spin a écrit :Encore une fois, un héritier reconnu comme tel du trône de David. Il y en a eu d'autres.
Un politique n’a pas de raisons d’être prophète et encore moins dieu.
Si un Jésus historique avait été un héritier du trône de David et reconnu comme tel par les foules, les Romains se seraient empressés de lui confier le manche puisqu’il n’avait pas l’intention de faire la guerre à Rome.
Renan décide de faire naître Jésus en Galilée sous prétexte que c’est une prophétie qui le fait naître à Bethléem.
Ce n'est pas forcément mal raisonner...
Si le caractère prophétique de la naissance de Jésus à Bethléem rend cet épisode anhistorique, alors le caractère prophétique de la jeunesse en Galilée doit la rendre anhistorique aussi.
Ce à quoi Proudhon rétorque dans sa propre « Vie de Jésus. » que la jeunesse en Galilée vient aussi d’une prophétie. Et Proudhon de faire naître Jésus à Bethléem.
Comme quoi on trouve toujours des prophéties pour expliquer tout ce qu'on veut dans tous les sens.
La biographie de Jésus est un tissu de prophéties.
Or le personnage de Pilate est tardif et remplace un sacrificateur.
Pardon ??
Pilate constate que Jésus est l’agneau sans tache bon pour le sacrifice.
Mais comme on ne peut pas lui faire condamner un innocent, on y ajoute le rituel des deux boucs du Lévitique : deux boucs semblables sont amenés au prêtre qui renvoie dans le désert le bouc chargé des péchés d’Israël et sacrifie le bouc sans péchés.
Donc Jésus fils du Père est associé à Jésus bar Abbas.
Jésus bar Abbas est jugé chargé de péchés et relâché, et Jésus fils du Père jugé innocent et condamné.
Ensuite on passe au rite de l’aspersion du sang (Ex 24.8) :
Moïse prit le sang, et il le répandit sur le peuple, en disant:
Voici le sang de l'alliance que l'Eternel a faite avec vous selon toutes ces paroles.
Ce à quoi le peuple répond avec ferveur :
Son sang sur nous et sur nos enfants! (Mt 27.25)
Après cela, le grand prêtre Pilate accomplit le rite du lavage de mains (Dt 21.6-9) :
Tous les anciens de la ville la plus proche du cadavre laveront leurs mains sur la génisse à laquelle on a brisé la nuque dans le torrent.
Prenant la parole, ils diront: 'Nos mains n'ont pas versé ce sang et nos yeux ne l'ont pas vu verser.
Pardonne, Eternel, à ton peuple, Israël, que tu as racheté. Ne charge pas ton peuple, Israël, de ce sang innocent.' Alors ce sang ne sera pas porté à son compte.
Ainsi, tu feras disparaître du milieu de toi le sang innocent en faisant ce qui est droit aux yeux de l'Eternel.
Mais à part ça, c’est un procès politique, bien sûr….
Et d’où sort cette « nouvelle religion » ? Comment des agités messianistes en sont-ils venus à diviniser leur héros vaincu ?
Ce ne sont pas eux qui l'ont divinisé. Ils se sont contentés, phénomène archi-classique de travail de deuil raté, de prétendre qu'il allait revenir.
Je ne vois d'ailleurs rien d'invraisemblable que Jésus ait survécu quelques jours à la crucifixion (Josèphe cite un cas de crucifié décroché, à sa demande, et qui a survécu durablement), et que ça ait enflammé les imaginations.
C’est un peu court.
Car avant d‘être crucifié, il faut inquiéter les autorités.
Pour inquiéter les autorités, il faut séduire les foules.
Pour séduire les foules, il faut faire des miracles.
Et pour faire des miracles, il faut être dieu.
Et puisque nous en sommes aux résurrections, voici la résurrection de Lazare par Renan :
« La renommée attribuait déjà à Jésus deux ou trois faits de ce genre. La famille de Béthanie put être amenée presque sans s'en douter à l'acte important qu'on désirait. Jésus y était adoré. Il semble que Lazare était malade, et que ce fut même sur un message des sœurs alarmées que Jésus quitta la Pérée . La joie de son arrivée put ramener Lazare à la vie.
Peut-être aussi l'ardent désir de fermer la bouche à ceux qui niaient outrageusement la mission divine de leur ami entraîna-t-elle ces personnes passionnées au delà de toutes les bornes. Peut-être Lazare, pâle encore de sa maladie, se fit-il entourer de bandelettes comme un mort et enfermer dans son tombeau de famille. Ces tombeaux étaient de grandes chambres taillées dans le roc, où l'on pénétrait par une ouverture carrée, que fermait une dalle énorme. Marthe et Marie vinrent au-devant de Jésus, et, sans le laisser entrer dans Béthanie, le conduisirent à la grotte. L'émotion qu'éprouva Jésus près du tombeau de son ami, qu'il croyait mort, put être prise par les assistants pour ce trouble, ce frémissement qui accompagnaient les miracles ; l'opinion populaire voulant que la vertu divine fût dans l'homme comme un principe épileptique et convulsif. Jésus (toujours dans l'hypothèse ci-dessus énoncée) désira voir encore une fois celui qu'il avait aimé, et, la pierre ayant été écartée, Lazare sortit avec ses bandelettes et la tête entourée d'un suaire.
Cette apparition dut naturellement être regardée par tout le monde comme une résurrection. La foi ne connaît d'autre loi que l'intérêt de ce qu'elle croit le vrai. Le but qu'elle poursuit étant pour elle absolument saint, elle ne se fait aucun scrupule d'invoquer de mauvais arguments pour sa thèse, quand les bons ne réussissent pas. Si telle preuve n'est pas solide, tant d'autres le sont !... Si tel prodige n'est pas réel, tant d'autres l'ont été !... Intimement persuadés que Jésus était thaumaturge, Lazare et ses deux sœurs purent aider un de ses miracles à s'exécuter, comme tant d'hommes pieux qui, convaincus de la vérité de leur religion, ont cherché à triompher de l'obstination des hommes par des moyens dont ils voyaient bien la faiblesse. L'état de leur conscience était celui des stigmatisées, des convulsionnaires, des possédées de couvent, entraînées par l'influence du monde où elles vivent et par leur propre croyance a des actes feints. Quant à Jésus, il n'était pas plus maître que saint Bernard, que saint François d'Assise de modérer l'avidité de la foule et de ses propres disciples pour le merveilleux. La mort, d'ailleurs, allait dans quelques jours lui rendre sa liberté divine, et l'arracher aux fatales nécessités d'un rôle qui chaque jour devenait plus exigeant, plus difficile à soutenir. »
Salomon Reinach a qualifié cette prose d’« évhémérisme naïf ».
Où sont les églises des autres prétendants à la messianité vaincus ?
Parce que ça devrait se produire à chaque fois ???
Et pourquoi pas ? Si c’est si simple à organiser, pourquoi se priver ?
C’est la foule qui l’appelle « fils de David » et cela ne fait pas que cette foule ait raison.
Mais pourquoi aurait-on inventé cette appellation par la foule ?
Parce que c’est une foule juive qui suit la doctrine judaïque, laquelle prêche la venue d’un messie fils de David.
Mais le messie chrétien n’est pas un dynaste juif.
Pourquoi serait-ce la diatribe qui serait un ajout et pas les interventions des adversaires de Jésus qui coupent d’un verset par ci par là un texte présenté d’un bloc dans Matthieu ?
Et pourquoi pas ? Je n'affirme rien, je dis qu'un certain scénario est possible et "économique" alors que tu le déclares impossible. N'inverse pas les rôles !
Ne me fais pas rire ! Chaque Evangile est une réécriture des précédents et Luc est plus récent que Matthieu.
De plus, on trouve la même chose dans Jean où les discours de Jésus sont coupés d’interventions des disciples auxquelles Jésus ne réagit pas.
L’examen des Evangiles, surtout les plus anciens comme Marc et Jean, montre un Jésus s’adressant directement aux foules. On y a ensuite ajouté des interventions de disciples pour lui donner la réplique, comme dans les dialogues des philosophes grecs, lorsqu’il fallut expliciter des points de doctrine.
Mais si l’Evangile est du II ème siècle, il est normal que ses auteurs ne connaissent comme cadres juifs que les pharisiens.
Au moins le noyau initial de Marc a dû être rédigé avant la chute de Jérusalem en 70, puisque certains passages n'en tiennent pas compte et que leurs homologues dans Matthieu en tiennent compte.
Exemples ?
Quant à la « race de vipères » et autres amabilités, elles viennent d’Isaïe
Et alors ? Pourquoi un connaisseur des prophètes, que ce soit Jésus ou celui qui a complété le texte, n'en reprendrait-il pas les insultes ?
Il imagine donc les rabbins d’après ce qu’en disent les prophètes.
Car tout le récit n’est que bricolage à partir de l’AT.
Ici, Maccoby ne s’interroge même pas sur l’aspect sacrificiel de ce prétendu procès.
Le côté sacrificiel n'est pas forcément d'origine, c'est même très peu vraisemblable. C'était un procès politique pour mettre fin à une situation de crise grave (qui a motivé une réunion du Sanhédrin en pleine nuit, pourquoi l'aurait-on inventé ?)
Mais Maccoby ne dit pas cela : il écrit que Jésus a débarqué à Jérusalem à l’automne (la scène des rameaux étant la fête de souccot), qu’il a été jeté au trou, et qu’il a été exécuté à Pâques pour faire un exemple.
Quand à la réunion du sanhédrin la nuit, il s’agit pour le rite chrétien de tout coller dans la seule journée du vendredi.
Il y a un problème majeur qui est que le christ est l’agneau pascal égorgé le vendredi de pâques et qu’il doit être en compagnie de ses disciples pour être mangé par eux.
Dans Jean, il n’est pas dit que le repas du jeudi est la pâque.
C’est dans les synoptique que ce repas est censé être la pâque.
Mais enfin, ce qui compte est que Jésus est livré à Pilate à l’aube.
On trouve même une réunion du Sanhédrin à l’aube :
Mc 15.1 Dès le matin, les principaux sacrificateurs tinrent conseil avec les anciens et les scribes, et tout le sanhédrin. Après avoir lié Jésus, ils l'emmenèrent, et le livrèrent à Pilate.
Mt 27.1 Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir.
Lc 22.66 Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s'assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin.
En fait, c’est une glose donnant le détail de la réunion du sanhédrin qui se retrouve la nuit précédente.
L’arrestation de Jésus à la lueur des torches n’est que dans Jean :
Jn 18.3 Judas donc, ayant pris la cohorte, et des huissiers qu'envoyèrent les principaux sacrificateurs et les pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes.
Dans les synoptiques, ils y voient assez clair.
En fait, c’est le reniement de Pierre avant l’aube qui exige que cette arrestation ait lieu pendant la nuit.
Et donc il faut étudier l’empilement des réécritures des textes avant de décréter une urgence politique exigeant une réunion nocturne du sanhédrin.
De plus, si le rôle de Pilate fut d’abord tenu par un sacrificateur, cela explique que le conseil des prêtres se tienne à l’aube et que le cohen Pilate se charge de la cérémonie.
.Pour lui, Paul a fréquenté étant jeune les cultes à mystères et a ensuite divinisé un rabbin juif.
Ben voyons !
Ca me parait plus plausible que de l'avoir inventé de toutes pièces à une époque où il y avait encore des gens qui avaient vécu dans le contexte supposé.
J’ai déjà lu cette argutie qui se mord la queue : « On ne peut pas écrire n’importe quoi lorsqu’il y a encore des témoins. »
Cela postule que l’écrit est proche en temps comme en lieu, ce qui reste à prouver, car :
Primo, Paul ne parle nulle part d’un rabbin ayant parcouru la Galilée.
Secundo, il écrit qu’il vit à la fin des temps. Or le temple est censé être debout pour l’éternité.
Et donc le temple a forcément été détruit à l’époque où Paul écrit.
Il en est de même dans les Evangiles où la destruction de la Judée est prédite.
Tertio, les évangélistes ne connaissent rien de la géographie de la région.
Ainsi trouve-t-on un sycomore à Jéricho alors que le niveau local de pluviosité ne permet pas à cet arbre de vivre là.
On trouve une tempête sur la mer de Galilée car les évangélistes croient que c’est un golfe e la Méditerranée comme la mer Egée.
Il y a d’autres exemples comme les tuiles sur les toits, etc.
Quarto, les témoins se sont montrés si introuvables qu’il a fallu aux chrétiens rédiger eux-mêmes des « témoignages profanes ».
Les Juifs n’ont découvert les chrétiens que dans la seconde moitié du II ème siècle vu que le Toledot Yeshou date de cette époque.
Enfin, on trouve même dans la littérature patristique des anomalies par rapport aux textes actuels qui obligent à les dater de la fin du II ème siècle voire du III ème siècle.
Ainsi Tertullien écrit-il que le mot « chrétien » évoque la bonté, ce qui signifie que son évangile contient « chrestos » et non « christos ».