Tout ça me semble assez peu crédible, Gilbert.
J'ai lu l'entrée en matière de cette discussion: une évidence saute aux yeux: la non différenciation entre "le bouddhisme" (sous entendu: ce que l'on en connaît aujourd'hui; ce qu'il est devenu) et l'Enseignement authentique de celui qu'on appelle "Bouddha" .
La première sangha est dissoute depuis très longtemps, et sa nature exacte est aujourd'hui très mystérieuse. Nous pouvons évidemment nous en faire une idée en nous basant sur les plus anciens vinaya et sur diverses sources historiques, mais je ne suis pas sûr que nous en ayons tous les deux la même idée...
A noter , en outre, que très peu de gens savent que deux Personnes différentes ont été à l'origine de cet Enseignement, sur 3 "générations".
Tous deux appelés "Bouddha" ( et pour cause !) .
Je n'ai jamais entendu parlé de ton deuxième Bouddha, mais ce n'est pas particulièrement étonnant. L'Histoire du début du bouddhisme regorge de personnages plus ou moins légendaires.
Mais de toute manière, il y a bien plus de deux "bouddha"... Il y a les innombrables bouddhas du passé, le Bouddha du futur (maitreya, qui est pour l'instant un bodhisattva), etc. Le Mahayana va même jusqu'à rendre tous les Bouddha "contemporains" dans une forme de mysticisme, et accordent une très grande importance aux cinq Bouddhas dit "de méditation" (dhyani buddha).
- le prince Siddharta Gautama
Après le décès du premier Siddharta, on plaça le corps de celui-ci dans une grotte, à la manière tibétaine, et on posa une plaque où l’on pouvait lire ces paroles : «Siddharta, celui qui a atteint son but sur Terre, est devenu Bouddha en se réveillant dans l’au-delà.»
Ca m'étonnerait.
Tout d'abord, le rite mortuaire tibétain le plus répandu est très différent : il consiste à placé le corps dans une "tour noir", ouverte uniquement à son sommet, et exposé aux vautours (pratique d'origine iranienne). Je ne doute pas qu'il y a d'autres pratiques tibétaines, moins répandu... Mais de toute manière, les rites indiens (ceux originaire de la vallée du Gange, en tout cas) sont encore différents : on incinère le corps dans un "champ de crémation", que l'on quitte ensuite rapidement puisque considéré comme impure.
Ensuite, pour les paroles sur la stèle... Elles sont encore moins crédible. Le Tathagata est devenu Bouddha bien avant sa mort, en méditant auprès de l'arbre de la Boddhi (l' "éveil", dénomination positive du Nirvana, qui est "l'extinction"). Ensuite... Non, il ne s'est pas réveillé dans "l'au delà". Il y a des au-delàs dans le Bouddhisme, je ne dis pas le contraire... Il y en a des tonnes, même. Les terres pures, les royaumes supérieurs du monde du désir, les mondes de la forme et les monde du sans formes, etc. Mais se réveiller dans l'un de ses au-delà n'est pas le but du Bouddhisme, et sûrement pas le sort réservé au Bouddha.
Le Nirvana n'est pas un au-delà. Le but du Bouddhisme est tout simplement de ne plus se réveiller du tout. On désigne traditionnellement la mort du Sakyamuni par le mot "parinirvana", c'est à dire Nirvana parfait... L'anéantissement total de ce qu'il était. Bien sûr, le Mahayana et les branches tardives du bouddhisme on défendu une persistance de Bouddha au delà du monde... Mais il s'agit justement de branches tardives.
Quoi qu'il en soit, tous ceux qui te parleront du Nirvana comme d'un au delà, qu'ils soient cinghalais, tibétains ou japonnais, n'ont rien compris au bouddhisme.
- Son petit-fils du nom de Siddharta venait s’instruire auprès de son grand-père. Pour éviter la confusion, on l’appela simplement Gautama. Et c’est lui qui allait succéder à Siddharta à la direction de tous les monastères. Il avait aussi reçu la mission d’unir l’Inde entière autour de la nouvelle croyance en l’Éternel.
Voilà qui est encore moins cohérent.
Tout d'abord, parce qu'il n'y a pas eu de conscience nationale indienne avant le XIX siècle. Il n'y a pas de mot sanskrit ancien qui signifie "Inde", et encore moins qui signifie "indien" (et pour cause, le sanskrit ne connaît pas les toponymes). Il n'y a jamais eu d'unité de l'Inde avant l'arrivé des anglais, jamais eu de recherche de domination de "l'Inde entière".
L'Inde est une invention récente, Bouddha n'avait aucun mot pour la désigner, ses successeurs immédiats non plus, et aucun d'un n'avait conscience d'une "Inde" en tant qu'entité culturel.
("Baratha" était initialement le nom d'une lignée aryenne, "indika" et "hindustva" sont des néologies récentes, et aucun Brahmane ou Ksatriya n'avait le sentiment d'appartenir à la même nation que les dravidiens ou les autochtones sans-castes qui habitaient la même terre qu'eux)
Ensuite, le Bouddhisme initiale n'avait aucune revendication politique ou social, et ne cherchait aucune forme d' "unification" des nations. Bien sûr, l'ordre des moines de la forêt s'est intimement mêlé au pouvoir royal de Thaïlande, la secte de Nichiren à eu de grandes revendications politique, et les lignages tibétains ont été à la tête d'une véritable théocratie féodale.
Mais le bouddhisme des premiers temps était profondément asocial. Les membres de la première sangha étaient tous des moines qui avaient renoncé au monde.
Autre détail important : il n'y avait pas de monastère à l'époque. Les bouddhistes des premiers siècles après le parinirvana était nomade, et ne dormait jamais au même endroit plus de trois nuit de suite hors de la saison des pluies. C'est d'ailleurs la cause de l’expansion géographique énorme du bouddhisme.
L'installation en monastère sédentaire est assez tardive.
Et pour finir... "croyance en l'éternel" ? Tu parles d'Adibuddha ? Voyons, il s'agit là d'une croyance tantrique très tardive, qui n’apparaît pas avant le VIè siècle... Ou peut-être parle du tes "absolus" plus vague du Mahayana, tel le Dharmadathu ? Encore une fois, il faut attendre plusieurs siècles après la mort de Sakyamuni pour en avoir des traces. Il n'y a pas d' "éternel", dans les premiers enseignements de Bouddha. Par contre, il y a le principe d'impermanence, anitya (ou plutôt anicca, en pali), qui stipule formellement que rien n'est éternel.
Bref, je ne sais pas quelles sont tes sources, Gilbert, mais tu devrais envisager de puiser ailleurs...
@ Coeur de Loi
Bon... J'aimerais que tu me donnes tes définitions de "religion", "philosophie" et "science". Copie-colle les depuis un dictionnaire si tu veux, tant que tu est en accord avec elles. Pour l'instant, j'ai l'impression que nous avons tout deux une compréhension très différente de ce vocabulaire, qui risque de nous empêcher de nous entendre...