La prison du langage, l'avenir de l'humanité
Posté : 06 déc.06, 08:21
Bonjour à tous!
L'erreur souvent commise lorsqu'on rencontre une personne est de trop s'attacher à l'image que l'on s'est faite d'elle. Si tel était le cas, l'instauration d'un véritable dialogue, c'est à dire d'un échange entre deux individus, se révèlerait plus difficile, voir impossible à établir, car nous ne pourrions dès lors que tenter de faire correspondre avec cohérence la réalité observée et l'image conçue par notre esprit, sans pouvoir pénétrer la signification de chaque acte ou de chaque parole avec authenticité ; je deviens dupe de moi-même dans la mesure où ce n'est plus avec la personne que j'entre en contact, mais avec l'image que mon esprit s'en est conçue. Il ne s'agit plus d'un dialogue, mais d'un monologue, puisque je ne suis plus que seul avec moi-même.
Cela se produit lorsque notre égo tente de placer les gens dans des catégories ; car toute catégorie a pour vocation de situer dans un cadre plus général, tandis que le général n'existe pas mais seul demeure le particulier. En effet, si je trouve une personne stupide, intelligente, petite, grande ou grosse, c'est toujours parce que je tente de la positionner en regard d'une réalité conceptualisée ; parce que je fais de cette personne l'objet d'une comparaison. Les catégories n'ont en effet de lieu d'être que si les comparaisons ont lieu d'être.
Sans compter que ceux qui pensent par catégorie contiennent eux-mêmes leur propre réfutation, car si par exemple je place un homme dans la catégorie "grand", cela ne peut être que parce que je le compare avec un autre objet qui apparait plus petit. Mais si par exemple je le comparais à un objet plus grand que lui? Il apparaitrait bien plus petit! Cette relativité des catégories montre bien leur inconsistance.
Mais une comparaison entre deux objets, si elle permet de mettre en évidence ce que l'on appelle des différences n'est possible que si l'esprit qui s'y exerce reconnait un points commun sous-jacent entre les deux objets à comparer, c'est à dire si l'esprit aura auparavant situé les deux objets dans un même concept qui les contient tous deux, et c'est étrangement au nom de cette similitude que les "différences" vont se manifester. Je ne peux par exemple comparer le volume de deux objets que si je les ai auparavant reconnus tous deux comme appartenant au concept "corps", c'est à dire comme des objets situés dans l'espace. On remarquera que, dans le cadre de cette comparaison, le concept de "volume" ne prend de sens qu'en rapport au concept de "corps" ; il en est le pendant, c'est à dire que s'il n'y a pas de corps, il n'y a pas de volume.
Mais les concepts ne sont rien que le fruit d'une construction intellectuelle bien commode qui permet de classer les objets, et ils ne renvoient donc à aucune réalité, si ce n'est qu'ils mettent à jour le mode de pensée de l' Homme. Comment donc, puisque le mot "corps" ne renvoie à aucune réalité et que le concept de "volume" n'existe qu'en rapport au concept de "corps", pourrai-je mettre à jour, en comparant le volume de deux corps, une certaine réalité?
Pour en revenir à notre sujet initial, c'est à dire les relations humaines, on constatera que l' Homme n'existe pas. Il n'y a pas d'être humain "type" qui serait en quelque sorte le patron de l' Homme, et dont les individus ne s'éloigneraient qu' accidentellement. Au contraire, notre réalité est celle du règne de l'original, de l'individu ; il n'y a guère que du particulier (Paul, Marie ou encore Jacques etc...). Ce mot ("Homme"), et au même titre que n'importe quel concept, ne doit être pris que pour ce qu'il est, c'est à dire comme le fruit d'une commodité de langage, dans le cadre de la définition d'un protocole de communication, pour nous rendre compréhensibles les uns aux autres.
Il n'y a pas de petits, de gros, d'imbéciles, puisque ni l' Homme, ni d'ailleurs aucun concept, n'existe indépendamment de l'esprit qui le pense, puisque chaque individu est singulier, unique, puisque ce serait se fourvoyer profondément en ce que nous accorderions plus de réalité aux concepts généraux qu'ils n'en ont réellement. La "conceptualisation" du monde est le fait de l' Homme, ou le fait du langage. Elle correspond au besoin de rendre le monde compréhensible par l'homme, et de rendre l'homme compréhensible à l'homme. On ne peut nier la puissance de cet outil (le langage), compte tenu notamment des avancées de la science, mais il convient également de nous en libérer si nous ne voulons pas devenir dupes de nous-mêmes.
Mais me direz-vous, comment, dans une réalité où règne l'individu, pourrait prendre prise une conscience collective qui devient désormais nécessaire, puisque les problèmes que rencontre l'humanité ne sont plus solubles par l'individu seul? Certes chaque homme est unique, mais cela ne signifie pas qu'ils n'ont rien à voir les uns avec les autres. La réalité est composée de tout ce qui existe, tandis que ce qui n'existe pas est inexistant. De part son vécu chaque être humain participe de façon unique à ce qu'il convient d'appeler le fait humain. Le points commun entre les hommes n'est pas un attribut, mais un fait ; il ne faut pas s'arrêter aux différences de comportement (dans une même situation, deux personnes réagissent différemment) ou aux pensées qu'ils entretiennent (sur un thème donné chacun possède ses pensées propres), mais il s'agit plus fondamentalement du fait que nous soyons présents au monde, le fait de l'existence ; c'est la vie elle-même, c'est à dire la souffrance.
En effet, l'affamé aime-t-il avoir faim et ne ferait-il pas tout pour obtenir à manger? Et l'assoiffé que pense-t-il de la soif et quels sacrifices ferait-il pour pouvoir se désaltérer? Pourquoi donc chacune de nos actions ou de nos pensées auraient pour objectif de nous rendre heureux si ce n'est parce que nous souffrons et que nous n'aimons pas la souffrance? Souffrance à l'idée de la mort, de la maladie, de la misère. Souffrance d'être jetés dans un monde sans finalité tout en ayant l'exigence d'un but. La question du sens de son existence hante les hommes depuis l'aube de leurs existences, et il reste à ce sujet inconsolable faute de réponse satisfaisante.
Je ne suis pas sans savoir qu'en réponse à cette question, certains exhibent alors fièrement ce qui n'est finalement qu'un cache-misère de la condition humaine : la religion. Seulement au lieu de relier les hommes, les différentes croyances n'ont au final que simplement contribué à aggraver les comunautarismes, les replis sur soi et les fanatismes. Tous les systèmes de croyance, toutes les idéologies, toutes les traditions, tous les dogmes rendent l'homme prisonnier du langage, puisque la vérité est au delà des mots. Elles tendent toutes à imaginer ce que nous devrions être ou ce que le monde devrait être, et par là elles nient la réalité telle qu'elle est ; elles empêchent l'homme de se découvrir lui-même. L'avenir de l'humanité n'est dans aucun système, ni aucune doctrine ; elles ne sont que des fuites de la réalité qui rendent l'humanité encore un peu plus esclave des mots, et c'est parce que les hommes sont esclaves des mots qu'ils créent des barrières entre eux et leurs semblables, et que dans des mouvements destructeurs ils s'élèvent les uns contre les autres au nom d'oppositions factices, créées de toutes pièces par leur esprit.
Quand l'humanité prendra-t-elle conscience que nous sommes tous sur le même bateau, ivres d'absurde? Nous errons tous dans le même désert, et emplis d'une folie certaine, nous nous combattons les uns les autres. Seuls des fous se combattent dans le désert au lieu de s'entraider. Nous avons créé des camps, des communautés se voulant indépendantes les unes des autres. Arrivera-t-il ce jour où les hommes dans un élan de sagesse, comprendront enfin que nous ne sommes qu'un et réussiront à se fédérer pour prendre l'avenir de l'humanité en main?
L'erreur souvent commise lorsqu'on rencontre une personne est de trop s'attacher à l'image que l'on s'est faite d'elle. Si tel était le cas, l'instauration d'un véritable dialogue, c'est à dire d'un échange entre deux individus, se révèlerait plus difficile, voir impossible à établir, car nous ne pourrions dès lors que tenter de faire correspondre avec cohérence la réalité observée et l'image conçue par notre esprit, sans pouvoir pénétrer la signification de chaque acte ou de chaque parole avec authenticité ; je deviens dupe de moi-même dans la mesure où ce n'est plus avec la personne que j'entre en contact, mais avec l'image que mon esprit s'en est conçue. Il ne s'agit plus d'un dialogue, mais d'un monologue, puisque je ne suis plus que seul avec moi-même.
Cela se produit lorsque notre égo tente de placer les gens dans des catégories ; car toute catégorie a pour vocation de situer dans un cadre plus général, tandis que le général n'existe pas mais seul demeure le particulier. En effet, si je trouve une personne stupide, intelligente, petite, grande ou grosse, c'est toujours parce que je tente de la positionner en regard d'une réalité conceptualisée ; parce que je fais de cette personne l'objet d'une comparaison. Les catégories n'ont en effet de lieu d'être que si les comparaisons ont lieu d'être.
Sans compter que ceux qui pensent par catégorie contiennent eux-mêmes leur propre réfutation, car si par exemple je place un homme dans la catégorie "grand", cela ne peut être que parce que je le compare avec un autre objet qui apparait plus petit. Mais si par exemple je le comparais à un objet plus grand que lui? Il apparaitrait bien plus petit! Cette relativité des catégories montre bien leur inconsistance.
Mais une comparaison entre deux objets, si elle permet de mettre en évidence ce que l'on appelle des différences n'est possible que si l'esprit qui s'y exerce reconnait un points commun sous-jacent entre les deux objets à comparer, c'est à dire si l'esprit aura auparavant situé les deux objets dans un même concept qui les contient tous deux, et c'est étrangement au nom de cette similitude que les "différences" vont se manifester. Je ne peux par exemple comparer le volume de deux objets que si je les ai auparavant reconnus tous deux comme appartenant au concept "corps", c'est à dire comme des objets situés dans l'espace. On remarquera que, dans le cadre de cette comparaison, le concept de "volume" ne prend de sens qu'en rapport au concept de "corps" ; il en est le pendant, c'est à dire que s'il n'y a pas de corps, il n'y a pas de volume.
Mais les concepts ne sont rien que le fruit d'une construction intellectuelle bien commode qui permet de classer les objets, et ils ne renvoient donc à aucune réalité, si ce n'est qu'ils mettent à jour le mode de pensée de l' Homme. Comment donc, puisque le mot "corps" ne renvoie à aucune réalité et que le concept de "volume" n'existe qu'en rapport au concept de "corps", pourrai-je mettre à jour, en comparant le volume de deux corps, une certaine réalité?
Pour en revenir à notre sujet initial, c'est à dire les relations humaines, on constatera que l' Homme n'existe pas. Il n'y a pas d'être humain "type" qui serait en quelque sorte le patron de l' Homme, et dont les individus ne s'éloigneraient qu' accidentellement. Au contraire, notre réalité est celle du règne de l'original, de l'individu ; il n'y a guère que du particulier (Paul, Marie ou encore Jacques etc...). Ce mot ("Homme"), et au même titre que n'importe quel concept, ne doit être pris que pour ce qu'il est, c'est à dire comme le fruit d'une commodité de langage, dans le cadre de la définition d'un protocole de communication, pour nous rendre compréhensibles les uns aux autres.
Il n'y a pas de petits, de gros, d'imbéciles, puisque ni l' Homme, ni d'ailleurs aucun concept, n'existe indépendamment de l'esprit qui le pense, puisque chaque individu est singulier, unique, puisque ce serait se fourvoyer profondément en ce que nous accorderions plus de réalité aux concepts généraux qu'ils n'en ont réellement. La "conceptualisation" du monde est le fait de l' Homme, ou le fait du langage. Elle correspond au besoin de rendre le monde compréhensible par l'homme, et de rendre l'homme compréhensible à l'homme. On ne peut nier la puissance de cet outil (le langage), compte tenu notamment des avancées de la science, mais il convient également de nous en libérer si nous ne voulons pas devenir dupes de nous-mêmes.
Mais me direz-vous, comment, dans une réalité où règne l'individu, pourrait prendre prise une conscience collective qui devient désormais nécessaire, puisque les problèmes que rencontre l'humanité ne sont plus solubles par l'individu seul? Certes chaque homme est unique, mais cela ne signifie pas qu'ils n'ont rien à voir les uns avec les autres. La réalité est composée de tout ce qui existe, tandis que ce qui n'existe pas est inexistant. De part son vécu chaque être humain participe de façon unique à ce qu'il convient d'appeler le fait humain. Le points commun entre les hommes n'est pas un attribut, mais un fait ; il ne faut pas s'arrêter aux différences de comportement (dans une même situation, deux personnes réagissent différemment) ou aux pensées qu'ils entretiennent (sur un thème donné chacun possède ses pensées propres), mais il s'agit plus fondamentalement du fait que nous soyons présents au monde, le fait de l'existence ; c'est la vie elle-même, c'est à dire la souffrance.
En effet, l'affamé aime-t-il avoir faim et ne ferait-il pas tout pour obtenir à manger? Et l'assoiffé que pense-t-il de la soif et quels sacrifices ferait-il pour pouvoir se désaltérer? Pourquoi donc chacune de nos actions ou de nos pensées auraient pour objectif de nous rendre heureux si ce n'est parce que nous souffrons et que nous n'aimons pas la souffrance? Souffrance à l'idée de la mort, de la maladie, de la misère. Souffrance d'être jetés dans un monde sans finalité tout en ayant l'exigence d'un but. La question du sens de son existence hante les hommes depuis l'aube de leurs existences, et il reste à ce sujet inconsolable faute de réponse satisfaisante.
Je ne suis pas sans savoir qu'en réponse à cette question, certains exhibent alors fièrement ce qui n'est finalement qu'un cache-misère de la condition humaine : la religion. Seulement au lieu de relier les hommes, les différentes croyances n'ont au final que simplement contribué à aggraver les comunautarismes, les replis sur soi et les fanatismes. Tous les systèmes de croyance, toutes les idéologies, toutes les traditions, tous les dogmes rendent l'homme prisonnier du langage, puisque la vérité est au delà des mots. Elles tendent toutes à imaginer ce que nous devrions être ou ce que le monde devrait être, et par là elles nient la réalité telle qu'elle est ; elles empêchent l'homme de se découvrir lui-même. L'avenir de l'humanité n'est dans aucun système, ni aucune doctrine ; elles ne sont que des fuites de la réalité qui rendent l'humanité encore un peu plus esclave des mots, et c'est parce que les hommes sont esclaves des mots qu'ils créent des barrières entre eux et leurs semblables, et que dans des mouvements destructeurs ils s'élèvent les uns contre les autres au nom d'oppositions factices, créées de toutes pièces par leur esprit.
Quand l'humanité prendra-t-elle conscience que nous sommes tous sur le même bateau, ivres d'absurde? Nous errons tous dans le même désert, et emplis d'une folie certaine, nous nous combattons les uns les autres. Seuls des fous se combattent dans le désert au lieu de s'entraider. Nous avons créé des camps, des communautés se voulant indépendantes les unes des autres. Arrivera-t-il ce jour où les hommes dans un élan de sagesse, comprendront enfin que nous ne sommes qu'un et réussiront à se fédérer pour prendre l'avenir de l'humanité en main?