Posté : 16 avr.06, 08:55
Extrait de la Somme Théologique de St Thomas d'Aquin:
ARTICLE 11: Est-il vrai de dire: "Le Christ, en tant qu’homme, est Dieu "?
Objections:
1. Le Christ est Dieu par la grâce d'union. Mais c'est en tant qu'homme que le Christ possède cette grâce; donc le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
2. Remettre les péchés est le propre de Dieu, selon Isaïe (43, 25): "C'est moi qui efface les iniquités pour l'amour de moi." Mais le Christ, en tant qu'homme, remet les péchés, puisqu'il dit (Mt 9, 6): "Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés", etc. Donc le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
3. Le Christ n'est pas l'homme en général, mais il est cet homme en particulier. Or le Christ, en tant qu'il est cet homme, est Dieu, car l'expression " cet homme " désigne un suppôt éternel qui est Dieu par nature. Donc, le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
Cependant: ce qui convient au Christ en tant qu'homme, convient à tout homme. Donc, si le Christ, en tant qu'homme, est Dieu, il s'ensuit que tout homme est Dieu. Ce qui est évidemment faux.
Conclusion:
Le mot " homme", placé en apposition, peut être pris en deux sens. Premièrement quant à la nature; et alors il n'est pas vrai que le Christ, en tant qu'homme, soit Dieu, car il y a, entre la nature humaine et la nature divine, une différence essentielle. En un second sens, le mot " homme " est employé en raison du suppôt. Or, le suppôt de la nature humaine dans le Christ, c'est la personne du Fils de Dieu, qui, par elle-même, est Dieu; sous ce rapport, il est donc vrai que le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
Mais parce que le terme placé en apposition signifie proprement la nature plutôt que le suppôt, comme nous l'avons dit. il faut plutôt récuser cette affirmation: "Le Christ, en tant qu'homme, est Dieu."
Solutions:
1. Ce n'est pas sous le même rapport qu'on est mû vers un terme, et que l'on est ce terme en acte; le mouvement s'applique en effet à la matière ou au sujet, tandis que l'être en acte relève de la forme. Pareillement, ce n'est pas sous le même rapport qu'il convient au Christ d'être ordonné à être Dieu par la grâce d'union, et d'être Dieu. L'un lui convient selon sa nature humaine, et l'autre selon sa nature divine. C'est pourquoi il est vrai de dire: "Le Christ, en tant qu'homme, possède la grâce d'union "; mais non pas: "Le Christ, en tant qu'homme, est Dieu."
2." Le Fils de l'homme a le pouvoir, sur la terre, de remettre les péchés", en vertu non de sa nature humaine, mais de sa nature divine, où réside le pouvoir souverain de remettre les péchés. Dans la nature humaine, ce pouvoir n'existe qu'à titre d'instrument, par ministère. C'est pourquoi S. Jean Chrysostome explique ainsi ce texte: "Il a dit de façon caractéristique: "pouvoir, sur la terre, de remettre les péchés", pour montrer l'union indivisible qui existe entre la puissance divine et la nature humaine. Car, bien qu'il soit devenu homme, il est demeuré le Verbe de Dieu."
3. Dans l'expression " cet homme", le mot " homme", par le pronom démonstratif, oriente vers le suppôt. C'est pourquoi dire: "Le Christ, en tant qu'il est cet homme est Dieu", vaut mieux que de dire: "Le Christ, en tant qu'homme, est Dieu."
ARTICLE 11: Est-il vrai de dire: "Le Christ, en tant qu’homme, est Dieu "?
Objections:
1. Le Christ est Dieu par la grâce d'union. Mais c'est en tant qu'homme que le Christ possède cette grâce; donc le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
2. Remettre les péchés est le propre de Dieu, selon Isaïe (43, 25): "C'est moi qui efface les iniquités pour l'amour de moi." Mais le Christ, en tant qu'homme, remet les péchés, puisqu'il dit (Mt 9, 6): "Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés", etc. Donc le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
3. Le Christ n'est pas l'homme en général, mais il est cet homme en particulier. Or le Christ, en tant qu'il est cet homme, est Dieu, car l'expression " cet homme " désigne un suppôt éternel qui est Dieu par nature. Donc, le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
Cependant: ce qui convient au Christ en tant qu'homme, convient à tout homme. Donc, si le Christ, en tant qu'homme, est Dieu, il s'ensuit que tout homme est Dieu. Ce qui est évidemment faux.
Conclusion:
Le mot " homme", placé en apposition, peut être pris en deux sens. Premièrement quant à la nature; et alors il n'est pas vrai que le Christ, en tant qu'homme, soit Dieu, car il y a, entre la nature humaine et la nature divine, une différence essentielle. En un second sens, le mot " homme " est employé en raison du suppôt. Or, le suppôt de la nature humaine dans le Christ, c'est la personne du Fils de Dieu, qui, par elle-même, est Dieu; sous ce rapport, il est donc vrai que le Christ, en tant qu'homme, est Dieu.
Mais parce que le terme placé en apposition signifie proprement la nature plutôt que le suppôt, comme nous l'avons dit. il faut plutôt récuser cette affirmation: "Le Christ, en tant qu'homme, est Dieu."
Solutions:
1. Ce n'est pas sous le même rapport qu'on est mû vers un terme, et que l'on est ce terme en acte; le mouvement s'applique en effet à la matière ou au sujet, tandis que l'être en acte relève de la forme. Pareillement, ce n'est pas sous le même rapport qu'il convient au Christ d'être ordonné à être Dieu par la grâce d'union, et d'être Dieu. L'un lui convient selon sa nature humaine, et l'autre selon sa nature divine. C'est pourquoi il est vrai de dire: "Le Christ, en tant qu'homme, possède la grâce d'union "; mais non pas: "Le Christ, en tant qu'homme, est Dieu."
2." Le Fils de l'homme a le pouvoir, sur la terre, de remettre les péchés", en vertu non de sa nature humaine, mais de sa nature divine, où réside le pouvoir souverain de remettre les péchés. Dans la nature humaine, ce pouvoir n'existe qu'à titre d'instrument, par ministère. C'est pourquoi S. Jean Chrysostome explique ainsi ce texte: "Il a dit de façon caractéristique: "pouvoir, sur la terre, de remettre les péchés", pour montrer l'union indivisible qui existe entre la puissance divine et la nature humaine. Car, bien qu'il soit devenu homme, il est demeuré le Verbe de Dieu."
3. Dans l'expression " cet homme", le mot " homme", par le pronom démonstratif, oriente vers le suppôt. C'est pourquoi dire: "Le Christ, en tant qu'il est cet homme est Dieu", vaut mieux que de dire: "Le Christ, en tant qu'homme, est Dieu."