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lettre ouverte a baghdadi

Posté : 21 oct.15, 21:30
par komyo
http://www.lettertobaghdadi.com/

Résumé
1- Il est interdit en islam de promulguer des fatwas sans posséder toutes les connaissances
nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique telle que
définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie du Coran – ou
une partie d’un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l’enseignement du Coran
et des hadiths lié à cette question. En d’autres termes, il y a de stricts préalables à la fois
subjectifs et objectifs envers les fatwas et on ne peut se permettre de « piquer de-ci-delà » des
versets du Coran sortis du contexte du Coran et des hadiths pour les ériger en lois.
2- Il est interdit en Islam d’édicter des lois sur quoi que ce soit sans maîtrise de la langue arabe.
3- Il est interdit en Islam de simplifier à l’extrême des questions relatives à la charia sans tenir
compte de ce qu’en disent les savants musulmans.
4- Il est permis dans l’islam d’avoir des avis différents sur quels que soient les sujets, à l’exception
des fondements de la religion que tout musulman doit connaître.
5- Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine lorsque l’on rend un
avis juridique.
6- Il est interdit en islam de tuer des innocents.
7- Il est interdit en Islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates ; il est donc
interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires.
8- En Islam le Jihad est une guerre de défense. Elle n’est pas autorisée sans de bonnes raisons,
sans cause juste et sans des règles de conduite.
9- Il est interdit en Islam de déclarer non-musulmans des personnes sans qu’elles le déclarent
elles-mêmes ouvertement.
10- Il est interdit en Islam de faire du mal ou de maltraiter d’une quelconque façon des chrétiens
ou des « gens du Livre » .
11- Il est obligatoire de considérer les Yazidis comme des gens du Livre.
12- Est interdite en Islam la réintroduction de l’esclavage aboli par entente universelle.
13- Il est interdit en Islam de forcer des gens à se convertir.
14- Il est interdit en Islam de nier les droits de la femme.
15- Il est interdit en Islam de nier les droits des enfants.
16- Il est interdit en Islam de promulguer des punitions légales (hudud) sans suivre les procédures
qui permettent d’assurer la justice et la clémence.
17- Il est interdit en Islam de torturer.
18- Il est interdit en Islam de défigurer des morts.
19- Il est interdit en Islam d’attribuer à Dieu des actes mauvais.
20- Il est interdit en Islam de détruire les tombeaux et lieux de pèlerinage des Prophètes et des
Compagnons.
21- L’insurrection armée est interdite en Islam pour des raisons autres que celle de l’incroyance
explicite du dirigeant et son refus de laisser prier les gens.
22- Il est interdit en Islam de proclamer un califat sans le consensus de tous les musulmans.
23- La loyauté envers son pays est permise en Islam.
24- Après la mort du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui), l’Islam n’exige de
personne d’émigrer où que ce soit.
Au nom de Dieu, Celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux,
Gloire à Dieu, le Seigneur des Mondes,
Paix et Bénédictions soient sur le Sceau des Prophètes et les Messagers.
Par le jour en déclin.
Oui, l’homme est en perdition, à l’exception de ceux qui croient, et qui font de bonnes œuvres, qui
s’encouragent à rechercher la vérité et s’exhortent à la patience. (Sr 103, 1-3)
Lettre ouverte
Au Dr Ibrahim Awwad Al-Badri, alias ‘Abu Bakr Al-Baghdadi’
Aux combattants et partisans de l’ » Etat islamique autoproclamé » . La Paix et la Miséricorde de Dieu soit
sur vous.
Lors de votre sermon du 6 du mois de Ramadan, 1435 (4 juillet 2014), vous déclariez, paraphrasant Abu
Bakr Al-Siddiq: « Si vous trouvez que ce que je dis et fais est juste, alors soutenez-moi, mais si vous trouvez
que ce que je dis et fais n’est pas correct, alors conseillez moi et remettez-moi dans le droit chemin » . Ce
qui suit est l’opinion d’intellectuels via les medias. Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)
dit: « La religion c’est l’avis [qui rectifie][1].» Tout ce qui est rapporté ci-dessous s’appuie entièrement sur
les déclarations et actes des compagnons de l’ » Etat islamique » tels qu’ils les ont eux-mêmes promulgués
dans les réseaux sociaux ou dans les rapports de témoins musulmans. On a tout fait pour éviter de pures
inventions et des malentendus. En outre, tout ce qui est dit ici consiste en un résumé écrit dans un style
simple qui reflète l’opinion de la majorité écrasante des intellectuels sunnites tout au cours de l’histoire
musulmane.
Dans l’un de ses discours[2], Abu Muhammad Al-Adnani dit : « Que Dieu bénisse le Prophète Mohammed
(Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) qui a été envoyé avec l’épée de la Miséricorde à tous les
mondes.[3] »
Cette déclaration comporte une série de confusions et offre un exemple erroné. Elle est pourtant souvent
reprise par les partisans de l’ » Etat islamique » . Concernant Dieu qui a envoyé Mohammed (à lui le Salut) à
tous les mondes : « Nous ne vous avons envoyé qu’en signe de miséricorde à tous les mondes. » (AlAnbiya’,
22: 107). Cela reste vrai pour tous les temps et tous les lieux. Le Prophète (Paix et Bénédictions de
Dieu soient sur Lui) fut envoyé en signe de miséricorde aux gens, aux animaux, aux plantes, aux cieux et
aux êtres subtils, ceci, tout musulman le reconnaît. C’est une déclaration commune qui ne souffre aucunes
conditions et qui est tirée du Coran lui-même. Cependant, l’expression « envoyé avec l’épée » fait partie
d’un hadith se rapportant à une certaine époque et un certain lieu qui ne sont plus. Il est donc interdit
d’assimiler de cette façon Coran et hadiths, tout comme il est interdit de mêler le général et le particulier, le
conditionnel et l’inconditionnel. D’ailleurs, Dieu s’était présenté comme Miséricorde : « … Votre Seigneur
s’est prescrit à lui-même la miséricorde … » (Al-An’am, 6: 54). Dieu a également déclaré que Sa Miséricorde
recouvre toutes choses… « Ma Miséricorde s’étend à toutes choses … » (Al-A’raf, 7, 156). Dans un hadith
classé authentique, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit : « Quand Dieu fit la
création, il écrivit au-dessus de son trône : ‘En vérité, Ma Miséricorde surpasse Ma colère[4]’. Il est donc
interdit d’assimiler « l’épée » –et par là la colère et l’intransigeance – avec « la Miséricorde » . Il est
également interdit de faire croire que l’expression « miséricorde pour tous les peuples » s’efface devant
l’expression « envoyé par l’épée » . De plus, comment pourrait « une épée » influencer des royaumes là où
les épées n’ont aucun effet, comme dans les cieux, sur les êtres subtils et les plantes ?
Le Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) étant miséricorde, on ne peut le taxer
de l’être sous conditions pour avoir pris l’épée (à une certaine époque, pour une raison spécifique et dans un
contexte particulier). Et ceci n’est pas que de la théorie. Cela révèle justement le sens de la plupart des
choses qui vont arriver quand on assimile à tort l’épée à la miséricorde divine.
1. Théorie sur les lois (fiqh) et exégèse coranique : Parlant de l’exégèse coranique, de la
compréhension des hadiths et de la question de la théorie sur les lois en général, la méthodologie employée
par Dieu dans le Coran et par le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dans le hadith se
présente comme suit: considérer tout ce qui a été révélé sur une question particulière dans son entièreté
sans la faire dépendre d’un angle de vision puis juger – si l’on est qualifié pour le faire – en se basant sur
toutes les sources scripturaires disponibles. Dieu (il n’y a pas d’autre Dieu que Lui) dit: « Quoi, croyez-vous à
une certaine partie du Livre et vous restez incrédules sur une autre ? (Al-Baqarah, 2: 85) « . «… Ils altèrent
le sens des mots, en les sortant de leur contexte ; ils oublient une partie de ce qui leur avait été rappelé »
(Al-Ma’idah, 5: 13) ; « … ceux qui ont réduit le Coran en pièces » (Al-Hijr, 15: 91). Une fois tous les
passages scripturaires pertinents collectés, il s’agit de distinguer ce qui est ‘général’ de ce qui est
‘particulier’, ce qui est ‘sujet à conditions’ de ce qui est ‘inconditionnel’. De même faut-il distinguer entre
passages ‘en clair’ et textes allégoriques. De plus, les raisons et les circonstances de la révélation (asbab annuzul)
pour tous les passages et les versets ainsi que toutes autres conditions d’herméneutique mentionnées
par les imams classiques, doivent être bien comprises. C’est pourquoi il n’est pas permis de citer un verset
ou même une partie sans prendre en compte du sens précis que leur donnent le Coran et les Hadiths. La
raison c’est que tout ce qui est dans le Coran est vérité et tout ce qui est dans un hadith authentique est
inspiré par Dieu. Il n’est donc pas permis de trier à son gré.
Il est en effet impératif de concilier tous les textes entre eux pour autant qu’il soit possible et quand il y a
des raisons pour qu’un texte l’emporte sur un autre. C’est ce qu’explique l’imam Shafi’i dans son Al-Risalah
que rejoignent tous les spécialistes du Fiqh. L’imam al-Haramayn, Al-Juwayni, dit dans Al-Burhan fi Usul AlFiqh
: concernant les qualités requises à un mufti et les disciplines qu’il doit posséder : … il est impératif que
le mufti soit un connaisseur de la langue, pour comprendre la charia en arabe. … il est impératif qu’il soit
expert en syntaxe et en analyse grammaticale, … il est impératif qu’il connaisse bien le Coran puisque le
Coran est la base de toutes les règles fondamentales… Qu’il ait une connaissance de l’abrogation des textes
est indispensable ainsi que la science des fondements de la jurisprudence (usul), pierre angulaire de tout
l’ensemble… Il devrait aussi posséder toutes les clés pour répondre aux questions qui demandent preuves et
arguments ainsi que leurs fondements. Il leur faut également posséder la science du hadith pour être
capables de distinguer le hadith authentique du peu fiable, le correct de l’apocryphe … Il devrait être formé
à la jurisprudence… De plus, sachant qu’un « esprit de légiste » (fiqh el-nafs) est indispensable, cela devient
le propre de quiconque a affaire avec les principes de lois. Les savants musulmans ont résumé tout cela en
disant qu’un mufti est « quelqu’un qui a la maîtrise des textes et les arguments pour justifier les principes
légaux. » « Les textes » signifient qu’on soit capable de maîtriser la langue, l’exégèse coranique et la
connaissance des hadiths ; quant aux « arguments » il s’agit de posséder la théorie des lois, de raisonner
par analogie pour comprendre les divers cas et avoir l’esprit des lois (fiqh al-nafs).
Al-Ghazali a tenu un même langage dans Al-Mustasfa (Vol. 1, p.342), tout comme Al-Suyuti dans Al-Itqan fi
Ulum Al-Qur’an (Vol. 4, p.213).
2. La langue : Comme nous l’avons déjà dit, un des piliers les plus importants de la théorie des lois c’est la
maîtrise de la langue arabe. Cela veut dire, de l’arabe, maîtriser la grammaire, la syntaxe, la morphologie, la
rhétorique, la poésie, l’étymologie et l’exégèse coranique. Si l’on ne maîtrise pas ces disciplines, il est
inévitable que l’on se fourvoie. Votre déclaration de ce que vous appelez « le Califat » était intitulée « Ce
que Dieu a promis » . Celui qui a formulé cette déclaration voulait faire allusion au verset qui dit: « Dieu a
promis à ceux d’entre vous qui croient et qui pratiquent de bonnes œuvres qu’il en ferait ses lieutenants sur
la terre, tout comme Il le fit pour ceux qui vécurent avant eux. Il leur a promis aussi d’établir fermement leur
religion qu’Il lui a plu de leur donner et de changer, ensuite, leur inquiétude en sécurité. Ils m’adoreront et
ils ne m’associeront rien. Ceux qui, après cela, seront incrédules, ceux-là sont les pervers » (An-nur, 24, 55).
Mais il n’est pas permis d’invoquer un verset particulier tiré du Coran pour l’appliquer à un évènement 1400
ans après que le verset ait été révélé. Comment Abu Mohammed Al-Adnani peut-il dire que c’est la promesse
de Dieu qui se réalise dans ce qu’il appelle un califat ? Même en supposant que sa revendication soit juste, il
aurait dû dire : « ceci tient de la promesse de Dieu » . Il y a encore une autre erreur : en ce sens qu’il s’est
approprié le mot « istikhlaf » (succession) pour l’attribuer à ce qu’il appelle un califat. On peut trouver la
preuve que l’utilisation de ce mot n’est pas correcte en lisant le verset suivant: « Il dit: ‘peut-être votre
Seigneur fera-t-il périr votre ennemi et, après la disparition de celui-ci, vous fera-t-il son lieutenant pour voir
comment vous vous comporterez?’» (Al-Araf, 7, 129). Le mot « istikhlaf » (succession) signifie qu’ils se sont
installés sur la terre où vivait un autre peuple. Cela ne veut pas dire qu’ils sont les dirigeants d’un système
politique particulier. Selon Ibn Taymiyyah, il n’existe pas de tautologie dans le Coran[5]. Il y a une différence
entre « khilafah » et « istikhlaf » . Al-Tabari dit dans son exégèse (tafsir) du Coran: « il vous fera
successeurs (yastakhlifakum). Par là il veut dire: « il vous fera leur succéder sur leur terre après leur
destruction ; ne les craignez pas ni aucun autre peuple[6]. » Ceci prouve que le mot « istikhlaf » , ici, ne
signifie pas « gouvernance » mais plutôt occupation de leur terre «
3. Une simplification à outrance : Il n’est pas permis de parler constamment de « simplifier les choses »
ni de « piquer ça et là » un extrait du Coran sans l’appréhender dans tout son contexte. Il n’est pas non plus
permis de dire: « L’Islam est simple et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui), et ses
honorables Compagnons étaient simples, alors pourquoi compliquer l’islam ? » . C’est exactement ce qu’Abu
Al-Baraa’Al-Hindi a fait dans sa vidéo en ligne de juillet 2014 où il dit: « Ouvrez le Coran et lisez les versets
sur le jihad et tout deviendra clair… tous les savants me disent: « Ceci est obligatoire devant la loi (fard) ou
cela ne l’est pas et que ce n’est pas le moment pour un jihad… ignorez-les tous et lisez le Coran, vous
saurez ce qu’est le jihad » « . Les gens ont besoin de comprendre que le Prophète (Paix et Bénédictions de
Dieu soient sur Lui) et ses honorables Compagnons se sont débrouillés avec peu, sans technologie
sophistiquée, mais ils étaient plus à même que nous tous de comprendre la jurisprudence et l’esprit.
Pourtant un tout petit nombre seulement de Compagnons furent qualifiés pour promulguer des fatwas. Dieu
dit dans le Coran: « Dis: « Ceux qui savent et ceux qui ne savent pas se valent-ils ? » «(Al-Zumar, 39: 9).
Dieu dit encore: « Interrogez les gens auxquels le Rappel a été adressé, si vous ne savez pas «(Al-Anbiya’,
21: 7) ; et encore: « Si on l’avait rapporté au Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) et à
ceux qui, parmi eux, détiennent l’autorité, ceux qui parmi eux sont capables de discernement l’auraient
appris d’eux… « . (Al-Nisa’, 4: 83). Ainsi, la jurisprudence n’est pas chose facile et n’importe qui ne peut en
parler avec autorité, ni décréter des fatwas (ordonnances religieuses). Dieu dit dans le Coran: « …Mais seuls
réfléchissent ceux qui sont doués d’intelligence » (Al-Ra’d, 13: 19). Et le Prophète Mohammed (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit : « Quiconque parle du Coran sans le connaître mérite d’attendre sa
place au Feu « [7]. Il est aussi grand temps d’arrêter de dire de façon irréfléchie: « ce sont des hommes et
nous sommes hommes » ; ceux qui prétendent cela n’ont pas du tout la même appréhension et le même
discernement que les vénérables Compagnons et les imams des Pieux ancêtres (as-salaf as-saleh) auxquels
ils se réfèrent.
4. Quand les points de vue diffèrent : Il y a deux sortes de points de vue: les blâmables et les louables.
Pour ce qui diffère dans les blâmables, Dieu dit dans le Coran: « Ceux qui ont reçu le Livre ne se sont divisés
qu’après la venue de la preuve décisive. » (Al-Bayyinah, 98: 4). Quant à la différence de point de vue dans
les louables, Dieu dit : « Dieu a dirigé ceux qui ont cru à la Vérité au sujet de laquelle d’autres se sont
disputés, avec sa permission… » (Al-Baqarah, 2, 213). C’est l’opinion qui a été défendue par Al-Imam Asshafi’i
dans Al-Risalah, par les trois autres imams et tous les savants de l’islam pendant plus d’un millier
d’années. Quand il y a différence de points de vue parmi les éminents savants, on choisit le plus
miséricordieux, c’est-à-dire le meilleur. La sévérité est à éviter tout comme on devrait éviter l’idée que la
sévérité est la mesure de la piété. Dieu dit en effet : « Suivez l’excellente Révélation qui vous est parvenue
de la part de votre Seigneur … » (Az-Zumar, 39, 55) ; et aussi : « Pratique le pardon, ordonne la bonté et
tiens-toi loin des ignorants. » (Al-A’raf, 7, 199). Il dit encore : « [Ceux] qui écoutent la Parole [de Dieu] et
qui obéissent à ce qu’elle contient de meilleur, voilà ceux que Dieu dirige, voilà ceux qui sont doués
d’intelligence ! » (Az-zumar, 39, 18). Dans un hadith de source authentique, on rapporte ces mots d’Aïcha:
« Devant plusieurs choix, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) a toujours choisi le moins
sévère[8]. » . On ne devrait pas considérer le point de vue le plus sévère comme le plus pieux, le plus
religieux ou le plus conforme à Dieu. En effet, dans la sévérité il y a de l’exagération et de l’extrémisme.
Dieu dit dans le Coran : « Dieu veut pour vous la facilité, il ne vous veut pas la contrainte. » (Al-Baqarah, 2:
185). D’ailleurs, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)déclare : « Ne soyez pas sévères
avec vous-mêmes de peur que Dieu le soit envers vous. Un peuple a été sévère avec lui-même et Dieu le
leur a bien rendu[9]. Il y a de la folie des grandeurs et de la vanité dans la sévérité, car les gens sévères se
disent en eux-mêmes : « Je suis sévère, quiconque l’est moins que moi est un faible et je leur suis donc
supérieur. »
Il est évident qu’on attribue là une mauvaise intention à Dieu, comme s’Il avait révélé le Coran pour rendre
les gens malheureux. Dieu dit en effet : « Ta. Ha. Nous n’avons pas fait descendre sur toi le Coran pour te
rendre malheureux » . (Ta Ha, 20, 1-2).
Il est intéressant de noter que la plupart des gens devenus musulmans à travers l’histoire, y ont été invités
par la douceur (da’wah hasanah). Dieu dit encore : « Appelle les hommes vers les chemins de ton Seigneur
par la Sagesse et une belle exhortation ; discute avec eux de la meilleure manière. Oui, ton Seigneur connaît
parfaitement celui qui s’égare hors de son chemin, comme il connaît ceux qui sont bien dirigés. » (Al-Nahl,
16: 125). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit: “Soyez doux et méfiez-vous de la
violence et du langage grossier[10]. »
Et, alors que l’islam se répandait politiquement de l’Asie Centrale (Khurasan) à l’Afrique du Nord au gré des
conquêtes musulmanes, la majorité des habitants de ces contrées sont restés chrétiens pendant des
centaines d’années jusqu’à voir certains d’entre eux l’accepter progressivement, invités par la douceur et non
par la sévérité ou la contrainte. En effet d’immenses pays et des provinces entières devinrent musulmanes
non pas par la conquête mais par l’invitation (da’wah), ainsi en fut-il de l’Indonésie, de la Malaisie, de l’Ouest
et de l’Est de l’Afrique et autres. La sévérité n’est donc ni une marque de piété ni une manière de répandre
l’islam.
5. La jurisprudence dans les faits (fiqh al-waq’i) : Que veut-on dire par jurisprudence dans les faits ?
Il s’agit du processus à suivre pour appliquer les règles de la charia et les adapter aux réalités et conditions
que vivent les gens. Il faut pour cela connaître de l’intérieur les réalités que vivent les gens, sentir leurs
problèmes, leurs combats, leurs possibilités et ce qu’ils ont à supporter. La jurisprudence dans la pratique
(fiqh al-waq’i) étudie les textes applicables aux réalités des gens dans un temps donné et les obligations que
l’on peut repousser ou retarder jusqu’à ce qu’ils soient capables de les suivre. L’imam Ghazali dit :
« Concernant les façons de faire qui s’imposent, il n’y a pas à chercher bien loin, il suffit d’un effort
individuel de réflexion (ijtihad) pour les trouver, même si elles n’existaient pas[11].
Ibn Qayyim Al-Jawziyyah dit: “Un juriste doit comprendre la propension qu’a une population à comploter,
tromper et frauder, en plus des coutumes et traditions qui sont les siennes. Les édits religieux (fatwas)
changent avec l’époque, les lieux, les coutumes et les circonstances. Tout ceci vient de la religion de Dieu,
telle qu’elle a déjà été expliquée[12].
6. Le massacre d’innocents : Dieu dit dans le Coran : « Ne tuez pas l’homme que Dieu vous a interdit de
tuer sinon pour une juste raison » (Al-Isra, 17, 33). Il dit encore : « Dis, « Venez ! Je vous dirai ce que votre
Seigneur vous a interdit: ne lui associez rien ; soyez bons envers vos parents ; ne tuez pas vos enfants par
crainte de la pauvreté – nous vous accorderons votre subsistance avec la leur – éloignez-vous des péchés
abominables, apparents ou cachés ; ne tuez personne injustement, Dieu vous l’a interdit. Voilà ce que Dieu
vous ordonne. Peut-être comprendrez-vous » « . (Al-An’am, 6, 151). Eliminer un être vivant (quel qu’il soit)
est harram (absolument interdit par la loi musulmane) c’est aussi un des péchés les plus abominables
(mubiqat). Dieu dit dans le Coran : « Voilà pourquoi nous avons prescrit aux fils d’Israël que quiconque a tué
un homme qui lui-même n’a pas tué ni commis de violence sur terre, est considéré comme s’il avait tué
toute l’humanité ; et celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé l’humanité entière.
Nos prophètes étaient venus à eux avec des preuves irréfutables, mais, par la suite, un grand nombre
d’entre eux se mirent à commettre des excès sur terre. » (Al-Ma’idah, 5: 32). Vous avez tué de nombreux
innocents qui n’étaient ni des combattants, ni armés mais simplement parce qu’ils n’étaient pas d’accord
avec vous[13].
7. Le meurtre d’émissaires : Il est clair que toute religion interdit le meurtre d’émissaires. Ce qu’on
entend ici par émissaires ce sont les gens qui sont envoyés d’un pays à un autre pour accomplir la noble
tâche de réconciliation ou la délivrance d’un message. Les émissaires ont un statut spécial d’inviolabilité.
Voici ce que dit Ibn Masoud: «La Sunnah maintient qu’aucun émissaire ne soit jamais tué [14]« . Les
journalistes – s’ils sont honnêtes et, bien sûr, pas des espions – sont des émissaires de la vérité, parce que
leur travail est en général de présenter la vérité des faits en public. Vous avez tué sans pitié les journalistes
James Foley et Steven Sotloff, même après que la mère de Sotloff vous eût supplié et imploré de l’épargner.
Les travailleurs humanitaires sont aussi des ambassadeurs de la miséricorde et de la douceur. David Haines
en était et vous l’avez tué. Ce que vous avez fait est absolument interdit (harram).
8. Le jihad : Tout musulman voit dans le jihad quelque chose de vertueux. Dieu dit, sourate Al-Tawbah, 9,
38 : « Ô vous qui croyez, qu’avez-vous ? Lorsque l’on vous a dit : ‘élancez-vous sur le chemin de Dieu’, vous
vous êtes appesantis sur la terre. Préférez-vous la vie de ce monde à la vie future ? » Il dit encore :
« combattez sur le chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous. Ne soyez pas agressifs, Dieu n’aime pas les
agressifs » (Al-Baqarah, 2, 190) et bien d’autres versets. L’imam Shafi’i, les trois autres imams et d’ailleurs
tous les savants voient dans le jihad une obligation faite à tous (fard kifayah) et non pas une obligation
personnelle (fard ayn) du fait que Dieu a dit : « Dieu a promis à tous d’excellentes choses, mais Il préfère
les combattants à ceux qui restent chez eux et il leur réserve une grande récompense. » (An-Nisa’, 4, 95).
Le mot ‘jihad’ est un terme musulman qui ne peut s’appliquer à un conflit armé contre un autre musulman ;
c’est un principe fermement établi. De plus, tous les savants s’accordent pour dire que le jihad ne peut se
faire qu’avec le consentement de ses parents.
Preuve en est qu’un jour, un homme vint trouver le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)
pour lui demander la permission de faire le jihad, ce à quoi le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient
sur Lui)lui a rétorqué : ‘Tes parents sont-ils vivants ?’, ‘- Oui’, dit-il, ‘Alors, fais ton jihad (combat) en les
aidant.’[15]. En fait, il y a deux jihad en islam : le grand qui est un combat contre soi-même et le petit, pour
combattre son ennemi. Parlant du grand jihad, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)dit :
« Nous sommes revenus du grand jihad pour aller au petit[16]« . Si vous dites que ce hadith est de faible
authenticité ou apocryphe, vous en trouverez évidence dans le Coran lui-même : « Ne te soumets pas aux
incrédules, lutte contre eux, avec force [litt. un grand jihad]. (Al-furqan, 25, 52). Le mot “en plus” dans ce
verset nous réfère au Coran et signifie « une guérison pour ce qui est dans les cœurs » (Yunus, 10, 57). Il
se retrouve clairement exprimé dans le hadith du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui):
« Vous dirais-je ce que sont les meilleures actions et le plus bel acte de piété aux yeux de notre Seigneur, ce
sont ceux qui élèveront votre rang dans l’Au-delà, ce qui est mieux pour vous que d’acheter de l’or ou des
traites et mieux encore que de vous lancer armés à l’assaut de votre ennemi et de vous entretuer ? – ‘Oui’,
disent-ils et le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)de répondre : ‘C’est se souvenir de
Dieu’[17]« Ainsi, le grand jihad, c’est le jihad contre soi-même et l’arme c’est se souvenir de Dieu et purifier
son âme. De plus, Dieu, dans un autre verset, nous éclaire sur la relation qu’il y a entre les deux sortes de
jihad: « Ô vous qui croyez ! Soyez fermes quand vous rencontrez un ennemi, souvenez-vous de Dieu, que
vous puissiez l’emporter » . (Al-Anfal, 8, 45). Ainsi, rester ferme, tel est le petit jihad ; il dépend du grand
jihad qui est le combat contre soi-même dans le souvenir de Dieu et la purification de l’âme. De toute façon,
le jihad est un chemin qui mène à la paix et à la sécurité et non une fin en soi. Dieu a des paroles claires :
« Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez de
combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193).
Dans votre discours du 4 juillet 2014, vous dites : « Il n’y a pas de vie sans jihad. » Vous vous basez peut-
être sur l’exégèse d’Al-Qurtubi du verset suivant : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et à son Prophète,
quand il vous appelle à ce qui vous fait vivre… » (Al-Anfal, 8: 24). Un vrai jihad vivifie le cœur. Mais il peut y
avoir vie sans jihad, car des musulmans peuvent passer une vie entière sans être appelés à combattre ou
sans avoir à faire appel au jihad. L’histoire musulmane en regorge d’exemples.
De fait, vous êtes, vous et vos compagnons, d’intrépides combattants prêts à vous sacrifier dans votre
course au jihad. Tout ceux qui suivent fidèlement les évènements, qu’ils soient amis ou ennemis, le
reconnaissent. Mais un jihad sans raisons, ni buts, ni méthodologies, ni intentions légitimes, n’est pas un
jihad mais relève plutôt d’une propagande belliciste et du crime.
a. L’intention derrière le Jihad: Dieu dit : « L’homme ne possédera que ce qu’il aura acquis par
ses efforts. » (Al-Najm, 53: 39). La tradition prophétique rapporte que sous l’autorité de Abu Mussa
Al-Ash’ari, un homme vint trouver le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) pour lui
dire : ‘De celui qui combat par zèle, par courage ou par orgueil, lequel des trois est dans la voie de
Dieu ? Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)répondit : ‘Quiconque combat pour
que l’emporte la Parole de Dieu est dans la voie de Dieu. [18] Le Prophète (Paix et Bénédictions de
Dieu soient sur Lui)dit encore : « Le premier qui sera jugé au jour de la Résurrection c’est celui qui
est mort en martyr. Il sera présenté à Dieu qui lui fera connaître ses talents et il les reconnaîtra. Il
lui demandera : ‘Qu’est ce que tu en as fait ?’ A quoi il répondra : ‘J’ai combattu pour vous jusqu’à
en mourir’. Dieu dira : ‘Tu mens. Tu as combattu pour qu’on puisse dire de toi que tu es courageux
et c’est ce qui est arrivé’. Il sera ensuite ôté de sa Face et jeté au Feu… » [19]
b. La raison derrière le Jihad: la raison qui pousse les musulmans au jihad c’est lutter contre
ceux qui les attaquent et non pas attaquer quelqu’un qui ne les as pas attaqués, ni faire violence
contre quelqu’un qui ne leur a pas fait de mal. Les mots de Dieu qui permettent le jihad sont les
suivants: « Toute permission est donnée de se défendre à ceux qui ont été attaqués parce qu’ils ont
été opprimés injustement. Dieu est tout à fait capable de les aider ; et ceux qui ont été chassés
injustement de leurs maisons pour avoir seulement dit : ‘Notre Seigneur est notre Dieu’. Si Dieu
n’avait pas permis à certains de repousser d’autres hommes, des ermitages auraient été démolis,
des synagogues, des oratoires et des mosquées où le nom de Dieu est largement invoqué. Oui, Dieu
sauvera ceux qui l’assistent. Dieu le Fort, le Puissant. » (Al-Hajj, 22: 39-40). C’est ainsi que le jihad
est lié à la sécurité, à la liberté de religion, à ceux qui ont subi du tort, qui ont été chassés de leurs
terres. Ces deux versets ont été révélés après que le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient
sur Lui)et ses Compagnons aient été torturés, massacrés et persécutés durant 13 ans sous les coups
d’idolâtres. Il n’existe donc aucun jihad offensif ou agressif pour la simple raison qu’on a une religion
ou des opinions différentes. C’est la position d’Abu Hanifa, les imams Malik et Ahmed et tous les
autres savants y compris Ibn Taymiyyah à l’exception de quelques savants de l’école chafiite[20]
c. Le but du Jihad: Les savants en islam s’accordent sur le but du jihad car Dieu dit :
« Combattez-les jusqu’à la fin de la révolte et que le culte de Dieu soit rétabli. S’ils s’arrêtent, cessez
de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193). Le Prophète (Paix et Bénédictions de
Dieu soient sur Lui)dira plus tard : « Il m’a été demandé de combattre des gens jusqu’à ce qu’ils
disent : ‘Il n’y a pas de dieu hormis Dieu. Si donc quelqu’un dit : ‘Il n’y a pas de dieu, hormis Dieu’, il
est sauvé lui et ses biens en dehors de ce que permet la loi, et il est estimé de Dieu[21]. Tel est le
but du jihad quand la guerre est engagée contre des musulmans. Ces textes disent ce qu’est la
victoire dans le cas où les musulmans l’emportent ; ils précisent que la raison de faire le jihad ne
doit pas se confondre avec son but. Le hadith cité plus haut se rapporte à un évènement qui a déjà
eu lieu et qui se réfère à la Parole de Dieu : « C’est Lui qui a envoyé son Messager avec la direction
et la religion vraie pour la faire prévaloir sur toute autre religion. Dieu se suffit comme témoin. » (AlFath,
48: 28). Cet évènement a eu lieu dans la péninsule arabique au temps du Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui), car Dieu dit : « … afin que tu avertisses la Mère des cités [Umal-Qura]
et ceux des environs… (Al-An’am, 6: 92) ; et aussi: “ Ô vous qui croyez! Combattez ceux
des incrédules qui sont près de vous… » (Al-Tawbah, 9: 123). Le Prophète (Paix et Bénédictions de
Dieu soient sur Lui)dit également : « Sortez les idolâtres de la péninsule arabique [22]« . Comment
ceci n’a-t-il pas pu se passer quand Dieu promet au Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient
sur Lui): « C’est Lui qui a envoyé son Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)avec la
direction, la religion vraie, pour la placer au-dessus de tout autre religion, en dépit des
polythéistes. » (Al-Saff, 61: 9). Ce qu’on entend ici se passe dans la péninsule arabique au temps du
Prophète. De toute façon, si les commandeurs du jihad voit que c’est dans l’intérêt des musulmans,
il leur est permis de cesser le combat, même si le but n’a pas été atteint, car Dieu dit : « … S’ils
s’arrêtent, cessez de combattre, sauf contre les malfrats. «(Al-Baqarah, 2: 193) Preuve en sont les
évènements de Sulh al Hudaybiyyah.
d. Le code de conduite du jihad: Le code de conduite du jihad se résume dans les propos du
Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui): « Mène la guerre mais ne sois pas sévère, ni
traître, ne mutile ni ne tue des enfants[23]… » . Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur
Lui)a dit encore, le jour de la conquête de la Mecque: « Vous ne devez pas tuer, ni blesser, ni faire
du mal à ceux qui battent en retraite et quiconque ferme sa porte sera sauf.[24]« . De même, quand
Abu Bakr As-saddiq mit sur pied une armée et l’envoya au Levant il déclara : « Vous trouverez des
gens qui se sont dévoués à la vie en monastères, laissez-les à leurs dévotions. Vous en trouverez
d’autres qui ont le diable en têtes (les diacres armés[25]), coupez-leur le cou. Mais ne tuez pas les
vieux et les perclus, ni les femmes ou les enfants ; ne détruisez pas les maisons, ne coupez pas les
arbres, ne vous attaquez pas au bétail sans bonnes raisons, ne brûlez pas, ni ne noyez les palmiers,
ne soyez pas des traîtres ni des lâches, ne mutilez pas, ne pillez pas. Alors Dieu soutiendra ceux qui
l’honorent Lui et Ses messagers alors qu’ils ne Le voient pas. Dieu est le Fort et le Puissant[26]. »
Quant à l’exécution des prisonniers, la loi islamique l’interdit. Et pourtant vous avez tué de nombreux
prisonniers y compris les 1700 du Camp Speicher à Tikrit en juin 2014, les 200 sur le champ
pétrolier de Sha’er en juillet 2014, les 700 de la tribu des Sha’etat à Deir el-Zor, (dont 600 civils nonarmés).
Vous avez tués 250 prisonniers sur la base aérienne de Tabqah à Al-Raqqah en août 2014
ainsi que des militaires kurdes et libanais et tant d’autres dont on a rien dit mais que Dieu connaît.
Ce sont là de haineux crimes de guerre. Si vous vous recommandez du Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui)qui aurait tué des prisonniers au cours de batailles, sachez qu’il
n’en a ordonné l’exécution que de deux, à la bataille de Badr : Uqbah ibn Abi Mu’ayt et Nadr ibn AlHarith.
C’était des chefs de guerre et des criminels et l’exécution de criminels de guerre est admise
dans le cadre des lois de la guerre. C’est ce qu’a fait Saladin en prenant Jérusalem et ce qu’ont fait
les alliés au procès de Nuremberg après la 2eguerre mondiale. Quant aux dizaines de milliers de
prisonniers qui tombèrent sous la juridiction du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur
Lui) au cours des dix ans qui furent le théâtre de 29 batailles, il n’a pas exécuté un seul soldat
régulier. Bien mieux, il confia qu’ils avaient été traités avec clémence. [27]
Le commandement de Dieu concernant les prisonniers et les prisonniers de guerre se lit ainsi: « …
Puis vous choisirez entre les libérer ou les rançonner… » (Mohammed, 47, 4). Dieu commande que
les captifs et les prisonniers de guerre soient traités avec dignité et respect : « Ils nourrissaient le
pauvre, l’orphelin et le captif, pour l’amour de Dieu. » (Al-Insan, 76: 8). C’est un fait que la Sunna
du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui) revendique le pardon et l’amnistie pour les
captifs, comme on peut le voir durant la conquête de la Mecque quand le Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui)déclara : « Je le dis comme mon frère Joseph l’a dit : ‘Il n’y aura
aucun reproche ce jour’ Allez, vous êtes libres ! [28] » Finalement, un des plus grands principes sur
la façon de mener le jihad c’est qu’on ne peut tuer que des combattants. On ne peut attenter
intentionnellement à la vie de leurs familles ou de n’importe quel civil. Si vous voulez prendre en
exemple ce qu’a dit le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)quand on lui a demandé
si les personnes collatérales au combat et les femmes tuées en même temps que les idolâtres, voici :
« Ils en font partie » [29]. Il faut savoir que ce hadith se rapporte à la mort d’innocents par accident
et qu’il ne peut en aucune façon signifier que tuer intentionnellement des innocents – comme dans
des bombardements – soit permis. Et quand Dieu dit : « … sois dur avec eux… » (Al-Tawbah, 9: 73)
; et: ‘… qu’ils vous trouvent durs…’ (Al-Tawbah, 9: 123), il s’agit d’un temps de guerre et non pas
après.
9. Décréter des gens non-musulmans (takfir) : Il s’est créé une confusion à propos du mot takfir, suite
à l’exagération de quelques maîtres salafistes en matière de takfir (décréter quelqu’un non-musulman) et en
poussant à l’extrême ce que Ibn Taymiyyah et Ibn Al-Qayyim en ont présenté. En bref, on peut résumer le
takfir comme suit :
a. Dans la quintessence de l’islam, quiconque déclare: « Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et
Mohammed est le Prophète de Dieu » , est musulman et ne peut pas être déclaré non-musulman.
Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Lorsque vous vous engagez dans le chemin de Dieu, soyez lucides et
ne dites pas à celui qui vous offre la paix : ‘Tu n’es pas croyant !’Vous rechercheriez ainsi les biens
de la vie de ce monde ; mais le butin est abondant auprès de Dieu. Vous vous comportiez ainsi
autrefois : Dieu vous a accordé sa grâce, soyez lucides ! Dieu est bien informé de ce que vous
faites ! » (Al-Nisa’, 4: 94). La signification du ‘soyez lucides’ dans le verset ci-dessus revient à poser
la question: ‘Etes-vous musulmans ?’ La réponse est à prendre dans sa valeur nominale sans vouloir
questionner ou éprouver leur foi. De plus, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur
Lui)dit : « Malheur à vous, regardez ! Une fois que je serai mort, ne revenez pas à l’incroyance, et à
vous entretuer[30] » . Il dit encore : « Quiconque dit : ‘Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu’ se sauve
lui-même et ses biens, excepté ce qui est permis par la loi, et il est apprécié de Dieu[31] » . Ibn
Omar et Aïcha ont dit : « Il n’est pas permis de déclarer les gens de la Qiblah non-musulmans[32]. »
b. Cette question est de la plus haute importance car on l’invoque pour justifier le meurtre de
musulmans, pour violer leur intégrité et usurper leurs biens et leurs droits. Dieu dit: « Quiconque tue
volontairement un croyant aura l’enfer en rétribution ; il y séjournera et y encourra la colère de Dieu
qui le maudit et lui prépare un châtiment terrible » . (Al-Nisa’, 4: 93). Le Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui), ajoute : « Qui dit à son frère: ‘Ô mécréant, cela arrivera
certainement à l’un d’entre vous[33]. » Dieu s’est élevé, dans des termes on ne peut plus sévères,
contre celui qui tue quelqu’un qui confesse l’islam : « S’ils se tiennent à l’écart, s’ils ne combattent
pas contre vous, s’ils vous offrent la paix, Dieu ne vous donne plus alors aucune raison de lutter
contre eux. (Al-Nisa’, 4: 90). Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)s’oppose à ce
qu’on accuse des gens d’être polythéistes et de lever l’épée contre eux : « Celui que vous devez
craindre le plus c’est celui qui a lu le Coran…, qui l’a mis de côté, jeté derrière lui et qui a levé l’épée
contre son voisin, l’accusant de polythéisme[34]. »
Il n’est pas permis de tuer un musulman (ni non plus tout être humain) sans arme et hors du
combat. Usamah Ibn Zayd nous dit qu’après avoir tué un homme qui lui avait dit : « Il n’y a d’autre
dieu que Dieu » , le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)lui posa la question : « Il
t’a dit ‘Il n’y a d’autre dieu que Dieu’ et tu l’as tué ? «Je lui répondis : « Ô messager de Dieu, il l’a
simplement dit de peur de passer par nos armes. » Le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient
sur Lui)lui dit: «As-tu pu lire dans son cœur pour savoir s’il le pensait vraiment ? « [35]. Il y a peu de
temps, nous avons pu voir sur une vidéo de Youtube Shaker Wahib, membre de ce que l’on
connaissait alors sous le nom d’Etat islamique de l’Iraq et du Levant (ISIL) arrêter des civils nonarmés
qui se déclaraient musulmans. Il leur a demandé combien de prostrations (raka’ahs) il y avait
dans les prières rituelles. Comme ils n’avaient pas su répondre, il les a tués[36], un crime
abominable, absolument interdit pas la loi musulmane.
c. Les actions des hommes sont liées aux intentions qui sont derrière. Le Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui) dit: « Les actions valent par leur intention et chacun méritera en
fonction de l’intention qu’il a eue[37]. » . De plus, Dieu dit : « Quand les hypocrites viennent à toi, ils
disent : ‘Nous attestons que tu es le Prophète de Dieu !’ Et Dieu sait que tu es son Prophète, et Dieu
atteste que les hypocrites sont menteurs. » (Al-Munafiqun, 63: 1). C’est ainsi que Dieu considère les
mots des hypocrites sur le message du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)– fait
incontestable –comme des mensonges vu que leur intention en le disant était de mentir. C’est un
mensonge puisque leur bouche a prononcé une vérité que, Dieu le sait, leur cœur rejette. Ce qui
veut dire que pour renier Dieu il faut en manifester l’intention et pas seulement lâcher des mots ou
poser des actes. Il n’est pas permis d’accuser quelqu’un d’incroyance sans avoir la preuve qu’il le fait
délibérément. Il n’est pas non plus permis d’accuser quiconque d’être non-musulman sans s’assurer
de son intention. Il est, après tout, possible que quelqu’un ait été contraint, qu’il ne sache pas, qu’il
soit aliéné ou qu’il se soit mal exprimé. Il a pu aussi mal interpréter une question. Dieu dit: « Celui
qui renie Dieu après avoir cru – non pas celui qui subit une contrainte et dont le cœur reste en paix
dans la foi – celui qui, délibérément, ouvre son cœur à l’incrédulité, la colère de Dieu est sur lui et
un terrible châtiment l’atteindra. » (Al-Nahl, 16: 106).
Il est interdit de faire des interprétations sur les conséquences des actes que posent les autres ;
seule la personne elle-même peut les interpréter, surtout quand il y a différences d’opinion à ce
sujet parmi les musulmans. Il est également interdit de déclarer quelqu’un non-musulman (takfir)
sur la base d’un élément sur lequel il y a différences d’opinion parmi les savants musulmans. Il est
interdit de déclarer non-musulman un peuple tout entier. C’est individuellement que l’on est
incroyant par les actes que l’on pose et l’intention qui les fondent. Dieu dit : « Nul ne portera le
fardeau d’un autre. » (Al-Zumar, 39: 7). Enfin, ceux qui savent leur entourage incroyant ou qui
refusent de les appeler non-musulmans, il est interdit de les dire non-musulmans.
La raison pour laquelle cette question a été longuement travaillée c’est que vous avez distribué les
livres de Mohammed ben Abdel-Wahhab dès que vous avez atteint Mossoul et Alep. De toute façon,
les savants, y compris Ibn Taymiyyah et Ibn Al-Qayyim Al-Jawziyyah font la distinction entre les
actes de l’incroyant (kafir) et le fait de déclarer des gens non-musulmans (takfir). Même si quelqu’un
pose des gestes dignes d’un incroyant, on ne peut, pour les raisons déjà citées, dire qu’il est
incroyant. Al-Dhahabi[38] rapporte que son maître, Ibn Taymiyyah, avait l’habitude de dire à la fin
de sa vie : « Je ne déclare aucun membre de la Ummah non-musulman. … Le Prophète dit :
‘Quiconque fait ses ablutions est un croyant’. C’est pourquoi je dis, qui observe ses prières avec ses
ablutions est un musulman. »
Ceci est très important. En effet, le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)dit :
« Le chirk subtil, (chirk = associer des dieux à Dieu) c’est quand un homme se met en position de
faire sa prière et fait le beau pour qu’on le voit prier[39].» Il appelle donc l’ostentation dans la prière
le chirk subtil, qui est un petit chirk. Ce petit chirk auquel succombent certains fidèles n’est pas
considéré comme une association d’idolesmajeure, il ne conduit pas au takfir ni à quitter l’islam. A
part les prophètes et les messagers, tous les autres adorent Dieu comme ils le peuvent et non
comme Dieu le mérite. Dieu dit : « Ils n’apprécient pas Dieu à sa juste mesure… » (Al-An’am, 6: 91).
Et aussi : « Ils vont t’interroger sur l’Esprit. Dis : ‘L’Esprit procède du commandement de mon
Seigneur.’ Et il ne vous a été donné que peu de science…’ » (Al-Isra’, 17: 85). Et pourtant Dieu
accepte cette adoration. Mais on ne peut concevoir la nature de Dieu parce que: « Rien n’est
semblable à Lui » (Al-Shura, 42: 11) et encore : « Le regard des hommes ne peut l’atteindre, mais
Lui scrute les regards. » (Al-An’am, 6: 103). On ne connaît rien de Lui si ce n’est ce qu’Il a dévoilé
dans la révélation (al-wahy) ou transmis au Prophète Mohammed (Paix et Bénédictions de Dieu
soient sur Lui) : « Son Esprit, il le lance sur qui il veut parmi ses serviteurs … » (Ghafir, 40: 15).
Alors comment pourrait un homme lever l’épée contre les autres simplement parce qu’il pense qu’ils
n’adorent pas Dieu comme Il le mérite ? Aucun n’adore Dieu comme Il le mérite si ce n’est avec sa
permission. Plus fondamentalement encore, la question du chirk chez les Arabes est discutable,
comme le dit le Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui): « Le démon a perdu espoir
de voir les Arabes de la Péninsule l’adorer, mais il cherche à semer la discorde parmi eux.[40] »
10. Les gens du Livre: Aux Arabes chrétiens, vous avez donné trois choix: la jizyah (l’impôt), l’épée ou la
conversion à l’islam. Vous avez peint leurs maisons en rouge, détruit leurs églises et en certains endroits,
saccagé leurs demeures et leurs propriétés. Vous en avez tués et vous avez forcé à l’exil beaucoup d’autres
avec rien d’autre sur le dos que ce qu’ils portaient. Ces chrétiens ne sont pas de ceux qui ont combattu
l’islam, ni de ceux qui l’ont attaqué. Au contraire, ce sont des amis, des voisins, des concitoyens. Dans la
perspective de la Chari’a, ils tombent tous sous des accords ancestraux qui remontent à 1400 ans et les lois
du jihad ne s’appliquent pas à eux. Certains ont même combattu dans les rangs de l’armée du Prophète
(Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)contre les Byzantins et sont, depuis, citoyens de l’Etat de
Médine. D’autres bénéficient d’accords passés au temps d’Omar Ibn Al-Khattab, de Khalid Ibn Al-Walid, des
Umayyades, des Abbassides, des Ottomans et leurs régimes respectifs. Bref, ce ne sont pas des étrangers
sur ces terres, bien au contraire, ils sont originaires de ces lieux depuis les temps préislamiques. Ce ne sont
pas des ennemis, mais des amis. Pendant 1400 ans, ils ont défendu leurs pays en guerroyant contre les
Croisés, les colons, Israël et les autres… Alors comment pouvez-vous les traiter en ennemis ? Dieu dit dans
le Coran : « Dieu ne vous interdit pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à
cause de votre foi et ne vous ont pas expulsés de chez vous. Traitez-les avec bonté et commercez avec eux
dans l’équité. Dieu aime les justes.» (Al-Mumtahanah, 60: 8).
Parlant de la jizyah, il faut dire qu’il y a deux sortes de jizyah dans la chari’a (loi islamique): La 1ère jizyah
est celle qu’on lève sur des sujets qui ‘viennent d’être battus’. Elle s’applique à ceux qui ont combattu l’islam
comme le dit la Parole de Dieu : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ni au Jour dernier, ceux qui ne
déclarent pas illicite ce que Dieu et son Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui)ont déclaré
illicite, ceux qui, parmi les gens du Livre, ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils
paient le tribut de la jizya après s’être soumis » . (Al-Tawbah, 9: 29). Comme il est dit dans un verset
précédant cette sourate, ceux là sont ceux qui ont précédemment attaqué les musulmans : « Ne
combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments et cherché à expulser le Prophète ? N’ont-ils pas
attaqué les premiers ? En aurez-vous peur ? Alors que Dieu mérite plus qu’eux d’être redouté, si vous êtes
croyants ? (Al-Tawbah, 9: 13)[41].
La 2ème sorte de jizyah est celle qu’on lève sur ceux qui n’ont pas combattu l’islam. Elle remplace la zakat
(dont seuls s’acquittent les musulmans et qui est plus élevée que la jizyah). Elle procède d’un engagement
sans contrainte. Omar Ibn Al-Kattab convint de l’appeler « geste de charité » (sadaqah). La jizyah est alors
déposée dans le trésor public et distribuée aux citoyens y compris aux chrétiens, comme cela s’est fait
durant le califat d’Omar[42].
11. Les Yazidis : Vous avez combattus les Yazidis sous la bannière du jihad mais ils n’avaient attaqué ni
vous ni les musulmans. Vous les avez considérez comme des possédés du démon et leur avez donné le choix
de la mort ou de la conversion forcée à l’islam. Vous en avez tués des centaines et les avez enterrés dans
des fosses communes. Vous avez fait mourir et souffrir des centaines d’autres. Sans l’intervention des
Américains et des Kurdes, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards auraient été tués. Ce
sont là d’horribles crimes. Selon la législation de la Chari’a, ce sont desMages et le Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui)dit: « Traitez-les comme les gens du Livre[43]« . Oui, ce sont des gens
du Livre car Dieu dit : « Le Jour de la Résurrection, Dieu distinguera les uns des autres : les croyants, les
Juifs, les Sabéens, les Chrétiens, les Mages et les polythéistes. Dieu est témoin de tout. » (Al-Hajj, 22: 17).
Même si vous doutez qu’ils soient des gens du Livre, selon la législation de la Chari’a, nombreux sont parmi
les Vénérés Anciens à les assimiler à ces Mages dont il est fait mention dans les Hadiths. Les Umayyades
considéraient même les Hindous et les Bouddhistes comme des dhimmis. Al-Qurtubi dit : «‘Al-Awza’I a dit:
“La jizyah est levée sur ceux qui adorent les idoles et le feu, ainsi que sur les incroyants et les agnostiques.”
C’est également la position des malékites. Selon l’Imam Malik, on prélevait la jizyah sur tous les adorateurs
d’idoles et les incroyants, qu’ils soient arabes ou non … exception faite des apostats.[44]
12. L’esclavage : Il n’est point de savants de l’islam qui mettent en cause que les visées de l’islam soient
d’abolir l’esclavage. Dieu dit en effet : « Et comment savoir quelle est la barre à dépasser ? C’est racheter un
captif, nourrir un proche en temps de famine » (Al-Balad, 90: 12-14) et encore: «… [Leur peine, ce sera]
d’affranchir un esclave avant de cohabiter à nouveau…. » (Al-Mujadilah, 58: 3). La Sunna du Prophète
rapporte qu’il libéra tous les esclaves hommes et femmes de sa maison ou qui lui avaient été remis[45].
Pendant plus d’un siècle, les musulmans, et pratiquement le monde entier se sont ligués pour interdire et
criminaliser l’esclavage, ce qui fut un pas énorme dans l’histoire de l’humanité. Le Prophète (Paix et
Bénédictions de Dieu soient sur Lui)dit en parlant du ‘Pacte des Vertueux’ d’avant l’islam au temps de la
Jahiliyyah : « Si on m’avait demandé de l’accomplir en islam, je l’aurai fait[46]. Après un siècle d’accord entre
musulmans sur l’interdiction de l’esclavage, vous l’avez violé. Vous avez pris des femmes pour en faire vos
concubines faisant ainsi renaître conflits, séditions (fitnah), corruption et obscénité sur la terre. You avez
ressuscité ce que la Chari’a avait infatigablement travaillé à supprimer et qu’elle considère unanimement
interdit depuis plus d’un siècle. Oui, tous les pays musulmans du monde ont signé des conventions
antiesclavagistes. Dieu dit : « Tenez vos engagements car les hommes seront interrogés sur leurs
engagements. » (Al-Isra’, 17: 34). Vous portez la responsabilité d’un grand crime ainsi que toutes les
réactions qu’il peut imputer aux musulmans.

comme le forum est limité en nombre de caractère, suite et fin :
http://www.lettertobaghdadi.com/wp-cont ... french.pdf

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 09 nov.15, 02:42
par 'Abd asSalam
Tu es converti(e) Komyo ?

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 10 nov.15, 07:19
par komyo
je prie dans ma tradition

De même que le soleil brille toujours au-dessus des nuages, le Bouddha universel dispense constamment ses enseignements. Mais notre coeur est soumis aux perturbations de l’ ignorance et des passions, alors nous ne pouvons pas le percevoir. C’est comme l’aveugle qui ne voit pas la lumière du soleil ou comme le sourd qui n’entend pas le bruit du grand tonnerre ».

« Le coeur des êtres est comme le bouton de lotus, le coeur du Bouddha est comme la pleine lune ».

« L’enseignement du Bouddha n’est pas loin, il est dans notre propre coeur, il est tout près. Le Satori n’existe pas en dehors de nous. Ou donc pourrions-nous le trouver sinon à l’intérieur de nous-mêmes ! qu’il s’agisse d’illusion ou d’illumination, c’est de l’illusion ou de l’illumination de notre propre coeur qu’il s’agit ».

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 27 déc.15, 09:52
par Seleucide
komyo a écrit :8- En Islam le Jihad est une guerre de défense. Elle n’est pas autorisée sans de bonnes raisons,
sans cause juste et sans des règles de conduite.
Ceci est un mensonge.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 27 déc.15, 09:59
par Yacine
Oui le Jihad peut être défensif dans ce cas il est obligatoire pour tout musulman individuellement, et offensif pour les conquêtes, et cela selon ce qu'a décidé le souverain.

Mais sinon ce n'est pas Al-Baghdadi qui dirige Daech il a été placé juste comme façade, les vrais dirigeants sont la junte des anciens Baasistes.

Mais sinon j'ai pas trouvé dans la liste qu'il est interdit aux Occidentaux et leur amis chiites de massacrer les musulmans.
1- Il est interdit en islam de promulguer des fatwas sans posséder toutes les connaissances
nécessaires. Même alors, ...
Parce que ceux qui ont promulguer cette liste absurde en connaissent quelque chose ?
2- Il est interdit en Islam d’édicter des lois sur quoi que ce soit sans maîtrise de la langue arabe.
C'est quoi l'utilité de ce point ici ?
3- Il est interdit en Islam de simplifier à l’extrême des questions relatives à la charia sans tenir
compte de ce qu’en disent les savants musulmans.
Qui parmi les savons, ceux d'Al Saoud par exemple ?
4- Il est permis dans l’islam d’avoir des avis différents sur quels que soient les sujets, à l’exception
des fondements de la religion que tout musulman doit connaître.
Ok
5- Il est interdit dans l’islam d’ignorer la réalité de l’époque contemporaine lorsque l’on rend un
avis juridique.
On sait où vous voulez en venir, mais vous avez tord.
6- Il est interdit en islam de tuer des innocents.
Ok
7- Il est interdit en Islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates ; il est donc
interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires.
Bien sûr.
8- En Islam le Jihad est une guerre de défense. Elle n’est pas autorisée sans de bonnes raisons,
sans cause juste et sans des règles de conduite.
Faux.
9- Il est interdit en Islam de déclarer non-musulmans des personnes sans qu’elles le déclarent
elles-mêmes ouvertement.
Faux. Les hypocrite se disaient musulmans, les chiites aussi.
10- Il est interdit en Islam de faire du mal ou de maltraiter d’une quelconque façon des chrétiens
ou des « gens du Livre » .
Qu'ils soient gent du Livre ou pas.
11- Il est obligatoire de considérer les Yazidis comme des gens du Livre.
Et qui a décidé cela ?
12- Est interdite en Islam la réintroduction de l’esclavage aboli par entente universelle.
L'universel pratique encore l'esclavage, seulement sous d'autres formes.
13- Il est interdit en Islam de forcer des gens à se convertir.
Ok
14- Il est interdit en Islam de nier les droits de la femme.
Le droit de sortir en bikini par exemple ?
15- Il est interdit en Islam de nier les droits des enfants.
Celle là m'a tué.
16- Il est interdit en Islam de promulguer des punitions légales (hudud) sans suivre les procédures
qui permettent d’assurer la justice et la clémence.
Ok
17- Il est interdit en Islam de torturer.
Affirmatif.
18- Il est interdit en Islam de défigurer des morts.
Oui.
19- Il est interdit en Islam d’attribuer à Dieu des actes mauvais.
Mauvais, c'est à dire ?
20- Il est interdit en Islam de détruire les tombeaux et lieux de pèlerinage des Prophètes et des
Compagnons.
Par contre le Hadith Sahih est clair la dessus. Vous avez appris votre religion d'où ?
21- L’insurrection armée est interdite en Islam pour des raisons autres que celle de l’incroyance
explicite du dirigeant et son refus de laisser prier les gens.
*$!§%??
22- Il est interdit en Islam de proclamer un califat sans le consensus de tous les musulmans.
Oui.
23- La loyauté envers son pays est permise en Islam.
Oui, mais envers l'Islam avant.
24- Après la mort du Prophète (Paix et Bénédictions de Dieu soient sur Lui), l’Islam n’exige de
personne d’émigrer où que ce soit.
Faux, la Hijra est même obligé sous certains circonstances.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 27 déc.15, 10:05
par Seleucide
Affirmer que le jihad n'est que purement défensif est un mensonge. Ça en dit long sur l'honnêteté des rédacteurs de cette lettre.

Pour l'origine de l'État islamique, son fonctionnement, ses soubassements, je n'en sais pas grand-chose.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 27 déc.15, 20:51
par komyo
Seleucide a écrit :Affirmer que le jihad n'est que purement défensif est un mensonge. Ça en dit long sur l'honnêteté des rédacteurs de cette lettre.

Pour l'origine de l'État islamique, son fonctionnement, ses soubassements, je n'en sais pas grand-chose.

peut etre que des musulmans, a moins de penser qu'ils sont un corps homogène, ont l'impression que le jihad est purement défensif.
A défaut de leur prêter des intentions, il vaudrait mieux leur poser la question directement ! Il doit bien y avoir un ou plusieurs fils sur le sujet ! :)
Je pense que les réponses seraient diverses, du coup dire ceci est comme cela ou cela est comme ceci, me semble une généralisation.
Au delà, un certain courant s'emploie a répéter ad nauséum que les musulmans ne disent rien quand des massacres sont perpétrées au nom de leur religion, et quand ils s expriment on leur fait un procès d'intention !
Cela ressemble plus a un règlement de compte entre doctrine (interreligieux ?) qu'a quelque chose de vraiment objectif.
conclusion j'apprécie ce courrier pour ce qu'il véhicule de positif, le reste que le jihad soit défensif ou non, n'est pas vraiment le sujet, ni ma tasse de thé ! :hi:

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 01:51
par Seleucide
6- Il est interdit en islam de tuer des innocents.
TetSpider a écrit :Ok
Mais les infidèles et les polythéistes sont-ils innocents ? Ne sont-ils pas ingrats et pervers ? N'ont-ils pas fauté envers leur créateur, et envers leur nature profonde (fitra) ? Tout cela pour dire que la vision de l'innocence n'est pas si... innocente que cela dans la religion musulmane, et plus spécifiquement dans le Coran. Moi, je dirais plutôt qu'il est interdit de tuer en dehors de la Loi dans une optique musulmane. Le Coran est très clair sur le sujet : il n'est pas interdit de tuer, mais de tuer injustement.
10- Il est interdit en Islam de faire du mal ou de maltraiter d’une quelconque façon des chrétiens
ou des « gens du Livre » .
TetSpider a écrit :Qu'ils soient gent du Livre ou pas.
Concernant les gens du Livre, il est interdit de les tuer s'ils sont dhimmis uniquement. Sinon, l'interdit tombe. Maintenant, je ne crois pas que la maltraitance soit autorisé dans la religion musulmane, hormis l'autorisation de battre ses femmes, évidemment. Tu as donc raison sur ce point là.
11- Il est obligatoire de considérer les Yazidis comme des gens du Livre.
TetSpider a écrit :Et qui a décidé cela ?
Je suis d'accord.
komyo a écrit :peut etre que des musulmans, a moins de penser qu'ils sont un corps homogène, ont l'impression que le jihad est purement défensif.
La question n'est pas de savoir ce qu'ils pensent. La question est de savoir s'ils ce qu'ils disent est conforme à la religion et à la tradition et à la théologie musulmane ou non.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 02:05
par Yacine
Seleucide a écrit :Mais les infidèles et les polythéistes sont-ils innocents ? Ne sont-ils pas ingrats et pervers ? N'ont-ils pas fauté envers leur créateur, et envers leur nature profonde (fitra) ? Tout cela pour dire que la vision de l'innocence n'est pas si... innocente que cela dans la religion musulmane, et plus spécifiquement dans le Coran. Moi, je dirais plutôt qu'il est interdit de tuer en dehors de la Loi dans une optique musulmane. Le Coran est très clair sur le sujet : il n'est pas interdit de tuer, mais de tuer injustement.
Personne n'est parfaitement innocent sur cette terre, hormis les enfants (chez vous non) et les animaux. Mais il y a rien en Islam qui stipule que voila, c'est un infidèle ou un polythéistes, alors on peut la tuer.
Concernant les gens du Livre, il est interdit de les tuer s'ils sont dhimmis uniquement. Sinon, l'interdit tombe.
Non. Même certains érudits avance que pour ceux qui font pas parti des gens du Livre, ils ont le choix entre se convertir ou mourir, c'est loin d'avoir l’unanimité, et ça n'a jamais été pratiqué dans toute l’histoire musulmane.
Maintenant, je ne crois pas que la maltraitance soit autorisé dans la religion musulmane, hormis l'autorisation de battre ses femmes, évidemment. Tu as donc raison sur ce point là.
Fait pas le rigolo. La torture pour arracher les aveux sont interdite en Islam. Chez vous ça été comment ?

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 02:44
par Seleucide
TetSpider a écrit :Personne n'est parfaitement innocent sur cette terre, hormis les enfants (chez vous non) et les animaux
Les enfants sont pécheurs, mais irresponsables, par conséquent non-coupables et donc innocents.
TetSpider a écrit :Mais il y a rien en Islam qui stipule que voila, c'est un infidèle ou un polythéistes, alors on peut la tuer
Ce qui est sûr, c'est que la valeur de la vie d'un infidèle qui n'est pas dhimmi est nulle :
  • « Tout incroyant qui ne paye pas la djizya et n’appartient pas à un peuple dont les relations avec l’État islamique sont réglées par traité, ou qui est musta’rim est halāl al-dam (à tuer sans craindre de punition) et peut à n’importe quel moment être tué par un Musulman sans qu’il y ait lieu à kisās ou obligation de payer la diya ou de donner la kaffāra. Cette prescription n’est que la conséquence de la loi du djihād, et Muhammad lui-même en a souvent fait usage. »
    Source : Schacht J., art. "Ḳatl.", Encyclopédie de l’Islam, t. IV, 1978, p. 803.

    La notion de musta'rim est celle d'un sauf-conduit accordé à un non-Musulman du dar al-Harb pour pouvoir aisément voyager et commercer dans le dar al-Islam sans craindre pour sa vie. Le kisas, c'est simplement le droit du talion. Concernant la diya, il s'agit d'une quantité de biens déterminés dues pour cause d'homicide commis injustement sur la personne d'autrui. Enfin, la kaffara n'est rien d'autre qu'un terme coranique évoquant un acte expiatoire et propitiatoire à travers lequel des fautes d'une certaine grandeur sont remises.
On peut donc, suivant le droit musulman, tuer tout infidèle sans aucun problème, car il ne vaut rien. Évidemment, un tel point de vue s'enracine directement dans le Coran qui n'hésite pas à assimiler les incrédules à des bêtes, de veules bestiaux (sourate 7, aya 179 par exemple). Ibn Kathir, célèbre autorité en matière de tafsir, n'hésite pas à commenter ainsi : « Ces gens-là «sont ni plus ni moins que des bêtes» qui n’entendent pas la voix de la vérité, ne la conçoivent pas et ne voient pas la bonne voie. Ils sont comme des bêtes du troupeau qui ne cherchent, par leur organes, que ce qui leur assure leur subsistance [...] Quant à l’impie parmi les hommes, les bêtes sont meilleures que lui, voilà le sens des paroles divines: «Que dis-je, ils sont plus égarés encore que des bêtes! Tel sont les insouciants ». La vérité, c'est qu'ils sont nombreux les versets du Coran développant une solide hostilité et alimentant une haine vis-à-vis des infidèles et de l'infidélité en général. Les incroyants sont tours à tours qualifier d'impuretés (9, 28), voire même des pires de toutes la création. Tu comprends bien, qu'ils sont ingrats envers leur créateur, et pervers puisqu'ils déforment et pervertissent profondément leur nature même, et ce pour quoi ils ont été créés, à savoir honorer et adorer Allah. « Le Kufr [l'infidélité] », remarque ainsi Abul Ala Maudoudi, « n’est pas simplement une tyrannie, il est, à tout le moins, pure rébellion, ingratitude, infidélité [...] Le serviteur qui trahit son maître, l’officier qui se tourne contre son pays, celui qui dupe son bienfaiteur, sont tous des traîtres. Mais que dire de la traîtrise, de l’ingratitude de l’incroyant, du Kâfir ? »

Tu peux ajouter à cela toutes les exhortations théologiques visant à lutter dans le chemin d'Allah, à combattre les infidèles, les pervers, les ingrats, les hypocrites, etc, et tu arrives aisément à des massacres sans nom tels qu'on en connait aujourd'hui encore. Je ne vais pas te faire l'insulte de citer ces versets-là, tu dois les connaître mieux que moi. Honnêtement, affirmer que l'Islam n'invite pas à tuer des infidèles (des harbi plus précisément, selon le droit musulman) précisément parce qu'ils sont infidèles, à cause de leur être même, c'est se moquer du monde.
TetSpider a écrit :Même certains érudits avance que pour ceux qui font pas parti des gens du Livre, ils ont le choix entre se convertir ou mourir, c'est loin d'avoir l’unanimité, et ça n'a jamais été pratiqué dans toute l’histoire musulmane
La théorie est une chose et la pratique une autre. En théorie, les polythéistes et les athées et ceux plus généralement qui ne font pas parti des gens du Livre ont le choix une fois vaincu entre la conversion et la mort ou l'esclavage pour les femmes et les enfants. Ça n'est pas une question débattue, et contrairement à ce que tu affirmes, ça fait l'unanimité dans toutes les écoles de droit.

  • « Quant aux non-scripturaires, notamment les idolâtres, cette demi-mesure [= la dhimma accordée aux gens du Livre] est exclue, d’après l’opinion de la majorité : leur conversion à l’Islam est obligatoire sous peine de mise à mort ou de réduction en esclavage. »
    TYAN E., art. "Ḏj̲ihād" in « Encyclopédie de l’Islam », t. II, Brill, 1965, pp. 551-553.


    « S’agissant de polythéistes, ou bien d’Arabes ayant apostasié la Religion, on ne devra leur laisser qu’une seule alternative : la conversion ou l’extermination, en vertu de C., 93/II, 187/19 [...] En théorie, il y a consensus sur le droit de mettre à mort les hommes qui refusent de faire Islam, exception faite des Détenteurs de l’Écriture, si ceux-ci consentent à verset tribut et à subir le statut de "protégés". »
    MORABIA A., « Le Gihad dans l’Islam médiéval », Albin Michel, 1993, Paris, p 225-226, 232.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 03:03
par Yacine
Le fait qu'on soit assimilé à des bêtes comme Jésus assimilait les gens à des chiens ou des porcs ne donne pas le droit de tuer, car après tout l'Islam n'est pas une secte fermé comme le Judaïsme, mais une religion qui prêche tout le monde. On Islam on cherche à prêcher et a faire sortir les gens des ténèbres et non à tuer du monde. Il faut donc arrêter de caricaturer et réduire les faits à des images que vous voulez façonner. Si l'Islam s'est répandu dans sa grande part par les conquêtes, il l'a aussi fait par les prêche et la Daawa, notamment en Afrique, en Asie centrale et en Asie du sud-est. Donc non, que vous vouliez ou pas, il y a rien en Islam qui dit que celui qui n'est pas musulman et non-pactisant, on peut le tuer.
La théorie est une chose et la pratique une autre. En théorie, les polythéistes et les athées et ceux plus généralement qui ne font pas parti des gens du Livre ont le choix une fois vaincu entre la conversion et la mort ou l'esclavage pour les femmes et les enfants. Ça n'est pas une question débattue, et contrairement à ce que tu affirmes, ça fait l'unanimité dans toutes les écoles de droit.
Que tu veuilles ou non c'est pas vrai, et la preuve dans les faits. En Inde par exemple, elle n'a pas été toujours islamique tout juste avant que les Britanniques débarquent. Pourquoi ils n'ont pas massacré tout le monde pour ne laisser que les musulmans, chrétiens et juifs. Dans le monde arabo-musulman même, ces Yazidis qui ont subi la hargne des Daech, que ce qui a fait qu'ils ont pu subsister jusqu'à maintenant ? Je connais même un groupe idolâtre comme ça en Afghanistan je me rappelle plus le nom. Donc tes ramassis de citation, ce qu'on appelle dans le jargon arabe le bûcheron nocturne ; c'est la nuit il voit rien mais il coupe tout ce qui lui tombe à la mains, en croyant qu'il va pouvoir se chauffer avec.

Ah j'ai oublié, tu connais la règle en Islam et la liste de ceux qu'on doit pas toucher à eux lors des conquêtes ?

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 08:55
par Seleucide
TetSpider a écrit :Le fait qu'on soit assimilé à des bêtes comme Jésus assimilait les gens à des chiens ou des porcs
Déjà, la comparaison entre Jésus assimilant les païens à des chiens et le Coran assimilant les infidèles à des bêtes n'a pas lieu d'être.

D'abord, parce que qualifier les païens de chiens est traditionnel dans le judaïsme : notre Seigneur possédait les us et coutumes de son propre peuple, son histoire et sa culture, et ne fait ici que s'exprimer en juif. Ensuite, parce le récit, si tant est qu'il soit historique, détient un enseignement qu'il ne faut pas négliger : la pointe de l'histoire ne réside pas en effet dans le qualificatif que le Christ offre à cette femme, mais dans le fait que celle-ci ait réussi à... lui montrer qu'elle avait raison ou plus précisément, à lui faire prendre conscience de certaines choses. Nouus savons bien qu'une telle dénomination va à l'encontre du fond et du sens même de l'enseignement du Christ.

Concernant le Coran, la chose est toute autre. Qu'Allah puisse qualifier les pécheurs, ceux qui ne croient pas et sont égarés de chiens, de bêtes, d'affirmer qu'ils ne sont qu'impuretés et certainement les pires de la création (sic !), voilà qui pose éminemment problème. Est-ce là une attitude que l'Être suprême, parfait, constant, au-delà de toutes passions, de tous besoins et de toute imperfections peut avoir ? Il est bien évident que non. Donc, de deux choses l'une : soit Dieu n'a pas prononcé ces mots, soit il vous faut relativiser et abandonner la littéralité et la révélation au profit de l'inspiration et du contexte. C'est à toi de choisir. Ensuite, la comparaison avec le Christ est inepte, car l'enseignement de celui-ci n'invite pas à haïr les païens, les non-juifs ou les non-chrétiens : au contraire même, il nous faut les bénir, les aimer, les aider. Le prochain chrétien n'est pas chrétien, mais universel. Au contraire du Coran, donc, qui incite à la haine contre ceux qui ne croient pas, qui développe une hostilité et une répugnance radicale envers les infidèles, les dévalorisant à chaque instant, et qui exhorte à les combattre pour plaire à Allah.
Ibid a écrit :ne donne pas le droit de les tuer
J'ai simplement voulu montrer que la haine de l'infidèle plonge directement racine dans le Coran. Il est évident que qualifier quelqu'un de bête, et même d'être en-dessous de la bête, de lui affirmer en face qu'il fait parti des pires choses de la création, pour autant que ce soit dégradant, n'est pas forcément un appel au meurtre, c'est vrai. Les appels à la guerre sainte, par contre, sont également présent dans le Coran (dois-je citer les versets exhortant à lutter contre les infidèles ?), dans la sunnah (inutile d'évoquer les traditions et l'exemple du prophète, j'imagine) et surtout dans le droit islamique. C'est l'évidence même.
Ibid a écrit : car après tout l'Islam n'est pas une secte fermé comme le Judaïsme, mais une religion qui prêche tout le monde [...] On Islam on cherche à prêcher et a faire sortir les gens des ténèbres et non à tuer du monde.
D'abord, le judaïsme n'est pas une secte fermée, mais une religion nationale.

Pour le reste, il me faut préciser mes propos car je sens qu'il y a une incompréhension dans ce que tu en as retiré. Il est évident que l'Islam appelle au jihad, il faudrait être malhonnête pour le nier. Pour autant, nous savons bien que la fin du jihad ne réside pas, et je suis catégorique ici, dans la destruction de la vie des infidèles mais plutôt dans la destruction de l'infidélité en général. Il reste cependant vrai que la destruction de l'infidélité peut parfois passer par celle des infidèles. Maintenant, le jihad est une chose : le statut de l'infidèle dans le Coran et le droit musulman en est une autre. J'ai démontré ici même que l'infidèle était plus bas que les animaux, et les pires de la création d'un point de vue coranique. J'ai montré que, s'il n'était pas dhimmi et soumis à la pax islamica, on pouvait juridiquement le tuer en toute impunité. De toute évidence, je le répète ici, la valeur même de la vie d'un infidèle est nulle : plus bas qu'un animal et les pires de la création selon Allah, qui les maudit, s'insurge contre eux et appelle à les combattre (je ne vais pas te faire l'insulte de citer les passages en question), le droit juridique musulman n'a fait que suivre le sens de ces préceptes lorsqu'il a décrété que sa valeur était nulle :

  • « On désigne par ce terme [harbi] tout infidèle ou polythéiste, résidant en Dâr al-Harb et qui, partant, n’est lié à l’Islam par aucune convention. Il se trouve, aux yeux de la Loi, dépourvu de tout droit et de toute protection. En principe, on peut impunément verser son sang, et s’emparer de ses biens sans être inquiété. »
Ibid a écrit : Si l'Islam s'est répandu dans sa grande part par les conquêtes, il l'a aussi fait par les prêche et la Daawa, notamment en Afrique, en Asie centrale et en Asie du sud-est.
Mais également par la pression sociale et économique, et la démographie.
Ibid a écrit :Donc non, que vous vouliez ou pas, il y a rien en Islam qui dit que celui qui n'est pas musulman et non-pactisant, on peut le tuer
Il y a le droit musulman, qui le dit.
Ibid a écrit :Pourquoi ils n'ont pas massacré tout le monde pour ne laisser que les musulmans, chrétiens et juifs.
L'Inde est une région qui est connue pour avoir profondément douillé durant les invasions islamiques. Les massacres n'ont fait que succéder aux massacres. Renseigne-toi.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 09:55
par Yacine
Seleucide a écrit :D'abord, parce que qualifier les païens de chiens est traditionnel dans le judaïsme : notre Seigneur possédait les us et coutumes de son propre peuple, son histoire et sa culture, et ne fait ici que s'exprimer en juif. Ensuite, parce le récit, si tant est qu'il soit historique, détient un enseignement qu'il ne faut pas négliger : la pointe de l'histoire ne réside pas en effet dans le qualificatif que le Christ offre à cette femme, mais dans le fait que celle-ci ait réussi à... lui montrer qu'elle avait raison ou plus précisément, à lui faire prendre conscience de certaines choses. Nouus savons bien qu'une telle dénomination va à l'encontre du fond et du sens même de l'enseignement du Christ.
Tu n'as rien dis au final si ce n'est de confirmer ce que votre Jésus a fait, de traiter les gens qui sont pas juifs, directement et face à face de chien. Ce que le Prophète n'a jamais fait à personne. Car même si le Coran compare les incrédules à des bêtes, c'est seulement parce que les bêtes elle, au moins invoquent Dieu, mais certains hommes refusent. Voila la différence entre une humiliation directe faite à une femme qui demandait de l'aide et une reproche et une attrapade qui appelle les gens à faire attention à leur sort.
J'ai simplement voulu montrer que la haine de l'infidèle plonge directement racine dans le Coran. Il est évident que qualifier quelqu'un de bête, et même d'être en-dessous de la bête, de lui affirmer en face qu'il fait parti des pires choses de la création, pour autant que ce soit dégradant, n'est pas forcément un appel au meurtre, c'est vrai. Les appels à la guerre sainte, par contre, ...
Par contre quoi ? Le Coran lui même appelle à être bienfaisant envers les mécréants parmi les gens du Livre ceux qui ne sont pas injuste et discuter avec eux avec la meilleur façon, lui même autorise le musulman d'épouser une juive ou une chrétienne. Est ce que tu imagines que ce mari musulman doit traiter sa femme de chienne, ses beau-parents ou ses beau-frères ? votre Jésus par contre l'a fait. Chaque chose est mise dans son contexte. Si un chrétien et juif va lire le Coran il doit être confronté à la vérité la plus brute, mais pour ce qui est du rapport du musulmans avec ses proches, ses voisins ou ses camarades juifs et chrétiens c'est autre chose.

J'allais oublier les parents non-musulmans.
J'ai montré que, s'il n'était pas dhimmi et soumis à la pax islamica, on pouvait juridiquement le tuer en toute impunité.
Faut aussi préciser qu'un infidèle non pactisé est forcement sur un territoire non-islamique, et ce qui est hors territoire islamique n'est pas soumis à la juridiction islamique. Ce qui est dans la pratique. Par contre si tu révises un peu la jurisprudence tu trouveras qu'un infidèle qui obtient asile chez un seul musulman devient un pactisé d’emblée. Mais si il entre en infraction alors les choses se compliquent forcement, et cela dans tous les lois du monde.
Mais également par la pression sociale et économique, et la démographie.
Peut être, mais économique comment avec des gens de l'Asie qui ne perdent rien dans leur commerce avec les Arabes mais plutôt ces derniers qui vont en perdre. Social je vois pas comment.
L'Inde est une région qui est connue pour avoir profondément douillé durant les invasions islamiques. Les massacres n'ont fait que succéder aux massacres. Renseigne-toi.
Il y a eu des tumultes surement, comme avec les juifs en Andalousie, avec les chrétiens en Proche Orient, ou avec les chiites idolâtres. Mais crois moi, si on aurait cherché à décimer du monde on l'aurait fait sans que nous ayons à rendre les comptes à qui que ce soit. Mais on fait pas ça, on fait pas comme vous.

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 28 déc.15, 11:30
par indian
Est-ce une lettre destinée à l'Anglo caché derriere ce pseudonyme de Baghdadi?

Re: lettre ouverte a baghdadi

Posté : 29 déc.15, 01:13
par Seleucide
TetSpider a écrit :Tu n'as rien dis au final si ce n'est de confirmer ce que votre Jésus a fait, de traiter les gens qui sont pas juifs, directement et face à face de chien
Il l'a fait selon l'évangile de Marc ou de Matthieu, c'est incontestable. Je ne le nie pas. Maintenant, j'ai simplement démontré que ça n'avait pas le même sens ni la même incidence et conséquence que lorsque le Coran qualifie les infidèles de veules bêtes, pires créatures de toute la création. C'est seulement ce qui compte.
TetSpider a écrit :Car même si le Coran compare les incrédules à des bêtes, c'est seulement parce que les bêtes elle, au moins invoquent Dieu, mais certains hommes refusent.
Il ne les compare pas, il les assimile à des bêtes. Que voilà un bel exemple de déshumanisation, n'est-ce pas ? Peut-être faut-il être croyant pour être humain, dans l'optique d'Allah ? Après tout, les infidèles sont profondément injustes, pervers et ingrats, n'est-ce pas ?
Ibid a écrit :Le Coran lui même appelle à être bienfaisant envers les mécréants parmi les gens du Livre ceux qui ne sont pas injuste et discuter avec eux avec la meilleur façon, lui même autorise le musulman d'épouser une juive ou une chrétienne [...] Chaque chose est mise dans son contexte.
Précisément. Tu ne sembles pas comprendre que le Coran s'est construit sur plusieurs années, avec des situations parfois réellement différentes. La phase mecquoise n'est pas l'égale de la phase médinoise. Or, Médine l'emporte en sorte que ses enseignements, notamment dans le rapport qu'il faille avoir avec les infidèles, l'emporte sur ceux de la Mecque. C'est l'exégèse islamique de base.
Ibid a écrit :Si un chrétien et juif va lire le Coran il doit être confronté à la vérité la plus brute, mais pour ce qui est du rapport du musulmans avec ses proches, ses voisins ou ses camarades juifs et chrétiens c'est autre chose.
C'est évident. Mais ce qui pose problème, c'est d'une part les potentiels appels au meurtre présents dans la révélation, et d'autre part qu'une attitude aussi profondément dégradante, humiliante et imparfaite puisse être attribuée à Dieu. Par ailleurs, nous sommes ici pour discuter de théologie, non de psychologie ou de sociologie.
Ibid a écrit :Par contre si tu révises un peu la jurisprudence tu trouveras qu'un infidèle qui obtient asile chez un seul musulman devient un pactisé d’emblée.
L’amân est un droit de sauf conduit accordé à l’harbî, permettant de jouir d’une relative sécurité à des fins commerciales. Il n'y a pas d'asile ou quoi que ce soit de ce genre, seulement un réalisme mercantile pratique.
Ibid a écrit :Peut être, mais économique comment avec des gens de l'Asie qui ne perdent rien dans leur commerce avec les Arabes mais plutôt ces derniers qui vont en perdre. Social je vois pas comment.
La société islamique est profondément inégalitaire, et discriminante.