maymay a écrit :
Fausse tautologie. Il faut arrêter de tout ramener à l'objet, ça ne marche que pour la connaissance. Mais en soi, l'objet existe indépendamment (la perception aussi) du sujet qui observe l'objet.
Qu’est-ce qui te permet d’affirmer que le monde n’existe pas QUE dans notre conscience ? Est-ce que l’objet peut exister sans le sujet ? Quels éléments avons-nous pour se construire une opinion à ce sujet d’après toi ?
Personnellement, ce questionnement m’habite depuis longtemps, et je n’ai toujours pas de réponse définitive (mais j’ai quand même une préférence pour l’une des deux possibilités).
maymay a écrit :Si une chose me dérange plus que tout, c'est ce relativisme extrême. Vas-tu dire au médecin que tu préfères ne pas suivre ses conseils parce que tu te connais mieux que lui? En partie, ça peut être vraie, enfin...
Chez certains c’est toujours vrai s’agissant des problèmes bénins. Certaines pratiques physiques et mentales comme les arts martiaux, la méditation et le yoga permettent d’acquérir une telle maîtrise de son corps que nous n’avons tout simplement plus jamais besoin d’aller voir le médecin, sauf accident grave.
maymay a écrit :Il y a du même pour ce dont on parle. Beaucoup d'interprétations du réel sont possibles, toutes ne le sont pas.
Je suis d’accord, mais comment fais-tu le tri ? Si l’on ne peut pas soumettre à l’épreuve de l’expérimentation les différentes interprétations existantes, il n’y a plus qu’à s’en remettre à l’intuition à partir du moment où la logique seule ne permet pas de faire la part des choses.
maymay a écrit :Quoi qu'il en soit, tu ne peux importer de l'irrationnel dans le rationnel, ça ne marchera pas.
Comment définis-tu l’irrationnel ?
maymay a écrit :C'est le néant, le vide. On utilise souvent le mot nihil pour rendre ce terme plus fort (comme faisant partie du métalangage), enfin, ça vaut ce que ça vaut. Et pour information, les bouddhistes tentent d'arriver au nirvana (soit un nihil), ce qui chez eux signifie l'état d'ataraxie le plus suprême qui soit.
S'agissant des bouddhistes, je n’aurais pas exprimé cela de cette façon.
maymay a écrit :
L'idéalisme est mort aujourd'hui.
Cette réponse me dérange beaucoup. Je ne connais pas grand-chose à la philosophie, en tout cas certainement moins que toi, et en ce qui concerne l’histoire de l’idéalisme, je n’y connais carrément rien donc je m’abstiens à ce sujet.
Cependant, si Jojo décide demain d’écrire un traité de philosophie idéaliste, ce qui est largement possible, l’idéalisme sera de fait bien vivant. Il suffit que n’importe qui se découvre une âme de philosophe idéaliste pour que l’idéalisme soit vivant à travers lui, alors je ne vois pas trop comment on pourrait affirmer que l’idéalisme est mort. Il est impossible de prédire quelles seront les sensibilités des futurs philosophes. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de philosophes idéalistes aujourd’hui qu’il n’y en aura pas demain.
maymay a écrit :
Même objection que plus haut. Et l'argument de Kant peut être réfuté. Il n'y a pas que l'empirisme comme arbitre ; sans quoi beaucoup de sciences s'écrouleraient (notamment les mathématiques...).
Je m’inscris en faux : ce n’est absolument pas l’empirisme qui détermine la réfutabilité d’une proposition. Pour être scientifique, une théorie doit être réfutable. Pour qu’une théorie soit réfutable, on doit pouvoir imaginer une expérience ou une situation dans laquelle la théorie serait prise en défaut, c’est-à-dire qu’on doit pouvoir la tester (en général expérimentalement).
Le fait d’être réfutable n’est donc pas lié au simple fait que l’on puisse débattre logiquement de la théorie, comme tu me le proposes ; il faut pouvoir trouver une situation qui infirme ou confirme la théorie.
En ce qui concerne la théorie de Kant, à part l’expérience mystique de la transcendance dont je ne pense pas que tu sois un fervent supporter, je ne vois aucune expérience ou situation où elle soit testable.
maymay a écrit :
C'est tout un problème philosophique et logique que tu viens de pointer là. Eh bien si, le concept de néant doit être un néant aussi. En fait, le néant, c'est un néant d'existences et de déterminations. Mais dès qu'on dit que le néant est quelque chose (même le principe d'identité), on en fait d'une certaine manière un quelque chose. En fait, ça donne en logique formelle une définition du genre "Le néant est le néant si et seulement si le néant n'est pas le néant et le néant est le néant" ; ce qui est bien évidemment incompréhensible, mais en revanche, cette incompréhensibilité est compréhensible.
Il y a une façon plus simple de le dire : le néant en tant que réalité physique n’est rien. Il est donc futile d’en parler : on ne fait pas d’études sur « rien ».
Dès que l’on en parle, le simple fait d’en parler nous amène à le conceptualiser. Le néant devient dès lors un concept, un objet mental. Mais du coup, on s’en éloigne par la même occasion ; le fait de transformer « rien » en objet nous fait faire fausse route.
C’est tout le problème des concepts, qui sont en soi des objets mentaux, des formes mentales, alors que ni le néant, ni le vide, ni l’espace n’ont de forme.
maymay a écrit :
C'est ce que tu as affirmé implicitement : le temps est crée en même tant que la "matière" (d'une manière générale). Ce n'est pas valable pour moi.
Tu m’as mal compris alors. Je ne vois pas en vertu de quoi rien ne pourrait exister hors du temps, à moins bien-sûr de considérer que rien n’existe en-dehors du monde physique…
maymay a écrit :
Premièrement, je peux dire autant pour Plotin.
C’est possible, je ne le connais pas, mais dans ce cas-là pourquoi parles-tu de la « pensée » de Plotin ?
maymay a écrit :Deuxièmement, prôner la "non-pensée" se fait aussi par la pensée (ce qui est contradictoire).
C’est normal. Le fait de parler implique déjà le fait de penser. On peut vivre une expérience de non-pensée, de conscience pure, mais pour en parler, il faut nécessairement penser…
maymay a écrit :
Mais l'Un ce n'est pas l'humain ; sinon il n'y aurait même pas de sens à parler de l'Un et de l'humain, mais simplement de l'Un. Tu te rends compte que tu vas vraiment loin là?
L’Un est tout ; l’essence de toute chose est l’Un. L’Un comporte beaucoup de synonymes : Dieu, l’Etre, la conscience, le non manifesté, la pure potentialité.
maymay a écrit :
J'admire ta quiétude face à cette question, mais beaucoup ne se contenteront pas de cela.
Qu’est-ce qui te pose problème ?
maymay a écrit :
Applique la même critique à tout dans ce cas ; il n'y a aucune raison d'opérer une scission, si ce n'est pour prétendre prouver ce qui ne peut l'être.
La matière n’a pas pu s’auto-créer. Etant donnée qu’elle n’existe pas de toute éternité, elle a fatalement été créée, et ce par autre chose que de la matière (cela ne ferait que repousser le problème). Il n’existe qu’une alternative à la matière, c’est l’esprit. Le principe premier est donc spirituel.
L’athéisme serait vrai si et seulement si il n’y avait rien. Mais nous ne serions pas là pour en parler.
maymay a écrit :
L'instabilité pour un objet, c'est le fait de ne pas réagir de la même manière dans exactement les mêmes circonstances. Je pourrai pousser ton raisonnement plus loin : laisse la bille au sol, elle ne bouge pas, jette la en l'air, elle vole... Et à ça tu peux rajouter ta conclusion : tantôt la bille vole, tantôt elle est stable.
Je ne comprends rien à ton charabia, les billes étaient là juste pour illustrer un système stable et un système instable. Un système physique est stable s’il retourne spontanément vers son état d’équilibre lorsqu’il en est écarté, ta définition est tout sauf scientifique.