Le meurtre fondateur de la civilisation humaine : Caïn/Abel
Posté : 01 janv.20, 03:15
Texte de référence : « Je vois Satan tomber comme l’éclair » - René Girard
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Dans son Evangile Mathieu dit qu’il existe des « meurtres de prophètes depuis la fondation des mondes » et Luc précise « depuis Abel le Juste ».
Et en effet Abel fut la premier victime d’un meurtre, le premier mort de mort non naturelle de l’histoire. Il n’a suffi que deux générations aux hommes pour que l’un d’eux ait eu l’envie irrépressible de supprimer son prochain. Par-dessus le marché il s’agit de deux frères, de deux « mêmes » donc, mais là n’est pas le sujet.
Ce qui nous importe ici, c’est qu’à la suite de ce meurtre la première culture est fondée, dit René Girard. Comment ? Par l’instauration d’une culture rituelle et non vengeresse.
Que dit Caïn après son acte ? « Maintenant que j’ai tué mon frère, le premier venu me tuera ». Ce à quoi Dieu répond : « Si quelqu’un tue Caïn, on le vengera 7 fois ».
Par ces mots, Dieu promulgue, ni plus ni moins, la première loi contre le meurtre. Il s’agit d’une loi de nature rituelle, sacrificielle, une cérémonie à laquelle la communauté entière participe « On le vengera ». On = le groupe. Cela s’appelle un meurtre collectif qui devient fondateur par l’intermédiaire de répétitions rituelles.
« Le signe de Caïn est le signe de la civilisation, c’est le signe du meurtre protégé par Dieu ».
Matthieu et Luc l’ont bien spécifié, le meurtre existe depuis la fondation du monde. Ils suggèrent ainsi que le meurtre a un caractère fondateur.
Dans son Evangile Jean : 8, 44 dit « Il [le Diable] a été homicide dès le commencement ». Le commencement se réfère encore ici à la 1ère culture humaine, il s’agit de la fondation de la civilisation humaine. Le Diable n’est autre que la personnification du mauvais mimétisme, celui qui entraîne les hommes au désordre, aux conflits et à la violence. Le Diable ou Satan est celui par qui le scandale arrive. Celui-là dont Jésus nous demande de nous méfier. Le scandale = le désordre et la division.
Marc 3, 24-26 « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister. Et si une maison ses divisée contre elle-même cette maison ne pourra se maintenir. Si Satan s’est jeté contre lui-même et s’est divisé, il ne peut pas tenir, il est fini. »
Car le paradoxe de Satan c’est qu’il est autant un principe fondamental de désordre que d’ordre. Le désordre arrivé à son paroxysme par suite des rivalités entre les hommes ne peut lui-même tenir, il déclenche alors un mécanisme victimaire. Il s’agit en général du sacrifice d’une personne innocente qui rétablir le calme. La Passion du Christ participe de ce mécanisme. Caïphe dit « Il est préférable qu’un seul homme meure pour le peuple et que l’ensemble de la nation ne périsse pas » Jean 11,50c. Pilate voyant la fureur du peuple se résous lui aussi, pour ramener la paix, à sacrifier quelqu’un qui à première vu ne mérite pas de mourir.
Afin d’empêcher la destruction de son royaume, Satan fait de son désordre même, à son paroxysme, un moyen de s’expulser lui-même.
Matthieu 12, 26 « Or, si Satan expulse Satan, il s’est divisé contre lui-même : dès lors, comment son royaume se maintiendra-t-il ? »
« C’est ce pouvoir extraordinaire qui fait de Satan le prince de ce monde. »
Pour René Girard donc, Satan est bien le maître de la culture humaine qui n’a d’autre origine que le meurtre de Caïn. Cela veut dire en clair et de façon générale que toute culture humaine a à son origine un premier meurtre collectif.
La Bible dans son récit des origines du monde ne diffère en rien de ce que racontent tous les mythes et légendes : quand une culture apparaît c’est par ce même type de meurtre qu’elle commence.
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Dans son Evangile Mathieu dit qu’il existe des « meurtres de prophètes depuis la fondation des mondes » et Luc précise « depuis Abel le Juste ».
Et en effet Abel fut la premier victime d’un meurtre, le premier mort de mort non naturelle de l’histoire. Il n’a suffi que deux générations aux hommes pour que l’un d’eux ait eu l’envie irrépressible de supprimer son prochain. Par-dessus le marché il s’agit de deux frères, de deux « mêmes » donc, mais là n’est pas le sujet.
Ce qui nous importe ici, c’est qu’à la suite de ce meurtre la première culture est fondée, dit René Girard. Comment ? Par l’instauration d’une culture rituelle et non vengeresse.
Que dit Caïn après son acte ? « Maintenant que j’ai tué mon frère, le premier venu me tuera ». Ce à quoi Dieu répond : « Si quelqu’un tue Caïn, on le vengera 7 fois ».
Par ces mots, Dieu promulgue, ni plus ni moins, la première loi contre le meurtre. Il s’agit d’une loi de nature rituelle, sacrificielle, une cérémonie à laquelle la communauté entière participe « On le vengera ». On = le groupe. Cela s’appelle un meurtre collectif qui devient fondateur par l’intermédiaire de répétitions rituelles.
« Le signe de Caïn est le signe de la civilisation, c’est le signe du meurtre protégé par Dieu ».
Matthieu et Luc l’ont bien spécifié, le meurtre existe depuis la fondation du monde. Ils suggèrent ainsi que le meurtre a un caractère fondateur.
Dans son Evangile Jean : 8, 44 dit « Il [le Diable] a été homicide dès le commencement ». Le commencement se réfère encore ici à la 1ère culture humaine, il s’agit de la fondation de la civilisation humaine. Le Diable n’est autre que la personnification du mauvais mimétisme, celui qui entraîne les hommes au désordre, aux conflits et à la violence. Le Diable ou Satan est celui par qui le scandale arrive. Celui-là dont Jésus nous demande de nous méfier. Le scandale = le désordre et la division.
Marc 3, 24-26 « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister. Et si une maison ses divisée contre elle-même cette maison ne pourra se maintenir. Si Satan s’est jeté contre lui-même et s’est divisé, il ne peut pas tenir, il est fini. »
Car le paradoxe de Satan c’est qu’il est autant un principe fondamental de désordre que d’ordre. Le désordre arrivé à son paroxysme par suite des rivalités entre les hommes ne peut lui-même tenir, il déclenche alors un mécanisme victimaire. Il s’agit en général du sacrifice d’une personne innocente qui rétablir le calme. La Passion du Christ participe de ce mécanisme. Caïphe dit « Il est préférable qu’un seul homme meure pour le peuple et que l’ensemble de la nation ne périsse pas » Jean 11,50c. Pilate voyant la fureur du peuple se résous lui aussi, pour ramener la paix, à sacrifier quelqu’un qui à première vu ne mérite pas de mourir.
Afin d’empêcher la destruction de son royaume, Satan fait de son désordre même, à son paroxysme, un moyen de s’expulser lui-même.
Matthieu 12, 26 « Or, si Satan expulse Satan, il s’est divisé contre lui-même : dès lors, comment son royaume se maintiendra-t-il ? »
« C’est ce pouvoir extraordinaire qui fait de Satan le prince de ce monde. »
Pour René Girard donc, Satan est bien le maître de la culture humaine qui n’a d’autre origine que le meurtre de Caïn. Cela veut dire en clair et de façon générale que toute culture humaine a à son origine un premier meurtre collectif.
La Bible dans son récit des origines du monde ne diffère en rien de ce que racontent tous les mythes et légendes : quand une culture apparaît c’est par ce même type de meurtre qu’elle commence.