Dans ce forum où il n'est pas rare de voir remettre en cause de façon scandaleuse des faits historiques plus que documentés comme la shoah, j'aimerais citer ici la philosophe H. Arendt (extrait concernant les distinctions entre "travail, oeuvre, action" : tiré du livre La condition de l'homme moderne, Paris, Calmann-Lévy; sujet plus succintement repris dans une étude publiée en français dans les Etudes phénoménologiques, 2, 1985, pp. 3-26)...
"L'action est irréversible. Tandis que la temporalité du travail est celle du cycle toujours recommencé et celle de l'oeuvre la temporalité de ce qui a un début et un fin, la temporalité de l'action est d'une part celle de l'inachèvement et d'autre part celle de l'irréversibilité (ce qui ne veut pas dire exactement la même chose que l'irréparabilité). Ce qui signifie que le temps de l'hisoire coule dans un seul sens, l'histoire ne peut aller à rebours. Une parole blessante, une action vertueuse, une fois lancée ou réalisée, est entrée dans la texture du monde sans qu'on puisse l'en retrancher."
et je cite Antonino Mazzu, proffesseur à l'Université Libre de Bruxelles:
"Les modes de "réparation" n'ont pas le pouvoir d'annuler ce qui a eu lieu : c'est parce que ce qui a eu lieu a eu lieu que la réparation peut être exigée. Le pardon (demandé ou accordé) est la manière non pas d'annuler le passé mais au contraire de la conserver avec une autre signification. Réviser le passé pour le gommer est une seconde offense faite à la victime. Derrière les tentatives de révision de l'histoire, il y a une sorte de fantasme de toute puissance: faire que ce qui a eu lieu n'ait pas eu lieu. A la puissance de la violence infligée à la victime, s'ajouterait la toute-puissance fantasmatique de vouer au néant une certaine réalité. Mais avec le pardon, la conservation de la mémoire rouvre l'histoire d'une autre façon: peut naître une nouvelle amitié, la victime se réapproprie sa dignité et le coupable réintègre sous le regard d'autrui la communauté humaine."
La question du pardon et celle de la promesse ont été beaucoup étudiées dans la philosophie contemporaine par P. Ricoeur, V. Jankélévitch, J. Derrida et E. Levinas.
la mémoire...
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Ecrit le 28 déc.06, 23:59- PIERROT
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Re: la mémoire...
Ecrit le 29 déc.06, 02:33J'approuve à 100 % ce qui est dit ci-dessusFilter Flash a écrit :Dans ce forum où il n'est pas rare de voir remettre en cause de façon scandaleuse des faits historiques plus que documentés comme la shoah, j'aimerais citer ici la philosophe H. Arendt (extrait concernant les distinctions entre "travail, oeuvre, action" : tiré du livre La condition de l'homme moderne, Paris, Calmann-Lévy; sujet plus succintement repris dans une étude publiée en français dans les Etudes phénoménologiques, 2, 1985, pp. 3-26)...
"L'action est irréversible. Tandis que la temporalité du travail est celle du cycle toujours recommencé et celle de l'oeuvre la temporalité de ce qui a un début et un fin, la temporalité de l'action est d'une part celle de l'inachèvement et d'autre part celle de l'irréversibilité (ce qui ne veut pas dire exactement la même chose que l'irréparabilité). Ce qui signifie que le temps de l'hisoire coule dans un seul sens, l'histoire ne peut aller à rebours. Une parole blessante, une action vertueuse, une fois lancée ou réalisée, est entrée dans la texture du monde sans qu'on puisse l'en retrancher."
et je cite Antonino Mazzu, proffesseur à l'Université Libre de Bruxelles:
"Les modes de "réparation" n'ont pas le pouvoir d'annuler ce qui a eu lieu : c'est parce que ce qui a eu lieu a eu lieu que la réparation peut être exigée. Le pardon (demandé ou accordé) est la manière non pas d'annuler le passé mais au contraire de la conserver avec une autre signification. Réviser le passé pour le gommer est une seconde offense faite à la victime. Derrière les tentatives de révision de l'histoire, il y a une sorte de fantasme de toute puissance: faire que ce qui a eu lieu n'ait pas eu lieu. A la puissance de la violence infligée à la victime, s'ajouterait la toute-puissance fantasmatique de vouer au néant une certaine réalité. Mais avec le pardon, la conservation de la mémoire rouvre l'histoire d'une autre façon: peut naître une nouvelle amitié, la victime se réapproprie sa dignité et le coupable réintègre sous le regard d'autrui la communauté humaine."
La question du pardon et celle de la promesse ont été beaucoup étudiées dans la philosophie contemporaine par P. Ricoeur, V. Jankélévitch, J. Derrida et E. Levinas.
Je me rappelle avoir vu écrit , un jour de commémoration de la déportation : " Pardonne , mais n'oublie pas "
Je doute fort , Filter Flash , que tu fasses changer d'avis les cerveaux obtus
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