tguiot a écrit :Les arguments rationnels, la logique, les preuves empiriques, à peu près tout ce qui fait partie des méthodes les plus sûres pour accéder au savoir, n'ont pour ainsi dire aucun effet sur les croyants. Ils ont l'air immunisés contre la raison.
Si l'on veut comprendre l'objectivité, il faut également comprendre la subjectivité. Il n'y a de véritable objectivité qui ne passe pas d'abord par la subjectivité.
L'objectivité et la subjectivité sont deux outils au service de l'intelligence. Rejeter la subjectivité parce qu'elle n'est pas l'objectivité, c'est ne pas comprendre la complémentarité de ces deux outils.
La chose pensée est toujours une abstraction qui ne doit pas être confondue avec la réalité (ce qui est autre à nous, donc à l'abstraction).
Lorsque tu parles des croyants, tu oublies leur altérité et tu les assimiles à la pensée que tu en as. Penses-tu dans leur têtes ou dans la tienne ?
Toute information est autre. Nos processus conscients ne font que traiter l'information rentrante au regard de l'information déjà acquise et traitée qui nous sert de référence.
Il en ressort que les croyants ont d'autres références que les tiennes. C'est ce qui fait qu'ils ne sont pas accessibles à
ta raison, car les processus mentaux des croyants ne sont pas différents de celui des non-croyants. C'est le traitement référentiel par lequel passe l'information entrante qui est simplement différent, et qui donc donne un résultat différent.
tguiot a écrit :Il me semble que le seul argument qui puisse encore peut-être éventuellement être susceptible de produire un effet, c'est le raisonnement par l'absurde. Le raisonnement consistant à entrer dans leur jeu, à accepter que leur hypothèse soit vraie et à montrer ce que ça implique.
Mais comme, en fait, tu n'acceptes pas vraiment leur hypothèse, parce que tes référentiels sont différents, tu ne ramasses que les indices qui serviront tes fins. Ce n'est pas très objectif. Pour que tu sois vraiment objectif, il faudrait que tu ramasses tous les indices et que tu deviennes vraiment croyant. Et ça, tu ne le peux pas, parce que toi aussi tu es immunisé contre leur objectivité et leur logique.
tguiot a écrit :Dans la grande majorité des cas, ces implications poussent à remettre en question l'hypothèse de départ (j'ose l'espérer).
Je vois que tu n'y crois pas toi-même. Cela peut fonctionner avec des esprits simples, peu amènes à l'exercice de réflexion, mais cela ne marchera jamais avec un croyant dont les référentiels sont éprouvés. Croire que les croyants sont idiots par définition, est une erreur que font beaucoup d'athées persuadés de leur supériorité intellectuelle.
tguiot a écrit :Je crains qu'il ne soit pas possible autrement d'ébranler les certitudes des croyants.
Tu ne feras pas d'un croyant, un incroyant, et l'inverse est également vrai, sans changer ses référentiels. Et comme dis le proverbe : « On peut amener le cheval à l'abreuvoir, on ne peut pas boire à sa place ».
Ma deuxième remarque concerne le besoin "d'ébranler les certitudes". C'est un besoin qui tient du prosélytisme (qui n'est pas que religieux, puisqu'on le retrouve également dans le discours politique, économique, publicitaire, etc) et pas forcément de la raison pure et objective que tu te plais à évoquer comme la justification de ton intrusion masquée que tu appelles "raisonnement par l'absurde".
Ce qui est à analyser avant tout, c'est ton propre besoin à convaincre le croyant de l'invalidité de sa croyance. Et ça, c'est un fait psychologique qui te concerne et qui n'a non plus rien à voir avec la raison pure et objective.
Si ton voisin est heureux dans ses convictions, quelles qu'elles soient, crois-tu qu'il aurait un plus grand bonheur à accepter les tiennes ?
C'est sur cette évidence que c'est bâti la laïcité. Vivre et laisser vivre. Se trouver des valeurs communes qui nous rapprochent plutôt que de mettre en avant ce qui nous opposent et qui ne concerne que nous.
"Liberté, Égalité, Fraternité" (ce n'est pas moi qui l'ai inventé).
La vertu de l'éducation est d'augmenter la liberté des individus tout en les rendant responsables, pas de forcer le savoir au delà du minimum requis pour devenir un citoyen acceptable.