Tan a écrit :La dissonance cognitive s’applique aussi bien à celui qui veut absolument que rien n’existe d’autre que la matière : à ce niveau tu es aussi dans le « il faut que les choses soient ainsi ». Cessons donc d’utiliser cet argument sans aucune valeur objective qui n’élève pas le débat si tu veux bien.
La dissonance cognitive désigne un état psychique provoqué par un paradoxe dans les représentations du sujet. Quel serait le paradoxe dont je n'aurais pas conscience ?
Tan a écrit :Tu parles de « nécessité surnaturelle » parce que tu veux absolument circonscrire tout le réel à l’univers physique. Je ne vois rien de « surnaturel » à l’existence d’un niveau de réalité hors de l’univers physique, celui-ci étant, non pas surnaturel, mais au contraire tout aussi réel que le nôtre.
"Surnaturel" = "qui viole les lois de l'univers" (définition que je complète par "... en l'état actuel de nos connaissances"). Une faculté de penser qui s'extrait du corps c'est surnaturel puisqu'on pense avec notre cerveau.
Tan a écrit :[...] Accuses-tu Bernard d’Espagnat de supputations surnaturelles lorsqu’il expose l’idée du « réel voilé » ?
Pour l'anecdote, il se trouve que j'ai eu l'insigne honneur d'avoir des échanges épistolaires et de rencontrer en personne Bernard d'Espagnat dans le cadre de mes recherches de thèse. Nous avons parlé de nombreuses choses et je partage sa conception du réel. Ce qu'il définit comme « réel voilé » n'a rien à voir avec un champ de possibles au-delà de la réalité, du genre des cuillers qui se tordent par télékinésie, des esprit qui quittent leur corps, etc. puisque si ces phénomènes se manifestent c'est qu'ils se situent en deçà du réel voilé, comme tout autre phénomène manifesté. Je crois que Bernard d'Espagnat s'indignerait de lire ce que tu tentes de lui faire dire.
Tan a écrit :[...] J’ajoute que si le PHENOMENE de la conscience est bien défini scientifiquement (fait de percevoir, quel que soit ce qui est perçu), sa nature, sa causalité etc. sont pour l’instant inconnus. On ne sait même pas si elle a une causalité propre d’ailleurs !
Peux-tu éclairer ma lanterne et me définir les termes suivants, sil-te-plaît : Nature, Causalité, Causalité propre ?
Tan a écrit :[...] Tu parles de la conscience comme d’une « fonction bien définie ». Non !
La conscience n’est pas une « fonction définie », c’est un phénomène dont on ne peut nier l’existence, mais dont on ignore tout. Deux hypothèses s’affrontent quant à sa nature : l’hypothèse moniste que tu défends (le cerveau est l’émetteur de la conscience), et l’hypothèse dualiste que je soutiens (le cerveau est le récepteur de la conscience). Pour le moment, la science n’en est qu’aux HYPOTHESES.
Encore une fois, c'est toi qui l'affirmes. Présenté ainsi ça ne me semble guère scientifique. Pourrais-tu donner une définition scientifique du terme "récepteur" ?
Peux-tu citer une publication scientifique reconnue (parue dans une revue à comité de lecture et de vérification, comme
Nature par exemple) qui défende une telle thèse ?
J'ai sous les yeux une somme assez considérable de références scientifiques (en neurosciences et en sciences cognitives) et toutes partent implicitement de l'idée que la pensée (et donc la conscience) est une manifestation de l'activité neurale. En revanche pas une ne définit, comme tu sembles le croire, le cerveau comme "émetteur" de la conscience (si tant est que ça veuille dire quelque chose).
Tan a écrit :[...] Ensuite, il y a un certain nombre de faits et d’expériences qui crédibilisent l’une et infirment l’autre. Je t’ai fait part de ceux infirmant l’hypothèse moniste, tu refuses de les commenter.
J'ai pourtant "commenté" « Quantum aspects of brain activity and the role of consciousness », Compte-rendu de la
National Academy of Sciences des Etats-Unis, 1992, n°89, p. 11357-11361.
C'est ton commentaire en retour que je n'ai pas eu.
Plus tard tu as cité Farh, que j'ai également commenté.
Peux-tu citer une (mais une seule, afin de le faire sérieusement) publication scientifique, celle qui te semble la plus parlante, la plus sérieuse, la plus probante ?
Tan a écrit :J’ai lu ta fable. Elle est sidérante, sauf lorsqu’on connaît bien la nature humaine.
Si je reprends ta métaphore pour la transposer dans la réalité, les scientifiques auraient donc conçu et fabriqué le monde (et donc les êtres vivants et la conscience), et donc bien-sûr ils auraient la vérité quant à la nature exacte de celui-ci, ce qui disqualifie évidemment la vision des religions qui n’ont pas conçu et fabriqué le monde, et qui par voie de conséquence en ont une vision « primaire et lacunaire »...
Effectivement, ma fable est mal conçue, tu as raison. Merci d'avoir soulevé ce point. Ceux qui fabriquent les automobiles et ceux qui les réparent partagent les mêmes connaissances, donc ça ne va pas.
(Ne te prive pas d'en faire la remarque là-bas.)
Au départ cette fable était adressée aux créationnistes qui ne parviennent pas à entendre que leurs contradicteurs en savent peut-être plus en biologie qu'eux et qu'ils disent beaucoup d'énormités.
En attendant, je n'ai pas conçu cette fable pour exposer des vérités, mais tenter d'exprimer un sentiment. Si je n'y suis pas parvenu, tant pis pour moi, tant pis pour le débat.
Tan a écrit :[...] Dans le cadre des NDE, je propose pour commencer (comme beaucoup l’ont déjà imaginé mais le véto des rationalistes s’y oppose pour le moment) de mettre systématiquement dans toutes les salles de réanimation un écran TV qui soit placé bien plus bas que la tête de la personne en état de mort clinique, mais tourné vers le haut et sur cet écran, et de faire apparaître aléatoirement un signal (un carré d’une certaine couleur, une phrase de Proust, ce que tu veux).
Après avoir réanimé la personne, on confronte l’image étant apparue aléatoirement sur l’écran avec ce qu’elle dit y avoir vu.
Si la personne cite du premier coup la bonne image de la bonne couleur, ou la bonne phrase, nous aurons confirmation qu’elle a bien eu une vision de la pièce vue du plafond pendant son opération, donc que la conscience est bien capable de s’extraire du corps. La thèse moniste sera ainsi éliminée, et la thèse dualiste confirmée.
C'est un dispositif expérimental effectivement intéressant (j'imagine que la télévision n'émet que des images et que l'on prend soin de vérifier que le patient a les yeux fermés pendant la diffusion).
Toutefois tu vas un peu vite sur tes hypothèses et sur les conclusions qu'on pourrait en tirer et je t'invite à reformuler les unes et les autres.
Si ton dispositif expérimental m'intéresse, je ne lis en revanche toujours aucune théorie d'ordre prédictif, vérifiable et réfutable de ta part.
Tan a écrit :
Je te renvoie à cette citation de Penrose : « La conscience faisant partie de notre univers, toute théorie physique qui ne lui accorde pas une place convenable, ne peut qu’échouer à donner une véritable description de cet univers. J’affirme qu’il n’existe encore aucune théorie physique, biologique ou informatique qui puisse expliquer la conscience et l’intelligence qui en découle. »
Merci de la citation mais tu ne réponds pas à la question.
(Qui plus est, Penrose est surtout un mathématicien. Il n'a jamais rien démontré de toutes ses théories, parfois un peu farfelues, sur la conscience. En tout cas prendre cette citation comme élément probant de ta théorie serait un
argumentum ad verecundiam. J'espère que nous sommes au moins d'accord sur ce point.)