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Dieu objet transitionnel...

Posté : 13 juin18, 05:14
par Estrabolio
Bonjour à tous,

Si le titre vous choque désolé mais il résume le thème de ce fil.

Si je me permets ce rapprochement entre Dieu et un objet transitionnel c'est que j'ai pris conscience que mon rapport à Dieu avait été celui qu'un enfant a à un ami imaginaire ou un doudou.

Chaque fois que j'avais une décision à prendre, chaque fois que je devais affronter une épreuve, je m'appuyais sur Dieu comme un enfant serre son doudou avant de rentrer dans une pièce mal éclairée.
Ce n'était pas moi qui avait de la force, c'était Dieu qui me la donnait....

Oui mais voila, un jour j'ai compris que ce Dieu de la Bible que je croyais à mes cotés n'existait pas et là...... eh bien à la première épreuve, je me suis dit qu'il fallait y aller et, au fil du temps, je me suis rendu compte que rien n'avait changé !
Ah si, la différence c'est qu'aujourd'hui je sais que c'est en moi que je peux trouver cette force pas dans je ne sais quelle force supra humaine.

Au final, lorsqu'on ne compte que sur soi même, on n'est jamais déçu, on fait ce qu'on peut.
Lorsqu'on est croyant, quand les choses se passent mal, qu'on arrive pas à surmonter un problème, on se pose des questions, si on a déplu à notre ami imaginaire, cela ajoute des soucis aux soucis et si tout s'améliore, au lieu de se réjouir d'avoir surmonter, on rend grâce à l'ami imaginaire d'avoir fait le boulot à notre place !

Conclusion cette croyance est négative puisqu'au lieu d'aider l'homme a se connaître, à comprendre ses possibilités elle le rend de plus en plus dépendant de sa croyance, c'est un cercle vicieux.

J'ai parlé de la croyance en Dieu mais c'est valable pour toute forme de croyances et superstitions, pour toute béquille psychologique.

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 13 juin18, 22:10
par vic
Estrabolio a dit : Conclusion cette croyance est négative puisqu'au lieu d'aider l'homme a se connaître, à comprendre ses possibilités elle le rend de plus en plus dépendant de sa croyance, c'est un cercle vicieux.

Dans le Tittha Sutta, Bouddha déclare :

« Le fait de croire en la création du monde par un être suprême » conduit à un manque d’effort dans la pratique et à l’inaction".

On perd beaucoup de temps quand on croit en ce type de croyance , parce qu'on n'essait pas de se remettre en question avec un certain pragmatisme et on attend tout de la providence . Effectivement l'idée du doudou est une image bien appropriée , parce que la croyance en ce type de dieu créateur anthropomorphique est un peu un personnage idéalisé comme l'imaginaire d'un enfant . Il reste à passer à l'age adulte et affronter la réalité telle qu'elle est pour trouver les meilleurs moyens d'entrer le mieux possible en relation avec la nature et la réalité et être en harmonie avec elle , ça s'appelle l'adaptation . Et là c'est bien plus proche du bouddhisme ou du Taoïsme comme démarche même si il n'est pas utile de devenir bouddhiste ou Taoïste pour autant . Mais on rencontre aussi largement ce type d'infantilisme chez certains bouddhistes qui adulent une déïté comme un doudou par exemple .
Disons que ça fonctionne un peu comme un placébo , ou de l'hypnose , et ça peut soulager un peu notre quotidien mais au dépend d'un travail sur nous même plus profond et réaliste .Et du coup comme ce travail plus profond n'est pas fait puisqu'on s'en remet à travers un dieu à la providence, nos ennuis et nos souffrances ne sont pas résolus aussi bien qu'ils le pourraient à la racine du vrai problème . Parce que la racine du vrai problème n'est pas en relation avec le fait d'avoir plu ou pas à un dieu et à ses exigences et si on en reste à cette croyance on fait du surplace sur le plan de la connaissance de notre vraie nature puisqu'on tourne en rond à l'intérieur de notre propre imaginaire . L'imaginaire fait partie de notre nature , il ne faut pas l'éliminer , mais simplement prendre un certain détachement , un certain recul et plutôt avoir une certain relativisme sur cette qualité de notre nature et ne pas en faire une pensée dominante .C'est ainsi que l'imaginaire peut avoir toute sa place dans notre équilibre .

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 13 juin18, 23:32
par Estrabolio
Tout à fait Vic merci pour cette jolie citation, cela me fait penser aux petites roues du vélo qu'on a peur d'enlever :)
Ce qui est impressionnant c'est ce besoin de se raccrocher à une référence et à des objets : statues et compagnie sans parler des simples superstitions "je touche du bois".... à chaque fois, chercher quelque chose pour se rassurer comme le nouveau né qui cherche le contact avec sa maman.
Au final, tout comme on ne peut pas vraiment profiter du vélo si on garde les petites roues, on ne peut pas vraiment devenir soi si on conserve en garde fou un ami imaginaire.

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 13 juin18, 23:56
par vic
Estrabolio a écrit :Tout à fait Vic merci pour cette jolie citation, cela me fait penser aux petites roues du vélo qu'on a peur d'enlever :)
Ce qui est impressionnant c'est ce besoin de se raccrocher à une référence et à des objets : statues et compagnie sans parler des simples superstitions "je touche du bois".... à chaque fois, chercher quelque chose pour se rassurer comme le nouveau né qui cherche le contact avec sa maman.
Au final, tout comme on ne peut pas vraiment profiter du vélo si on garde les petites roues, on ne peut pas vraiment devenir soi si on conserve en garde fou un ami imaginaire.
Moi je vois une difficulté qu'on a à s'adapter à notre environnement et à trouver des solutions pragmatiques à nos problèmes qu'on essait de contourner par le refuge dans l'imaginaire .
L'imaginaire devient un mécanisme de protection parce qu'on évite de voir la réalité en face .
Mais ce faisant, en ne voyant plus la réalité en face nous nous éloignons toujours plus des solutions pragmatiques efficaces pour résoudre nos problèmes .
En gros une fuite de la réalité ça fonctionne toujours pendant un certain temps en apparence , un peu comme quand on se drogue pour oublier ou partir dans un autre monde . Mais la réalité nous rattrape toujours, et le choc et d'autant plus violent qu'on n'a passé son temps à ne pas voir au lieu de trouver des vrais solutions profondes à nos problèmes dans ce même temps .

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 01:11
par Inti
Estrabolio a écrit :Si je me permets ce rapprochement entre Dieu et un objet transitionnel c'est que j'ai pris conscience que mon rapport à Dieu avait été celui qu'un enfant a à un ami imaginaire ou un doudou.
Oui ça c'est transitionnel dans une optique personnelle. La tienne. Ton cheminement.

Mais dieu est plutôt un sujet traditionnel, une culture devenue mondiale née autour d'un bassin de civilisation, un des berceaux de l'humanité parmi tant d'autres, mais qui s'est "universalisé" tant par le verbe que par le glaive.

On dit que: "L’Afrique a enfanté l’humanité. Mais c’est la Mésopotamie qui l’a inscrite dans l’histoire". C’est en effet en Mésopotamie que sont apparus l’écriture, l’élevage, l’agriculture, les premières villes et leur administration planifiée, les premières monarchies, les premières dynasties, les premiers temples et les premières guerres aussi. ( éditions de chavonne) En partant du point de vue de "l'ancien Monde", bien entendu.

Mythes, légendes, diversités culturelles, synchrétisme... Ont débouché sur ce qu'on peut désigner maintenant sous le terme de créationnisme. Une culture sur les origines du monde et de l'ordre humain. Une logique culturelle. Bon nombres d'individus se réalisent très bien au sein de cette croyance et théologie. Comment ne pas constater que Dieu a souvent été relié à la supériorisation morale et sociale. Tant pis pour les marginaux.

Le choc des cultures entre ancien et nouveau monde fut sans doute de cette mouture, l'homme vu comme pouvoir sur la nature et de bon droit divin. Dieu est une culture ...avec un système de valeurs morales, sociales, spirituelles. On croît souvent devoir réformer la nature humaine dans sa condition naturelle devant les travers de l'humanité l'accusant des pires intolérances, racismes, sexismes, discriminations alors que c'est plutôt les dogmes culturels et doctrines idéologiques dans leur façonnement existentiel qui maintiennent l'homme dans ses conditionnements et certitudes supérieures.

Le sacré? Il est dans la nature ou la culture?

À chacun son absolu. L'athéisme quand il en devient un absolu pêche aussi par excès de confiance. Cela l'empêche de voir que l'eau dans lequel il baigne et évolue est la même pour tous et qu'il est tout autant le dépositaire et héritier de cette culture et civilisation. Ici on parle beaucoup de l'absolu de tous et chacun, bouddhiste inclus :wink: , presque jamais de la relativité des êtres et des choses. :hi:

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 02:59
par vic
Inti a dit : L'athéisme quand il en devient un absolu pêche aussi par excès de confiance.
Je ne sais pas , ça dépend des raisons qui pousse la personne à l'athéïsme .
Inti tu deviens absolu parce que tu pêche aussi par un excès de confiance .
Certaines formes d'athéïsmes sont plutôt une vision détachée d'un besoin impératif de réponse à toutes les questions .
Si la personne ne trouve pas anxiogène de ne pas avoir besoin d'y répondre elle s'en fout .
C'est du reste la majorité de ce que l'on voit en france , les gens préfèrent vivre et puis voilà .

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 03:02
par Inti
vic a écrit :Inti tu deviens absolu parce que tu pêche aussi par un excès de confiance
Ben non. Je parle de la relativité des êtres et des choses. Tu ne m'as pas lu attentivement, :) :hi:

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 03:08
par vic
Inti a dit : Cela l'empêche de voir que l'eau dans lequel il baigne et évolue est la même pour tous et qu'il est tout autant le dépositaire et héritier de cette culture et civilisation.
Non, le athée n'est pas dépositaire des croyances culturelles des autres ni héritier puisqu'il ne continue pas la chaine et qu'il va en rupture de cet héritage et qu'il rend ce qu'il a hérité sur le plan religieux en tous cas en quelques sortes .
Personnellement il ne me reste pas grand chose de la culture chrétienne .
Tout n'est pas blanc ou noir parce que les êtres humains possèdent des valeurs communes , par exemple la souffrance , la vieillesse, donc ce fond commun culturel . Mais ce fond commun n'est pas nécessairement religieux .

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 07:19
par Inti
vic a écrit :Personnellement il ne me reste pas grand chose de la culture chrétienne .
Tout n'est pas blanc ou noir parce que les êtres humains possèdent des valeurs communes , par exemple la souffrance , la vieillesse, donc ce fond commun culturel . Mais ce fond commun n'est pas nécessairement religieux
Ça c'est sur le plan individuel. L'absolu de chacun. Pour toi c'est la méditation et un "oasis mental". Mains ici on parle de culture universelle. La sphère culturelle qui chapeaute la sphère naturelle. Essaie de sortir de ta bulle bouddhiste de tant à autres si tu veux jaser de philosophie sociale. :hi:

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 07:47
par sen-no-sen
Estrabolio a écrit : Si je me permets ce rapprochement entre Dieu et un objet transitionnel c'est que j'ai pris conscience que mon rapport à Dieu avait été celui qu'un enfant a à un ami imaginaire ou un doudou.
C'est une remarque très intéressante.
Dieu peut effectivement être considéré comme un objet transitionnel.
Cette transition est à mettre en rapport avec l'évolution psychique de l'individu et de sa maturité vis à vis du réel.
Ce phénomène de transition est étudié en psychologie.A titre d'exemple,les enfants pratiquent naturellement ce que les psychiatres appel l'animisme enfantin,cette pratique consiste à attribuer à des choses inanimées une sorte de personnalité,voir une âme.
Elle est à mettre en rapport avec la perméabilité du moi d'avec le monde extérieur.
Avec l'âge l’être humain est logiquement prédisposé à extrapoler l'existence d'une ou de plusieurs divinités en tant que support psychique.
L’athéisme ou dans une moindre mesure l'agnosticisme correspond à une forme d’achèvement dans le processus de maturation mental.

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 08:22
par Inti
sen-no-sen a écrit :Avec l'âge l’être humain est logiquement prédisposé à extrapoler l'existence d'une ou de plusieurs divinités en tant que support psychique.
L’athéisme ou dans une moindre mesure l'agnosticisme correspond à une forme d’achèvement dans le processus de maturation mental.
Voilà bien un des excès de confiance d'un prétendu " Rationalisme scientifique" dont le thème de la thermodynamique est un bon exemple. :hi:

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 09:38
par gadou
Estrabolio a écrit :mon rapport à Dieu avait été celui qu'un enfant a à un ami imaginaire ou un doudou....j'ai compris que ce Dieu de la Bible que je croyais à mes cotés n'existait pas...
Tu t'étais imaginé un Dieu qui n'existe pas, c'est vrai. La description que tu fais de ce Dieu le montre bien. Mais ce n'est pas la description de la Bible.
Estrabolio a écrit :Au final, lorsqu'on ne compte que sur soi même, on n'est jamais déçu...
Par exemple, si tu désires voir le soleil t'éclairer tu peux compter sur toi pour aller au soleil, mais tu comptes sur la régularité de l'astre pour que le soleil soit au rendez-vous, ou si tu dois obtenir un médicament, tu peux compter sur toi pour aller à la pharmacie, mais tu comptes sur le pharmacien pour te vendre le médicament.

Si tu n'a jamais été déçu par toi-même, t'es un gars extraordinaire, la plupart des gens ça leur arrive de rater un truc ou deux.

En quoi est-ce gênant d'être déçu, accepter que la déception est un petit morceau de la vie permet d'entreprendre avec plaisir même sans avoir confiance en la réussite.

Pour un handicapé comme moi, un objet qui normalement est transitionnel pour ceux qui guérissent devient perpétuel par nécessité, mais je n'en nie pas pour si peu l'existence.

Re: Dieu objet transitionnel...

Posté : 14 juin18, 09:58
par Estrabolio
Ce qui est le plus triste dans tout ça, c'est que tout le monde sait à quel point il est dramatique pour l'estime de soi de l'enfant que ses parents le dévalorise et pourtant, c'est exactement ce que fait le Père spirituel de la Bible.
Il ramène chacun de ses adorateurs à des pécheurs, des êtres dont le coeur est mauvais dés la naissance, qui ne pourront jamais rien faire de parfaitement bon et qui ne peuvent au final rien mériter sinon la mort.
Quelle épouvantable dévalorisation ! Pourtant, le chrétien vous dira que ce n'est pas le cas, pourquoi ? Parce qu'il y a pire que lui, celui qui ne croit pas ou qui croit mal qui lui sera puni alors que le chrétien espère en quelque chose qu'il ne peut pas mériter mais que son Père lui donnera peut être !
Oui, le peu d'estime de soi que peut avoir un chrétien, c'est uniquement par rapport à pire que soi.
Lorsqu'on lâche cette main invisible, on s'aperçoit de ce qu'on vaut vraiment, de ce qu'on est capable de faire, de ses forces, de ses faiblesses, en bref, on s'aime pour ce qu'on est réellement et pas par rapport aux autres ou au regard d'une mystérieuse divinité.