Tunisie: manif de soutien à des non-jeûneurs condamnés
Posté : 12 juin17, 02:49
Ramadan en Tunisie: manifestation de soutien à des non-jeûneurs condamnés
Des dizaines de personnes ont manifesté le 11 juin 2017 à Tunis pour réclamer le droit de manger et de boire en public durant le ramadan, le mois de jeûne musulman. Ils entendaient aussi protester contre l'arrestation des non-jeûneurs. Une manifestation qui est une première en Tunisie.
A l'appel du mouvement Mouch Bessif («Pas contre notre volonté», en arabe), les manifestants se sont rassemblés au centre de Tunis, criant notamment «La liberté individuelle est garantie par la Constitution». «En quoi ça te dérange si tu jeûnes et si je mange?», «Arrêtez les terroristes et laissez tranquilles les non-jeûneurs», «Non aux arrestations des non-jeûneurs», pouvait-on lire sur des affiches brandies par les protestataires.
Comme l'explique La Croix, la seule règle qui prévaut aujourd'hui pour ceux qui veulent échapper au jeûne, «pourrait être ''Mangeons heureux, mangeons cachés». Le 1er juin 2017, quatre jeunes l'ont appris à leur dépens: ils ont été condamnés à un mois de prison pour «outrage public à la pudeur». Motif: ils s'étaient restaurés dans un jardin public en plein ramadan, le mois sacré des musulmans. Le lendemain, à Sfax (centre-est), un couple d'artistes de théâtre a été arrêté «en possession d'une bouteille d'alcool dans leur voiture», rapporte le site kapitalis.com. Une bouteille vide «utilisée comme accessoire» dans leur spectacle, a indiqué le couple...
Aucune loi n'interdit de manger ou de boire en public pendant le ramadan en Tunisie mais le débat sur cette question revient chaque année. La Constitution tunisienne garantit «la liberté de croyance et de conscience». Mais l'Etat y est également décrit comme «gardien de la religion».
Les quatre jeunes concernés «ont choisi un jardin public pour manger et fumer, un acte provocateur durant le mois de ramadan (...). De ce fait, le tribunal (…) les a condamnés à un mois de prison», a déclaré le porte-parole du parquet. «Ils sont en état de liberté et s'ils n'interjettent pas appel dans un délai de dix jours, leur peine sera appliquée», a-t-il ajouté.
De son côté, le procureur général du tribunal de première instance de Bizerte, Mongi Boularès, a affirmé que les quatre hommes avaient provoqué la colère d'habitants de la ville en mangeant et en fumant dans ce jardin. Ce qui, selon lui, a nécessité l'intervention des forces de l'ordre. «Leur acte est provocateur et porte atteinte à la morale», a-t-il estimé. «S'ils ont choisi de ne pas jeûner, ils n'avaient qu'à manger dans un autre endroit à l'abri des regards et ne pas tenter de semer la haine entre les gens», a renchéri le procureur.
Discrétion
En Tunisie, la plupart des cafés et restaurants ferment la journée pendant le ramadan, sauf, en général, les bars et les restaurants des hôtels internationaux fréquentés par les consommateurs les plus aisés et les étrangers. Ceux qui restent ouverts le font discrètement. Certains établissements tapissent leurs vitres de journaux pour éviter que leurs clients ne soient vus de l'extérieur.
En 2015, le ministère tunisien de l’Intérieur expliquait qu’effectivement, aucune loi n’interdisait de manger ou de boire en public pendant le ramadan. Mais que seuls les cafés situés dans les zones touristiques et dans les centres commerciaux sont autorisés à rester ouverts.
France Info
Kapitalis
Ramadan: un collectif tunisien revendique le droit de ne pas jeûner
Une cinquantaine de manifestants ont répondu dimanche 11 juin 2017 à l’appel du collectif #MouchBessif [#sans contrainte, ndlr]. Réunis devant le ministère du Tourisme de Tunis, ils ont revendiqué leur droit de ne pas jeûner en public pendant le mois de ramadan.
Le collectif a été fondé suite à l’arrestation à Bizerte (nord), le 1er juin dernier, de quatre jeunes qui ne respectaient pas le jeûne du ramadan. En réaction, le mouvement citoyen, créé sur Facebook, a lancé un appel pour que la liberté de conscience, inscrite dans la nouvelle Constitution, soit respectée.
“J’ai l’impression d’un changement assez notable, celui de la contestation généralisée au Maghreb, d’une façon explicitement juridique, au nom des libertés fondamentales garanties par les nouvelles Constitutions”, affirme Loïc Le Pape, au sujet des non-jeûneurs. Spécialiste de la Gestion publique du religieux et maître de conférence à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, il estime que “le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), né sur les réseaux sociaux, (…) a mis le feu aux poudres” en organisant un “dé-jeûner en septembre 2009 dans la forêt de Mohammedia, une ville située entre Rabat et Casablanca”.
Pression sociale de plus en plus forte
En Tunisie, les militants en appellent à la Constitution adoptée en janvier 2014 par l’Assemblée constituante, qui garantit la liberté de conscience, et à l’absence de législation spécifique sur le respect du jeûne. Juridiquement, “rien n’oblige un musulman à jeûner lors du mois de ramadan”, explique Loïc Le Pape. Ne pouvant s’appuyer sur la Constitution, le juge qui a condamné les quatre jeunes Bizertins a ainsi invoqué un article du code pénal qui sanctionne l’atteinte “aux bonnes mœurs ou à la morale publique”.
“On voit (…) depuis des années une pression sociale de plus en plus forte sur les non-jeûneurs, la fermeture des cafés et restaurants dans la journée et des pressions sur ceux qui restent ouverts”, poursuit Loïc Le Pape. S’il est plus facile de ne pas jeûner en Tunisie que dans la plupart des pays arabes, manger ou boire en public pendant le ramadan reste mal vu. La quasi-totalité des cafés et restaurants restent fermés tout au long du mois. Les magasins et les bars ont l’interdiction de vendre de l’alcool.
Malgré la pression sociale, les non-croyants, ou ceux qui ne peuvent pas jeûner, cherchent malgré tout où ils peuvent manger ou prendre un café dans la journée. Tout s’organise via les réseaux sociaux. Parmi les initiatives développées en ce sens, le groupe Facebook, “Fater” [ceux qui ne jeûnent pas, ndlr]. Les membres y partagent leurs adresses de cafés et de restaurants qui servent à manger et à boire avant la rupture du jeûne.
Cath
Des dizaines de personnes ont manifesté le 11 juin 2017 à Tunis pour réclamer le droit de manger et de boire en public durant le ramadan, le mois de jeûne musulman. Ils entendaient aussi protester contre l'arrestation des non-jeûneurs. Une manifestation qui est une première en Tunisie.
A l'appel du mouvement Mouch Bessif («Pas contre notre volonté», en arabe), les manifestants se sont rassemblés au centre de Tunis, criant notamment «La liberté individuelle est garantie par la Constitution». «En quoi ça te dérange si tu jeûnes et si je mange?», «Arrêtez les terroristes et laissez tranquilles les non-jeûneurs», «Non aux arrestations des non-jeûneurs», pouvait-on lire sur des affiches brandies par les protestataires.
Comme l'explique La Croix, la seule règle qui prévaut aujourd'hui pour ceux qui veulent échapper au jeûne, «pourrait être ''Mangeons heureux, mangeons cachés». Le 1er juin 2017, quatre jeunes l'ont appris à leur dépens: ils ont été condamnés à un mois de prison pour «outrage public à la pudeur». Motif: ils s'étaient restaurés dans un jardin public en plein ramadan, le mois sacré des musulmans. Le lendemain, à Sfax (centre-est), un couple d'artistes de théâtre a été arrêté «en possession d'une bouteille d'alcool dans leur voiture», rapporte le site kapitalis.com. Une bouteille vide «utilisée comme accessoire» dans leur spectacle, a indiqué le couple...
Aucune loi n'interdit de manger ou de boire en public pendant le ramadan en Tunisie mais le débat sur cette question revient chaque année. La Constitution tunisienne garantit «la liberté de croyance et de conscience». Mais l'Etat y est également décrit comme «gardien de la religion».
Les quatre jeunes concernés «ont choisi un jardin public pour manger et fumer, un acte provocateur durant le mois de ramadan (...). De ce fait, le tribunal (…) les a condamnés à un mois de prison», a déclaré le porte-parole du parquet. «Ils sont en état de liberté et s'ils n'interjettent pas appel dans un délai de dix jours, leur peine sera appliquée», a-t-il ajouté.
De son côté, le procureur général du tribunal de première instance de Bizerte, Mongi Boularès, a affirmé que les quatre hommes avaient provoqué la colère d'habitants de la ville en mangeant et en fumant dans ce jardin. Ce qui, selon lui, a nécessité l'intervention des forces de l'ordre. «Leur acte est provocateur et porte atteinte à la morale», a-t-il estimé. «S'ils ont choisi de ne pas jeûner, ils n'avaient qu'à manger dans un autre endroit à l'abri des regards et ne pas tenter de semer la haine entre les gens», a renchéri le procureur.
Discrétion
En Tunisie, la plupart des cafés et restaurants ferment la journée pendant le ramadan, sauf, en général, les bars et les restaurants des hôtels internationaux fréquentés par les consommateurs les plus aisés et les étrangers. Ceux qui restent ouverts le font discrètement. Certains établissements tapissent leurs vitres de journaux pour éviter que leurs clients ne soient vus de l'extérieur.
En 2015, le ministère tunisien de l’Intérieur expliquait qu’effectivement, aucune loi n’interdisait de manger ou de boire en public pendant le ramadan. Mais que seuls les cafés situés dans les zones touristiques et dans les centres commerciaux sont autorisés à rester ouverts.
France Info
Kapitalis
Ramadan: un collectif tunisien revendique le droit de ne pas jeûner
Une cinquantaine de manifestants ont répondu dimanche 11 juin 2017 à l’appel du collectif #MouchBessif [#sans contrainte, ndlr]. Réunis devant le ministère du Tourisme de Tunis, ils ont revendiqué leur droit de ne pas jeûner en public pendant le mois de ramadan.
Le collectif a été fondé suite à l’arrestation à Bizerte (nord), le 1er juin dernier, de quatre jeunes qui ne respectaient pas le jeûne du ramadan. En réaction, le mouvement citoyen, créé sur Facebook, a lancé un appel pour que la liberté de conscience, inscrite dans la nouvelle Constitution, soit respectée.
“J’ai l’impression d’un changement assez notable, celui de la contestation généralisée au Maghreb, d’une façon explicitement juridique, au nom des libertés fondamentales garanties par les nouvelles Constitutions”, affirme Loïc Le Pape, au sujet des non-jeûneurs. Spécialiste de la Gestion publique du religieux et maître de conférence à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, il estime que “le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), né sur les réseaux sociaux, (…) a mis le feu aux poudres” en organisant un “dé-jeûner en septembre 2009 dans la forêt de Mohammedia, une ville située entre Rabat et Casablanca”.
Pression sociale de plus en plus forte
En Tunisie, les militants en appellent à la Constitution adoptée en janvier 2014 par l’Assemblée constituante, qui garantit la liberté de conscience, et à l’absence de législation spécifique sur le respect du jeûne. Juridiquement, “rien n’oblige un musulman à jeûner lors du mois de ramadan”, explique Loïc Le Pape. Ne pouvant s’appuyer sur la Constitution, le juge qui a condamné les quatre jeunes Bizertins a ainsi invoqué un article du code pénal qui sanctionne l’atteinte “aux bonnes mœurs ou à la morale publique”.
“On voit (…) depuis des années une pression sociale de plus en plus forte sur les non-jeûneurs, la fermeture des cafés et restaurants dans la journée et des pressions sur ceux qui restent ouverts”, poursuit Loïc Le Pape. S’il est plus facile de ne pas jeûner en Tunisie que dans la plupart des pays arabes, manger ou boire en public pendant le ramadan reste mal vu. La quasi-totalité des cafés et restaurants restent fermés tout au long du mois. Les magasins et les bars ont l’interdiction de vendre de l’alcool.
Malgré la pression sociale, les non-croyants, ou ceux qui ne peuvent pas jeûner, cherchent malgré tout où ils peuvent manger ou prendre un café dans la journée. Tout s’organise via les réseaux sociaux. Parmi les initiatives développées en ce sens, le groupe Facebook, “Fater” [ceux qui ne jeûnent pas, ndlr]. Les membres y partagent leurs adresses de cafés et de restaurants qui servent à manger et à boire avant la rupture du jeûne.
Cath