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AVONS-NOUS UNE RÉVÉLATION DE LA PART DE DIEU ?

Posté : 20 déc.03, 20:31
par francis
AVONS-NOUS UNE RÉVÉLATION


DE LA PART DE DIEU ?

[Autrement dit : La Bible est-elle une révélation de Dieu, ou non ?]

Les oracles de Dieu leur ont été confiés... — Rom. 3:2





Table des matières :
1 Besoin d’un révélation de Dieu
1.1 Importance d’avoir une révélation de Dieu authentique
1.2 Pas de révélation de Dieu parmi les hommes — paganisme, philosophes, Islam, chrétienté
1.3 La révélation de Dieu trouvée dans Sa Parole (La Bible)
2 Attaques contre la Bible
2.1 La Parole de Dieu démolie par les savants
2.2 La Parole de Dieu rejetée par le clergé au profit des spéculations incrédules
3 La Parole de Dieu dans la Bible : une évidence pour les simples
3.1 Comment l’Ancien Testament a été formé
3.2 Ce que la Bible affirme sur elle-même : une imposture n’est pas croyable
3.3 Christ affirmant la vérité et l’autorité de l’Écriture
3.4 Les apôtres confirment partout l’authenticité de l’AT
3.4.1 Épîtres de Paul
3.4.2 Écrits de Jean
3.4.3 Discours et épîtres de Pierre
3.4.4 Évangile de Matthieu
3.4.5 Ce qui ressort des écrivains du NT : authenticité des écrits et des écrivains
3.5 L’AT : De grands desseins de Dieu en rapport avec l’homme, ou la petite histoire d’un petit peuple
3.6 La loi et les ordonnances n’ont pas fait l’objet d’un développement graduel
3.6.1 De Josué à Samuel
3.6.2 Ce qui croit, c’est la lumière prophétique
3.6.3 Pas de prophètes réformateurs
3.6.4 Des ordonnances élaborées dès le début
3.6.5 Le Deutéronome : son but et ses particularités
3.6.6 Le temple d’Ézéchiel
3.6.7 Le livre de la loi au temps de Josias
3.6.8 Une lumière croissante, mais non pas un développement de la loi
4 Les noms de Dieu : la théorie des sources élohistes et jéhovistes
4.1 Cette théorie ignore les noms de Dieu pour une relation particulière
4.2 Les divers noms de Dieu en rapport avec les diverses relations
4.3 Dieu comme Père pour les chrétiens
4.4 Le Très Haut
4.5 Les noms de Dieu dans le Ps. 91
4.6 Le nom de Jéhovah = l’Éternel – Dieu d’Abraham
4.7 Le nom de Élohim
4.8 Différents noms de Dieu dans le NT
4.9 Différents noms de Dieu dans les écrits de Jean
4.10 Noms de Dieu dans les Psaumes
4.11 Noms de Dieu dans Job, les Proverbes et l’Ecclésiaste
4.12 Noms de Dieu dans la Genèse
4.13 Les rationalistes contestent tout miracle, y compris l’inspiration divine
4.14 Ou bien l’AT est inspiré de Dieu, ou bien c’est une imposture (pas de milieu)
4.15 L’AT forme un tout dont la perfection est saisie quand Dieu ouvre l’intelligence
5 Être chrétien et douter de la Bible comme donnée de Dieu : est-ce cohérent ?
6 La révélation donnée de Dieu, est aussi communiquée de Dieu
7 Unité de l’Écriture
7.1 Unité de pensée entre AT et NT : un seul et même plan directeur
7.2 Le dessein de Dieu à la base de l’unité de la Bible
7.3 Un plan de Dieu unique et complet vu dans les principes moraux et le développement historique de la Bible
7.3.1 L’homme responsable et l’Homme en qui les promesses de Dieu s’accomplissent (Genèse et NT)
7.3.2 Promesses inconditionnelles, puis des conditions introduites avec la loi
7.3.3 Accomplissement des promesses en Christ sur le fondement de la pure grâce (laquelle s’étend aux Gentils)
7.3.4 Place de la loi dans le plan de Dieu — La justification par la foi
7.4 Unité de dessein et de pensées divines dans divers sujets de l’Écriture
7.4.1 Christ le Fils de l’homme
7.4.1.1 Les souffrances qui devaient être la part de Christ et les gloires qui suivraient — Christ, et les croyants attendant la gloire, dans un monde ennemi
7.4.1.2 Souffrances et gloire de Christ selon les Ps. 2 et 8 et les citations du NT
7.4.1.3 Souffrances et gloires de Christ, selon Daniel et Ps. 80
7.4.1.4 Souffrances et gloires du Fils de l’hmme selon les Évangiles
7.4.1.4.1 Matthieu, Marc et Luc
7.4.1.4.2 Jean
7.4.1.4.3 Vérités manifestées par ces souffrances et ces gloires de Christ
7.4.1.5 Souffrances et gloire de Christ selon Actes 7 et Apocalypse
7.4.2 Unité de dessein et de pensées divines dans divers sujets de l’Écriture : les fêtes d’Israel
7.4.2.1 La Pâque
7.4.2.2 La Pentecôte
7.4.2.3 La fête des Tabernacles
7.4.3 Unité de dessein et de pensées divines dans les sacrifices et les types
7.4.4 Unité de dessein et de pensées divines dans l’histoire du peuple
7.4.5 Encore les sacrifices
7.5 Unité de dessein et de pensées divines dans des parties de l’Écriture à plusieurs auteurs
7.5.1 Les Évangiles : origine, auteurs, inspiration, effets sur le coeur et la conscience
7.5.1.1 Matthieu : Messie, Emmanuel, Jéhovah, Fils de Dieu, présenté à Israël avec tous les principes qu’il apportait, et rejeté pour faire place à des conseils plus profonds et à un salut plus excellent
7.5.1.2 Marc
7.5.1.3 Luc : la grâce qui atteint au delà des promesses à Israël ; le Fils de l’homme en qui cette grâce est venue
7.5.1.4 Jean
7.5.1.5 Scène finale de la vie du Seigneur dans les évangiles
7.5.2 Unité de dessein et de pensées divines dans les Psaumes
7.5.3 Enseignements de Pierre, Paul et Jean : leurs spécificités, mais le même évangile
7.6 Témoignages extérieurs sur l’unité de l’Ancien Testament
8 Conclusion

1. 1 Besoin d’un révélation de Dieu
1. 1.1 Importance d’avoir une révélation de Dieu authentique
Voici évidemment une question de toute importance : Avons-nous une révélation de la part de Dieu ; une communication de ses pensées sur laquelle nous puissions nous appuyer avec sécurité ? Existe-t-il quelque chose de positif, qui soit connu avec certitude et qui me permette de dire : J’ai la vérité de Dieu ? Ai-je de la part de Dieu une révélation de sa pensée, authentique et revêtue d’autorité, une révélation par laquelle Dieu lui-même me dise ce qu’Il est ?

2. 1.2 Pas de révélation de Dieu parmi les hommes — paganisme, philosophes, Islam, chrétienté
Je ne puis avoir de confiance en l’homme. L’homme qui n’a pas eu une telle révélation, est plongé, dans la dégradation la plus complète et la plus profonde. Je ne puis me fier à l’église ou aux docteurs. Église et docteurs ont leur histoire, et l’on sait ce qu’elle est. De nos jours, ils sont comme un roseau qui se brise en perçant la main qui s’y appuie. De quel côté donc me tourner pour trouver la vérité que je puisse aimer, sur laquelle je puisse me reposer et dont je puisse dire : Voilà ce que Dieu m’a donné et qui me vient de lui-même ? Pour cela deux choses sont nécessaires : d’abord une révélation de la part de Dieu, car si tout homme est menteur, là sera la vérité. Ensuite il faut que cette révélation soit communiquée d’une manière authentique, afin que je puisse compter sur elle.
C’est un fait que, sans une révélation, les hommes n’ont connu ni Dieu, ni son caractère.
Le paganisme universel, civilisé ou non, en est la preuve. Les hommes n’ont pas aimé garder la connaissance de Dieu, quand il leur a été révélé. On ne saurait prétendre que le culte de Lingam et de Yoni, des chats, des singes et des fétiches, soit une vraie connaissance de Dieu. Toutes ces religions diverses prouvent que l’homme a besoin d’un Dieu, et qu’il ne peut s’en passer ; mais, en même temps, elles sont la démonstration qu’il lui est impossible de trouver Dieu, ou qu’il ne veut pas le recevoir.
Voici donc comment la question se présente : Je regarde autour de moi pour trouver Dieu et sa vérité. Le paganisme ne peut me conduire à Lui ; il déifie les passions de l’homme et le pousse à la dernière dégradation. Je ne vois parmi les païens aucun homme qui ne soit dépourvu de sens moral.
On objectera peut-être Platon et ce qu’il dit de Dieu. Qu’enseigne-t-il donc en réalité ? Le communisme le plus grossier. Ce qu’il veut, c’est la communauté des femmes et de tout ; pour lui, hommes et femmes ne sont destinés qu’à procréer des citoyens pour la république. Le Dieu suprême, suivant lui, ne peut entrer en communication directe avec la créature ; c’est par l’intermédiaire des démons, ou médiatement peut-être par le Logos. Chose étrange à dire, Platon a été, avec les rabbins, l’inventeur du purgatoire, et la dernière forme de sa doctrine a donné naissance à l’arianisme.
Trouverai-je la vérité parmi les mahométans avec leur paradis de houris là-haut et le glaive ici-bas ? Le Koran, même pour l’observateur le plus superficiel, n’est qu’une misérable imposture, un amas de prétendues révélations inventées suivant l’occasion qui les faisait naître. Le Koran ou «l’épée» n’est pas une révélation de Dieu, si ce n’est comme plaie judiciaire infligée à la chrétienté.
Les Juifs ne peuvent me parler de Dieu, rejetés de Lui comme ils le sont, suivant leurs propres Écritures. Apprendrai-je à le connaître chez les jésuites, dont les intrigues troublent toutes les nations sous le ciel ? Sera-ce auprès du pape, dont l’infaillibilité n’est crue que par ses partisans les plus grossièrement ignorants, et à laquelle l’histoire donne le démenti le plus éclatant ? Irai-je me prosterner devant les idoles d’or qui représentent la mère de Dieu, comme l’on dit, et qui sont érigées en public partout où il y a possibilité de le faire ? Est-ce là que mon âme trouvera son lieu de repos ?
Me tournerai-je vers les protestants ? Mais le plus grand nombre de leurs docteurs, sur la plupart des points, ne suivent que leur raison. Du puseyisme au libéralisme, j’ai le choix, parmi eux, entre les opinions et les hérésies sans nombre qui se contredisent et se détruisent l’une l’autre. Me dira-t-on qu’il y a un accord réel entre les diverses professions de foi évangéliques des grands corps protestants ? Je ne l’admets pas entièrement ; Luther ne le pensait pas. Elles s’accordent presque toutes sur un point : la régénération baptismale. Mais quand je demande si les docteurs croient aux formulaires qu’ils signent, il n’y en a pas un ; ce sont pour eux des choses surannées.

3. 1.3 La révélation de Dieu trouvée dans Sa Parole (La Bible)
Que dois-je faire ? Dire avec Pilate : Qu’est-ce que la vérité ? puis me laver les mains en désespoir de cause et abandonner Christ à ses ennemis ? Non ; nous avons la Parole de Dieu sur laquelle nous pouvons nous appuyer.

2. 2 Attaques contre la Bible
1. 2.1 La Parole de Dieu démolie par les savants
Ah ! enfin j’ai trouvé quelque chose : Dieu révélé d’une manière digne de Lui ! Mais voici le coup le plus cruel ; — ce n’est pas, me dit-on, la parole de Dieu. C’est une compilation de diverses traditions et documents faite quelque sept ou huit siècles après le temps où elle prétend avoir été écrite ; documents et traditions tirés Dieu sait d’où (mais ne venant pas de Lui), et composés Dieu sait par qui. Ce livre, affirme-t-on, se compose en partie d’une loi mise au jour sept ou huit cents ans après l’époque où l’on dit qu’elle fut écrite, quelques-uns de ses documents étant reconnus comme existant peut-être déjà à cette date ; en partie de prétendues prophéties rassemblées par quelque compilateur et mises fréquemment sous le nom de quelqu’un auquel elles n’appartiennent pas. Un long conflit, dit-on, a subsisté entre l’élément moral et l’élément cérémoniel ou sacerdotal, mais le premier a triomphé au temps d’Esdras, et seulement alors, bien que, selon ce qu’on affirme, les Israélites n’eussent jamais eu la loi telle qu’elle est, avant le règne de Josias. Et cependant, chose étrange à dire, le parti qui remporte la victoire ne s’en sert que pour fixer la nation dans le cérémonialisme et sous l’autorité d’une tradition sacerdotale, comme elle ne l’avait jamais été auparavant ! De plus, outre les deux principaux documents d’après lesquels l’histoire des premiers temps aurait été compilée, et les autres fragments qui y auraient été adaptés par le compilateur, on prétend avoir découvert un autre auteur dont les écrits s’entremêlent avec ceux des deux principaux, et dont l’objet est de relever l’importance des ancêtres de l’Israël du nord. Les prophètes, ajoute-t-on, prétendent bien à une vue intuitive venant de Dieu ; mais leur grand objet n’était pas les événements à venir.
Telles sont les Écritures, si nous en croyons ces savants. Elles ne sont pas la parole de Dieu, mais une compilation incertaine, fruit des progrès de l’histoire d’Israël ; provenant en partie des sacrificateurs, sous lesquels la loi parvint à sa maturité, sans être jamais complète jusqu’à Esdras ; en partie des prophètes luttant contre les principes sacerdotaux (non pas, remarquez-le contre leurs péchés envers Dieu, ou contre leurs infractions à la loi qui alors n’était pas encore formulée) ; en partie enfin de la vie laïque au sein du peuple. Tels sont les facteurs (c’est l’expression consacrée) de l’Ancien Testament. Quant au Nouveau, on consent à admettre que quatre épîtres soient de Paul ; elles sont dit-on, l’expression la plus élevée de la vie spirituelle chez le chrétien ; le reste est falsifié ou douteux, et en grande partie une tentative comparativement moderne, ayant pour but de concilier les factions de Paul et de Pierre dans l’Église, ou bien un fruit tardif de la philosophie et des rêveries alexandrines, ou du symbolisme juif.

2. 2.2 La Parole de Dieu rejetée par le clergé au profit des spéculations incrédules
Il ne faut pas s’étonner qu’une très grande partie du clergé protestant en France ait déclaré ne vouloir rien signer, ni le symbole des apôtres, ni aucune confession de foi, admettant bien, sans doute, qu’il faut croire quelque chose, mais ne sachant pas encore quoi ; tandis que les pauvres laïques, moins savants, mais plus simples, s’écrient : «Pourtant, si nous sommes des chrétiens, il nous faut un Christ quel qu’il soit». Voilà où nous a conduits ce que l’on nomme l’Église. Il n’y a pas maintenant «des cérémonies et des traditions sacerdotales combattues et corrigées par des prophètes prétendant à une intuition divine», mais nous voyons des cérémonies et des traditions sacerdotales et ecclésiastiques, qui apportent à l’âme le dégoût et l’ennui, quand elles ne la poussent pas à chercher dans le papisme un libre refuge ; ou bien qui aboutissent à une incrédulité froide et sans profondeur, se nourrissant de spéculations revêtues d’une fausse apparence historique, sans que ceux qui s’y livrent aient jamais pénétré au-dessous de la surface et saisi le moins du monde, d’une manière spirituelle, la substance de ce qui est à leur porte et devant leur coeur. Ces raisonnements, ces théories et hypothèses, qui se succèdent sans cesse et se remplacent les unes les autres, peuvent faire grand bruit et produire un certain effet, mais ceux qui les inventent et les soutiennent ne sont pas enseignés de Dieu. À un dogmatisme sans vie, ils n’ont pas substitué un système fondé sur la certitude, mais l’ont changé en une incrédulité et un scepticisme spéculatifs.

3. 3 La Parole de Dieu dans la Bible : une évidence pour les simples
Où est donc la parole de Dieu ? Là où elle a toujours été, comme la lumière dans le soleil. L’homme a pu observer dans cet astre des taches et des focules, ou espaces plus lumineux que le reste du disque ; on découvrira, peut-être, que les taches ont un rapport quelconque avec les aurores boréales et les perturbations magnétiques, mais ceux qui ont des yeux marchent, comme ils l’ont toujours fait, à cette pleine et brillante lumière du jour que Dieu nous a donnée. La parole de Dieu brille aussi comme toujours, et l’entrée de cette parole illumine et donne de l’intelligence aux simples. Ceux-là ont une nature qui peut estimer, dans la parole de Dieu, le vrai caractère qu’il lui a donné, nature que ces savants n’ont pas, car il a caché ces choses aux sages et aux intelligents et les a révélées aux petits enfants (Matt. 11:25). «Ils seront tous enseignés de Dieu» (Jean 6:45), telle est la déclaration du Seigneur et du prophète pour ceux qui sont capables d’entendre.

1. 3.1 Comment l’Ancien Testament a été formé
Personne ne peut contester que le recueil des écritures de l’Ancien Testament n’existât sous la forme qu’il a actuellement, un certain temps avant que le Seigneur fût sur la terre. En effet, Christ reconnaît la division qui existe maintenant. Ce travail de collection a été attribué au grand sanhédrin ou à Esdras, mais, quoiqu’il en soit, le recueil a été formé. L’historien Josèphe est très explicite sur ce point. Il n’y a pas chez nous, dit-il, une multitude de livres ; nous n’en avons que vingt-deux (*). Il ajoute qu’il y a eu des histoires et des écrits composés depuis le temps d’Artaxerxès, mais qu’ils n’avaient pas la même autorité, parce qu’il n’y avait point alors de prophètes. Nous pouvons rendre grâces à Dieu de ce que le recueil des Écritures a été formé. Que l’histoire de Ruth ait été réunie au livre des Juges ou les Lamentations à Jérémie, ou bien que ces deux livres aient été ensuite relégués parmi les Kétubim, ou écrits non prophétiques, cela n’a aucune importance. Leur place dans l’histoire est claire pour tout lecteur même superficiel. Pour le croyant, il n’importe pas de savoir qui a écrit Ruth. Il reçoit tous ces livres comme la parole de Dieu ; c’est Dieu qui en est l’auteur. C’est, comme l’exprime Matthieu :  «dit par le Seigneur par le moyen du prophète» [Matt. 1:22 : afin que fut accompli ce que le Seigneur a dit par le prophète]. Il est vrai aussi qu’en rassemblant ces livres, on peut y avoir ajouté de courtes notes, telles que : «Elles y sont demeurées jusqu’à ce jour» (Josué 4:9), ou autres semblables. Il y en a, et elles ont leur intérêt dans une histoire donnée de Dieu, mais elles n’affectent en rien la révélation. Le livre montre clairement que, comme ensemble, il est inspiré et ordonné dans sa structure par Dieu lui-même, et quand les diverses parties en ont été réunies pour faire cet ensemble, l’ordre divin établi par la main et la sagesse de Dieu peut se trouver aussi bien dans ces notes que partout ailleurs. La question est celle-ci : Ce livre nous est-il donné de Dieu, comme une révélation ? A-t-il été donné tel que nous l’avons maintenant ? Ce qu’il contient est-il révélé de Dieu, ou bien sont-ce les pensées de l’homme ?
(*) Les Juifs, à l’époque du Seigneur, partageaient l’Ancien Testament en vingt-deux livres, de la manière suivante : 1° Les cinq livres de Moïse ou la Loi ; 2° treize livres des prophètes, savoir : Josué, les Juges et Ruth ; les deux livres de Samuel, les Rois et les Chroniques ; Ésaïe, Jérémie et les Lamentations, Ézéchiel, Daniel, les douze petits prophètes ; Job, Esdras, Néhémie, Esther ; 3° les Hagiographes ou écrits saints, savoir les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique. Ces quatre derniers portaient le nom général de Psaumes. En disant la loi, les prophètes et les psaumes (Luc 24:44), on disait toute l’Écriture.

2. 3.2 Ce que la Bible affirme sur elle-même : une imposture n’est pas croyable
La Bible professe nous donner le récit de toutes les voies de Dieu depuis la création (et même, en conseil, dès avant la création), jusqu’à ce que le Seigneur vienne ; oui, jusqu’à la fin des temps, lorsque Dieu pourra dire : , c’est fait. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin» (Apoc. 21:6). Elle professe de plus nous donner une révélation du Père dans le Fils. Une entreprise aussi immense est-elle une révélation de Dieu, ou bien ne serait-ce que le résultat du développement de la vie nationale chez un petit peuple insignifiant, ainsi que le prétendent ces critiques qui ne savent pas y voir davantage. «Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (Jean 1:18). Cela est-il une révélation de Dieu ou non ? C’est-à-dire les écrits qui me le rapportent, sont-ils de Dieu, et les possédé-je tels que Dieu nous les a donnés ? car autrement ce n’est une révélation ni pour moi, ni pour personne.
Ce sont là des questions sérieuses. L’entreprise elle-même démontre quel est son auteur. Si elle venait de l’homme, qu’aurions-nous ? Pour répondre, nous n’avons qu’à considérer ce qui existe en dehors de ce livre merveilleux. Et cependant, d’après les théories dont j’ai parlé, il n’est qu’une imposture, car quel autre nom donner à des récits composés des centaines d’années après la date qu’on leur assigne, comme s’ils avaient été écrits par inspiration à cette date ? Et cela viendrait de cette nation même qui était constamment emportée dans le courant de l’idolâtrie et que ces livres condamnent ! De plus, (combien la race de ces savants n’est-elle pas crédule !) ceux que l’on prétend avoir forgé ces livres auraient persuadé au peuple juif que la loi qui le condamnait, il l’avait toujours eue comme loi venant de Dieu lui-même ; tandis que, s’il faut en croire nos modernes docteurs, et leurs allégations relatives à Josias (*), les Israélites n’auraient jamais eu la loi avant cette époque. C’était, suivant eux, une chose toute nouvelle, ou tout au plus arrangée pour l’occasion, d’après quelques vieilles traditions tirées de divers antiques documents. Remarquez ensuite, car il faut bien le dire, que Christ et ses apôtres, envoyés de Dieu, confirmaient volontairement cette supercherie ou trompaient à dessein le peuple et tous ceux qu’ils enseignaient. Enfin, par-dessus tout, est-il croyable qu’une imposture soit la plus sainte production qui ait jamais apparu dans le monde, portant, pour tous ceux qui ont quelque sens moral, une empreinte divine que nul autre écrit ne possède ? Comme le dit Rousseau, inventer une vie telle que celle de Christ serait un plus grand miracle que d’être Christ.
(*) De Wette conclut du fait qui est rapporté en 2 Chroniques 34:14, que le livre de la loi pourrait bien avoir été fabriqué par le parti sacerdotal.

3. 3.3 Christ affirmant la vérité et l’autorité de l’Écriture
Je toucherai à quelques-unes des raisons que l’on allègue pour établir ces théories, mais d’abord je m’occuperai du livre lui-même. En tout premier lieu, il faut remarquer que Christ et ses apôtres le regardent comme formant un tout, ayant un caractère bien connu et qui lui est propre. «L’Écriture ne peut être anéantie» (Jean 10:35). «Il leur ouvrit l’intelligence pour entendre les Écritures» (Luc 24:4, 5). «Sondez les Écritures» (Jean 5:39). C’était donc un recueil, dont l’autorité était reconnue, et du Seigneur lui-même et de ceux auxquels il s’adressait. Et, pour parler avec plus de précision encore, il le reconnaissait, tel que nous l’avons maintenant, et tel que les Juifs l’avaient alors. «Il fallait», dit-il, «que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les Psaumes, fussent accomplies» (Luc 24:44). Ici nous avons la Torah (la loi), les Nebaim (les prophètes), les Kétubim (les hagiographes), — ces trois divisions distinguées par les Juifs.
Christ reconnaissait donc ce que nous nommons l’Ancien Testament, tel que nous l’avons et tel que les Juifs le possèdent aussi. Mais il va plus loin, il le reconnaît dans son caractère actuel et dans ses auteurs. «Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi, et nul d’entre vous n’observe la loi ?» (Jean 7:19). «C’est pourquoi Moïse vous a donné la circoncision (non qu’elle soit de Moïse, mais elle est des pères)» (v. 22). «Il y en a un qui vous accuse, Moïse, en qui vous espérez ; car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ?» (Jean 5:45-47). Et encore : «Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent. Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu’un va des morts vers eux, ils se repentiront. Et il lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas non plus persuadés si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts » (Luc 16:29-31). Combien cela a été vrai des pauvres Juifs et combien ce l’est aussi des malheureux incrédules ! Le christianisme et la résurrection du Seigneur ne servent de rien si l’on ne croit pas Moïse et les prophètes, c’est-à-dire leurs écrits, car les Juifs les avaient certainement. «Il a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez vous mes paroles ?» (Jean 5:46, 47).
Et remarquez encore ici que tout ce dont on fait aujourd’hui une difficulté : la version des Septante (*), les additions du «compilateur» (**), tout cela existait alors. C’était la même collection, telle que nous l’avons, dont Christ reconnaît l’autorité, sur laquelle il insiste, et qui pour lui sont les écrits de Moïse.
(*) La version des Septante, traduction grecque du texte hébreu, souvent citée par le Seigneur et les apôtres inspirés. On fait une difficulté de ce qu’elle ne rend pas toujours littéralement le texte hébreu.
(**) Le «compilateur», c’est l’auteur inconnu qui, suivant les rationalistes, aurait rassemblé et fondu divers documents pour en former le Pentateuque, en y ajoutant ce qui lui semblait nécessaire, puis faisant passer le tout pour écrits de Moïse.
Mais de plus, après sa résurrection, non plus lorsqu’il avait affaire avec les Juifs qui reconnaissaient ces Écritures, mais parlant de lui-même à ses disciples, le Seigneur, «commençant par Moïse et tous les prophètes, leur exposait dans toutes les Écritures les choses qui le concernaient» (Luc 24:27). Pouvez-vous vous représenter le Christ ressuscité expliquant à ses disciples une collection de vieux documents mal compilés et contradictoires, que l’on prétendait faussement être Moïse et les prophètes ? Ce n’est pas tout. On dira peut-être (car jusqu’où la folie de l’incrédulité savante ne va-t-elle point ?) qu’il ne leur expliquait que les choses qui le concernaient. «Ce sont ici», dit-il, «les paroles que je vous disais quand j’étais encore avec vous, qu’il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies. Alors il leur ouvrit l’intelligence pour entendre les Écritures. Et il leur dit : Il est ainsi écrit» (Luc 24:44-46). Ah ! la parole écrite, voilà ce à quoi il attachait de la valeur. Est-il possible de s’imaginer le Seigneur ressuscité, ouvrant avec une puissance divine l’esprit des disciples, afin qu’ils comprissent une compilation faussement attribuée à Moïse et à d’autres ! Qu’il ouvre l’esprit afin que nous puissions comprendre la parole divine, on le conçoit aisément, et, si nous sommes enseignés de Dieu, nous savons combien cela nous est nécessaire ; mais le faire pour une imposture, pour des écrits qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas, c’est ce qui ne peut être admis que par un rationalisme qui se nourrit de vaines spéculations. Mais «l’injuste ne connaît pas la honte» (Sophonie 3:5).
Comme nous l’avons vu, le Seigneur reconnaît les prophètes : bien plus, il nomme spécialement celui qui, de tous, est le plus mis en question : Daniel. «L’abomination de la désolation dont il a été parlé par Daniel le prophète» (Matth. 24:15). Ces mots sont contestés dans Marc, mais non pas dans Matthieu, et la variante de Marc confirme l’authenticité du texte de Matthieu. En outre, le Seigneur affirme que les commandements donnés par Moïse ont été prononcés par Dieu : «Car Dieu a commandé, disant : Honore ton père et ta mère» (Matth. 15:4). Il cite aussi Ésaïe : «Ésaïe a bien prophétisé de vous, disant : Ce peuple m’honore des lèvres» (v. 7). Ces paroles se trouvent dans la première partie de la prophétie, mais le Seigneur cite aussi la seconde partie, celle du «grand inconnu», comme disent ces critiques (*). «On lui donna le livre du prophète Ésaïe ; et, ayant déployé le livre, il trouva le passage où il est écrit : L’esprit du Seigneur est sur moi... Et il se mit à leur dire : Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant». Il accepte ce livre comme étant Ésaïe, et affirme, ce qui est de beaucoup plus grande importance, ce qui, en réalité, est seul important, que ce livre est de Dieu lui-même (Luc 4:17-21). Dans le même chapitre, nous voyons le Seigneur reconnaître comme authentique le livre des Rois et l’histoire d’Élie et d’Élisée. Plus loin, il met de nouveau directement son sceau sur l’authenticité de la dernière partie d’Ésaïe, en citait la prophétie relative à Jean le baptiseur (Luc 7:27 ; Ésaïe 40:3). J’ai à peine besoin d’appeler l’attention sur d’autres passages.
(*) Ils prétendent que les derniers chapitres à partir du ch. 40 ne sont pas d’Ésaïe, mais d’un auteur inconnu.
Les discours, la vie et tout ce qui était l’expression de l’âme du Seigneur, va nécessairement bien au delà de ces écritures, et montre que ce qui appartenait à l’ancienne alliance devait être mis de côté pour l’accomplissement, de conseils infiniment plus glorieux : Lui-même nous dit que la loi et les prophètes ont été jusqu’à Jean, et que, dès lors, le royaume de Dieu était annoncé ; mais, en lisant les évangiles avec simplicité, on trouvera que tous les discours et la vie entière de Jésus sont imprégnés de la vérité que présentent la loi et les prophètes, comme nous les avons dans les Bibles ordinaires, rendant ainsi témoignage à leur authenticité, tels qu’ils sont actuellement, tellement qu’il faudrait en arracher toute la révélation de Christ pour ébranler l’autorité de la loi et des prophètes. Il n’était pas venu, dit-il, pour les abolir, mais pour les accomplir. Pour accomplir quoi ? Une misérable compilation du temps d’Esdras, ou des documents fragmentaires réunis par un homme et ayant acquis graduellement l’autorité d’une loi inconnue au commencement ? ou bien est-ce pour accomplir la parole de Dieu, donnée par inspiration à Moïse et à ceux que Jéhovah avait envoyés ? Jésus naquit à Bethléem, parce que, par la volonté de Dieu, le prophète l’avait ainsi annoncé. Il est mort, parce que sans cela, comment auraient été accomplies les Écritures qui disent qu’il en devait être ainsi ? Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera point de la loi que tout ne soit accompli.

4. 3.4 Les apôtres confirment partout l’authenticité de l’AT
Examinons maintenant ce que disent les serviteurs de Christ après qu’il eut été rejeté, je veux dire les apôtres et les écrivains du Nouveau Testament. Les apôtres, ceux qui avaient été revêtus d’autorité et envoyés par Lui pour annoncer la vérité chrétienne, et qui, pour ce service, étaient inspirés par le Saint-Esprit, les apôtres et les autres écrivains inspirés du Nouveau Testament affirment, ou, ce qui dans un certain sens est plus fort, supposent partout que l’Ancien Testament — tel que nous l’avons, en commun avec les Juifs, ennemis du christianisme, mais, en cela, témoins avec lui — est un livre inspiré, écrit par ceux auxquels il est attribué, et donné de Dieu.

1. 3.4.1 Épîtres de Paul
Je prendrai d’abord les grandes épîtres de Paul, comme on les nomme, celles que l’un des principaux chefs du rationalisme moderne admet comme le sûr fondement du christianisme historique, et je commencerai par l’épître aux Romains, quoique, dans l’ordre chronologique, elle soit la dernière des quatre. L’apôtre Paul, comme il nous le dit lui-même, avait été mis à part pour l’Évangile de Dieu, lequel il avait auparavant promis par ses prophètes dans de saintes Écritures, touchant son Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur, né de la semence de David selon la chair (Rom. 1:1-4). Ici, de saintes Écritures, de saints écrits sont reconnus ; les prophètes sont des prophètes de Dieu, et tout le système annoncé par eux relativement à la promesse faite à la semence de David, et qui se déroule à travers les écrits prophétiques et les Psaumes, depuis Samuel, et dans tous les prophètes, ce système entier, dis-je, est pleinement et clairement admis. Paul fonde sur ces écrits son propre enseignement, en ajoutant nécessairement le fait de la résurrection. «Quel est donc l’avantage du Juif ?» demande Paul. «Grand de toute manière», répond-il. Et en quoi principalement ? — «D’abord, en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés» (Rom. 3:1-2). Tels étaient ces saints écrits. La bénédiction spéciale des Juifs, c’est qu’ils possédaient les oracles de Dieu. — Pauvre Paul ! être ignorant à ce point ; c’est qu’il n’avait pas, comme j’ai entendu quelques-uns dire, «les lumières de la science moderne». Mais quelle était la portée de cette déclaration relative aux Juifs ? C’est que l’incrédulité de l’homme ne peut pas anéantir la fidélité de Dieu. Ces oracles étaient si entièrement de Lui, que sa fidélité se trouvait engagée dans leur accomplissement. Ensuite, Paul montre que Juifs et gentils sont tous sous le péché. Comment le fait-il ? «Il est écrit», lisons-nous (3:10). Les Psaumes et Ésaïe sont cités pour prouver cette assertion, et, quant au dernier, le passage est tiré précisément de la partie qu’on nie être de ce prophète, pour l’attribuer au «grand inconnu» (Ésaïe 59). Il peut sembler fastidieux de citer tant de textes ; je le fais pour montrer qu’il ne s’agit pas simplement d’une citation destinée à soutenir une thèse, mais que les apôtres vivaient dans ce que les rationalistes modernes nient être la parole inspirée de Dieu, et qu’ils en faisaient la base de leur enseignement.
«Que dit l’Écriture ?» (Rom. 4). «Et Abraham crut Dieu et cela lui fut compté à justice». Ici, la Genèse est reconnue comme étant l’Écriture, la parole de Dieu. Ensuite, Paul montre David exprimant la béatitude de l’homme à qui Dieu compte la justice sans les oeuvres, et ainsi il reconnaît l’authenticité des Psaumes. Au v. 17, c’est de nouveau la Genèse qui est citée avec les mots «il est écrit». Prenons le ch. 5, depuis le v. 13 : «Jusqu’à la loi le péché était dans le monde... mais la mort régna depuis Adam jusqu’à Moïse», c’est-à-dire jusqu’à la loi. Nous voyons donc ici toute l’histoire de la Genèse, relative à la chute d’Adam, placé sous une loi (celle qui lui défendait de manger du fruit de l’arbre), puis le temps qui s’écoula jusqu’à Moïse, durant lequel il n’y avait pas de loi exprimée, mais où la mort a régné par le péché d’Adam ; ensuite, la loi donnée par Moïse changeant le terrain sur lequel l’homme se trouvait, non quant au péché et à la mort, mais quant à la transgression, alors qu’il y eut une loi formelle (cela eut donc lieu dans les deux cas d’Adam et de Moïse) ; nous voyons, dis-je, toute cette histoire envisagée non pas comme une compilation de documents élohistes et jéhovistes, mais comme l’exposé fait par Dieu même de l’état moral tout entier de l’homme devant Lui, jusqu’à ce que la grâce eût été rejetée ; grâce annoncée en effet dans l’évangile, et qui, maintenant, enseignée par l’apôtre, dans cette épître, répond effectivement aux besoins de l’homme. Quelque précieux qu’il soit, je n’ai pas à m’occuper ici de ce sujet.
Je passe par-dessus quelques passages qui confirment cet emploi de l’Ancien Testament, et je m’arrêterai un moment sur le ch. 9. Paul y déclare combien les Israélites lui sont chers, comme ayant la loi et les promesses, et même Christ selon la chair. Mais où voit-on qu’il en est ainsi, tandis qu’ils sont un peuple rejeté ? «Ce n’est pas cependant comme si la parole de Dieu avait été sans effet», dit Paul ; et il cite toute l’histoire de la Genèse, montrant ainsi que pour lui elle est la parole de Dieu ; puis il cite l’Exode, premièrement en déclarant que Dieu parla à Moïse, et ensuite dans ce qui se rapporte à Pharaon. Dans ce dernier cas, Paul emploie ces paroles : «L’Écriture dit au Pharaon : C’est pour cela même que je t’ai suscité» ; pour Paul, ce que disait l’Écriture était ce que Dieu prononçait. Plus loin, c’est Dieu qui parle en Osée : «Il dit en Osée». Puis c’est Ésaïe, dont il emprunte les paroles, qui ont pour lui la même autorité que celles que Dieu prononce en Osée. Partout nous trouvons cette même autorité attribuée à l’Écriture. Si Paul parle de la loi (ch. 10), c’est Moïse qui «décrit la justice qui vient de la loi» ; et remarquez que les paroles citées sont tirées du Deutéronome, que l’apôtre regarde donc comme écrit par Moïse. Pour nos critiques modernes, au contraire, ce livre est la loi deutéronomique, reconnue pour la première fois par Jérémie, au temps de Josias ; peut-être même, si l’on en croit d’autres, provient-elle de la dernière main de toutes celles qui ont écrit ce recueil. Pour l’apôtre Paul, le Deutéronome était de Moïse, de même que le «grand inconnu», qu’il cite plus loin, était aussi pour lui Ésaïe même. «Car Ésaïe dit : Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu’il a entendu de nous ?» (Rom. 10:26 ; Ésaïe 53:1). Puis il revient encore au Deutéronome (v. 19) et à la seconde partie d’Ésaïe (v. 20), qu’il nomme de nouveau. Au ch. 11, c’est le livre des Rois dont Paul reconnaît l’authenticité. «Dieu n’a point rejeté son peuple, dit-il. Comment saurai-je que c’est bien la pensée de Dieu ? «Ne savez-vous pas», répond l’apôtre, «ce que l’Écriture dit dans l’histoire d’Élie ?... Mais que lui dit la réponse divine ?» Je puis donc compter sur l’Écriture comme me donnant la pensée et le dessein de Dieu. Si Israël a été aveuglé pour un temps (11:8), c’est, dit Paul, «selon qu’il est écrit», et il cite Ésaïe 29. Puis il ajoute : «Et David dit» ; les Psaumes étaient donc un vrai témoignage de Dieu relativement aux choses qui allaient arriver. Au ch. 15, le Deutéronome est encore cité comme la parole de Dieu, avec la formule : «Il dit» ; il en est de même des Psaumes et d’Ésaïe.
Les citations sont moins nombreuses dans les épîtres aux Corinthiens, qui traitent les questions de détail relatives à la marche de l’Église, mais l’Ancien Testament y est aussi tenu pour un livre divin. La loi est la loi de Moïse (9:9), et ce qui y est dit exprime la pensée de Dieu : «Dieu s’occupe-t-il des boeufs ?» Ce que Moïse enseignait était de Dieu. L’histoire rapportée dans l’Exode et celle du désert, sont le récit que Dieu donne de ses voies envers son peuple pour servir à notre instruction (1 Cor. 10:1-14). Au chapitre suivant, v. 9, la création d’Adam et d’Ève (Gen. 2) est rappelée comme un récit divin, propre à servir de base à des devoirs moraux. Le ch. 15:54, 55, emploie les paroles d’Ésaïe et celles d’un autre prophète, en rapport avec la résurrection. En 2 Cor. 3, le fait de Moïse voilant sa face est tiré de l’Exode, pour montrer le vrai caractère de la loi et l’état d’Israël.
Nous trouvons la même chose dans l’épître aux Galates. Prenez le ch. 3 ; l’apôtre en appelle au Pentateuque, comme à un témoignage sûr et certain pour la foi, et l’Écriture est présentée comme la parole même de Dieu. «L’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations sur le principe de la foi, a d’avance annoncé la bonne nouvelle à Abraham : En toi toutes les nations seront bénies». L’Écriture a parlé ; rien ne peut être plus fort pour l’apôtre inspiré. Et ce n’est pas tout. Ce qu’enseigne la Genèse, ainsi que les promesses qui y sont faites et confirmées (Gen. 12, 22), puis l’histoire de ce qui s’est passé au mont Sinaï, toutes ces choses sont prises dans leur ordre chronologique comme la base des voies de Dieu. Une promesse faite sans conditions ne peut être annulée ni modifiée par aucune addition, telle que la loi, donnée 430 ans plus tard. Après avoir posé ce principe, Paul fait voir que tout ce qui a été dit à ce sujet a été accompli en Christ au temps convenable. La place que la loi tient dans les voies de Dieu et les diverses époques de ces voies, sont prises par l’apôtre pour base de son argumentation et du vrai caractère du christianisme. La promesse fut donnée de Dieu, et Christ en est l’accomplissement ; la loi vint entre deux, 430 ans après la promesse, et fut ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que fût venue la semence à qui la promesse avait été faite. Ce qui pour un rationaliste n’est qu’une compilation incertaine de fragments sans authenticité, et un résultat du développement de la vie nationale chez les Hébreux, est pour l’apôtre inspiré la révélation régulière et méthodique des voies de Dieu, telle que nous l’avons actuellement dans nos Bibles ; c’est la propre révélation que Dieu donne lui-même historiquement de ses voies, de manière à en former la base, sur laquelle repose le vrai caractère du christianisme qui était en question chez les Galates. Paul considère aussi les récits relatifs à Agar et à Sara, comme un sûr fondement pour appuyer son argumentation. Il n’a jamais une autre pensée. S’il fait son apologie devant le roi Agrippa, il déclare ne dire rien d’autre que ce que les prophètes et Moïse ont annoncé devoir arriver (Actes 26:22). Enfin, dans 2 Timothée 3, nous trouvons un témoignage formel rendu aux saintes Écritures, pour le temps où l’Église aurait bien encore la forme de la piété, mais en aurait renié la puissance, et l’apôtre y ajoute la déclaration positive que toute Écriture a été donnée par l’inspiration de Dieu.

2. 3.4.2 Écrits de Jean
Jean affirme d’une manière formelle que la loi a été donnée par Moïse. Il rapporte la déclaration que fit Jean Baptiste à ceux qui avaient été envoyés de Jérusalem, et dans laquelle celui-ci cite (Jean 1:23) un passage de la dernière partie d’Ésaïe, comme étant bien de ce prophète, et comme accompli en Lui. C’est pour lui une prophétie certaine venant de Dieu. Ce qu’ont écrit Moïse dans la loi, de même que les paroles des prophètes, est tenu dans l’évangile de Jean pour une vérité connue et reçue ; il en est de même des Psaumes. Au ch. 2, nous lisons : «Le zèle de ta maison me dévore» (Ps. 69:9) ; au ch. 3, c’est Moïse qui éleva le serpent dans le désert, conformément à ce qui est rapporté dans les Nombres (ch. 21). La manne donnée par Moïse n’était pas le vrai pain du ciel (Jean 6) ; en prononçant ces paroles, le Seigneur reconnaît à la fois comme authentiques l’Exode et les Psaumes (Ex. 16 ; Ps. 78). Pour Jésus lui-même, «il est écrit dans les prophètes» (Jean 6:45) est une parole suffisante pour décider souverainement. «Pas un de ses os n’a été cassé», afin que l’Écriture fût accomplie (Jean 19:36) ; son côté a été percé pour la même raison : «Et encore une autre écriture dit : Ils regarderont vers celui qu’ils ont percé» (Zach. 12 — Jean 19:37).

3. 3.4.3 Discours et épîtres de Pierre
Pierre, dans le discours qu’il prononça le jour de la Pentecôte (Actes 2), s’appuie sur l’autorité de Joël (ch. 2) et de David, dans le Psaume 16. Moïse est celui qui avait promis un prophète tel que lui (Actes 3, Deut. 18), et même Samuel et tous les prophètes avaient parlé de ces jours. Pierre montre les saints prophètes de tout temps, déclarant la bénédiction qui était encore à venir, les cieux ayant reçu Jésus jusqu’à ce moment. Le Psaume 2 s’accomplissait (Actes 4:25). Dans sa première épître, Pierre déclare d’une manière formelle que l’Esprit de Christ était dans les prophètes, qui étudiaient leurs propres prophéties pour savoir ce que Dieu voulait dire par elles (1 Pier. 1:11), et il cite Ésaïe, ce «qu’on trouve dans l’Écriture», comme une autorité sûre, attestant ce qui avait lieu alors (1 Pier. 2 :6). Le même apôtre confirme le récit du déluge au temps de Noé (1 Pier. 3:20).

4. 3.4.4 Évangile de Matthieu
L’évangile de Matthieu, qui présente spécialement Christ comme le Messie des promesses, Emmanuel, et, quand il a été rejeté, la substitution en sa place du royaume en mystère (ch. 13), de l’Église (ch. 16), et du royaume en gloire (ch. 17), cet évangile base tout ce qu’il avance, sur le témoignage des anciens prophètes. Christ y est fils de David, fils d’Abraham. Les citations sont si nombreuses que je dois me borner à en mentionner le caractère formel, et une ou deux en particulier. Ce caractère est indiqué par l’expression  (par) le Seigneur,  (au moyen du) prophète, ce qui affirme d’une manière claire et définie la vraie portée des citations. Quelques unes présentent les événements qui arrivaient ; nous trouvons alors , afin que la prophétie fût accomplie ; d’autres fois c’est , — de sorte que fut accomplie ; ou encore , — alors fut accompli, quand il y a seulement une application de la prophétie. Dans Matthieu, la dernière partie d’Ésaïe est «Ésaïe le prophète» (3:3 ; 8:17 ; 12:17-21).

5. 3.4.5 Ce qui ressort des écrivains du NT : authenticité des écrits et des écrivains
Je n’ai pas besoin de multiplier davantage les citations des écrivains du Nouveau Testament, outre une multitude d’allusions qui se trouvent dans ceux dont j’ai parlé, pour montrer que Christ et les apôtres acceptaient la Bible telle que nous l’avons (je veux dire la collection des livres de l’Ancien Testament dans son ensemble), et qu’ils l’acceptaient comme revêtue d’une autorité divine, comme la parole de Dieu, inspirée, et ayant pour eux une autorité absolue. C’est par elle que le Seigneur vainquit Satan ; c’est à elle que Satan eut recours pour couvrir sa ruse. L’homme devait vivre «de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (*). Telle est l’Écriture pour le croyant, par sa propre autorité intrinsèque. Les paroles de Christ et des apôtres portent avec elles une évidence que toutes les subtilités des rationalistes ne sauraient ébranler, quoiqu’ils se disent eux-mêmes chrétiens. L’autorité de Christ et des apôtres a plus de poids que les spéculations des hommes, basées par chacun sur quelque nouvelle imagination de son propre esprit, et qui, bien que servant en passant aux progrès de l’incrédulité, et ainsi à la ruine des espérances de l’homme, s’évanouissent avec l’influence de l’énergie intellectuelle qui les a créées.
(*) Toutes les répliques du Seigneur à Satan, sont tirées du Deutéronome, cité comme la parole de Dieu, — paroles sortant de sa bouche, suffisantes pour le Seigneur, suffisantes aussi pour réduire Satan au silence.
Pour résumer, je prierai seulement le lecteur de remarquer que ces citations prouvent en même temps l’authenticité des écrits et celle des écrivains ; elles montrent que les écrits sont bien de l’écrivain dont ils portent le nom ; que les vérités qu’ils renferment sont données de Dieu, et enfin, que la démonstration de ce que j’avance repose sur l’autorité de Christ et de ses apôtres. S’il nous fallait accepter le système des rationalistes, nous n’aurions absolument point de certitude relativement à aucune vérité de Dieu. Ceux qui objectent ont subtilement parlé d’autorité, mais il s’agit de certitude ; et, si les affirmations du Seigneur Jésus et des apôtres ne nous en donnent aucune, si elles sont incertaines et sans autorité, nous sommes donc abandonnés aux sombres brouillards de l’incrédulité, et un monde que l’histoire nous montre méchant et aveugle est laissé sans aucune communication certaine venant de Dieu.

5. 3.5 L’AT : De grands desseins de Dieu en rapport avec l’homme, ou la petite histoire d’un petit peuple
Avant de passer aux preuves plus intéressantes et plus instructives qui établissent l’unité de l’Ancien Testament, et qui se tirent de sa structure interne, il est bon de s’arrêter un instant sur quelques-unes des assertions que l’on présente. On perd de vue le but que Dieu s’est proposé en donnant l’Ancien Testament, et on veut tout ramener au développement d’un petit peuple, avec un Dieu national et plus ou moins de superstitions sacerdotales. Dans la Genèse, nous avons l’histoire du monde, depuis la création jusqu’à la mort d’Israël en Égypte où il était descendu, et tous les grands principes qui se rapportent aux relations de Dieu avec l’homme, excepté ce qui est proprement dispensationnel. On n’y voit ni la loi, ni l’Église, ces deux grands objets des voies de Dieu introduits plus tard pour le ciel et sur la terre. Mais, à part cela, nous avons dans la Genèse tous les grands principes fondamentaux relatifs à l’état de l’homme et à sa relation avec Dieu, et dans la promesse, le berceau de toutes ses espérances. Dans les systèmes sans âme que nous propose la science de l’homme, nous ne devons pas nous attendre à trouver trace de ces choses. La Genèse, pour eux, n’est qu’un composé de fragments élohistes et jéhovistes, entrelacés l’un dans l’autre par un compilateur ; les uns se rapportant au parti sacerdotal en Israël, et non pas les autres. Pourquoi les compilateurs les ont-ils réunis ? c’est ce que l’on ne nous dit pas ; mais quant à l’état et aux intérêts de l’homme, ou quant à la gloire et aux desseins de Dieu, — quoique ces deux choses, comme nous l’avons vu, soient pleinement exposées dans le Nouveau Testament, comme la base de l’éternelle vérité, — il n’y en a nulle indication, nulle trace dans ces systèmes. L’homme déchu, un monde jugé (ce à quoi Christ met son sceau), Christ promis, le fondement des espérances d’Israël posé, l’apostasie de ce peuple, sa délivrance prédite comme devant être opérée par Dieu, tout cela n’est rien pour eux. La grâce et le jugement, et toutes les voies de Dieu ; Christ promis et venu, révélant ces voies, comme le firent aussi les apôtres, dans toute l’importance et la grandeur de leur portée, tout doit céder le pas à des spéculations qui montrent seulement que ceux qui les conçoivent, ne savent rien voir là où Dieu a placé en germe ce qui jette la lumière sur un monde ruiné (car c’est ce qu’il est), et sur ses voies de grâce envers lui.

6. 3.6 La loi et les ordonnances n’ont pas fait l’objet d’un développement graduel
1. 3.6.1 De Josué à Samuel
On prétend qu’il y a eu un développement graduel de la loi. De Josué à Samuel, le sentiment national était beaucoup plus faible que la jalousie mutuelle des tribus. Qu’il y ait eu une dissolution générale causée par l’idolâtrie et le fait que chacun cherchait son propre intérêt, c’est vrai ; Éphraïm prétendait à une position que les autres avaient de la peine à reconnaître. Mais cela se manifesta plus tard d’une manière beaucoup plus fâcheuse, même au temps de David, et c’est ce qui, après la mort de Salomon, amena la division du royaume.
Pendant le temps des Juges, nous dit-on, le sanctuaire avec l’arche et la sacrificature étaient le principal centre du monothéisme. Mais ce fut de tout temps, et il n’était pas possible qu’il en fût autrement. Là seulement il y avait un propitiatoire, sans lequel il ne pouvait pas y avoir de jour des expiations. Samuel, ajoute-t-on, était sacrificateur par son éducation. Mais c’est comme prophète et non comme sacrificateur qu’il accomplit son oeuvre ; d’ailleurs il ne fut jamais sacrificateur ; il était simplement Lévite, et ne pouvait remplir aucune fonction sacerdotale. Ensuite, pour nous montrer le progrès, et prouver que le Deutéronome est d’une autre date, on dit que Samuel sanctionna pleinement Exode 20:24, mais qu’il n’agit pas d’après Deutéronome 33:19. Tout cela indique une négligence complète de la lettre et de l’esprit des Écritures. Durant le temps de l’activité de Samuel, il n’y eut point du tout de sanctuaire. Un terrible jugement était tombé sur Israël. Jérémie (ch. 7:12-14) y fait allusion comme pronostic de ce qui allait arriver à Jérusalem. Il y a, ainsi qu’on l’a souvent dit, trois fonctions par le moyen desquelles Dieu agit envers son peuple : — celles de prophète, de sacrificateur et de roi. La sacrificature, établie pour guider même Josué, avait entièrement manqué. Éli était mort le coeur brisé, ses deux fils avaient été tués, et les Philistins avaient pris l’arche de Dieu. Elle ne fut pas replacée en son lieu avant l’établissement de la royauté, bien que Dieu eût soin de maintenir sa propre gloire. Le lien du peuple avec Dieu sur la base de sa propre responsabilité, et au moyen de la médiation sacerdotale, était complètement rompu ; il n’y avait plus de jour des expiations, il ne pouvait y en avoir. I-cabod était écrit sur tout. Dieu avait «livré sa gloire en captivité ; sa force entre les mains de l’ennemi» (Ps. 78:61). Mais un prophète est une intervention souveraine, que Dieu pouvait employer, et dans ce but il avait préparé Samuel comme autrefois Moïse. Samuel maintint le culte de Jéhovah comme prophète et juge reconnu. Le peuple manqua encore ici, et ayant demandé un roi, Dieu lui donna un roi dans sa colère et le lui ôta dans sa fureur (Osée 13:11). Alors Samuel, par l’ordre de Dieu, appela David qui, devenu roi, ramena l’arche à Sion, et non au tabernacle. Ce dernier n’était plus à Silo ; il avait été transporté à Gabaon, où il se trouvait sans arche ni propitiatoire, et n’était pas reconnu de David. C’est là que Salomon offrait des holocaustes, mais David, guidé et enseigné de Dieu, avait placé auprès de l’arche des chantres pour proclamer que «sa bonté demeure à toujours» (1 Chron. 16).
En dépit de tous les péchés des enfants d’Israël, la puissance de Dieu se manifestant en grâce, avait opéré une restauration. Nous retrouvons le récit de la même fidélité de Dieu, en Néhémie, et dans les derniers Psaumes. Ceux-ci annoncent la bénédiction future d’Israël et sont préparés d’avance pour être chantés, rendant un témoignage plus grand que jamais à la vérité de cette fidélité, après qu’Israël aura reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés (Ésaïe 40:2), quand Christ revêtu de sa puissance royale régnera en grâce. C’est pourquoi, dans l’épître aux Hébreux (ch. 12), Sion est mise en contraste avec Sinaï où fut donnée la loi, et où fut établie l’ancienne alliance. Tel est l’exposé scripturaire du sujet ; mais l’objection à l’antiquité du Deutéronome, basée sur la différence entre ce que fit Samuel, et ce qui est prescrit dans le Deutéronome (comp. Ex. 20 et Deut. 33), cette objection ne tient nullement compte de l’histoire et de l’état réel d’Israël à cette époque. Samuel agissait dans son autorité de prophète alors que l’arche n’était point dans le sanctuaire, et que tout l’ordre sacerdotal était judiciairement mis de côté. Les prophètes faisaient fréquemment allusion à l’état moral du peuple, et annonçaient un Messie à venir, la grâce pour Israël et une nouvelle alliance. Mais Dieu ne reconnaissait aucune alliance, si ce n’est l’ancienne, qu’il avait traitée avec Israël lorsqu’il l’eut fait sortir d’Égypte. C’est à quoi le peuple est expressément ramené.

2. 3.6.2 Ce qui croit, c’est la lumière prophétique
Il n’y a rien qui indique un développement d’ordonnances religieuses, partant d’un état relativement grossier et imparfait. Les prophètes rappelaient Israël à un système bien connu, seulement on peut voir qu’en Juda, où l’on reconnaissait encore le temple et Jéhovah, les bénédictions et les jugements dépendaient invariablement de la conduite du roi sous lequel les Juifs étaient placés. En même temps qu’il y avait d’un côté une lumière prophétique progressive et croissante, d’un autre, les rois ordonnaient les détails du service sacerdotal, comme le fit David, et comme il fut inspiré pour le faire (1 Chron. 28). En effet, comme système, la souveraine sacrificature avait perdu sa suprématie à Silo, bien qu’elle conservât le service qui appartenait à elle seule.

3. 3.6.3 Pas de prophètes réformateurs
On nous dit encore que, lorsque les prophètes eurent échoué dans leur tentative de réformation immédiate, ils commencèrent, depuis le huitième siècle avant Christ, sinon plus tôt, à confier leurs oracles à l’écriture. La réformation de quelles choses ? Qui étaient ces prophètes ? Le huitième siècle comprend le règne d’Ézéchias, environ 400 ans après Samuel. Il y avait eu de temps à autre des prophètes qui avertissaient le peuple, mais quelle réformation ont-ils tentée ? David inaugura le nouveau système, et Salomon «bâtit une maison» à l’Éternel. Dix tribus se séparèrent à cause de la folie du roi ; elles n’eurent point de vrais sacrificateurs, et plus tard deux des prophètes les plus remarquables exercèrent leur ministère au milieu d’elles, opérant des miracles pour justifier leur mission. Les prophètes de Juda n’en faisaient pas, parce que là Jéhovah était publiquement reconnu, et que tout le système auquel ils rappelaient Israël était fixé depuis longtemps, et reconnu aussi par le peuple. L’idée de prophètes réformateurs depuis Samuel jusqu’au huitième siècle, est une pure imagination. Les premiers prophètes nous donnent, dans les livres de Samuel et des Rois, l’histoire d’Israël, et c’était ce que Dieu entendait qu’ils fissent. Qu’ils aient été les écrivains de ces récits, cela est souvent répété, et il est facile de le prouver.

4. 3.6.4 Des ordonnances élaborées dès le début
Mais revenons à l’examen des preuves que l’on allègue pour établir qu’il y a, dans l’Ancien Testament, un développement successif d’ordonnances d’abord informes. En lisant l’Exode et le Lévitique, je puis trouver sages ou non les ordonnances que ces livres renferment, mais elles ne sont nullement informes. Au contraire, elles sont élaborées avec soin dans tous les détails, et données, si elles sont vraies, d’après le modèle montré sur la montagne. Si elles n’ont pas été établies par Moïse, toute l’histoire n’est qu’une fable, entièrement fausse du commencement à la fin, car les paroles «l’Éternel dit à Moïse» sont là pour affirmer constamment l’autorité d’après laquelle les choses se font. Il n’y a que quelques paroles adressées à Aaron, relativement au service spécial dans lequel il avait été établi (Nomb. 18:8). Je le demande, le modèle montré sur la montagne était-il une chose grossière et primitive, destinée à être développée par Moïse ? Mais où sont les preuves que l’on avance ? — Il est commandé d’élever un autel de terre ou de pierres non taillées, si l’on en élevait un (Ex. 20), et c’est ce que fit Samuel, quand il n’y avait pas de service sacerdotal et que Silo était jugé ; c’est aussi ce que fit Élie, quand Israël avait abandonné le temple. Ainsi l’on était gardé contre l’idolâtrie des images. Mais, en même temps, il nous est rappelé que Dieu mettrait son nom en un certain lieu, selon ce qui est dit dans le Deutéronome, et c’est ce qu’il fit. Les rois fidèles s’appliquaient sans cesse à détruire les hauts lieux (planter des ashères était aussi défendu) et par là ils estimaient ramener l’ancien ordre de choses, et non faire des progrès, ni développer. En Exode 20, Dieu parle d’un lieu où il mettrait la mémoire de son nom, disant qu’il viendrait là vers son peuple, — promesse bénie ! Mais ce que nous rencontrons aussitôt après dans le même livre, c’est l’histoire du tabernacle, devant lequel, dans le désert, les Israélites étaient tenus, sous peine de mort, d’amener tout animal qu’ils avaient à tuer dans le camp ou hors du camp ; et, dans le même récit jéhoviste (*), s’il vous plait de le nommer ainsi, nous lisons qu’ils devaient se présenter devant Jéhovah aux trois grandes fêtes. Parler de développement devant de tels faits est un véritable non sens ; l’autel de terre est la première ordonnance donnée, — est-ce un développement de la grossière ébauche du tabernacle donnée plus loin ? De là nos critiques passent à Samuel, que l’on allègue, en rapport avec Exode 20, pour établir que le Deutéronome n’est pas de Moïse.
(*) Suivant les docteurs rationalistes, les livres de Moïse se composeraient essentiellement de deux documents juxtaposés ; l’un où se trouve le nom d’Élohim ou Dieu, c’est le document élohiste ; l’autre où se trouve le nom de Jéhovah, l’Éternel, c’est le document jéhoviste.

5. 3.6.5 Le Deutéronome : son but et ses particularités
Le passage de Deutéronome 33:19, se trouve dans la bénédiction de Moïse, homme de Dieu. C’est une prophétie relative à Israël aux derniers jours. «Ils appelleront les peuples (*) en la montagne, et ils offriront là des sacrifices de justice». Quelle montagne ? Pourquoi ne serait-ce pas la montagne de la maison de l’Éternel, affermie au sommet des montagnes ? (És. 2). Ce chapitre d’Ésaïe est aussi une prophétie pour les derniers jours. Nous avons également, dans le livre du Deutéronome, l’indication des trois grandes fêtes, et l’obligation imposée au peuple de monter au lieu désigné ; en même temps nous y trouvons la défense de faire des images et des ashères ; — tout cela jéhoviste. Toutes les directions relatives au lieu où Dieu aurait mis son nom et où les Israélites auraient à se rendre, sont données au chapitre 12 du Deutéronome : ce devait être quand l’Éternel leur aurait donné du repos. Là se trouve aussi l’indication de ce qu’ils pouvaient ou non manger dans leurs demeures. Mais les règles relatives à ces prescriptions étaient plus strictes dans le camp, parce que, dans le pays, les distances pouvaient être trop grandes ; cependant dans le même livre et au même endroit, nous voyons la mention de l’autel d’airain fait selon le modèle montré sur la montagne.
(*) Ou «les tribus». La version anglaise porte «le peuple».

Le Deutéronome est un livre particulier, écrit évidemment en vue de la confusion qui pouvait s’introduire en Israël quand le peuple serait dispersé dans le pays. Les Lévites et le peuple y tiennent une place très considérable. Les Lévites n’y sont pas sacrificateurs, comme on l’a dit, mais les sacrificateurs y sont très rarement mentionnés, et les directions données dans ce livre ont pour but de pourvoir à l’état de choses qui pouvait se produire. Toutefois ce que l’on y trouve est tout autre chose qu’un développement d’ordonnances. C’est, je le répète, un livre écrit entièrement en vue du pays ; tandis que l’Exode et le Lévitique, sauf de rares exceptions, sont exclusivement pour le désert. Il est probable, d’après ce que disent Amos (5:25-27) et Étienne (Actes 7:42, 43), qu’aucun sacrifice ne fut jamais offert dans le désert, excepté les sacrifices réguliers de chaque jour. Toutes les ordonnances prescrites à ce sujet, quoique obligeant sans doute le peuple alors, sont des types, et «ont été écrites pour notre instruction, à nous que les fins des siècles ont atteint» ; et, bien que ces paroles s’appliquent à l’histoire des Israélites, il n’en est pas moins vrai que les sacrifices et les autres parties du service lévitique sont précieux comme types, à chacun de ceux qui connaissent Christ. Le chrétien sait que notre Pâque, Christ, a été sacrifiée pour nous ; il sait ce que la Pentecôte préfigurait, et, s’il est intelligent dans les choses de Dieu, il sait aussi ce que préfigure la fête des Tabernacles, qui n’est pas encore accomplie : mais je reviendrai sur ces choses. Dieu merci, elles étaient parfaites dès le commencement, et à proprement parler seulement alors. Tout fut fait selon le modèle montré à Moïse sur la montagne. Les rationalistes peuvent mépriser aussi le Nouveau Testament, et faire peu de cas de l’épître aux Hébreux, qu’ils traitent d’alexandrine, mais nous n’avons pas encore appris que le plus merveilleux déploiement de grâce, de sainteté et de sagesse, façonné en un tout que personne ne peut déchirer, ne soit qu’une imposture.

6. 3.6.6 Le temple d’Ézéchiel
Quelles autres preuves nous donne-t-on de ce prétendu développement ? Le temple d’Ézéchiel. Mais c’est une instruction pour le temps de la restauration d’Israël ; ce n’est pas une description historique. À l’époque où écrivait ce prophète, il n’y avait pas lieu de dire de Jérusalem «Jéhovah-Shammah» (l’Éternel est là) ; il n’était pas question du prince ; au contraire, les enfants d’Israël étaient de misérables captifs des rois, que Dieu avait fait dominer sur eux dans sa colère, ainsi que l’exprime Néhémie. Les derniers chapitres d’Ézéchiel, depuis le ch. 40, sont une prophétie pour le temps qui suivra la destruction de Gog, temps auquel les nations sauront que l’Éternel est le Dieu d’Israël, qui les avait fait aller en captivité, et qui les ramènera, les rassemblant en leur terre, sans en laisser un seul de reste (Ézéch. 39:28). Car ces jours arriveront, quoi que puissent penser les rationalistes. La vision du temple dans Ézéchiel est une prophétie, ce n’est en rien une preuve historique d’un développement quelconque qui aurait eu lieu après l’Exode. Quand Esdras fixa, comme l’on dit, l’état légal d’Israël, le temple d’Ézéchiel n’y était pas compris.

7. 3.6.7 Le livre de la loi au temps de Josias
Mais il reste une autre affirmation, «le livre de Josias», c’est-à-dire celui que l’on avait trouvé dans le temple, et qu’on lut devant ce prince. Ce qui est indiqué de la législation contenue dans ce livre, dit-on, ne correspond pas à l’ancienne loi consignée dans l’Exode, mais bien au livre du Deutéronome. Si, en parlant ainsi, on fait allusion au fait qu’il n’y avait qu’un seul lieu de culte, il n’y a qu’à remarquer que cela était plus strictement établi dans l’Exode, quand le tabernacle fut dressé, c’est-à-dire au commencement, que dans le Deutéronome. Seulement ce dernier concernait le pays, l’Exode était pour le désert. Mais d’ailleurs, dans les Rois, il n’est pas dit un mot du contenu du livre trouvé par Hilkija. Quand Josias parle de «ce livre», le livre de la loi, je ne vois pas pourquoi on en exclurait plutôt le Deutéronome que l’Exode ou le Lévitique ; d’autant plus que c’est ce dernier qui renferme les plus terribles menaces de toutes (voyez ch. 26). Josias entendit les paroles du livre de la loi et son coeur fut touché ; mais il n’eut pas l’idée que ce fût un livre nouveau ou une loi nouvelle. C’est le livre de la loi qui fut trouvé. Sous le long règne de Manassé, il avait été absolument négligé, mais Josias n’en parle pas comme d’une chose nouvelle. «La colère de l’Éternel qui s’est allumée contre nous est grande, parce que nos pères n’ont point obéi aux paroles de ce li