Points de vue de l'Islam sur la foi baha'ie (interview de M. Jamil Diab)
Nous espérions obtenir, après une demande formulée auprès de l'Institut de Paris, la réponse des musulmans. Nos lettres réitérées sont demeurées sans réponse, nos coups de téléphone pour obtenir un rendez-vous n'ont pas eu de suite. Il nous aurait fallu terminer sur ce constat de silence si ne nous avait été communiqué le compte-rendu d'un entretien réalisé par Hossein Gulick, un bahá'i vivant aux Etats-Unis, avec un éminent érudit palestinien, le Docteur Jamil Diab, mufti d'une mosquée sur le sol américain.
Né à Béthanie, une petite ville proche de Jérusalem, le Dr Jamil Diab est le fils d'un homme qui avait fait ses études à l'Université Al-Azhar du Caire et était membre du Haut Conseil Suprême Islamique de Jérusalem. Lui-même, en 1946, en Palestine, passa avec succès des examens du plus haut niveau, équivalents à ceux de l'Université Al-Azhar pour l'étude de l'islam et de l'arabe. Dix ans plus tard, il obtenait son doctorat du Collège de Métaphysique de Chicago. "Quand je suis venu aux Etats-Unis, explique-t-il, j'ai étudié les autres religions, particulièrement le christianisme et le judaïsme. Je m'efforce d'être juste vis à vis de toutes les religions. Je trouve beaucoup de points communs dont je sens qu'ils enrichissent ma connaissance de l'islam et me rendent proches des autres religions divines".
Plus spécialement interrogé sur la foi bahá'ie, qu'il connaît bien, il expliquait: "J'ai une relation très solide avec la communauté bahá'ie des Etats-Unis, spécialement en Arizona. Par ailleurs, quelques uns de mes professeurs à Jérusalem étaient bahá'is. A Haïfa et à Saint-Jean-d'Acre, il y avait des communautés bahá'ies avant que je sois né. Après 1948, et la création de l'état d'Israël. beaucoup de gens ont quitté la région. et beaucoup sont restés, des chrétiens, des druzes, des bahá'is, pratiquement tous les bahá'is. Les lieux saint bahá'is existaient avant la création de l'état d'Israël, sous le mandat britannique, et encore avant sous l'empire Ottoman. Lorsque je lis des articles écrits par des musulmans, je suis étonné qu'ils disent que les bahá'is sont des agents d'Israël puisque leurs temples sont construits en Israël. Ils éliminent le fait que les établissements bahá'is avaient été installés sous l'Empire turc et le mandat britannique. Il y a aussi des mosquées et des églises à Haïfa et à Saint-Jean-d'Acre. On ne peut accuser les musulmans et les chrétiens d'être des agents d'Israël. Je suis musulman, pas bahá'i, mais, pour être honnête, quand les musulmans portent de telles accusations, je me sens obligé de leur répondre".
Il assura ensuite qu'il considérait la foi bahá'ie "comme la plus proche de l'Islam puisqu'elle partage avec lui le concept de l'unicité de Dieu". "Depuis que je suis aux Etats-Unis, c'est à dire 1948, je n'ai jamais rencontré un bahá'i qui parle mal de l'islam. Au contraire, ils acceptent le prophète Mahomet et le Coran et louent l'enseignement de l'islam. Ces gens, loin d'être apostats, sont amenés par leur foi à l'acceptation du Prophète et du Coran. Et bien que leurs croyances ne soient pas identiques à celles des musulmans, les musulmans ne sont pas le moins du monde dispensés de courtoisie, sinon plus, pour reconnaître et accepter que les bahá'is sont proches d'eux".
Un peu plus tard, il décernait une volée de bois vert à des articles contre les bahá'is publiés dans plusieurs magazines. "Je les ai lus et j'ai remarqué que certains de ces articles sont écrits approximativement et ne fournissent ni l'essentiel ni la vérification des faits. Je pense que ceux qui écrivent aujourd'hui et se nomment érudits musulmans devraient comprendre ce que ce mot signifie et que s'appuyer sur les aspects négatifs n'est utile à personne".
Il défendit les bahá'is de l'accusation d'apostasie: "Les musulmans qui deviennent chrétiens ou juifs, communistes ou athées peuvent être à juste titre nommés apostats. Mais les bahá'is qui continuent à croire à l'Unicité de Dieu et reconnaissent le prophète Mahomet ne peuvent être appelés apostats ou infidèles sans que l'on change la définition de ces mots".
Il dit encore, à propos des accusations portées contre les bahá'is: "Même si cela est arrivé dans les temps passés, nous ne devrions pas continuer à le reprocher aux générations suivantes. Dans l'histoire de l'homme, chaque nation, à un moment quelconque, a commis des choses mauvaises, puis ses descendants se sont repentis. Il est clairement dit dans le Coran: aucune âme ne portera le fardeau d'une autre(...) Selon les critères des musulmans de cette époque, les premiers bahá'is étaient considérés comme des criminels, des renégats. Jusqu'à présent, les gens de différentes religions s'asseyent rarement pour discuter. S'ils le faisaient, le fossé entre eux serait rétréci et ils pourraient coexister plus aisément. Selon le Coran, si Dieu avait voulu qu'il n'y ait qu'une seule religion, il l'aurait fait. Les musulmans ne peuvent obliger les autres à adhérer à leur foi. C'est une affaire de choix. Un père ne peut forcer ses enfants à devenir musulmans. Ils ne peuvent le devenir que de leur propre volonté, et non sur les ordres de leurs parents."
Comme enfin il lui était demandé pourquoi les bahá'is ne répliquent pas aux attaques lancées contre eux dans la presse il précisa: "autant que je sache, les bahá'is ne croient pas à la nécessité d'user leur temps et celui des autres en querelles, accusations et contre-accusations. Ils supportent patiemment les persécutions, mais ne les utilisent pas pour attaquer les autres. Il ne leur est pas permis de répondre à de telles attaques et il leur est conseillé de s'occuper de leur propre vie et de leur travail. Je pense que sur ce point ils sont très sages, et je souhaiterais que les lettrés musulmans fassent la même chose".
Grâce au docteur Jamil Diab, nous avons ainsi pu terminer ce chapitre consacré au regard des autres en constatant que même un mufti palestinien pouvait ne pas avoir un regard noir. Il reste à souhaiter qu'il fasse école.
http://www.bahai-biblio.org/centre-doc/ ... u6.htm#6.2
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Points de vue de l'Islam sur la foi baha'ie
Ecrit le 16 déc.15, 04:33Unir l'humanité. Un seul Dieu. Les grandes religions de Dieu. Femmes, hommes sont égaux. Tous les préjugés sont destructeurs et doivent être abandonnés. Chercher la vérité par nous-mêmes. La science et la religion en harmonie. Nos problèmes économiques sont liés à des problèmes spirituels. La famille et son unité sont très importantes.
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