Bonjour Kaboo ! tout d'abord, voici mon trajet dans cette organisation:
J'ai adhéré à la Soka Gakkai fin 1982, quelques mois auparavant nous avions reçus ma femme et moi une carte postale de sa sœur du "centre bouddhique européen" à Trets où elle participait à un séminaire. Elle nous donna par la suite des explications au sujet de sa pratique et de la philosophie qu'elle sous-tendait.
Invités à une réunion, au pied de l'immeuble, entendant les psalmodies, ma femme me dit en souriant: "dans quelle secte sommes-nous tombés!" Une fois sur place, l'attitude très chaleureuse des participants eurent raison notre défiance, cependant je percevais quelque chose d’indéfinissable, un je ne sais quoi d'artificiel. Curieux, nous nous mimes à la récitation du mantra (nam myoho rengue kyo appelé daimoku: le grand titre) à faire gongyo (réciter des extraits du sutra du lotus) à étudier des textes.
En décembre nous reçûmes les préceptes de cette école, la cérémonie était envoutante, de nature à induire des états de conscience modifiés (perception du temps, de l'espace, des couleurs des sons). Puis le bonze dans un discours fit référence à la non violence et à Gandhi. Une réunion fut organisée à notre domicile afin "d'installer" le gohonzon, (mandala que nous avions reçus lors de la cérémonie des préceptes) dans une petite armoire (butsudan) acquise à cet effet. On nous offrit des recueils de
directives de Tsuji et d'Izumi deux VIP de la Soka Gakkai au Japon, l'enthousiasme amplifié par la dynamique de groupe altérait notre perception de cette littérature orientée matérialisme spirituel, nous l'accordions avec nos propres vues.
Nous nous rendions deux fois par mois en zadankai (réunions de discussions) à l'autre bout de Paris entre 19h et 21h, un texte était lu et commenté, puis des adeptes témoignaient de leurs "résultats" attribuées à la pratique: issues favorables de problèmes de santé, situations sociales qui s'amélioraient etc, à la fin de la réunion les membres sortaient leurs agendas afin de prendre des rendez-vous "pour pratiquer ensemble".
A travers l'euphorie j'avais parfois des malaises inexpliqués: sensation d'oppression, tristesse, fatigue, rêves bizarres.
Les membres appartenaient à des département (hommes, femmes, jeunes hommes, jeunes femmes pour les principaux), lesquels avaient des réunions et des activités spécifiques. J'ai été invité à des réunions en petit comité afin de m'attirer dans le département "jeunes hommes". N'étant pas en phase avec leur activisme et ne partageant pas leur adulation du leader, je ne manifestais aucun signes d'adhésion. Quelque temps plus tard je fus invité à rencontrer un responsable, ils étaient deux. Après la récitation de gongyo ils blâmèrent la tiédeur de mon engagement et m'admonestèrent afin que j'adopte "une attitude plus positive", je claquais la porte, sans renoncer à la pratique.
Quelque mois après, nous rencontrâmes par hasard une pratiquante, elle réussit à nous convaincre de revenir dans l'organisation, attribuant nos mésaventures à l'imperfection humaine. Les rapports au sein du groupe apparaissaient sympathiques, à part certains membres qui me faisaient penser à des maoïstes avec Daisaku Ikeda à la place de Mao. On me mis finalement dans le département des hommes, le moins chronophage au niveau des activités on me fichait une paix relative.
Sous influence, dans l'espoir de solutionner des problèmes de logement, j'entrepris la récitation d'un million de daimoku en trois mois afin de "transformer" la situation, cela représentait pas loin de quatre heures par jour en comptant la récitation du sutra. A l'issue de cet épisode je ne dormais plus, j'étais épuisé. Je consultais un médecin qui me prescrit des anxiolytiques, une membre japonaise aussi souriante qu'endoctrinée me déconseilla de prendre ce traitement, "la pratique est le meilleur des médicament" cela me laissa dubitatif et je passais outre.
Je lisais quelques ouvrages sur le bouddhisme et certains textes ne cadraient pas vraiment avec ce qu'enseignait la Soka Gakkai, un exemple: "ne vous laissez pas mener par la tradition ou ce que vous avez entendu dire. Ne vous laissez pas guider par l'autorité de textes religieux, ni par la pensée il est notre maitre". J'arrivais à préserver un peu d'autonomie et considérerais avec circonspection la soupe idéologique qu'on me servait. Toutefois, j'ai eu pendant quelques années l'esprit parasité par des craintes subliminales, comme par exemple formuler des critiques, même mentalement envers l'organisation et son leader, ou bien d'arrêter la pratique (taiten en japonais).
En 1991 éclata le conflit entre Soka Gakkai et la Nichiren Shoshu. La pression était forte, l'ambiance militante. Nous étions mobilisés afin de signer des pétitions hostiles au clergé, étions invités à renvoyer notre gohonzon au temple principal, à en recevoir un autre de la Soka Gakkai, et à assister à une multitude de réunions, dont certaines ponctuées de vociférations à l'encontre des religieux. Quelques mois plus tard, j'ai été nommé responsable de la zadankai, que je recevais depuis plusieurs années à mon domicile, mais la magie s'en était allée, ces évènements avaient réveillés certains questionnements. Progressivement je prenais mes distances. Les mêmes textes, les mêmes mots, les mêmes injonctions revenaient en boucle depuis des années.
A mes début, je ne connaissais pas grand chose au bouddhisme, j'en avais une vision idéalisée comme beaucoup d'occidentaux. Ce qui m'a choqué tout d'abord, c'est l'exclusivisme de leur propos, la Soka Gakkai était le "vrai" bouddhisme et les autres pratiques considérées au mieux comme inefficaces, ou négatives:
"la méditation Zen rend fou" La pratique du mantra me rendais euphorique par contre si je ne pratiquais pas j'avais l'impression que des ennuis allaient m'arriver. A partir de 1991, il m'a fallu encore presque neuf ans pour m'en sortir, je n'arrivais même plus a conceptualiser le fait de quitter cette organisation !
Ma femme connaissant mon intérêt pour le Bouddhisme au sens large m'offrit vers l'été 1998 un petit manuel de méditation de Thich Nhat Hanh. Pendant des réunions afin de tromper mon ennui, dans l'état d'attention particulier relatif à la méditation, j'observais la scénographie de l'évènement. Je ne récitais plus gongyo et daimoku qu'exceptionnellement, limitais au maximum les échanges téléphoniques avec la hiérarchie. L'ultime épisode eu lieu en automne 2000 lors d'une réunion de préparation de zadankai, un participant avait apporté une vidéo présentée comme le reportage d'une journaliste américaine sur la Soka Gakkai, en réalité un pseudo-reportage qui sentait la commande, une hagiographie à la gloire d'Ikeda, un film de propagande, ce fut la goutte d'eau, je leur dit clairement et vivement le fond de ma pensée, je n’eus plus de nouvelles d'eux.
Deux ans après ma défection j'ai eu des troubles anxieux, à la suite d'une discussion sur les forum du journal "Le Monde" ou j'avais violemment critiqué la Soka Gakkai et son gourou Daisaku Ikéda, et à partir de là une quinzaine d'années de dépression chronique !
directives de tsuji
Lorsque nous pouvons faire surgir le Nam-myoho-renge-kyo qui est à l’intérieur de nous, deux choses se passent : la première est que nous pouvons guérir n’importe qu’elle maladie, en d’autres mots cela agit comme un médicament. En général les médicaments prescrits agissent pour guérir un malaise bien précis ou un problème physique. Que nous ayons un mal de tête, un cancer ou des crises d’asthme, Nam-myoho-renge-kyo guérit tout. Le Sûtra que nous récitons dit que c’est le plus grand des médicaments ; l’autre pouvoir de daimoku lorsqu’il apparaît à l’intérieur de nous, est d’agir comme un aimant qui attire le bonheur. Dans le Gosho, Nichiren Daishonin dit : "Ceux qui croient en ce Sûtra s’attireront la bonne fortune de dix mille lieues à la ronde". Si nous désirons de l’argent, nous pouvons pratiquer pour cela, si nous n’avons pas de travail, la pratique nous conduira vers une nouvelle occupation ou un nouveau travail. Si nous désirons nous marier, nous trouverons un partenaire. Nous pouvons appeler chaque désir en récitant Nam-myoho-renge-kyo. Plus nous aurons de joie et de confiance, plus "l'aimant" deviendra fort...
Voila, j'espère que ces quelques lignes t’éclaireront sur le pourquoi de mon attitude par rapport à ce que je considère comme une énorme escroquerie morale !
Quelques documents que j'ai réuni sur le sujet:
http://blog.doctissimo.fr/temoignage-so ... ts-805152/
Bien à toi et belle journée !
