Phenix, la citation que tu fais de mes propos est largement incomplète. Puisque tu as pris l'initiative de rappeler des paroles qui datent d'il y a plus de six mois, lorsque j'ai lancé la discussion, je me permettrais donc de me citer complètement.
Voici ce que j'écrivais en juin :
Genèse 9:3,4 : "Tout animal qui se meut [et] qui est vivant pourra vous servir de nourriture. Comme pour la végétation verte, oui je vous donne tout cela. Seulement la chair avec son âme — son sang — vous ne devez pas la manger."
Voici l'ordre divin donné à Noé après la sortie de l'arche : elle concerne la possibilité désormais offerte aux humains de tuer des animaux pour en consommer la chair, la seule restriction étant de ne pas manger le sang, symbole de vie, qu'elle contient.
Pour les Témoins de Jéhovah, cet ordre est respecté pour peu que la viande soit saignée, même s'ils reconnaissent (cf le fil "Les Témoins de Jéhovah et la viande rouge) qu'elle contient tout de même un peu de sang.
Ils ne font donc pas de ce commandement biblique une application au pied de la lettre... en tout cas tant que l'on se limite au cadre directement visé par ce texte, à savoir la consommation de la chair d'un animal tué.
En revanche, les Témoins de Jéhovah sont bien connus pour leur refus des transfusions sanguines, qu'ils justifient apparemment par le même texte biblique.
Or la transfusion est une thérapeutique moderne, qui s'apparente à une greffe d'organe et non à la consommation de nourriture ; elle ne concerne pas le sang d'un animal, et le donneur (un humain donc) n'est pas tué dans l'opération. Le rapport avec l'interdit fait à Noé semble donc des plus ténus.
Et pourtant, non seulement les Témoins de Jéhovah pensent devoir appliquer ce texte tiré d'un tout autre contexte au cas des transfusions sanguines, mais, en outre, ils croient que, dans cette situation pourtant non abordée par la Bible, ils doivent se montrer particulièrement rigoureux dans leur décision (alors même qu'ils se revendiquent bien plus modérés dans le cas de la consommation de viande, qui constitue pourtant une application directe du texte).
Pourquoi une telle inconséquence dans l'application du même interdit biblique ? Pourquoi se montrer modéré dans son application directe, et intransigeant dans son application extrapolée ?
Si les Témoins de Jéhovah acceptent de manger du sang dans leur viande saignée, comment peuvent-ils soutenir que Dieu condamne ceux qui ont recours à une transfusion sanguine ?
Je montrais l'inconséquence de la position téjie, qui n'applique pas strictement le texte biblique dans la situation pourtant directement pointée du doigt par ledit texte, et qui,
en revanche voudrait en faire une application stricte dans des cas déduits du dudit texte par leur seule interprétation (erronée qui plus est).
En bref, Dieu dit à Noé : "tu ne mangeras pas de viande non saignée", les TJ comprennent : "tu peux manger un peu de sang dans ta viande, mais tu ne dois manger aucune goutte de sang par transfusion." Et bien, amis TJ, soyez rassurés : personne ne mange la moindre goutte de sang par transfusion. Parce que la transfusion n'est pas l'ingestion de nourriture. Même votre organisation sait cela, elle qui reconnaît que "
la transfusion est une transplantation de tissu à part entière." (brochure "Comment le sang peut-il vous sauver la vie ?", version online : Chapitre "Les transfusions sont-elles sans danger", intertitre "Le sang et votre immunité" ; mise en italique d'origine).
Je crois en outre que tu confonds kärcher et kasher : un kärcher est un nettoyeur à haute pression tandis que l'adjectif kasher (ou casher ou cachère) se dit de la nourriture, particulièrement de la viande, préparée selon les rites de la loi hébraïque.
[Selon les explications du site 123cacher, "la viande doit provenir d'animaux purs (mais toutes les parties de ces animaux ne sont pas autorisées à la consommation), abattus suivant les rites, elle ne devra présenter aucun défaut de constitution, de maladie ou blessure, et enfin le sang devra en avoir été éliminé : "Vous ne mangerez rien avec du sang" (Lévitique XIX, 26), "Tiens ferme à ne pas manger avec le sang, car le sang, c'est l'âme, et tu ne dois pas manger l'âme avec la chair. Tu ne le mangeras pas afin qu'il t'arrive du bonheur, ainsi qu'à tes fils après toi, parce que tu auras fait ce qui est droit à Mes yeux" (Deutéronome, XII, 23 et 25).
De plus il faudra éviter les mélanges viande-lait (et bien sûr viande-aliments ou ustensiles-impurs)."
(
http://www.123cacher.com/fr/manger-cach ... acher.html)]
Tu termines ton post par cette alternative : "Soit on a le désir sincère d'obéir à Dieu en
toute chose, soit on prend le chemin de la désobéissance et on court droit à la destruction. A toi de choisir." Malheureusement pour ta conclusion, la Société que tu défends bec et ongle est coutumière des changements d'opinion sur ce qui constitue l'obéissance ou la désobéissance à Dieu. Avant-hier, c'étaient les transplantations d'organes qui étaient assimilées au cannibalisme ; hier, c'était le service civil qui contrevenait aux lois divines ; aujourd'hui, ce sont les transfusions sanguines. Et demain ?
Peux-tu imaginer la stupeur de ceux qui, persuadés ainsi d'obéir à Dieu, ont refusé une greffe pour leur enfant mourant ou ont laissé leur garçon à peine adulte se faire emprisonner pour refus d'accomplir un service civil, le jour où ils ont lu dans leur Tour de Garde que, finalement, Dieu avait dû changer d'avis dans la nuit et que sa Parole ne s'opposait plus aux transplantations d'organe ou au service de substitution ? Peux-tu ressentir leur colère lorsqu'ils ont compris que ceux qui les avaient persuadés du haut de leur autorité de seul "canal de communication" approuvé par Dieu, n'ont même pas daigné s'excuser de leur erreur, mais ont rejeté le blâme et le poids de la culpabilité sur la tête de leurs victimes ?
"
Certains Témoins ont souffert à un moment de leur vie pour avoir refusé de participer à une activité à laquelle leur conscience ne trouverait, aujourd’hui, rien à redire. (…) Comment pourrait-on regretter d’avoir, pour écouter sa conscience, pris fermement position en faveur de Jéhovah ? En défendant fidèlement les principes chrétiens tels qu’ils les comprenaient ou en obéissant aux incitations de leur conscience, ils se sont montrés dignes de l’amitié de Jéhovah."
Voilà la piètre justification, le profond dédain d'un groupe auto-proclamé "esclave fidèle et avisé" de Dieu qui, non content de pousser certains à des actes extrêmes aux conséquences parfois terribles, se dédouane avec nonchalance lorsque le vent commence à tourner.
Parce que, si votre conduite, votre conscience ne sont pas guidées par des hommes, mais uniquement par la Bible, alors votre conduite, votre conscience ne devrait pas aujourd'hui trouver à redire à une activité que vous refusiez hier. Si vous avez refusé hier de participer à une activité pour des motifs bibliques, et à moins que la Bible n'ait été réécrite entre temps, ces motifs bibliques de refus demeurent et de même votre refus. Refuser de participer à une activité à laquelle votre conscience ne trouve aujourd'hui rien à redire, c'est apporter la preuve soit que votre refus d'hier n'avait rien de biblique, soit que votre acception d'aujourd'hui n'est que compromission face une loi divine qui n'a pas changé, elle. En aucun cas, un tel changement flagrant d'opinion ne peut passer pour la défense fidèle de principes chrétiens, les incitations d'une conscience éclairée par la Bible ou de l'amitié pour Dieu.
J'en suis désolée pour eux, mais des parents qui ont cru, à force de lire des Tour de Garde, que recourir pour leur enfant à une transplantation d'organes était une désobéissance à Dieu qui menait droit à la destruction, se sont en réalité laissé abuser. Parce que, et je pense que tu seras d'accord avec moi aujourd'hui, la Bible ne condamne en rien les transplantations d'organes.
De même, les jeunes hommes qui pensaient obéir à Dieu en refusant le service civil, quitte à faire de la prison, se sont bien "plantés", puisque la Bible, et là encore tu ne me contrediras certainement pas, n'interdit pas le service civil.
Face à ces deux exemples assez récent (les Témoins de Jéhovah refusaient les transplantations d'organe jusqu'en 1980, et le service civil jusqu'en 1995), à ta place, je réfléchirais à deux fois avant d'affirmer, convaincu par l'argumentaire watchtowérien" que recourir à la transfusion sanguine revient à "(prendre) le chemin de la désobéissance et (à courir) droit à la destruction." M'est avis que c'est plutôt là ce qui arrive à ceux qui refusent obstinément une thérapeutique qui pourrait sauver leur vie, parce qu'ils ont placé leur confiance non en Dieu mais en des hommes. Et gare au désenchantement lorsque de tels hommes auront changé d'avis et que leur "connaissance affinée des Ecritures" les amènera à écrire : "
Rien dans la Bible n'empêche le recours à une transfusion de sang. Certains, par le passé, ont cru que la transfusion sanguine revenait à manger du sang, ce qu'interdisait clairement la loi de Dieu à Noé. Cependant, il faut savoir que la transfusion est une transplantation de tissu à part entière. Toute personne qui reçoit un organe est-elle, pour vous, un mangeur de chair humaine, un cannibale ? Bien sûr que non, répondrez-vous indubitablement. Bien des Témoins de Jéhovah ont été soigné avec succès d'une maladie mortelle en acceptant une greffe d'organes. Il en va de même pour ceux qui reçoivent une transfusion de sang. Aux yeux de "Jéhovah", ce ne sont pas plus des vampires que leurs frères et soeurs ne sont des cannibales. Comme nous y exhorte l'apôtre Paul, "n'allons donc pas au-delà de ce qui est écrit".
Qu'en est-il de ceux qui, par le passé, ont cru obéir à Dieu en refusant fermement une transfusion sanguine ? Nul ne devrait les juger durement ou les condamner pour leur décision. Comment pourrait-on regretter d’avoir, pour écouter sa conscience, pris fermement position en faveur de Jéhovah ? En défendant fidèlement les principes chrétiens tels qu’ils les comprenaient ou en obéissant aux incitations de leur conscience, ils se sont montrés dignes de l’amitié de Jéhovah.
Que nous devions ou non recourir à une transfusion de sang, soyons pleinement déterminés, frères et soeurs, à faire toujours la volonté de Jéhovah."
(Tour de Garde, 15 mai 2018).