pauline.px a écrit :
Je crois que c'est plus compliqué que ça.
Je le crois aussi. Mais j'ai simplement tenté d'esquisser une ébauche du mécanisme à l'oeuvre. En pensant avoir vu juste.
Mais effectivement, le langage est rapidement devenu très complexe, tellement qu'il crée à lui seul un monde en parallèle, dans lequel tout peut exister. C'est bien une gageure que d'établir des parallèles entre ce monde langagier et notre monde réel, mais toutefois ce me semble primordial si l'on tente de dégager une quelconque vérité.
pauline.px a écrit :Comme vous le suggérez, celui qui manipule un concept est convaincu de sa pertinence et se figure que ce concept pointe "vraiment" vers une "réalité".
Mais...
Il suffit de reprendre les controverses au sujet du QI pour se rendre compte qu'on ne sait pas toujours ce vers quoi pointe un concept.
Le cas de l'éther est celui d'un concept hypothétique inventé pour répondre à des difficultés de la physique newtonienne, il correspondait qu'à une contradiction.
Et puis qu'en est-il des généralisations comme le concept de "mammifère" ?
Qu'en est-il des concepts plus abstraits comme "démocratie", "antériorité", "conséquence", "cause"...
Je ne crois pas si difficile de vérifier que ces exemples pointent effectivement vers une réalité.
Tout animal possédant des mamelles est considéré comme un mammifère selon la définition du concept. Donc un mammifère existe (en ayant pris soin bien sûr d'avoir observé effectivement un tel animal, ce qui ne semble pas difficile lorsqu'on possède un miroir).
La "démocratie" se définit grosso modo comme la loi du plus grand nombre. Si une assemblée prend une décision en fonction du nombre de votants (le plus grand nombre définissant la décision), alors on pourra dire que cette assemblée aura voté selon le principe démocratique. Donc, la démocratie existe.
Etc.
Dans ces exemples, la difficulté est vite levée dès que la définition du concept contient elle-même des termes et des concepts qui se définissent facilement. Il y a une sorte d'approche récurrente dont la limite est sans doute fixée par le consensus établi sur les tout premiers concepts (car c'est ainsi que fonctionne le langage, par consensus).
(Dans l'exemple du mammifère, il suffirait presque par exemple de pointer le doigt vers un sein en prononçant le mot "mamelle")
pauline.px a écrit :
Déjà le concept de "réalité objective" mérite une attention toute particulière. Que peut-on faire pour tester la pertinence de ce concept ?
Sans doute accepter certains postulats de base. Je crois encore une fois que le consensus est le moteur. Le mot "réalité" ne fait pas consensus, d'où l'importance de le définir lorsqu'on en parle.
Pour ma part, je partage la définition de Vicomte. En gros, la réalité est ce que le réel (indépendant de nous) est devenu après passage par notre filtre cognitif.
pauline.px a écrit :Pour D-ieu, il y a deux réalités objectives très naïves qui peuvent donc être contestées : rien sans cause, rien d'élaboré sans élaborateur.
Il y a les réalités objectivées par de grands nombres de sujets : dans la prière, dans la mystique, dans la vie de tous les jours...
En cherchant à adopter l'approche récurrente à ces exemples, pour ma part je bloque très vite (je veux dire quant à faire pointer le concept vers la réalité).
Prenons le mot "prier". Si on entend par là une "communication privée avec Dieu", ça devient vite délicat. Il faudra définir "Dieu" en des termes qui eux aussi permettent de pointer vers la réalité.
Si je définis "prier" comme "sentiment d'une communication privée avec Dieu", je serai déjà plus tranquille. Puisque sentiment n'est ici qu'un synonyme d'illusion.
Toujours est-il qu'il est très difficile de comprendre ce qu'est le langage, et comment il fonctionne (et parallèlement comment fonctionne notre conceptualisation du monde), mais je crois qu'il est plus qu'utile de se pencher sur cette question si l'on souhaite résoudre de nombreux débats philosophiques.