Algérie histoire

Sujet d'actualité Au Québec l'accommodement raisonnable, un sujet d'actualité.
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yacoub

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 15 oct.16, 03:43

Message par yacoub »

FLN, je te déteste ! par Kamel Daoud


Le FLN n’est pas mon Père. Il ne sera jamais mon fils. Je ne raconte plus son histoire à mes enfants. Je me détourne de ses traces, salles, slogans, CC, bureau, visages, tenues, chiens, dobermanns et videurs. Je ne reconnais aucun lien de sang versé entre lui et mes ancêtres. Il n’est pas mon miroir, ni mon ombre, ni mon proche. Je m’en lave les mains. Je ne suis pas son ami. Je déchire les livres qui m’en parlent. Je crache sur sa tombe parce qu’il crache sur celle de mes héros. Je ne l’écoute pas. J’en ai honte. Je déteste ses goûts, ses méthodes et ses représentants. Je voudrais laver ma tête de tous ses souvenirs. Si j’avais à refaire le pays, je referais son indépendance mais surtout sa guerre de Libération en choisissant trois autres lettres. Je voudrais mettre le plus de distance entre lui et moi. La mémoire et son souvenir. Je voudrais ne jamais avoir à prononcer son nom. Je voudrais aller loin dans le passé et commencer la guerre de Libération sans lui. Sans son sigle, ni ses méthodes. Car s’il a bien commencé, il n’en fini pas de finir. J’ai détesté ce parti dès mon enfance à l’école. J’ai haï sa façon de se promener sur le dos de la terre comme un paon, son populisme, sa pensée unique, sa trahison, son larbinisme et sa veulerie et sa cupidité et ses vanités de vétérans. Je me sentais étouffé par sa vision de caporal cupide qui ne pense qu’à rafler, violer, dormir puis se vanter et éructer.

Je voudrais le voir mort, disparu, effacé, insulté, jugé, pendu et dépouillé de tout. Je voudrais le voir jugé et exécuté doucement pour assouvir en moi la colère et la haine. Je voudrais ne plus avoir à vivre dans ce pays, en même temps que lui. Je voudrais le voir lynché. Sincèrement. Je m’en sentirais propre et enfin réparé dans mon honneur d’algérien. Je voudrais. Le tuer. Tuer le FLN. Comme la France coloniale l’aurait souhaité. Je voudrais l’exécuter contre un mur et cracher sur son cadavre.

Car au début c’était un front. Puis, après la décolonisation, il est devenu des mains. Mille mains voraces et griffues. Mille accaparations. Puis, avec la famine et la cupidité, il est devenu une bouche. Immense. Large. Ouverte et sentant l’haleine morte. Il mangeait tout y compris les enfants nouveaux de ce pays. Il avalait. Il mordait. Et quand le pays a basculé dans la guerre, il est devenu des pieds, des semelles. Une fuite et des lâchetés. Un ventre pour danse du ventre. Une échine pliée et courbée. Et aujourd’hui ? Il revient. C’est un chien. Un dobermann. Un homme au crane rasé, avec une ceinture à l’hôtel Aurassi avant hier. Un intestin qui s’enroule autour de mon pays et qui l’étrangle. Un excrément. Un gang. Un bas ventre. Un œil et un jeu de hanches et de danseurs. Un instrument de musique. Puis une danse et une prostituée. Des hanches. Un tour de taille. Un horde de Fellagas après l’indépendance au nom des martyrs d’avant la libération.

A cause de lui les enfants de l’Algérie rêvent désormais d’être videurs en grandissant. Ou dobermanns. Ou enturbannés distribuant des passeports de Hadj. Ou voleurs. Ou harkis avec biens et immobilier à Paris. Ou prostitués. Ou comploteurs. Ah j’en rêve. D’écraser aujourd’hui le FLN, comme la France ne l’a pas réussi. Je rêve de libérer le souvenir de Larbi Ben M’hidi du présent de Belkhadem et de Saidani. C’est mon ennemi. L’insulte qui m’est faite. Ma honte première.

Ma guerre de Libération.
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Ecrit le 19 oct.16, 00:27

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 27 oct.16, 23:15

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 29 oct.16, 07:11

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 02 nov.16, 05:04

Message par yacoub »

Ajoutée le 21 oct. 2016

Depuis le fin des années 80, l’Algérie est en proie à une guerre fratricide. Terrain d’expérimentation de l’islamisme international, le pays sombre dans le chaos. Images d’archives et documents inédits à l’appui, cette trilogie retrace, autour des principaux protagonistes, jour après jour, l’histoire d’une tragédie humaine, politique et économique.
Cette trilogie permet de comprendre comment, un quart de siècle après une guerre d’indépendance qui a laissé des traces de part et d’autre de la Méditerranée, l’Algérie s’est embrasée, enlisée dans un conflit interminable, d’une violence inouïe.
Pour la première fois, des membres du gouvernement de l’époque et des opposants au régime, des militaires et des policiers chargés de la lutte antiterroriste, mais aussi des fondateurs du FIS (Front Islamique du Salut) et du GIA (Groupe Islamique Armé) acceptent de témoigner et racontent leur vérité.

https://youtu.be/f-vSXnPFqpk



==============================================
Rajout 3 novembre 2016 à cause de la règle :

https://youtu.be/lgfc8PTMn5o

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 04 nov.16, 03:26

Message par yacoub »

Mes années Boum : une enquête algérienne

"Mon père a été assassiné quand j’avais deux ans. Ni ma famille ni moi ne savons ce qui s’est réellement passé." Une enquête à suspens, entre la France et l'Algérie d'aujourd'hui, sous le regard du président Boumédiene. Sept épisodes à podcaster dès maintenant !

Légende : Hocine Bennedjaï, le père d’Adila Bennedjaï-Zou• Crédits : DR Adila Bennedjaï-Zou - Radio France
Une série d'Adila Bennedjaï-Zou, réalisée par Marie Plaçais et Emmanuel Geoffroy diffusée dans Les Pieds sur Terre à partir du 3 novembre à 13h30

Téléchargez. Tous les épisodes de cette enquête sont disponibles en podcast en cliquant sur ce lien - et en écoute sur le site plus bas dans la page.


Mon père a été assassiné quand j’avais deux ans. Ni ma famille ni moi ne savons ce qui s’est réellement passé.
Aujourd’hui, j’ai décidé d’enquêter sur cette mort et je me suis rendue en Algérie où il a été tué. C’est là aussi que je suis née dans les années 70, qu’on appelle là-bas les années Boum, du nom du président Boumédiène qui a instauré la dictature dans le pays.

Cette série en sept épisodes est une enquête psychodramatique, généalogique, vaguement policière et pleine de surprises.
C’est aussi une enquête biographique sur cet inconnu qui m’a donné la vie et que je n’ai pas eu la chance de fréquenter. Il y a même des effluves d’une quête de soi, malgré tous mes efforts pour éviter de me rencontrer.

Mes années Boum, ça parle de l’Algérie, de la France et de moi, de nos rapports si étroits et si conflictuels. Et de la possibilité d’une histoire commune si chacune de nous trois veut bien pardonner aux deux autres.
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Episode 1 : Papa est mort
Écouter
Où j'apprends que mon père a été tué par des militaires


« Ça faisait un bon mois que tu disais « maman, papa est mort » » (Maman)


40 ans après la mort mystérieuse de mon père, je décide de mener l’enquête. Le hic c’est que ça m’oblige à partir en Algérie et que, comme beaucoup d’immigrés, je nourris un franc mépris pour le pays où je suis née. Est-ce que je vais réussir à combattre mes préjugés ?
Episode 2 : Bennedjaï-Street
Écouter
Où j'apprends que mon père a été tué par un certain lieutenant Mokrane


« Assassiner pour eux, c’est comme s’ils prenaient un verre d’eau. » (Nabil)


Dans la ville natale de mon père, je découvre que ma famille est friande de théories du complot, mais aussi qu’elle a une histoire qui a commencé avant la colonisation. Est-ce qu’on peut être maghrébine et devenir fan d’arbres généalogiques ?



Les parents d'Adila • Crédits : DR Adila Bennedjaï-Zou - Radio France Episode 3 : Les Promises
Écouter
Où j’apprends que mon père a été tué par ma mère


« C’est ta mère qui a tué mon frère ! » (Ma tante paternelle)


Dans la famille Bennedjaï, certains pensent que ma mère est responsable de la mort de mon père. En réalité, croyez-moi, vu de l’intérieur, un mariage arrangé ça ne ressemble pas du tout à ce qu’on pense.
Episode 4 : Les années Boum
Écouter
Où j’apprends que mon père a été tué par un camarade de promotion


« C’est comme ça qu’on a appris que Hocine a été descendu » (Mokhtar)


A Mostaganem, où mon père a fait ses études, je fais la connaissance de ses camarades de classe et d’une époque où on croisait à Alger des femmes en mini-jupes et des indépendantistes du monde-entier. Si, si, il y a eu un genre de mai 68 là-bas aussi.



Houari Boumédiène, 5 octobre 1971 • Crédits : AFP - AFP Episode 5 : La ferme pilote
Écouter
Où j’apprends que mon père est mort d’une crise cardiaque


« Il n’a pas été assassiné, il est mort tout seul » (Lakhal)


Je pars à la recherche de la maison dans laquelle on a retrouvé le corps de mon père. Sur le chemin, je tombe sur un morceau d’histoire de l’Algérie que tout le monde a préféré oublier.
Episode 6 : Tout le monde ment
Écouter
Où j'apprends que mon père s'est suicidé


« Dans le Coran, ils disent que les meilleurs croyants, ce sont ceux qui ont péché avant » (Nabil)


Après avoir rencontré un ancien collègue de mon père, qui remet en cause toutes mes certitudes, je découvre que dans la culture traditionnelle de mon père, il y avait aussi de la tolérance pour les faiblesses humaines.
Episode 7 : Ceux qui déterraient les cadavres
Écouter
Où j’apprends que la vérité est ailleurs


« Il était tellement énervé le bonhomme, qu’il a ouvert la tombe tout seul. » (Nadia)


Je me décide enfin à relancer ma requête officielle auprès de l’armée algérienne. Mais est-il réellement possible, aujourd’hui, de demander des comptes à l’armée ?



Le cimetière des Martyrs • Crédits : Saber68 / Wikicommos

Fichiers média:

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-6.mp3

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-5.mp3

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-4.mp3

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-3.mp3

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-2.mp3

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-1.mp3

http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 4430-0.mp3
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Ecrit le 07 nov.16, 04:39

Message par yacoub »

Présence ottomane en Algérie: une colonisation “halal”
samedi 5 novembre 2016
Nous Algériens, écrivains, historiens, chercheurs universitaires et même simples citoyens, nous traînons en nous, en héritage intellectuel, un complexe envers une vérité historique qui est la colonisation turco-ottomane de l’Algérie (1515-1830). Dès qu’il s’agit d’évoquer le rapport colonisé-colonisateur pendant la période turco-ottomane dans notre pays, une crispation intellectuelle prend le dessus.
Il faut le dire, le dire clairement à nos élèves, à nos étudiants et à nos lecteurs que ce qui est appelée dans nos manuels scolaires, dans nos thèses universitaires, dans nos débats “présence ottomane en Algérie”, était bel et bien “une colonisation”.Notre pays est passé d’une colonisation turco-ottomane à une autre française. L’Algérie a vécu deux épreuves historiques consécutives : le mal de la colonisation orientale et celui de la colonisation occidentale.
Notre peuple a goûté aux deux recettes !! Shawarma et Omelette !Parce que la colonisation turco-ottomane était menée par l’empire musulman, nos historiens, et à leur tête Abou El-Kacem Saâdallah (1930-2013) que je respecte beaucoup, n’ont jamais admis de dire et de dénoncer ce que les Algériens ont enduré pendant trois siècles de la répression turque. Une colonisation pure et dure.
Après trois siècles de colonisation turco-ottomane, les Algériens se demandent aujourd’hui : y a-t-il quelque chose de qualité ou d’exception que la “présence !” turco-ottomane nous a léguée en matière de culture, de littérature, de langue, et même d’architecture hors quelques grandes cités ?Citez-moi un seul poète, en arabe, en tamazight ou en turc qui a marqué cette époque ? Citez-moi un seul grand savant dans une des trois langues témoin de cette Histoire ? Un historien ? Un féqih moderne ? Un littérateur ?Certes, les Turcs-Ottomans nous ont légué des souvenirs sur la pauvreté et les stigmates de l’analphabétisation.
Ils ont ramassé les impôts (al-kharaj) en argent, en or, mais aussi en chèvres, en mulets, les caisses de blé, d’orges, des figues sèches… et des petites filles enlevées pour garnir les harems du palais du sultan ! Pour les Algériens, les fellahs et les artisans et commerçants de cette époque turco-ottomane, leur vie n’était pas en rose. Les historiens ont rapporté quelque chose sur les massacres turcs en Algérie : “Suite au refus de payer injustement les impôts imposés et l’accessibilité à la forêt de Mizrana pour l’extraction du bois et du liège, le pouvoir turc a organisé, le 29 mai 1825, une expédition punitive contre le village Aït Saïd… qui a provoqué la mort de plus de 300 citoyens du village.
L’expédition a été menée par Yahia Agha à la tête de plus de 600 janissaires… Certaines têtes des chefs du village ont été prises par les turques pour les exposer à Bab Aoun devant les chefs turcs”. D’autres témoignent : “Entre 1805 et 1813, plusieurs insurrections prirent place, dont celles de 1816 et 1823. Il en fût ainsi également dans les Aurès où les Chaouis avaient interdit toute présence effective du pouvoir ottoman.
En 1520, un certain Sidi Ahmed ou El-Kadhi se démarqua des autres Kabyles en résistant à la colonisation turque. Il avait même réussi à s’emparer d’Alger, forçant le chef de bande, Kheir Eddine Barberousse à se replier à Jijel. Le 20 juillet 1535, Kheir Eddine Barberousse lance un raid sur l’île de Minorque, dans les Baléares ; il enleva des centaines de captifs et les fit vendre au marché des esclaves, à Alger”.Dans ses romans, l’écrivain turc Orhan Pamuk, lauréat du prix Nobel en 2006, a hautement décrit le danger que représente la culture nostalgique ottomane sur la pensée politique dans la société moderne turque.
Le passé de la piraterie et des razzias, qui a longtemps marqué l’histoire turco-ottomane, est de retour. Aujourd’hui, le populisme conjugué à l’islamisme cuisiné dans une sauce de nostalgie ottomane passéiste est la plateforme capitale des islamistes, à leur tête les frères musulmans, parti au pouvoir en Turquie, et qui petit à petit, tirent la société vers des pratiques de la période ottomane, l’époque de Harem sultan ! Loin de l’occidentalisation et de la raison.
Chronique de Amine Zaoui, parue sur le quotidien Liberté.
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Ecrit le 08 nov.16, 23:53

Message par yacoub »

Première partie d'un documentaire en deux parties consacré au pouvoir en Algérie depuis son indépendance en 1962 et jusqu'à 2012.
Ce premier volet est consacré aux luttes internes parmi les nouveaux dirigeants après la signature des accord d'Evian, la montée en puissance de la dictature jusqu'à la révolte des jeunes en 1988.

Commentaire sur images d'archives en alternance avec de nombreuses interviews et témoignages.

https://youtu.be/DWfq7XEKnu0

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 16 nov.16, 04:20

Message par yacoub »

Abdelkader Rahmani, une chance manquée en pleine guerre d’Algérie
Portrait d'Abdelkader Rahmani pendant la Seconde Guerre mondiale.

http://www.rfi.fr/afrique/20161113-abde ... rie-grande


Par Laurent Correau Publié le 14-11-2016 Modifié le 15-11-2016 à 09:55

À la fin de cette semaine, du 18 au 20 novembre, les archives de France organisent la « Grande Collecte », une opération par laquelle les Français et les personnes résidant en France sont invités à apporter dans cent lieux de collecte des photos, des courriers, des carnets qu’ils détiennent et qui peuvent enrichir la mémoire collective. Le thème retenu cette année est « Afrique France, XIXe-XXe siècle » et à cette occasion RFI vous propose une série de quatre reportages sur quatre archives privées, déposées par le passé, qui ont permis de faire avancer l’écriture de l’histoire du continent. Pour ce premier volet, nous nous intéressons à Abdelkader Rahmani, un militaire de l’armée française d’origine algérienne… En 1957, il avait proposé avec d’autres compagnons d’armes une médiation entre le FLN et les autorités françaises…
Militaire de l’armée française. D’origine algérienne. En cette année 1956, il devient plus difficile que jamais, pour le lieutenant Rahmani de concilier ces deux parties de lui-même. La répression qui a eu lieu dans le Constantinois après l’armistice de 1945 l’a profondément ébranlé. Les nouvelles venues d’Algérie l’inquiètent depuis un moment déjà. Deux événements font basculer l’existence d’Abdelkader Rahmani : l’intervention de la France et de la Grande-Bretagne à Suez, ainsi que le détournement par les Français de l’avion qui transporte cinq chefs indépendantistes algériens du FLN, le Front de libération nationale. Les leaders, dont Ahmed Ben Bella, sont arrêtés.


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Principaux dirigeants du FLN (de gauche à droite : Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf et Ahmed Ben Bella) après leur arrestation suite au détournement, le 22 octobre 1956 par l'armée française, de leur avion civil marocain, © Domaine public

Abdelkader Rahmani est à l’époque en stage au Liban, envoyé par ses supérieurs qui -croit-il comprendre- s’inquiètent de son origine algérienne. C’en est trop. « Quand il y a eu le détournement de l’avion, là ça a débordé, confie-t-il dans le documentaire Combattre. J’ai dit ‘c’est fini, je ne peux plus rester. Entre Suez et ça, je ne peux plus porter l’uniforme français. Et j’ai pensé déserter. Mais ma conscience était plus forte que ces arguments. J’ai décidé de rentrer à Paris et de voir ce que j’allais faire. »

Dans le livre L’affaire des officiers algériens (Seuil, 1959) il raconte qu’à son retour en France, il a retrouvé ses compagnons d’armes d’origine algérienne « en plein désarroi, en plein drame, vivant dans une atmosphère permanente de suspicion intolérable, d’animosité croissante, de la part de leurs chefs et de leurs collègues français. De plus, honteusement surveillés par les sous-officiers et les hommes de troupe français. »

« Notre situation d’officiers algériens est rendue intenable »

C’est par la plume qu’il décide d’agir avec d’autres officiers. Par une lettre adressée en février 1957 au président français René Coty. Ils sont 52 à signer. « J’étais détaché à l’état-major des Forces armées, explique Rahmani dans ‘l’affaire des officiers algériens’ ; mes camarades me confièrent la délicate mission de rechercher la voie la plus directe, la plus sûre et la plus discrète pour remettre cette lettre au chef suprême de l’armée. »

Le courrier rend compte du malaise de ces militaires, tiraillés entre la fidélité au drapeau et celle au pays natal. « Notre situation d’officiers algériens, écrivent-ils au président français, est rendue intenable par la lutte sanglante qui oppose nos camarades français et nos frères de sang, ceux-là mêmes qui les libérèrent il y a douze ans, aux côtés des Forces françaises libres. Lutte visant à approfondir davantage le fossé entre deux éléments appelés à cohabiter pacifiquement » Et ils proposent au chef des armées leur aide pour la recherche d’une solution : « Officiers français d’origine algérienne, nous sommes conscients de l’écrasante et douloureuse responsabilité qui nous incombe face à la France, face à l’Algérie. Nous sommes et pourrons faire un lien solide entre nos deux peuples. »

Les officiers algériens vont frapper aux portes des principales figures politiques de la IVe République pour essayer de convaincre. Ils rencontrent aussi des représentants du FLN. Prend alors corps l’idée d’une contribution plus précise à la recherche de la paix. Celle d’une médiation : « Pourquoi ne pas essayer de jeter un pont entre, d’une part un gouvernement et une armée à laquelle nous appartenons, et d’autre part un peuple qui est le nôtre ? ».

Inculpté d’entreprise de démoralisation de l’armée

Les autorités françaises ne donnent pas suite. Pour elles, tout cela ressemble trop à une action psychologique destinée à déstabiliser l’armée. Elles font arrêter Abdelkader Rahmani début mars 1957. Il est interrogé par la DST (Direction de la surveillance du territoire), qui lui apprend qu’une quinzaine de ses compagnons de lutte ont été mis sous les verrous, de même que plusieurs de ses amis. Rahmani sera inculpé d’« entreprise de démoralisation de l’armée ».

Cliquez pour agrandir :
Extrait du journal de détention d'Abdelkader Rahmani à Fresnes. © Archives nationales d'Outre Mer

Du 28 mars au 20 mai 1957, incarcéré à la prison de Fresnes, il tient un journal, dont des extraits parviennent à sortir et sont publiés par l’hebdomadaire Témoignage Chrétien. Les cahiers originaux, désormais conservés aux Archives nationales d’Outre-Mer, rendent compte de son quotidien : « Hier, j’ai eu la visite du directeur régional des prisons, M. Ourq, écrit-il le mercredi 19 mars 1957. Il était chargé d’une enquête au sujet des extraits de mon journal parus dans l’hebdomadaire Témoignage Chrétien du 14 et le Monde du 15. Il voulait savoir comment ce journal était sorti de prison et dégager la responsabilité du personnel et de son administration. Je lui fis un papier mettant hors de cause le service pénitentiaire et les visiteurs. »

Placé en liberté provisoire le 20 mai 1957, il est à nouveau remis en détention à partir du 9 septembre. Renvoyé en forteresse. Et réincarcéré à la prison de Fresnes. Les officiers algériens, face au blocage de la situation, ont en effet annoncé leur démission de l’Armée française, puis dans une nouvelle lettre collective adressée au président de la République, expliqué les raisons de leur geste.

Cliquez pour agrandir :
Lettre des officiers algériens de septembre 1957. © Archives nationales d'Outre Mer


Libéré le 26 novembre 1958, Abdelkader Rahmani sera cette fois-ci placé en résidence surveillée jusque mars 1959. La publication aux éditions du Seuil de son livre, L’affaire des officiers algériens, lui vaudra d’être déclaré par le ministère français des Armées en « position de non-activité par retrait d’emploi ». De retour en Algérie, il vivra l’indépendance algérienne et ses premières années, avant de devoir se résoudre un ultime retour en France. Il fait partie des fondateurs de l’Académie berbère et sera condamné à mort par contumace sous Boumediene. Il est décédé en France en 2015.

Selon l’historien Pierre Vidal-Naquet, le rejet de fait par la France, en 1957, de cette proposition de médiation a été « une chance manquée » dans la guerre d’Algérie. Soixante ans plus tard, il reste à faire échapper à l’oubli le son de cette voix discordante. Le personnage de Rahmani est largement méconnu. Son histoire a été déformée par la passion et la propagande de ces années de crise.

Les archives qui ont été remises aux ANOM, les Archives nationales d’Outre-Mer par ses enfants, Patrick, Dominique, Pascale Rahmani et Fabienne Rahmani-Vallat permettent de redécouvrir la complexité du personnage. « M. Rahmani, qui est lui-même officier de confession musulmane emprisonné à Fresnes, va recevoir à la fois des courriers de Mendès France et de De Gaulle, explique Georges Mourier, le mandataire de la dotation Rahmani et réalisateur du documentaire "Combattre". À travers des messagers qui sont pour la plupart d’obédience protestante, il va transmettre à « Témoignage Chrétien » son journal de prison qui va être publié… et au milieu de tout cela son avocat est juif. Donc, on est dans une dimension qui dépasse les clivages civils et politiques auxquels aboutira le drame de la guerre d’Algérie. » Le fonds Rahmani est également une source qui reste à explorer sur l’histoire algérienne des premières années post-indépendance.


►À (ré)écouter : Reportage Afrique consacré à Abdelkader Rahmani, militaire de l’armée française d’origine algérienne

Pour en savoir plus sur la Grande Collecte organisée par les archives de France :

http://www.lagrandecollecte.fr/
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Re: Algérie histoire

Ecrit le 25 nov.16, 06:30

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 18 déc.16, 03:54

Message par yacoub »

♦ La stratégie du labyrinthe pour faire de l'Algérie «cas complexe»
La singularité algérienne. C'est lorsqu'on est hors du pays qu'on remarque que le pays est devenu invisible. La mode dans le reste du monde c'est de parler de l'Egypte, de la Syrie, de la Tunisie et même du Maroc. La raison ? Des révolutions s'y font faites, des réformes essayent d'y être menées. L'Algérie n'est plus à la mode, n'a rien fait, ne fait rien. Sauf qu'il ne faut pas se tromper : cette invisibilité de l'Algérie n'est pas due à une indifférence calculée, de dehors, mais aussi à une stratégie interne du régime. C'est la politique d'un régime qui essaye de ne pas se distinguer dans le décor de l'automne, de ne pas attirer l'attention, ni les effets de loupe. C'est un régime qui essaye de passer inaperçu. Le proverbe japonais est précis : « Le clou qui dépasse appelle le marteau ». Du coup, pas de coups. Cette stratégie de l'effacement du cas algérien est bien menée pour le moment : contrôle intelligent des journaux, monopole sur l'image, accès mou à Internet et « pollution » de la scène politique par le casting des années 90, par le Sahel, les attentats sporadiques et une sorte de bain de réformes vides de sens et de termes et d'échéance. Des observateurs étrangers « observateurs » viennent ? Oui, le scénario est rodé : un peu de RCD ou du FFS, une escorte serrée, un journal opposant, un ministre charmeur et un parti de l'Alliance souriant, puis s'en vont. Une révolte risque de prendre ? Policiers, interdictions, strangulation de l'info puis dos rond. Il faut réformer ? Oui, oui. On le fait mais cela prend du temps, le courrier est long en Algérie, la bureaucratie, le manque de timbres-poste. D'ailleurs, on va créer de nouveaux partis (âge imposé : 65 ans et plus), on va faire des élections (entre nous), il y a des lois nouvelles en études (entre intimes fourbes), etc. L'essentiel est de rendre le cas algérien singulier, invisible, flou, brumeux. Le but est d'éloigner la menace ambiante du putsch international, de ralentir les volontés d'enquête, de détourner les attentions. Le but est d'ailleurs atteint : lorsque vous rencontrez le personnel politique et médiatique en Europe, il vous répète un peu la même phrase : « On ne comprend pas ce qui se passe chez vous. C'est complexe.»
La complexité est voulue, élaborée, construite. Vue avec un esprit lucide, l'Algérie est à ranger dans la catégorie 3 des pays arabes : celle des pays à fausses réformes. En 1, les régimes déchus, en 2, les régimes encore frontalement dictatoriaux. En principe, il n'« y a rien de complexe : c'est un pays riche, mal gouverné et à coups de pied et de morsures, le peuple n'y a pas de sens, les richesses y sont volées et la démocratie est le seul moyen pour sauver le plus de monde, le plus d'argent et le plus de nouveau-nés. La « complexité » est un jeu de scène. Le régime syrien lui aussi a bien compris les dividendes de cette stratégie préventive. C'est la stratégie du labyrinthe. Elle fonctionne bien pour le moment, au point où l'Algérie est perçue comme une île dans le pacifique et pas comme un pays au cœur de ce Maghreb qui cherche une sortie et un peu de justice et de liberté.
Kamel Daoud
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yacoub

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Ecrit le 25 déc.16, 05:19

Message par yacoub »

♦ Rencontre (presque) imaginaire avec Mohamed Arkoun

Je n’ai jamais rencontré Mohamed Arkoun avant ce jour ensoleillé de mai où nous nous sommes entendus pour évoquer son parcours et gamberger autour d’un café sur des questions trop sérieuses, des sujets convoquant l’histoire, l’anthropologie et la sociologie. Elégamment accoutré d’un costume bien coupé, une chevelure blanche trop bien coiffée, cet homme, d’une politesse extrême, au sourire infini, maîtrisant quatre langues (le kabyle, le français, l’arabe et l’anglais), se lance, tel un fleuve tranquille, dans une discussion sur des thèmes relevant de l épistémologie et de la philosophie. Il parle, n’arrête pas d’évoquer, lui l’élève pauvre d’une école rachitique d’un village reculé, Taourirt Mimoun, ses anciens instituteurs, M. et Mme Bouchet, qui lui ont permis de savourer le savoir et de s’intéresser aux choses abstraites, ses parents qui se sont sacrifiés pour qu’il aille à Oran, puis à Alger, avant d’atterrir enfin dans la prestigieuse université de la Sorbonne où il devint maitre-assistant, puis professeur. Il célèbre dans un entretien les vertus d’une période qui permettait aux enfants de pauvres de fréquenter l’école, alors qu’ils étaient en haillons : «On sait que les instituteurs de la IIIe République conjuguaient les vertus de la laïcité et la bonté scrupuleuse des missionnaires chrétiens. Ils partageaient la vie frugale et rude des montagnards kabyles coupés de tout, car les déplacements se faisaient à dos d’âne ou de mulet pour les rares “nantis”. Il est vrai qu’ils étaient récompensés par les performances étonnantes de leurs élèves, qui ne recevaient pourtant aucune aide de leurs parents en majorité analphabètes. »
• A l’université, il choisit de s’intéresser aux secrets de la langue arabe et de ses littératures et de tomber éperdument amoureux de cette période singulière qu’on appelle communément l’âge d’or arabe où trônaient Ibn Rochd et Ibn Sina, deux phares de la pensée critique aujourd’hui oubliée, excommuniée pour laisser place à des discours dogmatiques. Il était fasciné par ses maîtres qui représentaient la crème de la crème de l’intelligentsia parisienne. Il se met à parler avec une extraordinaire nostalgie et une admiration sans faille de ces professeurs de la Sorbonne qui lui ont appris à oser, à questionner les faits et les choses et à ne pas craindre de réinterroger les espaces conceptuels dominants. « J’ai eu de grands maîtres comme enseignants, de vrais connaisseurs de la langue et de la culture arabes, Charles Pellat, Robert Brunschvig, Régis Blachère et Claude Cahen. Les débats n’en finissaient pas, tout devenait sujet à exploration critique. C’est ainsi que j’ai cherché à connaitre les facteurs religieux, culturels, politiques et démographiques qui ont conduit à la régression du champ intellectuel. C’est ce que j’ai appelé la sociologie des échecs, des ruptures, des oublis, des éliminations dans l’histoire arabo-islamique ».
• Mohamed Arkoun qui a une véritable connaissance de la culture arabe, l’un des fins connaisseurs de cet univers, pioche là où ça fait mal, il date la régression de la pensée philosophique arabe à 1198, année de la mort d’Ibn Rochd. Il explique ce fait en faisant appel à la dimension historique, lui qui abhorre cette vision essentialiste de certains chercheurs dénaturant ainsi la connaissance scientifique. Aujourd’hui, dans les sociétés arabes, le regard essentialiste semble prendre le dessus, notamment depuis l’apparition du courant wahabite à partir du XVIIIème siècle condamnant la langue arabe qui a été un outil extraordinaire de savoir. Il cligne des yeux et continue son raisonnement : « la langue arabe qui a été pendant la période allant du VIIème au XIIème siècle l’instrument de communication privilégié de tout le monde méditerranéen a connu une sérieuse régression. Le wahabisme va contribuer à cette régression, abandonnant la doctrine pluraliste caractérisant les territoires de la pensée classique arabe. ». Il développe ainsi dans un entretien sa vision de la langue arabe et de l’humanisme d’une période apparemment révolue : « J’ai dit que l’arabe était également utilisé par des juifs, des chrétiens et des musulmans par-delà les appartenances ethniques et religieuses. Le grand penseur juif Maimonide (mort en 1204), contemporain d’Averroès, a écrit ses grandes œuvres en arabe. C’est une des raisons qui permet de parler d’humanisme nourri de philosophie grecque. ». Il ne renie aucun mot de cet échange fait avec un journaliste, il y a plusieurs années.
• Le visage d’Arkoun s’illumine quand j’évoque le nom d’Edward Said qui a entrepris un travail fondamental d’exploration des différents espaces épistémologiques dominants et un questionnement des sociétés arabes contemporaines : « Edward Said a énormément apporté à la réflexion, il a réussi la gageure de contester les territoires dominants de la pensée « occidentale » tout en se refusant de tomber dans une vision trop particulariste. Il a dépassé ce regard linéaire de l’Histoire propre à certains intellectuels arabes ». Arkoun va justement dans la même direction que Said en proposant une réécriture de « l’histoire toute l’histoire des systèmes de pensée, de leurs expansions et de leurs impacts dans l’espace méditerranéen », comme il le disait à un de ses interviewers, lui qui a opté dès ses premiers travaux pour une perspective déconstructiviste qui nous fait penser à Jacques Derrida dont il a toujours admiré la démarche.
• Arkoun sourit tout seul, se met à monologuer, tel un personnage sorti tout droit d’une pièce de Shakespeare, revient en arrière à ses premiers moments de questionnement critique, à sa relation avec la langue arabe et à l’écrivain égyptien Taha Hussein : « Savez-vous que j’ai interrogé dans mon mémoire de Maitrise à la Sorbonne, l’aspect réformiste de l’œuvre de Taha Hussein, ce philosophe qui a été violemment pris à parti pour avoir parlé de la régression des retards de la pensée et de la langue arabes ? Je me souviens que, lors d’un des séminaires de la pensée islamique, on m’avait assimilé à Taha Hussein et on m’avait fait subir des misères alors que j’avais développé tout simplement un discours critique qui s’accommode mal avec le conformisme ambiant. ».
• Son teint s’assombrit dès qu’il évoque le séminaire sur la pensée islamique organisé, à l’époque, par le ministère des affaires religieuses. Il n’avait pas supporté les attaques injustes dont il avait fait l’objet. Il ne s’attarde pas sur ce fait pour poursuivre son discours sur les possibilités offertes pour remodeler la pensée critique tout en interrogeant la question de l’altérité. C’est vrai que la question de l’altérité est complexe, il apporte d’ailleurs une critique fondamentale de Michel Foucault et de Paul Ricœur qui construiraient leur discours sur l’altérité à l’orée du déni de l’Islam, inscrivant leurs pratiques exclusivement dans la logique judéo-chrétienne. Cette critique est essentielle. Ne rejetant nullement les apports de toutes les cultures humaines, Mohamed Arkoun s’en prend au discours de « monuments » de la culture européenne qui partiraient dans leurs constructions herméneutiques, volontairement ou involontairement du terreau judéo-chrétien, appelant philosophes, sociologues, historiens et chercheurs à « réécrire toute l’histoire des systèmes de pensée ». Il s’arrête un moment, scrute l’horizon comme s’il cherchait une quelconque réponse d’un ciel trop bleu apparemment attentif à ses mots faits d’histoire et d’une syntaxe singulière. Il claque ses doigts puis continue à parler de la nécessité de redéfinir la pensée arabe, trop prisonnière, à son goût, du conformisme ambiant.
• La profonde interrogation des outils conceptuels dominants, entreprise radicale, serait, selon lui d’une nécessité absolue. Mais il doute que l’état déficient de la recherche dans les pays arabes le permet, même si, reconnait-il, des penseurs comme H’sin M’roua, Tayeb Tizini, Abdellah Laroui ou El Jabiri ont énormément apporté à un possible renouvellement de la pensée critique. Il se lance dans une attaque en règle contre les universitaires et les universités arabes, trop en retard par rapport aux établissements de l’enseignement supérieur en Europe et aux Etats Unis. Il s’interroge : « Les universitaires arabes et musulmans, trop marqués par le confort de la paresseuse reproduction de valeurs dominantes, considérées comme universelles, sont-ils à même d’élaborer de nouvelles constructions théoriques en fondant leurs recherches à partir d’un questionnement des espaces culturels universels, excluant tout déni de l’autre, osant élaborer une autre relation avec la question si complexe de l’altérité ? ». Cette question semble essentielle dans le travail d’Arkoun qui n’a de cesse de parler des retards de l’univers intellectuel arabe.
• Mohamed Arkoun n’est nullement un régionaliste ou un adepte du particularisme, il sait que tout pourrait s’expliquer par le recours à une logique historique. Je suis fasciné par sa manière de parler, ses gestes amples et précis et sa rigueur mathématique. En le regardant les yeux dans les yeux, je me suis rendu compte que cet homme était, pour reprendre le grand poète turc Nazim Hikmet, un véritable « paysage humain » qui n’a pas besoin de reconnaissance officielle de quelque gouvernement que ce soit. Mohamed Arkoun n’a pas besoin de reconnaissance officielle, ni à Paris, ni à Alger. Ceux qui voudraient l’embaumer, en quêtant de tardives reconnaissances, contribueraient à souiller sa mémoire, alors que ce grand intellectuel qui a passé toute sa vie à interroger les lieux les plus délicats de la sphère musulmane et de la pensée humaine, est à l’origine de grands débats. Loin des simagrées des « exilés » du troisième type, maintenant leurs fesses entre plusieurs chaises, voulant profiter, sans efforts de la rente ici et là-bas, faisant de l’Algérie leur fonds de commerce-fétiche, Arkoun était un véritable quêteur de sens, un intellectuel qui osait porter un regard critique sur le parcours islamique, loin des loupes essentialistes, figeant toute posture scientifique, mais en interrogeant l’Histoire, empruntant les chemins ouverts par l’école des Annales, usant de sa triade préférée : transgression, déplacement et dépassement, engendrant ainsi la production d’un nouveau sens, d’une nouvelle attitude critique, déconstruisant sciemment le discours pour en ressortir un lexique drapé d’une enveloppe sémantique nouvelle, née justement de cette interrogation approfondie d’un langage souvent atrophié, connaissant de sérieux dérèglements. C’est une véritable bataille du sens, une révolution sémantique, mettant en danger ces « bricolages idéologiques », espaces privilégiés du conformisme faussement scientifique de zélateurs médiocres, peuplant nos universités, champions d’une accumulation factice de faits, incapables de développer un raisonnement critique.
• C’est l’image d’un grand révolutionnaire, d’un véritable perturbateur, pour reprendre ce mot de Kateb Yacine, que je retiens de cet homme qui m’a impressionné par sa grande culture et sa légendaire modestie. Il ne cesse d’évoquer cet « âge d’or » qui a fait les lumières de l’époque. Arkoun parle justement de « raison critique », non pas de « raison aristotélicienne » ou « cartésienne », mais cela ne veut nullement dire qu’il rejette ces apports fondamentaux, d’ailleurs repris par les philosophes de l’ « âge d’or » de l’Islam (4ème-10ème siècle) dont il vante souvent les mérites d’une extraordinaire ouverture. Ainsi, il met en pièces les discours nationalistes et wahabite, mais également les attitudes de certains orientalistes européens. C’est dans ce sens que son discours, au même titre que Jabiri, Mroua ou Tizini, Fanon et Said, est singulier, empruntant une perspective multithématique, interrogeant les paramètres culturels, sociaux, politiques et religieux, nous donnant à voir les lieux réels présidant à l’évolution du monde musulman, avec ses régressions et les nouvelles attitudes culturelles d’aujourd’hui. Il rompt ainsi avec cette linéarité narrative caractérisant les travaux de certains orientalistes et lettrés musulmans, se satisfaisant d’une plongée essentialiste, décontextualisant ainsi les faits, les isolant de leurs conditions de production et d’énonciation.
• Mohamed Arkoun me regarde fixement et me dit, en souriant, qu’il a toujours admiré les grands poètes et qu’il a toujours voulu ressembler à Oumrou’El Qais ou El Moutannabi. Il me salue et s’en va, sur la pointe des pieds. En grand homme. Ahmed Cheniki / Rédaction Numérique de "Liberté" / A la une / Actualités / 25-12-2016.
▬ Ahmed Cheniki (Biographie ): http://www.africultures.com/php/index.php
▬ Source: http://www.liberte-algerie.com/…/rencon ... e-imaginai
▬ Photo : Mohammed Arkoun(https://fr.wikipedia.org/wiki/Mohammed_Arkoun)
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yacoub

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 31 déc.16, 03:43

Message par yacoub »

C’était la joie en Kabylie le jour de la mort de Boumediene !
Lounès B 29 décembre 2016 3 Commentaires Boumedienne, Joie, kabylie, Mort

ALGÉRIE (Tamurt News) – Le 27 Décembre 1978, le tyran Mohamed Boukherouba, alias Boumediene, a rendu son âme.


Une onde de joie s’est emparée de toute la Kabylie, contrairement à d’autres régions d’Algérie qui ont sombré dans la tristesse.


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« Je me souviens de ma grand-mère qui était sortie à la placette du village avec d’autres femmes toutes heureuses pour partager la nouvelle de la mort de ce raciste avec les voisines. Des youyous stridents ont suivi, cette annonce, par nos vieilles », nous raconta un ancien jeune de la région de Tigzirt qui a perdu son frère dans le conflit algéro-marocain à Tindouf en 1976. Même si des scènes de liesse n’ont pas eu lieu en Kabylie, la plupart des kabyles témoignent que l’annonce de la mort de Boumediene était une bonne nouvelle pour eux. C’était lui, Boukherouba qui a privé les kabyles de leur droit et de leur langue. Boumediene a aussi confisqué l’indépendance algérienne après plus de 132 ans de lutte au profit d’une caste d’anciens militaires de l’armée Française, dénommé le clan de Oujda. Ce clan est toujours au pouvoir à ce jour.

« Certes, on est toujours sous l’emprise de la dictature, mais la haine de Boumediene envers les kabyles n’a pas d’égale. Sa mort était effectivement une bonne nouvelle et il le faut le dire. Des irakiens sont sortis dans la rue pour fêter la chute de Saddam et en Libye pour fêter la mort de Kadhafi, et nous aussi on est heureux de la mort de ce tortionnaire », nous raconta un kabyle d’Alger qui avait tenu à souligner, que durant l’époque de Boumediene, il avait fait six mois de prison pour s’être exprimé en kabyle dans un commissariat de police. Pour les kabyles qui ont fait et ont vécu la guerre de 1954-1962, Boumediene était pire que les militaires tortionnaires Français.

Lounès B pour Tamurt News

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Les invités de « Sans Transition »:




– Sabria Dehilis, journaliste, membre du parti de Ali Benflis Talaie El Hourriyet

– Ahmed Tazir, Journaliste à LCP

– Anouar Benmalek, écrivain algérien

– Sofiane Djilali, le président du parti Jil Jadid (en duplex depuis Alger)

«Sans Transition», émission de Radio Orient, préparée et présentée par Nadia Bey
Emission du 22 décembre 2016

https://youtu.be/3JrSlu10YsE

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prisca

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 01 janv.17, 03:36

Message par prisca »

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Re: Algérie histoire

Ecrit le 03 févr.17, 01:35

Message par yacoub »

Journée ordinaire d'un "Mahgour"

Il se lève à 11h avec difficulté, toujours du mauvais pied; c'est que notre jeune Mahgour ne dort pas assez; il passe ses nuits courbé sur son PC à polémiquer, critiquer, philosopher, refaire le monde et la société; lynchant ses concitoyennes tout en échangeant avec des Européennes de l'âge de sa mère des messages enflammés.

Il attend que "La3jouz" laisse tout tomber pour lui servir son café, c'est que voyez vous, ça ne fait pas "rejla" d'appeler maman la femme qui l'a porté; elle est "la vieille " et la servante depuis qu'elle l'a enfanté.

Il avale son petit déjeuner tout en maudissant le goût du lait en sachet; Ah si son père avait été "qafez ", il aurait volé et c'est du Candia que notre Mahgour aurait bu et c'est une villa qu'il aurait habitée .......mais bon, son vieux père un peu trop honnête n'a rien fait pour lui assurer un avenir aisé.

Déjà midi, il faut qu'il se presse, il dévale en trombe les escaliers; il ne faut pas qu'il rate la sortie du lycée; une jolie jeune fille pleine d'ambition l'a repoussé et notre Mahgour ne l'a pas supporté, il continue à la harceler. "Hagratni parce que Zawali ", il ne lui vient pas à l'idée que si elle l'a repoussé ce n'est pas parce qu'il est issu d'une famille modeste mais parce qu'il n'est pas du même niveau intellectuel , pas de son âge, ou que simplement il lui déplait .....Non, les filles de son pays hagarate, matérialistes, toutes des putes, sauf sa mère, sa sœur et les "jilbabiyate" et de toute façon elles sont laides et "moustachate" .

Notre jeune Mahgour est une lumière, il connaît toutes les fatwas concernant la femme par cœur , manque de pot il a arrêté ses études au collège, parce qu'il est toujours tombé sur de méchants professeurs ! Tous des hagarine ses enseignants, qui pourtant sont les mêmes que ceux de sa sœur qui poursuit brillamment des études universitaires ....

14h une petite faim se faisant ressentir, rien de mieux qu'un sandwich de chawarma chez le Syrien du coin; il regarde la foule agglutinée devant le petit restaurant tout en pensant à l'argent fou qu'il devait se faire en une journée . "Jaw kerrayine welaw cherrayine " qu'il marmonne maudissant son pays d'avoir permis aux réfugiés de travailler. "Khobz eddar yaklo el berrani !" lance t'il indigné , "eli yji yekhdem 3andna, ghir hna!" . Il ne pense pas que si ces orientaux se font de l'argent c'est parce que simplement ils bossent durement et ont l'art et le talent de l'esprit commerçant.

Il déambule dans les rues son sandwich à la main, en jetant un regard de dédain aux "Africains" , ah ces "Nwagra" qui ont ramené avec eux toute sorte de maladies en plus de voler notre pain !! Welah qu'il a entendu l'information sur Ennahar Tv de la bouche d'un "médecin "!!

L'Afrique, il ne la reconnaît que quand son pays y joue au ballon, et encore, il faudrait que ces Africains reconnaissent notre suprématie de blancs ! Mais même en football, nous sommes victimes d'arbitrage ennemi, "hagrouna saddiqi " !

Notre Mahgour n'a encore jamais travaillé , il attend de décrocher un poste de cadre supérieur bien rémunéré, il ne va tout de même pas se briser le dos comme un Malien sur un chantier !!

C'est que voyez vous, il est atteint de deux maladies mystérieuses qui font un ravage sur sa génération et qui n'ont trouvé remède ni dans les hôpitaux ni même chez le grand raqqi de la nation ; "Eddisque " (Hernie discale à la mode, invisible à l'examen, empêchant le sujet atteint de fournir de gros efforts ou de porter du poids mais ne l'empêchant pas de faire du body building) et "Eddiqa" ( Détresse respiratoire très en vogue ne se déclenchant qu'en cas d'effort ou en présence de poussière, d'humidité, de sable, de ciment ou de terre mais ne se déclenchant jamais en fumant des cigarettes, de la zetla ou même la moquette ).

17h, notre jeune Mahgour sirote son café dans un gobelet jetable, béni en soit l'inventeur qui lui permet à présent de jouir de ce breuvage sans être confiné dans un espace réduit et de ne rien rater des scènes de la rue. En compagnie d'autres Mahgourine comme lui, il passe au scanner toutes les femmes et toutes les filles; celle ci trop grosse, celle là trop maquillée, celle ci trop moche, et l'autre sans foulard trop nue !! Ah ces femmes qui ont tout pris, les boulots, les logements, les voitures et envahissent les rues ! Qu'elles restent chez elles et tous les problèmes du Mahgour Algérien seront résolus ! Plus de chômage , plus de crise économique ! Ces postes qu'elles occupent "injustement ", de la petite secrétaire , à l'enseignante , à la femme médecin, à la juge du conseil d'état sont de la pure hogra et leur reviennent de droit et puis d'ailleurs "hram tahkom mra ! " , c'est ce que lui a dit cheikhna !!

Les gobelets vides et les mégots jetés à même le trottoir sous le regard médusé du vieil éboueur du quartier qui venait à peine de balayer, notre Mahgour rentre chez ses parents en donnant au passage un coup de pied à un chat noir qui miaulait, "wejh ecchar, ahmed rebbi maranich chenwi ....sinon je t'aurais mangé ! "

20h, il regarde les informations sur les chaînes de caniveaux en attendant que la sœur rentrée épuisée de sa faculté, laisse tomber ses livres et ses cahiers pour servir le dîner à son frère qui lui fait une faveur en la laissant étudier. Refuser de le servir serait une atteinte à sa dignité et à sa virilité et il ne faudrait quand même pas qu'il se sente méprisé !

22h notre Mahgour reprend position sur son PC, il doit absolument trouver une Européenne à charmer, il n'en peut plus de ce pays de Hogra et il ne rêve que de harga; car il mérite de vivre dans un pays de justice et de respect de l'humain et des lois et non une "Dawla haggara" .....et puis il aura ses papiers là bas, et puis il épousera une Maria Sharapova et non une moustacha, et puis à l'Islam il la convertira , et puis quand il reviendra au pays avec sa blonde voilée et son Ibiza , il ne sera plus Mahgour mais un Roi ........et puis voilà.

Bonjour le monde , bonjour l'humanité !!!
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