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Franck Ferrand, écrivain et journaliste français spécialisé en histoire, a été invité par KTO à passer une nuit à l'abbaye bénédictine de Solesmes, loin des bruits du monde. Après une nuit emplie du silence des moines et les oreilles résonnant encore de leurs chants grégoriens connus dans le monde entier, l´historien journaliste raconte son expérience et les ressorts de sa vie à Charles Mercier.

Charles Mercier : Qu'est-ce qui vous a le plus frappé dans toute cette expérience ?

Franck Ferrand : Ah, il y a trois choses qui m'ont frappé. [...] La troisième chose - et c'est ce que je n'attendais pas, ce à quoi je n'avais pas songé, j'aurais dû y songer pourtant - c'est le rite. Nous sommes ici dans un lieu profondément ritualisé. Ici, on appelle cela : la liturgie. Cette liturgie vous accompagne, vous amène dans une réalité un peu différente, une réalité qui donne des couleurs au monde, de la lumière à l'esprit - si je puis dire. Et ça, pour moi, c'est la découverte de cette expérience.

Charles Mercier : Cette liturgie qui est immémoriale, qui a conservé le latin, vous y êtes plus sensible qu'une liturgie modernisée telle qu'on peut...

Franck Ferrand : Sans aucune comparaison ! Sans aucune comparaison ! J'y suis mille fois plus sensible ! Je dirais même que j'y suis pleinement sensible alors que je suis, soyons honnête, très peu sensible à la liturgie habituelle. Non, ça je suis très sensible à ça. Il y a là quelque chose pour moi d'essentiel, de profond !

C'est un rapport très direct à Dieu. C'est une demande à Dieu, comme disait un des moines avec lequel j'ai eu la chance de pouvoir parler hier soir. C'est une demande directe à Dieu. Et il faut que ce chant, ce plain-chant soit le plus net, simple, pur possible. [...]

Ça c'est ce que la tradition peut avoir de plus beau, de plus pur. C'est ce qui fait la célébrité mondiale de Solesmes, et au-delà de la célébrité, c'est ce qui en fait la force et la lumière, j'en suis convaincu. Ça c'est ce qu'il y a, à mon avis, à retenir de cette expérience d'aujourd'hui.

Franck Ferrand : Le même moine me disait que rien n'était plus émouvant et même bouleversant pour lui dans la liturgie, dans ce cycle extraordinaire - et là nous revenons aux fondateurs de ces lieux, n'est-ce pas - que lorsque dans la liturgie, il entend les premiers accents de Noël, les premiers chants de Noël. Et rien qu'en en parlant, je sentais qu'il était prêt à sangloter. Ça c'est merveilleux et magnifique. [...]

C'est ce qu'il y a de plus noble et de plus grand dans la nature humaine. Et c'est ce qu'il faut - parce qu'en même temps c'est sans doute aussi ce qu'il y a de plus fragile - c'est ce qu'il faut préserver et défendre.

Je suis en accord avec ces propos. Quelques petites notes de la vidéo que j'ai écrites:

Le temps du monastère n'est pas le temps du monde.
Le rite de la liturgie.
Le dépouillement (un luxe minimal).
Certains ont la chance d'entrer en relation direct avec le Seigneur.
Je prie plus ceux qui ne sont plus que celui qui est toujours, si je peux dire.
Il (Frank Ferrand) n'est pas sûr d'être réjouit qu'il y est quelque chose après la mort.
Comprendre vous rends heureux ! - Oui
Quel conseille donneriez-vous à ceux qui cherchent leur voie ? - S'écouter.