la résurrection des corps: étude biblique et historique.

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agecanonix

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la résurrection des corps: étude biblique et historique.

Ecrit le 11 avr.24, 20:55

Message par agecanonix »

Je vais alimenter ici une réflexion sur le thème de la résurrection pour vérifier si la bible enseigne ou non une résurrection des corps pour tous les chrétiens, qu'ils soient élus ou autres brebis.

Tant que je n'aurais pas mené à terme cette étude, je ne répondrais pas aux questions que certains ne manqueront pas de poser.

L'objectif est double puisqu'il va s'agir de comprendre s'il n'y aurait pas deux sortes de résurrections puisque la bible enseigne deux espérances, une sur la terre et l'autre au ciel.

Posons d'abord les faits: le NT utilise 42 fois le mot résurrection. Et jamais nous ne trouvons l'expression "résurrection du (ou des) corps".
Il faut donc dans un premier temps constater cette particularité.

Que signifie, chez ceux qui y croient, cette résurrection des corps?
  • Pour certains cette doctrine enseigne que Dieu va ressusciter et donc reconstruire le corps de ceux qui sont morts. Mais attention à la nuance, pas un nouveau corps, mais celui qui est mort, avec les mêmes atomes.
Cela est différent d'une autre définition de la résurrection corporelle qui veut que Dieu redonne un nouveau corps, physique ou spirituel, à ceux qu'il ressuscite et non pas le corps initial qui a été décomposé et dont les atomes se trouvent dispersés à tous les vents depuis des milliers d'années pour certains.

Commençons par un constat historique : la doctrine de l'immortalité de l'âme n'est pas biblique et n'était pas admise au 1er siècle.
    • En 1531, William Tyndale répond à Thomas More qui a critiqué sa traduction de la Bible en anglais vernaculaire : « En les faisant aller au ciel, en enfer ou au purgatoire, vous réduisez à néant les arguments avancés par le Christ et Paul pour prouver la résurrection.»


    Oscar Cullmann: Immortalité de l'âme ou résurrection des morts ? - Le témoignage du Nouveau Testament, Neuchâtel - Paris : Delachaux & Niestlé, 1956
    • « Posez à un chrétien, protestant ou catholique, intellectuel ou non, la question suivante : qu’enseigne le Nouveau Testament sur le sort individuel de l’homme après la mort, à très peu d’exceptions près vous aurez toujours la même réponse : l’immortalité de l’âme. (…) Cette opinion, quelque répandue qu’elle soit, est un des plus graves malentendus concernant le christianisme. ”43“ Il existe une différence radicale entre l’attente chrétienne de la résurrection des morts et la croyance grecque à l’immortalité de l’âme. […] Le fait que le christianisme ultérieur ait établi, plus tard, un lien entre les deux croyances et que le chrétien moyen les confonde aujourd’hui purement et simplement, n’a pas pu nous inciter à nous taire sur ce qu’avec la grande majorité des exégètes nous considérons comme la vérité. […] Toute la vie et toute la pensée du Nouveau Testament [sont] dominées par la foi en la résurrection. […] L’homme entier, qui est réellement mort, est rappelé à la vie par un nouvel acte créateur de Dieu”44.

    Le théologien Philippe-Henri Menoud : Le sort des trépassés d’après le Nouveau Testament, Neuchâtel - Paris : Delachaux & Niestlé, 1945.
    • « L’idée de l’immortalité de l’âme et la foi en la résurrection des morts ne sont pas deux affirmations plus ou moins équivalentes […] Ce sont, au contraire, deux conceptions situées sur deux plans totalement différents et entre lesquelles il faut choisir. L’espérance chrétienne n’a pas son point d’appui dans la croyance en l’immortalité de l’âme humaine. Le Nouveau Testament ne fait pas la moindre allusion à cette théorie. [Ce dernier] n’enseigne pas, à la manière de la philosophie grecque, l’immortalité naturelle de l’âme humaine, comme s’il suffisait d’être délivré du corps pour vivre éternellement45.
    Jacques Ellul interviewé par le journal SDT, n° 503, Vie et Santé, mai 1985
    • « il y a eu une contamination par la pensée grecque, concernant l’immortalité de l’âme. Dans la pensée juive, la mort est totale. Juive ou chrétienne, de toute façon, puisque les deux Testaments de la Bible ne s’opposent pas du tout. Il n’y a pas d’âme immortelle. Il n’y a pas de division entre le corps et l’âme. Il n’y a, à la mort, aucune séparation entre ces deux choses. L’âme est mortelle, parce que le corps l’est. Mais il y a résurrection. […] Or la philosophie grecque va faire pénétrer cette notion d’âme immortelle chez les théologiens. Puis, comme c’était une croyance répandue dans les religions populaires, elle va être intégrée au christianisme. Mais c’est une perversion totale par rapport à la pensée biblique46.

    Richard Lehmann, docteur ès sciences religieuses: « La nature de l’homme et la résurrection », Spes Christiana, Vol. 21, Theologische Hochschule Friedensau, 2010, p. 68-70.
    • "Tous les théologiens sont d’accord (pour une fois), pour reconnaître que la croyance selon laquelle l’homme serait formé d’un corps mortel et d’une âme immortelle n’est pas biblique, mais qu’elle relève de la philosophie platonicienne qui s’est infiltrée dans la pensée chrétienne dès les premiers siècles et que Saint Augustin a systématisée. […] Si l’âme est immortelle et se réincarne ou s’envole au paradis ou en enfer, la foi en la résurrection des morts n’a aucun sens, celle de Jésus non plus, et l’espérance chrétienne n’est qu’une utopie"47.
Cela a le mérite d'être clair.

Voyons comment Paul en parle en 1 Cor 15 des versets 12 à 34.
  • Maintenant, si nous prêchons que Christ a été relevé d’entre les morts, comment se fait-il que certains parmi vous disent qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? 13 Si vraiment il n’y a pas de résurrection des morts, alors Christ n’a pas été ressuscité. 14 Et si Christ n’a pas été ressuscité, notre prédication est inutile, et notre foi aussi est inutile. 15 Et il se trouve même que nous sommes de faux témoins de Dieu, puisque, si les morts ne doivent pas être ressuscités, nous faisons un faux témoignage contre Dieu en disant qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité. 16 Donc, si les morts ne doivent pas être ressuscités, Christ non plus n’a pas été ressuscité. 17 Et si Christ n’a pas été ressuscité, votre foi est inutile ; vous restez dans vos péchés. 18 Quant à ceux qui se sont endormis dans la mort en union avec Christ, ils ont disparu pour toujours. 19 Si c’est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir en Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.
    20 Mais Christ a bien été relevé d’entre les morts, les prémices de ceux qui se sont endormis dans la mort. 21 Étant donné que la mort est venue par un homme, la résurrection des morts vient aussi par un homme. 22 En effet, de même qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront ramenés à la vie. 23 Mais chacun selon cet ordre : comme prémices, Christ, ensuite ceux qui appartiennent au Christ durant sa présence. 24 Puis, à la fin, il remettra le Royaume à son Dieu et Père après avoir réduit à rien tout gouvernement et tout pouvoir et puissance. 25 Il faut en effet qu’il règne jusqu’à ce que Dieu ait mis tout ennemi sous ses pieds. 26 Et le dernier ennemi, la mort, sera réduit à rien. 27 Car Dieu « a soumis toutes choses sous ses pieds ». Mais lorsqu’il est dit que toutes choses ont été soumises, il est évident que cela n’inclut pas Celui qui lui a soumis toutes choses. 28 Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra aussi à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout pour tous.
    29 Autrement, que feront-ils, ceux qui sont en train d’être baptisés pour être des morts ? Si vraiment les morts ne doivent pas être ressuscités, pourquoi aussi sont-ils en train d’être baptisés pour être des morts ? 30 Et pourquoi nous mettons-nous en danger constamment ? 31 Chaque jour je risque la mort. Et cela, mes frères, est aussi vrai que les raisons que j’ai d’être fier de vous en Christ Jésus notre Seigneur. 32 Si, comme d’autres hommes, j’ai combattu contre des bêtes sauvages à Éphèse, à quoi cela me sert-il ? Si les morts ne doivent pas être ressuscités, « mangeons et buvons, car demain il nous faudra mourir ». 33 Ne vous laissez pas tromper. Les mauvaises fréquentations font perdre les bonnes habitudes. 34 Revenez à la raison en faisant ce qui est juste et ne pratiquez pas le péché, car certains d’entre vous ne connaissent pas Dieu. Je parle ainsi pour vous faire honte
Paul a un problème, des chrétiens ne croient pas à la résurrection (verset 12).

Paul va donc argumenter car c'est bien par la logique qu'il va répondre à la question posée. Il va d'abord établir un constat : si la résurrection est impossible, alors Jésus aussi n'a pas été ressuscité. versets 13, 16 et 20..

Puis Paul va s'appuyer sur cette constatation pour en décliner toutes les conséquences. Les voici :
  • 1) nous prêchons pour rien et notre foi est inutile.
    2) nous sommes des faux témoins puisque nous enseignons la résurrection.
    3) les chrétiens déjà morts, le resteront pour toujours.
    4) notre foi en Jésus n'aura existé que dans la vie qui est la nôtre.
    5) ceux qui prennent le baptême finiront par mourir avec rien après.
    6) nous prenons tous les risques pour finalement mourir comme tout le monde.
    7) profitons sans limite de notre vie actuelle, ce sera la seule.
Vous aurez remarqué que Paul n'emploi pas une seule fois le mot âme, ce qui est incompréhensible si cette âme constitue l'élément indispensable à la résurrection.

Cela va même plus loin. Pour Paul, et il le dit clairement, il n'y aura pas de vie après la mort sans la résurrection.

Or Paul se tromperait s'il pensait que l'âme d'un individu ne meurt jamais car dans ce cas, la survie de cette âme donnerait un espoir et un avenir aux morts. Paul n'y croit pas. Pour lui, c'est la résurrection ou le chaos définitif.

La question qui nous occupe maintenant consiste à savoir comment sera le corps des ressuscités.

Et là se pose une première question : de quels ressuscités parlons nous puisqu'il y aura deux résurrections.

Et, Paul, Jean et Jésus en témoignent.

Paul en 1 Cor 15: 21 à 28 nous apprend ceci :
  • Mais Christ a bien été relevé d’entre les morts, les prémices de ceux qui se sont endormis dans la mort. 21 Étant donné que la mort est venue par un homme, la résurrection des morts vient aussi par un homme. 22 En effet, de même qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront ramenés à la vie. 23 Mais chacun selon cet ordre : comme prémices, Christ, ensuite ceux qui appartiennent au Christ durant sa présence. 24 Puis, à la fin, il remettra le Royaume à son Dieu et Père après avoir réduit à rien tout gouvernement et tout pouvoir et puissance. 25 Il faut en effet qu’il règne jusqu’à ce que Dieu ait mis tout ennemi sous ses pieds. 26 Et le dernier ennemi, la mort, sera réduit à rien. 27 Car Dieu « a soumis toutes choses sous ses pieds ». Mais lorsqu’il est dit que toutes choses ont été soumises, il est évident que cela n’inclut pas Celui qui lui a soumis toutes choses. 28 Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra aussi à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout pour tous.
Résumons les idées le plus précisément possible.
  • 1) Jésus est le premier (prémices) de tous ceux qui sont morts à avoir été ressuscité.

    2) La mort est venue par un homme (Adam) , la résurrection viendra aussi par un homme (Jésus)..

    3) mais il y aura un ordre chronologique pour toutes ces résurrections.
    • 1) d'abord Jésus, le premier donc (prémices)
      2) ensuite ceux qui appartiennent à Jésus.
      3) et à la fin, quand il remettra le royaume à Dieu après avoir soumis les humains (gouvernement, pouvoir et puissance)
      • a) son règne en effet doit tout soumettre sous ses pieds.
        b) son dernier ennemi sera la mort qui disparaîtra.
Sachant que ceux qui ressuscitent en seconde position chronologique, sont définis comme ceux qui appartiennent à Jésus, et que cette expression désigne en 1 Thess 4 les chrétiens qui ressusciteront quand Jésus commencera sa parousie, et donc son règne, la question qui se pose logiquement est de savoir pour quelle raison la mort est vaincue à la fin de ce règne.

Vaincre la mort, c'est vaincre sa cause, le péché, c'est aussi le faire pour des individus qui mourraient encore sans cette victoire.
Or, cette victoire ne peut plus concerner ceux qui appartiennent au Christ qui ressuscitent immortels.
--
Nous savons donc pour quelle raison Paul a écrit qu'à la fin il y aurait une autre résurrection. Car ressusciter c'est vaincre la mort.

L'apôtre Jean, en Révélation, va aussi aller dans le sens de Paul concernant la chronologie et la qualité des résurrections.

Nous lisons en Révélation 20.
  • Et j’ai vu des trônes, et ceux qui se sont assis dessus ont reçu le pouvoir de juger. Oui, j’ai vu les âmes de ceux qui ont été exécutés pour avoir rendu témoignage au sujet de Jésus et pour avoir parlé de Dieu, ainsi que ceux qui n’avaient adoré ni la bête sauvage ni son image et qui n’avaient pas reçu la marque sur le front ou sur la main. Et ils ont pris vie et ont régné avec le Christ pendant 1 000 ans. 5 (Les autres morts n’ont pas pris vie avant la fin des 1 000 ans.) C’est là la première résurrection. 6 Heureux et saints tous ceux qui ont part à la première résurrection ; sur eux, la deuxième mort n’a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant les 1 000 ans (...)
    Et j’ai vu un grand trône blanc et Celui qui était assis dessus. La terre et le ciel se sont enfuis devant lui, et il n’y a plus eu de place pour eux. 12 Et j’ai vu les morts, les grands et les petits, qui se tenaient debout devant le trône, et on a ouvert des rouleaux. Puis on a ouvert un autre rouleau ; c’est le rouleau de vie. Les morts ont été jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les rouleaux, selon leurs actions. 13 Et la mer a rendu les morts qui se trouvaient en elle, et la mort et la Tombe ont rendu les morts qui se trouvaient en elles, et ils ont été jugés, chacun selon ses actions. 14 Et la mort et la Tombe ont été jetées dans le lac de feu. Le lac de feu représente la deuxième mort. 15 Et tous ceux dont le nom n’était pas écrit dans le livre de vie ont été jetés dans le lac de feu
Résumons le plus précisément possible.
  • Avant le commencement du règne de Jésus de 1000 ans, ceux qui vont devenir rois, juges et prêtres avec Jésus dans son royaume, ressuscitent. Ils gouverneront la terre. Rév 5:9-10.

    Leur résurrection est différente de celle qui concernera les autres morts puisque ces élus, appelés "saints" dans le texte, sont immédiatement immortels, à l'abri de la seconde mort.

    L'autre résurrection conduit à un jugement à la fin des 1000 ans ou les autres morts, justes ou injustes, sont jugés et obtiennent soit la vie éternelle, soit la mort éternelle ou seconde mort.

    Nous retrouvons exactement la même chronologie que Paul avec une résurrection au début ou juste avant le règne de Jésus et la mort qui disparaît après la résurrection et le jugement d'autres morts, différents des saints.
Paul et Jean sont donc complètement d'accord sur ces 2 résurrections dont l'une rend immédiatement immortel à la différence de l'autre.

Deux raisons peuvent expliquer ces différences et l'un d'elle concerne probablement la nature des corps accordés aux saints qui doivent vivre au ciel avec Jésus dans des corps spirituels , ce qui en fait des esprits comme les anges. C'est d'ailleurs ce qu'expliquait Jésus lorsque, discutant de la résurrection avec des chrétiens élus, ou saints, il leur a dit qu'à la résurrection ils seraient comme les anges, qui, eux mêmes sont des esprits.

Alors ! Quels corps ?

Paul a dédié 23 versets , en 1 Cor 15, à répondre aux deux questions suivantes : Comment les morts doivent-ils être ressuscités ? Oui, avec quelle sorte de corps reviennent-ils ?

Nous allons les étudier le plus finement possible: par exemple, pour éviter d'être trompé par une traduction approximative, nous allons utiliser le texte grec d'origine pour vérifier le sens réel de tous les mots utilisés par Paul et éliminer les erreurs volontaires, ou non, des traductions modernes. Voici la traduction interlinéaire que nous allons étudier. https://www.lueur.org/bible/1corinthien ... ond-strong

Parlons de la méthode de Paul. L'apôtre a eu besoin de 23 versets et d'une argumentation progressive pour expliquer à des chrétiens élus ce que sera leur corps lorsqu'ils ressusciteront. Alors évitons d'isoler un seul verset pour tenter de faire mieux et plus vite que lui.
Nous ne sommes ni plus qualifiés, ni plus autorisé que Paul pour porter cette démonstration, et s'il a eu besoin de 23 versets, c'est qu'ils sont tous nécessaires et indispensables à la réponse qu'il apporte.

Evitons aussi de donner un sens moderne aux mots et expressions utilisés par Paul. C'est le plus gros risque que l'on puisse prendre quand on essaie de traduire un texte du passé, car le sens des mots a évolué depuis.

Un exemple : la tradition née au III et IV siècle donne à l'expression "corps spirituel", un sens mi- physique, mi- spirituel parce que c'est le dogme de beaucoup de religions chrétiennes de l'époque. Seulement, avant de l'accepter, il faut contrôler le fait que cette définition était bien celle du 1er siècle. Ne pas effectuer cette vérification reviendrait à tomber dans le piège expliqué plus avant et qui va consister à affirmer : puisque pour moi (sous entendu ma religion), un corps spirituel est un corps humain surdéveloppé, doté de pouvoir infini ou presque, alors Paul est d'accord avec moi, je n'ai pas besoin des 22 autres versets et le seul que je veux lire de son explication, c'est le verset 44.

Il nous faut donc d'abord accepter l'idée que Paul pouvait penser à autre chose quand il a parlé d'un corps spirituel et que l'examen des 22 autres versets devrait nous y aider.

Autre précaution à prendre : il faut se méfier des explications qui ajoutent un ou plusieurs mots à l'explication de Paul et se dire que si Paul ne les a pas utilisées, c'est qu'ils étaient inutiles pour sa démonstration.

Voici le texte brut
  • Mais 235 quelqu'un 5100 dira 2046 5692: Comment 4459 les morts 3498 ressuscitent-ils 1453 5743, et 1161 avec quel 4169 corps 4983 reviennent-ils 2064 5736? 36 Insensé 878! ce que 3739 tu 4771 sèmes 4687 5719 ne reprend 2227 point 3756 vie 2227 5743, s 3362'il ne meurt 599 5632. 37 Et 2532 ce que 3739 tu sèmes 4687 5719, ce n'est pas 3756 le corps 4983 4687 5719 qui naîtra 1096 5697; 235 c'est un simple 1131 grain 2848, 1487 de blé 4621 peut-être 5177 5630, ou 2228 de quelque 5100 autre 3062 semence; 38 puis 1161 Dieu 2316 lui 846 donne 1325 5719 un corps 4983 comme 2531 il lui plaît 2309 5656, et 2532 à chaque 1538 semence 4690 il donne un corps 4983 qui lui est propre 2398. 39 Toute 3956 chair 4561 n'est pas 3756 la même 846 chair 4561; mais 235 3303 autre 243 est la chair 4561 des hommes 444, 1161 autre 243 4561 celle des quadrupèdes 2934, 1161 autre 243 celle des oiseaux 4421, 1161 autre 243 celle des poissons 2486. 40 Il y a aussi 2532 des corps 4983 célestes 2032 et 2532 des corps 4983 terrestres 1919; mais 235 3303 autre 2087 est l'éclat 1391 des corps célestes 2032, 1161 autre 2087 celui des corps terrestres 1919. 41 Autre 243 est l'éclat 1391 du soleil 2246, 2532 autre 243 l'éclat 1391 de la lune 4582, et 2532 autre 243 l'éclat 1391 des étoiles 792; même 1063 une étoile 792 diffère 1308 5719 en 1722 éclat 1391 d'une autre étoile 792. 42 Ainsi 3779 2532 en est-il de la résurrection 386 des morts 3498. Le corps est semé 4687 5743 corruptible 1722 5356; il ressuscite 1453 5743 incorruptible 1722 861; 43 il est semé 4687 5743 méprisable 1722 819, il ressuscite 1453 5743 glorieux 1722 1391; il est semé 4687 5743 infirme 1722 769, il ressuscite 1453 5743 plein de force 1722 1411; 44 il est semé 4687 5743 corps 4983 animal 5591, il ressuscite 1453 5743 corps 4983 spirituel 4152. S'il y a 2076 5748 un corps 4983 animal 5591, 2532 il y a 2076 5748 aussi un corps 4983 spirituel 4152. 45 2532 C'est pourquoi 3779 il est écrit 1125 5769: Le premier 4413 homme 444, Adam 76, devint 1096 5633 1519 une âme 5590 vivante 2198 5723. Le dernier 2078 Adam 76 est devenu 1519 un esprit 4151 vivifiant 2227 5723. 46 Mais 235 ce qui est spirituel 4152 n'est pas 3756 le premier 4412, 235 c'est ce qui est animal 5591; ce qui est spirituel 4152 vient ensuite 1899. 47 Le premier 4413 homme 444, tiré de 1537 la terre 1093, est terrestre 5517; le second 1208 homme 444 est du 1537 ciel 3772. 48 Tel 3634 est le terrestre 5517, tels 5108 sont aussi 2532 les terrestres 5517; et 2532 tel 3634 est le céleste 2032, tels 5108 sont aussi 2532 les célestes 2032. 49 Et 2532 de même 2531 que nous avons porté 5409 5656 l'image 1504 du terrestre 5517, nous porterons 5409 5692 aussi 2532 l'image 1504 du céleste 2032. 50 1161 Ce 5124 que je dis 5346 5748, frères 80, c'est que 3754 la chair 4561 et 2532 le sang 129 ne peuvent 3756 1410 5736 hériter 2816 5658 le royaume 932 de Dieu 2316, et 3761 que la corruption 5356 n'hérite 2816 5719 pas 3761 l'incorruptibilité 861.
Mode d'emploi:

Chaque mot est suivi d'un nombre, par exemple le premier mot du texte , "mais", est suivi du nombre 235 qui est sa référence dans le lexique grec "strong". Voici la fiche de la référence 235: https://www.lueur.org/bible/strong/alla-g235.

Il faut savoir qu'une traduction interlinéaire est systématiquement plus directe qu'une autre traduction. Elle va à l'essentiel sans soucis de l'esthétisme du texte, elle traduit au sens le plus direct chaque mot.

Il est donc assez facile de contrôler une traduction en se référant au lexique strong.

Voyons le 1er verset : Mais quelqu'un dira: Comment les morts ressuscitent ils, et avec quel corps reviennent ils ?

Comme vous le constatez, nous sommes bien dans le thème et, selon toute logique, à la fin de l'explication de Paul, nous aurons la réponse. Voici cette fin : Ce que je dis , frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité.

Voila qui élimine de facto une hypothèse : les corps des futurs ressuscités n'auront ni chair, ni sang. Soyons précis : si nous retirons d'un corps humains toute sa chair et tout son sang, que reste t'il ? Les os ? Nous verrons un peu plus loin que Jésus a également dit qu'un être spirituel n'avait pas non plus d'os.

Plaçons maintenant cote à cote la question initiale et la réponse finale :
  • Comment les morts ressuscitent ils, et avec quel corps reviennent ils ? (...) Ce que je dis , frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité.
Mais n'allons pas trop vite et ne tombons pas dans le travers que je dénonçais plus haut: étudions toute la démonstration de Paul et comprenons comment il en arrive à cette conclusion.

Cette méthode est efficace car savoir où l'on va permet de comprendre par quel chemin explicatif et démonstratif nous emmène Paul, cela évitera de nous perdre en route.

Paul commence ainsi : Insensé ce que tu sèmes ne reprend point vie , s'il ne meurt. 37 Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui naîtra; c'est un simple grain, de blé peut-être, ou de quelque autre semence; puis Dieu lui donne un corps comme il lui plaît, et à chaque semence il donne un corps qui lui est propre.

Eliminons une hypothèse : Paul ne parle pas ici de l'âme immortelle puisque d'une part nous avons déjà vu qu'il n'y croyait pas, et d'autre part parce qu'il dit expressément dans ce texte que ce qui est semé doit mourir pour être ressuscité. Si le grain nu était l'âme, elle ne serait, selon Paul, pas du tout immortelle.

Que reste t'il à un humain s'il n'a pas d'âme immortelle ? Son corps ! Cherchez bien, il n'y a rien d'autre.

Et c'est bien ce que dit Paul : ce que tu sèmes, le grain nu, ton corps humain, doit mourir, et ce n'est pas le corps qui naitra puisque Dieu peut faire naître un corps comme il lui plait.

Certains ne veulent comprendre que cette phrase ci: Insensé ce que tu sèmes ne reprend point vie , s'il ne meurt., oubliant la leçon qui suit : ce que tu sèmes n'est pas le corps qui naitra.

Alors qu'en comprenant que ce qui est semé est le corps humain qui est mort, nous avons la réponse suivante de Paul :
Comment les morts ressuscitent ils, et avec quel corps reviennent ils ?(...) le corps humain qui est mort n'est pas le corps qui naitra.

Ce qui correspond parfaitement à la réponse finale de Paul :
Comment les morts ressuscitent ils, et avec quel corps reviennent ils ? (...) Ce que je dis , frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité.

Voyons la suite :
  • et à chaque semence il donne un corps qui lui est propre. 39 Toute chair n'est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes, autre celle des quadrupèdes, autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. 40 Il y a aussi des corps célestes, et des corps terrestres; mais autre est l'éclat des corps célestes, autre celui des corps terrestres. 41 Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et autre l'éclat des étoiles; même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile.
Paul est ici dans la suite de ce qu'il vient de dire à savoir que le corps semé qui est mort n'est pas celui qui sera ressuscité.

Et pour illustrer ce qu'il vient d'expliquer, Paul entre dans une démonstration qui établit qu'il existe au monde, tant dans le vivant que dans l'inanimé, des corps différents.

La référence aux astres élimine l'idée que Paul soit entré ici dans une explication sur le vivant, sa seule préoccupation semble être uniquement le fait qu'il souhaite que ses lecteurs admettent qu'il existe d'autres corps que celui des humains.

Si nous reprenons notre résumé où nous l'avons laissé en y ajoutant ce que Paul nous a dit, cela nous donne :
  • Comment les morts ressuscitent ils, et avec quel corps reviennent ils ?(...) le corps humain qui est mort n'est pas le corps qui naitra. Ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'il existe des quantités de corps différents dans des domaines variés.
La suite est donc logique :
  • Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé corruptible; il ressuscite incorruptible; 43 il est semé méprisable, il ressuscite glorieux; il est semé infirme, il ressuscite plein de force; 44 il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel.
Si vous maîtrisez normalement le français, vous savez que l'expression " ainsi en est-il " a pour but d'expliquer que la leçon des versets précédents va s'appliquer aux versets suivants : Paul va donc nous parler de la différence entre 2 corps.

Or que dit -il, en substance : tout comme les corps des animaux et les corps célestes comme les astres sont différents les uns de autres, ainsi en sera t'il à la résurrection des morts : le grain nu qui doit mourir, le corps humain, corruptible, méprisable, infirme, animal, n'est pas le corps spirituel, incorruptible, glorieux, plein de force, spirituel qui naîtra.

Un mot sur le mot grec traduit par "animal" ici, il a pour sens premier "naturel" et correspond donc bien au corps humain. D'ailleurs, comment pourrait il en être autrement avec les défauts que Paul lui attribue, corruptible, méprisable et infirme.
https://biblehub.com/greek/5591.htm

La suite permet maintenant à Paul de porter son argument le plus fort. Cette suite s'inscrit dans la construction de la phrase qui précède et qui dit, en substance, qu'il existe 2 corps différents, humain et spirituel, ce dernier étant bien meilleur. Paul ajoute :
  • S'il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel. 45 C'est pourquoi il est écrit: Le premier homme, Adam, devint une âme vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant.
Tout est dit, il suffit maintenant de tout comprendre avec la logique de Paul.

Par habitude, je sais que ceux qui ne comprennent pas ce texte font abstraction de tout ce que Paul a écrit et expliqué avec ces verset 44 et 45

Alors répétons le pour l'avoir à l'esprit dans notre lecture de ces 2 versets.

Paul a écrit précédemment : vous voulez savoir comment et dans quel corps vous ressusciterez ? Ton corps va mourir comme meurt un grain nu et ce qui ressuscitera ne sera pas le corps qui est mort. En effet, il existe beaucoup de corps différents dans le monde vivant ou inanimé, et Dieu donne les corps qu'il souhaite. C'est ainsi que ton corps humain (naturel) va mourir et que va naître ton nouveau corps spirituel.

Puis Paul ajoute qu'il est écrit qu'Adam était une âme vivante ou était devenu une âme vivante alors que Jésus, le second Adam est devenu un esprit, lui ajoutant un qualificatif : un esprit qui donne la vie.

Nous comprenons donc assez facilement que le corps humain faible, misérable, corruptible était celui d'Adam, et que le corps spirituel glorieux est celui de Jésus dont le texte dit qu'il est devenu un "esprit".

Beaucoup de chose à dire ici. Le mot humain n'est pas un synonyme du mot "corps", on est ainsi obligé de dire "corps humain" pour désigner celui d'un homme.
De même le mot "esprit" n'est pas synonyme du mot "corps" non plus, Paul, pour désigner le corps d'un esprit est obligé d'écrire "corps spirituel".

Donc quand Paul dit que Jésus est devenu un esprit, il explique simplement qu'il est devenu un être spirituel au même titre que Jean 4:24 nous apprend que Dieu est un esprit.

Nous dirons donc "corps humain" ou "corps naturel de l'homme" pour désigner nos corps sur terre, et nous dirons "corps spirituels" pour désigner le corps d'un esprit, celui de Jésus, celui de Dieu, ou celui des anges qui sont tous les esprits.

A ce stade, avez vous lu chez Paul que le corps humain va revivre pour les élus. Nous avons plutôt compris qu'il est comme un grain nu qui meurt, qui ne sera pas le nouveau corps, lequel sera beaucoup plus glorieux, incorruptible que l'ancien.

En utilisant l'image du grain nu, Paul n'ignorait pas qu'il meurt définitivement pour produire la nouvelle plante. Il le dit d'ailleurs. Cela élimine l'idée que Paul voulait nous expliquer que ce grain nu va revivre.

Dans la démonstration, le grain nu, le corps humain, qui meurt a rempli son rôle en mourant, il ne reviendra plus .
  • Mais ce qui est spirituel n'est pas le premier, c'est ce qui est animal; ce qui est spirituel vient ensuite. 47 Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre; le second homme est du ciel . 48 Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. 49 Et de même que nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste. 50 Ce que je dis, frères , c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité.
Nous avons ici la conclusion de Paul.

Il est toujours dans l'opposition entre l'"humain" et l'"esprit" puisqu'il vient de citer Adam et Jésus. Paul précise donc que le premier cité, Adam, tiré de la terre, référence à la création, est terrestre et que le second est céleste, il s'agit de Jésus.

Le mot "céleste" désigne donc, pour Paul, tous ceux qui vivent ou vivront au ciel.

Puis il indique que ce qu'il a dit sur un homme terrestre, Adam, est vrai pour tous ceux qui sont terrestres, et que ce qu'il a dit sur Jésus, est vrai aussi pour tous ceux qui sont célestes.

Cette phrase est importante : en disant que les célestes sont comme Jésus, des esprits, et en utilisant le présent, "tels sont les célestes", Paul ne parle pas des élus qui seront un jour des célestes, mais de ceux qui le sont déjà, comme les anges.

Ce n'est que dans la phrase suivante que Paul écrit que les élus seront un jour, eux aussi, des célestes..

Que vient donc de dire Paul ? Que les élus seront à l'image de Jésus, mais pas seulement, il a aussi dit qu'ils seront à l'image de tous ceux qui sont célestes, et donc des anges que la bible appelle aussi "esprits".

Si donc les ressuscités devaient avoir le corps humain qu'ils ont perdu à leur mort, ils ne pourraient pas être à l'image des autres célestes, qui, eux, n'ont jamais eu de corps humains puisqu'ils n'ont jamais vécu sur terre.

Vient ensuite, au final, ce que Paul vient de démontrer : Ce que je dis , frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité.

Il n'y a donc pas de corps humains, même boostés, au ciel pour les élus, mais des corps spirituels dont la nature est commune à tous les êtres célestes que Paul a appelé "des esprits", comme les anges ou Jésus.

Voyons le texte suivant 1 Cor 15:51-54.
  • 51 Écoutez ! Je vais vous dire un saint secret : nous ne nous endormirons pas tous dans la mort, mais tous nous serons changés,52 en un instant, en un clin d’œil, durant la sonnerie de la dernière trompette. Car la trompette sonnera, et les morts seront ressuscités impérissables, et nous serons changés.53 Il faut en effet que ce qui est périssable devienne impérissable, et que ce qui est mortel devienne immortel.54 Et quand ce qui est périssable deviendra impérissable, et que ce qui est mortel deviendra immortel, alors se réalisera ce qui est écrit : « La mort est engloutie pour toujours".
Paul nous apprend ici ce qu'il appelle un saint secret.

Il explique aux Corinthiens un élément chronologique. Il leur dit que tous les élus, qu'il nomme "nous", ne vivront pas de la même façon leur passage de la vie terrestre à la vie céleste et que certains, vivant au moment du rassemblement, n'auront pas à attendre la mort pour être changés directement comme esprits, abandonnant leur corps humain qui disparaîtra.

C'est le mot grec ἀλλαγησόμεθα qui est traduit par "changés" au verset 51. Pour en comprendre le sens, il suffit de lire Hébreux 1:12.

Ce texte se traduit ainsi : et tu les rouleras comme un manteau, comme un vêtement, et ils seront changés dans le sens remplacés car évidemment un manteau ou un vêtement n'évoluent pas mais se remplacent.

Car c'est bien le sens qui est donné à ce mot grec : remplacer ou échanger, et non pas changer par modification ou se transformer.

N'oublions pas la leçon de Paul : le grain nu doit mourir pour que naisse le nouveau corps et non pas évoluer ou se transformer.

D'ailleurs, et vous pouvez le vérifier, vous ne trouvez pas le mot "transformer" ou un équivalant dans tout ce texte de Paul.

J'ai déjà expliqué, au début de cette explication de 1 Cor 15, qu'il fallait juger et comprendre la réponse de Paul à la lumière de la question qu'il avait posée et qui était très claire : quelle sorte de corps à la résurrection pour ses interlocuteurs.

Et Paul a répondu : un corps sans chair et sans sang ! Voilà qui limite les réponses.

Attention au sens que donne Paul au mot corps puisqu'au verset 40 il dit : Il y a aussi des corps célestes, parlant des étoiles, indiquant que dans son explication, le mot "corps" se comprend aussi pour désigner des notions uniquement célestes.

Comme je l'ai dit plus haut, quand Paul utilise le mot corps, il faut voir le contexte puisque pour lui il existe des corps typiquement terrestres et, à côté de cela, d'autres corps typiquement célestes, sans aucun rapport entre les uns et les autres. Pour Paul, le mot corps indique la nature d'un individu et même d'un astre. Ainsi l'expression "corps spirituel" ne désigne pas une matérialité, mais une nature.

Répondons à une objection qui concerne le verset 44:

44 il est semé 4687 5743 corps 4983 animal 5591, il ressuscite 1453 5743 corps 4983 spirituel 4152.
  • Certains y voient une opposition entre un corps "psychique" (animé) et un corps "spirituel". Or, attention, la traduction interlinéaire traduit le mot grec ψυχικός par "animal" et non pas par animé.

    Voici les sens de ce mot ψυχικός:
    • de ou appartenant au souffle
      • a) ayant la nature et les caractéristiques du souffle
        le principe de la vie animale, ce que les hommes ont en commun avec les bêtes
        b) régi par le souffle
        la nature sensuelle soumise à l'appétit et la passion
    Quand Paul écrit le verset 44, il est déjà dans ce qu'il veut dire au verset 45, en fait il le prépare.
    • C'est pourquoi 3779 il est écrit 1125 5769: Le premier 4413 homme 444, Adam 76, devint 1096 5633 1519 une âme 5590 vivante 2198 5723. Le dernier 2078 Adam 76 est devenu 1519 un esprit 4151 vivifiant 2227 5723
    Nous avons ici un citation de Genèse 2:7 qu'il est utile de lire en entier.
    • Jéhovah Dieu forma alors l’homme avec de la poussière du sol, puis il souffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint une âme (ou littéralement une créature qui respire) .
    Ainsi, ce que Paul dit au verset 44, c'est que le corps humain est celui dont la vie est liée au souffle de vie, comme tous les corps physiques.

    La référence au souffle du grec ψυχικός ne concerne donc pas une notion psychique liée à la pensée, mais le sens originel du mot âme qui désigne le souffle. Hommes et animaux sont donc, au sens basique du mot âme, des "respirants" et donc parler au verset 44 du corps animal (dérivé du mot âme), c'est simplement parler du corps "respirant" et donc physique, des humains.

    Et nous retrouvons une illustration de ce que j'ai expliqué au début de cette explication : pour comprendre Paul, il faut utiliser les mots grecs avec le sens qu'ils avaient, pour les chrétiens, à son époque.
    Or, le mot âme n'avait pas le sens moderne que nous connaissons, sens qui est né entre le II et IV siècle quand la notion d'immortalité de l'âme est née. Le sens moderne de ce mot est grec et nous le devons à Platon, pas à la bible.

    Or remarquez que Paul cite la Genèse quand il écrit qu'Adam est devenu une âme, ou un respirant (ou une créature qui respire) . Et toujours dans ce contexte, il venait d'écrire en Genèse 1:24.
    • Puis Dieu dit : « Que la terre produise des âmes (ou des créatures qui respirent) selon leurs espèces : les animaux domestiques, les animaux rampants et les animaux sauvages de la terre, selon leurs espèces.
    Ainsi, l'histoire et le contexte nous permettent de comprendre le sens des mots "animal" et "âme" utilisés par Paul dans sa démonstration et d'être certain qu'il n'y est pas question de "psychisme"...

    En fait il est intéressant de constater que l'apostasie a réussi à modifier le sens d'un mot , l'hébreu, nèphèsh, traduit par le grec psucho, qui signifie "âme" pour s'auto démontrer elle-même.
Voici une autre objection qui ressemble à celle dont nous venons de parler.

Paul ne ferait qu'expliquer le contraste entre les forces qui habitent le (même) corps de part et d’autre de la mort: dans un cas la vie fragile, dans l’autre cas la force même de Dieu.

Or, au verset 45, Paul nous cite deux individus différents, Adam et Jésus. Il n'y a, à aucun moment, de transformation entre Adam et Jésus, mais deux parcours différents et opposés.

Jésus, même humain, était incorruptible, glorieux et puissant dans ses pensées, seul son corps humain était fragile. La force mentale de Jésus était strictement la même qu'il soit homme ou esprit. Ce n'est donc pas le psychisme qui est l'objet des explications de Paul, mais le physique.

Souvenez de la question à laquelle répond Paul : avec quel corps ? Et non pas, dans quel état psychique ?

Si telle avait été la volonté de Paul, il n'aurait pas cité Jésus comme exemple puisqu'au final, cet exemple serait un contre argument.

Conclusion.

J'ai lu certaines explications sur cette argumentation de Paul, explications qui sortent toutes du cadre de la question posée : quel corps à la résurrection ?

Pour apprécier une réponse comme celle de Paul, il faut comprendre la question et comprendre pour qui et par qui elle est posée.

Ici Paul répond à des chrétiens qui ont commencé par douter de la possibilité de ressusciter et qui ont besoin de renseignements basiques. Nous n'avons donc pas des théologiens émérites rompus à des discours compliqués, mais des chrétiens un peu perdus qui remettent en cause les fondamentaux.

Paul, qui ne croit pas en l'immortalité de l'âme, doit expliquer le plus simplement possible, puisque ses lecteurs en sont à douter de la base du Christianisme, dans quel type de corps se fera la résurrection des élus.

Les données sont simples : Paul va expliquer la nature de deux corps différents.
Notez qu'à aucun moment Paul ne dit que les 2 corps pourraient vivre en même temps, son discours est simple quand il nous donne deux renseignements : le premier corps doit d'abord mourir et ce qui naîtra de cette mort ne sera pas le corps qui est mort.

Rien que cette réponse indique que le corps futur ne sera pas le corps passé.

Dans le discussion qui s'ensuit, à aucune moment Paul ne suggère une transformation du corps ancien dans le but de devenir le corps nouveau. Au contraire, toute l'argumentation de Paul repose sur l'opposition entre l'ancien corps et le nouveau, et jamais sur la mutation de l'un vers l'autre.

Au même titre que la notion d'âme immortelle est absente de tout ce chapitre 15, de même la notion et le mot "transformation" ne s'y trouvent pas alors que ceux qui défendent cette idée sont incapables de l'exprimer sans utiliser ce mot.

Pour illustrer les différences énormes entre les corps humain et spirituel, Paul liste les limites de l'un et les compare aux qualités de l'autre, prenant les exemples d'Adam et de Jésus pour illustrer cette comparaison.

Adam avait donc un corps physique, plus fragile et Jésus, ressuscité, a un corps spirituel, plus incorruptible, fort, glorieux et puissant.
  • Psaume 8:5 : Tu l’as fait (l'homme) de peu inférieur aux anges (littéralement : « aux êtres de nature divine »)
Attention, Paul cite, en 1 Cor 15, la Genèse au chapitre 2 et décrit le corps d'Adam à sa création. C'est capital car il prend ici l'exemple d'un corps humain parfait et non pas celui d'un humain frappé par le péché.

De même, Jésus, sans aucun péché, fils de Dieu, ne pouvait pas avoir un corps humain plus imparfait que celui d'Adam, c'est d'ailleurs pour cela que Paul l'appelle "le second Adam".

La comparaison que fait Paul est donc celle de deux corps absolument parfaits, l'un humain et l'autre esprit.

Paul décrit donc une différence de nature de corps pris chacun dans leurs configurations les plus parfaites. Et cette comparaison établit que le corps céleste, spirituel, est bien meilleur que le corps humain.

Mais cette différence n'est pas causée par le péché, mais par la nature du corps humain, du fait de sa matérialité. Il ne vaut pas le corps spirituel..

La démarche de Paul se comprend maintenant facilement, pour répondre à la question (quel corps ?) Paul explique que pour les créatures intelligentes, humains ou esprits, le meilleur corps est celui d'un esprit, car la nature de ce corps est beaucoup plus intéressante, durable et glorieuse que le corps humain, fut il parfait comme ceux de Jésus (humain) et d'Adam (à sa création).

Paul nous offre aussi un autre argument probant quand il écrit : Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes.

Vous notez l'expression "tels sont aussi les célestes". Nous ne lisons pas "tels seront aussi les célestes", au futur, ce qui devrait être le cas si Paul pensait aux élus. En effet, nous savons, par Paul, que les élus ne seront célestes que lors de la parousie de Jésus (1 Thess 4).

Paul ne pouvait donc pas utiliser le présent pour parler de ces élus, ce qui fait que nous savons qu'il parle ici d'autres célestes, qui au 1er siècle ne pouvaient être que des créatures spirituelles, avec un corps spirituel, comme les anges.

Or, un ange n'est pas un ressuscité, son corps ne peut pas être la transformation d'un corps humain pour devenir un corps spirituel, il n'y a donc absolument rien d'humain dans le corps des créatures spirituelles auxquelles Paul fait référence ici.

Pourtant voici ce qu'il ajoute ensuite : Et de même que nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste..

Ce texte commence par l'expression " de même", ce qui signifie que la suite décrit une vérité identique à la précédente. Et donc Paul nous apprend que les élus seront comme les anges, lesquels ne peuvent pas avoir été transformés en esprit à partir de corps humains.

Et enfin Paul conclut ainsi : Ce que je dis , frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu

On ne va pas commencer à se demander si Paul ne parlait que de la chair et que du sang, et se demander si les muscles, les cheveux, les os pourraient, eux, hériter du royaume de Dieu.

Paul parle de corps depuis le début et cette expression signifie que le corps humain n'est pas le futur corps des élus ressuscités.

Rappelons que l'opinion inverse suppose que Jésus et les élus vivent au ciel dans un corps humain physique, avec des bras, des jambes, des mains, des pieds, un système pulmonaire et un système digestif avec ce que cela comporte comme besoin en nourriture, en sanitaire, avec un besoin de vêtements, à supposé qu'ils ne soient pas tous nus. Bref ! Un grand n'importe quoi !

PS. Je suis TJ, mais je ne suis pas parfait et ce texte, même si je le crois conforme à la foi TJ, peut comporter de petites différences avec la doctrine TJ. Dans ce cas là, choisissez la doctrine TJ.
Modifié en dernier par agecanonix le 19 avr.24, 01:16, modifié 33 fois.

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Re: la résurrection des corps: étude biblique et historique.

Ecrit le 21 avr.24, 02:45

Message par agecanonix »

L’immortalité de l’âme,
conception humaine ou révélation biblique ?



« L’homme comprend seulement avec beaucoup de difficulté ce qu’il ne désire pas comprendre en son for intérieur. Il ferme instinctivement son intelligence devant des faits qui le contraignent à abandonner ce qui lui plaît (1) » (Alexis Carrel).


  • Alors que la résurrection des morts – enseignée dans la Bible – constitue (devrait constituer) l’une des principales bases (2) de la foi chrétienne, on peut se demander pourquoi si peu de personnes y croient aujourd’hui ? En effet, selon un sondage TNS Sofres/Logica publié par l'hebdomadaire Pèlerin, seulement 10 % des Français (13 % chez les catholiques) croient à la résurrection des morts (3) !

    Une autre conception en matière de « retour à la vie » triompherait-elle au sein du christianisme contemporain ? A ce propos (toujours selon le même sondage), 7 % des catholiques déclarent croire en la réincarnation (4) ! Comme les adeptes des religions orientales ou des philosophies empreintes d’orientalisme, de très nombreux chrétiens croient donc à la réincarnation !

    Pourquoi cette croyance est-elle acceptée aussi facilement ? En fait, cette manière de penser si largement répandue aujourd’hui dans le monde fait suite à une autre croyance, essentielle et quasi générale qui remonte à des millénaires : la croyance en l’immortalité de l’âme. Sans l’adhésion à cette idée, il est impossible de croire en la réincarnation.

    Or, on sait que cette notion d’immortalité de l’âme fait partie de l’enseignement officiel de l’Eglise catholique dont le catéchisme déclare : « Chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu – elle n’est pas produite par les parents – ; l’Eglise nous apprend aussi qu’elle est immortelle : elle ne périt pas lors de la séparation du corps dans la mort, et s’unira de nouveau au corps lors de la résurrection finale (5). »

    Bref, si pour beaucoup de chrétiens, les conceptions sur l’au-delà ressemblent étrangement à celles des tenants de la réincarnation, c’est essentiellement parce qu’elles reposent sur une base commune quant à la nature de l’homme : une vision dualiste qui dépeint l’homme comme un être composite formé d’un corps matériel, mortel et d’une âme immatérielle, immortelle.

    Sans qu’il soit possible d’étudier ici toutes les raisons conduisant les chrétiens à accepter aussi facilement la réincarnation, on peut dire que la croyance en l’immortalité de l’âme y contribue avant tout ! Soulignons seulement que la réincarnation se présente comme une négation de la rédemption et de la résurrection. Aussi, l’Eglise catholique a toujours condamné explicitement cette conception païenne en totale contradiction avec le message évangélique.

    Après une introduction certes un peu longue, mais ayant néanmoins le mérite de nous conduire progressivement à notre sujet, il nous paraît utile de confronter la théorie de l’immortalité de l’âme à la lumière de l’Ecriture. Mais avant, essayons d’explorer les origines lointaines de cette notion d’âme survivant après la mort, idée considérée généralement comme irréfutable !


    D’où vient la notion d’immortalité de l’âme ?

    Depuis le début de l’histoire humaine, la mort a sans cesse effrayé les hommes qui ont constamment essayé de comprendre ce qui se passe au-delà de cette échéance ultime. Face au néant insupportable, ceux-ci ont toujours tenté de nier la mort en se rattachant à l’idée apaisante d’une survie immédiate. Pour la majorité des hommes de chaque civilisation, l’antique notion d’immortalité de l’âme semble donc avoir été une réponse rassurante – mais imparfaite – à l’angoisse de l’au-delà.

    Selon cette conception, l’âme survit tel un « double du vivant ». Ainsi, la mort n’est pas vraiment la mort puisque « la vie » se poursuit sous une autre forme ! Plus ou moins différente selon les peuples – nous nous limiterons à un rapide aperçu historique –, la représentation de la vie de l’âme après la mort du corps a toujours été empreinte de mystère. Et cet aspect a généralement induit la crainte (peur de l’enfer, pensée que l’âme pourrait interagir avec les vivants) dans le cœur des hommes, un sentiment qui aujourd’hui encore dans nos sociétés occidentales, influence considérablement le culte rendu à « l’âme de nos morts » !

    L’immortalité de l’âme est donc une idée qui remonte à la nuit des temps. On trouve déjà, en effet, la notion d’âme survivant après la mort chez les ancêtres lointains des tribus animistes d’Afrique. Pour les Egyptiens, « l’âme, après la mort, va se joindre aux étoiles innombrables (version la plus antique) ou se fondre dans l’âme universelle qui habite le soleil (version panthéiste plus tardive) (6) ». Inconnue jusqu’alors, la pensée de l’immortalité de l’âme apparaît en Grèce au VIe siècle av. J.-C. à travers l’orphisme, courant religieux issu du mythe d’Orphée, enseignant à la fois l’immortalité de l’âme et la réincarnation.

    Disciple de l’orphisme, le philosophe Pythagore, lui aussi, n’accepte pas que la vie s’achève par la mort ! A son tour, il influence fortement l’autre philosophe grec – non moins célèbre – Platon (427-347 av. J. C.) pour qui l’âme est immortelle et de nature divine. Ce dernier cherche à le prouver dans son œuvre, Phédon : « Ce qui est divin, immortel, intelligible, ce dont la forme est une, ce qui est indissoluble et possède toujours en même façon son identité à soi-même, voilà à quoi l’âme ressemble le plus (7). »

    Si, jusqu’au milieu du IIe siècle, les premiers chrétiens fidèles à la Bible – qui appréhende l’homme dans son unité – ne se laissent pas séduire par la théorie de l’immortalité de l’âme, ce n’est plus le cas par la suite. Au fil des années, de façon remarquable, cette idée chère au « grand Platon » s’impose de plus en plus à l’esprit des philosophes et des Pères de l’Eglise qui l’adoptent et tentent de l’affiner avant de l’intégrer au christianisme !

    C’est ce que témoigne par exemple cette fiche pédagogique de la Bibliothèque Nationale de France : « On pourrait dire que si Saint Augustin a eu la volonté de "christianiser" Platon en l'introduisant dans ses théories religieuses, Saint Thomas d'Aquin "christianisa" à son tour Aristote [disciple de Platon], huit siècles plus tard, avec cette même volonté d'harmoniser le savoir, la sagesse antique et la foi chrétienne (8). » Toutefois, ce n’est qu’en 1513 au concile de Latran V que le dogme de l’immortalité de l’âme est proclamé officiellement (9).

    « Le triomphe de la notion d’immortalité de l’âme est, en définitive, [écrit Charles Gerber] une victoire de l’orgueil humain. » Et cet auteur de citer Aloys Berthoud : « Le dogme de l’immortalité de l’âme est la résultante de l’instinct inné de notre race et d’une raison superbe, ivre de ses facultés. C’est bien, en un sens, ce que l’homme a de plus excellent ; mais c’est la créature se divinisant elle-même dans l’oubli de sa déchéance. C’est l’homme naturel dans le plein épanouissement de son génie, et qui, parce qu’il lui a poussé des ailes, comme au vermisseau devenu papillon, se croit en mesure de défier l’espace et le temps et la mort : orgueil titanesque qui se sent de taille à escalader l’Olympe ! Hélas, c’est toujours l’esprit de la Tour de Babel qui, par ses propres forces et en dépit de Dieu même, se flatte de monter jusqu’au ciel (10). »

    Du IIe siècle à nos jours, la théorie de l’immortalité de l’âme domine donc irrésistiblement… bien que celle-ci ne trouve aucun appui dans l’Ecriture comme nous allons le voir plus loin ! Dans la pensée chrétienne traditionnelle, cette manière de concevoir l’état de l’âme entre la mort et la résurrection permet en fait de sauver la continuité de l’identité de l’homme, « une véritable continuité entre l’homme qui a vécu sur terre et l’homme qui ressuscitera. Sans cette continuité d’un élément humain subsistant, l’homme qui a vécu sur terre et celui qui ressuscitera ne seraient pas le même “moi“. […] Cette âme, même séparée, accomplit des actes personnels d’intelligence et de volonté. De plus, la subsistance de l’âme séparée est claire dans la pratique de l’Eglise, qui adresse des prières aux âmes des bienheureux (11) ».

    Ainsi, depuis l’Eglise ancienne – surtout à la suite de Saint Augustin – les Eglises traditionnelles affirment que la perspective de l’immortalité de l’âme n’est pas incompatible avec la résurrection des morts, avec un bémol cependant pour les réformateurs qui privilégient la résurrection.

    Ce n’est seulement qu’à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle que l’on commence à revenir à des conceptions de l’au-delà éloignées de la philosophie grecque et plus en phase avec l’espérance biblique de la résurrection. Peu à peu, une autre théorie eschatologique se propage sous l'influence de quelques théologiens évangéliques – suivis par plusieurs théologiens catholiques (12) – qui pensent que l’homme meurt tout entier, corps et âme, la résurrection à la fin des temps étant conçue comme une nouvelle création à partir du néant.

    Pour André Dartigues (qui a enseigné durant 35 ans à la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Toulouse), ce sont « le renouveau des études bibliques et les questions posées par un nouveau contexte scientifique et culturel » qui ont conduit la théologie contemporaine à opter pour la résurrection des morts plutôt que l’immortalité de l’âme. Tout en appuyant les observations précédentes, cet auteur écrit notamment : « En réaction contre une eschatologie qui estompait la foi en la résurrection au profit d’une argumentation philosophique en faveur de l’immortalité, de nombreux théologiens réformés, sous le signe d’un retour à Luther, récusent qu’on puisse trouver dans l’homme un quelconque résidu spirituel ou corporel qui assurerait la transition entre vie terrestre et vie ressuscitée. La mort apparaît alors comme anéantissement total et la résurrection comme nouvelle création ex nihilo. […] Les théologiens catholiques s’accordent pour mettre eux aussi l’accent sur un retour nécessaire à une thématique biblique qui, sous le chiffre de la résurrection, donne la primauté à l’action divine (13). »

    Mais « l’espace vide » entre la mort et la parousie se révélant embarrassant pour certains chrétiens dans la mesure où la continuité existentielle entre l’homme qui disparaît totalement à la mort et celui qui ressuscitera ne serait plus assurée, on élabore alors une nouvelle théorie (14) qui affirme la résurrection… aussitôt après la mort ! Un schéma eschatologique ne s’accordant pas, en revanche, avec le Nouveau Testament qui spécifie que la résurrection est en lien avec le retour du Christ et aucunement avec la mort de l’homme.

    A présent, comme en témoigne L’Encyclopédie catholique pour tous, l’Eglise, à propos de la notion d’âme, semble avoir du mal à répondre aux critiques de la pensée moderne : « Il est évident que l’histoire de la conception de l’âme explique les difficultés que rencontre aujourd’hui l’Eglise pour en parler (15). »


    Trouve-t-on cette notion dans les Ecritures ?

    En réalité, celles-ci nous apprennent – non sans étonnement peut-être – que Satan lui-même, en affirmant : « Non, vous ne mourrez pas, […] vous serez comme des dieux » (Genèse 3.4-5, TOB), aurait été le premier à introduire ce concept d’immortalité humaine… faisant ainsi mentir Dieu qui avait dit au premier homme : « Tu mourras » (Genèse 2.17).

    Cela dit, le mot hébreu nèphèsh dans l’Ancien Testament et le mot grec correspondant psychè dans le Nouveau Testament, souvent rendus par « âme », peuvent exprimer en fait divers sens mais très fréquemment signifient l’être entier et non seulement une « division » de celui-ci. C’est ce qu’affirme d’ailleurs L’Encyclopédie catholique pour tous : « La Bible ne distingue pas clairement en l’homme le corps et l’âme, division qui trouve son origine dans la philosophie grecque. […] L’homme selon la Bible est un tout (16). »

    D’autre part, dans les Ecritures, quel que soit le sens donné au mot « âme », il s’avère que celui-ci est toujours dépourvu de l’idée d’immortalité. Qu’on l’accepte ou non, nous devons nous rendre à l’évidence : les Ecritures n’emploient jamais l’expression « immortalité de l’âme » ! Si les mots « âme » et « esprit » y apparaissent plus de 1600 fois (17), dans aucun cas, ceux-ci sont qualifiés par l’adjectif « immortel(le) ». Par définition, Dieu seul possède l’immortalité : « le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité » (1 Timothée 6.16). Contrairement à lui, tous les hommes sont donc sujets à la mort.

    La Bible nous affirme aussi que dans le séjour des morts (lieu désigné dans l’Ancien Testament par le mot hébreu shéol et dans le Nouveau Testament par le mot grec hades), les morts « ne savent rien » et « n’espèrent plus » : « Les vivants savent au moins qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout. Il n’y a plus pour eux de salaire, puisque leur souvenir est oublié. […] Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le tant que tu en as la force, car il n’y a ni œuvre, ni réflexion, ni savoir, ni sagesse dans le shéol où tu t’en vas » (Ecclésiaste 9.5, 10, La Bible de Jérusalem) ; « Car dans la mort, nul souvenir de toi : dans le shéol, qui te louerait ? » (Psaume 6.6, La Bible de Jérusalem) ; « Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue, ce n’est pas la mort qui te célèbre ; ceux qui sont descendus dans la fosse n’espèrent plus en ta fidélité » (Esaïe 38.18).

    Dans le Nouveau Testament, Jésus considère la mort comme un sommeil… tout simplement ! Nous trouvons cette affirmation entre autres (une cinquantaine de versets dans le N. T. évoquent le sommeil de la mort) dans le récit de la mort et de la résurrection de Lazare : « Après ces paroles, il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller. Les disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri. Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort » (Jean 11.11-14).

    Selon ces textes, les morts sont totalement inconscients et ne peuvent donc communiquer, les Ecritures ne nous laissent aucun doute à ce sujet. Notons par ailleurs que les prières en faveur des morts tout comme l’intercession des morts en faveur des vivants ne reposent sur aucune base biblique… si ce n’est le deuxième livre des Maccabées (2 M 12.45), livre totalement ignoré par le Christ, qui ne fait pas partie des livres canoniques juifs !

    En outre, il convient de rappeler que Dieu – confirmant la réalité de la mort – réprouve tous ceux qui tentent de communiquer avec les morts : « Ne vous tournez point vers ceux qui évoquent les esprits, ni vers les devins ; ne les recherchez point, de peur de vous souiller avec eux » (Lévitique 19.31) ; « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer à eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple. […] Si un homme ou une femme ont en eux l’esprit d’un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort » (Lévitique 20.6, 27).

    Si l’on se réfère à la Bible, on comprend que les morts ne doivent pas être impliqués dans les phénomènes spirites. N’oublions pas que cette dernière parle de l’existence des bons mais aussi des mauvais esprits (les anges déchus ou les démons qui peuvent, en effet, communiquer avec les moyens dont ils disposent) !


    Les Ecritures enseignent la résurrection

    « Si la Bible nous enlève [comme le remarque avec perspicacité le théologien Alfred Vaucher] les fausses consolations de la survivance consciente et du surnaturel spirite, elle nous donne la consolation véritable : celle de la résurrection. La consolation que la Bible offre aux affligés, ce n’est pas l’indestructibilité du moi, c’est le réveil de l’être tout entier (18). » Ainsi, pour Jésus, la mort n’est qu’un sommeil… que seul le réveil de la résurrection viendra interrompre. Cette résurrection qui aura lieu à son retour est véritablement l’une des principales bases de la foi chrétienne.

    Rappelons que dans sa première lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul réagit vigoureusement devant ceux qui doutent de l’authenticité de la résurrection : « Nous prêchons donc que le Christ est revenu d'entre les morts : comment alors quelques-uns d'entre vous peuvent-ils dire que les morts ne se relèveront pas ? Si tel est le cas, le Christ n'est pas non plus ressuscité ; et si le Christ n'est pas ressuscité, nous n'avons rien à prêcher et vous n'avez rien à croire. De plus, il se trouve que nous sommes de faux témoins de Dieu puisque nous avons certifié qu'il a ressuscité le Christ ; or, il ne l'a pas fait, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est une illusion […] Si nous avons mis notre espérance dans le Christ uniquement pour cette vie, alors nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes » (1 Corinthiens 15.12-19, BFC).

    Et Paul de poursuivre dans une autre de ses lettres : « Le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront d’abord » (1 Thessaloniciens 4.16).

    Ainsi, c’est seulement à la seconde venue de Jésus que ceux qui ont choisi de marcher avec Dieu durant leur existence terrestre – après, c’est trop tard – recevront l’immortalité et que commencera vraiment pour eux la vie éternelle promise. C’est ce que précise Paul lorsqu’il aborde, à la fin de sa première épître aux Corinthiens, la question de l’état des ressuscités : « Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole » (1 Corinthiens 15.53-54). Remarquons qu’il s’agit là du seul passage des Ecritures où l’immortalité est attribuée à l’homme, plus précisément au corps ressuscité et, selon la pensée paulinienne, à l’être humain dans son unité.

    Par contre, dans cette compréhension de l’eschatologie biblique (non influencée par l'hellénisme), on objecte parfois en effet que la continuité de l'identité personnelle au-delà de la mort ne pourrait être sauvée par Dieu ! Mais, en retournant à la poussière d’où il est venu, l’homme mortel peut avoir l’assurance que l’essence de sa personnalité sera – jusqu’à sa résurrection – sauvegardée dans la mémoire divine.

    C’est ce qu’explique avec conviction le pasteur José Elysée : « Dieu nous porte d’une manière particulière. Il tient en sa possession notre essence ; notre identité est dans ses mains. Et grâce à cela, nous avons l’espérance de la vie éternelle. [...] Dieu a mis au point un plan pour que chaque enfant de Dieu, quoiqu’il puisse arriver à son corps, puisse être préservé et recréé en tant qu’entité individuelle. Dieu possède un moyen de préserver l’information vitale. [...] Comment est-ce possible ? Parce que Dieu a une capacité infinie de stocker l’information. Il possède suffisamment de mémoire, suffisamment de méga-bites pour remplir l’univers tout entier. Il est celui qui a conçu notre pensée à l’origine, il est l’auteur du miracle de notre personnalité unique. Et il est Celui qui peut la préserver même au-delà de la tombe (19). »

    Une entière certitude que nous apporte surtout le prophète Esaïe, qui est convaincu que Dieu est incapable d’oublier ses enfants… car il a « gravé » leur nom sur ses « mains » (Esaïe 49.16) ! Enfin, dans le même ordre d’idée, soulignons que Jésus-Christ – qui affirme être un « bon berger » – déclare connaître parfaitement chacune de ses « brebis » (Jean 10.14) et les « appelle par leur nom » (Jean 10.3).


    Vers une remise en question de la conception traditionnelle du statut des âmes entre la mort et la résurrection ?

    On ne peut aborder la question de l’immortalité de l’âme à la lumière de l’Ecriture sans prendre le risque d’entrer dans le champ de la controverse. Mais, faisant preuve d’une indépendance de pensée courageuse, de nombreux auteurs l’ont fait. Citons-en quelques-uns parmi les plus significatifs.

    Tout d'abord, voici ce qu'écrit à ce propos l’ancien professeur d’Université Oscar Cullmann (il a enseigné à Paris et à Bâle) : « Posez à un chrétien, protestant ou catholique, intellectuel ou non, la question suivante : qu'enseigne le Nouveau Testament sur le sort individuel de l'homme après la mort, à très peu d'exceptions près vous aurez toujours la même réponse : l'immortalité de l'âme. Et pourtant cette opinion, quelque répandue qu'elle soit, est un des plus graves malentendus concernant le christianisme. Il est inutile de vouloir passer ce fait sous silence ou de le voiler par des interprétations arbitraires qui font violence au texte. […] La réponse à la question que nous avons posée : immortalité de l'âme ou résurrection des morts dans le Nouveau Testament, sera claire. La doctrine du grand Socrate, du grand Platon est incompatible avec l'enseignement du Nouveau Testament (20). »

    Pour sa part, l’autre théologien, écrivain (il a écrit plus de 40 livres) et ex-professeur bien connu (Université de Bordeaux), Jacques Ellul, affirme qu’ « il y a eu une contamination par la pensée grecque, concernant l’immortalité de l’âme. Dans la pensée juive, la mort est totale. Juive ou chrétienne, de toute façon, puisque les deux Testaments de la Bible ne s’opposent pas du tout. Il n’y a pas d’âme immortelle. Il n’y a pas de division entre le corps et l’âme. Il n’y a, à la mort, aucune séparation entre ces deux choses. L’âme est mortelle, parce que le corps l’est. Mais il y a résurrection. [...] Or la philosophie grecque va faire pénétrer cette notion d’âme immortelle chez les théologiens. Puis, comme c’était une croyance répandue dans les religions populaires, elle va être intégrée au christianisme. Mais c’est une perversion totale par rapport à la pensée biblique (21) » !

    Roland Meyer, chercheur et conférencier, ne tient pas un autre langage : « Nulle part la Bible ne décrit l’homme, ou une “partie“ de celui-ci, comme immortel. […] La notion d’immortalité de l’âme n’est pas biblique. Il faut donc chercher ailleurs cette origine et en particulier chez Platon (22). »

    Le professeur Charles Wackenheim abonde dans le même sens : « Les Hébreux ignorent le culte des morts compris au sens des Egyptiens. [...] Dans la perspective de la Bible, on ne peut pas envisager une doctrine de l’immortalité de l’âme, tout simplement parce que l’homme biblique n’est pas doté d’une âme immortelle telle que Platon l’avait conçue (23). »

    Le pasteur Roger Mehl qui a été professeur à la Faculté de Théologie protestante de l’Université de Strasbourg est peut-être le plus catégorique : « L’âme [écrit-il] n’est pas un îlot de divinité qui se trouverait enfermé dans un corps mortel. L’âme participe au sort de la personne tout entière. […] C’est donc la mortalité de l’âme que le christianisme enseigne. La rupture avec la philosophie est ici éclatante (24). »

    Cédons maintenant la parole au théologien Philippe-Henri Menoud : « L’idée de l’immortalité de l’âme et la foi en la résurrection des morts ne sont pas deux affirmations plus ou moins équivalentes […] Ce sont, au contraire, deux conceptions situées sur deux plans totalement différents et entre lesquelles il faut choisir. L’espérance chrétienne n’a pas son point d’appui dans la croyance en l’immortalité de l’âme humaine. Le Nouveau Testament ne fait pas la moindre allusion à cette théorie. [Ce dernier] n’enseigne pas, à la manière de la philosophie grecque, l’immortalité naturelle de l’âme humaine, comme s’il suffisait d’être délivré du corps pour vivre éternellement (25). »

    Quant à Roland de Pury, le célèbre pasteur évangélique suisse, il voit dans le « dogme païen (platonicien ou stoïcien) de l’immortalité de l’âme », une « solution humaine devenue pour beaucoup la solution chrétienne » et qui « tend insidieusement à se confondre avec la promesse de l’Evangile. Les ravages que ce dogme a faits dans la prédication chrétienne sont incalculables et bouleversants, car il finit par être le fondement de la plupart de nos discours funéraires. Quelle ironie dans le fait que le peuple qui fut de tous le plus attaché à cette croyance, et qui nous en a laissé les témoignages les plus émouvants, soit le peuple d’Egypte, celui sur lequel la Bible fait peser la malédiction de Dieu ! [Esaïe 19, Jérémie 46] Alors que la Bible elle-même, sur quoi doit reposer notre prédication, ne contient nulle part la moindre trace d’une croyance à l’immortalité de l’âme (26) ».

    De son côté, Christian Delorme, prêtre à Lyon, écrit dans l'historique Pèlerin : « Avec vous, je peux interroger les données bibliques. J'y trouve ainsi deux grands courants. Pour l'un, conforme à la mentalité sémitique, il n'y a pas de distinction possible entre l'âme et le corps. A la mort, c'est l'homme tout entier qui disparaît, en attendant le jour où il sera relevé par Dieu d'entre les morts. Mais il y a aussi un autre courant, certainement influencé par la pensée de Platon, qui admet dans l'homme la présence d'une âme immortelle, distincte de son corps mortel (27). »

    Citons également l’éminent théologien dominicain, Louis Dingemans, (celui-ci a notamment enseigné la sociologie à Rome et participé, pendant le Concile Vatican II, à la rédaction de la Constitution pastorale Gaudium et Spes) : « J’ai beau scruter les Ecritures, je n’y trouve pas trace d’une âme immortelle, aucune confirmation de cette définition de l’homme donnée par le petit catéchisme de Malines de mon enfance : “L’homme est une créature de Dieu, composé d’un corps mortel et d’une âme immortelle”. Par contre, je trouve dans le Symbole des Apôtres cette affirmation : “Je crois en la résurrection de la chair”. En fait, la théologie hébraïque ne faisait aucune allusion à la séparation de la chair et de l’esprit, tout en sachant bien que nous vivions concrètement des tensions entre les aspirations de notre esprit et la pesanteur de notre corps. Mais l’anthropologie juive n’était pas du tout dualiste (28). »

    Et Louis Dingemans de poursuivre : « D’où vient donc cette âme immortelle ? Ce thème a pénétré la pensée chrétienne sous l’influence de l’anthropologie dualiste des philosophes grecs, principalement de Platon. Il ne pouvait pas imaginer que l’esprit humain capable d’abstraction puisse périr en même temps que le corps dont il était en quelque sorte prisonnier. Même si d’autres philosophes comme Aristote associent davantage le corps et l’esprit, ils restent dans la lignée platonicienne. Cette dernière n’est pas seulement étrangère à la pensée hébraïque, mais elle l’est aussi à la science moderne. [...] Notre cerveau est plus qu’un ordinateur incroyablement perfectionné. Mais cependant, l’idée d’une âme ou d’un esprit séparé du corps et fonctionnant indépendamment de lui est devenue totalement étrangère à la pensée scientifique. Je crois donc à la résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’homme tout entier et non pas à une survie naturelle d’une âme immortelle. Les théologiens imprégnés du dualisme grec ont d’ailleurs dû se livrer à d’étranges contorsions en distinguant deux jugements de Dieu : en premier lieu le jugement particulier de chaque âme immortelle aussitôt après la mort du corps et en second lieu le jugement dernier où le corps ressuscité vient rejoindre l’âme. [...] Je n’ai pas d’âme immortelle, et la résurrection que j’espère n’est pas un fruit de ma nature. Elle est pur don gratuit de Dieu et c’est en cette infinité de sa bonté que je mets ma confiance. [...] Bien plus que sur n’importe quel spéculation philosophique douteuse sur l’immortalité de mon ”âme”, mon espérance se fonde solidement sur le Dieu des promesses (29). »

    En fait, « tous les théologiens sont d’accord (pour une fois), [observe Richard Lehmann, docteur ès sciences religieuses] pour reconnaître que la croyance selon laquelle l’homme serait formé d’un corps mortel et d’une âme immortelle n’est pas biblique, mais qu’elle relève de la philosophie platonicienne qui s’est infiltrée dans la pensée chrétienne dès les premiers siècles et que Saint Augustin a systématisée. […] Si l’âme est immortelle et se réincarne ou s’envole au paradis ou en enfer, la foi en la résurrection des morts n’a aucun sens, celle de Jésus non plus, et l’espérance chrétienne n’est qu’une utopie. Le jugement dernier ne serait qu’une parodie dans la mesure où, dès la mort, le destin de l’âme est fixé (30) ».

    Enfin, il serait injuste de ne pas citer Pierre Rabischong – professeur émérite et doyen honoraire de la faculté de Médecine de Montpellier, vice-président de l’Académie mondiale des technologies biomédicales à l’UNESCO – qui tente dans un ouvrage scientifique très sérieux de répondre à la question des origines de l’homme et de son devenir après la mort : « Tout être vivant va à la mort, qui est la fin du fonctionnement des cellules et des organes, avec une extinction irréversible de l’esprit, lié de façon directe et totale avec le cerveau. La survie de la mort est dans la mémoire des vivants. Aucun phénomène spirituel ne peut exister par lui-même sans un système neuronal, qui l’identifie comme tel. […] Les grandes religions monothéistes parlent d’une autre vie après la mort […] Le fait, qu’on puisse, ce qui est toléré par certaines religions, incinérer le corps après la mort le réduisant en cendre, impose d’imaginer une constante de l’individu, qui permettrait, après une période de néant d’une longueur inconnue, sa survie complète, c’est-à-dire consciente. Or il n’y a pas conscience sans cerveau et on peut, à titre d’hypothèse, considérer que la confusion introduite par les philosophes grecs entre l’esprit et l’âme devrait être modifiée profondément en donnant à l’âme une signification différente. L’esprit est un concept biologique. L’âme ne l’est pas. S’il doit y avoir une résurrection, qui en fait devra être une “re-création” d’un corps différent, puisque l’autre aura réellement disparu, il faudra un équivalent de cerveau, pour nous redonner la conscience d’être et de comprendre […] L’âme pourrait donc être une carte d’identité de l’individu unique, que nous sommes tous, une sorte de carte à mémoire faite avec une “puce divine” qui nous inscrirait définitivement dans le code du Constructeur (31). »


    Conclusion

    L’immortalité de l’âme est une pensée qui remonte à des millénaires, un prétexte pour nier la mort en même temps qu’une thèse rassurante – quoique incertaine et non vérifiable – répondant (imparfaitement) à l’angoisse de l’au-delà mystérieux. Depuis longtemps, une idée considérée généralement comme irréfutable fortement ancrée dans la plupart des croyances… bien que paraissant difficilement compatible avec le message limpide de la résurrection révélé dans la Bible !

    Mais, curieusement, depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, on observe une tendance à un retour à des conceptions de l’au-delà plus en rapport avec l’espérance biblique de la résurrection. Particulièrement en ce début de XXIe siècle, force est de constater que de plus en plus de personnes (32) – conscientes que la sagesse humaine n’est pas un guide suffisant et persuadées qu’elles ont encore beaucoup à apprendre de la Bible – sont prêtes pour progresser vers la vérité à renoncer à faire aveuglément confiance à certaines idées reçues, même lorsque celles-ci ont traversé les millénaires.

Claude Bouchot https://www.bouquetphilosophique.fr/immortaliteame.html

Pourquoi parler de l'âme immortelle ?

Parce que si l'âme est bien mortelle, la résurrection des corps se heurte au problème de savoir si ce qui est ressuscité n'est pas un clone puisque l'individu complet a disparu aussi dans cette hypothèse.

Peu importe donc que le corps soit humain ou spirituel, ou les deux, dans tous ces cas le problème du clone se pose.

Mais bon, il faut déjà comprendre la question et ne pas se focaliser sur la seule critique des TJ qui semble la règle ici.

agecanonix

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Re: la résurrection des corps: étude biblique et historique.

Ecrit le 22 avr.24, 22:36

Message par agecanonix »

La parabole de l'homme riche et de Lazare.

Qu'est ce qu'une parabole ?
  • Court récit allégorique, symbolique, de caractère familier, sous lequel se cache un enseignement moral ou religieux, que l'on trouve en partie. dans les livres saints et qui fut utilisé par le Christ dans sa prédication.
Nous retenons la notion de symbole.

Voici le texte:
  • 14 Les pharisiens, qui aimaient l’argent, écoutaient toutes ces choses et se moquaient de Jésus.
    15 Alors il leur dit : « Vous vous faites passer pour justes aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs. Et ce que les hommes considèrent comme de grande valeur est répugnant aux yeux de Dieu.
    16 « La Loi et les Prophètes ont été jusqu’à Jean. Depuis, le royaume de Dieu est annoncé comme une bonne nouvelle, et toutes sortes de gens se pressent vers lui. (...)
    19 « Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de lin, et qui menait une vie de luxe et de plaisirs.
    20 On déposait régulièrement devant sa porte un mendiant appelé Lazare, qui était tout couvert d’ulcères.
    21 Il aurait bien voulu manger ce qui tombait de la table du riche. Oui, les chiens mêmes venaient lécher ses ulcères.
    22 Par la suite, le mendiant est mort et a été emporté par les anges aux côtés d’Abraham. « Le riche aussi est mort et a été enterré.
    23 Et dans la Tombe, alors qu’il était dans les tourments, il a levé les yeux et a vu Abraham de loin et Lazare à côté de lui.
    24 Alors il a appelé et a dit : “Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre dans ce feu ardent.”
    25 Mais Abraham a répondu : “Mon enfant, souviens-toi que tu as été rassasié de bonnes choses pendant ta vie. Lazare, lui, n’a eu que des malheurs. Maintenant, ici il est consolé, mais toi, tu souffres.
    26 De plus, comme un grand gouffre a été mis entre nous et vous, ceux qui voudraient aller d’ici vers vous ne le peuvent pas, et d’où vous êtes on ne peut pas non plus traverser vers nous.”
    27 Alors l’homme a dit : “Dans ce cas, père, je te demande de l’envoyer chez mon père
    28 pour qu’il avertisse mes cinq frères et qu’ainsi ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments.”
    29 Mais Abraham a répondu : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent.”
    30 Alors l’homme a dit : “Non, père Abraham ! Mais si quelqu’un de chez les morts va les voir, ils se repentiront.”
    31 Il lui a répondu : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, ils ne se laisseront pas non plus convaincre si quelqu’un ressuscite d’entre les morts.” »
Déjà, nous comprenons à qui est destinée la parabole dès le verset 14.

Jésus a remarqué que les pharisiens se moquaient de lui (v14), et il leur répond en expliquant que ce qu'ils considèrent comme de grande valeur à leurs yeux (la richesse de l'homme riche), leur volonté de se montrer justes aux yeux des hommes, n'impressionne pas Dieu qui connait leurs coeurs.(v15)

Puis Jésus explique un changement radical de situation, la Loi et les prophètes qui ont soutenu le culte des juifs jusque Jean le Baptiste, n'ont plus ce rôle et surtout, la main a passé, ce ne sont plus les pharisiens et autres castes juives religieuses qui sont considérés comme riches à leurs yeux, le v16 expliquant que dorénavant toutes sortes de gens, et donc les plus humbles,(Lazare) ont accès à la bonne nouvelle.

Dans la parabole qui suit, le rôle des pharisiens et autres consorts, sera donc joué par l'homme riche et le rôle des chrétiens reviendra à Lazare.

Jésus commence par expliquer la situation de départ : l'homme riche, les pharisiens et autres ultras, sont dans l'opulence, ils se considèrent comme les seuls enfants d'Abraham et nient cette possibilité aux juifs qui ne font pas partie de leur caste.
Le peuple, Lazare, se contente des miettes spirituelles qui échappent aux pharisiens qui monopolisent le culte à leur seul profit.

Puis Jésus illustre le changement dont il a parlé au v16, par la mort des deux individus. La connaissance liée à la nouvelle alliance échappe aux pharisiens et autres consorts, et vient désormais nourrir les chrétiens, beaucoup plus humbles spirituellement puisqu'il en acceptaient même les miettes. La vie spirituelle a changé de camps.

Ce qui est mort, c'est le statut dans lequel chacun se trouvait, il ne s'agit pas d'une vraie mort et encore moins d'une parabole sur la mort car dans ce cas, il faudrait jeter à la poubelle toutes les explications de Paul sur la résurrection et sur sa conception de l'âme.
.
Lire le dossier suivant
[ l'âme est mortelle ]

Jésus parle ici à des pharisiens et comme il le fait souvent, il se sert des croyances de ses interlocuteurs, sans pour autant les valider, pour leur faire passer un message.

Paul agira de la même façon à l'aréopage quand il commencera par constater l'existence de nombreux dieux grecs, et même d'un dieu inconnu, pour expliquer ensuite, sans contredire leurs croyances, qu'il venait leur parler d'un autre Dieu..

Ainsi, la présence d'Abraham dans cette parabole, et l'absence de Dieu et même de Jésus, devraient alerter les chrétiens sur l'anormalité de la scène s'il fallait la prendre comme réelle.

Je ne vais pas m'étendre plus sur le fait que si cette parabole était une description de la réalité, il faudrait comprendre que la vie éternelle dépendrait d'Abraham, qu'il suffirait d'avoir eu une belle vie pour finir en enfer, et que la paradis ne serait plus une question de foi, mais de circonstances qui aurait généré des souffrances.
Une goutte d'eau suffirait à sauver de la souffrance de cet enfer et la discussion serait possible entre le paradis et l'enfer.

Par contre, la parabole révèle sa leçon à partir du verset 27. L'homme s'inquiète pour ses frères et rappel lui est fait qu'ils disposent de Moise et des prophètes. Cela revient à dire que si cet enfer de feu existait, il serait exclusivement réservé aux israélites qui n'ont pas écouté Jésus.

En effet, comment voulez vous qu'un grec ou un romain, puisse être accusés de n'avoir pas compris Moise et les prophètes ?

Cette parabole est donc bien ce que sont toutes les paraboles, une scène fictive qui reprend certains codes comme le rôle d'Abraham et qui utilise la mort de deux personnages fictifs pour illustrer un changement radical de Dieu concernant les destinataires de ses bénédictions spirituelles.

En fait, la mort , dans cette parabole, décrit le changement d'état spirituel que la nouvelle alliance a produit sur le peuple israélite au premier siècle, l'homme riche symbolisant les juifs qui n'accepteront pas Jésus, Lazare symbolisant la congrégation naissante à ce moment là.

Les versets 30 et 31 étant à cet égard hyper révélateurs par la référence à la mort de Jésus qui ne convaincra pas les chefs religieux juifs, malgré la valeur miraculeuse de cet évènement qui fait basculer l'ancienne alliance, qui se voit remplacée, par la nouvelle, contractée le jour même.

Ainsi, comme toutes les paraboles, celle-ci porte un message bien plus important que la simple lecture littérale des symboles utilisés.

L'âme étant mortelle, un individu comme Lazare ne pouvait pas survivre à la mort auprès d'un autre ressuscité, Abraham, au ciel ou ailleurs, sauf à annuler tous les textes qui situent ces résurrections bien plus tard qu'au 1er siècle, et dans des conditions différentes.
En effet, je rappelle que la résurrection des élus intervient lors de la parousie du Christ, qu'un chrétien, Lazare, ne peut pas en avoir bénéficié avant Jésus lui-même, appelé le premier-né d'entre les morts, ou comme les prémices en 1 Cor 15.
Que cette résurrection est collective alors que le texte indique que les frères de l'homme riche, déjà au paradis, peuvent encore être sauvés s'ils comprennent Moise et les prophètes.

Bref, considérer comme littérale cette parabole revient à mettre un sacré désordre dans la doctrine du NT.

Une des caractéristiques des paraboles de Jésus est souvent une extrême exagération.
Les 2 esclaves dont l'un doit une somme phénoménale à son maître, le chameau qui essaie d'entrer par le trou d'une aiguille, le fils prodigue qui finit par garder des cochons, la mauvaise herbe qui cache tout, la perle de grande valeur pour laquelle un homme vend tous ces biens, le salaire de l'ouvrier de la dernière heure, etc. sont autant de paraboles qui exagèrent les faits qu'elles exploitent.

La parabole de l'homme riche et de Lazare est de cet ordre. Tout n'est pas à comprendre littéralement, pas même la mort des deux personnages...
Modifié en dernier par agecanonix le 23 avr.24, 03:51, modifié 4 fois.

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