L’expression « durant sa présence » qui est utilisé dans la Traduction du Monde Nouveau laisse à penser que la résurrection se déroule pendant toute la durée de la « parousia », mais cette traduction manifestement tendancieuse et erronée ne vise qu’à soutenir la doctrine. D’ailleurs, c'est le même le terme grec « en » qui avait déjà été traduit par "durant" dans l'expression "durant la dernière trompette" de 1 Corinthiens 15:52 qui a également été traduit ici de la même façon. Mais dans ce cas, point d'astérisque ! On aurait donc du écrire "à la présence", ce qui supprime toute idée de durée, conformément au sens du terme grec "en" qui est utilisé pour désigner un endroit, un moment ou un état précis, mais en aucun cas une durée.
La préposition
'en', comme le souligne J.H. Thayer dans
The New Thayer's Greek English Lexicon of the New Testament, p. 212, peut marquer des "
périodes et des portions de temps au cours desquelles quelque chose arrive". Ce lexicographe donne ainsi les sens suivants: "
dans, sur, à , durant". Par exemple, en Matthieu 24:38, nous lisons: "
Car de même qu'en [grec:
'en']
ces jours avant le déluge, on mangeait et on buvait ....". La préposition
'en' , employée ici, se réfère à une
période, non à un moment précis où un évènement ponctuel. Elle marque la
période durant laquelle les contemporains de Noé manifestèrent l'attitude que Jésus décrit jusqu'au verset 39, période qui précéda le déluge, et qui est comparée à la 'Parousia' du Christ (versets 37, 39). Parfois la préposition
'en' peut être suivie d'un datif indiquant un évènement précis, comme c'est le cas en Jean 2:23: "Tandis que Jésus séjournait
durant [grec:
'en'] la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom ..." (
TOB). La "fête de la Pâque" n'était pas un évènement ponctuel, mais se déroulait sur plusieurs jours, pendant lesquels Jésus avait "séjourné à Jérusalem". C'est pourquoi la
Traduction du monde nouveau est autorisée à rendre l'expression
'en têi eschatêi salpiggi' par "durant la dernière trompette", en 1 Corinthiens 15:52. Quand le livre de la Révélation associe la 7° trompette à la naissance du "royaume de notre Seigneur et de son Christ" (Rév. 11:15), cela ne signifie pas que la résurrection céleste des fidèles disciples de Jésus constituerait un évènement ponctuel. Le contexte montre à l'évidence que cette résurrection aurait lieu sur une
période, et non seulement à un moment précis. Le chapitre suivant décrit avec force et détails ce qui allait se produire une fois que Christ aurait reçu le pouvoir:
"
Maintenant sont arrivés le salut, et la puissance, et le royaume de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ" (Rév. 12:10). Qu'allait-il se passer à présent? Jésus allait-il se manifester en 'venant' éxécuter le jugement divin sur l'ensemble des humains? Non, car la suite du récit précise que la terre connaîtrait alors une " courte période" durant laquelle Satan le Diable aurait une "grande fureur" (Rév. 12:12) qui se traduirait, entre autre, par une persécution acharnée lancée contre les disciples de Jésus encore sur la terre:
"
Et le dragon s'est mis en colère contre la femme, et il s'en est allé faire la guerre au reste de sa semence, ceux qui observent les commandements de Dieu et possèdent cette oeuvre: rendre témoignage à Jésus". (Rév. 12:17).
Le chapitre 13 nous apprend que ces disciples seraient persécutés pendant une période de 42 mois. Or, si la naissance du royaume mentionnée en Rév. 11:15 correspondait au moment où Jésus "vient" éxécuter les jugements divins lors de la "grande tribulation", sur l'ensemble des humains, cela signifierait que la persécution des disciples par "la bête sauvage" (Rév. 13:1,2) est postérieure à cet évènement, chose impossible puisque cette même "bête sauvage" doit être détruite au moment de la grande tribulation selon Révélation 19:19,20.
Il s'ensuit donc logiquement que l'évènement rapporté en Révélation 11:15 ne correspond pas au moment où Jésus "viendra" pour éxécuter les jugements divins à Har-Maguédôn, la "guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant" (Rév. 16:14,16). Révélation 11:15 marque plutôt le début d'une période, à partir de laquelle se produisent plusieurs évènements comme la persécution qu'allait connaître les disciples de Jésus (Rév. 13:5-10), le confinement du Diable au voisinage de la terre, (Rév. 12:12), ainsi que la résurrection céleste. A propos du moment où cette dernière a lieu, ou plutôt
commence à avoir lieu, Révélation 6:11 précise:
"
Et on leur a donné à chacun une longue robe blanche; et on leur a dit de se reposer encore un peu de temps, jusqu'à ce qu'il soit rempli aussi, le nombre de leurs coesclaves et de leurs frères qui étaient sur le point d'être tués comme eux-mêmes [avaient été tués]."
Qui étaient "leurs frères qui étaient sur le point d'être tués"? Il s'agissait, bien entendu, du "reste " de la semence de la femme mentionnée en Révélation 12:1-17, "reste" qui s'identifiait à "ceux qui observent les commandements de Dieu et possèdent cette oeuvre: rendre témoignage à Jésus" (Rév. 12:17). Quand ces fidèles disciples, encore sur la terre, allaient-ils "être tués", puis ressuscités au ciel? A un moment précis? Non, bien sûr. Ils ne seraient pas tous "tués" au même moment. Cela se produirait sur une certaine
période. C'est pourquoi, entre le moment où les premiers disciples furent ressuscités pour la vie céleste, disciples à qui on a donné "une longue robe blanche" (Rév. 6:11), et le moment où le dernier serait tué puis ressuscité, il s'écoulerait une certaine
période, que la Bible associe à la 'Parousia' (1 Corinthiens 15:23). Celle-ci correspond donc bien à une
période, qui a débuté, comme le montre la succession des évènements décrits en Révélation 6:1-17,
avant le "grand jour" de la colère de Dieu et de l'Agneau Jésus Christ.
En 1 Thess. 4 :15-17, Paul définit une limite temporelle ayant comme point de référence la "parousia" du Seigneur. En accord avec 1 Corinthiens 15:50-52, on peut dire qu'à la parousia du Seigneur, les morts ressuscitent (d'abord), puis les vivants sont changés avant d'être enlevés ensemble dans les nuées à la rencontre du Seigneur. Notons l'expression "ensemble avec eux", qui ne laisse aucun doute sur la simultanéïté de l'ascension commune des ressuscités et des vivants à peine changés.
Prétendre que l'expression "ensemble avec eux" (1 Thessaloniciens 4:16) souligne le caractère
ponctuel de la'Parousia', c'est méconnaître le sens que peut revêtir le terme "
hama" dans les Ecritures. Ce vocable, certes, signifie "en même temps", mais il n'indique pas nécessairement la "simultanéité" de plusieurs évènements. Par exemple, quand Paul écrivit à Philémon, il lui recommanda de faire bon accueil à Onésime:
"
Si donc tu me tiens pour un associé, accueille-le aimablement comme si c'était moi". (verset 17). Puis Paul poursuit: "
Ayant confiance en ta docilité, je t'écris, sachant que tu feras même davantage que les choses que je dis. Mais en même temps [grec: 'hama'], prépare-moi aussi un logement, car j'espère que, grâce à vos prières, je serai relaché pour vous" (verset 21,22).
Cela signifiait-il qu'au moment précis où Onésime serait accueilli par Philémon, ce dernier aurait à 'préparer un logement' pour Paul, de manière
simultanée? Non, bien sûr. L'apôtre voulait dire qu'une fois Onésime de retour chez son maître, celui-ci lui ferait bon accueil et le considèrerait dorénavant comme son "frère chrétien". La préparation d'un logement pour Paul se ferait "dans le même temps", c'est à dire, dans la période qui suivrait le retour et l'accueil d'Onésime chez Philémon.
Ainsi, le terme grec
'hama' ne marque pas nécessairement la simultanéité de deux évènements. Il en est de même en 1 Thessaloniciens 4:15-17 à propos de "ceux qui survivent jusqu'à" la 'Parousia' du Seigneur, et de "ceux qui se sont endormis [dans la mort]". Comme cela a été montré plus haut, "ceux qui survivent" jusqu'à la 'Parousia', doivent "être tués" (Rév. 6:11) avant d'être "emportés dans les nuages à la rencontre du seigneur dans les airs" (1 Thess. 4:17). C'est pourquoi Paul précise que "ceux qui se sont endormis [dans la mort] (avant la 'Parousia') "ressusciteront
d'abord" (verset 16). "
Ensuite" interviendra la résurrection des autres (ceux qui "survivent jusqu'à" la 'Parousia'). Les deux évènements ne sont donc pas simultanés (conformément à Rév. 6:11), et pourtant ils ont lieu durant la 'Parousia', selon ce que rapporte 1 Corinthiens 15:23. C'est pourquoi le terme
'hama' ("ensemble") ne souligne pas le caractère
ponctuel de la 'Parousia', mais s'accorde plutôt avec l'idée d'une
période.