Bonjour
Lina
Excuse-moi, je croyais avoir posté une réponse et il n'en était rien..
lina a écrit :En parlant de sociétés athées, je ne voulais pas étendre le terme à toute la population. Mais la laïcité telle qu'elle est définie par la loi penche fortement vers l'athéisme.
Nullement. Elle prône seulement la liberté de conscience, le libre exercice des cultes et le caractère laïque de la République qui ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, ce qui est d'ailleurs en bonne partie une fiction juridique (cf le système concordataire en Alsace-Lorraine, les régime dérogatifs aux DOM-TOM, et les instances représentatives des grandes religions de France qui sont les interlocuteurs du Ministère de l'Intérieur). Je ne vois pas ce qui te pousse à considérer ce dispositif juridique comme penchant vers l'athéisme (qui a toujours été très minoritaire, à plus forte raison au début du siècle).
C'est marrant parce qu'en j'en discutais pas plus tard qu'hier avec une musulmane qui a pourtant une formation d'historienne et qui me disait peu ou prou la même chose : nous sommes dans un pays laïque à dominante athée. Or les deux tiers des Français continuent de se déclarer catholiques... même quand concrètement, ils sont très détachés vis à vis des questions religieuses ou métaphysiques. Mais cela est de l'indifférentisme, de l'agnosticisme ou de l'hétérodoxie, mais le plus souvent, nullement de l'athéisme, ou un "athéisme pratique" qui n'a pas grand chose à voir avec un athéisme de système ou de conviction....
Quelle est la différence entre une morale "instinctive" et une morale "naturelle" ?
Tout dépend en fait de ce que tu entends par instinctif. On pourrait peut-être différencier :
- une morale instinctuelle qui considère qu'il faut laisser libre cours à nos instincts pour se réaliser
- un sens moral instinctif qui désignerait la capacité présumée de chacun à différencier spontanément un bien et un mal
- une morale naturelle qui définit un certain nombre de règles universelles inhérentes à notre fonctionnement psychique
lina a écrit : Les athéismes ne sacralisent pas les objets de tous les jours, etc... Je sais. Mais la philosophie matérialiste sacralise la matière dans le sens où elle lui elle lui associe le rôle d'une "divinité", quant au nihilisme de Niedzsche, il considère l'homme comme un "semi-dieu" et le néant comme un "créateur".
Je pense qu beaucoup de philosophies athées sont plus mystiques qu'elles ne veulent le reconnaître.
Il y a des philosophies athées mystiques, d'autres qui sont très prosaïques, des athéismes dualistes (qui établissent une séparation entre corps et esprit) et d'autres monistes matérialistes.. Il est difficile d'établir des généralités, car l'athéisme est une terme générique, "par défaut", qui englobe toute une constellation de systèmes philosophiques plus ou moins baroques et plus ou moins crédibles, dont le seul point commun est précisément le refus du dieu monothéiste abrahamique.
Marx, penseur athée s'il en est, concevait ainsi l'émancipation humaine comme la possibilité de se réaliser dans le travail, de maîtriser la nature en se libérant d'une double servitude, la première liée aux contigences bassement matérielles (nécessité de se nourrir, de se chauffer, de se soigner), la seconde liée à l'aliénation prolétaire relevant de la société capitaliste. L'émancipation est un processus indissociablement individuel et collectif.
Nietzche quant à lui cherchait avant tout à détruire la métaphysique, par tous les moyens , ; il considére l'humanité comme un devenir, une volonté de puissance, un dépassement et un arrachement à soi.. Je crois qu'on peut difficilement trouvé moins religieux que Nietzsche (même si sa pensée est emprunte d'un certain mysticisme).
lina a écrit : Les discours religieux n'essayent pas forcément de marquer une opposition entre athées et croyants, du moins pas plus que les discours athées ne le font. Et c'est logique, le fondement des pensées des uns et des autres est trop contratictoire.
Ca ne me dérange pas tant qu'il s'agit de débats d'idées qui ne se transforment pas en bêtes conflits de civilations.
Ma référence à l'instinct n'avait aucun but polémique, c'était simplement le fruit d'une réflexion personnelle.
Je ne sous-entendais pas du tout que tu cherchais la polémique. Simplement cette référence à l'instinct pris au sens d'animalité me paraît constituer l'un des topiques de l'argumentaire religieux.
Pourquoi considères-tu que ma réponse est un sophisme, au fait ?
Sophistiquée, pas sophistique, voyons !
