Bonjour Dan.dan 26 a écrit : Je dis que tacite fait mention de détestable superstition en parlant de JC, est ce noté dans le texte ?
Si oui désolé je n'ai rien inventé !!!
Amicalement
Voici le texte de Tacite traduit en français. J'ai mis en gras la partie que tu cites.
Tu ne sembles pas comprendre ce qu'écrit Tacite ou, du moins, tu sembles lui prêter des pensées qu'il n'a pourtant pas eues.La prudence humaine avait ordonné tout ce qui dépend de ses conseils: on songea bientôt à fléchir les dieux, et l'on ouvrit les livres Sibyllins. D'après ce qu'on y lut, des prières furent adressées à Vulcain, à Cérès et à Proserpine: des dames romaines implorèrent Junon, premièrement au Capitole, puis au bord de la mer la plus voisine, où l'on puisa de l'eau pour faire des aspersions sur les murs du temple et la statue de la déesse; enfin les femmes actuellement mariées célébrèrent des sellisternes et des veillées religieuses. Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d'avoir ordonné l'incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d'autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d'hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d'abord ceux qui avouaient leur secte; et, sur leurs révélations, une infinité d'autres, qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement: les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens; d'autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char. Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les coeurs s'ouvraient à la compassion, en pensant que ce n'était pas au bien public, mais à la cruauté d'un seul, qu'ils étaient immolés.
En lisant "exécrable superstition", tu fais penser à Tacite que la croyance de ces chrétiens n'est qu'une exécrable superstition, dans le sens où cette croyance ne reposerait que sur un fondateur ectoplasmique, une idée, une chimère. Or, Tacite est polythéiste. Il sacrifie aux dieux, et il y croit fermement. C'est de son point de vue polythéiste, en tant que Romain, que Tacite estime que la croyance chrétienne est "une exécrable superstition".
Il affirme d'ailleurs que Jésus a existé, ce Jésus duquel les chrétiens se réclament disciples. Son propos est sans ambiguïté possible : "Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate."
Est-ce que tu lis le moindre propos relativisant l'existence de Jésus-Christ, chez Tacite ? Pas du tout : lui-même croit fermement que Jésus a existé. En revanche, ce qui constitue une superstition de son point de vue de Romain et de polythéiste, c'est la foi des chrétiens issue du message distillé par le Christ.
D'ailleurs, il l'écrit : "Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source..." Il raccroche la croyance des chrétiens au pays d'où elle est sortie, à savoir la Judée. Il est donc conscient que cette croyance a une double origine : en la personne de Jésus et de Judée ; une origine par rapport à une personne et une origine par rapport à un lieu.
Si Tacite avait douté de l'existence de Jésus, il aurait écrit : "Ce nom leur vient de Christ qui, sous Tibère, aurait été livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate." Tu confirmes qu'il n'emploie pas du tout le conditionnel passé (qui, d'ailleurs, n'existe pas dans le latin mais s'exprime par le biais du subjonctif) mais bien le passé antérieur ? Le conditionnel, qui ici a une valeur modale, exprime la condition, l'hypothèse (en l'occurrence), le souhait... Mais le passé antérieur, lui, exprime une action certaine qui s'est déroulé dans le passé. C'est le mode indicatif.
Si Tacite avait voulu exprimer une hypothèse, il avait la possibilité de le faire par l'emploi du subjonctif suivi de la conjonction "si". Mais non ! Il a écrit "auctor nominis eius Christus Tibero imperitante per procuratorem Pontium Pilatum supplicio adfectus erat"
Amicalement.