Documentaire animalier n° 1:
Une troupe de lions confortablement installés. L’on peut voir le sourire de chaque lion alors qu’il se lèche les pattes et s’étire sur le sol au côté de ses congénères, visiblement enchanté du confort que lui procure leur chaleur. L’on peut voir la bienveillance avec laquelle une mère empêche un lionceau de jouer à tirer sur sa queue. Elle lève ses énormes pattes et repousse doucement le petit lorsque ses morsures deviennent trop douloureuses. Mais la Nature n’a donné à ces lionnes qu’un moyen de nourrir leurs petits : la chasse. Cet après-midi, ces créatures paisibles déchireront une gazelle membre par membre. La bête paniquée essaiera frénétiquement d’empêcher les félins de s’approcher d’elle, mais ils lui briseront le cou et la traîneront à travers la plaine toujours vivante et se débattant. Les yeux ouverts, consciente, sa chair sera entaillée et déchirée.
Imaginez un instant que les lions se sentent soudain coupables de leurs habitudes alimentaires et jurent de renoncer à la viande. Que feraient-ils ? Ils s’affameraient et affameraient leurs petits. Parce qu’ils n’ont qu’une option : tuer.
Tuer n’est pas une invention de l’homme mais de la Nature.
Documentaire animalier n° 2 :
Une tortue de mer femelle rampe péniblement vers le haut de la plage d’une île tropicale, traînant sa masse dans le sable. Elle creuse lentement un nid avec ses nageoires postérieures et y dépose ses œufs. De ces œufs naît un millier de bébés minuscules et irrésistibles, qui sortent du sable et clignent des yeux lorsque, pour la première fois, ils se trouvent face à la lumière, identifiant rapidement leur route grâce à un compas interne programmé génétiquement, puis entament leur premier parcours, une course vers la mer. Alors que les petits filent maladroitement sur la plage, se propulsant avec leurs nageoires conçues pour une tâche totalement différente, des oiseaux marins, attendant ce festin, fondent en piqué pour déguster les uns après les autres ces mets riches en protéines. Sur un millier de petites tortues, seules trois arriveront peut-être saines et sauves dans les vagues de l’océan.
Les oiseaux ne sont pas des créatures sadiques dont les instincts ont été déformés par une overdose de télévision. Ils sont tout simplement engagés dans le même effort que les bébés tortues : l’effort de survie.
Je pense que le mal n'a pas attendu l'homme pour exister.
Il suffit de regarder un documentaire animalier pour se rendre compte
que le mal fait partie intégrante de mère Nature.
Je suis parfois ébahie par la splendeur de la Nature mais j'ai aussi pris conscience que la cruauté y régnait bien avant l'arrivée de l'homme sur terre.
Dans l'état de nature, l'herbe qui nourrit le mouton n'existerait plus depuis longtemps, si les loup de temps en temps ne réduisaient le troupeau jusqu'à son juste équilibre avec sa nourriture. Une banalité qu'on préfère oublier.
La Nature donne la vie à la mésange et au chat pour que l'un se nourrisse de l'autre et ainsi de suite. Une chaîne infernale et sans fin.
Lorsque le chat est aux aguets sous le nid, l'oisillon ne doit pas rater son envol, ni frôler de trop près le sol. Il n'y aura pas pour lui de seconde chance. L'homme ressent de la pitié pour l'oiseau, il va faire éloigner le chat. Un pouvoir dérisoire qui ne change rien à l'ordre des choses. La pitié résulte de l'émotion et de l'agitation de l'esprit.
L'homme ne peut avoir que de la compassion face à ce spectacle merveilleux de la vie, mais dont le mécanisme est aussi monstrueux qu'irrémédiable.
Il prétend aimer la vie mais il refuse d’admettre la cruauté des lois qui gèrent le monde vivant.
Il faut une sacrée dose d'inconscience ou de stupidité pour ignorer que la terre grouille d'êtres qui s'entre-dévorent, et que la Nature ressemblait déjà plus à un enfer équilibré qu'à un paradis.
Mais l'arrivée de l'homme a changé beaucoup de choses, la terre est devenue un enfer déséquilibré.
