La suite (et fin) …. je continue du la femme v^étue de soleil ...
Deux autres passages de la Nouvelle introduction à la Bible. W. Harrington. Seuil. 1970.
«
Si nous voulons interpréter correctement ces images et ces symboles, nous devons nous rappeler, d’abord, que l’imagination orientale ne se fixe une fois pour toutes à aucune d’entre elles et, d’autre part, que la même image peut avoir plusieurs significations. Le désert par exemple est au chapitre12 de l’Apocalypse un lieu de refuge ; mais au chapitre 17 il devient le repaire des démons » (p. 1008).
« La Femme symbolise le Peuple de Dieu ; elle enfante l’âge messianique et le Messie lui-même (cf. Mi 4,9-10 ; Is 66,7). Le dragon est l’ « antique serpent » de la Genèse, ch. 3. La femme et Satan se retrouvent donc face à face. Le dragon cherche à faire périr l’enfant, mais celui-ci est enlevé jusqu’au trône de Dieu : il s’agit de l’Ascension et, d’une façon générale, du triomphe du Christ, qui, finalement, aboutira à a chute du démon. Entre-temps, la Femme a trouvé refuge dans le désert, où Dieu prend soin d’elle durant douze cent soixante jours, soit trois ans et demi ou quarante deux mois : le temps que durera la vie terrestre de l’Eglise.
La chute du dragon est illustrée d’une façon dramatique dans les versets 7 à 12. Satan est chassé du ciel par Michel et ses anges ; mais cette victoire est en réalité celle du Christ (v. 10). Elle est partagée par les martyrs, que la mort a mis, eux aussi, hors d’atteinte. Il y a donc grande joie dans le ciel ; mais sur terre Satan peut encore pour peu de temps, donner libre cours à sa colère.
Il cherche d’abord à anéantir le Femme ; mais celle-ci est protégée par Dieu. Alors il s’attaque à ses enfants, leur fait la guerre. Ils sont persécutés, mis à mort. Et le message précis de l’Apocalypse est que ceux-là qui tiendront ferme jusqu’à la fin participeront à la glorieuse victoire de l’Agneau.
Nous ne pouvons pas ne pas nous demander, à propos de ce chapitre, s’il offre une base sûre pour interprétation mariologique. Et tout de suite nous dirons que la Femme ne peut certainement pas représenter en premier lieu Marie, Mère de Jésus. Tout le contexte, ainsi que l’arrière-plan biblique, montrent qu’elle figure d’abord et avant tout le peuple de Dieu, ce peuple qui a donné naissance au Messie et au peuple messianique. La seule possibilité qui reste ouverte est qu’elle représente aussi Marie, mais selon un sens second. Telle est, de fait, l’opinion de plusieurs exégètes (sont ici cités des ouvrages de F.M Braun, Cerfaux-Cambier et A. Feuillet). Cependant je partage à ce sujet les hésitations de P. Boismard :
« Il ne suffit pas de dire aux yeux des chrétiens, la « Femme qui enfante le Messie » devait nécessairement évoquer Marie, la Mère de Jésus. Il resterait en effet à prouver que l’auteur de l’Apocalypse a Marie une importance spéciale en tant que Mère personnelle du Christ. Plus sérieux est l’argument tiré de Gn 3.15. Il est certain en effet que la Femme de p. 12 est décrite en référence à Eve : elle fut tentée par Satan, « l’antique serpent » (12.9 ; cf. Gn 3, 1ss), elle enfante dans la douleur (12.2 ; cf. Gn 3.16), elle est en butte aux persécutions de Satan (12.6, 6.14 ; cf. Gn 3.15), elle et toute sa descendance (12.17 ; cf. Gn 3.15). Mais pour l’auteur de l’Apocalypse l’Eve de Gn 3.15 annonce-t-elle Marie ou simplement le Peuple de Dieu appelé à prendre se revanche sur le Serpent qui l’avait séduite ? En définitive, la Femme de Ap. 12 représente certainement au sens premier, le Peuple de Dieu qui enfante le Messie et les temps messianiques. L’auteur de l’Apocalypse a-t-il voulu qu’elle représente aussi Marie, la mère personnelle du Messie ? C’est possible, mais les arguments que l’on fait valoir en ce sens ne sont peut-être pas suffisants pour emporter la conviction » (p. 1018-1020)
Ma position actuelle :
OK, j’adopte la conclusion de ce livre : «
La Femme est en premier lieu le Peuple de Dieu, elle a donné au Messie et au peuple messianique » et «
Jean n’a pas intentionnellement voulu identifier cette Femme comme Marie ».
Diagnostic : excès d’interprétation. Critique de ma méthode : je me suis trompé dans l’interprétation : si l’identification de l’enfant comme Messie (sceptre de fer / verge de fer) est très solide, j’ai déduis à tort que la Femme impliquée était Marie.
Ce que j’ai bien identifié par contre c’est qu’on ne pouvait pas déduire l’identité de la Femme directement à partir des versets induit par le texte. J’ai clairement tiré que l’identification de la « mère » ne peut être directement du texte (Ap 12.1-17), mais seulement indirectement de l’identité du Fils (voir mon post complètement incompris par
Elihou). L’identification de l’enfant directement à partir du texte (Ap 12.1-17), comme Messie est par contre très solide. Ce Messie est – aussi solidement - le Serviteur Souffrant, c'est-à-dire le Messie Chrétien : Jésus-Christ. Dans les versets que j’avais retenus, j’avais bien retenu deux versets clés sur la Femme : Mi 4.9-10 et Es 66. Je ne les ai pas éliminés, mais je ne leur ai pas donné l’importance suffisante. Un point qui plaide encore contre l’identification de cette Femme comme Marie est le thème de la persécution contre cette Femme et sa descendance suggérée par le texte. L'Evangile n'en parle pas. L’interprétation du texte dans le sens de la mariologie n’est pas exclu en un sens second, d’autant que l’enfant est bien Jésus-Christ. Marie fait partie de ce peuple qui a donné naissance au Messie. Dans la logique du texte (Ap 12.1-17) on insistera
non sur le fait que Marie a donné naissance biologiquement à Jésus, mais sur
Marie la Juive, c'est-à-dire sur le fait c’est toute l’attente séculaire du peuple Juif qui se concentre et qui est exhaussée en elle.
Objection 4 (agecanonix : 01 février 2010) : « Pour nous la femme dont il est question en Genèse 3:15 est la même que celle de la Révélation.
Nous en concluons que la descendance de la Genèse et de la Révélation est le Royaume de Dieu composé de Jésus et de ceux qu'il appelle ses frères. (05 février 2010).
Déjà saches que la femme de la genèse n'est certainement pas Eve. Pourquoi être aussi primaire et ce dire, Dieu parle d'une femme, combien il y en a à ce moment, ah oui, une seule, Eve, donc c'est elle !! Excuses moi mais je pense que Dieu avait autre chose en vue que cette femme pécheresse ».
Réponse : Tu veux dire qu’en 3.15 et Gn 3.20 (Eve),
il ne s’agit pas de la même femme ? Si j’ai bien compris : c’est un scoop, même mon professeur de Tradition Chrétienne (bibliste) n’a jamais entendu parler de cette subtilité. Il faut dire que je suis probablement inculte ! Peux-tu m’expliquer ?
Oui, je crois que Dieu a fait une promesse à cette «
femme pécheresse » (qui n’est que la partie « femme » du couple homme/femme créé par Dieu,
Adam ne vaut pas mieux).
Objection 5 (Jusmon : 05 février 2010) : « Beaucoup d'efforts pour rien ! Au retour de Jésus il y aura beaucoup de déçus... La femme du chapitre 12 de l'Apocalypse ne peut pas être Marie. Une femme ne peut prétendre supplanter la prêtrise, fusse-t-elle illustre ; car dans cette vision elle a le soleil sur la tête et la lune à ses pieds et une couronne de douze étoiles. Elle représente l'Eglise sans l'ombre d'un doute. En effet, les visions ne mélangent pas le symbolique avec le réel. Le soleil, la lune et les étoiles symbolisent Dieu, Jésus-Christ et les douze apôtres.
La femme est donc le symbole de l'Eglise. Le dragon symbolise Satan. La fuite dans le désert l'apostasie qui s'installa dès le premier siècle.
Et l'enfant le royaume du millénium qui est entrain de jeter ses bases non sans difficultés ».
Réponse : je ne comprends pas à quoi tu fais allusion quand tu dis : « Une femme ne peut prétendre supplanter la prêtrise ». Ton interprétation du désert comme l’image de l’apostasie est fausse. Avec mon petit logiciel, on voit immédiatement que l’apostasie est comparée dans la Bible avec
l’adultère, le divorce ou est assimilé à
une maladie dont il faut guérir, mais l’apostasie n’est
jamais associée au désert. Je signale encore que ma source indique qu’il ne faut pas prendre à la lettre les « 1000 » ans et que
les étapes décrites dans l’Apocalypse ne sont pas successives (dans le futur), mais simultanées (dans le présent).
Objection 6 (Elihou : 01 février 2010). « Et bien nous allons y répondre, sans même attendre que vous m’expliquiez au fait que, dans cette allégorie cette femme sensée être Marie a plusieurs enfants dans l’Apocalypse (Ap 12.17) : le Diable est parti faire la guerre au reste de sa semence …… semence veut bien dire ce qu’il veut dire ce qui sort d’elle. Alors qui est cette femme et sa semence que vous vous accaparez comme étant Marie ?[…]
Il s’agit bien de la même femme qu’en Gn 3.15, appelée Jérusalem d’En Haut Cette épouse symbolique ou épouse de Dieu, donne naissance a une descendance dont Christ est l’élément principal (l’enfant mâle) auquel seront adjoints d’autres fils a qui sera donné le Royaume de Dieu. Ces enfants de Dieu sont issus de cette femme symbolique, adjoints à Christ et sont considérés comme une épouse collectivement pour l’Agneau. Ils sont cohéritiers de Christ, appelés aussi Fils de Dieu. Ils forment avec le Christ la Nouvelle Jérusalem descendu d’auprès de Dieu ».
Réponse : Marie a une descendance spirituelle en dehors de Jésus (voir ce que j’ai dit plus haut). Je ne comprends pas très bien la phrase : « Ces enfants de Dieu sont issus de cette femme symbolique, adjoints a Christ et sont considérés comme une épouse collectivement pour l’Agneau » qui suggère
un mariage collectif avec l’Agneau ( !). Comme je l’ai dit plus haut à agecanonix, nous n’employons pas le terme de « mariage » pour Dieu, mais plutôt le terme d’Alliance.
Quelles conclusions ? Pour
agecanonix, la descendance de la femme est la Royaume de Dieu, pour
jusmon la femme est l’Eglise et l’enfant : le Royaume du Millénium, pour
Elihou il s’agirait de la Jérusalem d’en Haut ou de l’épouse symbolique de Dieu (le texte du post du 01 février n’est pas clair) … reste à prouver que tout cela peut correspondre à ce que dit finalement le texte – d’après moi : « La Femme est en premier lieu et le Peuple de Dieu, cette femme qui a donné naissance au Messie et au peuple messianique ». Pour rappel, le Messie est déjà né et a inauguré son Royaume lors de la Résurrection : c’est du passé !
