Certes oui, tu es libre
Ma liberté n'ira cependant jamais chez les autres dirent qu'ils sont cons.
Un, mon ignorance se creuse davantage par le savoir en marche, ce qui est bien.
Deux, quel que soit mon prochain, il est mon semblable, et tout jugement m'est impossible.
Trois, tout cela se termine avec l'attraction terrestre, six pieds sous terre, et les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.
Je suis libre de par ma bouche qui se ferme, mes yeux qui se referment, mais pas par mes oreilles qui restent en permanences ouvertes. Ainsi, en gardant la prudence que de mauvais propos libres ou libertaires, n'arrivent blesser d'autres oreilles que les miennes, je doute certes non des autres, mais de mon ignorance.
Dieu a bien raison de rester stable et silencieux. Pour son inactivité, ma vie est trop courte déjà pour un humain, qu'est-ce qui me permet de penser qu'elle ne l'est pas pour rencontrer Dieu ?
Qu'est-ce que l'organe de ta foi, de la mienne, sinon de la poésie ? Et il n'y a pas plus libre que le poète, même au vent il l'égare en le laissant diffuser son chant de vie.
Rien n'est plus fragile qu'une fleur, ou une dame. mais si tu la piétine, elle va dégager un éternel parfum dont nous n'avons plus aucune géographie. C'est la faiblesse que d'être fort, c'est de la sagesse que de n'être rien. Et c'est aimer la vie que constater que le vivant est fragile, et pourtant si beau. L'instant, l'instant est un gage d'éternité.
C'est pourquoi, en amour de coeur, en liberté d'un sentiment profond de grande fragilité en même temps, je vis pleinement un infini remerciement, et de ma pauvre ignorance j'en laisse mon ego en consommer le plus possible. Il s'évertue ainsi à n'être rien, lui non plus, et parfaitement inutile.
Enfin, il y a une grâce infinie qui me dépasse, celle de la confiance paisible du doute qui reviendra, comme une compagne fidèle qu'il ne faut surtout pas chasser de soi.
Bref, il faut aimer.
La mauvaise herbe qui a percé le béton et survie d'un radicelle, c'est autrement plus fort, et c'est de la vie à l'état brut. Franchement, ce charme me bouleverse.
Alors, à partir du moment où je cherche une étoile ou un caillou que je ne vois pas, ne se met-il pas à exister ? Qui peut savoir ? Et si c'est valable pour la patience d'un caillou en attente d'exister, ne l'est-ce pas pour Dieu qui m'attend ? Mais enfin, là, je doute que ce soit lui m'attende, je crois que c'est moi qui le cherche en grand espoir.