La ville de Jésus

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Saint Glinglin

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La ville de Jésus

Ecrit le 12 mars15, 07:37

Message par Saint Glinglin »

Capharnaüm vs Nazareth

Donc nous en étions à disputer de l’origine du terme de « nazaréen » qui, d’après la presse grand public nous commettant à Noël et à Pâques des élucubrations sur Jésus, viendrait de la vile de Nazareth où aurait vécu Jésus.

Je concède que beaucoup de catéchismes commis par moult sectes disent la même chose.

Remarquons que Jésus le Nazaréen n’est pas le seul personnage des Evangiles à avoir un qualificatif. Nous avons aussi Judas l’Iscariote, Marie de Magdala, Simon de Cyrène, Joseph d’Arimathie, Simon le Zélote…

On nous a raconté qu’Iscariote signifiait « homme du village de Kériot » mais en hébreu le verbe SKR signifie « livrer ».

Avant d’être récupéré par l’orthodoxie, Simon de Cyrène fut un personnage du docétisme, l’individu qui fut crucifié à la place de Jésus comme un bélier fut sacrifié à la place d’Isaac.

En hébreu, « corne » se dit « qeren ». Exit la ville de Cyrène.

Joseph d’Arimathie débarque dans le récit pour récupérer le corps de Jésus.
Pour le sens de « Arimathie », vous avez le choix entre « ararey moth », après la mort, et « har moth », le pays de la mort, avec ce Joseph dans le rôle Charon.

Marie de Magdala n’a sans doute pas plus de rapport avec une localité.
En hébreu, « gadal » signifie « élever (un enfant) ».
C’est Marie la Tutrice.

Pour ZLT, je n’ai pas cherché.

Donc il n’y a pas de raison que Jésus NZR soit « Jésus de Nazareth ».

Qu’il soit le rejeton (netzer), le consacré (nazir), ou le prince (nasar) fait encore l’objet de débats.

Dans Jean, on trouve ceci :

1.45 Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit: Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph.
1.46 Nathanaël lui dit: Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon? Philippe lui répondit: Viens, et vois.

Cette traduction courante est curieuse car le texte dit ceci :

Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ Ἰωσὴφ τὸν ἀπὸ Ναζαρέτ.
Jésus fils de Joseph de Nazaret.

Hormis Jean, il n’y a que pour Luc que Joseph est de Nazareth :

Lc 1.26 Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
1.27 auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.

2.4 Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem,

Pour Matthieu, Joseph et Marie habitaient à Bethléem :

Mt 1.18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble.
1.19 Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.
1.20 Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint Esprit;
1.21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
1.22 Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:
1.23 Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.
1.24 Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.
1.25 Mais il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
2.1 Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem,

Puis la Sainte Famille rentra d’Egypte en gagnant la Galilée sans passer par la Judée :

2.21 Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d'Israël.
2.22 Mais, ayant appris qu'Archélaüs régnait sur la Judée à la place d'Hérode, son père, il craignit de s'y rendre; et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée,
2.23 et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

Ceci est possible puisqu’il y a au sortir de l’Egypte un lieu nommé Baal Tsaphon :

Ex 14.2 Parle aux enfants d'Israël; qu'ils se détournent, et qu'ils campent devant Pi Hahiroth, entre Migdol et la mer, vis-à-vis de Baal Tsaphon; c'est en face de ce lieu que vous camperez, près de la mer.

Et où est ce Tsaphon par rapport à la Galilée ? Au nord :

Ez 47.15 Voici les limites du pays. Du côté septentrional, depuis la grande mer, le chemin de Hethlon jusqu'à Tsedad,
47.16 Hamath, Bérotha, Sibraïm, entre la frontière de Damas et la frontière de Hamath, Hatzer Hatthicon, vers la frontière de Havran;
47.17 ainsi la limite sera, depuis la mer, Hatsar Énon, la frontière de Damas, Tsaphon au nord, et la frontière de Hamath: ce sera le côté septentrional.
47.18 Le côté oriental sera le Jourdain, entre Havran, Damas et Galaad, et le pays d'Israël; vous mesurerez depuis la limite septentrionale jusqu'à la mer orientale: ce sera le côté oriental.
47.19 Le côté méridional, au midi, ira depuis Thamar jusqu'aux eaux de Meriba à Kadès, jusqu'au torrent vers la grande mer: ce sera le côté méridional.
47.20 Le côté occidental sera la grande mer, depuis la limite jusque vis-à-vis de Hamath: ce sera le côté occidental.

Donc il suffit de sortir d’Egypte par Tsaphon pour débarquer directement en Galilée. C’est pratique.

Qu’en dit Marc ?

Mc 1.9 En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

1.14 Après que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l'Évangile de Dieu.

1.20 Aussitôt, il les appela; et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent.
1.21 Ils se rendirent à Capharnaüm. Et, le jour du sabbat, Jésus entra d'abord dans la synagogue, et il enseigna.
1.22 Ils étaient frappés de sa doctrine; car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes.

Pour Matthieu, Jésus habitait à Capharnaüm avant de recruter ses disciples :

Mt 4.13 Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capharnaüm, située près de la mer, dans le territoire de Zabulon et de Nephthali,
4.17 Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
4.18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.

L’épisode de la synagogue de Marc est ici localisé dans « sa patrie » :

Mt 13.53 Lorsque Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là.
13.54 S'étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui l'entendirent étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles?

Si cette synagogue est bien à Capharnaüm comme le dit Marc, on se demande bien comment Jésus peut être « de Nazareth » et avoir comme patrie Capharnaüm.

Et Jésus de renchérir :

Mt 13.57 Et il était pour eux une occasion de chute. Mais Jésus leur dit: Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison.

Mais je reconnais qu’il est difficile de s’y retrouver dans ses acquisitions immobilières :

Mt 8.20 Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête.

Ensuite, nous avons Luc pour déménager cette patrie et cette synagogue de Capharnaüm à Nazareth :

Lc 4.16 Il se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat.

Et nous découvrons dans la suite du texte Capharnaüm mentionnée pour la première fois :

Lc 4.23 Jésus leur dit: Sans doute vous m'appliquerez ce proverbe: Médecin, guéris-toi toi-même; et vous me direz: Fais ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons appris que tu as fait à Capharnaüm.

Non seulement il n’a pas encore mis les pieds à Capharnaüm mais il n’a nulle pat accompli le moindre miracle.

Ensuite les Nazarethiens ne sont pas contents et veulent lui faire un sort :

Lc 4.29 Et s'étant levés, ils le chassèrent de la ville, et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, afin de le précipiter en bas.

Cela nous change de la Capharnaüm sise sur un rivage :

Mc 2.1 Quelques jours après, Jésus revint à Capharnaüm. On apprit qu'il était à la maison,
3.20 Ils se rendirent à la maison, et la foule s'assembla de nouveau, en sorte qu'ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.
4.1 Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer.

Mt 13.1 Ce même jour, Jésus sortit de la maison, et s'assit au bord de la mer.
13.2 Une grande foule s'étant assemblée auprès de lui, il monta dans une barque, et il s'assit. Toute la foule se tenait sur le rivage.

Mc 2.1 Quelques jours après, Jésus revint à Capharnaüm. On apprit qu'il était à la maison,
3.20 Ils se rendirent à la maison, et la foule s'assembla de nouveau, en sorte qu'ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.
4.1 Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer.

Revenons à Luc :

Lc 4.31 Il descendit à Capharnaüm, ville de la Galilée; et il enseignait, le jour du sabbat.
4.38 En sortant de la synagogue, il se rendit à la maison de Simon. La belle-mère de Simon avait une violente fièvre, et ils le prièrent en sa faveur.
4.39 S'étant penché sur elle, il menaça la fièvre, et la fièvre la quitta. A l'instant elle se leva, et les servit.

5.1 Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génésareth, et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu,
5.2 il vit au bord du lac deux barques, d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets.
5.3 Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la barque il enseignait la foule.
5.4 Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher.
5.5 Simon lui répondit: Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet.
5.6 L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait.
5.7 Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point qu'elles enfonçaient.
5.8 Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit: Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.
5.9 Car l'épouvante l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils avaient faite.
5.10 Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon: Ne crains point; désormais tu seras pêcheur d'hommes.
5.11 Et, ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent.

Ce qui est étrange, c’est que Simon n’a pas été ému par la guérison de sa belle-mère et que c’est cette pêche qui le convertit.

Ceci est une bonne raison pour considérer l’épisode de la belle-mère comme une importation à partir de Marc ou Matthieu dans le souci d’harmoniser des évangiles appartenant à des églises différentes.

Et donc Luc ne mettait pas de Capharnaüm avant cette pêche.

Ensuite il va de ville en ville et Capharnaüm apparaît sur le circuit :

Lc 7.1 Après avoir achevé tous ces discours devant le peuple qui l'écoutait, Jésus entra dans Capharnaüm.

Puis il arrive à Naïn où il fait un miracle pas moins important qu’à Capharnaüm.

7.11 Le jour suivant, Jésus alla dans une ville appelée Naïn; ses disciples et une grande foule faisaient route avec lui.

Après moult séjour sur les routes de Galilée, nous voyons réapparaître Capharnaüm :

Lc 10.13 Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre.
10.14 C'est pourquoi, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.
10.15 Et toi, Capharnaüm, qui as été élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts.

Malheureusement, avant cet éclat Jésus n’a pas mis les pieds à Chorazin.

Par contre, il a multiplié les pains à Bethsaïda :

Lc 9.10 Les apôtres, étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait.
Il les prit avec lui, et se retira à l'écart, du côté d'une ville appelée Bethsaïda.
9.11 Les foules, l'ayant su, le suivirent. Jésus les accueillit, et il leur parlait du royaume de Dieu; il guérit aussi ceux qui avaient besoin d'être guéris.
9.12 Comme le jour commençait à baisser, les douze s'approchèrent, et lui dirent: Renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages et dans les campagnes des environs, pour se loger et pour trouver des vivres; car nous sommes ici dans un lieu désert.
9.13 Jésus leur dit: Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils répondirent: Nous n'avons que cinq pains et deux poissons, à moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple.

Dans le texte parallèle de Matthieu, il n’a mis les pieds ni à Chorazin, ni à Bethsaïda.

Dans Marc, Bethsaïda est à l’opposé du lieu de la multiplication des pains :

Mc 6.45 Aussitôt après, il obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renverrait la foule.

8.22 Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.

Puisque nous en sommes à Bethsaïda, qu’en dit Jean ?

Jn 1.44 Philippe était de Bethsaïda, de la ville d'André et de Pierre.

Pour Marc, Bethsaïda est en bord de mer :

Mc 6.45 Aussitôt après, il obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renverrait la foule.

Pour Luc, elle est en brousse :

Lc 9.10 Les apôtres, étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait. Il les prit avec lui, et se retira à l'écart, du côté d'une ville appelée Bethsaïda.
9.11 Les foules, l'ayant su, le suivirent. Jésus les accueillit, et il leur parlait du royaume de Dieu; il guérit aussi ceux qui avaient besoin d'être guéris.

Pour Matthieu, elle n’est nulle part.

Mais il paraît pourtant que c’est la ville de Pierre, lequel selon Marc, Matthieu, et Luc habitait à Capharnaüm avec sa belle-mère.

Bref, Nazareth est une invention de Luc à partir du qualificatif NZR appliqué à Jésus.

Ensuite, quand il a fallu unifier le canon d’églises locales ayant chacune son Evangile, faut de pouvoir éliminer les Evangiles les plus répandus, on a ajouté à certains des traits pris à d’autres pour gommer les disparités les plus criantes.

Et c’est ainsi que la Nazareth de Luc s’est retrouvée faire une ligne dans Marc et Matthieu sans que Jésus y ait fait grand-chose.

Il y a une lointaine identité entre Capharnaüm et Jérusalem.

Si Jésus prêche essentiellement en Galilée selon les Synoptiques et Jésus essentiellement à Jérusalem selon Jean, ce n’est pas simplement une simple divergence théologique.

(Les allers-retours de Jésus entre Jérusalem et la Galilée sont dus à une importation d’épisodes synoptiques dans la version originale de Jean.

Cela se voit nettement dans l’épisode de la multiplication des pains qui représente la Cène dans les Synoptiques alors que celle-ci est symbolisée par les noces de Cana dans Jean.)

Capharnaüm signifie « bourg du consolateur » ou « de la consolation ».

Is 40.1 Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu.
40.2 Parlez au coeur de Jérusalem, et criez lui que sa servitude est finie, que son iniquité est expiée, qu'elle a reçu de la main de l'Éternel au double de tous ses péchés.

C’est donc pour cela que Marcion faisait commencer son Evangile par une descente de Jésus des Cieux sur Capharnaüm :

Za 14.3 L'Éternel paraîtra, et il combattra ces nations, comme il combat au jour de la bataille.
14.4 Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l'orient;

Il en reste une trace dans Jean où Capharnaüm redevenue Jérusalem accueille des miracles que Marc localise à Capharnaüm :

Jn 5.2 Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques.
5.8 Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche.

Mc 2.1 Quelques jours après, Jésus revint à Capharnaüm. On apprit qu'il était à la maison,
2.11 Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison.

Ici, le parallèle est avec Bethsaïda :

Jn 9.1 Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance.
(…)
9.6 Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l'aveugle,
9.7 et lui dit: Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (nom qui signifie envoyé). Il y alla, se lava, et s'en retourna voyant clair.

Mc 8.22 Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.
8.23 Il prit l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait quelque chose.

Cette étrange localisation m’amène à penser qu’il y a un rapport entre cette Bethsaïda et Capharnaüm/Jérusalem.

Il faudra donc enquêter davantage.

J'm'interroge

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 13 mars15, 11:11

Message par J'm'interroge »

Très bonne présentation, bon bouleau. (y)

Quand on lit attentivement les évangiles, que d'anomalies relève-t-on !! !

Et derrière elles: combien de couches d'écritures, de textes intercalés, de lieux et noms changés, que de remaniements !! !

Et dire que ça continue......

;)
La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut en percevoir, s'en représenter, concevoir, croire ou comprendre.

Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !

Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit sont lot d'expériences vécues.
Sagesse !

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 06 juin15, 17:58

Message par Ase »

Concernant Nazareth :

On pense souvent que "Jésus le Nazaréen "signifie "Jésus de Nazareth". Mais ce n'est la qu'une interpolation : Le village de Nazareth n'existait probablement pas à cette époque (l'évangile de Luc -IV, 29 dit que Nazareth est située sur une colline. Or la ville de Nazareth actuelle a été bâtie non sur une colline, mais dans une vallée, au pied d'un cercle de petites collines). Aucun auteur du Ier siècle, juifs y compris, ne mentionne le nom de la bourgade.
Jésus n'était pas du tout de Nazareth : l'adjectif nazaréen entendu comme "homme du village de Nazareth" résulte d'une erreur de traduction de compilateurs tardifs. "De Nazareth" ou "nazaréthain" se traduit en grec par Nazarethenos, Nazarethanos, ou Nazarethaios et non par Nadzarenos, Nadzôraios, Nadzôrenos ni même Nadzarénos comme on le trouve dans les Évangiles (= "Nazaréen"). Nazareth / Nazara s'écrivait en hébreu avec un Tsadé (qui est rendu en français par un Z), et en grec par un Sigma et non par un Dzéta.
Le nom "Nazaréen" ou "Naziréen" vient de l'hébreu "nazir" (avec un Zaïn), devenu en grec "Nadzaraois" (avec un Dzéta) et désigne un homme "saint" ou "consacré", voué au service de dieu. L'ancien testament indique les règles que devaient suivre ceux qui faisaient voeux de naziréat : ils ne devaient pas boire d'alcool, ne pas se couper les cheveux et ne pas s'approcher d'un cadavre, (Juges 13 et Nombres 6).
Jésus était donc un Nazaréen consacré à Dieu (Le mot grec "Khrestos / Christ" veut également dire "Oint" ou "Consacré") et il avait repris ce terme pour nommer le groupe de ses disciples : c'était la secte des Nazaréens.

Plus d'infos ici http://atil.ovh.org/noosphere/nazareens.php

Notes complémentaires :
On a retrouvé en 1878 une inscription "de Nazareth" sur une dalle de marbre (la Diatagma Kaisaros, Ordonnance de César). Les spécialistes estiment qu'il s'agit d'une traduction du texte latin d'un édit de l'empereur Auguste publié en l'an 8 par le procurateur Coponius à l'occasion d'un geste de profanation du Temple par les Samaritains. La dalle proviendrait de cette région.
Pour rappel, le terme Nazôraios , traduit par Nazoréen, pose toujours des problèmes étymologiques. Il dérive soit de l'hébreu nâzir, naziréen : "consacré, saint", soit de néçèr : "rejeton" ou de neçûrim : "le Reste" et enfin, il provient peut-être de la racine mandéenne nçr : "observer".


Concernant Bethléem :

Le lieu de naissance de Jésus n'est pas connu avec certitude, et les historiens hésitent entre Bethléem — mentionné par deux évangiles, correspondant à une prophétie de Michée sur l'origine davidique du Messie — et le berceau familial de Nazareth, où il aurait passé une partie de sa jeunesse, après le retour de ses parents qui avaient fui en Égypte (évangile attribué à Matthieu).
Ce sont les évangiles selon Luc et selon Matthieu qui rapportent que Bethléem est le lieu de naissance de Jésus, Marc et Jean commençant avec la vie publique de Jean le Baptiste, puis de Jésus et ne disant rien de son enfance. D'après Jérôme de Stridon (Epistola, 58, 3), qui vécut à Bethléem à la fin du IVe siècle, la grotte de la Nativité du Christ aurait été vénérée déjà du temps d'Hadrien, qui pour empêcher cette vénération y fit édifier un temple consacré à Adonis ; l'Empereur aurait procédé de même à Jérusalem avec le Temple et le Saint-Sépulcre. Si elles sont avérées dans le cas du Saint-Sépulcre, les affirmations de l'apologète chrétien ne sont pas corroborées par les découvertes archéologiques à Bethléem où aucune trace d'habitat contemporain de Jésus n'a été mise au jour jusqu'à présent. Par ailleurs, un autre endroit de culte de la Nativité/Épiphanie du Christ, avant la basilique constantinienne, semble avoir existé, cela en dépit des allusions des apologètes Justin de Naplouse et Origène.
Entre 1992 et 2003, l'archéologue israélien Aviram Oshri a conduit des fouilles de sauvetage dans le village homonyme de Bethléem en Galilée, à six kilomètres à l'ouest de Nazareth. Il y a mis au jour les vestiges d'une occupation juive d'époque hérodienne (Ier siècles av. et ap. J.-C.) et, au vie siècle, ceux d'une basilique chrétienne, associée à un monastère et une hôtellerie. De ces indices, il a conclu à l'existence d'un pèlerinage chrétien et émis l'hypothèse que le village galiléen de Bethléem serait le véritable berceau de Jésus

Wikipédia.
Where was Jesus Born ? Volume 58 Number 6, November/December 2005, by Aviram Oshri
http://archive.archaeology.org/0511/abs ... jesus.html

Notes complémentaires :
Michée 5:2-4 dit ceci : "Et toi, Bethléhem Éphrata, bien que tu sois petit entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité. C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps où celle qui enfante aura enfanté ; et le reste de ses frères retournera vers les fils d’Israël. Et il se tiendra et paîtra son troupeau avec la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu. Et ils habiteront en sûreté"
Ce texte décrit un chef dont la force brisera l'asservissement d’Israël par les pays étrangers. Cela n'a donc rien à voir avec Jésus puisque sa venue n'a pas délivré Israël de la domination romaine. Et d'ailleurs la suite du passage de Michée décrit une lutte contre l'Assyrie, et non contre Rome.
De plus le texte a été déformé : "tu n’es nullement la plus petite" ça veut dire exactement le contraire de "bien que tu sois petite".
Et si on regarde bien, il n'est pas question de "Bethléhem" mais de "Bethléhem Éphrata". Il ne s'agit pas d'une ville mais d'une personne (Bethléhem fils d' Éphrata) qui est citée également dans 1Chroniques 4:4 : "... et Penuel, père de Guedor ; et Ézer, père de Husha : ce sont les fils de Hur, premier-né d’Éphratha, père de Bethléhem."
Si Bethléhem Éphrata avait désigné une ville, le mot aurait été au féminin, comme tous les noms de villes en hébreu. Hors le mot est au masculin comme il est logique pour désigner un homme. De plus "petit entre les milliers de Juda" ne peut pas se rapporter à des villes car Juda ne contenait pas des milliers de villes à cette époque. Par contre "les milliers" peut très bien se rapporter à des familles ou à des clans, donc à des hommes.

La bise
Ase

Saint Glinglin

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 18 nov.15, 02:41

Message par Saint Glinglin »

"Beth Lehem" signifie "maison du pain," ce qui correspond plus à un toponyme qu'à un patronyme.

pauline.px

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 19 déc.16, 10:14

Message par pauline.px »

Bonjour Saint Glinglin,
Puisque vous m’avez aimablement invitée à considérer cet exemple d’analyse textuelle, permettez-moi quelques commentaires et corrections.
Saint Glinglin a écrit :On nous a raconté qu’Iscariote signifiait « homme du village de Kériot » mais en hébreu le verbe SKR signifie « livrer ».
La Torah nous a appris que les noms propres sont toujours porteurs de signification, qu’ils soient des noms de personnages, depuis Adam (sans explicitation), Ève et Caïn (avec explicitation), ou de lieux comme Béthel.
Parfois la signification est limpide et n’a besoin d’aucune explicitation, elle peut même être évidente, comme le lieu inhospitalier de Massa, que la LXX n’hésite pas à traduire littéralement en πειρασμος, « épreuve, tentation ».
Parfois la signification est un peu tirée par les cheveux comme pour Moïse. Exode 2:10c Elle lui donna le nom de Moïse, car, dit-elle, je l’ai retiré des eaux.

Parfois la signification soulève des interrogations et des débats.
Mon sentiment est que si l’explication est tirée par les cheveux ou si les exégètes se perdent en conjectures c’est un bon indice que le lieu existait bien et que son nom était connu.

Pour Judas Iscariot,
Judas renvoie évidemment à celui qui a vendu son demi-frère Joseph aux Ismaélites, tandis que Ἰσκαριώτηϛ est plus conjectural.
S’agit-il de l’hébreu Shin-Resh-Qaf « acheter, gagner de l’argent » ou Shin-Resh-Qof « mentir, trahir » ou de l’araméen de la peshitta Sekhar « fermer, arrêter, bloquer » ?
Personnellement, dans le doute je retiens une polysémie soigneusement choisie.
Notons qu’ici, on est confronté à quatre consonnes en grec, or l’hébreu préfère les racines trilitères qu’il complète notamment avec des suffixes et des préfixes. Il peut aussi associer deux mots à l’état construit…
On a donc l’embarras du choix… c’est très bien.
Saint Glinglin a écrit : En hébreu, « corne » se dit « qeren ». Exit la ville de Cyrène.
Pourtant cette ville existe bien en Lybie, avec une grosse communauté de la diaspora juive.
Simon est un frère de Juda, pas très commode celui-là… Et si c’est ce Simon-là qui est choisi c’est justement parce qu’il est Κυρηναῖοϛ, un type de Cyrène.
Qof-Resh-Noun correspond bien à "corne", comme Genèse 22:13 Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes (QRN) ; et Abraham alla prendre le bélier, et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
Ou "trompette"… ou "rayonner" comme pour Moïse, Exode 34:29c et il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait (QRN), parce qu’il avait parlé avec Y.HWH.

Pour Simon de Cyrène, nous avons un indice indirect supplémentaire avec le nom d’un de ses fils : Rufus, le roux… qui nous renvoie à Esaü et par conséquent, nous sommes invités à associer ce Simon de Cyrène au sacrifice d’Isaac par Abraham.
Hélas, Alexandre signifie "protecteur des humains mâles", ce qui ne nous dit pas grand-chose…
Saint Glinglin a écrit :Joseph d’Arimathie débarque dans le récit pour récupérer le corps de Jésus.
Pour le sens de « Arimathie », vous avez le choix entre « ararey moth », après la mort, et « har moth », le pays de la mort, avec ce Joseph dans le rôle Charon.
Pourquoi pas...
En grec, Ἰωσὴφ ὁ ἀπὸ Ἀριμαθαίαϛ, Joseph LE de Arimathée, nous avons une construction un peu différente puisqu’il y a une préposition.
D’abord, nous avons ici un Joseph pour la fin de vie terrestre de notre doux Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, comme il y en avait eu un pour le début.
Dans l’araméen de la Peshitta, c’est Joseph de Ramtha, mais les racines RMT ne donnent pas grand-chose à ma connaissance, toujours l’idée de lieu élevé, mont, mais rien de très croustillant…
Il faut donc envisager un mot composé et alors le choix est bien plus vaste puisque, par exemple, la vérité se dit "hemeth" (Aleph-Mem-Tav).
Je remarque que Har signifie "mont" plutôt que "pays". Il y a aussi Hor "montagne", et l’hapax Hara qui désigne une zone montagneuse indéterminée...
Saint Glinglin a écrit :Marie de Magdala n’a sans doute pas plus de rapport avec une localité. En hébreu, « gadal » signifie « élever (un enfant) ». C’est Marie la Tutrice.
En grec Μαρία ἡ Μαγδαληνή, en araméen Magdelaïta, celle qui porte une belle tresse.
Gimel-Daleth-Lamed renvoie en effet autant à « grand, faire grandir, élever » qu’à « tresser, tisser ».
Enfin, Mem-Gimel-Daleth-Lamed signifie aussi "tour".

Le sens de « élever » un enfant, ne me paraît pas très courant dans la Bible, un peu chez Esaïe peut-être…
Personnellement, je peine imaginer de qui cette femme aux sept démons aurait pu être la tutrice…
Saint Glinglin a écrit :Pour ZLT, je n’ai pas cherché.
En grec Σίμων ὁ Ζηλωτήϛ, pour l’araméen c’est Simon le zélé. Ce n’est pas un nom propre mais un qualificatif sectaire bien documenté par Flavius Josèphe.
On pourrait s’amuser avec Zaïn-Lamed-Vav-Tav pour bassesse… mais je ne vois pas bien quel éclairage ZLT peut donner à cet apôtre fort discret appelé aussi le cananite.
Le cananite Κανανιτης pourrait faire songer à un nom d’un village inconnu mais en araméen c’est aussi un qualificatif qenanaya, c’est-à-dire jaloux, zélé...

J’ajouterais Alphée qui pose aussi pas mal de difficultés. Dans les traductions, il est père de Lévi, Λευῒ τὸν τοῦ Ἀλφαίου ou père de Jacques le mineur, Ἰάκωβοϛ ὁ τοῦ Ἀλφαίου, si l’on s’en tient à l’idée d’un personnage.
La Peshitta garde le grec tel quel…
On admet parfois un lien avec l’hébreu Het-Lamed-Pé « échange, changer, remplacer », je pense plutôt à Aleph-Lamed-Pé « étudier, instruire ».
Saint Glinglin a écrit :Donc il n’y a pas de raison que Jésus NZR soit « Jésus de Nazareth ».
Matthieu 2:23 et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen
Aucune trace de cette prophétie…

Comme je l’ai dit plus haut, c’est précisément parce que cette fois le saint apôtre et évangéliste Matthieu nous propose une explication des plus énigmatiques que cela m’incite à penser que le sobriquet dépréciatif "Jésus de Nazareth" lui posait un sérieux problème puisqu’au sujet de Nazareth le saint apôtre Nathanael lance spontanément « Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » Clairement Nazareth est un trou perdu qui fait sourire.
Saint Glinglin a écrit :Qu’il soit le rejeton (netzer), le consacré (nazir), ou le prince (nasar) fait encore l’objet de débats.
Ce n’est pas parce que le débat fait rage que Nazareth n’existe pas, on n’invente pas une ville juste pour alimenter le débat… Quand un nom de lieu possède une signification mystérieuse qui fait débat c’est plutôt que le lieu existe. À quoi servirait, en effet, d’inventer un nom de lieu juste pour le plaisir de dissimuler une allusion difficile à interpréter au risque qu’elle se perde.
Si on invente on choisit forcément un mot interprétable…

Néanmoins, les trois types d'expressions pour désigner notre doux Seigneur et Sauveur Jésus-Christ peuvent me suggérer que ce sobriquet en langues vulgaires est de l'ordre de "pétaouchnok" ou "trou-du-cul du monde" :
Ἰησοῦϛ ὁ ἀπὸ Ναζαρὲτ τῆϛ Γαλιλαίαϛ + Ἰησοῦϛ ἀπὸ Ναζαρὲτ τῆϛ Γαλιλαίαϛ,
ὁ Ναζαρηνὸϛ Ἰησοῦϛ + Ἰησοῦϛ Ναζαρηνὸϛ + Ἰησοῦϛ ὁ Ναζαρηνὸϛ
Ἰησοῦϛ ὁ Ναζωραῖοϛ

Saint Glinglin a écrit :Cette traduction courante est curieuse car le texte dit ceci : Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ Ἰωσὴφ τὸν ἀπὸ Ναζαρέτ. Jésus fils de Joseph de Nazaret.
Je crois qu’il vous faut revoir le grec.
Pour traduire Joseph de Nazaret, il faudrait Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ Ἰωσὴφ τοῦ ἀπὸ Ναζαρέτ.
Vous semblez abusé par l’ordre des mots de cette langue. Je vous rappelle que les qualificatifs peuvent être parfois encadré par l’article et le substantif mais que le plus souvent le qualificatif suit la répétition de l’article au même cas comme en français on peut dire « Kiki le vrai » au lieu de « le vrai Kiki ».
Ἰησοῦν (accusatif) Jésus + τὸν υἱὸν (accusatif) τοῦ Ἰωσὴφ (génitif) le fils de Joseph + τὸν (accusatif) ἀπὸ Ναζαρέτ, le de Nazareth. les accusatifs indiquent qu'il se rapporte à Ἰησοῦν
Saint Glinglin a écrit :Puis la Sainte Famille rentra d’Egypte en gagnant la Galilée sans passer par la Judée
Quand Hérode le Grand régnait il était impossible de passer d’Égypte en Galilée sans risque.
En revanche après son trépas, la route de la côte est désormais ouverte puisque Archelaüs ne règne pas dans les trois petits territoires côtiers, Gaza, Ascalon et Jamnia (voir le règne éphémère de Salomé 1ère, sœur d’Hérode le grand).

Très cordialement
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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 19 déc.16, 10:14

Message par pauline.px »

Bonjour Saint Glinglin,
Puisque vous m’avez aimablement invitée à considérer cet exemple d’analyse textuelle, permettez-moi quelques commentaires et corrections.
Saint Glinglin a écrit :On nous a raconté qu’Iscariote signifiait « homme du village de Kériot » mais en hébreu le verbe SKR signifie « livrer ».
La Torah nous a appris que les noms propres sont toujours porteurs de signification, qu’ils soient des noms de personnages, depuis Adam (sans explicitation), Ève et Caïn (avec explicitation), ou de lieux comme Béthel.
Parfois la signification est limpide et n’a besoin d’aucune explicitation, elle peut même être évidente, comme le lieu inhospitalier de Massa, que la LXX n’hésite pas à traduire littéralement en πειρασμος, « épreuve, tentation ».
Parfois la signification est un peu tirée par les cheveux comme pour Moïse. Exode 2:10c Elle lui donna le nom de Moïse, car, dit-elle, je l’ai retiré des eaux.

Parfois la signification soulève des interrogations et des débats.
Mon sentiment est que si l’explication est tirée par les cheveux ou si les exégètes se perdent en conjectures c’est un bon indice que le lieu existait bien et que son nom était connu.

Pour Judas Iscariot,
Judas renvoie évidemment à celui qui a vendu son demi-frère Joseph aux Ismaélites, tandis que Ἰσκαριώτηϛ est plus conjectural.
S’agit-il de l’hébreu Shin-Resh-Qaf « acheter, gagner de l’argent » ou Shin-Resh-Qof « mentir, trahir » ou de l’araméen de la peshitta Sekhar « fermer, arrêter, bloquer » ?
Personnellement, dans le doute je retiens une polysémie soigneusement choisie.
Notons qu’ici, on est confronté à quatre consonnes en grec, or l’hébreu préfère les racines trilitères qu’il complète notamment avec des suffixes et des préfixes. Il peut aussi associer deux mots à l’état construit…
On a donc l’embarras du choix… c’est très bien.
Saint Glinglin a écrit : En hébreu, « corne » se dit « qeren ». Exit la ville de Cyrène.
Pourtant cette ville existe bien en Lybie, avec une grosse communauté de la diaspora juive.
Simon est un frère de Juda, pas très commode celui-là… Et si c’est ce Simon-là qui est choisi c’est justement parce qu’il est Κυρηναῖοϛ, un type de Cyrène.
Qof-Resh-Noun correspond bien à "corne", comme Genèse 22:13 Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes (QRN) ; et Abraham alla prendre le bélier, et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
Ou "trompette"… ou "rayonner" comme pour Moïse, Exode 34:29c et il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait (QRN), parce qu’il avait parlé avec Y.HWH.

Pour Simon de Cyrène, nous avons un indice indirect supplémentaire avec le nom d’un de ses fils : Rufus, le roux… qui nous renvoie à Esaü et par conséquent, nous sommes invités à associer ce Simon de Cyrène au sacrifice d’Isaac par Abraham.
Hélas, Alexandre signifie "protecteur des humains mâles", ce qui ne nous dit pas grand-chose…
Saint Glinglin a écrit :Joseph d’Arimathie débarque dans le récit pour récupérer le corps de Jésus.
Pour le sens de « Arimathie », vous avez le choix entre « ararey moth », après la mort, et « har moth », le pays de la mort, avec ce Joseph dans le rôle Charon.
Pourquoi pas...
En grec, Ἰωσὴφ ὁ ἀπὸ Ἀριμαθαίαϛ, Joseph LE de Arimathée, nous avons une construction un peu différente puisqu’il y a une préposition.
D’abord, nous avons ici un Joseph pour la fin de vie terrestre de notre doux Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, comme il y en avait eu un pour le début.
Dans l’araméen de la Peshitta, c’est Joseph de Ramtha, mais les racines RMT ne donnent pas grand-chose à ma connaissance, toujours l’idée de lieu élevé, mont, mais rien de très croustillant…
Il faut donc envisager un mot composé et alors le choix est bien plus vaste puisque, par exemple, la vérité se dit "hemeth" (Aleph-Mem-Tav).
Je remarque que Har signifie "mont" plutôt que "pays". Il y a aussi Hor "montagne", et l’hapax Hara qui désigne une zone montagneuse indéterminée...
Saint Glinglin a écrit :Marie de Magdala n’a sans doute pas plus de rapport avec une localité. En hébreu, « gadal » signifie « élever (un enfant) ». C’est Marie la Tutrice.
En grec Μαρία ἡ Μαγδαληνή, en araméen Magdelaïta, celle qui porte une belle tresse.
Gimel-Daleth-Lamed renvoie en effet autant à « grand, faire grandir, élever » qu’à « tresser, tisser ».
Enfin, Mem-Gimel-Daleth-Lamed signifie aussi "tour".

Le sens de « élever » un enfant, ne me paraît pas très courant dans la Bible, un peu chez Esaïe peut-être…
Personnellement, je peine imaginer de qui cette femme aux sept démons aurait pu être la tutrice…
Saint Glinglin a écrit :Pour ZLT, je n’ai pas cherché.
En grec Σίμων ὁ Ζηλωτήϛ, pour l’araméen c’est Simon le zélé. Ce n’est pas un nom propre mais un qualificatif sectaire bien documenté par Flavius Josèphe.
On pourrait s’amuser avec Zaïn-Lamed-Vav-Tav pour bassesse… mais je ne vois pas bien quel éclairage ZLT peut donner à cet apôtre fort discret appelé aussi le cananite.
Le cananite Κανανιτης pourrait faire songer à un nom d’un village inconnu mais en araméen c’est aussi un qualificatif qenanaya, c’est-à-dire jaloux, zélé...

J’ajouterais Alphée qui pose aussi pas mal de difficultés. Dans les traductions, il est père de Lévi, Λευῒ τὸν τοῦ Ἀλφαίου ou père de Jacques le mineur, Ἰάκωβοϛ ὁ τοῦ Ἀλφαίου, si l’on s’en tient à l’idée d’un personnage.
La Peshitta garde le grec tel quel…
On admet parfois un lien avec l’hébreu Het-Lamed-Pé « échange, changer, remplacer », je pense plutôt à Aleph-Lamed-Pé « étudier, instruire ».
Saint Glinglin a écrit :Donc il n’y a pas de raison que Jésus NZR soit « Jésus de Nazareth ».
Matthieu 2:23 et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen
Aucune trace de cette prophétie…

Comme je l’ai dit plus haut, c’est précisément parce que cette fois le saint apôtre et évangéliste Matthieu nous propose une explication des plus énigmatiques que cela m’incite à penser que le sobriquet dépréciatif "Jésus de Nazareth" lui posait un sérieux problème puisqu’au sujet de Nazareth le saint apôtre Nathanael lance spontanément « Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » Clairement Nazareth est un trou perdu qui fait sourire.
Saint Glinglin a écrit :Qu’il soit le rejeton (netzer), le consacré (nazir), ou le prince (nasar) fait encore l’objet de débats.
Ce n’est pas parce que le débat fait rage que Nazareth n’existe pas, on n’invente pas une ville juste pour alimenter le débat… Quand un nom de lieu possède une signification mystérieuse qui fait débat c’est plutôt que le lieu existe. À quoi servirait, en effet, d’inventer un nom de lieu juste pour le plaisir de dissimuler une allusion difficile à interpréter au risque qu’elle se perde.
Si on invente on choisit forcément un mot interprétable…

Néanmoins, les trois types d'expressions pour désigner notre doux Seigneur et Sauveur Jésus-Christ peuvent me suggérer que ce sobriquet en langues vulgaires est de l'ordre de "pétaouchnok" ou "trou-du-cul du monde" :
Ἰησοῦϛ ὁ ἀπὸ Ναζαρὲτ τῆϛ Γαλιλαίαϛ + Ἰησοῦϛ ἀπὸ Ναζαρὲτ τῆϛ Γαλιλαίαϛ,
ὁ Ναζαρηνὸϛ Ἰησοῦϛ + Ἰησοῦϛ Ναζαρηνὸϛ + Ἰησοῦϛ ὁ Ναζαρηνὸϛ
Ἰησοῦϛ ὁ Ναζωραῖοϛ

Saint Glinglin a écrit :Cette traduction courante est curieuse car le texte dit ceci : Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ Ἰωσὴφ τὸν ἀπὸ Ναζαρέτ. Jésus fils de Joseph de Nazaret.
Je crois qu’il vous faut revoir le grec.
Pour traduire Joseph de Nazaret, il faudrait Ἰησοῦν τὸν υἱὸν τοῦ Ἰωσὴφ τοῦ ἀπὸ Ναζαρέτ.
Vous semblez abusé par l’ordre des mots de cette langue. Je vous rappelle que les qualificatifs peuvent être parfois encadré par l’article et le substantif mais que le plus souvent le qualificatif suit la répétition de l’article au même cas comme en français on peut dire « Kiki le vrai » au lieu de « le vrai Kiki ».
Ἰησοῦν (accusatif) Jésus + τὸν υἱὸν (accusatif) τοῦ Ἰωσὴφ (génitif) le fils de Joseph + τὸν (accusatif) ἀπὸ Ναζαρέτ, le de Nazareth. les accusatifs indiquent qu'il se rapporte à Ἰησοῦν
Saint Glinglin a écrit :Puis la Sainte Famille rentra d’Egypte en gagnant la Galilée sans passer par la Judée
Quand Hérode le Grand régnait il était impossible de passer d’Égypte en Galilée sans risque.
En revanche après son trépas, la route de la côte est désormais ouverte puisque Archelaüs ne règne pas dans les trois petits territoires côtiers, Gaza, Ascalon et Jamnia (voir le règne éphémère de Salomé 1ère, sœur d’Hérode le grand).

Très cordialement
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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 16 févr.17, 06:38

Message par Ase »

Superbe Pauline ^^

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yacoub

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 21 juil.17, 22:26

Message par yacoub »

Pauline a écrit :Ce n’est pas parce que le débat fait rage que Nazareth n’existe pas, on n’invente pas une ville juste pour alimenter le débat…

Quand un nom de lieu possède une signification mystérieuse qui fait débat c’est plutôt que le lieu existe.

À quoi servirait, en effet, d’inventer un nom de lieu juste pour le plaisir de dissimuler une allusion difficile à interpréter au risque qu’elle se perde.

Si on invente on choisit forcément un mot interprétable…

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 21 juil.17, 23:00

Message par Saint Glinglin »

Mais Yacoub, tu ne connais rien aux textes.

Un exemple type :

Lc 4.34 Ah! qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es: le Saint de Dieu.

Or il est écrit "Jésus le nazaréen" : Ἰησοῦ Ναζαρηνέ
https://theotex.org/ntgf/luc/luc_4_gf.html

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 28 nov.18, 15:31

Message par dragon blanc »

Bonjour à vous Saint Glinglin.

Magnifique théologie.

Etes vous théologien ?

Il va de soi que les interprétations ont été retravaillées.

J'aime bien votre façon de voir les choses.

Qui sait, êtes vous touché par quelque chose de plus grand que nous ?


Une question me hante, alors je go :

Comment et pourquoi vous vous êtes intéressé à tout ceci ?



Bien à vous Christian.

Saint Glinglin

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 28 nov.18, 23:39

Message par Saint Glinglin »

Je ne suis pas théologien mais autodidacte.

Et un jour, j'ai découvert l'hypothèse mythique. C'est la plus solide.

Et je me suis intéressé à la critique textuelle. C'est très utile.

prisca

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 28 juin19, 00:27

Message par prisca »

:Bye:

Et bien GlinGlin, à la première lecture de ton laïus, je vois que tu accordes beaucoup d'importance aux villes qui sont les lieux de provenance de chacun, et Nazareth est au coeur de ton discours, comme pour émettre tes doutes sur la véracité de la révélation consistant à définir cette ville comme étant la ville où Marie habitait, là le doute ne t'étreint pas, mais le fait que Jésus soit appelé Jésus de Nazareth alors que Jésus est né à Bethléem, là tu ne veux pas le consentir dans l'approche de ton analyse.

Pourquoi tu ne tiens pas compte du fait que c'est à Nazareth que l'Ange Gabriel a visité Marie et justement, ce n'est pas lorsque Jésus vient à naitre qui importe, mais c'est lorsque Jésus vient du Ciel ?
ImageImageImage
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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 28 juin19, 00:35

Message par Saint Glinglin »

Bref, Nazareth est une invention de Luc à partir du qualificatif NZR appliqué à Jésus.
De plus :

Lc 1.26 Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
(......)
1.39 Dans ce même temps, Marie se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.
1.40 Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth.

Et donc Marie fait cent kilomètres à pied en chemise de nuit...

Jean Moulin

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 05 juil.19, 02:02

Message par Jean Moulin »

pauline.px a écrit : 19 déc.16, 10:14 parce qu’il avait parlé avec Y.HWH.
Pourquoi ce point (.) dans le nom divin ?

pauline.px

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Re: La ville de Jésus

Ecrit le 06 juil.20, 00:45

Message par pauline.px »

Bonjour Jean Moulin,

Avec un an de retard je découvre votre message.
Jean Moulin a écrit : 05 juil.19, 02:02 Pourquoi ce point (.) dans le nom divin ?
Pour répondre en deux mots : parce que j'ai honte d'employer vainement le nom de D.ieu, béni soit-Il.

Très cordialement
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pauline

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