Bonjour Nina;
Merci pour ton petit clin d'oeil après ton jugement plutôt positif de mes considérations sur le rapport des Juifs à la Bible.
Je te cite ici pour la facilité de mon propre argumentaire car je pense nécéssaire de rappeler l'une ou l'autre chose.
Citation:
"Pasteur Patrick, votre résumé sur le Pentateuque est...bon mais légèrement tronqué : vous oubliez le Talmud, cet ouvrage vivant qui n'a cessé d'évoluer au fil du temps et qui met par écrit la loi ORALE OU MICHNA...Nous sommes partis en Exode forcé après la destruction du 1er temple (celui bati par Salomon...David ayant trop péché, son fils fut "apte" à bâtir le BETH AMIDRASH : rien que la construction de ce temple mériterait d'être contée : les pierres par exemple, n'avaient pas le droit d'être polies par le fer (représentant les armes de guerre) : tout ne devait être fait sans UNE SEULE connotation guerrière : un Temple d'Amour Pur dédié à l'Eternel (Béni soit son Nom !)...
Le Talmud disais-je : un relevé de la loi orale, dont les premiers écrits (pour que cela ne se perde jamais...) débutèrent en Babylonie...(Talmud de Babylone)...
Le deuxième commença à Yavné (Eretz Israel)...et la compilation se fit plus tard...POUR NE JAMAIS OUBLIER...Voilà pourquoi notre obsession de ne pas oublier nous valut le terme de "Peuple de la mémoire" !!
Une dernière chose qui me semble capitale pour que vous ne jugiez pas mon post comme autre chose qu'un vrai dialogue : j'aimerais que l'on rende à César ce qui lui appartient...Jesus disait "aime ton prochain comme toi-même"...Il ne citait alors que Rabbi Akiva...Maître en Thora, mort sous les pires tortures romaines et qui souriait malgré tout...
Cet homme exceptionnel Rabbi Akiva eut un parcours exceptionnel, si atypique et si merveilleux que je vous conterai si vous le voulez sa vie, en quelques lignes...."
Mon résumé est forcément tronqué comme tous les résumés. Il n'est guère possible,humainement parlant , de résoudre cette équation: tout dire en étant le plus bref possible ! Enfin, moi, je ne 'y suis jamais arrivé

Bien, j'ai omis, penses-tu, de parler du Talmud.
Oui et non.
Mon propos n'était pas de parler du Talmud et de la Loi Orale, mais de la Bible et de la Loi Ecrite. Ce sont, dans l'ordre de la pensée , deux choses qu'il faut distinguer, même si, dans le Judaïsme, ona tendance à considérer les deux sur le même plan. Les catholiques romains et les orthodoxes font la même chose: à la Bible, Loi écrite, ils ajoutent la Tradition, Loi orale.
Comme protestant , je ne saurais être d'accord avec La LOi + la jurisprudence.
Pour moi, la Loi est la Loi... et son interprétation doit être "seconde.
Bien, du coup, il est naturel d'en parler ailleurs ou après. Ce n'estdonc pas une omission, c'est volontaire de ma part.
Parler de la Bible est prioritaire et là-dessus nous pouvons discuter. Quant à l'interprétation qui s'en est suivi, si importante que cela représente au sein de la Pensée Juive, je ne saurais en faire grand cas dans le cadred'une réflexion générale".
Je rappelle doinc que tout a commencé au moment de la grande catastrophe nationale qu'a représenté l'exil de 586 avant notre ère. Ensuite, le Retour et la reconstruction sous Zorobabel. Ezra est le premier à redécouvrir l'Enseignement mosaïque... c'est d'ailleurs une des plus belles pages de la Bible: tout le peuple qui écoute ese fait expliquer la Torah! On a de la peine à imaginer cela ! Ezra est aussi celui qui institue le système synagogale que l'on connait aujourd'hui et qui est l'ancêtre de l'Eglise chrétienne également. Ces beth ha-Knesset ou maison de rassemblement (ekkesia en grec) vont permettre aux Juifs de la Diaspora d'exister "en dehors d'Israël"... On se souvient que le Temple est détruit et qu'il faut le reconstruire. Autrement dit, ces "synagogues, où il n'y a pas de sacrifice (seulement au Temple), deviennent les lieux de ralliement du peuple, lieux des rencontres, des échanges, de culture aussi... Le peuple se rassemble autour du Livre, tel qu'Ezra le reconstitue. Ezra, le fondateur de la Knesset ha-guedela - en tout cas, nous dirons qu'il s'agit plutôt de l'équivalent de la Grande Synagogue au IId siècle avant JC, relayée par le Sanhédrin à la fin du IIIème siècle avant JC. - règle tout, jusqu'au moindre détail. Rappelons-nous encore qu'il a préconisé l'épuration ethnique ! Son radicalisme le rend assez antipathique quand on y réfléchit à l'aune moderne: "Séparez-vous des gens du pays et et des femmes étrangères!" (Ezr 10:11). Heureusement que bien souvent, les Juifs n'ont pas toujours été très obéissants à leurs chefs charismatiques...

Ezra établit des listes écrites de tous ceux qui avaient pris des femmes étrangères !? Le livre se termine donc par des arrachements familiaux abominables. Imaginons tout ce que cela a pu créer ces séparations, ces mères de leurs enfants, ces femmes de leurs maris qui les avaient suivies dans les dangers du retour, dans l'exil.
Ezra est quasiment à l'égal de Moïse ici. Moïse a doté le peuple de la Tora. Ezra, bien plus tard mais dans des conditions tout aussi abominables, restaure la Loi de Moïse.
Son oeuvre est méconnue du grand public qui a toujours grand peine à retrouver son livre dans la Bible. Dans ces synagogues, on lit, on discute, on explique, on commente, on s'interroge... car le problème est majeur: comment mettre en pratique ces Paroles divines qui viennent de leurs ancêtres. Bref, une tradition "orale" se constitue peu à peu, petit à petit, dont on garde mémoire par écrit. Ce faisant une bibliothèque voit le jour à côté de la Loi parfaite de Dieu. Les maîtres sont écoutés et prennent une importance de plus en plus grande, sans pour autant devenir des "prêtres". Leur influence est cependant déterminante. Ainsi se constituent des corpus de dits de rabbins.
Voilà, rappelé sans doute trop sommairement, comment le Talmud est né. Mais je ne puis m'empêcher de penser que la Parole de Dieu est d'abord première... et que le Talmud est second comme toute tradition des hommes qui voient là des moyens de comprendre, d'oppsoer des idées etc. Car le Talmud dit tout, y compris le contraire! Ce qui compte dans le Talmud, c'est l'empilement des paroles de tel ou de tel rabbin, même si tel s'oppose à tel autre. On trouvera toujours dans le matériau traditionnel talmudique un rabbin qui dit ceci et un autre qui dit cela. L'objectif n'est pas de constituer une cohérence religieuse ou intellectuelle... mais bien plutôt de garder mémoire des dits des maitres afin de susciter la réflexion. Exactement comme chez les catholiques romains et les orthodoxes à l'origine. Le problème, c'est qu'en pratique, la Tradition prend le sdessus dans trop de cas d'espèce. Le Talmud constitue donc bien un trésor au plan de la pensée, comme tout ce que la pensée humaine peut, en matière de sagesse, produire, mais ce n'est pas la Parole de Dieu. On ne peut la confondre avec elle, en dépit des rabbins qui persuadent tout juif jusqu'à aujourd'hui, d'affirmer que la Tradition complète la Parole divine.
Canoniquement parlant, l'Eglise romaine est l'Institution religieuse qui ale plus réfléchi au statut de la Tradition toujours vivante par rapport à la Parole divine. Celle-ci nourrit celle-là, mais celle-là donne vie à ce qui pourrait n'être plus que lettre morte, fût-elle Parole de Dieu. Je comprends en taout cas la problématique, bien que je ne l'admette pas. Je l'expose, sans plus. Curieusement, les musulmans font la même chose avec les Hadith par rapport au Coran... Je suis donc ici aussi bien conscient que la réflexion "réformée" est exceptionnelle. Mais je la crois pertinente.
Cette controverse se retrouve aussi à l'intérieur du Judaïsme depuis fort longtemps. IL n'y a donc pas que les Protestants pour l'affirmer. On en retrouve l'écho dans les disputes incessantes entre les Pharisiens, les scribes et les Sadducéens à l'époque de Jésus de Nazareth, fils de Joseph et de Marie. Les Sadducéens, - pour qui la Loi est la Loi et il faut s'y soumettre - rejetaient tout ce qui n'était pas Tora écrite alors qu'au contraire les Pharisiens imaginèrent des procédés exégétiques pour prouver que les traditions (tora orale) rejetées par les Sadducéens étaient en germe dans la tora écrite, càd déjà contenue dans les énoncés mosaïques.
Ai-je été plus complet ? Sans doute ai-je omis des choses importantes, mais je ne sais pas tout non plus

Ah oui, dernier point, Jésus se situe à son époque: la tora s'interprète ou il faut s'y soumettre. Jésus se range résolument du côté des Pharisiens, et pourtant, tout au long de son parcours, on le voit en prise avec des Pharisiens à qui il s'oppose sans cesse. On assiste même à un pacte contre nature des Pharisiens avec les Sadducéens pour se débarraser de Jésus en utilisant l'occupant romain. Cependant,Jésus use de métaphores, de paraboles qui étaient en usage dans les milieux juifs. Jésus n'a pas voulu être un inventeur, mais un réformateur. Ce qui est tout autre chose. Cite-t-il rabbi Akiva ? Ce n'est pas certain puisque Moïse l'avait déjà écrit dans le Pentateuque dans le livre du Lévitique (Lév 18:19) bien avant rabbi Akiva. Je pense plutôt pour une citation de Moïse car Jésus, comme rabbi Akiva, était versé dans les Ecritures de Moïse. Il cite constamment les écrits de Moïse et jamais les "rabbins" ou d'autres penseurs de son temps. Ce n'est pas la citation qui doit surprendre, c'est sa radicalisation et son universalition.
A plus tard.