thierry walker a écrit :
Pourtant, il me paraît clair que les pro-pauliniens (ceux qui se réclamaient de lui sans pour autant suivre son enseignement) détruisaient l'unité du corps de Christ (Nicolaïtes = destructeur du peuple) en ne tenant pas compte de la décision prise au concile de Jérusalem.
Bonjour Thierry,
Je suis en accord avec tout cela ! Comme cela fait plusieurs fois que tu m'interroges sur 2 Pierre 2, j'ai commencé une étude en profondeur du texte en question. Je peux d'ores et déjà affirmer que
2 Pierre 2 s'adresse à des Juifs et parle de Juifs. Voici le verset qui corrobore cette conclusion :
Or il y a eu aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme aussi il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition, reniant aussi le maître qui les a achetés, faisant venir sur eux-mêmes une prompte destruction (2 Pierre 2.1)
Le texte fait allusion, ou semble faire allusion, à une dénégation de la rédemption par le sang du Christ : les faux docteurs renient le maître qui les a achetés. On pense souvent que ces paroles signifient que le Christ les a rachetés par son sang et qu'ils nient son œuvre. Une deuxième lecture montrera cependant qu'il n'est fait aucune mention du sang du Christ, de sa mort ou de sa résurrection, comme c'est habituellement le cas dans les passages du Nouveau Testament qui parlent de l'œuvre de rachat ou de rédemption du Christ. Il convient donc de déterminer premièrement si le terme
maître se rapporte au Christ.
Le texte parallèle de Jude 4 apportera peut-être quelques lumières. La version de Darby traduit :
notre seul Maître (
despotês)
et Seigneur, Jésus Christ.
Cette traduction est exacte en fonction du texte grec dont Darby s'est servi. Il semble assez évident ici que
despotês se rapporte au Christ. Mais l'histoire se complique.
En effet, si on traduit littéralement Jude 4 dans le grec du texte reçu, cela donne ceci :
le seul Maître (
despotês)
, Dieu, et notre Seigneur Jésus Christ (
ton monon despotên theon kai kuriou hêmôn Iêsoûn christon). Il semble assez évident ici que
despotês se rapporte au Père.
Voyez-vous le dilemme ? C'est ce que je disais en parlant des nombreuses difficultés de 2 Pierre 2. Alors que Jude 4 devrait apporter un peu de lumière sur 2 Pierre 2, il nous place devant une alternative. Quelle lecture faut-il choisir ? Dieu ou le Christ ?
Examinons 2 Pierre 2.1 pour voir si on peut sortir de cette impasse. N'est-il pas dit que les faux docteurs renient aussi le maître qui les a
achetés ? Le participe
agorasanta (ayant acheté) n'est-il pas une allusion claire à la rédemption par le sang du Christ ? Bon nombre de commentateurs ne sont pas de cet avis.
John Gill, un commentateur ancien qu'on ne peut accuser de réduire la déité du Christ, a dit que le Christ et la rédemption par son sang sont complètement absents de 2 Pierre 2.1. Il fait valoir, entre autres choses, que le terme
despotês (maître), qui indique la puissance et la propriété mais sans les connotations de rédemption, appartient plus proprement au Père.
J.B. Mayor, un théologien plus récent, abonde dans le sens de Gill. Il soutient que le grec
despotês se rapporte toujours au Père, à la seule exception de Jude 4 (en raison de la variante textuelle).
Cela voudrait dire que toutes les occurrences du terme
despotês, sauf une exception (Jude 4) se rapporteraient au Père. Il serait donc assez particulier que 2 Pierre 2 se réfère au Christ.
Revenons à la question que nous avons soulevée concernant le participe
agorasanta (ayant acheté) de 2 Pierre 2.1. Ce participe n'est-il pas une indication que c'est de l'œuvre de rachat par le sang du Christ dont il s'agit ? On peut en douter.
En fait, quand le Nouveau Testament fait allusion à l'œuvre de rachat par le sang du Christ, une description du prix payée ou de la méthode employée en détermine habituellement le sens. Mais on ne trouve rien de tout cela dans 2 Pierre 2.1.
Le sens de 2 Pierre 2.1 me paraît le suivant. Le participe Je pense
agorasanta (ayant acheté) fait allusion à la délivrance des Juifs du pays d'Égypte. Si c'est le cas, nous avons un parallèle exact avec Jude.
Remarquez attentivement :
... reniant aussi le maître qui les a achetés (2 Pierre 2.1).
... et qui renient le seul maître, Dieu ... (Jude 4).
Or je désire vous rappeler, à vous qui une fois saviez tout cela, que le Seigneur a délivré le peuple du pays d'Égypte ... (Jude 5).
Faites correspondre les couleurs
bleu et
rouge pour voir la correspondance des idées. Dieu s'était acquis en propre (
despotês, maître) le peuple d'Israël en le délivrant ou l'achetant (
agorasanta) du pays d'Égypte.
CP