, et les prisonniers de guerre russes. Robert O’Neill, le directeur du musée de la guerre impériale (Imperial War Museum) les mentionna dans son discours d’ouverture en présence de la reine et du prince Philippe. Ils sont également répertoriés dans le catalogue de l’exposition en tant que groupe persécuté.

L’une des survivantes, Magdalena Reuter, donna une interview télévisée à Londres. Les Nazis l’envoyèrent en prison dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbruck alors qu’elle était jeune Témoin de Jéhovah. Ses parents furent emprisonnés pendant plusieurs années, trois frères et sœurs furent envoyés dans une maison de redressement, et deux frères furent exécutés pour refus du service militaire. On trouva la lettre d’Elise Alber, Témoin de Jéhovah de Gemmrigheim, numéro de prisonnier 16744 du camp de concentration. La mère écrit avec plein d’amour : « Mes chers enfants, je vous embrasse très fort et je vous aime ... Ne vous inquiétez pas à mon sujet. Je suis en bonne santé et j’ai le moral. » Au dos de la lettre se trouve le cachet obligatoire des SS : « Le prisonnier s’obstine à rester Etudiant de la Bible et refuse de renoncer aux faux enseignements des Etudiants de la Bible. Pour cette raison, il a été privé de l’échange de lettres normalement permis. » La mère survécut.

Les SS s’acharnèrent sur ce groupe qui portait le triangle violet et qui se montrait particulièrement résistant. Alors que je donnai au Prince Philippe la brochure « Lila Winkel - die ‚vergessenen Opfer’ des NS-Regimes » (« Le triangle violet - les victimes oubliées du régime Nazi »), cet insigne attira son attention. Il demanda la raison de leur persécution, ce à quoi mon collègue et moi répondirent que les Témoins ont refusé de se soumettre sans réserve à Hitler. Conséquences : plus de 10 000 « Témoins » allemands subirent des pertes (emploi, logement, pension, enfant) ou emprisonnement. Presque 2 000 membres de ce groupe religieux perdirent la vie. Quelques 300 d’entre eux furent exécutés.

En avril 1993 le musée américain « Holocaust Memorial » de la ville de Washington ouvrit ses portes aux visiteurs qui pour la première fois eurent connaissance de l’histoire des autres victimes, y compris les Témoins de Jéhovah qui n’étaient plus omis. Ce signal venu d’Amérique n’a pas manqué d’influencer les recherches sur l’holocauste. Les Témoins de Jéhovah faisaient également partie des assistants et même des participants aux conférences sur l’holocauste à Lübeck, Moscou, Jérusalem ou Stockholm. Même au lieu commémoratif juif Yad Vashem, il a été décidé également de thématiser, dans son nouveau musée, des minorités religieuses comme les Témoins de Jéhovah sous le régime national socialiste. Dans certains endroits de l’Allemagne, il y aura toujours à apprendre de ce genre d’expérience. D’un autre côté, en Niedersachsen et au Brandenburg, lors des jours de souvenir et sur les plaques commémoratives, les Témoins de Jéhovah sont considérés au même titre que d’autres victimes, comme par exemple à Bergen-Belsen et à Sachsenhausen.

Johannes Wrobel, Selters/Taunus.

Lettre publiée dans le journal allemand :

Frankfurter Allgemeine Zeitung, n° 138, vendredi 16 juin 2000, page 51.
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medico

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Ecrit le 14 nov.13, 02:51

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Les Témoins de Jéhovah - Hommage à un groupe de victimes des nazis
Willi K. Pohl


Il y a soixante ans, des milliers de Témoins de Jéhovah, également appelés « étudiants de la Bible », étaient libérés des camps de concentration, des prisons et des orphelinats nazis. Leur foi étant absolument incompatible avec le national-socialisme, les Témoins de Jéhovah ont été persécutés par les nazis dès 1933, et ce jusqu’à la fin de la dictature. Plus de 14 000 d’entre eux, originaires d’Allemagne et des pays occupés, ont été directement victimes des nazis. Environ 10 000 fidèles ont été condamnés à une peine de prison, et plus de 4 000 envoyés en camp de concentration. Portant le triangle violet, les Témoins de Jéhovah formaient un groupe distinct dans les camps et faisaient l’objet d’une haine particulière de la part des SS. Beaucoup de leurs enfants ont été enfermés dans des foyers d’éducation nazis ou confiés à des familles fidèles au régime. En se basant uniquement sur les registres, on peut affirmer que plus de 1 400 Témoins de Jéhovah ont été assassinés par les nazis.

À l’occasion du soixantième anniversaire de la libération des camps, la Fondation des mémoriaux du Land de Brandebourg place à juste titre les survivants au centre des commémorations. Rares sont les Témoins de Jéhovah des générations antérieures qui sont encore en mesure de témoigner de la brutalité avec laquelle les nazis ont stigmatisé et persécuté ceux qui pensaient autrement. Le Professeur Roman Herzog, ancien président fédéral, a souligné que les générations futures avaient le devoir d’effectuer un travail de mémoire afin d’éviter qu’une telle horreur puisse jamais se reproduire.

Certains survivants des camps ont indiqué après la guerre que les Témoins de Jéhovah s’étaient distingués par leur fidélité à leur foi, leur intégrité et leur humanité. Malgré cela, les persécutions dont ils ont souffert sont ensuite tombées dans l’oubli, et ce n’est que récemment que de louables efforts ont été entrepris afin d’honorer la mémoire de ce groupe de victimes des nazis.

En 1994, le Mémorial de l’holocauste de Washington a accordé la part qui leur revient aux Témoins persécutés par les nazis. Et en 1996, la Watch Tower Society a produit une exposition itinérante en cinquante tableaux, ainsi que la vidéo intitulée « La fermeté des Témoins de Jéhovah face à la persécution nazie », un film auquel des historiens et d’anciens déportés ont participé. Les projections publiques ont été annoncées dans la presse locale et plus de 600 000 personnes, rien qu’en Allemagne, sont venues voir ce documentaire vidéo. De telles manifestations, organisées dans de nombreux pays, ont mis en évidence la détermination inébranlable des Témoins de Jéhovah, leur fidélité à la Bible et leur opposition à la doctrine nazie.

C’est à la même époque qu’ont été rassemblées les archives des Témoins. Ces documents, accessibles aux chercheurs et centralisés à Selters/Taunus, présentent de nombreux cas de croyants persécutés. Les archives ne se limitent pas à la période de la terreur hitlérienne, mais concernent également les centaines de victimes des nazis et les milliers d’autres Témoins emprisonnés en RDA à partir de 1950 pour leur appartenance à une religion interdite. Citons notamment les quelques soixante-dix anciens détenus de Sachsenhausen, qui ont été incarcérés à nouveau sous le régime de l’Allemagne de l’Est, et dont certains sont décédés dans des conditions tragiques. Il convient d’indiquer que jusqu’à la chute du Mur, le régime communiste et la Stasi ont pratiqué la désinformation afin de discréditer les Témoins de Jéhovah de chaque côté du Rideau de fer. Le traitement de ce sombre chapitre de l’Histoire contribue à mettre en évidence l’engagement des Témoins pour la liberté de conscience en Allemagne. À ce sujet, divers historiens et anciens détenus ont publié récemment des ouvrages retraçant les persécutions infligées à ce groupe par les dictatures nazie et communiste.

L’exposition en cinquante tableaux évoquée précédemment est mise à la disposition du public. C’est ainsi qu’elle a été présentée au début de cette année durant plusieurs semaines au mémorial du camp d’Osthofen. Notre bureau d’information est également à la disposition des enseignants voulant faire un cours sur les persécutions orchestrées par les nazis.

Nous tenons à remercier la Fondation des mémoriaux du Land de Brandebourg, qui nous permet depuis plusieurs années de nous associer aux commémoration de la libération du camp de Sachsenhausen en tant que victimes des nazis. Nombreux sont en effet les Témoins de Jéhovah qui ont été exécutés dans le pénitencier de Brandebourg, et ceux qui ont souffert dans les camps de Ravensbrück et de Sachsenhausen. Des plaques commémoratives existent par ailleurs dans de nombreux camps de concentration, notamment à Mauthausen depuis 1998, à Sachsenhausen depuis 1999, à Buchenwald depuis 2002, et à Dachau depuis 2003. Quant au Musée national d’Auschwitz-Birkenau, il a consacré une exposition temporaire aux détenus portant le triangle violet à l’automne 2004. Il y a plus de soixante ans, des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes ont souffert pour leur fidélité exemplaire à la foi chrétienne, et il existe de nombreuses possibilités pour honorer leur mémoire dans les écoles, les universités, les mémoriaux et les musées.

Qu’il me soit permis pour terminer de faire une citation de Karl Läufer, indiquant dans quelle mesure les 230 Témoins de Jéhovah qui participaient à la Marche de la Mort ont su faire preuve de solidarité, même dans les conditions épouvantables qui ont caractérisé l’évacuation des camps du Brandebourg peu avant leur libération : « En avril 1945, les portes du camp se sont définitivement ouvertes devant nous. L’ordre auquel nous étions habitués se désagrégeait et il nous était soudain possible de nous rassembler dans un bloc sans surveillance. Dans la prière, nous avons pensé aux promesses que Dieu nous avait faites, et nous nous sommes encouragés mutuellement, car il nous fallait maintenant, sous la surveillance des SS, quitter Sachsenhausen pour Schwerin, dans le Mecklembourg. Nous étions les derniers à sortir du camp, tous les autres détenus étant partis avant nous. Les SS nous ont chargés d’une mission particulière : le transport de leurs effets de valeur personnels, rassemblés dans des caisses empilées sur une grande voiture à bras. Durant la longue marche, les SS ont assassiné de nombreux détenus qui, épuisés, ne pouvaient plus avancer. Il en allait autrement avec nous car, dès qu’un frère ne pouvait plus marcher, il s’asseyait sur la voiture, ce qui le sauvait d’une mort certaine ».

Willi K. Pohl

Président de l’Association des Témoins de Jéhovah allemands

In : 60e anniversaire de la libération des détenus des camps de concentration des Sachsenhausen et de Ravensbrück et de la prison de Brandenburg, 14-16 avril 2005, 24 avril 2005. Foundation des Mémoriaux du land de Brandenbourg / Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten (ed.), Oranienburg 2005, pp. 138-141.

Source web : Liens internet et liste de publications actualisée (www.standfirm.de/english) du livre allemand Repression und Selbstbehauptung : Die Zeugen Jehovas unter der NS- und der SED-Diktatur, par les professeurs Dr. Gerhard Besier and Dr. Clemens Vollnhals (eds.), Duncker & Humblot Berlin, 2003, voir l’Appendice, pp. 408, 411.
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Ecrit le 14 nov.13, 20:40

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Préface de François Bédarida
Les Témoins de Jéhovah face à Hitler - Guy Canonici


Voici un livre bienvenu. Non seulement parce qu’il comble une lacune, mais parce qu’il arrive à son heure. En effet, tandis que les études et les publications se sont multipliées au cours des années récentes sur les diverses catégories de victimes du nazisme - Juifs, Tziganes, Slaves, déportes politiques, malades mentaux, homosexuels -, qui, à part les spécialistes, connaît le destin des témoins de Jéhovah sous le IIIe Reich ? Pourtant, tout au long des douze années du régime, la persécution s’est abattue sur eux avec un acharnement constant et avec une violence implacable. Eux aussi ont connu l’horreur de l’univers concentrationnaire. Eux aussi ont payé un lourd tribut à la fidélité à leurs convictions. Pourquoi ces chrétiens sont-ils les oubliés de l’histoire ?

Aussi est-ce à leur restituer un passé, une identité, une mémoire que s’attache le livre de Guy Canonici. Fondé sur une vaste quête de documents primaires et sur une abondante littérature secondaire, l’ouvrage marie avec bonheur les analyses historiques avec les témoignages des acteurs : des témoignages le plus souvent inédits, vivants, précis, souvent émouvants par leur sincérité et par l’authenticité de la foi qui les anime. Au récit des souffrances endurées, on comprend mieux comment ceux et celles qui les ont subies ont réussi à tenir et à résister sans défaillir, pour certains jusqu’au sacrifice suprême. Ainsi, à côté des secteurs largement explorés de l’histoire du nazisme, voilà que grâce à ce livre s’éclaire un nouveau pan du savoir dont il faut espérer qu’il donnera lieu à de nouvelles recherches et à de nouvelles approches dans les années à venir.

Lors de l’arrivée au pouvoir de Hitler, les témoins de Jéhovah constituaient sur le territoire du Reich une communauté religieuse très minoritaire, mais vigoureuse et bien intégrée. Originaire des Etats-Unis où il avait été lancé en 1872, le mouvement des « vrais chercheurs de la Bible », officiellement appelé depuis 1884 La Tour de Garde, Société de Bibles et de Traités, avait commencé à s’implanter en Allemagne au tournant du siècle. Cette minorité de prosélytes avait été reconnue comme association légale en 1921 par la République de Weimar et un document officiel de 1930 la qualifiait même d’organisation « philanthropique et non politique ». Bien qu’en 1931 les adeptes, qui s’appelaient jusqu’alors « Etudiants de la Bible », aient changé leur nom en « témoins de Jéhovah », le terme a mis du temps à s’imposer, et l’habitude aidant, c’est l’étiquette de Bibelforscher qui a continué de leur être attachée, notamment par les autorités nazies.

De fait, c’est dès la prise du pouvoir par celles-ci, au début de 1933, qu’a commencé la persécution. Aux tracasseries, aux interdictions et aux menaces ont très vite succédé les violences et les arrestations. A partir de 1936 se produit une première radicalisation : cependant que les Bibelforscher sont obligés de se réfugier la plupart du temps dans la clandestinité, les envois dans les camps de concentration se multiplient. Puis l’année 1939 marque un nouveau tournant, car avec l’entrée en guerre le pacifisme des témoins de Jéhovah (qui par principe refusaient de verser le sang) leur vaut d’être considérés encore plus qu’auparavant comme des traîtres à la patrie. Parallèlement la persécution s’est étendue à partir de 1938 aux territoires annexés par l’Allemagne, en Autriche, en Bohème, en Pologne, en Alsace-Lorraine, avant de gagner certains pays de l’Europe occupée. Hitler lui-même nourrissait une aversion congénitale envers les témoins de Jéhovah : « Ces soi-disant étudiants de la Bible, proclamait-il en 1933, peu après sa nomination comme chancelier, sont des fauteurs de troubles. Ils sont un obstacle à la vie normale du peuple allemand. Je les tiens pour des charlatans. [...] Je ferai confisquer tous leurs écrits. » A diverses reprises par la suite il se livrera à des éclats de fureur contre cette « engeance » exécrée.

D’où une question clé posée aux historiens, car les humeurs du Führer ne sauraient suffire à expliquer la dureté et l’acharnement de la répression contre les témoins de Jéhovah. Pourquoi une persécution aussi brutale et aussi systématique contre une petite secte éparpillée et inoffensive ? Car le paradoxe est là : non seulement les témoins ne constituent en Allemagne qu’une infime minorité de la population, puisque les statistiques leur accordent quelque 20 000 adhérents sur un total de plus de 60 millions d’habitants, mais ce sont tous des citoyens paisibles et respectueux des lois, qui ne menacent personne et ne demandent qu’à travailler en élevant dignement leurs enfants.

Pour répondre à cette interrogation, et par là pour expliquer la politique menée avec continuité par l’Etat nazi à l’égard des témoins de Jéhovah, on peut, à vrai dire, invoquer trois raisons principales.

La première tient à l’idéologie national-socialiste. Celle-ci, en effet, repose sur le principe de la Volksgemeinschaft, c’est-à-dire d’une communauté nationale organique, unie par les liens du sang et de la race et convaincue de sa mission supérieure dans le monde, selon « la loi d’airain de la nécessité et du droit à la victoire des meilleurs et des plus forts » (comme il est dit dans Mein Kampf). Ce concept choisi par Hitler pour désigner le nouvel ordre social qu’il entendait faire triompher fait appel à une philosophie politique völkisch, tout à la fois nationaliste, communautariste et raciste, mâtinée de religiosité et empreinte de pangermanisme. Or, face à cette doctrine, rapidement devenue vérité officielle, les témoins de Jéhovah, par leur fidélité obstinée aux valeurs évangéliques et à l’universalisme chrétien, ne pouvaient apparaître que comme des déviants, autrement dit comme des êtres malfaisants et dangereux, à combattre et à éliminer.

En d’autres termes, la volonté nazie de régénérer radicalement le peuple allemand, en transformant de fond en comble ses croyances et ses valeurs, et de faire surgir un « homme nouveau », heurtait de plein fouet les convictions les plus sacrées des Bibelforscher. De là un rejet catégorique de leur part. Mais du même coup, alors que déjà ils refusaient les disciplines et injonctions officielles du régime - la pratique du Heil Hitler, le salut au drapeau, l’enrôlement dans la Hitlerjugend, le service militaire -, ils apparurent à la fois comme des asociaux et des félons quand ils se mirent à opposer une résistance sans faille à la révolution culturelle, sociale et morale que les dirigeants nazis essayaient d’imposer à la nation. Comment au demeurant auraient-ils pu se sentir solidaire de la nouvelle « communauté des camarades » (Volksgenossen), célébrée par la propagande du régime, quand les critères d’appartenance à cette communauté allaient diamétralement à l’encontre des fondements de leur foi ? Le résultat, c’est que, classés ipso facto dans la catégorie des « ennemis idéologiques », ils se sont trouvés exclus et persécutés. Soumis aux pires violences, ils ont fait très tôt l’expérience de l’univers concentrationnaire, puisqu’on retrouve en nombre dans les camps, d’Oranienburg-Sachsenhausen, Dachau et Buchenwald à Ravensbrück, Mauthausen et Auschwitz. Au total on peut estimer le nombre des arrestations à 6 000 au moins (soit le tiers de l’effectif global), celui des morts et des disparus se situant entre 2 000 et 3 000.

Deuxième facteur qui explique l’obstination forcenée et souvent sadique des dirigeants du Reich à l’encontre des témoins de Jéhovah : le caractère totalitaire du régime national-socialiste. Sans entrer dans le débat théorique sur le concept de totalitarisme et sur sa valeur heuristique, c’est un fait avéré que la dictature hitlérienne en vertu de son essence même a tout mis en œuvre pour instaurer un système total de contrôle et d’encadrement de la vie des individus autant que de la collectivité, en d’autres termes un système englobant la sphère du privé aussi bien que la sphère du public. Comme le disait Robert Ley, le chef du Front du travail, seul le sommeil serait désormais une affaire individuelle. Pareil projet politique et social impliquait que plusieurs conditions fussent réalisées : la toute-puissance d’un Etat exerçant une dictature absolue et imposant un régime de terreur, une idéologie unique monopolisant les moyens d’expression et de communication, la manipulation des masses et leur embrigadement de manière à régner sur les âmes en même temps que sur les corps, enfin le culte d’un chef charismatique et messianique.

Or, à l’évidence chacune de ces exigences de l’Etat-Moloch ne pouvait que susciter une fin de non-recevoir absolue de la part des témoins de Jéhovah, tant la contradiction était éclatante entre les prétentions d’un pouvoir tyrannique et la liberté des enfants de Dieu qui était au fondement de leur engagement religieux. De là leur non à César : un non dicté par la conscience et exprimé avec la simplicité et la certitude des âmes droites. Mais on perçoit aussi comment, devant un tel défi, la logique national-socialiste consistait à vouloir briser à tout prix la résistance de cette poignée d’irréductibles, vivants symboles de l’insoumission et de la subversion.

Enfin - plus important encore - ce combat entre David et Goliath reflétait un conflit impitoyable entre deux religions. Tandis que la foi indéfectible des témoins de Jéhovah prenait sa source dans le message biblique et l’enseignement de Jésus-Christ, le nazisme, non content de proclamer avec Bormann que « la conception national-socialiste et la conception chrétienne sont inconciliables », se posait en nouvelle religion - une religion séculière - et en nouveau millénarisme - le Reich de mille ans. « Nous aussi nous sommes une Eglise », ne craignait pas d’affirmer Hitler à Rauschning, tandis que Rosenberg dans Le Mythe du XXe siècle célébrait la « foi nouvelle » que constitue « le mythe du sang nordique, mystère qui a dépassé et remplacé les vieux sacrements », tout en annonçant la proche victoire du principe germanique de l’honneur sur le principe chrétien de l’amour. Dès lors, devant ce choix entre la loi divine et la loi humaine, où était le devoir d’obéissance, où était le devoir de désobéissance ? Aux yeux des tenants du néo-paganisme nazi et des adeptes du culte d’un Hitler proclamé Sauveur et Messie, que pouvaient compter les croyances et les fidélités, jugées archaïques et asociales, des « étudiants de la Bible », confondus souvent de surcroît avec les Juifs méprisés et haïs ? Là encore, l’incompatibilité entre les deux conceptions du monde ne pouvait conduire les maîtres de l’Allemagne qu’à vouloir éradiquer l’influence de ces adversaires dont la seule force résidait dans l’obéissance à la voix de la conscience.

On comprend ainsi - et le livre de Guy Canonici le montre fort bien - par quelles voies spécifiques, et soigneusement calculées, a cheminé la persécution impitoyablement conduite contre les témoins de Jéhovah. En premier lieu, une persécution dirigée sur les familles plus encore que contre les individus, de manière à briser délibérément le lien familial afin de démoraliser l’adversaire et de mieux le détruire. En second lieu, une issue laissée perfidement ouverte aux récalcitrants sous la forme d’une abjuration toujours possible : autrement dit le choix de l’apostasie, de la soumission à la conformité et du retour à la norme sociale afin d’échapper au pire. Mais cette persécution est venue buter contre la résistance spirituelle, tenace et victorieuse, de croyants capables d’opposer la force intérieure de leur foi en Jésus-Christ au poids des pressions externes, à commencer par la violence physique de l’Etat policier - et cela jusqu’à l’héroïsme et au martyre.

François Bédarida

Guy Canonici, Les Témoins de Jéhovah face à Hitler, Éditions Albin Michel, Paris, 1998, pages I-VI.
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Re: Mémoire d'une resitance oubliée.

Ecrit le 29 oct.16, 00:33

Message par medico »

Tsiganes internés de 1940 à 1946 : Hollande reconnaît la responsabilité de la France
"La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande", a dit le président à Montreuil-Bellay.
SOURCE AFP
Modifié le 29/10/2016 à 13:20 - Publié le 29/10/2016 à 11:45 | Le Point.fr
L'hommage est attendu, car souvent oublié. François Hollande a reconnu samedi la responsabilité de la France dans l'internement de milliers de Tsiganes par le régime de Vichy jusqu'en 1946 lors de la première visite présidentielle sur le site de cet ancien camp d'internement de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). « Le jour est venu et il fallait que cette vérité soit dite », a déclaré le président français. « La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame », a-t-il poursuivi lors d'une cérémonie d'hommage, où étaient présents plusieurs survivants.
Soixante-dix ans après la libération des derniers Tsiganes internés en France, leurs descendants et les associations attendaient avec émotion une reconnaissance officielle de leurs souffrances. François Hollande est aussi revenu sur la discussion en cours au Parlement du projet de loi Égalité et citoyenneté, émettant l'espoir que la législation d'exception sur les gens du voyage, dénoncée par les associations, soit bientôt abolie. Le député socialiste de Loire-Atlantique et président de la commission nationale consultative des gens du voyage Dominique Raimbourg, a-t-il rappelé, « a proposé l'abrogation de la loi de 1969, dans le cadre du projet de loi Égalité et citoyenneté. Il en sera, je l'espère, décidé par le Parlement, pour que les gens du voyage n'aient plus ce livret de circulation à produire, pour qu'ils soient des citoyens comme les autres. »
"Mieux vaut tard que jamais"

Dès 1912, dans le but de les sédentariser, les autorités françaises avaient imposé aux « nomades » un carnet anthropométrique d'identité. Supprimé en 1969, il a été remplacé par des carnets et livrets de circulation que doivent détenir les « gens du voyage » sous peine d'amende, et une obligation de rattachement à une commune. Outre le chef de l'État, assistaient à la cérémonie d'hommage Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable, et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État aux Anciens Combattants et à la Mémoire. Plus de 500 invités participaient à la cérémonie, dont de nombreux descendants d'internés.
"C'était important pour nous d'avoir cette reconnaissance. Ca représente des milliers et des milliers de familles itinérantes", a salué, ému, Fernand Delage, qui préside l'association France Liberté Voyage. "C'est tard, mais mieux vaut tard que jamais." Lucien Violet, 69 ans et dont les parents ont été internés à Montreuil-Bellay, était venu d'Angoulême pour l'occasion. "C'est le premier président venu rendre hommage aux voyageurs. Nous sommes vraiment touchés par sa présence", a confié l'homme de 69 ans à l'issue du discours présidentiel. "Nos familles ont souffert énormément et ça ne s'oubliera jamais, même si c'est pardonné." "Pratiquement toutes les familles de gens du voyage ont au moins un membre qui est passé par Montreuil-Bellay", avait rappelé le président quelques minutes plus tôt, après s'être rendu auprès de l'oeuvre commémorative "Instant nomade" de l'artiste-céramiste Armelle Benoît, un portique de huit colonnes sur lesquelles ont été gravés les patronymes de 473 familles internées.
« Travail de mémoire »

Soixante-dix ans après la libération des derniers Tsiganes internés en France, leurs descendants et les associations attendaient une reconnaissance officielle de leurs souffrances. Selon la présidence, cette visite « s'inscrit dans le travail de mémoire que le chef de l'État a engagé depuis le début de son quinquennat pour réconcilier toutes les mémoires et n'en constituer qu'une seule, celle de la France ». Montreuil-Bellay était le plus grand des 31 camps gérés par les autorités françaises jusqu'en 1946, dans lesquels furent internés entre 6 000 et 6 500 nomades.
Plus de 2 000 nomades, des Tsiganes, mais aussi des sans domicile fixe de Nantes, y furent internés de novembre 1941 à janvier 1945. Une centaine périrent. L'État avait franchi un premier pas vers la reconnaissance de la participation de la France dans cet internement familial en juillet 2010, par la voix de l'ancien secrétaire d'État aux Anciens Combattants Hubert Falco, en l'évoquant lors d'une « Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français ».
http://www.lepoint.fr/politique/holland ... tor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20161029
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