-L’assimilation, où il incombe aux nouveaux arrivants la tâche de complètement s’adapter malgré la discrimination, d’adhérer aux valeurs locales qui ne sont pas toujours fondées ou justifiées et de renoncer à leur liberté d’association (culturelle et religieuse) même si celle-ci ne nuie pas au fonctionnement social. On observe ici une conservation des valeurs préétablies qui nuie au développement de valeurs universelles et progressistes.
-L’intégration, où les populations immigrées et hôtes doivent recourir au compromis et se baser sur des valeurs universelles pour assurer l’intégration des minorités sans toutefois brimer les droits de la majorité. Tous les partis doivent donc faire des concessions pour se rapprocher au possible de ces valeurs dites universelles, ce qui est élémentaire pour toute société qui s’affirme démocratique, pluraliste et égalitaire. Les principes de la laïcité et des accommodements raisonnables s’y rattachent.
Étant un Québécois de souche ayant vécu huit ans à l’étranger, j’ai pu côtoyer une multitude de nationalités, de cultures, de religions et d’ethnies dont les valeurs sont toutes aussi divergentes les unes que les autres. Je peux affirmer que les valeurs occidentales, si elles sont en générales avérées et justes, ne le sont pas toujours et notre système de droit est tout à fait adapté pour différencier celles qui sont discriminatoires et celles qui doivent être maintenues afin de diminuer les tensions sociales. Dans cette optique, l’assimilation me semble être une option inacceptable et les accommodements raisonnables nécessaires.
La laïcité a une fonction anti-discriminatoire. Les infrastructures étatiques ne doivent pas afficher de préférences religieuses ou culturelles, mais, contrairement à ce que plusieurs le pensent, les individus travaillant dans la sphère publique peuvent porter tous les symboles religieux qu’ils le désirent tant que ceux-ci ne nuisent pas à leurs fonctions. En effet, cette interdiction est supposée justement assurer la liberté de pensée et d’association de ses citoyens! L’argument « pourquoi faire rentrer les kirpans (modifiés) dans nos écoles alors que l’on sort nos crucifix » relève de l’arbitraire puisqu’en fait les élèves et les professeurs ont tout à fait le droit d’en porter. Les cas de policiers sikhs portant le turban sont des exemples d’accommodements raisonnables ou le port de turban ne nuit nullement dans leurs fonctions; leur uniforme reste facilement identifiable.
Le cas du YMCA n’est pas un exemple d’accommodement puisque l’affaire n’a jamais aboutie en cours. Il s’agit d’une entreprise privée (et non publique) qui a considéré à son avantage de satisfaire la demande de la communauté hassidique, à leurs frais d’ailleurs. Mario Dumont ne sait pas de quoi il parle.
Il est faux d’affirmer que les accommodements raisonnables sont tous des concessions. L’ETS a refusé d’accorder une salle de prière à ses étudiants musulmans et la Charia a lamentablement butée avant même de passer en cours, pour ne citer que ces exemples. Il s’agit alors de contraintes excessives.
Toutes mes condoléances pour ton frère, Jonathan L. Toutefois, il est injuste de jeter la responsabilité de son décès sur les accommodements raisonnables. Il revient aux individus le choix de disposer de leur corps et de leur vie. Le suicide étant légal au Canada, si c’était bien son choix de refuser une transfusion, c’était alors son droit légitime, même si les convictions pour lesquelles il a décidé d’agir ainsi sont absurdes ou non fondées.
Finalement, la culture n’est pas quelque chose de figée dans le temps. Elle se modifie et évolue dans le temps par l’entremise des échanges culturels, souvent bénéfiques au bout du compte. Par exemple, une bonne partie de nos bases scientifiques ont été empruntées à des cultures étrangères, dont les Arabes et les Indiens. Affirmer que la culture Québécoise est menacée par ces accommodements est une aberration. Nous devrions en fait profiter davantage de ces échanges.
Désolé pour la longueur du texte, je voulais exposer mon point de vue complet sur la question.
