ikram0 a écrit :,
aucune loi ne peux obliger un laique à appliquer les textes d'une religion, pourquoi obligerait elle un religieux à se priver du droit d'exercer librement ce que sa religion lui exige, c'en est là la preuve evidente de peser avec deux balances
je ne vis pas en france et je ne sais pas si vraiment ça concerne pratiquement les juifs aussi mais meme si c'est le cas ça reste toujours une atteine à la liberté de l'expression ou de culte(appelez le comme vs voulez ça ne change rien à la realité) et je crois que les textes du "droit de l'homme" assurent le droit à la liberté de religion à tt un chacun.
oui peut etre legalement ça n'interresse que les ecoles publics mais sur le plan pratqiue cette loi donnera le feu vert à tt les proprietaires des ecoles privées de l'appliquer dans leurs etablissements.
Il s'agit effectivement bel et bien d'une limitation de la liberté de culte à l'intérieur de l'enceinte scolaire (publique). Pour comprendre pourquoi les Français en général tiennent tant à circonscrire l'expression de signes d'appartenance religieuse dans ce cadre, il faut se rappeler que l'Empire et les Républiques, garantes des acquis révolutionnaires, ont combattu l'Eglise romaine pendant près d'un siècle et demi pour acquérir "le monopole institutionnel de la transcendance", comme l'écrit Marcel Gauchet, c'est à dire la possibilité de définir un horizon de valeurs suprèmes (qu'elles soient d'essence religieuse ou laïque) qui structure la société et lui fournisse une cohésion idéologique. L'école a constitué par excellence l'enjeu de cette bataille : la scolarisation des jeunes générations populaires sur le modèle républicain, grâce à l'enseignement gratuit et laïque assuré par ceux qu'on a appelé "les hussards noirs de la République", à savoir les instituteurs (qui étaient les principaux contrepoids de l'influence cléricale), a permis de détacher progressivement la société française de son empreinte catholique, y compris sur un mode violemment patriotique et ethnocentrique qui nous paraitrait aujourd'hui fort rebutant.
Toutefois, il y a un point important à garder en tête : le secteur privé, y compris confessionnel, demeure bel et bien vivace et a même tendance à se renforcer à l'heure actuelle (de mémoire, je crois qu'il représente environ 10% de l'enseignement en France). Cela signifie que les musulmans de France sont tout à fait libres de créer des écoles confessionnelles musulmanes où le port du voile est autorisé. De fait, pour le moment, l'immense majorité de ceux qui ont choisi l'école privée sont dans des écoles catholiques (où le port du voile est très généralement autorisé), et la constitution d'écoles musulmanes se fait très lentement et péniblement (je crois qu'il y a seulement deux lycées privées musulmans en France au moment où je t'écrit, dont un à Lille). Cela tient en partie à la désorganisation des élites musulmanes et à la difficulté des générations les plus anciennes (très majoritairement d'origine maghrébine et ouest-africaine) à se projeter dans l'avenir en France (le mythe du retour est souvent moribond, mais le sentiment d'entre-deux du migrant a tendance à demeurer). Rentrent également en ligne de compte des facteurs économiques (les musulmans appartiennent majoritairement aux classes populaires) et administratifs (il n'est pas rare de constater un certain nombre d'embûches et de réticences de la part des autorités françaises pour délivrer le conventionnement nécessaire aux écoles privées).
Enfin, je te confirme, pour toi qui a un point de vue extérieur, que la loi concerne bel et bien les autres confessions, et en premier lieu les Juifs (pour le port de la kippa), qui heureusement ou malheureusement, disposent de nombreuses écoles confessionnelles en raison de leur implantation plus ancienne et de leur pouvoir socio-économique ainsi que les Sikh (pour le port du turban). Les chrétiens, qui n'ont pas de signes d'appartenance vestimentaire particuliers, ne sont concrètement pas concernés. Mais je sais que beaucoup de musulmans ont tendance à se percevoir comme les victimes unilatérales des mauvais "laïcistes" français (contrairement aux juifs qui seraient une communauté "bénie" et protégée..) alors je pense qu'il était important de préciser ce point : la loi n'est nullement discriminatoire, même si elle a été construite à partir des débats (violents mais souvent passionants) sur le port du voile.
D'ailleurs, j'aurais une question à te formuler. Que penserais-tu de musulmanes qui souhaiteraient (je ne crois pas que la question se soit jamais posée en France, contrairement aux Pays-Bas) porter le niqab ou le sitar en cours ?
Penses-tu que cela soit acceptable ?
mais où la tolerance, il faut apprendre à vivre ensemble en respectant le choix de tt un chacun, à pratiquer sa liberté tt en respectant la liberté de l'autre et comprendre et aplliquer d'une maniére responsable le slogan qu'on a depuis longtemps appris "ma liberté se termine là où commence la liberté des autres" comment reagira une fille qui se voit privée de sa liberté de pratiquer sa religion elle portera tjs dans son coeur la haine de celui qui l'en a privé.
C'est comme ça que naissent la haine et l'amour de vengence.
Je suis d'accord avec toi. Une violence symbolique très forte s'est exercée, pendant les débats récurrents sur le voile et à la suite de l'adoption de la loi, avec les processus de négociation/exclusion, sur les jeunes femmes musulmanes de l'école publique. A titre personnel, je le regrette très profondément. Mais on peut aussi remarquer, comme l'a fait
Proserpina, qu'un certain nombre d'instances associatives ou cultuelles musulmanes ont joué le rôle de pompiers pyromanes (ils n'ont pas été les seuls, très loin s'en faut !! cf une partie des syndicats enseignants, de la gauche anticléricale ou de la droite d'imprégnation chrétienne) en poussant ces jeunes filles au clash pour en retirer les bénéfices religieux et politiques escomptés : accroissement du sentiment de victimisation chez les musulmans, durcissement réactionnel de la pratique religieuse, incompréhension et indignation d'une grande partie du monde arabe (qui ne comprend ni ne connaît souvent strictement rien à l'histoire politico-religieuse française) etc. D'autres associations musulmanes, comme l'UOIF, qui est pourtant extrèmement conservatrice et souvent ambigüe par rapports aux lois et standards culturels occidentaux, a joué la stratégie de la pacification pour des raisons de tentative de normalisation auprès des autorités françaises (ils ont d'ailleurs finis par être récompensés par Sarkozy..).
J 'ai apporté l'exemple du voile pour donner la preuve que l'occident lui meme ne respecte pas la liberté des autres mais c'est une loi faite dans un opays europeen et on pourrait accepter que ceux qui viennent dans ce pays doivent se soumettre à ses lois mais pour mieux comprendre le paradoxe entre ce qui se dit et ce qui se fait regarder comment l'occident fourre son nez dans les affaires du monde arabo-musulman meme chez eux dans son propre territoire en lui dictant tt ce qu'il doit faire et s'il n'obtempere pas alors tous les anciens dossiers sont remis en surface et tt justifie les attaques militaires et l'usage des armes de destruction massive (ces meme armes qui sont le pretexte lache de cette attaque militaire)
POUR DEMANDER AUX BEDOUINS ARABES QUI NE COMPRENNENT RIEN A LA CIVILISATION D APPLIQUER LA DEMOCRATIE ET LA LIBERTE (ENTRE AUTRE CELLE D'EXPRESSION) IL FAUT SAVOIR L'APPLIQUER SOI MEME D'ABORD
Effectivement, dans cette affaire, il faut savoir faire le distinguo entre politique interne et politique étrangère, laquelle est fonction de rapports de force inter-étatiques et se pare souvent, dans le cas des pays occidentaux, des vertus de la démocratie et des droits de l'homme pour dominer cyniquement les Etats les plus vulnérables et soutenir des gouvernements autoritaires. Chaque pays occidental a cependant des intérêts, des alliances et des sphères d'influence différentes ; il est un peu hasardeux de résumer les choses par le schéma binaire Occident (/opprimant) Monde arabo-musulman. Les pays arabes sont globalement dans un très sale état : sous-éducation, régimes policiers autoritaires, clientélisme et corruption endémiques, droits des femmes très souvent bafoués, relative pauvreté de la sphère culturelle, recherche scientifique apathique, remontée irrésistible de l'extrêmisme politique et de l'intégrisme religieux, dissensions politiques permanentes etc. Des pays comme la Grande-Bretagne, la France ou les Etats-Unis en portent une bonne part de responsabilité. Mais il ne faut pas se leurrer : les populations arabes sont désormais les principaux acteurs (et victimes évidemment) de cette déliquescence : que les gouvernements arabes passent leur temps à se décharger de leurs responsabilités auprès de leurs peuples en accusant l'impérialisme occidental, le néo-colonialisme et l'agression sioniste n'y change objectivement rien.
Bref, pour en revenir à la France, c'est une erreur de voir la question du voile comme relevant d'un quelconque dialogue inter-civilisationnel ; il s'agit avant tout d'un problème interne, qui s'inscrit dans notre tradition politique fortement sécularisée et méfiante vis à vis de l'emprise "cléricale" et concerne seulement les Français, qu'ils soient chrétiens, musulmans, juifs, athées ou autre (et dans une moindre mesure les Européens). La réduction de ces questions politiques à sa seule dimension religieuse et culturelle est souvent le meilleur moyen d'attiser les flammes et de ne rien comprendre aux problématiques en jeu.
En tous les cas, merci de permettre ce dialogue intéressant qui nous sort un peu du postage en série des provocations et de caricatures anti-musulmanes (ca va un moment mais bon..).
PS : tu sais que tu peux utiliser les balises (Quote) et (/Quote) (en remplacant les parenthèses par des crochets) pour citer du texte et répondre aux gens, c'est beaucoup plus simple.
PPS : je précise au cas où, mais il va de soi que je me désolidarise totalement des diatribes islamophobes provenant de l'extrème-droite et postées en en-tête de ce fil (même si je soutiens totalement le droit à la caricature, le droit au "blasphème" et la position de journaux comme Charlie Hebdo)