Malek Chebel spécialiste reconnu du monde arabe
Posté : 04 nov.07, 08:35
Amis de l’Humanité Malek Chebel : " Le voile est une régression "
Le dernier Café des Amis a reçu l’anthropologue, spécialiste de l’islam.
Forte et belle ambiance au Café des Amis de l’Humanité qui accueille, ce mercredi 21 janvier, Malek Chebel, anthropologue et psychanalyste, spécialiste reconnu du monde arabe et de l’islam, auteur d’une trentaine de livres dont plusieurs sont des références. Après l’Iranienne Chattord Djavan (dont l’ouvrage Bas les voiles ! connaît un vif succès) la Société des Amis de l’Humanité poursuit un débat qui est au cour de l’actualité, avec des expressions souvent tranchées. La question divise on le sait, familles, partis, syndicats, associations et mouvements.
Pour Malek Chebel " le voile est une régression de la femme. On ne lui fait pas confiance. Elle peut être musulmane sans être voilée. Il y a eu des siècles où elle ne l’était pas. " À ceux qui, souvent sans avoir lu la moindre sourate, évoquent le Coran, l’orateur rappelle qu’il y a trois versets sur le voile, trois mille sur la guerre, quatre à cinq mille sur Dieu. " Le Coran est un texte religieux, lu dans le monde entier mais rien de plus. " Les versets sur le voile disent des choses " secondaires ", réversibles, avec des " entrées multiples ". Il insiste sur le " faux débat du voile ".
Puis, il déplore que Chirine Ebadi, avocate des droits de l’homme en Iran, prix Nobel de la paix en 2003, se dévoile dès qu’elle quitte son pays et le remet quand elle y revient. Ne peut-elle servir de porte-drapeau ? " Le voile, dit-il, est d’un usage toujours politique. Le voile dépossède la femme de son image. Qu’elle se libère de ses voiles. "
Dans une rapide et lumineuse évocation du Proche et du Moyen-Orient, l’invité des Amis de l’Humanité souligne le retour des fondamentalistes - ils veulent le pouvoir dans une conception moyenâgeuse -, l’absence de démocratie réelle, le clivage entre la marche de l’Occident et celle de l’islam. L’intervenant rappelle à ceux qui profèrent des affirmations brutales : " L’islam n’a jamais été une religion de repos. Il s’adapte à toutes les situations. Il y a des haines fratricides entre musulmans. "
Dans son prochain Manifeste pour un islam des Lumières (Hachette Littérature) le chercheur fait des propositions pour réformer l’islam, car il n’ y a jamais eu un seul islam. Dès le deuxième khalife des voix discordantes se faisaient entendre.
En réponse à des intervenants plus portés sur la polémique que la discussion et récusant l’orateur sur un ton inquisitorial, se réclamant d’une lecture (obtuse) de Frantz Fanon, ignorant les ouvres de celui qu’ils présentent comme un ennemi de Malek Chebel, l’orateur rétorque : " L’ignorance est l’alliée des fondamentalistes. Le semblable est plus souvent violent que le dissemblable. "
Le témoignage d’une militante de banlieue apporte un terrible et cruel éclairage sur la situation présente : " Les réseaux islamistes se sont organisés, au fil des ans, avec la complicité municipale de la gauche, socialiste et parfois communiste. Ces municipalités espéraient, en fermant les yeux, obtenir la tranquillité. Dans les cités où il y a le chômage et la misère sociale, les islamistes rongent. La société française a réagi trop tard. "
Avec les paraboles, chaque appartement, presque chaque appartement peut entendre les appels à la violence.
Dans sa conclusion, Malek Chebel redit : " Je suis le plus tolérant des hommes. J’appelle à la liberté, je n’impose pas. Je ne veut pas réformer le Coran ! " Pour s’en convaincre, il convient de déguster son Dictionnaire amoureux de l’islam (Plon) ou, sans fausse ou vaine érudition, il offre une excellente approche de toutes les questions qui se posent à ceux qui, au-delà des clichés, veulent comprendre (enfin) la deuxième religion pratiquée en France.
Pierre Ysmal
http://www.humanite.fr/2004-01-24_Media ... regression
Le dernier Café des Amis a reçu l’anthropologue, spécialiste de l’islam.
Forte et belle ambiance au Café des Amis de l’Humanité qui accueille, ce mercredi 21 janvier, Malek Chebel, anthropologue et psychanalyste, spécialiste reconnu du monde arabe et de l’islam, auteur d’une trentaine de livres dont plusieurs sont des références. Après l’Iranienne Chattord Djavan (dont l’ouvrage Bas les voiles ! connaît un vif succès) la Société des Amis de l’Humanité poursuit un débat qui est au cour de l’actualité, avec des expressions souvent tranchées. La question divise on le sait, familles, partis, syndicats, associations et mouvements.
Pour Malek Chebel " le voile est une régression de la femme. On ne lui fait pas confiance. Elle peut être musulmane sans être voilée. Il y a eu des siècles où elle ne l’était pas. " À ceux qui, souvent sans avoir lu la moindre sourate, évoquent le Coran, l’orateur rappelle qu’il y a trois versets sur le voile, trois mille sur la guerre, quatre à cinq mille sur Dieu. " Le Coran est un texte religieux, lu dans le monde entier mais rien de plus. " Les versets sur le voile disent des choses " secondaires ", réversibles, avec des " entrées multiples ". Il insiste sur le " faux débat du voile ".
Puis, il déplore que Chirine Ebadi, avocate des droits de l’homme en Iran, prix Nobel de la paix en 2003, se dévoile dès qu’elle quitte son pays et le remet quand elle y revient. Ne peut-elle servir de porte-drapeau ? " Le voile, dit-il, est d’un usage toujours politique. Le voile dépossède la femme de son image. Qu’elle se libère de ses voiles. "
Dans une rapide et lumineuse évocation du Proche et du Moyen-Orient, l’invité des Amis de l’Humanité souligne le retour des fondamentalistes - ils veulent le pouvoir dans une conception moyenâgeuse -, l’absence de démocratie réelle, le clivage entre la marche de l’Occident et celle de l’islam. L’intervenant rappelle à ceux qui profèrent des affirmations brutales : " L’islam n’a jamais été une religion de repos. Il s’adapte à toutes les situations. Il y a des haines fratricides entre musulmans. "
Dans son prochain Manifeste pour un islam des Lumières (Hachette Littérature) le chercheur fait des propositions pour réformer l’islam, car il n’ y a jamais eu un seul islam. Dès le deuxième khalife des voix discordantes se faisaient entendre.
En réponse à des intervenants plus portés sur la polémique que la discussion et récusant l’orateur sur un ton inquisitorial, se réclamant d’une lecture (obtuse) de Frantz Fanon, ignorant les ouvres de celui qu’ils présentent comme un ennemi de Malek Chebel, l’orateur rétorque : " L’ignorance est l’alliée des fondamentalistes. Le semblable est plus souvent violent que le dissemblable. "
Le témoignage d’une militante de banlieue apporte un terrible et cruel éclairage sur la situation présente : " Les réseaux islamistes se sont organisés, au fil des ans, avec la complicité municipale de la gauche, socialiste et parfois communiste. Ces municipalités espéraient, en fermant les yeux, obtenir la tranquillité. Dans les cités où il y a le chômage et la misère sociale, les islamistes rongent. La société française a réagi trop tard. "
Avec les paraboles, chaque appartement, presque chaque appartement peut entendre les appels à la violence.
Dans sa conclusion, Malek Chebel redit : " Je suis le plus tolérant des hommes. J’appelle à la liberté, je n’impose pas. Je ne veut pas réformer le Coran ! " Pour s’en convaincre, il convient de déguster son Dictionnaire amoureux de l’islam (Plon) ou, sans fausse ou vaine érudition, il offre une excellente approche de toutes les questions qui se posent à ceux qui, au-delà des clichés, veulent comprendre (enfin) la deuxième religion pratiquée en France.
Pierre Ysmal
http://www.humanite.fr/2004-01-24_Media ... regression