Certes, Régine Pernoud n'est pas la plus grande médiéviste de tous les temps...
Mais elle n'est pas "romancière", même si elle est plus branchée art/littérature que politique/économie.
Diplômée de l'Ecole des Chartes et de l'Ecole du Louvre, elle sait tout de même de quoi elle parle. Elle a écrit une
Histoire de la bourgeoisie en France. Dans les années 1960, Gallimard a lancé une collection "les 30 journées qui ont fait la France", faisant appel aux plus grands historiens français de l'époque. Régine Pernoud a écrit un des livres de la collection (
le 8 mai 1429); c'est aussi le cas de Georges Duby, qui est le plus grand médiéviste français du XXe siècle et s'entendait fort bien avec ladite Régine, reconnaissant par ailleurs la valeur de son travail.
Tu dois confondre avec Calmel, ou Jeanne Bourin...
Certes, Jean Sévillia n'est pas historien. Cependant son livre
Historiquement correct est une synthèse relativement juste des critiques que font porter depuis longtemps les historiens (de profession) sur les survivances dans les mentalités (et même dans celles de gens très cultivés) des clichés issus : 1) de l'historiographie marxiste
2) de la "leyenda negra" élaborée par les protestants pour noircir au possible l'Inquisition et la colonisation espagnoles aux XVIe-XVIIe siècles
3) de la vision très subjective de l'histoire des philosophes des Lumières.
J'en passe et des pires. D'après des discussions avec des universitaires peu suspects de sympathie envers son bouquin, il est sommaire (forcément...) mais globalement pertinent... De la bonne vulgarisation, en somme.
Il ne faut pas croire que seuls les historiens produisent des ouvrages intéressants sur le plan de la science historique, notamment auprès du grand public.
L'Inquisition espagnole est une institution très particulière, différente des formes qu'elle a pu avoir dans d'autres Etats. Pour une fois, l'Eglise n'y est d'ailleurs à peu près pour rien. Il ne faut pas exagérer sa portée, qui a été beaucoup déformée par la propagande protestante et le mouvement des Lumières (très hostile au système espagnol). D'après les études les plus récentes, les victimes auraient été environ 12000 sur la période 1500-1800. Ce qui est trop, mais 40 morts/an, en des temps où la justice civile devait besogner à un rythme bien plus rapide, cela peut être relativisé... Pour l'emprisonnement, il convient de distinguer le "mur large" (résidence surveillée) du "mur étroit" (emprisonnement), beaucoup plus rare. Et concernant les expropriations, il convient de signaler que l'Inquisition avait développé un système d'administrateurs civils assez efficaces, qui permettait, quand l'inquisiteur était de bonne humeur (et quand le roi n'était pas trop fauché), de restituer certains biens après une peine d'emprisonnement, voire même (mais si !) de gérer les biens d'un parent disparu du fait de l'Inquisition au profit de sa famille, pourvu bien sûr qu'elle ait fait preuve d'un peu de bonne volonté sur le plan religieux...
Comme d'hab, tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir...
Heureuse et sainte année 2006 à tous !
