Janot a écrit :Il faut tout de même voir le grec original, qui dit "et ne nous conduis pas sur le chemin de l'épreuve" (Mtt 6,13 : "kai mè eisenegkès emas eis peirasmon).
Pardonnez-moi de reprendre le sujet avec rigueur, n'est-ce pas.
D'abord, bien sûr, le Pater Noster (nous disons en latin parce que c'est la seule langue officielle de l'Église catholique) est la tradition orale, tout est tradition ORALE dans les 4 évangiles, Jésus n'ayant jamais écrit son enseignement bien qu'il ait enseigné et transmis quantité de ses grâces divines, comme de chasser des démons, guérir, etc.
Le Pater Noster est dans 3 évangiles partiellement noté, dans St Matthieu comme vous nous le rappelez précisément au chapitre VI, versets 7 à 13, dans St Luc au chapitre XI, à partir du verset 2, et dans l'évangile selon St Jean de façon mystique par étapes approfondies. Ce qui fait tout de même simplement par les écrits déjà une bonne vue d'ensemble de cette perfection divine.
Comme le grec n'a jamais été le langage ni de Jésus-Christ ni des Douze, c'était l'araméen, et encore le dialecte tout particulier et vulgaire de Galilée assez catastrophique il faut bien le reconnaître, (les remarques critiques dans les évangiles sont nombreuses à ce sujet), les traducteurs prirent le grec parlé dans l'ancien empire d'Alexandre le Grand, grec vulgaire dit de la koïné, et c'est pire que tout. Un peu comme si on chantait un opéra de Mozart avec du rap en américain...
Donc le prince des traducteurs, St Jérôme de Stridon au V siècle, s'offusqua qu'on ait encore des torchons de traductions des évangiles dans ce grec vulgaire épouvantable, possédant lui-même un original de St Matthieu en hébreu, admirablement recopié, et proposa au Pape bien sûr de retranscrire dans un latin le plus beau qui soit, l'empire étant devenu romain et le grec vulgaire abandonné pour le latin médiéval désormais (et non plus antique).
St Jérôme travailla d'une part avec des originaux que nous n'avons plus, hébreux et araméens, d'autre part suivi l'araméen parlé de Jésus et conservé dans ses dits mémorisés, et enfin nettoya toutes les erreurs et confusions en accord avec la tradition de l'Église puisqu'il n'y en avait qu'une, bien sûr, celle de Pierre.
Le Pater Noster est inchangé depuis 2000 ans en araméen, que vous pouvez vite apprendre à réciter, l'Église le permet et y encourage depuis toujours, ou le dire complètement tel que le dit Jésus-Christ, et non en bribes anecdotiques de souvenirs dans les évangiles.
Évidemment les langues modernes n'existaient pas, le français commença un usage prudent au XVII siècle du Pater Noster, et cela n'a de cesse de changer parce que le français ne convient pas avec le sens original. Là encore, c'est l'avis personnel d'un homme, notre pape sans l'infaillibilité pontificale qui ne s'y porte pas, et il est permis toujours de dire le Pater Noster toujours en latin, ou dans la variante française que vous savez, c'est largement suffisant.
Ce grec fautif hautement ne sera repris, oublié, qu'avec Luther pour s'opposer à l'Église, choix sulfureux et provocateur. On rappelle que Jésus parla avec Pilate, romain parlant latin, et que le totulus crucis écrit de la main même de Pilate, était en latin, puis traduit encore en hébreu et en grec rapidement. INRI est du latin antique, le latin est largement dans les évangiles, notamment celui de St Marc qui a une structure gramlaticale latine et absolument pas grecque.
Il y a aussi la façon de se dire, d'abord comme tout juif, Jésus se signait, mais lui par un signe inconnu qu'on comprendra plus tard après sa Passion, être une croix.