St Thomas sur l'immutabilité de la connaissance divine

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L’athéisme peut être considéré comme une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle que ce soit. C'est une position philosophique qui peut être formulée ainsi : il n'existe rien dans l'Univers qui ressemble de près ou de loin à ce que les croyants appellent un « dieu », ou « Dieu ».
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ChristianK

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St Thomas sur l'immutabilité de la connaissance divine

Ecrit le 07 juil.23, 11:56

Message par ChristianK »

Voici un article de St Thomas sur l’immuatibilité de la connaissance divine. Il est un peu difficile et surtout présuppose l’idée d’immutabilité déjà analysée. Tout traitement compétent du sujet passe par une connaissance minimale de ces choses. C’est la bible, mais systématisée, interprétée, et axiomatisée.

Somme I Q 14

"Article 15 : La science de Dieu est-elle soumise au changement ?

Objections : 1. Il semble que oui. Car la science est relative à la chose sue. Or, ce qui implique relation avec la
créature s’attribue à Dieu temporellement et varie selon les variations de la créature. Donc la science de Dieu elle-
même varie selon les variations de la créature.
2. Tout ce que Dieu peut faire, il peut le savoir. Mais Dieu peut faire plus de choses qu’il n’en fait. Il peut donc
savoir plus de choses qu’il n’en sait, et ainsi sa science peut varier par augmentation ou diminution.
3. Dieu a su autrefois que le Christ naîtrait. Mais maintenant il ne sait pas que le Christ naîtra, puisque le Christ n’est
plus à naître. Donc Dieu ne sait pas tout ce qu’il a su, et ainsi sa connaissance semble être variable.

En sens contraire, il est dit dans l’épître de S. Jacques (1,17) : en Dieu “ il n’existe aucune vicissitude, ni ombre de
changement ”.

Réponse : D’après nos précédentes déterminations, la science de Dieu est sa substance même. Comme sa substance
est absolument immuable, ainsi que nous l’avons également montré, il y a nécessité que sa science soit tout à fait
invariable.

Solutions : 1. Des appellations de Dieu comme Seigneur, Créateur, etc. impliquent des relations consécutives à des
actes conçus comme ayant pour terme les créatures selon l’être qu’elles ont en elles-mêmes. C’est pourquoi de telles
relations sont attribuées à Dieu de manière changeante, selon les changements des créatures. Mais la science,
l’amour, etc. impliquent des relations consécutives à des actes conçus comme immanents en Dieu, et c’est pourquoi
ces attributs sont appliqués à Dieu de manière invariable.

2. Dieu connaît aussi les choses qu’il peut faire et ne fait pas. Par conséquent, de ce qu’il peut faire des choses qu’il
ne fait pas, on ne peut conclure qu’il puisse savoir plus de choses qu’il n’en sait, à moins qu’on ne l’entende de sa
science de vision, par laquelle il est dit savoir les choses qui sont en acte à un moment quelconque de la durée.
Cependant, que Dieu sache que des choses sont possibles qui ne sont pas, ou que des choses qui sont pourraient ne
pas être, il ne s’ensuit pas que sa science soit variable, mais seulement qu’il connaît la variabilité des choses. Si
cependant quelque chose était, dont Dieu ignorerait d’abord qu’elle est et le saurait ensuite, sa science serait soumise
à la variation. Mais cela ne se peut pas ; car Dieu, dans son éternité, sait tout ce qui est ou peut être en un temps
quelconque. Aussi, dire d’une chose qu’elle est à quelque moment que ce soit de la durée, c’est dire par là même que
cela est su par Dieu depuis l’éternité. Par conséquent, on ne doit pas concéder que Dieu puisse savoir plus de choses
qu’il n’en sait, car cette proposition implique que Dieu eût ignoré d’abord ce qu’il aurait su ensuite.

3. Les anciens nominalistes ont dit que “ Le Christ naît ”, “ le Christ naîtra ”, “ le Christ est né ”, sont un même
énoncé, pour cette raison que la chose énoncée est la même, à savoir la naissance du Christ. A partir de là on conclut
que tout ce que Dieu a su, il le sait ; car il sait maintenant que le Christ est né, ce qui, dans l’hypothèse, a la même
signification que : Il naîtra. Mais cette opinion est fausse. D’abord parce que la diversité dans les termes d’une
proposition donne naissance à des énonciations diverses. Ensuite parce que, dans ce cas, une proposition vraie une
fois serait vraie toujours, ce que nie à bon droit le Philosophe, selon qui cette proposition : “ Socrate est assis ”, est
vraie tant qu’il est assis, mais si Socrate se lève, la proposition devient fausse. On doit donc concéder que cette
proposition : Tout ce que Dieu a su, il le sait, n’est pas vraie en tant qu’énoncé. Mais il ne s’ensuit pas que la science
de Dieu soit variable. Car, de même qu’aucune variation ne s’introduit dans la connaissance de Dieu du fait qu’il
sait, d’une seule et même chose, tantôt qu’elle est, et tantôt qu’elle n’est pas, de même c’est sans aucune variation de
la science divine que Dieu sait d’un énoncé tantôt qu’il est vrai, tantôt qu’il est faux. Il y aurait variation dans la
science de Dieu si Dieu connaissait les énoncés par mode d’énonciation, à savoir en composant et divisant des
concepts, comme fait notre propre intellect. De là vient en effet que notre connaissance varie, soit du vrai au faux,
comme lorsque, une chose ayant changé, nous retenons à son égard l’opinion ancienne ; soit d’une opinion à une
autre opinion, comme si, ayant dit d’abord que quelqu’un est assis, nous disons ensuite qu’il ne l’est pas. Mais rien
de tout cela ne peut se produire en Dieu."
《10,000 difficultés ne font pas un seul doute》(Newman)
《J’ai toujours regardé l’athéisme comme le plus grand égarement de la raison》 (Voltaire , 1766)

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