Le Pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine sur la foi ou les moeurs doit être tenue par toute l'Église, jouit, par l'assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi et les moeurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Église.
Voilà qui donne le cadre de l'infaillibilité, qui apparaît tout de même bien restreint...
Concernant l'excommunication.
Denzinger 1131 (Denziger est une table de concordances d'affirmations pontificales). (Condamnation des idées de John Wyclif, 1377).
11. La malédiction ou l'excommunication ne lient pas purement et simplement, mais seulement lorsqu'elles sont portées contre un adversaire de la loi du Christ.
(Donc si un pape se plante en excommuniant quelqu'un, l'excommunication n'est pas effective...)
Denzinger 1474 (Précisément dans la bulle d'excommunication de Martin Luther

24. Il faut enseigner aux chrétiens d'aimer l'excommunication plutôt que de la craindre.
Donc le but de l'excommunication n'est pas en soi de condamner, mais d'inviter à rectifier ses erreurs.
Denzinger 2491 (Dans la bulle Unigenitus Dei Filius condamnant les erreurs jansénistes, 1713)
91. La crainte d'une excommunication injuste ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir ; nous ne sortons jamais de l'Eglise, même quand nous semblons en être expulsés par la méchanceté des hommes, aussi longtemps que nous sommes attachés à Jésus Christ et à l'Eglise par la charité. - Jn 9,22-23
Bon, je crois que ces citations (dont je tiens une foule d'autres en réserve, merci Ictus Win 3, le meilleur logiciel de recherche dans les documents de l'Eglise, bien mieux que le site du Vatican) suffisent pour montrer que le Pape peut se planter dans une excommunication, c'est
tout à fait reconnu et cela ne relève pas de l'infaillibilité...
Passons donc aux indulgences.
Je n'ai trouvé aucune référence à l'autorisation d'un quelconque trafic d'indulgences, dans aucun document pontifical de 0 à 2006. Il est cependant possible qu'il y ait eu des abus temporaires, mais il n'y a pas eu de déclaration "ex cathedra" les entérinant.
En revanche, j'ai trouvé cela.
Denzinger 1835, Concile de Trente, Décret sur les indulgences, 1563
Le pouvoir de conférer des indulgences ayant été accordé par le Christ à l'Eglise, et celle-ci ayant usé de ce pouvoir qui lui avait été divinement communiqué (voir Mt 16,19 18,18), même dans les temps les plus anciens, le saint concile enseigne et ordonne que l'usage des indulgences, très salutaire pour le peuple chrétien et approuvé par l'autorité de ce saint concile, soit conservé. Et il frappe d'anathème aussi bien ceux qui affirment qu'elles sont inutiles que ceux qui nient qu'il y ait dans l'Eglise le pouvoir de les accorder.
Cependant, il désire qu'on fasse preuve de mesure en les accordant, pour éviter que la discipline ecclésiastique ne soit affaiblie par une trop grande facilité. Désirant amender et corriger les abus qui s'y sont glissés, et à l'occasion desquels ce beau nom d'indulgences est blasphémé par les hérétiques, par le présent décret le saint concile statue d'une manière générale que doivent être absolument abolis tous les déplorables trafics d'argent en vue de les obtenir.
C'est clair, au moins. Mais on peut trouver des traces de l'existence de trafics d'indulgence auparavant, ainsi il y a quelque chose qui ressemble à une condamnation de ce type d'abus, à Latran IV, 1215.
Canon 62. Ce canon condamne deux abus fort communs autrefois. Le premier était de tirer les reliques des saints hors de leurs châsses pour les montrer à tout le monde et les exposer en vente. Le second abus consistait dans l'indiscrétion de plusieurs prélats qui accordaient trop facilement des indulgences; ce qui tournait au mépris des clefs de l'Église, et à l'affaiblissement de la discipline dans l'administration du sacrement de pénitence.
Mais aussi, très clairement et il y a très très longtemps, au concile de Chalcédoine (451).
Canon 2. Le 2e porte que, si un évêque a mis en commerce la grâce, qui n'est point vénale, et ordonné pour de l'argent un évêque, un chorévêque, un prêtre, un diacre ou quelque autre clerc; ou s'il a établi pour de l'argent un économe, un défenseur, un concierge, ou quelque autre de ceux qui sont désignés dans le canon, l'ordinateur sera en danger de perdre son rang; et celui qui sera ordonné ou pourvu ne profitera point de la place qu'il aura voulu acheter: l'entremetteur même de cet infâme trafic, s'il est clerc, sera déposé; s'il est laïque ou moine, il sera anathématisé.
Alors, en face de cette condamnation unilatérale de toute la Tradition de l'Eglise, je crois que les errements d'un ou deux papes fin XVe-début XVIe, en-dehors de toute déclaration dogmatique, ne pèsent pas très lourd.
D'autres remarques ?
