J'm'interroge a écrit :Oui il y a une localité des phénomènes cérébraux associés à ce qui se produit au niveau de la conscience. Mais il y a bien deux domaines irréductibles l'un à l'autre: un physique, un mental. Cette "pomme" que tu verras en IRM ou par un autre moyen de détection ne ressemblera en rien à la "pomme" perçue ou imaginée par moi telle qu'elle m'apparait à moi comme image mentale. La "pomme" que tu verras derrière tes appareils ou si tu ouvres ma boîte crânienne, ce ne sera en rien une pomme ou quoi que ce soit qui y ressemble, mais simplement des zones qui s'activent dans mon cerveau ou sur un écran d'appareil d'imagerie médicale.
Même la pomme réelle que tu observes n'a rien d'une pomme. La pomme réelle existe mais ce que tu "vois", c'est :
- 1) la diffusion par la pomme de photons captés par les cellules réceptrices de la rétine
2) le message nerveux envoyé de l'œil vers le cerveau via le(s) nerf(s) optique(s)
3) la projection de ce message nerveux dans le cortex visuel primaire (lobe occipital, V1)
4) la projection du message nerveux à partir du cortex visuel primaire vers le cortex visuel secondaire (V2) et vers les aires pariétales et temporales associées à diverses fonctions (reconnaissance des objets, couleur, éventuellement appellation, etc) et les associations de ces messages nerveux entre eux. (V3, V4, V5...)
La reconstitution mentale d'une pomme emprunte ces mêmes trajets, active les mêmes zones. Puisque la vision d'une pomme réelle est recréée par le cerveau grâce aux messages nerveux d'association à partir de messages nerveux de projection, pourquoi voudrais-tu qu'il y ait autre chose d'impliqué dans la visualisation d'une pomme imaginaire que des messages nerveux d'association et de projection ?
- Le rouge de la pomme est un message nerveux "stocké" dans des neurones de l'aire visuelle allouée à la couleur.
- La sphéricité de la pomme même chose avec l'aire allouée à la reconnaissance des formes.
- Le fait que ce soit une pomme et pas une poire : aire de reconnaissance des objets.
Etc.
Toutes ces aires sont connectées entre elles parce que tu as toi-même stimulé ces connections par empirisme alors que tu étais encore un bébé. (Des bébés animaux dont on masque les yeux après la naissance ne peuvent plus voir par la suite, même après qu'on a enlevé le masque.)
J'm'interroge a écrit :Si tu pourras en conclure que ce que tu observes CORRESPOND à la "pomme" perçue ou imaginée ce ne sera que parce que tu auras pu constaté que c'est ce qu'on peut objectivement observer: soit certaines zones plutôt que d'autres qui s'activent quand des gens te disent qu'ils visualisent un objet (une pomme) ou regarde cet objet qu'on leur présente (une pomme).
[...]
----- Effectivement, il devient maintenant possible de dire objectivement qu'un tel, à qui l'on a placé des électrodes sur le crâne ou tel ou tel autre détecteur (pet-scan, IRM...), pense à ceci ou cela, se représente une image, entends un son, Etc... Mais, on ne pourra pas
directement voir ce qu'il voit, ou entendre ce qu'il entend à moins de le voir ou de l'entendre soi-même.
Essaye de bien comprendre de quoi je parle. Je suis sûr que tu y décèleras de la pertinence.

En effet, l'imagerie cérébrale est une étude macroscopique : on voit donc seulement des zones. Mais rien ne te permet d'exclure les processus microscopiques de réseaux de neurones comme objectivation d'un objet visualisé mentalement.
De plus, l'imagerie cérébrale est une des techniques d'étude du cerveau mais ce n'est pas la seule. Sa révolution est qu'elle a permis de donner vie en temps réel à une structure histologique préalablement bien connue et d'étudier plus en détail sa fonction. Elle permet aussi de confirmer ce que ces structures laissaient prévoir. Il ne faut pas oublier que l'imagerie cérébrale est précédée de plus d'un siècle d'histologie, depuis les immenses travaux de
Santiago Ramón y Cajal .
J'm'interroge a écrit :Je ne les mesure pas, ces connaissances que j'ai du fonctionnement de mon cerveau je les ai trouvées dans des livres de sciences, de médecine etc... J'ai aussi vu des dissections de cervelles... Je ne vois pas comment une dimension mentale telle que celle que j'expérimente de mon point de vue puisse s'y trouver.
Il y a une perspective intéressante à faire le parallèle entre le perçu et la disposition cérébrale des zones associées (j'en ai sûrement déjà parlé ^^). L'
homonculus sensitif ou homme de Penfield est une représentation des zones du cortex allouées à la perception du corps. Chaque élément corporel est représenté en fonction de la taille de l'aire associée, ce qui donne une représentation d'apparence grotesque. Mais quand on y réfléchit, elle est en parfaite corrélation avec le ressenti : la perception qu'on peut avoir avec le pouce, par exemple, est bien plus fine et précise que celle qu'on a avec le coude. La disposition cérébrale (vue de l'extérieur) est donc très proche de la perception mentale.
J'm'interroge a écrit :----- A mon sens, dire que les choses que nous voyons grâce à ces appareils d'imagerie médicale (images colorées sur un écran), ce sont nos perceptions ou aperceptions conscientes, est un abus. La seule chose que nous sommes en droit d'affirmer c'est que ces phénomènes que nous observons dans le cerveau d'un point de vue extérieur, sont corrélés à ce qui se passe d'un point de vue subjectif, lequel ne pourra être connu comme tel que de l'intérieur ou mieux dit: de ce point de vue subjectif.
Je trouve qu'il est irrationnel d'invoquer un phénomène autre que celui qui est suffisant pour expliquer les faits. Le rasoir d'Ockham est valable dans tous les domaines scientifiques, et les neurosciences en font partie.
C'est une position assez curieuse que celle qui consiste à dire partir de l'ensemble des possibles, puis restreindre en fonction de ce que l'on peut observer. Ça n'est pas scientifique, car cela revient à poser comme dogme un agnosticisme sur la connaissance, or la logique veut que rien n'existe, sauf ce dont le sujet prouve l'existence. L'ensemble des possibles n'étant pas exhaustif donc pas réfutable, il n'est pas non plus scientifique de prendre pour fondement qu'il soit supérieur à ce qu'on en perçoit (mais ça n'empêche pas de rechercher dans ces directions).
- avoir froid: la sensation de froid, comme toute sensation, en tant qu'aperception, est purement mentale. Mais la réaction physiologique est quant à elle forcément purement corporelle.
Pour tout ce que tu me listes ensuite, je peux faire les mêmes observations et en tirer les mêmes conclusions.
Que penses-tu du mécanisme des thermorécepteurs de froid ? L'influx nerveux sensoriel qu'ils envoient lors d'une baisse de température ne rentre-t-il pas dans les phénomènes de type "corporel" ? L'aperception mentale dont tu parles est-elle indépendante de ce mécanisme ? Corrélée ? Identique (c'est-à-dire : toujours éprouvée lorsqu'ils sont activés, et jamais lorsqu'ils ne le sont pas) ?
J'm'interroge a écrit :
C'est une remarque intéressante que tu fais, qui pose aussi le comment de cette association "physiologie-conscience" au cours du développement de la vie sur Terre. Pour moi cela suggère deux pistes:
- 1°) que la conscience subjective n'est pas forcément individuelle au départ, qu'elle a donc pu être et se maintenir comme entité collective au niveau des espèces, avant de devenir en partie subjective dans le sens psychologique cette fois, que très récemment, et
- Je ne ressens aucun lien mental avec mes pairs, il m'apparaîtrait donc que ma conscience est individuelle, aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs.
- "récemment" : tu parles d'évolution ? Je considérais un individu humain, du début de sa vie à la fin de sa vie. Nous ne sommes pas sur la même échelle de temps, ni sur le même sujet (homme/autre espèce).
J'm'interroge a écrit :- 2°) qu'il est possible que les structures physiologiques [lesquelles] qui permettent un lien avec ce qui permet une dimension mentale soient présentes très tôt dans le développement de la vie (et donc de l'embryon) et qu'elles devaient forcément [pourquoi forcément ?] avoir aussi une autre fonction [quelle autre fonction ?] initialement physiologique donc, fonction qu'elles doivent conserver pour maintenir leur existence sur le plan empirique (celui de la physiologie).
J'ai cherché une façon polie de te dire que je n'ai rien compris, mais je n'ai rien trouvé d'autre que "ça doit venir de moi". ^^
J'm'interroge a écrit :Oui mais là tu ne parles que de
processus localisés or je suppute une
conscience non locale...
Un signal nerveux se situe dans notre "trame" ou "couche" d'espace-temps accessible à nos moyens ordinaires d'observation. Et c'est un phénomène macroscopique simple (ne faisant intervenir que la chimie) et non pas un phénomène macro-quantique...
Je recherche un phénomène
macro-quantique (physique donc) pouvant avoir
des répercussions non-locales et qui peut être
induit par des modifications se produisant au niveau chimique.
-----> C'est pour toutes ces raisons, voir plus haut aussi que je proposais les microtubules.
C'est forcément un miminum localisé (du moins dans un moment d'« interaction »), car il faut que ça colle avec la corrélation cérébrale évoquée par imagerie cérébrale.
Tu supposes que des phénomènes d'une autre trame du réel (c'est vraiment de la science-fiction mais supposons) peuvent avoir une incidence sur la pensée. La pensée se témoigne dans notre trame par des phénomènes nerveux observables. Par exemple : tu formules une idée sur ce que pourrait être la conscience et tu cherches à l'exprimer. Au moment où tu l'exprimes, que ce soit oralement ou par écrit, d'innombrables messages nerveux sont envoyés à partir du cerveau pour réaliser l'action. Ils ne vont être produits qu'en fonction de ce que tu souhaites dire, il y a donc un lien entre ta conscience (autre trame du réel ?) et tes actions (notre trame du réel).
Si tu remontes l'efférence de ces messages nerveux, le "terminus" est dans le cerveau. C'est, si j'ose dire, l'ultime témoin observable de la pensée (en remontant dans la chronologie/causalité). Et ensuite ? Où se situe le lien entre les deux trames ? Si tu supposes que ce signal nerveux efférent n'a pas pour origine première le cerveau, qu'est-ce qui permet aux neurones de déclencher ces signaux (nécessitant, je le rappelle, une dépolarisation membranaire suffisamment importante pour dépasser une valeur seuil et propager le potentiel d'action).
- Les microtubules sont présents dans toutes les cellules
Il y a beaucoup de composés biochimiques que tu retrouves dans toutes les cellules (je pourrais te faire une liste qui, bien que non exhaustive, prendrait plus d'une centaine de lignes) :
- les microfilaments d'actine
- les chromosomes (là on peut exclure les hématies)
- les composants des membranes (phospholipides, cholestérol, porines, principaux récepteurs...)
- les mitochondries
- etc
- Ils semblent en plus grande quantité dans les neurones et par conséquent dans tout le réseau neuronal.
Je crois pouvoir affirmer sans trop de risques de me tromper qu'il y a plus de microtubules dans un spermatozoïde que dans un neurone moyen ! (microtubules de l'axonème) Ça me fait penser à
cette vidéo tiens ^^) (à 1:11:07 si le #t ne fonctionne pas)
- Ils possèdent une fonction physiologique (transport et de protéines entres autres fonctions...)
Qu'entends-tu par fonction physiologique ? (A priori, tout ce qui se trouve dans une cellule a une fonction physiologique à moins que tu précises ce que tu entends par là)
- Ils possèdent des propriétés macro-quantiques pouvant expliquer la non-localité de la conscience et l'information de cette dernière des processus neurophysiologique se déroulant dans nos crânes...
Il faudrait préalablement prouver cette non-localité.
[Une chose cloche dans cette hypothèse: c'est que les microtubules d'un neurone sont à ce que je sais confinés dans la cellule. Pour qu'ils constituent un vrai réseau ramifié il faudrait mettre en évidence des connexions entres microtubules de neurones en contact. Puisque ce n'est semble-t'il pas le cas au niveau des synapses, peut-être est-ce le cas par le biais des cellules gliales? Je ne pense pas mais il faudrait voir si c'est le cas au niveau des points de contact... - Peut-être aussi que les microtubules de neurones voisins n'ont pas besoin d'être en contact physique pour être "harmonisés" par exemple par un phénomène de résonance...]
Il n'y pas de réseau universel et entièrement connecté au sein du corps humain. Il y a :
- des réseaux intracellulaires (cytosquelette dynamique, c'est-à-dire perpétuellement désassemblé/réassemblé)
- des réseaux extracellulaires locaux : interaction cellule/cellules voisines ou cellule/matrice voisine (de type adhésion à une lame basale, adhésion entre cellules voisines ou facteurs locaux (provenant par exemple d'une synapse nerveuse ou bien d'une cellule sécrétant dans le milieu extracellulaire proche).
Toute communication à plus grande portée passe par des facteurs endocrines (sang).
Les cellules gliales sont intéressantes sur bien des points, c'est sûr...
J'm'interroge a écrit :C'est un fait non-objectif dans le sens ou il n'est observé que par moi pour ce qui est de ma conscience. Mais je suis en droit de penser que je ne suis pas le seul être conscient de cet Univers et donc que chacun peut témoigner de la sienne propre de conscience, et que collectivement nous parvenions à nous entendre sur le fait que bien qu'elle n'entre pas dans le domaine de l'objectivité telle que définie par les critères actuels de la science, elle n'est néanmoins pas irréelle pour autant, et qu'il faudra bien en rendre compte un jour.
Je ne parlais pas de la conscience, mais du fait de la considérer comme "non-localisée". La théorie du dualisme ne fait pas vraiment fureur dans les neurosciences.
J'm'interroge a écrit :Ces "couches du réel" ne sont pas une impossibilité Physique. Et mon avis c'est que si physiologie et conscience sont corrélées c'est qu'il existe une relation entre ces "couches", et que si c'est le cas, il existe un moyen scientifique de l'établir, et non seulement de l'établir, mais aussi d'accéder à une connaissance de ces dites "couches".
L'autre possibilité, la plus simple, la plus évidente et la mieux étayée, est que la physiologie est la base de cette conscience.