La création dans l'attente (Romains 8.18-23)

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Claude Phaneuf

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La création dans l'attente (Romains 8.18-23)

Ecrit le 22 juil.04, 00:20

Message par Claude Phaneuf »

<b>LA CRÉATION DANS L'ATTENTE</b>

<b>18</b> Car j'estime que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d'être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée. <b>19</b> Car la vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu. <b>20</b> Car la création a été assujettie à la vanité (non de sa volonté, mais à cause de celui qui l'a assujettie), <b>21</b> dans l'espérance que la création elle-même sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. <b>22</b> Car nous savons que toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu'à maintenant ; et non seulement elle, <b>23</b> mais nous-mêmes aussi qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, attendant l'adoption, la rédemption de notre corps (Romains 8.18-23).

Au verset 18, Paul parle des souffrances que le croyant doit endurer dans le «temps présent» en vue de la <b>gloire</b> qui doit être révélée à la parousie du Christ. Il ne fait pas allusion ici aux souffrances qui sont le lot commun de la vie quotidienne des hommes. Ces souffrances sont celles du «temps présent» (<i>toû nûn kairoû</i>), une expression technique qu'il ne faut pas confondre avec la simple notion de temps en général <b>(1)</b>.

<b>(1)</b> John Murray, <i>The Epistle to the Romans.</i> New International Commentary on the New Testament. Grand Rapids : William B. Eerdmans Publishing Company [1968] 1973, page 300.

Thayer commente que c'est «la période finale de l'âge présent, le temps qui précède immédiatement le retour du Christ des cieux» (<i>Thayer's Greek-English Lexicon of the New Testament.</i> Peabody, Massachusetts : Hendrikson Publishers, 2002, page 318).

Le grec a deux termes pour exprimer le temps : <i>chronos</i> et <i>kairos</i>. Alors que le premier envisage simplement le temps au point de vue de la durée, le second exprime «le moment critique et précis du temps, le moment prévue, la saison prédestinée» (R.C. Trench, <i>Synonymes du Nouveau Testament.</i> Québec, Canada : Éditions Impact, s.d., page 237). Voir aussi Thayer, <i>op. cit.</i>, page 319. Ainsi les souffrances du «temps présent» désignent les souffrances de cette brève période critique et intense qui précède immédiatement la parousie du Christ, le moment prédeterminé où la gloire sera révélée. Cette époque a été décrite comme celle des douleurs de l'enfantement du monde nouveau.


À cet égard, John Murray commente :

«Le temps présent désigne <i>cet âge</i> ou <i>l'âge présent</i> en contraste avec <i>l'âge à venir</i> (cf. Matthieu 12.32 ; Marc 10.30 ; Luc 16.8 ; 20.34-35 ; Romains 12.2 ; Galates 1.4 ; Éphésiens 1.21). L'âge à venir désigne l'âge de la résurrection et de la gloire qui doit être révélée. Le contraste n'est pas entre la souffrance qu'un croyant endure dans cette vie avant la mort et la félicité dans laquelle il entre au jour de la mort (cf. 2 Corinthiens 5.8 ; Philippiens 1.23). La gloire qui est en vue est celle de la résurrection et de l'âge à venir. Il est dit que c'est <i>la gloire qui sera révélée envers nous</i>» <b>(2)</b>.

<b>(2)</b> John Murray, <i>Op. cit.</i>, pages 300-301.

Ce que Murray déclare à propos des deux âges est exact dans l'ensemble, à l'exception d'une différence cruciale concernant Romains 8.18. Selon la perspective de Paul, le «temps présent» désigne le temps de «cet âge» (l'éon ancien). Mais il ne désigne pas <i>entièrement</i> «cet âge» vu que «l'âge à venir» (le nouvel éon) a déjà fait irruption. C'est le temps <b>entre</b> les âges, mais avec la particularité que c'est un temps durant lequel «cet âge» et «l'âge à venir» coexistent ou se chevauchent jusqu'au temps du changement achevé. Cela explique la tension entre le <i>déjà</i> et le <i>pas encore</i> qui est propre à l'eschatologie paulinienne.

Les <i>souffrances</i> de cette période de transition proviennent des puissances de «cet âge» qui s'opposent au changement se réalisant par les puissances de la mort et de la résurrection du Christ. Par sa mort avec le Christ, le croyant était délivré des puissances de servitude de «cet âge» avant sa consommation ; mais par sa participation au règne du Christ pour consommer l'âge (il goûtait aux puissances de l'âge à venir, Hébreux 6.5), le croyant demeurait exposé aux puissances de séduction et de persécution de «cet âge» jusqu'à la fin. Par exemple, Paul était crucifié au monde (Galates 6.14), mais sa mort à l'éon ancien ne le mettait pas à l'abri des souffrances et des persécutions infligées par les principautés et les puissances de l'éon ancien.

Paul avait cependant l'assurance que s'il souffrait avec le Christ dans le «temps présent», il serait aussi révélé avec Lui dans la gloire quand toute principauté, toute autorité et toute puissance d'opposition auront été assujetties (Romains 8.17-18 ; 1 Corinthiens 15.24 ; Colossiens 3.4).

<b>Un «temps présent» d'un moment</b>

Ce «temps présent» de souffrances (Romains 8.18) correspond à ce qui est déclaré ailleurs : «Car notre légère tribulation d'un moment, opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire» (2 Corinthiens 4.17). Dans les deux passages, ce n'est pas la mort physique qui délimite la brièveté de cette période de souffrances, mais la parousie du Christ. Ernest Kasemann a commenté que c'est «le moment de la destinée qui précède la révélation de la gloire à venir» ; et ce qui est indiqué par ce moment de légère tribulation, c'est «la proximité immédiate de l'événement tant attendu» et «ce qui est en vue, c'est la parousie» <b>(3)</b>.

<b>(3)</b> Ernest Käsemann, <i>Commentary on Romans.</i> Grand Rapids : William B. Eerdmans Publishing Company, 1980, page 232.

La parousie du Christ est toujours l'événement qui est au cœur de l'attente eschatologique durant la période après la croix. Cette parousie du Christ est liée à «l'espérance de la justice» (Galates 5.5), au salut prédit par les prophètes (1 Pierre 1.9-13), à la réception de «la promesse» (Hébreux 10.35-37) et à «l'adoption, la rédemption de notre corps» (Romains 8.23).

Ce futurisme qui suit <i>le moment de légère tribulation</i> représente la consommation de ce qui avait été déterminé dans les événements décisifs de la mort et de la résurrection du Christ. Les croyants qui participaient à ce «temps présent» d'un moment attendaient la parousie du Christ pour amener la réalisation complète des choses qu'ils avaient obtenu provisoirement dans le Christ. La présence de l'Esprit, habitant en eux, constituait à la fois le gage et la puissance dans le renouvellement et la transformation qui faisaient toutes choses nouvelles.

Il peut sembler paradoxal de dire que les croyants recevaient ce qu'ils avaient déjà obtenu. Mais il en est ainsi parce que nous ne lisons pas les écrits de Paul dans leur cadre eschatologique. L'eschatologie de Paul n'est jamais séparée de la croix du Christ, qui est l'événement qui détermine et consomme ce futur.

Romains 8.19 indique clairement que la gloire à venir des fils de Dieu, une gloire à laquelle ils étaient amenés par l'Esprit eschatologique, représente aussi la destinée de la création. La création attendait d'une «vive attente» la révélation des fils de Dieu. Le terme grec qui exprime cette «vive attente» de la création est <i>apokaradokia</i>, et il indique «l'acte de regarder avec le cou tendu» <b>(4)</b>.

<b>(4)</b> «C'est là une expression très forte. Le mot grec exprime, d'après l'étymologie, le geste de l'attente, l'acte de regarder avec le cou tendu» (Charles Hodge, <i>L'Épître aux Romains.</i> Tome 2. Québec, Canada : Éditions Impact, s.d., page 135).

«Le mot traduit en autant que cela est possible, entendre et voir quelque chose de très agréable ou de grande importance...» (James MacKnight, <i>Romans.</i> Grand Rapids, Michigan : Baker Book House, 1969, page 345).

«<i>Apokaradokia</i> : de <i>karadokeô</i> : tendre la tête, allonger le cou, pour observer, épier, dans l'attente anxieuse de ce qu'on va peut-être voir ou découvrir» (Franz-J. Leenhardt, <i>L'Épître de saint Paul aux Romains.</i> Neuchâtel, Switzerland, 1957, page 125, note 3.

Dans un même ordre d'idées, J.H. Thayer écrit que le terme exprime «une attente anxieuse et persistante» (<i>Op. ci.</i>, page 62).


On peut voir ici une solidarité entre les croyants et la création. Cette solidarité est telle que la rédemption achevée des croyants ayant les prémices de l'Esprit entraîne aussi la rédemption de la création. C'est à ce moment-là seulement que «la création elle-même est affranchie de la servitude la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Romains 8.21).

À l'évidence, nous avons ici un cas de rédemption <i>par substitution</i> ou <i>par personne interposée.</i> On trouve un cas similaire dans 1 Corinthiens 15.29 où il est fait mention d'un baptême pour les morts (les «morts» désignent ici Israël). Ainsi la création est amenée à la rédemption par la puissance que Dieu opère par Son Esprit dans la vie des croyants qui sont <i>dans le Christ.</i> Dans la mesure où le <i>baptême des croyants</i> avait pour but d'amener les croyants à la rédemption et à la révélation consommées dans la gloire, il représentait un baptême <b>pour</b> (en faveur de) <b>la création</b>.

Ce fait est inéluctable. L'espérance de la création consistait dans sa délivrance de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu qui venait à son achèvement et à sa révélation par les prémices (Cf. Galates 4.25).

<b>L'identité de «la création»</b>

Étant donné qu'il existe une solidarité entre la création et les fils de Dieu qui sont <i>dans le Christ</i>, il très important de bien identifier «la création» qui est mentionnée dans Romains 8.19-21.

Ce qui trouble plusieurs interprètes ici, c'est l'idée que l'église ne parvient pas à la perfection ou au salut consommé indépendamment de la rédemption de la création. Il est donc impératif de comprendre la signification de la création non rachetée qui attend la rédemption consommée des croyants qui sont dans le Christ. Quelle est cette création (en plus des croyants baptisés) qui doit participer également à la «liberté de la gloire des enfants de Dieu» ?

Bon nombre de théologiens (Hodge, Bloomfield, Alford, Murray et Lard, etc.) pensent que <i>la création</i> de Romains 8 se réfère aux cieux et à la terre physiques. D'autres théologiens (Locke, Hammond, Stuart et MacKnight) sont plutôt d'avis qu'il s'agit d'une allusion à l'humanité en général. Toutefois, la plupart d'entre eux conviennent que le sens du terme <i>ktisis</i> qui est traduit par «créature» ou «création», en raison de ses nombreuses acceptions, doit être déterminé par le contexte.

Charles Hodge commente : «Ce mot désigne proprement, <i>l'acte de créer</i> ... puis, par métonymie, <i>ce qui est créé</i>», et à cet égard, il énumère quelques-unes des diverses significations qui ont été attribué au terme dans ce passage <b>(5)</b>.

<b>(5)</b> Charles Hodge, <i>Op. cit.</i>, pages 142-143.

Concernant le terme <i>ktisis</i> lui-même, Lard reconnaît que «son usage dans le Nouveau Testament ne projette aucune lumière décisive sur sa signification dans le cas actuel ; et par conséquent, nous sommes laissés principalement au passage lui-même pour en déterminer le sens» <b>(6)</b>.

<b>(6)</b> Moses E. Lard, <i>Commentary on Paul's Letters to Romans.</i> Delight, Arkansas : Gospel Light Publishing Company, s.d., page 269.

À cela nous ajouterons les commentaires de John Brown :

«Le mot exprime principalement et proprement l'acte de créer. Puis, par une transition assez naturelle, il en vient à désigner ce qui est créé. Il signifie parfois, surtout quand il est employé avec les adjectifs «tout» ou «chaque», l'univers créé, c'est-à-dire le monde, tout le système de la nature ; et parfois il se limite à une classe particulière de créatures, et désigne alors la totalité – par exemple, des hommes, de la même manière que notre terme «monde» est employé ... Par conséquent, il est tout à fait évident que les expressions «la créature» ou «la création», «toute créature» et «toute la création», peuvent être interprétées, pour ce qui est de l'usage des auteurs inspirés, soit de tout le système de la nature, c'est-à-dire de l'univers des créatures, soit de l'humanité en général» <b>(7)</b>.

<b>(7)</b> John Brown, <i>Analytical Exposition of the Epistle of Paul the Apostle to the Romans.</i> Baker Book House Co., 1981, pages 228-229.

Leenhardt a bien relevé les diverses acceptions du terme : «<i>Ktisis</i> a été compris diversement : la création (la nature inanimée), une partie de la création (la «chair») ; la créature humaine ; telle fraction de l'humanité (les croyants, les non-croyants, ou juifs ou païens) ; la créature angélique, les bons ou les mauvais démons. Le mot peut aussi bien désigner la création inanimée ou animale (la nature) que la création humaine, la créature» (Franz-J. Leenhardt, <i>Op. cit.</i>, page 125, note 2.


Il est important de comprendre que le terme de «création» (<i>ktisis</i>) ne nécessite pas la vue selon laquelle la création de Romains 8.19 se rapporte obligatoirement à la création privée de raison (les cieux et la terre physiques) plutôt qu'aux êtres raisonnables et intelligents créés par Dieu.

L'Écriture indique clairement que le terme traduit par «créature» ou «création» peut se référer, et en fait se réfère souvent, à la création intelligente de Dieu, c'est-à-dire à l'homme doué de raison. Ainsi l'évangile devait être prêché à «toute créature» ou à «toute la création» dans tout le monde (Marc 16.15). Plus tard, Paul dira que l'évangile a été prêché dans «toute la création qui est sous le ciel» (Colossiens 1.23). Le Christ est désigné comme le premier-né de «toute la création» ou de «toute créature» (Colossiens 1.15). Si quelqu'un est dans le Christ, il est une «nouvelle créature» ou une «nouvelle création» (2 Corinthiens 5.17). Ailleurs, Paul écrit : «Car dans le Christ Jésus, ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont de la valeur, mais une nouvelle créature», c'est-à-dire une «nouvelle création» (Galates 6.15).

Dans tous les passages ci-dessus, il est évident que le terme <i>ktisis</i> («créature» ou «création») se réfère aux êtres intelligents, non la création dépourvue d'intelligence qui consiste en collines, en arbres, en ruisseaux ou en une vie animale inférieure, etc.

Si la majorité des interprètes adoptent le point de vue de la <i>création matérielle</i>, c'est pour la seule raison qu'ils ne peuvent admettre l'idée d'une <i>création intelligente</i> dont la rédemption est liée à la «révélation des fils de Dieu» qui se réalise à la parousie du Christ.

Par exemple, Charles Hodge fait le commentaire suivant : «Comment peut-on dire de l'humanité prise en masse, qu'elle doit être délivrée de l'esclavage de la corruption, et rendu participante de la glorieuse liberté des enfants de Dieu ? Comment dire surtout, que cela aura lieu au temps de la manifestation des enfants de Dieu, c'est-à-dire à l'époque du second avènement, au jour de la résurrection, quand viendra la consommation du royaume du rédempteur ?» <b>(8)</b>.

<b>(8)</b> Charles Hodge, <i>Op. cit.</i>, page 145.

L'argument de Hodge est basé sur la compréhension que la rédemption ou l'adoption des fils de Dieu, leur manifestation et leur glorification, et la parousie du Christ sont des événements qui doivent avoir lieu à une fin alléguée de l'âge chrétien. Dans cette compréhension des «choses dernières» il n'y a pas de place dans l'Écriture pour une rédemption, une adoption ou une délivrance d'une création intelligente à l'exception des CHRÉTIENS. Pour cette raison, on croit que la création de Romains 8.19-22 doit se rapporter à la création dépourvue de raison (les cieux et la terre physiques) et à sa destinée qui se réalisera à la parousie du Christ.

Selon cette optique, les chrétiens et la création matérielle sont liés ensemble pour toute la durée de l'âge chrétien, soupirant ensemble dans l'attente d'être délivré de «la servitude de la corruption». Les chrétiens et la création ne peuvent réaliser pleinement la «liberté de la gloire des enfants de Dieu» aussi longtemps que l'âge chrétien dure. La croix ne pouvait tout simplement pas réaliser un âge de délivrance, de rédemption ou d'adoption. Tout doit prendre fin !

Cela veut donc dire que la création matérielle soupire et attend d'une «vive attente» la fin de l'âge chrétien quand «les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont elle seront brûlées entièrement» (2 Pierre 3.10). C'est supposément ce que Paul voulait signifier quand il disait que la création serait <i>délivrée</i> de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Mais nous croyons qu'une telle idée est très éloignée de la pensée de Paul dans le contexte de Romains 8.

<b>La création intelligente de Dieu et la rédemption promise</b>

La difficulté à identifier correctement «la création» et sa rédemption vient du fait que nous ne lisons pas Paul dans le cadre eschatologique de son époque. L'eschatologie du Nouveau Testament est en fait l'eschatologie de l'Ancien Testament qui se réalise par l'événement du Christ durant la période du règne du Christ pour consommer l'âge. Paul n'envisage pas «l'adoption» et «la gloire qui doit être révélée» pour un avenir très éloigné ; mais conformément au futurisme délimité par le Christ (la consommation de l'âge dans Sa propre génération), il écrit avec assurance : «Et encore ceci : connaissant le temps, que c'est déjà l'heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru : la nuit est fort avancée, et le jour s'est approché» (Romains 13.11-12). Le jour qui «s'est approché» au temps de Paul, c'est le jour qui vient après <i>la nuit.</i> Ce jour s'est «approché» parce que la nuit est <i>fort avancée.</i> Quel est ce jour ? Est-ce le jour qui vient à la fin de l'âge chrétien ? Le christianisme représente-t-il «la nuit» ? Loin de là, Paul parle de l'aube du jour qui correspond au christianisme. C'est le jour éternel de «l'alliance éternelle» promise dans l'Ancien Testament. Ce jour doit être associé avec la levée de «l'étoile du matin» (2 Pierre 1.19), et avec «l'étoile brillante du matin» qui est «la racine et la postérité de David» (Apocalypse 22.16), par qui «toutes choses sont faites nouvelles» (2 Corinthiens 5.17 ; Apocalypse 21.5).

Pour revenir au temps de Paul et à ce cadre spécifique de consommation, les Écritures mentionnent en fait une création intelligente qui <i>espérait</i> et attendait d'une <i>vive attente</i> le jour de la rédemption ou de la délivrance de la «servitude de la corruption» (Luc 2.25, 38 ; 24.21 ; cf. Galates 4.25). Nous voulons parler de l'Israël de l'alliance, c'est-à-dire du peuple de la création de Dieu dans l'histoire du salut, et finalement «aux derniers jours», du peuple de l'œuvre rédemptive de Dieu dans le Christ.

Compte tenu de l'enseignement de l'Écriture en général, et du contexte de Romains 8 en particulier, nous présenterons sept points qui, croyons-nous, confirment que la <i>création</i> de Romains 8.19 se réfère à l'Israël historique.

<b>Premier point.</b> Dans tous les sens du terme, l'Israël de l'alliance représentait la création de Dieu. Ce peuple fut amené à l'existence et préservé par la seule puissance de Dieu. Cela apparaît dans l'appel d'Abraham, la naissance surnaturelle d'Isaac et la formation des douze fils de Jacob (les douze tribus d'Israël) sous l'ancienne alliance par l'opération de Dieu dans les événements de l'exode et du Sinaï. Moïse a écrit au sujet d'Israël : «Mais maintenant, ainsi dit l'Éternel, qui t'a créé, ô Jacob, et qui t'a formé, ô Israël : Ne crains point, car je t'ai racheté ; je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi ... chacun qui est appelé de mon nom, et que j'ai créé pour ma gloire, que j'ai formé, oui, que j'ai fait ... J'ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange» (Ésaïe 43.1, 7, 21).

<b>Deuxième point.</b> Le Nouveau Testament mentionne une <b>nouvelle création</b> qui est identifiée à la communauté des croyants dans le Christ. Paul a écrit : «En sorte que si quelqu'un est dans le Christ, c'est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles» (2 Corinthiens 5.17). Une <i>nouvelle création</i> présuppose évidemment une création plus ancienne. Mais quelle est l'identité de cette <i>création ancienne</i> ? Qu'est-ce qui détermine la création ancienne qui précède la nouvelle création dans le Christ ? On peut répondre à cette question en examinant ce qui détermine la <i>nouvelle création.</i> Qui voudrait nier que la nouvelle création dans le Christ désigne la communauté qui appartient au mode d'existence de la nouvelle alliance ? Par conséquent, la nouvelle création dans le Christ n'est pas mise en contraste avec la création matérielle de Genèse 1, mais avec la création de l'ancienne alliance qui remonte aux événements fondateurs de l'exode et du Sinaï. La nouvelle création doit être considérée «à cause de la faiblesse et de l'inutilité» de la création ancienne (Hébreux 7.18). «Car si cette première alliance avait été irréprochable, il n'eût jamais été cherché de lieu pour une seconde ; car, en censurant, il leur dit : Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai, pour la maison d'Israël et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance» (Hébreux 8.7-8). Selon l'Écriture, Dieu voulait faire avec la maison d'Israël et la maison de Juda une <i>nouvelle création</i> par le moyen d'une <i>nouvelle alliance.</i> On peut donc voir qu'Israël, en ayant reçu la promesse d'une nouvelle alliance qui résulterait d'une nouvelle création dans le Christ, correspond logiquement à la création ancienne de l'histoire du salut.

<b>Troisième point.</b> La création a été assujettie à la vanité (Romains 8.20). C'est une description qui convient bien pour désigner la création qui appartenait à l'ancienne alliance de la montagne du Sinaï. Charles Hodge soutient qu'il ne peut être dit que l'humanité a été amenée dans la vanité par l'acte et la volonté de Dieu <b>(9)</b>. Ici l'auteur fait allusion à la chute de l'homme dans le jardin d'Éden (Genèse 3). Mais Paul ne parle pas de la chute de l'homme qui est survenue après la création matérielle de Genèse 1. Il parle plutôt de l'acte de Dieu qui est survenu dans l'histoire du salut lors des événements de l'exode et du Sinaï. Dans tous les sens du terme, cette création fut assujettie à la «vanité» par l'action de Dieu, mais non pas sans «espérance». Paul a écrit : « Or la loi est intervenue afin que la faute abondât ; mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Romains 5.20). Non seulement Dieu avait donné la loi, mais Il avait placé sa création (l'Israël de l'alliance) sous la loi, en sachant que le péché abonderait. Dieu avait choisi cette méthode pour révéler le caractère excessivement pécheur du péché (Romains 7.13), en sorte que « comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur » (Romains 5.21). La fonction salvifique de la loi était précisément à l'opposé de la compréhension qu'Israël en avait. Selon une perspective chrétienne, Paul a écrit : «Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit coupable devant Dieu. C'est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de la loi, car par la loi est la connaissance du péché. Mais maintenant, sans la loi, la justice de Dieu est manifestée, témoignage lui étant rendu par la loi et par les prophètes» (Romains 3.19-21).

<b>(9)</b> Charles Hodge, <i>Op. cit.</i>, page 144.

Quand il est dit que la création a été assujettie à la «vanité» (Romains 8.20), c'est pour indiquer l'incapacité dans laquelle l'homme se trouvait sous la loi pour obtenir la vie et la justice. Le terme de «vanité» exprime ici la faiblesse, la mortalité ou la corruption <b>(10)</b>. Israël, et par conséquent toute la création (les Gentils aussi), devait apprendre ce que Dieu savait déjà à la montagne du Sinaï, à savoir que : «Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire. Or que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, cela est évident, parce que le juste vivra de la foi» (Galates 3.10-11). La loi a donc été ajoutée «jusqu'à ce que vînt la semence à laquelle la promesse est faite» (Galates 3.19) et elle avait pour but de renfermer «toutes choses sous le péché, afin que la promesse, sur le principe de la foi en Jésus Christ, fût donnée à ceux qui croient» (Galates 3.22). Ainsi, avant que « la foi » vînt, la création de Dieu se trouvait dans un état de «vanité», au sens où Paul a indiqué que « nous étions gardés sous la loi, renfermés pour la foi qui devait être révélée» (Galates 3.23).

<b>(10)</b> John Brown, <i>Analytical Exposition of the Epistle of Paul the Apostle to the Romans.</i> Baker Book House Co., 1981, page 230. Hodge commente que ce terme indique la fragilité, la faiblesse, la dépravation et la misère (<i>Op. cit.</i>, page 137).

<b>Quatrième point.</b> La création attendait d'une «vive attente» la «révélation des fils de Dieu» (Romains 8.19). Hodge soutient que cela ne peut être le cas du monde de l'humanité <b>(11)</b>. Mais encore une fois, l'auteur ne lit pas Paul à la lumière de l'histoire du salut de l'Ancien Testament. S'il ne voit pas de création intelligente dans ce texte, c'est parce qu'il a un <i>eschaton</i> déplacé. Quand on transfère le cadre de l'eschatologie biblique de la fin de l'éon de l'ancienne alliance à une fin alléguée de l'âge chrétien, les choses ne se présentent plus de la même manière. Souvent nous sommes obligés de confesser : «Ce passage est difficile !» Mais ici, si on s'en tient cadre temporel de Paul, l'histoire révèle une création intelligente (l'Israël de l'alliance) qui attendait d'une «vive attente» du commencement à la fin. Concernant le Christ, l'espérance d'Israël, il a été dit : «Tous les prophètes lui rendent témoignage» (Actes 10.43). Au sujet des événements qui avaient lieu à son époque, Pierre a dit : «Et même tous les prophètes, depuis Samuel à ceux qui l'ont suivi, tous ceux qui ont parlé, ont aussi annoncé d'avance ces jours» (Actes 3.24). Les prophètes d'Israël «se sont informés et enquis avec soin» pour connaître «quel temps ou quelle sorte de temps l'Esprit qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part du Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre 1.10-11). Pierre, en parfait accord avec Paul, comprenait que cette grâce ou ce salut viendrait en <b>ce temps</b> de «la grâce qui vous était destinée» (1 Pierre 1.10). Le <b>VOUS</b> se réfère spécifiquement aux destinataires de cette lettre qui sont mentionnés dans 1 Pierre 1.1. Le temps de la révélation des fils de Dieu était venu sur cette génération, car c'était leur époque qui avait le caractère et la signification des «derniers temps» (1 Pierre 1.20). À l'époque où Pierre a écrit son épître, la fin de toutes choses s'était «approchée» (1 Pierre 4.7). C'est pourquoi l'apôtre exhortait ses destinataires à ceindre les reins de leur entendement, à être sobres et à espérer parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus Christ (1 Pierre 1.13).

<b>(11)</b> Charles Hodge, <i>Op. cit.</i>, page 144.

Le fait est qu'il y avait une création intelligente dans l'histoire de l'Ancien Testament qui attendait le temps où les fils de Dieu seraient manifestés. Je doute qu'on s'égare bien loin en comprenant cette création comme étant le peuple «auquel sont l'adoption et la gloire» (Romains 9.6), une adoption qui était attendue même par ceux qui avaient les prémices de l'Esprit (Romains 8.23), avec l'assurance que «la gloire» était à la veille d'être révélée en eux (Romains 8.18).

<b>Cinquième point.</b> La création soupire et est en travail jusqu'à maintenant (Romains 8.22). L'image ici est celle d'une création qui ploie sous un lourd fardeau et qui désire ardemment la délivrance. Concernant cette condition, Hodge a écrit : «D'après la description de l'apôtre, toute la création doit gémir dans la servitude jusqu'au jour de la rédemption, et alors doit aussi être délivrée. Il est impossible d'appliquer cela dans un sens satisfaisant à l'humanité, en tant que distincte du peuple de Dieu» <b>(12)</b>. Contrairement à l'assertion de Hodge, cette description peut très bien s'appliquer à l'Israël de l'alliance, en tant que distinct des prémices dans le Christ dans Romains 8.23. Comment peut-on lire l'histoire d'Israël et ne pas voir une création qui, dans son mode d'existence, était chargée et attendait d'une vive attente la réalisation de son futur messianique promis ?

<b>(12)</b> Charles Hodge, <i>Op. cit.</i>, page 145.

Les prières d'intercession, les confessions et les supplications de Daniel laissent entrevoir la douleur profonde et le fardeau qui accablaient un Israël rebelle et pécheur : «Incline ton oreille, ô mon Dieu, et écoute ; ouvre tes yeux, et vois nos désolations, et la ville qui est appelée de ton nom. Car ce n'est pas à cause de nos justices que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes compassions. Seigneur, écoute ; Seigneur, pardonne ; Seigneur, sois attentif et agis ; ne tarde pas, à cause de toi-même, mon Dieu ; car ta ville et ton peuple sont appelés de ton nom» (Daniel 9.18-19). Et tandis que Daniel priait et confessait son péché et le péché de son peuple Israël, l'ange Gabriel lui est apparu pour éclairer son intelligence concernant le «futur d'Israël». La délivrance ou le rétablissement ultime viendrait plusieurs années après le retour d'Israël de la captivité à Babylone. Une rédemption ou délivrance plus grande viendrait. C'est pourquoi : «Bienheureux celui qui attend» (Daniel 12.12). Avec cette assurance, Daniel fut instruit : «Cache les paroles et scelle le livre jusqu'au temps de la fin» (Daniel 12.4). Quelle autre preuve avons-nous besoin pour voir qu'Israël était la création accablée qui attendait d'une vive attente le jour de la rédemption ?

Paul ne dit pas seulement que la création est dans la servitude de la corruption, mais il lie ensemble dans une commune servitude «toute la création» (Romains 8.22). C'est intéressant. Il y a un <i>plus</i> qui vient s'ajouter à «la création» des versets 19-21. Mais quel est ce <i>plus</i> qui participe à une commune «servitude de la corruption» avec la création elle-même ? Les partisans de la création matérielle ne sont pas très loquaces sur cet <i>extra</i> que Paul introduit dans Romains 8.22.

Il est évident qu'il y avait d'autres créatures de Dieu qui ressentaient aussi la douleur et le fardeau de la servitude sous les puissances du péché et de la mort. Concernant ces autres créatures, et parlant en tant que Juif, Paul demande : «Quoi donc ? Sommes-nous plus excellents ? Nullement. Car nous avons ci-devant accusé et Juifs et Grecs d'être tous sous le péché, selon qu'il est écrit : Il n'y a point de juste, non pas même un seul ... car tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu» (Romains 3.9-10, 23).

On objectera peut-être que les Gentils n'ont jamais attendu la révélation des fils de Dieu, et par conséquent ils ne peuvent faire partie de ceux qui comblent la pleine mesure de «toute la création» dans Romains 8.22. Tout d'abord, le point de Paul dans Romains 8.22 est que toute la création participe à une même servitude de la corruption. Ce qui est dit de la «vive attente» concerne la création dans Romains 8.19, pas nécessairement «toute la création» dans Romains 8.22. Mais faut-il en conclure que les Gentils n'avaient aucune attente future dans la connaissance de Dieu qu'ils avaient reçue par Israël ? Les Gentils qui s'étaient joints à Israël du temps de l'Ancien Testament avaient assurément embrassé «l'espérance d'Israël». Dans un sens, les Gentils comprenaient qu'une rédemption allait venir par Israël et que «toutes les familles de la terre» auraient part à cette rédemption. Durant son existence historique, Israël fut jusqu'à un certain point «conducteur d'aveugles, lumière de ceux qui sont dans les ténèbres» (Romains 2.19). Il est évident que les Gentils qui ont répondu à l'évangile après la croix n'ignoraient pas totalement «l'espérance d'Israël».

Il est intéressant de considérer l'histoire de Corneille qui est rapportée dans le livre des Actes. Corneille n'était pas un Juif ni un prosélyte juif, mais il était un «un homme pieux et craignant Dieu avec toute sa maison» (Actes 10.1-2). Luc rapporte que Corneille «priait Dieu continuellement» (Actes 10.2). Mais pourquoi priait-il au juste ? Était-il un Gentil satisfait et contenté, ou bien ressentait-il la douleur et le fardeau de la <i>servitude du péché</i> ? Selon le témoignage de Corneille, un ange de Dieu entra auprès de lui et lui dit : «Tes prières et tes aumônes sont montées pour mémorial devant Dieu» (Actes 10.4). Si ce qui est survenu était la réponse aux prières de Corneille, il est évident qu'il vivait dans une <i>vive attente</i>. Il se peut que Corneille n'ait pas compris exactement ce qui était attendu, ou ce pour quoi il priait, jusqu'à ce que ces choses fussent révélées et reçues par le Christ. Mais Israël se trouvait dans la même situation. En fait, Israël avait de la difficulté à comprendre ces choses même après qu'elles aient été révélées parce que sa <i>vive attente</i> était liée à un zèle sans intelligence. Paul a dit des Juifs qu'ils étaient zélés pour Dieu, mais non selon <i>la connaissance</i> (Romains 10.2). Néanmoins ils vivaient dans une « vive attente » des choses qu'ils cherchaient avec tant de zèle. Le voile de Moïse devait encore être ôté. Ce dont Dieu s'est occupé en faisant resplendir la lumière de l'évangile glorieux du Christ, plus particulièrement en amenant la plénitude des Gentils (Romains 11.25-26).

Le point de Paul dans Romains 8.22 est que jusqu'à maintenant (le <i>maintenant</i> du temps de Paul), toute la création (Juifs et Gentils ensemble) participe à un fardeau commun de servitude, mais maintenant il y a un espoir de la délivrance, non simplement au sens d'une <i>promesse</i>, mais en raison de ce qui se réalise déjà dans les prémices (Romains 8.23). C'est une espérance en cours de réalisation par les prémices.

<b>Sixième point.</b> La création aussi sera affranchie de la servitude de la corruption (Romains 8.21). La signification de la corruption a un rapport avec l'identité de la création dans la mesure où c'est aussi l'état dont les croyants étaient délivrés en vertu du fait qu'ils possédaient les prémices de l'Esprit (Romains 8.23). Quand la signification de la corruption est avérée dans les Écritures, le point de vue de la <i>création matérielle</i> se révèle insoutenable dans ce contexte.

Premièrement, il convient de considérer «les prémices de l'Esprit» en raison de leur rapport avec la délivrance des croyants. Bien que nous croyions que les prémices de Romains 8.23 désignent les chrétiens qui attendaient leur perfection, il est évident que Paul dit ici qu'ils <i>ont</i> les prémices de l'Esprit. Qu'est-ce que cela signifie ? Certains commentateurs pensent qu'il s'agit d'une allusion aux dons surnaturels de l'Esprit. D'autres pensent que cela veut simplement dire avoir l'Esprit lui-même. Dans notre approche des « prémices de l'Esprit », il est peut-être nécessaire d'être moins <i>centré sur l'Esprit</i> et plus <i>centré sur le Christ.</i> Dans 1 Corinthiens 15.23, par exemple, le Christ est désigné comme <i>les prémices</i> en rapport avec Sa résurrection d'entre les morts. Étant donné que le Christ est ressuscité d'entre les morts par l'Esprit de Dieu (Romains 8.11), ne serait-il pas logique de considérer le Christ comme étant les prémices de l'Esprit ? Cela voudrait signifier que le Christ constitue les arrhes ou la garantie de l'Esprit en ce qui concerne «la rédemption de la possession acquise» (Éphésiens 1.14). Quelle garantie plus grande peut-on recevoir de l'Esprit sinon le Christ qui est les prémices, le premier-né d'entre les morts ? Le Christ fut le premier à être délivré de la servitude de la corruption, la mort n'ayant plus de domination sur lui (Romains 6.9) <b>(13)</b>. L'Esprit avait donc été donné aux croyants <i>dans le Christ</i> afin de les amener à la pleine image ou ressemblance du Christ (Romains 8.29 ; 2 Corinthiens 3.18) au moyen d'une conformité à la mort et à la résurrection du Christ (Romains 6.1-6). Être dans l'Esprit voulait dire être conduit par l'Esprit (Romains 8.9, 14). Et dans l'œuvre de la transformation des croyants à l'image du Christ, l'Esprit avait la double fonction de <i>faire mourir</i> et de <i> faire vivre</i> (Romains 8.11, 13). Parvenir à la pleine image du Christ impliquait à la fois une mort et une résurrection avec le Christ en rapport avec le changement des alliances. L'Esprit avait été donné pour amener cette action à son terme.

<b>(13)</b> Il faut se rappeler que l'Esprit n'avait pas pour mission de parler de lui-même, mais de révéler les choses du Christ et de le glorifier. C'était par la révélation du Christ que le croyant parviendrait à la perfection (Jean 16.12-16). Les dons et la puissance de l'Esprit étaient seulement l'avenue pour parvenir à une fin plus grande, qui était d'amener les saints «à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ» (Éphésiens 4.11-13).

Dans la personne du Christ, les saints de Romains 8.23 avaient les prémices parfaites de l'Esprit. Mais leurs soupirs doivent se comprendre par le fait qu'ils n'étaient pas encore parvenus à Sa pleine image. Autrement dit, l'adoption qui correspond à la résurrection consommée avec le Christ (l'état de filiation consommé et manifesté dans l'âge à venir, Luc 20.36), n'était pas encore une œuvre achevée de l'Esprit qui vivifie et transforme. La résurrection n'avait pas «déjà eu lieu» (2 Timothée 2.18), mais elle n'était pas non plus <i>entièrement future</i>, comme Paul l'a indiqué dans Philippiens 3.10-16.

Être délivré de la servitude de la corruption voulait donc dire être délivré de l'état et de la puissance de la mort causée par le péché. Cette délivrance était étroitement liée à la résurrection avec le Christ. «Il faut que ce corruptible revête l'incorruptibilité» et «alors s'accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie en victoire» (1 Corinthiens 15.53-54). On peut voir que cette délivrance s'applique aux croyants dans Romains 8.23, mais elle ne saurait s'appliquer à une <i>création matérielle et dépourvue d'intelligence</i> aux versets 19-21 comme certains le prétendent. Toutefois, on peut voir que cette délivrance s'applique à la création intelligente de Dieu qui appartenait à l'ordre de l'ancienne alliance. La mort causée par le péché était le fardeau et la servitude de l'Israël de l'alliance (et des Gentils) mais cela ne peut guère être attribué à une création dépourvue d'intelligence.

À cet égard, nous remarquons qu'il convenait au Christ d'être rendu semblable à <i>ses frères</i> en toutes choses, afin que, par la mort, Il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable ; «et qu'Il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude» (Hébreux 2.14-18). Ce texte indique non seulement que la mort causée par le péché est la signification de la <i>servitude</i>, mais il indique également qu'Israël est le sujet de la <i>délivrance.</i> Il n'est rien dit du Christ qui vient pour faire propitiation pour les péchés d'une création dépourvue d'intelligence, et pour délivrer une telle création de la servitude de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu.

<b>Septième point.</b> Enfin, le <b>contexte</b> confirme de façon décisive que la création qui attend la délivrance désigne l'Israël historique. Les commentateurs sont pratiquement unanimes à reconnaître que seul le contexte peut déterminer le sens de la création dans Romains 8. Il semble cependant que peu d'entre eux essaient de s'en tenir au contexte dans leur interprétation de ce passage. Faut-il préciser que Romains 8 s'insère entre les chapitres 7 et 9 ? Et quel est le thème de Romains 7 ? Qui était le peuple qui vivait avant la venue du Christ et en qui «les passions des péchés, lesquels sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort» (Romains 7.5) ? N'est-il pas évident que Paul parle ici de la justification pour une «nouveauté de l'Esprit» (un nouveau mode d'existence) qui se réalise par l'événement du Christ à cause de la faiblesse et de l'inutilité de la «vieillesse de la lettre» (l'ordre de l'ancienne alliance) ? Les judéo-chrétiens n'avaient pas apostasié du Judaïsme en se convertissant au Christ. Il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, qui marchent non pas selon la chair, mais selon l'Esprit (Romains 8.1). Il en est ainsi parce que dans le Christ, la loi n'est pas annulée ou abandonnée, mais elle est réalisée (Romains 3.31).

À cause de la faiblesse de la chair, l'éon de la loi aboutissait à la captivité sous les puissances du péché et de la mort (Romains 7.18-23). La création sous la loi avait été assujettie à la «vanité» (Romains 8.20). Israël avait besoin de la <b>délivrance de Dieu</b>. Comme l'a confessé Ésaïe : «Nous n'avons pas opéré le salut du pays» (Ésaïe 26.18). Considérant la situation de l'homme sous la loi, Paul s'est exclamé : «Misérable homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ?» (Romains 7.24). Maintenant Paul comprend et il rend grâces à Dieu pour la délivrance de la servitude de la corruption qui se réalisait à son époque par «Jésus Christ notre Seigneur» (Romains 7.25).

CP

SÉRIE ESCHATOLOGIE DE L'ALLIANCE
Dès le 5 janvier 2009, venez me rencontrer sur mon forum : BIBLE ET THÉOLOGIE. Au programme des études et des discussions autour de la Bible, et surtout une analyse et une réfutation de la doctrine de l'hyper-prétérisme (Full Preterism). On peut dire avec certitude que l'hyper-prétérisme, malgré tous les efforts que déploient ses adeptes, ne parviendra jamais à intégrer les rangs du christianisme historique.

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