L'Avent

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Gilles

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L'Avent

Ecrit le 19 déc.05, 14:14

Message par Gilles »

Réflection pour aider ceux qui veulent se préparez a Noel :wink: :wink:
« Heureuse celle qui a cru » (Lc 1,45)
La mère de Jean Baptiste est une vieille femme stérile ; celle du Christ, une jeune fille dans tout l'éclat de sa jeunesse. Jean est le fruit de la stérilité ; le Christ, celui de la virginité... L'un est annoncé par le message d'un ange ; à l'annonce de l'ange, l'autre est conçu. Le père de Jean ne croit pas à la nouvelle de sa naissance, et il devient muet ; la mère du Christ croit en son fils et, par la foi, elle le conçoit dans son sein. Le coeur de la Vierge accueille d'abord la foi, et alors, devenant mère, Marie reçoit un fruit dans ses entrailles.

Les paroles que Marie et Zacharie adressent à l'ange sont pourtant à peu près semblables. Lorsque l'ange lui annonce la naissance de Jean, le prêtre répond : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi je suis un vieil homme et ma femme aussi est âgée. » À l'annonce de l'ange, Marie répond : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? » Oui, ce sont presque les mêmes paroles... Pourtant le premier est repris, la seconde est éclairée. À Zacharie, il est dit : « Parce que tu n'as pas cru » ; à Marie : « Voici la réponse que tu as réclamée. » Encore une fois, ce sont pourtant presque les mêmes paroles de part et d'autre... Mais celui qui entendait les paroles voyait aussi les coeurs ; à lui, rien n'est caché. Le langage de chacun voilait ce qu'il pensait ; mais si cette pensée était cachée pour les hommes, elle ne l'était pas pour l'ange, ou plutôt elle ne l'était pas pour celui qui parlait par l'intermédiaire de l'ange. :wink:

Gilles

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Ecrit le 19 déc.05, 14:41

Message par Gilles »

Saint Luc précise avec soin la date - au sixième mois de la grossesse d’Elisabeth - et le lieu - une ville de Galilée appelée Nazareth - de l’événement qu’il va décrire. Il s’agit donc d’un événement historique bien réel. Il ne suffit pas de constater un vague parallélisme avec des mythes anciens pour décréter le caractère symbolique d’un événement. Le cardinal Hans Urs von Balthasar écrivait : « Pourquoi les mythes ne seraient-ils pas le pressentiment, la perception en creux de ce qui doit se passer effectivement dans l’histoire, alors que rien ne permet de le prévoir par ailleurs ? ».
L’évangéliste prend à nouveau le soin de marquer l’enracinement de l’événement dans la Tradition juive en précisant que « la jeune fille était accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ».
Ce cadre somme toute très traditionnel étant mis en place, tout va basculer par l’irruption inattendue du messager divin, qui « entre chez » Marie avec une liberté surprenante que l’on aurait cru réservée à son futur mari. Etonnante situation où un étranger viens annoncer la naissance d’un enfant, alors que le fiancé est absent et dès lors privé de parole. Hier nous avons entendu comment l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste à Zacharie s’est soldée elle-aussi par le mutisme du père. Alors que dans la tradition juive, la parole revient à l’homme, la femme étant invitée à garder le silence, voilà que les deux interventions divines renversent les coutumes : ce sont les hommes qui se taisent et les femmes qui occupent l’avant scène, au point de donner le nom à leur enfant. Ceci paraît de manière toute part iculière dans le récit de la Visitation, où ni Joseph, ni Zacharie ne disent mot : ils n’apparaissent même pas.
Tout se passe comme si une autre paternité s’affirme à travers les interventions angéliques. Certes, à la différence de Marie qui a conçu virginalement par l’opération du Saint Esprit, Elisabeth s’est retrouvée enceinte suite à une relation charnelle avec son époux Zacharie. Mais le mutisme de celui-ci manifeste que ce n’est plus lui qui a l’initiative : la fécondité d’Elisabeth est l’œuvre de Dieu et est entièrement finalisée sur celui qui doit préparer la route au Seigneur. A travers le Précurseur, Dieu prendra bientôt directement la parole pour désigner son Fils, son Verbe incarné, sa Parole définitive.
Quand Dieu parle, l’homme doit faire silence. Ceci est encore plus flagrant dans le cas de l’Annonciation à Marie, où Joseph est tout simplement absent. Nous savons comment dans l’Evangile de Mattieu, qui donne une place importante à Joseph, celui-ci pourtant ne dit mot : il est tout entier au service de la Parole de Dieu qui a fait irruption dans la vie de son épouse et dans la sienne.
Quelque chose a radicalement changé dans notre monde depuis le Fiat de la Vierge Marie : Dieu a repris l’initiative que l’humanité lui avait arrachée, séduite par le démon qui lui avait fait miroiter une autonomie mensongère. Le consentement de Marie efface la révolte d’Eve et redonne à Dieu la place qui lui revient. Le véritable Epoux n’est autre que celui qui vient, le Christ : c’est à lui désormais que revient la parole, c’est lui qu’il nous faut écouter, afin de « faire tout ce qu’il nous dira » (Jn 2, 5). Là où Zacharie croit bon de discuter avec l’Ange, Marie se contente de l’interroger sur les modalités de son service, et Joseph garde le silence, pleinement attentif à la voix du Bien-aimé, afin de réaliser sa volonté avec promptitude. « L’Epoux c’est celui à qui l’épouse appartient ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’Epoux, et il en et tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi que je diminue » (Jn 3, 29-30).

« A l’annonce de l’Ange, la Vierge a accueilli ton Verbe éternel, fut remplie de la lumière de l’Esprit Saint, et devint le Temple du Très-Haut ; aide-nous Seigneur à devenir assez humbles pour faire comme elle ta volonté » (Or. ouv.).

Gilles

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Ecrit le 20 déc.05, 03:42

Message par Gilles »

L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre »


Dans toutes les naissances miraculeuses de l'ancienne alliance, aux tournants décisifs de l'histoire du salut..., le sens de l'événement est chaque fois le même : le salut du monde ne vient pas de l'homme, de sa propre force ; il faut que l'homme se le laisse offrir, il ne peut le recevoir que comme un don gratuit. La naissance virginale du Christ est avant tout un message sur la manière dont le salut vient à nous -- dans la simplicité de l'accueil, comme don absolument gratuit de l'amour qui rachète le monde. « Crie de joie et d'allégresse, toi qui n'as pas connu les douleurs de l'enfantement, car plus nombreux sont les fils de l'abandonnée que les fils de l'épouse, dit le Seigneur » (Is 54,1). En Jésus Dieu a posé, au milieu de l'humanité stérile et désespérée, un nouveau commencement, qui n'est pas le produit de notre histoire mais un don d'en haut.

Si chaque homme constitue déjà une nouveauté ineffable, s'il représente une créature de Dieu unique dans l'histoire, Jésus, lui, est la nouveauté véritable. Il ne procède pas du propre fonds de l'humanité, mais de l'Esprit de Dieu. C'est pourquoi il est le « nouvel Adam » (1Co 15,47), une nouvelle humanité commence avec lui... La foi chrétienne confesse que Dieu n'est pas prisonnier de son éternité, limité à ce qui est purement spirituel. Au contraire, il peut agir ici, aujourd'hui, au milieu de mon univers ; il y a effectivement agi, en Jésus nouvel Adam, né de la Vierge Marie par la puissance créatrice de Dieu, dont l'Esprit, au commencement, planait sur les eaux (Gn 1,2), créant l'être à partir du néant.
Benoit VI

Gilles

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Ecrit le 21 déc.05, 07:47

Message par Gilles »

suite _
Comment ai-je de bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? »


« Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni... » Voici, en effet, que les générations te disent bienheureuse comme tu l'as déclaré (Lc 1,48). Les filles de Jérusalem, c'est-à-dire de l'Église, t'ont vue et ont proclamé ton bonheur... Tu es, en effet, le trône royal près duquel se tenaient les anges contemplant leur Maître et Créateur qui y était assis (Dn 7,9). Tu es devenue l'Éden spirituel, plus sacré et plus divin que l'ancien. Dans le premier habitait l'Adam terrestre ; en toi, c'est le Seigneur venu du ciel (1Co 15,47). L'arche de Noé t'a préfigurée, elle qui a sauvé le germe de la seconde création, car tu as enfanté le Christ, le salut du monde, qui a submergé le péché et apaisé les flots.

D'avance, c'est toi que le buisson ardent a dépeinte, que les tables écrites par Dieu ont dessinée (Ex 31,18), que l'arche de l'alliance a racontée ; c'est toi que l'urne d'or, le candélabre..., et le rameau d'Aaron qui avait fleuri (Nb 17,23) ont manifestement préfigurée... J'allais omettre l'échelle de Jacob. Comme Jacob a vu le ciel réuni à la terre par les extrémités de l'échelle, et par elle les anges descendre et monter, et celui qui est réellement le fort et l'invincible engager avec lui une lutte symbolique, ainsi toi-même tu es devenue la médiatrice et l'échelle par laquelle Dieu est descendu vers nous et a pris sur lui la faiblesse de notre substance, l'embrassant et se l'unissant étroitement.

Gilles

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Ecrit le 22 déc.05, 14:28

Message par Gilles »

Les Evangiles de cette dernière semaine de l’Avent nous présentent une série de tableau contrastés. Nous avons assisté à l’annonce faite à Zacharie de la naissance du Précurseur. Vu son âge et celui de son épouse, ce vieil homme n’avait-il pas raison de mettre en doute la parole de l’Archange ? A vues humaines, il était évidemment impossible qu’Elisabeth conçoive et enfante. Oui mais voilà : « à Dieu rien n’est impossible » (Lc 1, 37) ; et il se trouve qu’il a décidé d’intervenir. Désormais la parole de l’homme est trop courte : Zacharie doit garder le silence : l’appréciation des événements et des situations à vue humaine ne suffit plus à rendre compte de ce qui se prépare dans le secret.
Deuxième volet : la visitation. Etonnante situation : Marie est mise au courant du joyeux événement qui bouleverse la vieillesse de sa cousine par la parole de l’Ange ; et pour cause : l’évangéliste précise qu’Elisabeth en avait « gardé le secret » (Lc 1, 24). Ce n’est donc pas par la rumeur publique qu’elle aurait pu l’apprendre. A fortiori n’y a-t-il eu personne pour mettre Elisabeth au courant du mystère de la conception virginale de sa cousine. Et pourtant elle accueille Marie comme « la mère de son Seigneur » (Lc 1, 43). Là où la parole humaine est déficient, une autre source d’information entre en jeu : c’est d’en-haut que ces deux femmes sont instruites du mystère caché aux yeux du monde. L’Esprit Saint lui-même se charge de les instruire de ce que Dieu opère à l’insu des hommes pour préparer leur salut.
Si nous nous élevons à la dimension symbolique, la femme désigne notre dimension spirituelle, notre cœur profond, le lieu de notre ouverture à l’Esprit Saint ; alors que l’homme symbolise le psychisme, qui construit son raisonnement à partir des données des sens. Il est d’ailleurs significatif que ces deux femmes sont touchées dans leurs entrailles, qui désigne l’intériorité profonde que nous traduisons dans notre culture plutôt par le terme « cœur ». C’est l’enfant qu’elles portent qui dirige désormais mystérieusement leur vie, et c’est à partir de lui, de l’information qu’il leur transmet, qu’elles peuvent légitimement prendre la parole. C’est aussi à partir de cette intériorité vivifiée que jaillit le chant d’allégresse de l’humanité nouvelle : le Magnificat.
Troisième volet : après « l’antithèse » du silence de Zacharie, la « thèse » de la parole libérée par l’action de l’Esprit Saint au plus profond de Marie et d’Elisabeth, venons-en à la « synthèse ». Zacharie serait-il donc définitivement exclu de la scène ? Comment pourrait-il l’être, puisque les événements se déroulent en vue de lui apporter à lui aussi le salut. Mais pour pouvoir y accéder, il doit quitter ses vues humaines, et entrer par la foi dans l’intuition de l’œuvre de Dieu, afin d’en devenir le serviteur. C’est bien ce à quoi il consent en confirmant la parole d’Elisabeth qui révèle le nom de l’enfant. « A l’instant même sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu ». Zacharie peut chanter lui-aussi son Magnificat que nous méditerons d emain. L’être psychique en nous n’est pas exclu du Royaume, à condition de reconnaître l’hégémonie de l’Esprit. C’est parce que l’homme s’est laissé fasciner par les choses de ce monde au détriment de la connaissance qui lui venait de Dieu, qu’il est tombé dans le péché ; aussi est-ce en accueillant dans la foi la parole de Dieu, que nous pouvons rebrousser chemin et retrouver notre splendeur première.
La grâce de Noël, c’est aussi de contempler l’éternelle jeunesse de Dieu, qui vient renouveler toutes choses. Nous avons toujours tort de vouloir évaluer notre vie à la mesure de critères purement humains : comme Zacharie, nous ferions mieux de garder le silence, car notre vue est trop parcellaire : l’essentiel nous échappe. Par contre, si nous nous ouvrons dans la foi à la contemplation du dessein de Dieu sur nous-mêmes et sur le monde, nous aussi nous pourrons chanter, avec l’Eglise toute entière, notre Magnificat en action de grâce et nous « réjouir ensemble, car le Seigneur nous a prodigué sa miséricorde ».

« Seigneur, en prenant chair de notre chair, tu t’es lié pour toujours à notre humanité. Chaque jour tu désires étendre ton règne de justice et de paix dans nos vies. Fais que nous nous ouvrions par la foi à ce mystère, et que nous t’écoutions nous parler au fond de nos entrailles. Nous pourrons alors changer notre regard sur les événements, les situations, les personnes ; et dans la lumière de ton Esprit, les évaluer à leur juste mesure, c'est-à-dire dans la perspective du Royaume qui vient et qui ne passera pas. » :wink:

Gilles

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Ecrit le 23 déc.05, 17:15

Message par Gilles »

A quelques heures de la fête de Noël la liturgie de la messe de ce jour offre à notre méditation le Cantique de Zacharie. En entendant résonner ces paroles, comment ne pas nous émerveiller nous aussi devant la volonté salvifique de Dieu : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité son peuple pour accomplir sa libération ». Les promesses faites à Abraham et à David sont accomplies !

En effet, Dieu s’était engagé envers Abraham à lui donner une descendance aussi nombreuse que le sable sur le rivage de la mer. A David, il avait promis de donner un « successeur » dont « il rendrait stable la royauté », un successeur qui serait pour lui un fils et qui ainsi révèlerait qu’il est Père : « Quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté. Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils » (Cf. 1ère lecture).

Cela est désormais réalisé : « Dans la maison de David, son serviteur, Dieu a fait se lever une force qui nous sauve. C’est ce qu’il avait annoncé autrefois par la bouche de ses saints prophètes : le salut qui nous délivre de nos adversaires, des mains de tous nos ennemis ».

Le silence de Zacharie imposé par son mutisme a comme enrichi sa voix, a changé son esprit. Lui qui avait manqué de foi dans la Parole du Seigneur, maintenant croit et il voit. Il comprend, il lit dans les plis de l’histoire une autre histoire, une histoire du salut qui va trouver son accomplissement dans la naissance de l’Enfant Dieu.

Son cantique d’action de grâce est à la fois bénédiction pour le passé et prophétie pour l’avenir. Il annonce que Jean révèlera au peuple de Dieu qu’il est sauvé, en l’invitant à accueillir le pardon de Dieu : « Et toi, petit enfant, on t’appellera prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer le chemin, pour révéler à son peuple qu’il est sauvé, que ses péchés sont pardonnés. »

C’est alors que Zacharie se tourne vers celui qui va venir visiter son peuple pour accomplir ce salut, le Messie, dont Jean préparera la venue, l’astre d’en haut qui, de par la compassion de Dieu, va se lever sur ceux qui demeurent dans l’obscurité d’une vie marquée par le péché : « Telle est la tendresse du cœur de notre Dieu ; grâce à elle, du haut des cieux, un astre est venu nous visiter. »
Oui, un jour nouveau va se lever, un jour qui ne finira. Ce jour, c’est celui de l’avènement du Royaume, celui que l’Eglise célèbre chaque matin à l’office des Laudes lorsqu’elle chante ce Cantique de Zacharie.

« Seigneur, nous te demandons de préparer toi-même nos cœurs à ‘accueillir dans la joie le présent de ton Royaume’ (Cf. Prière après la communion).
« Ô astre qui te lève, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice : viens nous illuminer en ce jour. Que nous puissions te reconnaître comme notre Sauveur.
« Seigneur, hâte-toi, ne tarde plus : que ta venue réconforte ceux qui ont foi en ton amour (Cf. Collecte). »

Gilles

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Ecrit le 24 déc.05, 09:35

Message par Gilles »

La première lecture nous dit à qui s’adresse le mystère que nous célébrons ce soir : au « peuple qui marchait dans les ténèbres ». Noël est une fête pour ceux qui peinent dans les ténèbres. Pour ceux qui n’ont aucune ressource pour porter un regard d’espérance sur le monde. Pour ceux qui sont tellement accablés, qu’ils n’envisagent pas que quelque chose puisse changer. Cette fête est d’abord pour ceux qui ressemblent aux bergers.

Les bergers sont toujours à l’honneur dans nos crèches, parce que le Bon Dieu les a réhabilités en se faisant lui-même berger. Mais ils n’ont pas toujours été objet d’une telle affection. La Mishna, en effet, classe leur métier parmi les plus méprisables, le Talmud doute de leur capacité à suivre les prescriptions de la Torah, les portes des synagogues se ferment souvent devant eux, et le peuple voit couramment en eux des menteurs et des voleurs. Les bergers sont des pauvres parmi les pauvres, ils ont les sentiers pour maison et le ciel pour abri.

Les bergers sont aussi à l’honneur dans nos crèches parce qu’ils sont pour nous un exemple sympathique. Ils comptent, en effet, parmi les personnes pour qui le mot « demain » n’a pas de sens. « Aujourd’hui » est pour eux un présent uniforme et hostile, qui n’ouvre pas sur un avenir dont on puisse rêver. Un berger n’a son mot à dire pour rien, il ne prend la parole que pour rendre compte des bêtes qui lui ont été confiées. Il ne nous faut pas beaucoup d’imagination pour deviner que dans les nuits de veille à garder les bêtes, l’obscurité a englouti bien des larmes que personne n’a pu voir. Le sentiment d’être de trop et de n’être rien a érodé en eux l’espérance que Dieu lui-même puisse les accueillir.

Mais ce soir, une parole vient remplir ce vide. Une voix s’est fait entendre, annonçant quelque chose de beau, quelque chose de neuf. Un cantique est entonné, qui les entraîne hors d’eux-mêmes vers quelque chose de totalement inconnu. La voix céleste qu’ils entendent est la voix de Dieu. Une voix qui emporte toutes ténèbres sur son passage, qui apporte une joie que nul ne peut se donner : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! »

La joie de Noël n’est pas la joie qu’on éprouve un jour d’anniversaire. Elle n’est pas seulement la joie qu’on éprouve à l’occasion d’un événement heureux. Ce soir, notre joie est le don de Dieu. Or le don de Dieu, c’est Dieu lui-même. C'est dire que notre joie est Dieu lui-même. Dieu est notre joie. Voilà pourquoi elle est parfaite, voilà pourquoi nul ne pourra nous la ravir. Parce que rien ne pourra jamais nous séparer de Dieu, parce que Dieu se donne sans jamais se reprendre, parce que Dieu se donne pour que nous fassions l’expérience de sa vie.

Ce soir Dieu vient au devant des bergers. A ceux qui marchent dans la longue nuit de leur souffrance, le Seigneur offre la consolation de sa présence. Lui, le Dieu qui se fait proche, se manifeste dans un enfant. C’est une façon pour lui de nous dire la vie nouvelle qu’il nous offre en partage. Il est notre renouveau, il est notre avenir.

Tel est l’avènement que nous célébrons. Tel est le jour nouveau qui se lève sur l’humanité. Dieu en effet ne naît pas un jour, mais il fait le jour en naissant. Lorsqu’il se fait chair, il s’ouvre sur le monde d’une manière qui le renouvelle et l’illumine de l’intérieur.

Cette force du Créateur, cet avenir glorieux pour l’humanité, se fait petit enfant. Il se révèle dans son humilité. Lorsqu’il s’incarne, le Seigneur de l’Univers fait l’expérience humiliante de la dépendance totale. Il choisit de s’en remettre entre nos mains. Cette expérience de dessaisissement est au cœur du message de Noël. Jésus-Christ est pleinement Dieu et pleinement homme. Par l’enfant de la crèche, il nous enseigne que pour habiter pleinement notre humanité, il nous faut commencer par un dessaisissement radical de nous-mêmes. La marche sur les chemins de l’humanité renouvelée dans le Christ débute par l’acceptation de n’être soi-même qu’avec les autres. Autrement dit, nous n’habiterons pleinement notre chair qu’en devenant membres du corps du Christ, en devenant frères.

L’enfant divin nous apprend cela. Noël est une expérience d’incorporation. Le Verbe se fait chair, il se lie dans une relation de dépendance avec l’humanité. Et, au cœur de la célébration de cette nuit, il se donne à nous dans la fragilité d’une hostie. Là est la réponse que nous pouvons lui apporter. La communion que nous pouvons choisir. Dieu s’y révèle comme notre force, notre source, notre avenir. Nous comprenons en le contemplant que nous ne pouvons rien hors de lui.

Peut-être est-ce ainsi que nous avons à lire le regard de Marie sur l’enfant qu’elle offre à notre contemplation. Il s’agit du regard de la mère qui voit celui qui dépend d’elle. Il s’agit du regard de l’Église qui contemple celui dont elle dépend entièrement.

Ainsi, dans cette nuit bénie, notre confiance se fait plus solide, car nous sommes enfin débarrassés de compter sur nous-mêmes ! Nous pouvons vraiment compter sur la puissance rédemptrice du Verbe fait chair. C’est avec lui que nous vaincrons en nos vies toute forme de ténèbres, car il est, lui, la vraie lumière.

Allons donc à la grotte de Bethléem pour le rencontrer. Accueillons-le avec reconnaissance, lui la lumière qui surgit dans la nuit du monde. Laissons-le nous combler de ses dons, demandons-lui de faire de nous des fils de Dieu puisqu’il a voulu devenir fils de l’homme. Ouvrons-lui les portes de notre histoire et qu’il nous fasse la grâce de nous accueillir près de son berceau.

Venez, adorons-le ! :wink: :wink:

medico

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Ecrit le 24 déc.05, 09:50

Message par medico »

j'epére que les bergers n'on pas eut trop froid :wink:
(Isaïe 30:15) Votre force résidera en ceci : dans le fait de rester calmes et [aussi] dans la confiance . AM - JW - Les Témoins de Jéhovah

Gilles

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Ecrit le 25 déc.05, 18:41

Message par Gilles »

«Je vous annonce une grande joie... aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur» (Lc 2, 10-11). (ange) Cette nuit, nous avons écouté à nouveau les paroles de l’Ange aux bergers, et nous avons revécu le climat de cette sainte Nuit, la Nuit de Bethléem, lorsque le Fils de Dieu s’est fait homme et que, naissant dans une pauvre grotte, il a établi sa demeure parmi nous.

En ce jour solennel, retentit l’annonce de l’Ange et pour nous aussi, hommes et femmes du troisième millénaire, c’est une invitation à accueillir le Sauveur. Que l’humanité d’aujourd’hui n’hésite pas à le faire entrer dans ses maisons, dans ses villes, dans ses nations et en tout point de la terre! Il est vrai, qu’au cours du millénaire qui s’est achevé il y a peu, et spécialement pendant les derniers siècles, les progrès accomplis dans le domaine technique et scientifique ont été nombreux; les ressources matérielles dont nous pouvons disposer aujourd’hui sont importantes. L’homme de l’ère technologique risque cependant d’être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d’action s’il se laisse prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du cœur. C’est pourquoi il est important qu’il ouvre son esprit et son cœur à la Naissance du Christ, événement de salut capable d’imprimer une espérance renouvelée dans l’existence de tout être humain.

«Homme, éveille-toi: pour toi, Dieu s’est fait homme» (saint Augustin, Discours, 185). Éveille-toi, homme du troisième millénaire! À Noël, le Tout-Puissant s’est fait petit enfant et il demande aide et protection; sa façon d’être Dieu provoque notre façon d’être hommes; le fait qu’il frappe à nos portes nous interpelle, interpelle notre liberté et nous demande de revoir notre rapport à la vie et notre façon de l’envisager. L’époque moderne est souvent présentée comme une période de réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l’humanité à la lumière, émergeant ainsi d’une période obscure. Néanmoins, sans le Christ, la lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l’homme et le monde. C’est pourquoi la parole évangélique du jour de Noël – «La lumière véritable qui éclaire tout homme en venant dans le monde» (Jn 1, 9) – retentit plus que jamais comme une annonce du salut pour tous. «Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné» (const. Gaudium et spes, n. 22). L’Église répète sans se lasser ce message d’espérance repris par le Concile Vatican II, qui s’est achevé il y a exactement quarante ans.

Homme moderne, adulte pourtant parfois faible dans sa pensée et dans sa volonté, laisse-toi prendre par la main par l’Enfant de Bethléem; ne crains pas, aie confiance en Lui! La force vivifiante de sa lumière t’encourage à t’engager dans l’édification d’un nouvel ordre mondial, fondé sur de justes relations éthiques et économiques. Que son amour guide les peuples et éclaire leur conscience commune d’être une «famille» appelée à construire des relations de confiance et de soutien mutuel. L’humanité unie pourra affronter les problèmes nombreux et préoccupants du moment présent: de la menace terroriste aux conditions d’humiliante pauvreté dans laquelle vivent des millions d’êtres humains, de la prolifération des armes aux pandémies et à la dégradation de l’environnement qui menace l’avenir de la planète.

Le Dieu qui s’est fait homme par amour de l’homme soutient ceux qui, en Afrique, agissent en faveur de la paix et du développement intégral, s’opposant aux luttes fratricides, pour que se consolident les transitions politiques actuelles encore fragiles et que soient sauvegardés les droits les plus élémentaires de ceux qui se trouvent dans de tragiques situations humanitaires, comme au Darfour et en d’autres régions de l’Afrique centrale. Qu’Il incite les peuples latino-américains à vivre dans la paix et la concorde. Qu’Il donne courage aux hommes de bonne volonté qui agissent en Terre Sainte, en Iraq, au Liban, où les signes d’espérance qui, s’ils ne manquent pas, attendent d’être confirmés par des comportements inspirés par la loyauté et la sagesse; qu’Il favorise les processus de dialogue dans la Péninsule coréenne et dans d’autres Pays d’Asie, pour que, les dangereuses divergences étant surmontées, on parvienne, dans un esprit amical, à des solutions de paix cohérentes, ce qui est tant attendu de ces populations.

À Noël, notre esprit s’ouvre à l’espérance en contemplant la gloire divine cachée dans la pauvreté d’un Enfant enveloppé de langes et déposé dans une mangeoire : c’est le Créateur de l’univers réduit à l’impuissance d’un nouveau-né. Accepter un tel paradoxe, le paradoxe de Noël, c’est découvrir la Vérité qui rend libres, l’Amour qui transforme l’existence. Dans la Nuit de Bethléem, le Rédempteur se fait l’un de nous, pour être notre compagnon sur les routes de l’histoire semées d’embûches. Accueillons la main qu’il nous tend: c’est une main qui ne veut rien nous enlever, mais seulement donner.

Avec les bergers, entrons dans la grotte de Bethléem sous le regard aimant de Marie, témoin silencieux de cette prodigieuse naissance. Qu’elle nous aide à vivre un bon Noël; qu’elle nous apprenne à conserver dans notre cœur le mystère de Dieu qui, pour nous, s’est fait homme; qu’elle nous conduise à être dans le monde des témoins de sa vérité, de son amour, de sa paix. :wink: :wink:
[Texte original: de BenoitXV!)

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