J'm'interroge a écrit : ↑19 mai25, 10:11
… une même bestiole
ontologiquement parlant ? …, et non une
réalité ontologique autre qui passerait par ces états. … deux configurations d'une même
chose ou d'un même
être qui existerait en
réalité… … à croire qu'il y aurait "quelque
chose" qui changerait, bougerait ou évoluerait. … Réelle, elle ne peut pas l'être, et on peut le savoir, car le supposer c'est supposer qu'une même
chose peut être différente, ce qui est absurde.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
De même que j’ignore ce que vous entendez par "
entité", je peine à vous suivre quand vous parlez de "
chose".
"Entité" ou "chose", c’est kif-kif bourricot. Ces mots correspondent au même concept absurde, ne désignant rien de réel, si par le mot "chose" l’on entend autre chose qu’une désignation de configurations différentes mises en lien.
N’as-tu pas compris qu’il s’agissait d’un raisonnement par l’absurde ? Un raisonnement montrant l’incohérence des concepts de "changement", de "mouvement", d’"évolution" ou de "devenir", lesquels reposent sur le concept – montré absurde – d’"entité" ou de "chose", entendu comme des réalités en elles-mêmes, auxquels on peut ajouter celui d’"identité" ?
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Je crois comprendre que, pour vous, une "
chose" ne correspond à aucune réalité ontologique, mais votre "
spécimen" ne fait pas mieux.
Oui, pour moi, en effet, une "chose" ne correspond à aucune réalité ontologique. Et pour ce qui est de mon "spécimen", il en va exactement de même.
Tu sembles supposer que, lorsque je parle d’un "spécimen biologique", je désignerais une même "bestiole" – ou, par extension, une "entité" ou "chose" entendue comme une réalité ontologique. Mais comme je viens de l’indiquer, c’est une erreur : je dis précisément l’inverse.
J'expliquais que ce que nous observons, ce sont différentes configurations de perceptions, et non des configurations d'une même "chose", "entité", "spécimen" ou "être" qui passerait par ces différentes configurations ou les prendrait l'une après l'autre. En effet : nous ne percevons rien de tel.
Je précisais donc que je préfère parler de différentes configurations de perceptions mises en relation, et que si j'évoque un "spécimen biologique chenille", puis "papillon", je ne désigne pas par là une "chose", une "entité" ou un "être" qui aurait "changé", mais un ensemble d'états reliés et désignés par un même terme. Le "spécimen" en question n'est alors rien d'autre que ces différents états ainsi désignés, et non une réalité ontologique autre, qui passerait par ces différents états ou les revêtirait.
J’ajoutais d’ailleurs :
>>>>>
Il n’y a pas d’entité permanente qui changerait.
Est-ce si difficile à comprendre ? Me suis-je mal exprimé ?
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Il serait en effet audacieux de poser l’existence de n'importe quoi sur le plan ontologique.
Ce n'est pas moi qui fais cela que je sache.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Néanmoins vous semblez attribuer certaines caractéristiques à cette abstraction au point d’affirmer que si la "
chose" change alors elle n’est plus la même. Votre attribution est-elle le reflet d'une caractéristique ontologique ?
C'était un raisonnement par l'absurde nom de D.ieu !
Je n'attribue aucune caractéristique à ce que je sais ne pas exister en réalité.
Ce qui existe en réalité ce sont des possibles. Donc si un concept proposé est incohérent, il est nécessairement impossible et donc creux, ne correspondant à rien de réel.
J'm'interroge a écrit :Toi tu affirmes P et non P, ce qui en toute logique est contradictoire et donc faux.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Non, je ne parle pas de proposition logique, j’affirme seulement que les deux phrases "
P est vraie" et "
P est fausse" ont, chacune, leur domaine de vérité.
Nous sommes d'accord. Ce que tu as dit n'est pas logique. Car affirmer P et non P, c'est juste une contradiction. P et non P ne peuvent pas être vraies en même temps. Quelque soit la logique considérée. C'est une vérité logique universelle (
et non absolue). C'est même le fondement de toute logique.
Une proposition est toujours formulée dans un cadre logique donné. Or, dans un même cadre logique P et non P : Faux.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Nous ne sommes pas dans l’univers Bisounours de la logique pure où P existerait en soi et devrait par conséquent être absolument vraie.
Tu confonds l'univers de la logique formelle avec celui des propos incohérents appartenant au monde des gens qui s'expriment de manière ambiguë, affirment une chose et son contraire sans que cela leur pose de problème, et s'imaginent, ce faisant, être plus subtiles ou profonds.
Par ailleurs, qui parle ici d'une proposition logique qui devrait exister en soi ou être "absolument" vraie ? Certainement pas moi.
En logique, il n’existe pas de proposition "absolue". Parler de "propositions absolues" y est dépourvu de sens. On peut certes évoquer des propositions universelles (dans un cadre formel donné), mais cela n’a rien à voir avec une prétendue "absolutité". Dans certaines disciplines, les termes ont un sens précis – respectons-le.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Nos énoncés ne sont rien d’autres que des proclamations concernant non pas un réel ontologique mais notre représentation d’un réel
hypothétique.
Ceci dit, il existe bien des hypothèses ontologiques et des discours qui présupposent des êtres substantiels ontologiques.
Sache bien que je ne postule rien de tel.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Et bien peu de proclamations peuvent être considérées comme absolument vraies.
Je dirais même qu'aucune ne l'est ni ne peut l'être. Mais, encore une fois, il me semble que tu confondes le concept d' "universalité" avec celui d' "absoluité". En logique formelle, on parle exclusivement de propositions "universelles" - jamais de "vérités absolues".
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
En toute rigueur, la plupart sont fausses mais beaucoup gardent toute leur pertinence. Autrement dit, l’intérêt de nos proclamations est leur domaine de pertinence.
Vraies dans un cadre logique, fausses dans un autre.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
«
E = Mc² » n’est pas absolument vraie, son domaine de vérité dépend du quadrivecteur d’énergie-impulsion.
Personne de sensée à ma connaissance, n'a dit qu'une formule de physique serait absolument vraie, et certainement pas moi.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Et même en maths on peut s’amuser avec des énoncés comme
« En base 10, 1 + 1 = 10 » qui n’est pas nécessairement fausse à l’écrit mais souvent fausse à l’oral. Son domaine de pertinence est intéressant...
Vraies dans un cadre logique, fausses dans un autre.
C'est en base 2 que 1 + 1 = 10 et ceci est une proposition vraie en arithmétique. (Je pense que c'est une coquille.)
Mais écrire que 1 + 1 = 10, sans préciser dans quelle base, est indécidable. C'est arithmétiquement vrai en base 2, non dans une autre base.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Dans l’univers des propositions langagières qui expriment nos représentations, une chose ne change pas d’un certain point de vue mais ne cesse de changer d’un autre point de vue.
Et dans l'univers des propositions langagières qui expriment des structures logiques formelles et dialectiques, les propositions "une chose ne change pas" et "une chose ne cesse de changer" sont toutes les deux incohérentes et donc fausses, ce concept de "chose" étant incohérent, puisqu'il s'agit ici d'un concept de "substrat" ontologique, dont les différents état n'en seraient que des modalités.
C'est précisément ce que je récuse.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Dans le même esprit, on peut dire que deux choses distinctes sont les mêmes, ce qui semble antinomique, le mot "
même" est au cœur de la contradiction.
En effet, on peut dire toutes sortes d'inepties, sans que ce soit forcément choquant dans les situations courantes.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Bien sûr, on peut regretter qu’une proposition puisse être vraie d’un certain point de vue et fausse d’un autre mais comme les propositions absolument vraies sont rares, il faut se faire une raison.
Cela ne me pose aucun problème : il n'existe aucune proposition "absolue". Je ne sais même pas ce que cela voudrait dire..
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
J’admets très volontiers que l’ontologie est vaine mais je me demande à quoi sert le principe de refuser le changement, le mouvement, bref le "devenir", comme si le risque était énorme d’imaginer un univers en mouvement et perpétuel changement et de reconnaître humblement que toutes nos représentations approximatives n'ont qu'un domaine de pertinence réduit.
De quel risque parles-tu ?
Il s'agit seulement, dans mon esprit, de ne pas dire n'importe quoi et donc de ne pas se fourvoyer dans des erreurs conceptuelles et de raisonnement.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Au plan épistémologique il est possible qu’il soit prometteur de préférer parler d’un "
spécimen" et l’identifier aux «
différents états ainsi désignés », mais je crains que cette convention ne suggère qu’elle écarte des illusions au point qu'elle permette d’en savoir plus sur le réel comme si le "
spécimen" existait plus et mieux que la chose.
Oui, on peut définir une "chose" à la manière dont je définis un "spécimen", c'est vrai.
C'est d'ailleurs en ce sens que je parle d' "entités" ou de "choses", autrement dit : comme de simples désignations et rien d'autre.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Quand on pointe les illusions chez autrui on laisse entendre que l’on fait preuve de davantage de lucidité.
Je n'ai pas parlé d'illusions que je sache. Je parle d'erreurs de jugement.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Or pour moi la lucidité est de reconnaître que le langage est par nature abusif, il est fait d’analogies, d’approximations, de raccourcis… et rien n’indique que c’est un défaut pour celui qui en est conscient.
- Tu parles ici du langage en ce qu'il permet d'exprimer des représentations imaginales (notions).
- Je parle du langage en ce qu'il permet d'exprimer des concepts cohérents et des raisonnements formels, autrement dit : des propositions logiques vraies, dans leur cadre formel.
Je suis pleinement conscient des limites et possibilités qu'offre le langage.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Si vous enfermez des glaçons dans un bocal en verre hermétiquement clos et que vous observez, ou plutôt que l’immense cohorte de tous les "
vous-même" (comment peut-on parler de vous-
même ?) observe la fusion, qu’est-ce qui leur permet de penser que le risque est grand de dire que c’est la même eau sous deux états distincts ?
Comme je l'ai déjà expliqué plusieurs fois maintenant : ce "moi-même" désigne un ensemble de configurations différentes mises sous le même vocable. Je n'entends pas par ces mots une entité qui passerait par ces différentes configurations ou je ne sais quel substrat ontologique auquel je ne crois pas et que je sais n'être qu'un concept creux.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Qu’est-ce qui invite à croire que ce n’est pas la même eau ?
Rien. Je ne crois strictement rien. Par contre, ce qui m'invite à l'affirmer, c'est que supposer que ce serait la même eau est illogique, et aussi le fait que rien dans l'observation ne permet de dire qu'il s'agisse de la même.
Ceci dit, il est vrai que ce genre de question ne se posent généralement pas dans les situations les plus fréquentes.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Son apparence ? Sa structure ? Les particules dont elle est composée ? Le lieu où elle se trouve ? Le temps qui passe ?
Je pense avoir répondu.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Est-ce que tous les aspects où s’exprime une différence objective sont pertinents ?
Pertinent pour ?
Les différences constatées sont bien des différences, objectivement. On peut les considérer ou non.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Certes, le doute est possible puisqu’aucun de vos innombrables observateurs successifs n’a observé assez longtemps et qu’une observation continue est impossible.
Mais à quoi profite ce doute ?
Ce doute ne nous dit rien du réel, que ce réel soit ontologique ou pas. Tout se passe comme si ce doute posait que l’univers est discret et non pas continu, on passe de l’analogique au digital...
Et alors ?
Je n'ai pas tout compris à ce que tu essayes de me dire ou de me demander ici. Voudrais-tu bien reformuler ?
Je ne vois notamment pas de quel doute tu parles.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
La vieille banalité «
On ne se baigne pas deux fois dans la même rivière » n’empêche nullement de donner à un nom propre à la rivière. On peut affirmer que l’on s’est baigné quelques fois dans la Durance.
C'est très loin d'être une banalité. Cet aphorisme est généralement très mal compris. Il est très souvent interprété comme un propos sur le changement.
Moi-même je peux affirmer m'être plusieurs fois baigné dans une certaine rivière du Massif Central. Mais je n'entends par là certainement pas la même chose que la personne qui croit en des entités ontologiques et/ou muables.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Est-ce qu’un roman change selon le format de l'édition ?
Non. Mais tu n'expliques pas quel serait le rapport avec mes propos ou en quoi ce serait un argument qui s'y oppose.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
À l'inverse, un clou est différent d’une patate.
Certes et alors ? Même remarque.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Mais la différence entre mon glaçon et son eau liquide est-elle de même nature que la différence entre le clou et la patate ?
Différentes distinctions faites seraient-elles de natures différentes ? Est-ce que tu veux savoir ?
Ma réponse est qu'il n'y a pas besoin ici de supposer différentes natures.
Mais peut-être n'ai-je pas bien compris ta question.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Il y a un réel enjeu, à mes yeux, à ne pas négliger la complexité du couple identité/différence, La traiter en tout ou rien n'aboutit à rien.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire.
Je parlerais plutôt d'un couple similarités/différences.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Car cette complexité est au cœur de tout processus cognitif. La connaissance n'est pas d'identifier des singletons dans une topologie discrète mais de percevoir les classes d'équivalence.
Je ne suis pas non plus sûr de comprendre ce que tu veux dire.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Oh, bien sûr, si l’on nourrissait l’illusion que la Durance existe en soi et qu’il y a une injection fidèle entre mes mots et des éléments du réel, cette naïveté serait embarrassante (parfois), mais pourquoi nourrir cette illusion ?
Je ne la nourris pas.
"La Durance" n'est qu'une désignation pour diverses configurations de perceptions, diverses configurations de représentations imaginales et diverses configurations de possibles en soi.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Je retiens l’idée que les mots "
entité", "
chose" et "
spécimen" sont des abstractions (*) produites par notre rapport langagier à un réel qui nous échappe.
(*) : Pas chez moi. Ce sont de simples désignations, pas de vrais concepts.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
L’observateur, quel qu’il soit, n’observe que des événements, autrement dit il n’observe et n’étudie que le jeu complexe "identité/différence".
Je le formulerais un peu différemment : il n'y a pas vraiment d'observateur, mais il y a bien des jeux complexes de distinctions et de similarités désignées sous de mêmes termes.
"Je", "moi" ne sont que des désignations.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Notre langage se nourrit d'illusion, il faut en être conscient.
Encore une fois, je parlerais plutôt d'erreurs que d'illusions.
pauline.px a écrit : ↑27 mai25, 22:11
Dénoncer les illusions des autres en suggérant qu'ils n'en sont pas conscients alimente le soupçon que l'on n'est pas conscient de ses propres illusions.
Ces soupçons ne sont pas forcément fondés.
__________________
Didjey a écrit : ↑28 mai25, 05:15
Excellent exposé, "Pauline".
Le paragraphe qui "m"a semblé le plus pertinent est celui-ci :
pauline.px a écrit :
Si vous enfermez des glaçons dans un bocal en verre hermétiquement clos et que vous observez, ou plutôt que l’immense cohorte de tous les "vous-même" (comment peut-on parler de vous-même ?) observe la fusion, qu’est-ce qui leur permet de penser que le risque est grand de dire que c’est la même eau sous deux états distincts ?
Mais le reste est tout autant savoureux.
J'y ai répondu :
J'm'interroge a écrit :Comme je l'ai déjà expliqué plusieurs fois maintenant : ce "moi-même" désigne un ensemble de configurations différentes mises sous le même vocable. Je n'entends pas par ces mots une entité qui passerait par ces différentes configurations ou je ne sais quel substrat ontologique auquel je ne crois pas et que je sais n'être qu'un concept creux.
- La réalité est toujours beaucoup plus riche et complexe que ce que l'on peut percevoir, se représenter, concevoir, croire ou comprendre.
- Nous ne savons pas ce que nous ne savons pas.
Humilité !
- Toute expérience vécue résulte de choix. Et tout choix produit sont lot d'expériences vécues.
Sagesse !