avatar a écrit : ↑21 oct.20, 09:38
Surtout pas à détester ou haïr ! (1)
Comme tu le dis, une personne qui en vient à se réjouir du malheur des autres est elle même une personne en grande souffrance.(2)
Pour ma part, j'essaye l'effet miroir, de leur montrer que les textes qu'ils utilisent pour condamner peuvent les condamner eux mêmes pour qu'ils comprennent la violence ressentie par l'autre.
Mais force est de constater que ça ne marche pas. (3)
Au fond, je crois que chez ces gens là, la religion est un exutoire à la violence, elle leur permet d'assouvir leurs envies de meurtres.(4)
Personnellement, je ne comprends pas comment on peut se réjouir du malheur de quelqu'un même si cette personne vous a fait les pires crasses.(5)
Est ce que le fait qu'une personne soit malheureuse enlève quoi que ce soit aux malheurs qu'on a pu avoir ? (6)Absolument pas, donc c'est juste la souffrance d'un être humain, comme nous. (7)
C'est pour cela je pense que Jésus a dit de rendre le bien pour le mal ou d'aimer ces ennemis parce que faire le bien ou penser du bien, ça apporte la joie et la plénitude alors que se réjouir du malheur des autres, le souhaiter ou pire en être à l'origine n'a jamais rendu personne heureux... enfin c'est ce que je pense.(8)
(1) C'est ce que recommande Jésus et le Bouddha en tout cas. Ne pas répondre à la violence par la violence, à la haine par la haine, à la médisance par la médisance, à la malveillance par la malveillance.
Jésus dit que c'est pour être en harmonie avec le Dieu d'amour que Lui prêche et le Bouddha recommande cela comme un des remèdes psychologiques pour diminuer sa propre souffrance et augmenter son bonheur, vu qu'entretenir en soi des pensées néfastes pour les autres c'est en premier se miner soi-même de l'intérieur.
"Demeurer en colère c'est comme saisir un charbon ardent avec l'intention de le jeter sur quelqu'un : c'est vous qui vous brûlez".
Quand on prend le temps de faire attention à ce qu'on ressent comme émotion au moment ou on la ressent, on découvre (alors que pourtant c'est évident) a quel point les émotions et sentiments négatifs comme la peur, la colère, l'aversion, la haine, le dégoût, le mépris, la jalousie, l'envie, etc... nous font du mal à nous même en premier. Et le Bouddha en tout cas affirme qu'avant de blâmer l'autre pour ce qu'on ressent en prétendant que l'autre est la cause de nos souffrances, on doit d'abord chercher au fond de soi car nous sommes nous même en premier la cause de nos propres souffrances.
C'est soi même qu'on doit changer et pas l'autre. Et Jésus dit la même chose lorsqu'il affirme qu'il faut commencer par ôter la poutre de son propre oeil avant d'aller chercher la paille dans l'oeil du voisin.
Pour le Bouddha nous souffrons beaucoup en raison de 3 poisons : la colère/haine/aversion, le désir/la soif/l'avidité, et l'ignorance ou les perceptions erronées, fausses, sur nous même et la réalité.
Et même si je reconnais ne pas détenir "la" vérité sur tout, quand je lis certains interlocuteurs ici il n'est pas difficile de percevoir leurs perceptions erronées d'eux même, des autres, du Christianisme (j'en connais assez sur le Christianisme de par mon vécu pour voir des erreurs flagrantes, plus de 30 ans de vie chrétienne et des études d'histoire religieuse à l'ICP de Paris cela laisse des traces).
(2) C'est ce que j'ai compris de la doctrine bouddhique en tout cas. Et d'ailleurs j'ai lu récemment la même analyse du coté chrétien : derrière toute violence il y a une souffrance.
Donc ceux ici qui sont particulièrement violents dans leurs propos (sans d'ailleurs en avoir du tout conscience et pire se croire en droit de dire ce qu'ils disent) sont très probablement de grands souffrants. Tellement grands qu'ils n'ont même pas la force de regarder en eux et de mesurer le problème. Or le Bouddha a énoncé comme première étape de sa thérapeutique : la reconnaissance/acceptation de la souffrance. Laisser tomber le dénie.
Comme d'ailleurs l'on a la reconnaissance du problème du dénie dans la science médicale occidentale moderne. Pour se soigner il faut déjà accepter le fait qu'on est malade. Et pour le Bouddha nous sommes tous malades. Vieillir, tomber malade, connaître le deuil, mourir, ne pas avoir ce que l'on désir, être au contact de ce qui nous déplaît, se plaindre, tout cela est pénible. Ce n'est pas théorique, tout le monde le constate. Tous les êtres humains. Et les participants à ce forum n'échappent en rien à la règle. Vous et moi compris.
Christianisme et Bouddhisme se rejoignent sur le constat que quelque chose cloche dans la réalité, dans notre expérience de la vie, et que nous en souffrons. C'est reconnu par Vatican II dans Nostra Aetata.
(3) Même constat. J'ai renvoyé plus d'une fois à des chrétiens et musulmans leurs propres textes et j'ai rarement voir jamais obtenu de bons résultats. Sans doute que ni vous ni moins ne sommes tombés sur des chrétiens ou musulmans vraiment respectueux de leur propre religion.
L'humilité est mise en avant aussi bien par le Christianisme que par l'Islam et l'orgueil fermement condamné. Et le problème est le même toujours : le "moi", "l'ego".
Et dans le bouddhisme on fait remarquer que si le "moi" était si solide, sûre de lui, il ne passerait pas son temps à riposter au moindre coup pour prouver qu'il est bien là. Quand on est sûre de soi on ne ressent pas le besoin de prouver quelque chose aux autres. On sait ce qu'on vaut et qui l'on est. En même temps le Christianisme est très culpabilisateur tout en flattant l'ego, Dieu condamne l'orgueil mais il pousse ses fidèles à se croire supérieurs au commun des gens. Incitations contradictoires et paradoxales qui a de quoi bien vous chambouler. Et cela se voit ici. Très bien je trouve. Un bouddhiste peut aussi tomber dans le piège. Nous sommes tous humains. Nous nous dépêtrons tous avec le même mental.
(4) Chez nos interlocuteurs ici je ne sais pas, j'espère que non. Mais en effet la religion permet surement à certains individus (minoritaires heureusement) de rendre "juste" et "acceptable" pour eux même leur haine, leur violence, etc.. ou de réparer une blessure d'ego profonde. Quoi de meilleur pour quelqu'un qui a un très très gros problème d'estime de soi que de soudain se voir comme l’Élu d'un être supérieur et vengeur ? D'ailleurs, même si il est difficile de savoir exactement qui était le Muhammad historique, avant sa Révélation on ne peut pas dire qu'il avait une vie heureuse, avant la Révélation il était très fragilisé. Certains disent même franchement dépressif. Et la dépression est un problème lié aussi à l'estime de soi (j'en sais quelque chose, j'ai déjà connu le moment ou l'on se sent si médiocre, ou la souffrance est telle, que la tentation d'en finir vous traverse l'esprit, quand on a survécu à cela les propos que je lis ici à mon encontre c'est du pipi de chat).
(5) Mais c'est pourtant très simple : tu m'as fais mal, tu vas le payer. C'est un réflexe très humain au contraire. J'aime mal, je souffre, j'estime que tu es totalement coupable et inexcusable, que je ne méritais pas cela, alors pour me guérir, j'estime nécessaire que tu souffre autant que moi. "Oeil pour oeil, dent pour dent". C'est une pulsion tout à fait courante.
(6) C'est qu'on croit le plus souvent je pense, on espère qu'en "égalisant" le score on souffrira moins soi-même. Je crois que la plupart d'entre nous fonctionne comme ça.
(7) Cela me fait penser a cette belle phrase du personnage du Pr. Erskine dans l'univers Marvel, celui qui invente le sérum du super-soldat qui transforme le rachitique et souffreteux Steve Rogers en un surhomme mais transforme le nazi Johann Schmidt en "Crâne Rouge" :
Le sérum est un amplificateur de ce que le sujet a en lui. Le Bien devient meilleur, mais le Mal devient pire. Et c’est pour ça qu’on vous a choisi. Parce qu’un homme fort qui a eu du pouvoir toute sa vie n’a plus de respect pour le pouvoir,
mais un homme faible connaît la valeur de la force, et il connaît la compassion.
Cela ne marche pas tout le temps. Certains hommes qui souffrent énormément ne sont pas pour autant plus compatissants, parfois la souffrance intérieure est telle que tout ce qu'ils peuvent faire c'est l'évacuer sur les autres, faute d'être capable de la contenir.
(8) On voit parfois suite à des tragédies des membres de la famille d'une victime pardonner au bourreau, cela les soulage apparemment. Sur YT on voit des vidéos de se genre, par exemple une mère qui pardonne au meurtrier de son fils, qui pardonne vraiment. Cela a l'air de lui faire du bien. Rajouter de l'esprit de vengeance et de la haine du au ressentiment et au chagrin n'a jamais fait diminuer la douleur du deuil. Et parfois... un petit miracle se produit. Le criminel est suffisamment humain pour être touché. Et cela le change. En mieux.
Il y a quelques années les noms d'oiseaux dont m'affublent certains m'auraient plus affecté que maintenant. Maintenant il me lassent surtout. J'ai encore la faiblesse et la bêtise d'y prêter un peu d'attention.
On espère je crois toujours naïvement vous et moi qu'on peut un peu aider l'autre. Mais hélas ...
Le Bouddha hésita longtemps avant de parler dit-on après son illumination, il avait mesurer l'ampleur de l'aveuglement des gens et cela lui paraissait si insurmontable comme obstacle qu'il aurait hésité. Une tâche si grand, si usante. La légende veut que se soit le Grand Brahma, le Créateur du panthéon hindoue, qui soit venu en personne le supplier de le faire, pour le bien de tous, hommes et dieux.