Ô, toi Bethléem, ville musulmane !
Posté : 20 déc.06, 00:11
Tout est silencieux à Bethléem. Sur la Place de la Crèche, l’Eglise de la Nativité est là dans la pénombre blafarde du crépuscule, ses portes ouvertes aux pèlerins.
A l’intérieur, la nef est vide. Il n’y a pas de visiteurs et les troncs pour les offrandes sont vides également. En bas, dans la grotte éclairée par la lumière des bougies, une étoile d’argent marque l’endroit de la nativité.
C’est un des sites des plus sacrés de la chrétienté, mais il n’y a plus de touristes qui se pressent pour le voir.
Quelques 500m plus bas, Joseph Canawati ne voit pas arriver Noël avec joie. Le hall d’entrée de son Hôtel de 77 chambres, l’Alexander, est vide. « Il n’y pas d’espoir pour la communauté chrétienne », di-il. « Nous pensons que pour nous, c’est bien fini, il n’y aura pas d’amélioration possible »
La vie pour un Palestinien Chrétien, âgé de 50 ans, tel que Joseph, est devenue de plus en plus difficile à Bethléem – un bon nombre de chrétiens s’en vont déjà. La population chrétienne a passé de 85% en 1948 à 12% des 6.000 habitants de 2006.
On entend parler de persécutions religieuses sous la forme de meurtres, de chrétiens roués de coups, et de terrains saisis. Du fait de l’insécurité qui règne, les touristes n’osent plus venir dans la ville. Les tensions mettent les chrétiens en difficulté au niveau économique également, ce sont eux qui possèdent la plupart des hôtels de la ville, des restaurants et des magasins de souvenirs.
La situation est tellement désespérée que l’Archevêque de Canterbury Primat de l’Eglise Anglicane, le Dr Rowan Williams, ainsi que le Cardinal Cormac Murphy O’Connor, Président de la Conférence des Evêques Catholiques Romains d’Angleterre et du Pays de Galles, le pasteur David Coffey, président des Eglises libres et l'évêque Nathan Hovhannisian, Primat de l'Eglise Arménienne en Grande-Bretagne ont organisé un pèlerinage de Noël en délégation à Bethléem afin d’exprimer leur solidarité à la population chrétienne investie. Selon le Cardinal O’Connor, la ville est « progressivement étouffée » à cause des mesures de sécurité qui la bloquent.
De plus, un fondamentalisme Islamique rampant se fait sentir tout autour de Bethléem.
La mosquée qui se trouve de l’autre côté de la Place de la Crèche est située directement en face des Eglises Catholique et Grecque Orthodoxe. Le soir venu, l’appel à la prière du muezzin se heurte au carillon des cloches des églises.
Les stores des magasins vendant des habits de Père Noël ainsi que des Statues de la Vierge Marie en nacre ont été peints en vert, la couleur de l’Islam.
Et dans le seul palace de Bethléem, unique hôtel de luxe, il y a dans le hall d’entrée, à la réception, un arbre de Noël garni de guirlandes, mais aussi dans chaque chambre, une carte montrant la direction de la Mecque.
Le chauffeur de taxi, George Rabie, 22 ans, vient de la banlieue de Bethléem; Beit Jala, il est fier d’être chrétien, quand bien même sa foi le met en danger chaque jour. Il y a deux mois, il a été roué de coups par un gang de musulmans des environs de Hebron et qui ont arraché le crucifix qui pendait devant son pare-brise. « Je souffre tous les jours de discrimination » dit-il. « C’est une sorte de racisme. Nous sommes une minorité donc une cible plus facile.» Un bon nombre d’extrémistes viennent à Bethléem des villages voisins.
Jeriez Moussa Mara, 27 ans, est un artisan sur aluminium qui vient de Beit Jala, lui aussi est un témoin de la violence révoltante à laquelle sont exposés les chrétiens. Il y a 5 ans, ses deux sœurs Rada, 24 ans et Dunya, 18 ans ont été tuées par des tireurs musulmans dans leur propre maison. Leur crime était d’être de jeunes et belles femmes chrétiennes, habillées de vêtements occidentaux et qui ne portaient pas le voile. Rada avait eu une relation intime avec un Musulman quelques mois avant sa mort. Une organisation terroriste, the Al-Aqsa Martyrs Brigades, a revendiqué l’attentat, annonçant ; « Nous voulons débarrasser les maisons palestiniennes des prostituées. »
Jeriez ajoute : « Un Chrétien est faible comparé à un Musulman. Ils ont des familles puissantes et connaissent des personnes haut placées parmi les autorités palestiniennes. »
La crainte d’être attaqué a fait fuir bien bon nombre des familles chrétiennes qui ont émigré, dont la sœur de Mr Canawati, son mari et ses trois enfants qui vivent maintenant au New Jersey en Amérique. Lui-même souhaiterait partir, mais personne ne veut racheter son hôtel. « Nous sommes isolés et je me sens prisonnier. » dit-il. Cette situation d’isolement s’est encore aggravée l’année passée alors que Bethléhem s’est retrouvée derrière le mur de sécurité d’Israël, une barrière concrète de 700 km qui sépare les zones Israéliennes des zones Palestiniennes. Le mur est conçu pour empêcher les attentats-suicides à la bombe. En 2004, la moitié des victimes Israéliennes ont été tuées par ce genre d’attaques commises par des extrémistes venant de Bethléem.
L’année dernière, les touristes qui désiraient visiter la ville étaient forcés de faire la queue pendant des heures alors que l’on vérifiait leurs papiers. Alors que de l’autre côté, les habitants de Bethléem doivent demander un laisser passer spécial pour visiter Jérusalem qui n’est que rarement accordé, pourtant la ville se trouve à 10 minutes de voiture.
« C’est comme si nous étions en prison » dit Shadt Abu-Ayash, 29 ans, un gérant de magasin catholique romain.
Le Maire de Bethléem qui est catholique, Dr Victor Batarseh affirme que la situation politique au Liban et en Palestine ont beaucoup affecté les pèlerinages. Comme les hôtels, les restaurants et les magasins de souvenirs sont en majorité propriétés des chrétiens, ils sont touchés sévèrement par la crise.
"Nous avons 65% de chômage et près de 2.000 chambres vides dans les hôtels, annonce-t-il. Les propriétaires des hôtels à Bethléem estiment que le nombre de touristes est tombé de 91.276 tous les mois pendants les fêtes du millénaire en l’an 2.000 à moins de 1.500 par mois actuellement. Ces 6 dernières années, 50 restaurants ont fermé, 28 hôtels et 240 magasins de souvenirs.
Samir Qumsieh est le directeur de l’unique station de télévision chrétienne de Bethléem : Al-Mahed – Nativity. Il a reçu des menaces de mort d’hommes armés qui voulaient prendre une partie de son terrain. En ce moment, il est prêt à tout quitter.
« En tant que chrétiens, nous n’avons aucun avenir ici » dit-il.
« Nous sommes portés à disparaître. L’été prochain, je vais quitter ce pays pour aller aux Etats-Unis. Comment pourrais-je continuer ici dans ces conditions ? Je préférerais de beaucoup avoir en tête un rêve merveilleux, celui de ma maison dans mon pays plutôt que le cauchemar de la réalité. »
Des responsables d'Eglise britanniques se rendent à Bethléem pour offrir leur soutien
Londres, le 18 décembre (ENI) - Quatre responsables d'Eglise britanniques vont se rendre en Terre Sainte le 20 décembre pour un pèlerinage de l'Avent oecuménique, en signe de solidarité chrétienne avec les communautés isolées de la région. Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry, le cardinal Cormac Murphy O'Connor, archevêque catholique romain de Westminster, le pasteur David Coffey, président des Eglises libres et l'évêque Nathan Hovhannisian, primat de l'Eglise d'Arménie en Grande-Bretagne, visiteront la grotte de la Nativité et participeront à une cérémonie oecuménique.
Assist News Service/ENI
A l’intérieur, la nef est vide. Il n’y a pas de visiteurs et les troncs pour les offrandes sont vides également. En bas, dans la grotte éclairée par la lumière des bougies, une étoile d’argent marque l’endroit de la nativité.
C’est un des sites des plus sacrés de la chrétienté, mais il n’y a plus de touristes qui se pressent pour le voir.
Quelques 500m plus bas, Joseph Canawati ne voit pas arriver Noël avec joie. Le hall d’entrée de son Hôtel de 77 chambres, l’Alexander, est vide. « Il n’y pas d’espoir pour la communauté chrétienne », di-il. « Nous pensons que pour nous, c’est bien fini, il n’y aura pas d’amélioration possible »
La vie pour un Palestinien Chrétien, âgé de 50 ans, tel que Joseph, est devenue de plus en plus difficile à Bethléem – un bon nombre de chrétiens s’en vont déjà. La population chrétienne a passé de 85% en 1948 à 12% des 6.000 habitants de 2006.
On entend parler de persécutions religieuses sous la forme de meurtres, de chrétiens roués de coups, et de terrains saisis. Du fait de l’insécurité qui règne, les touristes n’osent plus venir dans la ville. Les tensions mettent les chrétiens en difficulté au niveau économique également, ce sont eux qui possèdent la plupart des hôtels de la ville, des restaurants et des magasins de souvenirs.
La situation est tellement désespérée que l’Archevêque de Canterbury Primat de l’Eglise Anglicane, le Dr Rowan Williams, ainsi que le Cardinal Cormac Murphy O’Connor, Président de la Conférence des Evêques Catholiques Romains d’Angleterre et du Pays de Galles, le pasteur David Coffey, président des Eglises libres et l'évêque Nathan Hovhannisian, Primat de l'Eglise Arménienne en Grande-Bretagne ont organisé un pèlerinage de Noël en délégation à Bethléem afin d’exprimer leur solidarité à la population chrétienne investie. Selon le Cardinal O’Connor, la ville est « progressivement étouffée » à cause des mesures de sécurité qui la bloquent.
De plus, un fondamentalisme Islamique rampant se fait sentir tout autour de Bethléem.
La mosquée qui se trouve de l’autre côté de la Place de la Crèche est située directement en face des Eglises Catholique et Grecque Orthodoxe. Le soir venu, l’appel à la prière du muezzin se heurte au carillon des cloches des églises.
Les stores des magasins vendant des habits de Père Noël ainsi que des Statues de la Vierge Marie en nacre ont été peints en vert, la couleur de l’Islam.
Et dans le seul palace de Bethléem, unique hôtel de luxe, il y a dans le hall d’entrée, à la réception, un arbre de Noël garni de guirlandes, mais aussi dans chaque chambre, une carte montrant la direction de la Mecque.
Le chauffeur de taxi, George Rabie, 22 ans, vient de la banlieue de Bethléem; Beit Jala, il est fier d’être chrétien, quand bien même sa foi le met en danger chaque jour. Il y a deux mois, il a été roué de coups par un gang de musulmans des environs de Hebron et qui ont arraché le crucifix qui pendait devant son pare-brise. « Je souffre tous les jours de discrimination » dit-il. « C’est une sorte de racisme. Nous sommes une minorité donc une cible plus facile.» Un bon nombre d’extrémistes viennent à Bethléem des villages voisins.
Jeriez Moussa Mara, 27 ans, est un artisan sur aluminium qui vient de Beit Jala, lui aussi est un témoin de la violence révoltante à laquelle sont exposés les chrétiens. Il y a 5 ans, ses deux sœurs Rada, 24 ans et Dunya, 18 ans ont été tuées par des tireurs musulmans dans leur propre maison. Leur crime était d’être de jeunes et belles femmes chrétiennes, habillées de vêtements occidentaux et qui ne portaient pas le voile. Rada avait eu une relation intime avec un Musulman quelques mois avant sa mort. Une organisation terroriste, the Al-Aqsa Martyrs Brigades, a revendiqué l’attentat, annonçant ; « Nous voulons débarrasser les maisons palestiniennes des prostituées. »
Jeriez ajoute : « Un Chrétien est faible comparé à un Musulman. Ils ont des familles puissantes et connaissent des personnes haut placées parmi les autorités palestiniennes. »
La crainte d’être attaqué a fait fuir bien bon nombre des familles chrétiennes qui ont émigré, dont la sœur de Mr Canawati, son mari et ses trois enfants qui vivent maintenant au New Jersey en Amérique. Lui-même souhaiterait partir, mais personne ne veut racheter son hôtel. « Nous sommes isolés et je me sens prisonnier. » dit-il. Cette situation d’isolement s’est encore aggravée l’année passée alors que Bethléhem s’est retrouvée derrière le mur de sécurité d’Israël, une barrière concrète de 700 km qui sépare les zones Israéliennes des zones Palestiniennes. Le mur est conçu pour empêcher les attentats-suicides à la bombe. En 2004, la moitié des victimes Israéliennes ont été tuées par ce genre d’attaques commises par des extrémistes venant de Bethléem.
L’année dernière, les touristes qui désiraient visiter la ville étaient forcés de faire la queue pendant des heures alors que l’on vérifiait leurs papiers. Alors que de l’autre côté, les habitants de Bethléem doivent demander un laisser passer spécial pour visiter Jérusalem qui n’est que rarement accordé, pourtant la ville se trouve à 10 minutes de voiture.
« C’est comme si nous étions en prison » dit Shadt Abu-Ayash, 29 ans, un gérant de magasin catholique romain.
Le Maire de Bethléem qui est catholique, Dr Victor Batarseh affirme que la situation politique au Liban et en Palestine ont beaucoup affecté les pèlerinages. Comme les hôtels, les restaurants et les magasins de souvenirs sont en majorité propriétés des chrétiens, ils sont touchés sévèrement par la crise.
"Nous avons 65% de chômage et près de 2.000 chambres vides dans les hôtels, annonce-t-il. Les propriétaires des hôtels à Bethléem estiment que le nombre de touristes est tombé de 91.276 tous les mois pendants les fêtes du millénaire en l’an 2.000 à moins de 1.500 par mois actuellement. Ces 6 dernières années, 50 restaurants ont fermé, 28 hôtels et 240 magasins de souvenirs.
Samir Qumsieh est le directeur de l’unique station de télévision chrétienne de Bethléem : Al-Mahed – Nativity. Il a reçu des menaces de mort d’hommes armés qui voulaient prendre une partie de son terrain. En ce moment, il est prêt à tout quitter.
« En tant que chrétiens, nous n’avons aucun avenir ici » dit-il.
« Nous sommes portés à disparaître. L’été prochain, je vais quitter ce pays pour aller aux Etats-Unis. Comment pourrais-je continuer ici dans ces conditions ? Je préférerais de beaucoup avoir en tête un rêve merveilleux, celui de ma maison dans mon pays plutôt que le cauchemar de la réalité. »
Des responsables d'Eglise britanniques se rendent à Bethléem pour offrir leur soutien
Londres, le 18 décembre (ENI) - Quatre responsables d'Eglise britanniques vont se rendre en Terre Sainte le 20 décembre pour un pèlerinage de l'Avent oecuménique, en signe de solidarité chrétienne avec les communautés isolées de la région. Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry, le cardinal Cormac Murphy O'Connor, archevêque catholique romain de Westminster, le pasteur David Coffey, président des Eglises libres et l'évêque Nathan Hovhannisian, primat de l'Eglise d'Arménie en Grande-Bretagne, visiteront la grotte de la Nativité et participeront à une cérémonie oecuménique.
Assist News Service/ENI