Mais ce n'est pas le problème en soi, car combien se comptent les enfants qui sont métissés et qui ne se posent aucune question d'existence dans une communauté, ils ont cette assurance, ils ne se font pas de souci lorsque les gens les regardent, le problème de l'autiste est ailleurs, il y a chez lui, comme inné, un hypersensibilité comme tu le dis, car l'autiste calcule tout, comme, ce regard de l'autre, avec ce haussement de sourcil est le signe d'un problème inhérent à ma personne, et qu'ai je fait pour soulever cette réaction chez l'autre, et j'analyse tel comportement chez moi, je ne cesse d'analyser et analyser.
Cette hypersensibilité engendre de la souffrance. Souffrance morale et aussi physique. C'est normal. Il faut apprendre à lâcher prise. Ce n'est pas évident.
Pour ma part, j'ai été diagnostiquée très tard. A un moment où j'avais subi un burn out qui m'a littéralement achevé. J'en pouvais plus de faire semblant. Et j'avoue, ça revenait souvent dans mon discours au moment de perdre mon boulot alors que je ne savais pas encore quel était mon souci.
J'ai la chance d'avoir un mari qui gagne bien sa vie et qui m'a dit "repose-toi et redeviens TOI, celle que tu es !" Et je revis.
Alors certes, je me suis éloignée de cette fichue société qui t'oblige à te déguiser en personne "normale". Et de nos jours, il y a une mode qui consiste à faire dépister le plus d'enfants possibles POUR MIEUX LES INSERER DANS LA SOCIETE, c'est le pire du pire qui pouvait nous arriver. Plutôt que de nous accepter comme on est, non, il faut impérativement, sous prétexte qu'on a l'intellect suffisant pour nous exploiter, qu'on nous intègre dans le monde des gens "normaux". Comme si c'était possible !
Aucune psychothérapie ne permettra à un autiste de se déguiser en un non-autiste. Si le but de la manoeuvre est qu'il fasse semblant toute sa vie, qu'il joue un rôle toute sa vie, les autistes vont en plus finir complètement schizo si ça continue.
Il faut être autiste pour comprendre ce qu'est l'autisme. Aucune personne "normale" (et c'est ces personnes qui nous accompagnent !!!) ne peut comprendre ce que nous vivons. Et quand on leur explique, on nous prend souvent de haut, genre on est trop autiste pour pouvoir savoir mieux qu'eux ...
Bref, il faut que tu apprennes à lâcher prise. Fais le vide en toi. La méditation a de bons résultats sur les gens comme nous. ça apprend à faire le vide, tu devrais essayer.
On est hypersensible, le nombre de sites où je lis qu'on manque d'empathie ....
Mais comment peut-on manquer d'empathie quand on est trop sensible. Si on est TROP sensible, c'est qu'on est aussi TROP empathique justement. Tellement empathique qu'on sait déceler chez l'autre le fond de sa pensée.
C'est parce qu'on est trop sensible qu'on sait détecter le mensonge chez l'autre. Le nombre de personnes normales qui m'ont qualifié de manipulatrice parce que j'avais mis à jour leurs mensonges. On est tellement sensible qu'on sait que la bouche dit tout autre chose que ce que le regard ou le corps dit. Il suffit que je m'assois au milieu d'une place publique et que j'observe les gens, sans les entendre, pour savoir si ça va ou pas dans leur vie. Je me trompe rarement sur les gens.
Il y a quelques temps, une personne tombe devant moi. Je l'observe, elle se relève de suite, se frotte les fesses, bref, dans ma tête, je me dis "ben, ça va, elle s'est relevée, elle n'a rien !". Je me suis prise une réflexion pour ne pas avoir accouru pour l'aider. Mais pourquoi l'aider ? Elle s'est relevée, c'est que tout va bien. J'ai analysé la chute et j'en ai déduis qu'elle n'avait besoin de rien. Et c'était vrai. Pourquoi s'inquiéter et courir ?
Une personne qui s'apprête à voler, je la repère dans la foule. Un pervers qui va se masturber dans le métro, idem, avant même qu'il ne monte dans le wagon et ne s'assoit. D'ailleurs, une fille qui se retrouve mal à l'aise face à un pervers, je le comprends de suite aussi, même si je n'ai pas le pervers dans mon angle de vue. C'est systématique, je repère le moindre détail émotionnel chez les autres.
Manquer d'empathie ? Mais bon sang, j'en déborde. Je ne surréagis juste pas sans raison. Une personne qui s'écroule inconscient devant moi, je ne paniquerais pas, je pratiquerais les gestes de secours automatiquement. Une foule qui s'agite, j'en cherche la cause avant de paniquer moi-même. Je ne suis pas un mouton, je vais pas faire comme les autres sans comprendre pourquoi ils réagissent comme ça.
On analyse trop, c'est vrai.
Mais faut apprendre à lâcher prise. C'est pour ça qu'on évite les regards, de toucher (et d'être touché), d’interagir avec l'autre. On détecte trop de choses et ça gêne la personne "normale" parce qu'elle n'aime pas qu'on dévoile ses propres vérités sur elle-même. Mais si on s'éloigne des autres, c'est surtout parce qu'on est rejeté. Et depuis toujours.
Je me souviens quand je suis rentrée à l'école maternelle, j'étais heureuse de rencontrer d'autres enfants, j'avais hâte d'aller à l'école pour me faire des "ami(e)s" ... Mouais ... ça n'a pas duré mdr. Heureusement que l'enseignement m'intéressait sinon ça aurait été l'enfer pour moi.
Finalement ... l'enfer, c'est les autres. C'est vrai mdr. Si on pouvait vivre entre autistes, ce serait peut-être mieux, tu ne trouves pas ? En tout cas, ce serait sans doute plus simple. Je ne sais pas.
Mais toi, si tu souffres de ce que tu es, fais en sorte de t'accepter telle que tu es. Et tant pis pour les autres. Peut-être as-tu un boulot et j'imagine que ça ne doit pas être simple. Mais en dehors de ça, sois autiste. Sois toi. Et on s'en fiche que tu sois métisse, maghrébine, trop blanche ou je ne sais quoi d'autre. C'est très important pour pouvoir se sentir bien. C'est pas toi le problème. Toi tu fonctionnes. Et tu fonctionnes très bien. C'est juste que les neurotypiques et nous, ben on est deux espèces différentes. On ne peut rien y faire. Et on ne pourra jamais rien y faire. Les neurotypiques ne se mettront jamais à notre hauteur. Ce n'est pas dans leur personnalités de s'intéresser à autrui. Ils ne s'intéressent bien souvent qu'à eux-mêmes. Et nous, on s'intéresse trop aux autres et ça ne passe pas non plus. Laisse tomber, ça ne sert à rien.
T'es quelqu'un de formidable, j'en suis sure. Ne doute pas de ça.