Le vélo

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J'm'interroge

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Le vélo

Ecrit le 26 mai21, 02:18

Message par J'm'interroge »

Voici un texte qui m'a été communiqué, texte d'un élève de 2 ième année de prépa (math-physique-sciences de l'ingénieur) :

Enzo a écrit :Court récit sans titre.


En réalité, le vélo n’a jamais existé. On pourrait alors le désigner comme une sorte de bâton relié à deux roues, mais cela serait revenir au même problème de “qu’est-ce la roue” ou “qu’est-ce le bâton”. De sorte, il était maintenant clair que le vélo n’était pas. Et pourtant, je roulais. Je ne marchais pas, je n’étais pas dedans (ou dessus) une voiture, ni dans un avion. Non, je pédalais paisiblement tout comme je pédalais lors de mon départ.

Tel était alors la confrontation, pas forcément profonde, mais réelle, auquel je faisais face : le vélo n’existait pas, et pourtant je pédalais sur ce que, j’aurais dit auparavant, sur celui-ci. D’ailleurs soyons clair, je définis ici “vélo” ce qui, jusqu’à présent, était l’engin que j'admettais être sur auparavant. Aussi absurde que cette définition est (car elle supposerait que le vélo ait existé), elle prend sens dans la temporalité de ma croyance.

En effet, il eut un temps, à peu près 5 min avant, où l’idée du vélo ne me dérangeait pas plus du fait que “je suis” ou que je respire. Le vélo existait dans mon subconscient, et j’ai appris à y croire lorsque j’étais petit, de la même manière que j’ai cru, en grandissant, au monde que j’observais et avec lequel j’interagissais. Le vélo était, et j’y croyais. Pourtant, j’étais maintenant pris d’une sorte d’effroi. Ce n’était pas une peur que je qualifierai de biologique : je ne suais pas, je n’avais pas de poussé d’adrénaline, et je ne me sentais pas comme une proie, au contraire, je continuais à pédaler tout en profitant de l’air frais qui frôlait mes joues. C’était une terreur intellectuelle ; ce qui m’avait semblé évident, ne l’était plus. Pourquoi le vélo serait-il ? Dans un premier temps, l'expérience prouvait que appuyer sur la pédale selon ma volonté faisait avancer l’engin, mais, dans un second temps, je ne pouvais pas simplement associer n’importe quelle pédale à n’importe quelle roue, et la faire avancer selon ma volonté à l’appui de cette première (et pourquoi dépendre de la pédale pour faire avancer la roue selon ma volonté, plutôt que directement faire avancer la roue par ma volonté ?) ; le vélo était non trivial, et pire encore, je n’y croyais plus. Alors pourquoi le vélo ? Et pourquoi pas l’autobus ? L’hélicoptère ? Ou même le bicycle !?


Et malgré tout ces songes, je roulais.


Toutes ces questions commençaient à me monter à la tête, je ralentis la cadence, m’arrêta. Je tins le guidon en main et me dirigea vers un proche rocher, sur lequel je pouvais exposer la source de mes soucis, qui me tirait presque un sourire sadique.

Je contemplais minutieusement l’irréel. Je caressais du regard chacun des rouages complexes de l’intolérable, comme s’il s’agissait d’une œuvre divine. Mon regard se portait d’abord sur ses misérables roues en caoutchouc, raffermies par le bitume, et puis remontait sur sa chaîne en fer, grossièrement couverte de graisse, ses simples pédales en plastiques, salies par mes baskettes, et sa maigre barre en aluminium qui luisait sous le soleil, puis finit sur sa selle et son guidon, tout les deux dans une piètre imitation plastique de cuirs.

Le vélo devait être une évidence pour celui qui avait conçu l'ingénierie de tout cela, mais moi, même avec tous les outils et matériaux pour, je serais probablement incapable d’accéder au vélo. Je me sentais humilié. Par sa simple présence, mon intégrité était tordue, et je faisais face, dans mon plus grand calme, à une absurdité qui m’arrachait.

Je sentais la rage monter en moi. Comment a-t-on pu négliger cette partie dans mon éducation, ne rien m’expliquer, et manquer à me préparer au vélo ? Le vélo était imprégné dans la culture, invisible pour le grand public, et y apparaissait comme un phénomène surnaturel, le vélo était ex-nihilo. Néanmoins j'espérais que lorsque je serais rentré chez moi, je pourrais remonter la connaissance sur mon ordinateur, et peut-être, si Dieu m’en fait grâce, me réconcilier avec le vélo.


Je scrutais, une simple pédale en plastique lentement vaciller à la brise du vent.


Mais ici seul, face à face à l’inexplicable et l'insaisissable, si je voulais survivre cet affront, alors nécessairement je devais croire au vélo.

Non pas que celui-ci retombe dans mon inconscient, cela était impossible, mais bien y prêter ma foi, et laisser apparaître le vélo.


Et le vélo fut.
La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut en percevoir, s'en représenter, concevoir, croire ou comprendre.

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Re: Le vélo

Ecrit le 26 mai21, 12:08

Message par Inti »

J'm'interroge a écrit : 26 mai21, 02:18 Je contemplais minutieusement l’irréel. Je caressais du regard chacun des rouages complexes de l’intolérable, comme s’il s’agissait d’une œuvre divine. Mon regard se portait d’abord sur ses misérables roues en caoutchouc, raffermies par le bitume, et puis remontait sur sa chaîne en fer, grossièrement couverte de graisse, ses simples pédales en plastiques, salies par mes baskettes, et sa maigre barre en aluminium qui luisait sous le soleil, puis finit sur sa selle et son guidon, tout les deux dans une piètre imitation plastique de cuirs
Ben oui JM. Un vélo n'a rien de surréaliste. C'est une substance physique qui supporte ton c u l même si tu as l'impression que ton esprit pédale dans le vide et avance plus vite que le temps. Pas besoin d'avoir fait et gagné le tour de France pour comprendre ça. Je pense même à vendre mon vélo guru pour un scooter cet été. :slightly-smiling-face:
.

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Re: Le vélo

Ecrit le 27 mai21, 02:27

Message par indian »

Inti a écrit : 26 mai21, 12:08 Je pense même à vendre mon vélo guru pour un scooter cet été. :slightly-smiling-face:
Y gagneras tu au change?
Unir l'humanité. Un seul Dieu. Les grandes religions de Dieu. Femmes, hommes sont égaux. Tous les préjugés sont destructeurs et doivent être abandonnés. Chercher la vérité par nous-mêmes. La science et la religion en harmonie. Nos problèmes économiques sont liés à des problèmes spirituels. La famille et son unité sont très importantes.

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Re: Le vélo

Ecrit le 27 mai21, 05:37

Message par J'm'interroge »

Inti a écrit : 26 mai21, 12:08 Ben oui JM. Un vélo n'a rien de surréaliste. C'est une substance physique qui supporte ton c u l même si tu as l'impression que ton esprit pédale dans le vide et avance plus vite que le temps. Pas besoin d'avoir fait et gagné le tour de France pour comprendre ça. Je pense même à vendre mon vélo guru pour un scooter cet été. :slightly-smiling-face:
Qu'est-ce que tu me parles tout le temps de surréalisme ?!

Quel est le rapport avec le surréalisme ici ?

Le seul à voir du surréalisme partout, même où il n'y en a pas, c'est toi Inti.
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Re: Le vélo

Ecrit le 27 mai21, 05:59

Message par Inti »

J'm'interroge a écrit : 27 mai21, 05:37 Qu'est-ce que tu me parles tout le temps de surréalisme
Ça commençait comme ça ce paragraphe...
J'm'interroge a écrit : 26 mai21, 02:18 Je contemplais minutieusement l’irréel. Je caressais du regard chacun des rouages complexes de l’intolérable, comme s’il s’agissait d’une œuvre divine.
Un surréaliste ne peut pas voir son surréalisme comme un individu en état de psychose ne voit pas sa psychose. :winking-face:
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