Inti a écrit : Croire que la réalité est dépendante de la perception ou conscience pour être relève du spiritualisme pas du physicalisme ni de la science.
Peut-être bien. Mais ce n’est pas mon propos. Du tout !
Inti a écrit : Qui parle de connaissance absolue? Parler de connaissance absolue est justement un angle d'approche religieux de la réalité universelle.
Absolument (

) pas. La connaissance absolue (dans le cadre de ma réponse) équivaut strictement au concept d’objectivité forte, c’est-à-dire d’objectivité dénuée de toute considération subjective : c’est le réel indépendant. Ce n’est pas un concept religieux, mais un concept théorique technique, auquel tu adhères toi-même, qui pose une hypothèse : l’existence d’un tel réel. Si tu persistes à y voir une dimension religieuse, c’est que tu ne comprends pas bien le propos. Cependant, au vu de ce paragraphe :
Inti a écrit : Mais s'il n'y avait pas de réalité indépendante de toute perception, observateur, classes d'observateurs ou intersubjectivité l'univers n'aurait pas pu émerger, se matérialiser, se déployer sans l'apparition d'homo sapiens.
Au vu de ce paragraphe donc, je pense que tu me suivras sans peine, puisque tu y admets, et penses même démontrer,
l’existence d’une réalité indépendante (que je m’abstiendrai d’encore nommer, plus pour des raisons de clarté entre nous, « connaissance absolue »). Mais ta démonstration n’est pas aussi solide que tu sembles le croire. La première critique que j’adresse à son encontre est la suivante : l’existence ou non d’une réalité indépendante
n’est pas sujette à la connaissance que l’on peut en avoir. Autrement dit, la structure du réel, le réel en-soi, peut sans problème aucun être considéré comme inintelligible, sans que cela n’ait le moindre impact, ni sur son existence, ni sur l’existence d’un réel subjectif. Il suffit pour cela de considérer l’hypothèse selon laquelle ce réel inintelligible contient en lui les structures suffisantes pour amener un sens donné, à un univers donné, à une conscience. On peut ne pas adhérer à l’hypothèse, mais tu ne pourras pas la réfuter. Car la réfuter reviendrait pour toi à admettre de front le choix d’une pétition de principe, celle qui te ferait caractériser à minima ce réel, qui deviendrait pour le coup intelligible au moins en partie.
Inti a écrit : Tu vois ou pas l'incongruité de cet idéalisme quantique? L'observation qu'elle soit au niveau macroscopique ou quantique concerne la connaissance humaine de la réalité universelle. Crois tu vraiment que la connaissance humaine ( et ses croyances) est une condition essentielle et fondamentale au réel fondamental ou matérialisme intégral et universel? Tu le vois l'anthropocentrisme carabiné du cantique du quantique ou pas? Le positivisme comme grille de lecture a tout simplement introduit au sein de la physique quantique un préjugé Métaphysique sur le rapport Monde objectif et monde subjectif.
Je préfère laisser l’idéalisme quantique de côté. Je n’en ai jusqu’à présent pas parlé, du moins n’ai-je pas utilisé ce formalisme pour étayer mes précédentes remarques, ni n’en ai besoin en tant qu’argument. Cela étant, je remarque tout de même que tu évoques une réalité universelle, pour laquelle tu te gardes bien de déterminer si elle concerne une universalité simplement humaine, donc relative à nos moyens de connaissance, ou une universalité qui déborde de ces moyens. J’ai tendance à penser que tu prétends à la seconde version, même si j’émets encore quelques doutes au vu de l’une de tes remarques, un peu plus bas, sur laquelle je reviendrai
[*][/b]. Cela étant, je remarque encore deux choses intéressantes : la première est que tu lies, ici encore, la condition d’existence d’un réel indépendant et intelligibilité de ce réel, mais aussi que tu pars du principe que le débat de la connaissance se rapporte à un anthropocentrisme de mauvais aloi. Or il n’est pas nécessaire d’introduire cet anthropcentrisme dans le débat sur la connaissance car l’étude des rapports entre hypothétiques sujets et objets vaut pour n’importe quels sujets, quelle que soit leur ensemble d’appartenance, l’ensemble « homme » ou n’importe quel autre ensemble. En d’autres termes, on s’en fiche éperdument que le sujet connaissant soit un homme ou un extra-terrestre, une fourmi ou quoi que ce soit d’autre, pourvu qu’il soit « connaissant ». Nous y reviendrons certainement parce que, clairement, cet anthropocentrisme exagérément invoqué est, pour toi, une bonne raison, si pas
la raison, du rejet de l’objectivité faible (autrement dit d’une objectivité seulement fondée sur l’intersubjectivité d’un groupe donné de sujets). Mais cette invocation montre surtout que tu pars, à nouveau, de cette pétition de principe qui lie l’intelligibilité au réel indépendant.
[*][/b]
Inti a écrit :Arrête de voir la connaissance en termes d’absolu. La connaissance est relative, réfutable, perfectible sur l’axe du connu et inconnu
On tient ici un fil exceptionnel. Car, jusqu’ici, tu as montré ta ferme résolution en la croyance d’une réalité indépendante et intelligible.
Mais pour autant tu affirmes, noir sur blanc, la connaissance comme relative. Réfutable et perfectible, je le comprends et j’adhère sous l’hypothèse d’une intelligibilité minimale de ce réel. Mais relative ? Relative à quoi ? Quelle est cette incroyable relativité qui permet, toute relative qu’elle est, de
garantir l’accès plein et entier à ce réel indépendant ?
Là, tu dois te justifier.
Je laisse maintenant le paragraphe suivant en suspens, car la critique de l’idéalisme quantique n’a que peu à voir avec les fondements d’une critique de la connaissance. Le formalisme quantique modifie le jeu de placement des acteurs, sujets et objets, mais ne modifie pas les bases critiques.
Inti a écrit : Pour ce qui est d'une réalité dépendante ou indépendante de la perception ou intersubjectivité ou observateur faudrait que tu te référes à ma critique de l'idéalisme quantique. Je ne peux pas recommencer mes développements à chaque nouvelle intervention d'un interlocuteur
Cause première? Tu parles de processus astrophysique ou Métaphysique? Sais tu distinguer l'un de l'autre dans ta question avant de chercher des réponses scientifiques sur le principe de causalité
Une cause première est par définition métaphysique, donc absolue. Une cause première scientifique, eh bien, est une cause première scientifique, donc relative aux axiomes de l’exercice.
Inti a écrit : Tu vois bien que tu as tendance à placer le phénomène de la connaissance humaine bien au dessus et devant de la réalité et du fait cosmique. Combien de milliards d'années d'évolution du fait cosmique avant le premier regard conscient sur les tenants et aboutissants de l'organisation spatio temporelle?
Voilà typiquement une affirmation qui,dans le cadre de notre discussion sur l’épistémologie. Tu ne peux démontrer l’existence d’une structure du réel, en que parfaitement connaissable, par l’hypothèse de son existence. Tes milliards d’années d’évolution ne sont pas une donnée objectivement forte. Elles font parties d’un donné objectivement faible. Je ne place le phénomène de la connaissance
nulle part. C’est ce que tu voudrais me faire dire, mais ce n’est pas ce que je dis. Moi je te dis (A) qu’il n’est pas possible de démontrer l’existence d’une réalité indépendante ; (B) qu’il est impossible de démontrer que la connaissance que l’on a reflète tout ou partie de ce réel. Mais jamais je ne parle de connaissance humaine. JE te renvoie d’ailleurs plus haut, où je m’explique plus longuement.
Désolé de te ramener sur Terre et te signifier que l'observateur et observations sont le fondement de toute connaissance humaine ( et croyances) et non pas le fondement du réel fondamental et des structures de l'univers, l'esprit pensant étant lui même une structure de l'univers plus post big bang que pré big bang.
Si nous n’avons pas la plus merveilleuse pétition de principe… ? L’esprit ? Quel esprit ? De quel chapeau tires-tu cette ontologie du big-bang ? Je parle bien d’ontologie, pas de la théorie scientifique. Surtout, comment peux-tu affirmer
en même temps l’idée que la connaissance, qu’elle soit humaine ou pas, est
relative à l‘observateur (ce qui m’étonne de ta part au vu de tes interventions passablement forte en termes épistémologiques mais passons) tout en affirmant des
absolus en tant que l’ « esprit » appartenant à la « structure » de « l’univers » post « Big-Bang » ? Comment articules-tu cette relativité avec l’absolu invoqué ? Il faut choisir ton camps, camarade (ce que, au demeurant, je me garde de faire puisque je persiste à laisser l’ensemble des possibilités ouvertes).
Jusqu’à présent, tes propos me semblent donc peu cohérents, en ce que d’une main tu prétends l’existence d’un réel indépendant au moins en partie parfaitement connaissable, de l’autre tu persistes à affirmer une forme de relativisme que l’on ne parvient ni à définir entièrement, ni surtout à articuler à tes affirmations quant au réel indépendant, et enfin pour saupoudrer le tout tu axes tes arguments quant à l’existence de ce réel indépendant et sur son intelligibilité – entre autre - sur des postulats qui, s’ils sont parfaitement respectables, ne peuvent en aucun cas être considérés en tant que réalités ontologique. Or les idées de structures, d’espace et de temps, d’Univer(s), de Big-Bang, d’esprit, d’humains, etc… si elles font bien partie du réel empirique, de mon « mode d’être » sur un mode kantien, ne peuvent être pour autant hypostasiées. C’est parfaitement indu, tout simplement.
Cette conclusion reste en définitive valable :
Je doute de l’intelligibilité du monde, je n’affirme pas son degré d’intelligibilité.
Tu crois en l’intelligibilité du monde, tu affirmes son intelligibilité.
Et en ce sens, tu es plus « religieux » que moi